Islam = Danger
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Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
- Jean
Ecrit le 23 avr.04, 03:54
Colonialisme et bombardements terroristes
Les bombarde-ments aériens civils commencent en 1911, dans le cadre de la colonisation de l’Afrique du Nord. Avant de faire irruption en Europe, en 1937, contre les républicains basques, ils sont utilisés par toutes les puissances coloniales. Ils incarnent la guerre à bon marché du puissant contre le faible. Pendant la Seconde guerre mondiale, ils sont l’apanage des Anglais et des Américains, d’abord contre l’Allemagne, puis contre le Japon, où des dizaines de milliers de civils périssent dans des tempêtes de feu. Hiroshima et Nagazaki font moins de morts que les «frappes» conventionnelles sur Tokyo. Depuis 1945, l’US Air Force alterne tapis de bombes et frappes chirurgicales pour minimiser les pertes américaines dans des engagements toujours plus inégaux contre les Etats insoumis de la périphérie. Ce sont les civils qui paient le prix fort de cette escalade de la terreur.
Jean Batou
Une arme coloniale de choix
En bombardant aujour-d’hui les villes afghanes pour les terroriser, l’US Air Force s’inscrit dans une vieille tradition coloniale. Il y a exactement 90 ans, le 1er novembre 1911, quelques années seulement après le premier vol motorisé, l’Italie inventait les bombardements aériens de terreur en larguant quatre bombes du ciel sur les tribus d’une oasis de Libye. Il s’agissait alors de briser définitivement la résistance des bédouins aux «bienfaits de la civilisation» romaine.
Peu après, en 1917, les Anglais mettaient définitivement au point le protocole de la guerre coloniale à bon marché, réduisant des trois quarts le coût de la soumission du «mollah fou» de Somalie, grâce à une campagne de bombardements aé-riens. Impressionné par ce succès fulgurant, Winston Churchill, alors Ministre de la guerre, dépêcha la Royal Air Force pour pilonner l’Irak, qui rejetait la tutelle de ses nouveaux maîtres britanniques.
Désormais, les insoumis des empires britannique, français, italiens et espagnols allaient être soumis à des bombardements répétés, de l’Egypte à l’Iran, du Maroc à la Syrie, de l’Inde à l’Afghanistan... En 1935, l’Italie fasciste de Mussolini se distingua tout particulièrement en écrasant les défenseurs du dernier pays indépendant d’Afrique sous un déluge de bombes et de gaz de combat.
De la Guerre d’Espagne à Hiroshima
En Europe, les bombardements de terreur ont commencé le 26 avril 1937, avec la première campagne massive de la Légion Condor, lancée par Hitler contre la ville basque de Guernica, qui ne comptait pourtant aucun objectif militaire. En un peu plus de trois heures, 5700 bombes explosives et incendiaires réduisaient la petite cité en cendres, faisant 1654 morts et 889 blessés. On se souvient du tableau déchirant de Pablo Picasso!
La Deuxième guerre mondiale a consacré l’escalade sans précédent de ce moyen de guerre, aussi «économique» que barbare. Après le bombardement de la ville anglaise de Coventry par les nazis, le 14 novembre 1940, qui fit quelques milliers de morts, l’initiative de la terreur du ciel revient avant tout aux Anglais, puis aux Américains. On sait depuis, que les deux tiers des bombes larguées sur les villes allemandes n’ont atteint aucun objectif militaire ou industriel.
Le 27 juillet 1943, un seul raid sur Hambourg fait quelque 50’000 morts, contre 100’000 à Dresde, le 13 février 1945. Le célèbre théoricien militaire britannique Liddel-Hart condamnera les bombardements stratégiques comme «barbares et stupides». Pourtant, le 9 mars 1945, le général Curtis Le May devait réduire un quart de Tokyo en cendres, tuant 100’000 habitant-e-s et faisant un million de sans abri. On connaît la suite, avec les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagazaki.
Le dernier jour de la Seconde guerre mondiale voit cependant la France, fraî-chement libérée, bombarder 40 villages algériens afin de donner un coup d’arrêt à la lutte pour l’indépendance de ce pays.
Au service de l’impérialisme
Dans l’après-guerre, les Etats-Unis sont devenus les champions toutes catégories des bombardements néo-coloniaux: 32’000 tonnes en Corée, 373’000 tonnes au Vietnam, des bombes à fragmentation, des bombes au napalm... Qui dit mieux?
On connaît la suite, notamment dans le Golfe, en ex-Yougoslavie et, aujour-d’hui, en Afghanistan. Le fait que la presse occidentale ne parle plus de bombardements, mais de frappes, n’enlève rien à l’horreur de cette pratique terroriste. Il s’agit toujours des mêmes violences de masse visant à intimider un Etat par le massacre indiscriminé de sa population civile à des fins politiques.
Lire: Sven Lindqvist, A History of Bombing, Granta Books, 2001.
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Les bombarde-ments aériens civils commencent en 1911, dans le cadre de la colonisation de l’Afrique du Nord. Avant de faire irruption en Europe, en 1937, contre les républicains basques, ils sont utilisés par toutes les puissances coloniales. Ils incarnent la guerre à bon marché du puissant contre le faible. Pendant la Seconde guerre mondiale, ils sont l’apanage des Anglais et des Américains, d’abord contre l’Allemagne, puis contre le Japon, où des dizaines de milliers de civils périssent dans des tempêtes de feu. Hiroshima et Nagazaki font moins de morts que les «frappes» conventionnelles sur Tokyo. Depuis 1945, l’US Air Force alterne tapis de bombes et frappes chirurgicales pour minimiser les pertes américaines dans des engagements toujours plus inégaux contre les Etats insoumis de la périphérie. Ce sont les civils qui paient le prix fort de cette escalade de la terreur.
Jean Batou
Une arme coloniale de choix
En bombardant aujour-d’hui les villes afghanes pour les terroriser, l’US Air Force s’inscrit dans une vieille tradition coloniale. Il y a exactement 90 ans, le 1er novembre 1911, quelques années seulement après le premier vol motorisé, l’Italie inventait les bombardements aériens de terreur en larguant quatre bombes du ciel sur les tribus d’une oasis de Libye. Il s’agissait alors de briser définitivement la résistance des bédouins aux «bienfaits de la civilisation» romaine.
Peu après, en 1917, les Anglais mettaient définitivement au point le protocole de la guerre coloniale à bon marché, réduisant des trois quarts le coût de la soumission du «mollah fou» de Somalie, grâce à une campagne de bombardements aé-riens. Impressionné par ce succès fulgurant, Winston Churchill, alors Ministre de la guerre, dépêcha la Royal Air Force pour pilonner l’Irak, qui rejetait la tutelle de ses nouveaux maîtres britanniques.
Désormais, les insoumis des empires britannique, français, italiens et espagnols allaient être soumis à des bombardements répétés, de l’Egypte à l’Iran, du Maroc à la Syrie, de l’Inde à l’Afghanistan... En 1935, l’Italie fasciste de Mussolini se distingua tout particulièrement en écrasant les défenseurs du dernier pays indépendant d’Afrique sous un déluge de bombes et de gaz de combat.
De la Guerre d’Espagne à Hiroshima
En Europe, les bombardements de terreur ont commencé le 26 avril 1937, avec la première campagne massive de la Légion Condor, lancée par Hitler contre la ville basque de Guernica, qui ne comptait pourtant aucun objectif militaire. En un peu plus de trois heures, 5700 bombes explosives et incendiaires réduisaient la petite cité en cendres, faisant 1654 morts et 889 blessés. On se souvient du tableau déchirant de Pablo Picasso!
La Deuxième guerre mondiale a consacré l’escalade sans précédent de ce moyen de guerre, aussi «économique» que barbare. Après le bombardement de la ville anglaise de Coventry par les nazis, le 14 novembre 1940, qui fit quelques milliers de morts, l’initiative de la terreur du ciel revient avant tout aux Anglais, puis aux Américains. On sait depuis, que les deux tiers des bombes larguées sur les villes allemandes n’ont atteint aucun objectif militaire ou industriel.
Le 27 juillet 1943, un seul raid sur Hambourg fait quelque 50’000 morts, contre 100’000 à Dresde, le 13 février 1945. Le célèbre théoricien militaire britannique Liddel-Hart condamnera les bombardements stratégiques comme «barbares et stupides». Pourtant, le 9 mars 1945, le général Curtis Le May devait réduire un quart de Tokyo en cendres, tuant 100’000 habitant-e-s et faisant un million de sans abri. On connaît la suite, avec les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagazaki.
Le dernier jour de la Seconde guerre mondiale voit cependant la France, fraî-chement libérée, bombarder 40 villages algériens afin de donner un coup d’arrêt à la lutte pour l’indépendance de ce pays.
Au service de l’impérialisme
Dans l’après-guerre, les Etats-Unis sont devenus les champions toutes catégories des bombardements néo-coloniaux: 32’000 tonnes en Corée, 373’000 tonnes au Vietnam, des bombes à fragmentation, des bombes au napalm... Qui dit mieux?
On connaît la suite, notamment dans le Golfe, en ex-Yougoslavie et, aujour-d’hui, en Afghanistan. Le fait que la presse occidentale ne parle plus de bombardements, mais de frappes, n’enlève rien à l’horreur de cette pratique terroriste. Il s’agit toujours des mêmes violences de masse visant à intimider un Etat par le massacre indiscriminé de sa population civile à des fins politiques.
Lire: Sven Lindqvist, A History of Bombing, Granta Books, 2001.
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- Jean
Ecrit le 23 avr.04, 04:02
Jean a écrit :camélia,
J'en sais par tout les documents et lecture que j'ai fait a ce sujet, et contrairement a ce que tu pense mère teresa n'est pas une "sainte" puisqu'elle n'est même pas encore canonisé...
L'ignorance aussi p-e idiot !
+
C'est bien ce qui me semblait que c'était toi qui avais dit qu'elle n'avait pas encore été canonisée !! Mauvaise foi quand tu nous tiens
- Jean
Ecrit le 23 avr.04, 05:40
Leçons d’une histoire coloniale oubliée
A Bagdad, un régime autoritaire, appuyé sur les forces armées, tient étroitement le pays et représente une menace stratégique pour la principale puissance occidentale opérant dans la région. Une expédition militaire est lancée et, à l’issue d’une campagne plus difficile et plus coûteuse que prévu, Bagdad sera pris et un nouvel ordre politique institué sous le contrôle militaire et politique de l’Occident. Mais, au moment même où il semble que l’avenir de l’Irak soit en train de s’écrire à l’étranger, une révolte éclate parmi les officiers de l’armée, dans les rues de Bagdad et dans toutes les régions chiites du Centre et du Sud. Et voilà que toute l’entreprise risque d’échouer.
Le soulèvement finira par être écrasé, mais à un coût tel que l’armée d’occupation ainsi que ses responsables vont réviser radicalement leurs idées. A la place de la vision grandiose des débuts de l’occupation, un projet plus modeste et moins coûteux commence à prendre forme : reconnaître la hiérarchie sociopolitique existant en Irak et remettre l’Etat, sous surveillance occidentale, entre les mains des élites de l’ancien régime.
Ce récit n’est pas une anticipation des douze prochains mois. C’est la stricte narration d’événements qui se sont déroulés, il y a plus de quatre-vingts ans, lorsque la Grande-Bretagne, ayant conquis les trois provinces ottomanes de Bassorah, Bagdad et Mossoul, en a fait un nouvel Etat : l’Irak. Qu’il y ait là des échos du présent et d’un futur possible est moins la conséquence de quelque essence irréductible de l’histoire irakienne que de la logique du pouvoir impérial. Si la guerre a lieu, les Etats-Unis pourraient bien avoir à choisir entre les mêmes options que celles auxquelles les Britanniques furent confrontés entre 1914 et 1921. Il convient de réfléchir à ces options pour dégager éventuellement une logique commune entre deux tentatives de « reconstruction de l’Etat » par deux puissances impériales. Cela pourrait aider à comprendre ce que sera un nouvel Irak sous occupation américaine.
Lorsque les Britanniques envahissent la Mésopotamie, en 1914, ils n’ont pas l’intention d’y créer un Etat. Leur souci immédiat est de protéger leurs positions dans le Golfe. Mais le succès de leurs opérations militaires leur inspire des ambitions plus vastes, de sorte que, dès 1918, leur occupation s’étend sur tous les territoires formant aujourd’hui l’Irak. Partout, une administration est établie sur le modèle des Indes britanniques, où beaucoup de ces officiers et fonctionnaires ont fait carrière. Ce sera un mélange d’administration directe et indirecte.
Tout est géré depuis les ministères de Bagdad, au personnel entièrement britannique, mais, en province, les officiers politiques comptent sur les dirigeants locaux pour maintenir l’ordre et collecter les revenus. Sont exclues de cet arrangement les élites administratives et militaires de l’ancien Empire ottoman, en majorité des Arabes sunnites ou des Turcs arabisés. Une forme caractéristique de l’impérialisme britannique commence à émerger, centrée sur Bagdad mais pénétrant peu à peu dans toutes les strates de la société, donnant l’impression de consolider les intérêts britanniques.
Cependant, avec la fin de la guerre, en 1918, des voix s’élèvent par-ci par-là dans l’appareil d’Etat britannique pour remettre en question la définition même de ces intérêts. Alors que les uns s’accrochent à un impérialisme pur et dur, d’autres estiment que le recours à des « micro-technologies du pouvoir », destinées à faire entrer une société « arriérée » dans le moule du nouvel ordre administratif, fait partie intégrante de la mission impériale de Londres. Une vision, influencée à la fois par des doutes quant à la moralité de ce projet impérial et par des considérations pratiques de ressources et d’obligations, préconise un engagement moindre. La Grande-Bretagne, affirme-t-on de ce côté, n’a que deux exigences fondamentales envers quelque gouvernement que ce soit en Mésopotamie : qu’il soit compétent et qu’il respecte les besoins stratégiques britanniques. C’est ce dernier point de vue qui prévaudra et qui conduira à la création de l’Etat d’Irak (1).
Ce sont les événements en Irak même, autant que l’évolution en Angleterre et dans le reste du monde, qui vont déterminer cette conclusion. En 1920, le nouveau principe d’autodétermination des peuples donne naissance aux « mandats » accordés par la Société des nations - territoires pris aux empires centraux défaits et qui devaient être conduits en douceur à l’indépendance par l’un ou l’autre des Alliés victorieux. C’est une formule défendue par des membres du gouvernement britannique soucieux de conserver l’influence de leur pays dans le monde, mais au moindre coût, militaire et financier. Etant donné la volatilité de l’opinion anglaise en 1919-1920 pour tout ce qui touche à l’orientation des dépenses publiques, et aussi les inquiétudes gouvernementales sur les coûts de l’Empire, cette solution semble idéale.
Parmi les Irakiens eux-mêmes, beaucoup sont hostiles au mandat, n’y voyant qu’une couverture pour l’impérialisme britannique. Par contraste, bon nombre de serviteurs britanniques de l’Empire sur place y voient une grave abdication de responsabilité (2). La confrontation entre ces deux points de vue conduira à la révolte irakienne de 1920. Allumée à Bagdad par des manifestations de masse, où sunnites et chiites se côtoient, et par les agissements d’anciens officiers ottomans aigris, elle gagne en puissance lorsqu’elle s’étend au Moyen et Bas Euphrate, régions majoritairement chiites. Les guerriers bien armés des tribus, furieux des ingérences du gouvernement central et hostiles au règne des « infidèles », prennent le contrôle de tout le sud du pays. Il faudra plusieurs mois aux Britanniques pour mater la révolte (lire [->9853) et pour rétablir l’autorité de Bagdad, et il leur en coûtera, ainsi qu’aux Indiens et aux Irakiens, des milliers de morts (3).
Une approche minimaliste
Cette révolte de 1920 aura deux conséquences décisives. Désormais, les Britanniques sont convaincus que vouloir gouverner l’Irak directement leur coûterait trop cher, et que toutes affaires cessantes il faut mettre sur pied un gouvernement local plein et entier, avec une armée et tous les services administratifs. Or, il est presque inévitable que, cherchant des cadres pour le nouvel Etat, les Britanniques les trouvent parmi les élites administratives et militaires de l’Empire ottoman, écartées au cours de la guerre. En elles, ils voient des hommes rompus à la gestion d’un Etat moderne et dotés d’un sens des réalités à même d’apprécier à sa juste valeur le rôle de la Grande-Bretagne dans leur accession au pouvoir, aussi bien que dans l’affirmation de l’identité irakienne dans la région. Par contraste, les leaders de la majorité chiite et de l’importante minorité kurde sont perçus comme des rebelles en puissance et trop encombrés de traditions tribales et religieuses pour pouvoir gérer un Etat moderne.
Ce sont ces considérations qui vont guider la politique de Londres. L’émir Fayçal, fils du chérif Hussein de La Mecque qui a conduit la révolte arabe contre l’empire ottoman durant la première guerre mondiale, sera placé sur le trône, appuyé principalement par les anciens fonctionnaires et officiers ottomans, sunnites arabes pour la plupart. Ceux-ci prendront la relève des fonctionnaires britanniques dans les administrations, ceux-là formeront le noyau du nouveau corps d’officiers. Bien entendu, l’influence britannique se perpétue grâce à des conseillers dans les ministères, à deux importantes bases de la Royal Air Force et à de multiples autres liens qui continueront de maintenir l’« empire informel » de Sa Majesté, même après l’indépendance octroyée à l’Irak en 1932.
S’agissant de sauvegarder les intérêts stratégiques de la Grande-Bretagne, les défenseurs d’une approche minimaliste ou indirecte de l’Irak semblaient avoir eu raison. Mais ils avaient également posé les bases d’une forme particulière d’Etat particulier, qui portera l’empreinte de la nouvelle classe dirigeante, autoritaire et imbue de préjugés envers les diverses communautés composant la majorité de la population.
Ce retour sur l’histoire est important, car le régime du président Saddam Hussein est l’héritier direct de ces structures de gouvernement. Et les Etats-Unis, s’ils cherchent à organiser l’avenir de l’Irak, seront exposés à la même tentation que les Britanniques en 1920. Après l’invasion et le renversement militaire du régime, ils auront une décision à prendre. Ils pourront essayer d’imprimer des changements fondamentaux au mode de gouvernement - et y consacrer le temps et les ressources nécessaires. Ou alors, ils pourront mettre en place une administration qui satisfera à leurs principaux desiderata - respect des intérêts stratégiques américains et maintien de l’ordre - et permettra ainsi le retrait rapide de leurs forces. Cela aboutirait à sanctionner aussi bien les structures de pouvoir existant que la trajectoire historique ayant donné naissance au régime actuel.
Confrontée à la probable résistance irakienne à un projet de « reconstruction de l’Etat » et aux risques pour la vie de ses soldats, il est vraisemblable que l’administration du président George W. Bush - poussée par l’électorat américain - opte en faveur d’un désengagement des affaires internes du pays. Ce choix entrerait en contradiction avec de récentes déclarations qui, faites à Washington, affirment que les Etats-Unis ont pour mission de transformer l’Irak en « phare de la démocratie » au Proche-Orient. Cela provoquerait aussi le désespoir parmi ces Irakiens qui voient dans Washington la principale chance d’un changement politique radical. Mais, pour les Etats-Unis, comme pour la Grande-Bretagne il y a quatre-vingts ans, ce sont sans doute les coûts et les avantages à court terme qui pèseront le plus dans les décisions, au détriment des avantages plus lointains d’une transformation fondamentale de la société irakienne.
Charles Tripp
P.S. Je crois Kate que tu a suffisamment de texte pour comprendre certaine chose. Toujours avec courtoisie et respect.
A Bagdad, un régime autoritaire, appuyé sur les forces armées, tient étroitement le pays et représente une menace stratégique pour la principale puissance occidentale opérant dans la région. Une expédition militaire est lancée et, à l’issue d’une campagne plus difficile et plus coûteuse que prévu, Bagdad sera pris et un nouvel ordre politique institué sous le contrôle militaire et politique de l’Occident. Mais, au moment même où il semble que l’avenir de l’Irak soit en train de s’écrire à l’étranger, une révolte éclate parmi les officiers de l’armée, dans les rues de Bagdad et dans toutes les régions chiites du Centre et du Sud. Et voilà que toute l’entreprise risque d’échouer.
Le soulèvement finira par être écrasé, mais à un coût tel que l’armée d’occupation ainsi que ses responsables vont réviser radicalement leurs idées. A la place de la vision grandiose des débuts de l’occupation, un projet plus modeste et moins coûteux commence à prendre forme : reconnaître la hiérarchie sociopolitique existant en Irak et remettre l’Etat, sous surveillance occidentale, entre les mains des élites de l’ancien régime.
Ce récit n’est pas une anticipation des douze prochains mois. C’est la stricte narration d’événements qui se sont déroulés, il y a plus de quatre-vingts ans, lorsque la Grande-Bretagne, ayant conquis les trois provinces ottomanes de Bassorah, Bagdad et Mossoul, en a fait un nouvel Etat : l’Irak. Qu’il y ait là des échos du présent et d’un futur possible est moins la conséquence de quelque essence irréductible de l’histoire irakienne que de la logique du pouvoir impérial. Si la guerre a lieu, les Etats-Unis pourraient bien avoir à choisir entre les mêmes options que celles auxquelles les Britanniques furent confrontés entre 1914 et 1921. Il convient de réfléchir à ces options pour dégager éventuellement une logique commune entre deux tentatives de « reconstruction de l’Etat » par deux puissances impériales. Cela pourrait aider à comprendre ce que sera un nouvel Irak sous occupation américaine.
Lorsque les Britanniques envahissent la Mésopotamie, en 1914, ils n’ont pas l’intention d’y créer un Etat. Leur souci immédiat est de protéger leurs positions dans le Golfe. Mais le succès de leurs opérations militaires leur inspire des ambitions plus vastes, de sorte que, dès 1918, leur occupation s’étend sur tous les territoires formant aujourd’hui l’Irak. Partout, une administration est établie sur le modèle des Indes britanniques, où beaucoup de ces officiers et fonctionnaires ont fait carrière. Ce sera un mélange d’administration directe et indirecte.
Tout est géré depuis les ministères de Bagdad, au personnel entièrement britannique, mais, en province, les officiers politiques comptent sur les dirigeants locaux pour maintenir l’ordre et collecter les revenus. Sont exclues de cet arrangement les élites administratives et militaires de l’ancien Empire ottoman, en majorité des Arabes sunnites ou des Turcs arabisés. Une forme caractéristique de l’impérialisme britannique commence à émerger, centrée sur Bagdad mais pénétrant peu à peu dans toutes les strates de la société, donnant l’impression de consolider les intérêts britanniques.
Cependant, avec la fin de la guerre, en 1918, des voix s’élèvent par-ci par-là dans l’appareil d’Etat britannique pour remettre en question la définition même de ces intérêts. Alors que les uns s’accrochent à un impérialisme pur et dur, d’autres estiment que le recours à des « micro-technologies du pouvoir », destinées à faire entrer une société « arriérée » dans le moule du nouvel ordre administratif, fait partie intégrante de la mission impériale de Londres. Une vision, influencée à la fois par des doutes quant à la moralité de ce projet impérial et par des considérations pratiques de ressources et d’obligations, préconise un engagement moindre. La Grande-Bretagne, affirme-t-on de ce côté, n’a que deux exigences fondamentales envers quelque gouvernement que ce soit en Mésopotamie : qu’il soit compétent et qu’il respecte les besoins stratégiques britanniques. C’est ce dernier point de vue qui prévaudra et qui conduira à la création de l’Etat d’Irak (1).
Ce sont les événements en Irak même, autant que l’évolution en Angleterre et dans le reste du monde, qui vont déterminer cette conclusion. En 1920, le nouveau principe d’autodétermination des peuples donne naissance aux « mandats » accordés par la Société des nations - territoires pris aux empires centraux défaits et qui devaient être conduits en douceur à l’indépendance par l’un ou l’autre des Alliés victorieux. C’est une formule défendue par des membres du gouvernement britannique soucieux de conserver l’influence de leur pays dans le monde, mais au moindre coût, militaire et financier. Etant donné la volatilité de l’opinion anglaise en 1919-1920 pour tout ce qui touche à l’orientation des dépenses publiques, et aussi les inquiétudes gouvernementales sur les coûts de l’Empire, cette solution semble idéale.
Parmi les Irakiens eux-mêmes, beaucoup sont hostiles au mandat, n’y voyant qu’une couverture pour l’impérialisme britannique. Par contraste, bon nombre de serviteurs britanniques de l’Empire sur place y voient une grave abdication de responsabilité (2). La confrontation entre ces deux points de vue conduira à la révolte irakienne de 1920. Allumée à Bagdad par des manifestations de masse, où sunnites et chiites se côtoient, et par les agissements d’anciens officiers ottomans aigris, elle gagne en puissance lorsqu’elle s’étend au Moyen et Bas Euphrate, régions majoritairement chiites. Les guerriers bien armés des tribus, furieux des ingérences du gouvernement central et hostiles au règne des « infidèles », prennent le contrôle de tout le sud du pays. Il faudra plusieurs mois aux Britanniques pour mater la révolte (lire [->9853) et pour rétablir l’autorité de Bagdad, et il leur en coûtera, ainsi qu’aux Indiens et aux Irakiens, des milliers de morts (3).
Une approche minimaliste
Cette révolte de 1920 aura deux conséquences décisives. Désormais, les Britanniques sont convaincus que vouloir gouverner l’Irak directement leur coûterait trop cher, et que toutes affaires cessantes il faut mettre sur pied un gouvernement local plein et entier, avec une armée et tous les services administratifs. Or, il est presque inévitable que, cherchant des cadres pour le nouvel Etat, les Britanniques les trouvent parmi les élites administratives et militaires de l’Empire ottoman, écartées au cours de la guerre. En elles, ils voient des hommes rompus à la gestion d’un Etat moderne et dotés d’un sens des réalités à même d’apprécier à sa juste valeur le rôle de la Grande-Bretagne dans leur accession au pouvoir, aussi bien que dans l’affirmation de l’identité irakienne dans la région. Par contraste, les leaders de la majorité chiite et de l’importante minorité kurde sont perçus comme des rebelles en puissance et trop encombrés de traditions tribales et religieuses pour pouvoir gérer un Etat moderne.
Ce sont ces considérations qui vont guider la politique de Londres. L’émir Fayçal, fils du chérif Hussein de La Mecque qui a conduit la révolte arabe contre l’empire ottoman durant la première guerre mondiale, sera placé sur le trône, appuyé principalement par les anciens fonctionnaires et officiers ottomans, sunnites arabes pour la plupart. Ceux-ci prendront la relève des fonctionnaires britanniques dans les administrations, ceux-là formeront le noyau du nouveau corps d’officiers. Bien entendu, l’influence britannique se perpétue grâce à des conseillers dans les ministères, à deux importantes bases de la Royal Air Force et à de multiples autres liens qui continueront de maintenir l’« empire informel » de Sa Majesté, même après l’indépendance octroyée à l’Irak en 1932.
S’agissant de sauvegarder les intérêts stratégiques de la Grande-Bretagne, les défenseurs d’une approche minimaliste ou indirecte de l’Irak semblaient avoir eu raison. Mais ils avaient également posé les bases d’une forme particulière d’Etat particulier, qui portera l’empreinte de la nouvelle classe dirigeante, autoritaire et imbue de préjugés envers les diverses communautés composant la majorité de la population.
Ce retour sur l’histoire est important, car le régime du président Saddam Hussein est l’héritier direct de ces structures de gouvernement. Et les Etats-Unis, s’ils cherchent à organiser l’avenir de l’Irak, seront exposés à la même tentation que les Britanniques en 1920. Après l’invasion et le renversement militaire du régime, ils auront une décision à prendre. Ils pourront essayer d’imprimer des changements fondamentaux au mode de gouvernement - et y consacrer le temps et les ressources nécessaires. Ou alors, ils pourront mettre en place une administration qui satisfera à leurs principaux desiderata - respect des intérêts stratégiques américains et maintien de l’ordre - et permettra ainsi le retrait rapide de leurs forces. Cela aboutirait à sanctionner aussi bien les structures de pouvoir existant que la trajectoire historique ayant donné naissance au régime actuel.
Confrontée à la probable résistance irakienne à un projet de « reconstruction de l’Etat » et aux risques pour la vie de ses soldats, il est vraisemblable que l’administration du président George W. Bush - poussée par l’électorat américain - opte en faveur d’un désengagement des affaires internes du pays. Ce choix entrerait en contradiction avec de récentes déclarations qui, faites à Washington, affirment que les Etats-Unis ont pour mission de transformer l’Irak en « phare de la démocratie » au Proche-Orient. Cela provoquerait aussi le désespoir parmi ces Irakiens qui voient dans Washington la principale chance d’un changement politique radical. Mais, pour les Etats-Unis, comme pour la Grande-Bretagne il y a quatre-vingts ans, ce sont sans doute les coûts et les avantages à court terme qui pèseront le plus dans les décisions, au détriment des avantages plus lointains d’une transformation fondamentale de la société irakienne.
Charles Tripp
P.S. Je crois Kate que tu a suffisamment de texte pour comprendre certaine chose. Toujours avec courtoisie et respect.
Ecrit le 23 avr.04, 08:25
Alors là Camelia, tu as mis dans le mil'. Jean Bonkru est un spécialiste de la mauvaise foi. Le genre à repasser sur ses textes pour les modifier si tu le choppes en flag de conneries. T'as bien fait de citer ses bilvesées en quote. Il l'a dans le baba comme ça.
tu aimes les textes longs Jean Bonkui? Voilà de quoi te satisfaire :
Les conceptions islamistes de l’univers et de l’origine de l’islam
Le Coran précise que l’islam est la religion d’Allah ;
Puisque Allah a créé le monde, il ressort que le monde entier est islamique ;
Même un non-musulman, dont le corps est sujet aux lois de la nature, est musulman ;
Bien que toute l’humanité soit née musulmane, l’individu peut choisir, ce qui divise l’humanité en deux groupes: les croyants et les infidèles ;
Depuis Adam, l’islam est la religion de tous les prophètes.
L’idéologie islamiste prône la restauration d’un Etat qui appliquerait toutes les injonctions du Coran sur le modèle de l’organisation politico-social créée à Médine par Mahomet et les quatre premiers califes. La fondation idéologique de l’Etat s’explique par la doctrine de l’unité d’Allah et de la révélation coranique. Cette unité donne aux musulmans l’obligation d’accomplir la volonté divine sur terre. La communauté islamique, qui est seule dépositaire de la Vraie Révélation, se distingue des autres peuples par deux caractéristiques: l’élection (Coran, 3:106) et la perfection attachée aux lois d’Allah qui est mise en œuvre dans la shari’a.
Tout pouvoir qui n’est pas inclus dans la shari’a est considéré comme illégitime et usurpé, puisque seules les lois islamiques, c’est-à-dire, les lois d’Allah, doivent prévaloir. Ce concept n’accorde la légitimité de l’autorité et du pouvoir international qu’à la oumma. Il confirme sa suprématie sur tous les autres peuples par l’élection divine. Ce principe légitimise le jihad. La primauté de la oumma islamique a encore été réaffirmée à la déclaration du Caire, sur les Droits de l’Homme en islam, le 5 août 1990, dont les deux premiers paragraphes déclarent:
« Réaffirmant le rôle historique de civilisation de la oumma islamique, que dieu a faite la meilleure nation, qui a donné à l’humanité une civilisation universelle et équilibrée, dans laquelle l’harmonie est établie entre cette vie et l’au-delà et où la connaissance est combinée avec la foi ; ainsi que le rôle que cette oumma doit jouer pour guider une humanité déroutée par des tendances et des idéologies contradictoires pour fournir des solutions aux problèmes chroniques de cette civilisation matérialiste.
Voulant contribuer aux efforts de l’humanité pour garantir les Droits de l’Homme, pour protéger l’homme de l’exploitation et de la persécution et pour affirmer sa liberté et son droit à une vie digne en accord avec la shari’a islamique. »
Pour sa politique intérieure, l’Etat islamique doit être établi par l’éradication totale de toute pensée, influence ou institution non-islamique, c’est-à-dire, par l’élimination de la moindre influence extérieure introduite par la colonisation ou par des concepts empruntés à d’autres cultures. Ce retour à une orthodoxie qui précède l’intrusion de l’Occident prolonge la lutte de décolonisation pour une purification morale et institutionnelle. C’est le concept classique du rejet de l’infidèle et des civilisations inférieures desquelles l’islam, en vertu de sa supériorité et de sa perfection, ne pourrait rien emprunter sans s’avilir.
La promulgation de lois en accord avec le Coran et la shari’a exige que le domaine politique soit limité exclusivement aux partis qui professent l’idéologie islamique et dont les candidats connaissent la loi coranique. Par conséquent, seuls les musulmans devraient avoir le droit de vote. Après établissement de la shari’a, l’étape suivante sera d’éliminer les divisions territoriales (frontières), introduites par la colonisation, qui sont sources de faiblesse pour la oumma. Cette réunification islamique créera un énorme pouvoir démographique, politique, économique et militaire. Conditionnée psychologiquement par l’esprit sacré du jihad, la oumma sera ensuite capable de poursuivre sa mission historique: la conquête du monde, de manière à imposer globalement la shari’a.
Cette conception de politique étrangère est intégrée dans le concept classique d’un monde divisé entre le Bon, le dar al-islam, et le Nuisible, le dar al-harb, s’opposant dans un jihad obligatoire et éternel. La légitimité de toute autorité politico-légale non-islamique est totalement rejetée. Ce rejet exempte les musulmans de tout devoir d’obéir à des lois qui ne sont pas celles de la shari’a et encourage les mouvements subversifs. (P.200) Les communautés immigrantes, en particulier, sont liées par le devoir de créer leur propre Etat islamique autonome, de manière à libérer de l’impiété, le territoire sur lequel elles se sont établies. Tout empêchement à l’expansion islamique, tel que le défi apporté par l’autonomie d’autres communautés ou les restrictions au développement de mosquées ou de centres coraniques, est considéré comme une guerre contre Allah et justifie le jihad de la part de la oumma. Au niveau des relations internationales, le principe de la primauté de l’islam sur toute autre loi est réaffirmé, annulant tout accord qui ne serait prévu par la shari’a.
La résistance à cette politique détermine deux types de zones de conflits: 1) les conflits régionaux pour ré-islamiser les pays qui ont auparavant appartenus à la zone islamique, le dar al-islam: Liban, Israël, Bosnie, Kosovo et d’autres régions; 2) les conflits pour imposer la shari’a dans les pays musulmans.
Histoire réprimée
La dissimulation du jihad et de la dhimmitude en Occident, et particulièrement, dans le bloc communiste, a aidé à geler, sans les résoudre, les conflits ethnico-religieux. Pourtant, seul un examen impartial de l’impérialisme islamique pourrait ouvrir la voie vers une réconciliation avec les peuples qui en ont été victimes. Ce pas est indispensable pour qu’une entité nationale non-islamique soit reconnue comme légitime, seul moyen d’annuler la justification du jihad. Ce champ d’étude n’a pas encore été exploré .
La suppression de l’histoire ou, pire, sa distorsion, a permis le retour venimeux du passé, par exemple, en ex-Yougoslavie, où la répression de l’histoire a déchaîné une guerre barbare. Pour quiconque ayant quelques connaissances des siècles d’histoire de la résistance serbe sous la domination ottomane, il était évident que le retour de toute forme de pouvoir islamique en Bosnie-Herzégovine serait rejeté par les Serbes orthodoxes. Les cinq siècles de « coexistence harmonieuse et pacifique », sous législation islamique, cités par le président bosniaque Alija Izetbegovic, appartient aux dogmes théologiques de perfection de la shari’a et de la dhimma. Pour les Serbes, cependant, cette même période a consisté en massacres, pillages, esclavage, déportations et exil des populations chrétiennes. A leurs yeux, c’était un régime qui a trouvé sa justification dans l’usurpation de leurs territoires ancestraux et le désaveu de leurs droits. Dès lors, il représentait le contraire d’une coexistence pacifique et multiculturelle basée sur un système de justice sociale et politique.
Donc, deux conceptions de l’histoire se heurtent, n’ayant encore jamais auparavant été confrontées. D’une part, la version des victimes dhimmis, de l’autre, celle des conquérants par le jihad. Dans leur guerre d’émancipation et, plus tard, de libération, les Serbes orthodoxes ont trouvé que leurs pires adversaires étaient leurs compatriotes musulmans, attachés à leurs privilèges religieux et à leur domination par l’humiliation des chrétiens. Pendant la seconde guerre mondiale, les forces de l’Axe ont envahi la Yougoslavie et ont supporté la création d’un Etat nazi croate (Ustashi) auquel de nombreux Bosniaques musulmans ont coopéré. Au début de la guerre, ces slaves musulmans et nazis ont participé aux génocides de centaines de milliers de Serbes orthodoxes, de juifs et de bohémiens. Même leurs alliés allemands étaient choqués par les atrocités qui ont eu lieu alors en Yougoslavie.
Les nazis ont encouragé les revendications sécessionnistes des musulmans dont certains dirigeants mettaient en avant la traditionnelle coexistence pacifique sous l’islam pour dénoncer, plus tard, ces atrocités qu’ils imputaient aux Croates, alors que la participation des musulmans aux massacres était connue. En fait, ces allégations visaient à exploiter les conflits inter-chrétiens, entre les Croates catholiques et les Serbes orthodoxes, dissensions qui avaient facilité l’expansion de l’islam pendant un millénaire. Sous le gouvernement communiste autoritaire de Tito, un Croate, la religion a acquis un statut national. C’était le seul groupe défini par des critères religieux, alors que les autres se caractérisaient par leurs différences ethniques.
Cette politique délibérée de permettre l’islamisation des terres ancestrales des Serbes orthodoxes, Kosovo et Bosnie-Herzégovine, a aussi permis à Tito de gagner le support économique et politique du monde islamique et a entretenu les schismes du monde chrétien. Le dogme communiste de fraternité humaine a une fois de plus gelé les dissensions sans les résoudre. En 1991, avant que le conflit n’éclate, la déclaration islamique d’Alija Izetbegovic (1970) a été publiée à Sarajevo. Elle mentionnait spécifiquement que: « Il ne peut pas y avoir de paix ou de coexistence entre la foi islamique et les institutions sociales et politiques non-islamiques ». Sous le camouflage de « Etat islamique multiculturel » et de « cinq cents ans de coexistence pacifique », les Serbes bosniaques ont reconnu le système de shari’a qui les avait décimé. Par conséquent, la cruauté des combats en Bosnie, a reflété la confrontation historique qui, plutôt que d’être résolue par dialogue, a explosé en haine: la barbarie reflète la vengeance d’une histoire réprimée, d’une parodie du mythe déformé de la coexistence idyllique. Les références répétées au « paradis ottoman » ont scandalisé les Serbes, les Grecs et les Arméniens. Les innocents, sans égard de leur appartenance religieuse, sont devenus victimes d’un passé qui, parce qu’il avait été passé sous silence, revint accompagné d’incroyables actes de violence. Les responsables sont les politiciens, qui, pour sauvegarder leurs propres intérêts, ont essayé d’imposer un mythe de tolérance à ses victimes. Aujourd’hui, différents conflits déchirent les pays musulmans. Les mouvements islamiques se développent sur différents plans. Des stratégies de reconquête territoriale du dar al-harb sont développées au Cachemire, en Indonésie, aux Philippines et, sur différents fronts, dans les Balkans, dans le Caucase, en Israël, au Liban, au Soudan, au Nigeria et ailleurs.
En Occident, les islamistes se battent pour une ré-islamisation en profondeur de millions d’immigrants musulmans contaminés par la civilisation des Infidèles. Leurs efforts pour convertir les chrétiens ont un succès considérable, particulièrement dans les cercles pro-palestiniens et chrétiens anti-juifs. La doctrine islamique regarde la terre entière comme patrimoine d’Allah, attribué à la oumma. Par conséquent, d’un point de vue islamique, le droit d’immigrer et de s’installer à l’étranger est théologiquement justifié. Les musulmans citent l’exemple des chrétiens dans les pays islamiques pour demander l’établissement de la shari’a dans le domaine légal occidental. Pourtant, les droits très limités des minorités dans l’islam ne s’appliquent que dans leurs pays d’origine conquis par jihad et pas en Arabie, le berceau de l’islam. Les droits des minorités indigènes non musulmanes, dans leur propre pays, et les droits des millions d’immigrants, en Europe et en Amérique, ne suivent pas les mêmes paramètres.
L’immigration massive de musulmans en Europe est différente en deux points principaux de l’immigration des « communautés dhimmis indigènes » à laquelle elle est souvent comparée:
L’immigration musulmane, dans le monde occidentale, est récente et étrangère;
Cette immigration devrait être comparée à une hypothétique immigration européenne dans les pays musulmans, sur la même échelle démographique.
D’autres confrontations sanglantes ravagent nombre de pays musulmans sous la forme de guerres politico-religieuses inter-musulmanes, telles qu’en Algérie, Egypte, Pakistan, Afghanistan et autres. Otages de cette violence, les minorités non-musulmanes doivent choisir entre valise, cercueil ou dhimmitude. Ces dernières années, le concept islamiste de jihad contre les Infidèles est parvenu au grand public, en dépit de l’occultation et de la désinformation des médias occidentales. D’Indonésie aux Philippines, d’Afghanistan au Soudan, d’Egypte en Algérie, de Gaza à New York, Londres et Paris, les appels au jihad répètent les mêmes thèmes, intégrés dans la même structure idéologique.
Pareille homogénéité ne peut pas être improvisée et n’est pas le résultat de facteurs circonstanciels externes. Au contraire, elle est intégrée dans une tendance historique permanente, basée sur des fondations légales, idéologiques et culturelles. Mais il serait injuste de passer sous silence la manipulation de la nature obligatoire du jihad par des agents extérieurs. Par conséquent, même si le jihad est un concept islamique, il sert aussi d’écran aux guerres « chrétiennes » telles que: la politique anti-Israël du Vatican, parmi les chrétiens palestiniens, et la tendance pro-arabe occidentale; la lutte des anti-sionistes français et des politiques anti-américaines, dans leur conquête des marchés arabes; la guerre idéologique de l’Union Soviétique contre Israël et les Etats-Unis; la guerre des Etats-Unis contre la puissance soviétique en Afghanistan.
Le concept de jihad a été exploité dans les rivalités géostratégiques et économiques, autant que dans les haines théologiques. Il permet à des adversaires camouflés d’avancer leurs pions sous d’autres bannières, par exemple, les politiques anti-sionistes en Europe et en ex-Union Soviétique – parce que la guerre contre Israël a aussi des ramifications européennes. Dans le contexte de l’adoption du jihad par ces partis extérieurs, le jihad devient, comme si souvent en histoire, une guerre entre musulmans et chrétiens et, non plus une guerre exclusivement islamiste. Il est triste que les populations musulmanes, aujourd’hui principales victimes de ces idéologies de guerre, soient encouragées à adopter ce rôle.
Le jihad moderne va être examiné dans deux contextes différents: au Soudan et en Israël. La situation au Soudan est largement documentée grâce aux défenseurs des Droits de l’Homme et aux rapporteurs des Nations Unies (1993-1998). Le gouvernement islamiste de Khartoum affirme qu’il agit en accord avec les lois islamistes. Sa stratégie peut être comparée facilement avec les textes originaux et l’histoire du jihad, c’est-à-dire, avec l’organisation islamique institutionnelle et légale de guerre. En ce qui concerne la guerre israélo-arabe, elle se place dans un contexte typique de dhimmitude, parce qu’elle implique, bien que caché, un conflit entre juifs et chrétiens.
Jihad dans le Sud-Soudan
Au Soudan, les mêmes conflits ethniques et religieux, polarisés par la restauration de la shari’a, confrontent le Nord, arabisé et islamisé, contre le Sud, africain, chrétien et animiste, source traditionnelle d’esclaves pour le Nord. Depuis l’indépendance (1er janvier 1956), le processus duel d’arabisation et d’islamisation du Sud a provoqué une guerre civile qui a fait des centaines de milliers de victimes.
L’accord d’Addis-Abeba (1972) a reconnu l’autonomie régionale du Sud et a garanti sa complète liberté culturelle et religieuse. Mais la restauration de la shari’a (1983), applicable même aux chrétiens du Nord, a ravivé la guerre civile. Un coup d’état, en 1989, lors des négociations pour la suspension de la shari’a, a amené au pouvoir le parti islamiste, le général Omar al-Bashir et le front national islamiste (NIF). Depuis lors, le régime islamique a poursuivi une politique de nettoyage ethnico-religieux et d’extermination dans le Sud. Les massacres, les répressions, les déportations de population et la famine se sont intensifiés considérablement après la guerre du Golf (1991). Peu après, le gouvernement soudanais a reçu une importante aide en armes de l’Iran, un autre régime fondamentaliste. Les rapports de « Médecins Sans Frontières » parlent de processus d’extermination. Ils mentionnent une volonté délibérée, planifiée, de nettoyages ethniques et religieux. Dans le cadre du jihad, la junte au pouvoir a aussi envoyé des milices lourdement armées dans les montagnes Nuba du Sud, jusqu’ici épargnées par la guerre.
Le 16 février 1993, un rapport du père Hubert Barbier, qui était au Soudan depuis 9 ans, a apporté des preuves à la Commission des Droits de l’Homme aux Nations Unies, à Genève:
« Les Nubas, d’origine africaine, ont été massacrés par milliers, les femmes violées et emmenées en esclavage, de même que les enfants. Cette région, libérée par le nettoyage ethnico-religieux, a été occupée par les tribus islamisées du Nord. La répression augmente dans tout le Sud. Plus de 150.000 familles ont été déportées de leurs régions traditionnelles ancestrales et ont été relogées dans le désert arabe du Nord. Plus de 20.000 enfants nubas ont ainsi été vendus en esclavage, avec la pleine connaissance et connivence du gouvernement.
Dans les environs de Khartoum, où les populations du Sud ont été massées, le régime NIF a planifié une politique de déportation massive. Depuis novembre 1991, plus d’un demi million de personnes ont été déportées dans des camps, sans nourriture ni eau. La distribution de nourriture et aide médicale est contrôlée par les islamistes et est sujette au chantage de la conversion à l’islam. Les massacres et enlèvements de femmes et d’enfants, emmenés en esclavage, sont perpétrés sur une échelle massive par le PDF (Forces de Défense Populaire), le moudjahidin et l’armée. Ces actions sont accompagnées de pillages, d’enlèvements de bétail, de tueries et de viols. Dans les camps de déportés, les conversions forcées sont nombreuses. De même, les persécutions de prêtres et les destructions d’églises. La déclaration de jihad sur les non-musulmans s’accompagne aussi de la peine de mort pour apostasie, de discriminations vis-à-vis des femmes et du rétablissement de châtiments corporels. On estime que près de deux millions d’Africains ont perdu la vie depuis le début de la guerre civile au Sud Soudan, en 1983, par les exécutions sommaires, les attaques… »
Ces rapports ont été violemment contesté par le gouvernement du Soudan, comme étant des attaques contre l’islam. La confusion entre les domaines politiques et religieux apparaît clairement ici. C’est pourquoi toute critique sur la politique et les violations des Droits de l’Homme est considérée comme blasphème. Il est à noter que ces exactions sont similaires à tout ce qui est mentionné dans les rapports concernant le jihad, dans d’autres régions et à d’autres époques.
Jihad contre Israël
La stratégie d’antisionisme (stratégie qui vise à l’élimination de l’Etat d’Israël) emploie une variété de techniques: le terrorisme local et international; la délégitimation de l’Etat par le biais de campagne médiatique diffamatoire et l’appropriation de l’Etat d’Israël par des manœuvres supersessionistes. L’antisionisme est fait de deux tendances: l’islamiste et la chrétienne. Cette dernière n’est pas facilement identifiable parce qu’elle est camouflée dans un mouvement islamique qu’elle nourrit, guide et enrichit par l’addition de l’anti-judaïsme traditionnel chrétien et nazi.
La tendance musulmane
L’antisionisme islamique a ses racines dans le concept politico-religieux de jihad qui s’oppose à toute autorité non-islamique. La paix n’est garantie aux Peuples du Livre que s’ils se soumettent aux lois de la dhimmitude. La guerre contre Israël est une guerre contre des dhimmis qui se sont révoltés. Elle vise à restaurer la suprématie de la loi islamique. Pourtant, des pays musulmans, tels que l’Iran (sous le shah) ou la Turquie, pays qui ont répudié ces concepts démodés et ont embrassé la modernité, ont maintenu de bonnes relations avec Israël.
L’antisionisme islamique rejette toutes les caractéristiques nationales, langue, histoire juive et civilisation d’Israël, et ne reconnaît que des droits religieux pour les dhimmis. Cette ambiguïté entre guerre et tolérance a induit en erreur nombre d’analystes qui n’étaient pas familiers du concept de dhimmitude dans la mentalité de jihad.
Le jihad contre Israël est exprimé par une idéologie et une stratégie qui comprend des opérations militaires, terroristes et économiques (boycott), à travers la propagande («diabolisation») et la corruption.
La tendance musulmane-chrétienne
Une communauté chrétienne islamisée représente une tendance historique, active depuis le début de l’islam. C’est une force fondamentale dans toute l’histoire des conquêtes islamiques. Cette tendance, dans laquelle se superposent toutes les rivalités religieuses inter-chrétiennes et judéo-chrétiennes, apparaît dans la collusion politique et militaire des hiérarchies chrétiennes.
Après la conquête de la Palestine par les Arabes, les chrétiens ont perdu leur position dominante et les privilèges qui leur permettaient de détruire des synagogues ou de persécuter des juifs palestiniens. Comme dans le reste du dar al-islam, les chrétiens et les juifs de Palestine ont été expropriés par les lois de jihad et ont souffert des abus de la conquête arabe et de la colonisation par des tribus qui avaient immigré d’Arabie.
La division de la Palestine en provinces, chacune attachée administrativement à des centres syriens, a détruit son caractère d’unité nationale. C’est devenu une terre ouverte à la migration des nomades, dépendants de la transhumance, tandis que seules quelques agglomérations aux noms bibliques prestigieux, assuraient aux dhimmis une sécurité relative et chèrement acquise.
Les conquérants arabes ont imposé les mêmes mesures discriminatoires aux chrétiens que celles que l’Eglise avait infligée aux juifs. Toutefois, la protection puissante de monarques chrétiens a contribué à leur procurer des privilèges qui leur donnaient une supériorité sur les juifs. Après les croisades, la chrétienté en Palestine était principalement représentée par des ordres monastiques qui gardaient les lieux saints. Au milieu du XIXème siècle, les puissances européennes, qui y achetaient de larges domaines, ont favorisé la christianisation des terres saintes.
Les vagues de Syriens-Libanais grecs orthodoxes, d’Uniates, de réfugiés catholiques ont été remplacées, après la première guerre mondiale, par les chrétiens survivants des massacres en Anatolie, Iraq et Syrie: Arméniens, Syriaques et Nestoriens. Il en est résulté une grande hétérogénéité des populations chrétiennes en terre sainte, contrairement à la composition d’autres groupes dhimmis ethnico-religieux ailleurs dans le Moyen-Orient: les Coptes, Arméniens, Maronites et Grecs. Ce contexte historique explique la diversité des chrétiens en Palestine.
La judéophobie
Il est peu connu que la chrétienté syro-palestinienne nourrissait les sentiments anti-juifs les plus virulents, ce qui se manifestait par des accusations de crimes rituels. Cette agressivité des chrétiens était motivée par la dégradation des juifs sur leur propre territoire. La dé-judaïsation de la Palestine et la persécution des juifs étaient donc vues comme des actes pieux.
Le rite orthodoxe grec était dominant dans les villes, alors que les jacobites étaient plus répandus dans les régions rurales. Après les croisades, à partir du XIVème siècle, la chrétienté a été restreinte à la garde des sites sacrés, en terre sainte. Sous une protection des Etats chrétiens, négociée avec les autorités islamiques qui n’acceptaient cette présence que contre paiement de multiples charges, cette garde symbolique, qui s’est continuée pendant des siècles dans les ruines et humiliations de la dhimmitude, était sans cesse remise en question par les multiples dissensions au sein de la chrétienté.
A partir du XVIIème siècle, les privilèges économiques liés à la protection française ont encouragé l’uniatisme et l’émigration de chrétiens de Syrie vers les villes côtières de Acre, Jaffa et Gaza. En 1841, après que Mohamed Ali se soit retiré des provinces ottomanes syro-palestinienne, les puissances européennes ont envisagé l’internationalisation de Jérusalem et de Bethléem, considérées comme villes saintes chrétiennes. Jérusalem est devenue le centre de rivalités religieuses entre les différents chrétiens, y compris les protestants.
Anti-sionisme
Au XIXème siècle, l’immigration chrétienne a fortement augmenté en Palestine. La France, la papauté, l’Autriche-Hongrie et, plus tard, l’Allemagne, la Russie et la Grèce soutenaient ce mouvement avec des moyens politiques et financiers de loin supérieurs à ceux des juifs. Dans ce contexte politico-religieux, le sionisme était perçu comme un danger qui ne pouvait pas être combattu par des moyens militaires, puisque les juifs étaient des populations civiles éparpillées dans de nombreux pays. Le combat contre le sionisme a donc utilisé d’autres tactiques: la diffamation et l’incitation à la haine. Comme le sionisme gagnait du terrain dans la Palestine du XXème siècle, cette campagne s’est développée et a culminé avec la quasi-totale extermination des juifs européens.
En Palestine, les nations occidentales ne pouvaient intervenir que par leurs protégés chrétiens. Mais ceux-ci étaient des groupes minoritaires, divisés entre eux, sans pouvoir politique. Seule leur alliance avec les musulmans pouvaient prendre le pas sur le sionisme. L’islam devint dès lors le sauveur du catholicisme et de l’orthodoxie contre la menace juive.
La dé-judaïsation de la Palestine, qui s’était poursuivie pendant plus d’un millénaire, était maintenant défiée par une immigration juive incontournable. Chargés de la mission historique sacrée de maintenir Israël en exil, les chrétiens syriens et palestiniens ont dénoncé les immigrants juifs et leurs achats de terrain aux autorités turques, puis, ont conduit une campagne anti-juive violente parmi les musulmans. L’exacerbation de l’anti-sémitisme, au tournant du siècle, comme le sionisme s’établissait en Palestine, peut se suivre dans la presse française et européenne.
Manipulation et dhimmitude
L’hétérogénéité des chrétiens en terre sainte constituait un terrain favorable pour les manipulations par les puissances impérialistes étrangères. Le nationalisme arabe, en rassemblant chrétiens et musulmans dans le même combat anti-juif, a réfréné la fragmentation des Eglises. Toutefois, les chrétiens orientaux n’ont pas unanimement accepté cette politique.
On peut discerner trois tendances différentes qui convergent vers l’antisionisme:
La tendance arabo-islamique qui se base sur une idéologie de jihad et place Israël au rang des pays infidèles destinés à disparaître. Cette tendance est d’ailleurs aussi anti-chrétienne qu’elle est anti-juive.
La tendance arabo-chrétienne dans laquelle les courants traditionnels anti-juifs de l’Orient et d’Europe se rejoignent et sont masqués par la cause palestinienne. L’élément chrétien se retrouve dans la construction d’une rhétorique politique destinée à séduire l’opinion occidentale en faisant ressortir les différents degrés d’antisionisme européen caché sous un gauchisme idéologique et des slogans humanitaires. Ces thèmes christologiques plus sophistiqués sont facilement identifiables, de même que sa politique de supersession qui transfère le patrimoine historique d’Israël aux arabes palestiniens.
La tendance anti-sémite européenne qui nourrit, guide et supporte la tendance arabo-chrétienne, à la fois politiquement et financièrement. L’investissement du Vatican dans la cause palestinienne et ses liens avec l’OLP sont connus.
Du tiers-mondisme à l’islamisation
De nombreux observateurs ont noté que le processus d’islamisation du tiers-monde dépendait d’alliances et d’amalgames entre les gauchistes, les communistes et les mouvements révolutionnaires islamistes. L’une des idées de base étant d’utiliser les fondamentalistes pour mobiliser les masses au nom d’une religion dans une guerre sainte contre l’impérialisme occidental.
De nombreux intellectuels des mouvements islamistes sont diplômés de prestigieuses universités occidentales. Devant les dramatiques problèmes sociaux et économiques des sociétés islamiques, ces intellectuels occidentalisés ont traduit les concepts politiques européens dans le cadre islamique.
Les humiliations et les frustrations ont été détournées sur un modèle anti-occidental tandis qu’une glorification de la supériorité islamique comblait le gouffre entre une nostalgie narcissique et une réalité intolérable. Six semaines après l’invasion du Koweït par l’Iraq, le 2 août 1990, pendant les préparations de la guerre du Golf, Jacques Berque a déclaré: « Les arabes pèsent lourdement sur les flancs de l’Europe, jusque dans son cœur, avec les immigrants. L’humiliation du monde arabe est un luxe que nous ne pouvons pas assumer ».
En fait, le programme islamiste de subversion mondiale est modelé sur le pan-arabisme répété dans un concept religieux. La cible est le monde entier, le dar al-harb, et pas seulement Israël. Mais les sentiments anti-judaïques conduisent à démontrer que la destruction de peuples et de cultures par les conquêtes islamiques, par le jihad, le génocide arménien, sans oublier les déportations, l’esclavage, l’apartheid, la shoah, tout cela est éclipsé parce que, sur un minuscule territoire, une petite nation a été capable de restaurer son indépendance sur ses terres ancestrales. Toutefois, la «diabolisation» d’Israël, l’interprétation sur le mode nazi de l’histoire d’Israël, telle qu’elle est présentée par l’islam contemporain et que l’anti-sémitisme occidental partage avec le monde arabe, est appliquée par les islamistes à la totalité du dar al-harb. (P.215)
Pendant les guerres de décolonisation, le substrat religieux traditionnel était moulé dans un langage politique occidental souvent forgé par les tendances communistes et tiers-mondistes des arabes chrétiens. Aujourd’hui, la cible première des islamistes consiste à purifier le dar al-islam des concepts importés du dar al-harb et propagés par les dhimmis insoumis qui voulaient échapper à la loi islamique. Nationalisme, séparation de la religion et du politique, sécularisme, égalité des sexes et des religions, symbolisent les tactiques diaboliques imposées par la conspiration occidentale pour détruire l’islam.
On retrouve fréquemment l’idéologie du jihad dissimulée dans la phraséologie occidentale de type tiers-mondiste. C’était particulièrement évident dans les discours de l’OLP, plus que probablement à cause de l’implication anti-sioniste des chrétiens gauchistes et marxistes qui, tout comme la propagande nazi du régime de Vichy, font d’Israël l’ennemi de l’humanité.
Le but de l’OLP (1968) et du Hamas (1988), qui est la destruction d’Israël, est basée sur le même postulat: l’indépendance d’Israël est illégale. Le hamas se réfère à la loi islamique par laquelle le terrain conquis par jihad constitue une possession islamique jusqu’au jour de la résurrection. Cette loi inclut également tous les pays qui ont un jour été conquis par jihad, ce qui inclut, entre autres: l’Espagne, le Portugal, la Sicile, la Grèce, tous les Balkans, l’Arménie, l’Inde,… Cette conception s’intègre dans une idéologie par laquelle le dar al-harb est globalement délégitimé. (P.216) Pour l’OLP, un Etat arabe remplacera l’Etat d’Israël. Pour le Hamas, cet Etat sera islamiste. Dans les deux cas, cela mène un état idyllique de dhimmitude, pour les juifs, comme pour les chrétiens anti-sionistes.
(P.217) Selon la conception islamiste, le refus des caractéristiques nationales n’est pas limité à l’Etat d’Israël: il est enraciné dans la conception de l’humanité qui devrait obligatoirement être assujettie à la shari’a. Le nationalisme n’a aucune légitimité. En fait, l’illégitimité d’Israël est incorporé dans l’illégitimité de la civilisation occidentale. Les étapes de la destruction d’Israël par les islamistes, dans un processus d’universalisation et d’unification sont appliquées globalement: unité du monde islamique, «diabolision» de l’Occident, division des rôles entre mouvements terroristes subversifs et la façade légale de l’Etat. Cette interdépendance entre l’Occident et Israël est intégré au cœur du dogme islamique. En aucune circonstance n’est-ce la diabolision d’Israël qui est réfléchie dans l’Occident, mais plutôt le contraire avec l’entière charge émotionnelle du conflit ininterrompu entre les Etats chrétiens et musulmans.
L’exploitation de la paranoïa anti-sioniste par les gouvernements européens et la majorité automatique aux Nations Unies ont encouragé le rejet du traité de paix de 1979 entre Israël et l’Egypte pendant dix ans. Cela, de même que la légitimation du terrorisme palestinien, a fait, plus tard, effet de boomerang sur l’Occident, l’ex-Union Soviétique, mais aussi sur le monde musulman. Ceci n’a pas seulement correspondu à des intérêts géostratégiques et économiques, mais a aussi révélé une politique d’autoprotection qui consistait à dériver l’agression vers un parti tiers, politique traditionnelle des communautés arabo-chrétiennes orientales, maintenant transposée au niveau des Etats européens.
L’antisionisme, le missionnariat et le mouvement tiers-mondiste (P.219)
De la même façon que la destruction du bastion chrétien-libanais desserrerait l’avance de l’Eglise au tiers-monde, la forteresse occidentale devait s’ouvrir à l’immigration musulmane de manière à fusionner les deux rivages de la Méditerranée. Le mélange des populations (par l’encouragement d’immigration massive), la destruction des chauvinismes nationalistes et l’abolition des frontières permettent à l’Eglise d’accomplir sa mission charitable en se mettant au service de l’islam de manière à créer l’émergence d’un bloc hostile à Israël qui, en plus, contrebalancerait l’influence des Etats-Unis.
Au niveau théologique, la fusion musulman-chrétien a forcé la recherche d’un terrain d’entente. Cela a conduit à la dé-biblisation de la Bible, ce qui a été fait en favorisant une interprétation éclairée par une lecture coranique. La rencontre entre chrétiens et musulmans exige une certaine conversion à l’islam (« attitude de dialogue »). Ce sont les conditions nécessaires à un retour à l’abrahamisme islamique qui était déjà conçu comme étant à l’origine du judaïsme et de la chrétienté. Ceci renverse l’ordre des relations entre les trois religions. La lecture islamique de la Bible supprime l’affiliation judéo-chrétienne de manière à attacher les Gospels au Coran, en particulier par l’adoption de l’interprétation coranique de la généalogie de Jésus-Christ.
Le refus chrétien de reconnaître les droits d’Israël sur Jérusalem exige que la chrétienté soutienne la mission de l’islam de rabaisser le judaïsme à l’état de dhimmitude. Avec pour corollaire que les chrétiens eux-mêmes sont rendus dépendants de l’ordre islamique.
Au niveau politique, cet activisme se basait sur l’exemple libanais dont la visée principale était de renforcer la fraternité musulmans-chrétiens contre le sionisme. (P.220) En 1967, les modèles libanais et yougoslaves de coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens ont été mis en évidence pour justifier l’élimination de l’Etat d’Israël. Cette vocation chrétienne au service de l’islam a donné au clergé arabo-chrétien un rôle politique qui était d’importance primordiale pour les gouvernements arabes. Leur mission apostolique en Occident incluait de répandre la propagande islamique par les canaux religieux occidentaux; encourageant et donnant un support pratique et moral au terrorisme anti-israélien (en utilisant le thème du désespoir palestinien); diabolisant Israël; dissimulant l’islamisation et la purification religieuse des sociétés arabes avec toutes ses restrictions humiliantes et discriminatoires vis-à-vis des chrétiens.
Les Eglises orientales arabes avaient fait de la criminalisation du sionisme en Occident une condition essentielle de rapprochement entre chrétiens et musulmans. Elles avaient fait de l’élimination de l’Etat juif une priorité plus importante que la défense des droits de leurs propres communautés qu’elles avaient pourtant le devoir de protéger. Ces Eglises sont aujourd’hui blâmées par leurs membres pour leur myopie. Le thème d’exclusion est devenu un des arguments majeurs de l’idéologie tiers-mondiste. Mais, on peut se demander comment les théologiens peuvent ne pas comparer les bénédictions universelles exprimées dans la Bible et l’exclusion du salut, décrétée par un nombre considérable de versets coraniques, vis-à-vis des juifs, des chrétiens et des autres communautés non-musulmanes, condamnés à la torture éternelle en enfer. Les travaux missionnaires tiers-mondistes, basés sur le rejet du judéo-christianisme - identifié avec l’exploitation capitaliste et un système d’exclusion théologique - ont développé par le biais du clergé, le mouvement d’islamisation en Europe, par la conversion à l’islam et l’immigration musulmane, particulièrement depuis les années ’70.
Bat Ye’or
Paru en anglais
Madison - Teaneck
Fairleigh Dickinson University Press
Lancaster, UK: Gazelle Book Services Ltd.
2002
Alors Jambono, intéressant?
Al
tu aimes les textes longs Jean Bonkui? Voilà de quoi te satisfaire :
Les conceptions islamistes de l’univers et de l’origine de l’islam
Le Coran précise que l’islam est la religion d’Allah ;
Puisque Allah a créé le monde, il ressort que le monde entier est islamique ;
Même un non-musulman, dont le corps est sujet aux lois de la nature, est musulman ;
Bien que toute l’humanité soit née musulmane, l’individu peut choisir, ce qui divise l’humanité en deux groupes: les croyants et les infidèles ;
Depuis Adam, l’islam est la religion de tous les prophètes.
L’idéologie islamiste prône la restauration d’un Etat qui appliquerait toutes les injonctions du Coran sur le modèle de l’organisation politico-social créée à Médine par Mahomet et les quatre premiers califes. La fondation idéologique de l’Etat s’explique par la doctrine de l’unité d’Allah et de la révélation coranique. Cette unité donne aux musulmans l’obligation d’accomplir la volonté divine sur terre. La communauté islamique, qui est seule dépositaire de la Vraie Révélation, se distingue des autres peuples par deux caractéristiques: l’élection (Coran, 3:106) et la perfection attachée aux lois d’Allah qui est mise en œuvre dans la shari’a.
Tout pouvoir qui n’est pas inclus dans la shari’a est considéré comme illégitime et usurpé, puisque seules les lois islamiques, c’est-à-dire, les lois d’Allah, doivent prévaloir. Ce concept n’accorde la légitimité de l’autorité et du pouvoir international qu’à la oumma. Il confirme sa suprématie sur tous les autres peuples par l’élection divine. Ce principe légitimise le jihad. La primauté de la oumma islamique a encore été réaffirmée à la déclaration du Caire, sur les Droits de l’Homme en islam, le 5 août 1990, dont les deux premiers paragraphes déclarent:
« Réaffirmant le rôle historique de civilisation de la oumma islamique, que dieu a faite la meilleure nation, qui a donné à l’humanité une civilisation universelle et équilibrée, dans laquelle l’harmonie est établie entre cette vie et l’au-delà et où la connaissance est combinée avec la foi ; ainsi que le rôle que cette oumma doit jouer pour guider une humanité déroutée par des tendances et des idéologies contradictoires pour fournir des solutions aux problèmes chroniques de cette civilisation matérialiste.
Voulant contribuer aux efforts de l’humanité pour garantir les Droits de l’Homme, pour protéger l’homme de l’exploitation et de la persécution et pour affirmer sa liberté et son droit à une vie digne en accord avec la shari’a islamique. »
Pour sa politique intérieure, l’Etat islamique doit être établi par l’éradication totale de toute pensée, influence ou institution non-islamique, c’est-à-dire, par l’élimination de la moindre influence extérieure introduite par la colonisation ou par des concepts empruntés à d’autres cultures. Ce retour à une orthodoxie qui précède l’intrusion de l’Occident prolonge la lutte de décolonisation pour une purification morale et institutionnelle. C’est le concept classique du rejet de l’infidèle et des civilisations inférieures desquelles l’islam, en vertu de sa supériorité et de sa perfection, ne pourrait rien emprunter sans s’avilir.
La promulgation de lois en accord avec le Coran et la shari’a exige que le domaine politique soit limité exclusivement aux partis qui professent l’idéologie islamique et dont les candidats connaissent la loi coranique. Par conséquent, seuls les musulmans devraient avoir le droit de vote. Après établissement de la shari’a, l’étape suivante sera d’éliminer les divisions territoriales (frontières), introduites par la colonisation, qui sont sources de faiblesse pour la oumma. Cette réunification islamique créera un énorme pouvoir démographique, politique, économique et militaire. Conditionnée psychologiquement par l’esprit sacré du jihad, la oumma sera ensuite capable de poursuivre sa mission historique: la conquête du monde, de manière à imposer globalement la shari’a.
Cette conception de politique étrangère est intégrée dans le concept classique d’un monde divisé entre le Bon, le dar al-islam, et le Nuisible, le dar al-harb, s’opposant dans un jihad obligatoire et éternel. La légitimité de toute autorité politico-légale non-islamique est totalement rejetée. Ce rejet exempte les musulmans de tout devoir d’obéir à des lois qui ne sont pas celles de la shari’a et encourage les mouvements subversifs. (P.200) Les communautés immigrantes, en particulier, sont liées par le devoir de créer leur propre Etat islamique autonome, de manière à libérer de l’impiété, le territoire sur lequel elles se sont établies. Tout empêchement à l’expansion islamique, tel que le défi apporté par l’autonomie d’autres communautés ou les restrictions au développement de mosquées ou de centres coraniques, est considéré comme une guerre contre Allah et justifie le jihad de la part de la oumma. Au niveau des relations internationales, le principe de la primauté de l’islam sur toute autre loi est réaffirmé, annulant tout accord qui ne serait prévu par la shari’a.
La résistance à cette politique détermine deux types de zones de conflits: 1) les conflits régionaux pour ré-islamiser les pays qui ont auparavant appartenus à la zone islamique, le dar al-islam: Liban, Israël, Bosnie, Kosovo et d’autres régions; 2) les conflits pour imposer la shari’a dans les pays musulmans.
Histoire réprimée
La dissimulation du jihad et de la dhimmitude en Occident, et particulièrement, dans le bloc communiste, a aidé à geler, sans les résoudre, les conflits ethnico-religieux. Pourtant, seul un examen impartial de l’impérialisme islamique pourrait ouvrir la voie vers une réconciliation avec les peuples qui en ont été victimes. Ce pas est indispensable pour qu’une entité nationale non-islamique soit reconnue comme légitime, seul moyen d’annuler la justification du jihad. Ce champ d’étude n’a pas encore été exploré .
La suppression de l’histoire ou, pire, sa distorsion, a permis le retour venimeux du passé, par exemple, en ex-Yougoslavie, où la répression de l’histoire a déchaîné une guerre barbare. Pour quiconque ayant quelques connaissances des siècles d’histoire de la résistance serbe sous la domination ottomane, il était évident que le retour de toute forme de pouvoir islamique en Bosnie-Herzégovine serait rejeté par les Serbes orthodoxes. Les cinq siècles de « coexistence harmonieuse et pacifique », sous législation islamique, cités par le président bosniaque Alija Izetbegovic, appartient aux dogmes théologiques de perfection de la shari’a et de la dhimma. Pour les Serbes, cependant, cette même période a consisté en massacres, pillages, esclavage, déportations et exil des populations chrétiennes. A leurs yeux, c’était un régime qui a trouvé sa justification dans l’usurpation de leurs territoires ancestraux et le désaveu de leurs droits. Dès lors, il représentait le contraire d’une coexistence pacifique et multiculturelle basée sur un système de justice sociale et politique.
Donc, deux conceptions de l’histoire se heurtent, n’ayant encore jamais auparavant été confrontées. D’une part, la version des victimes dhimmis, de l’autre, celle des conquérants par le jihad. Dans leur guerre d’émancipation et, plus tard, de libération, les Serbes orthodoxes ont trouvé que leurs pires adversaires étaient leurs compatriotes musulmans, attachés à leurs privilèges religieux et à leur domination par l’humiliation des chrétiens. Pendant la seconde guerre mondiale, les forces de l’Axe ont envahi la Yougoslavie et ont supporté la création d’un Etat nazi croate (Ustashi) auquel de nombreux Bosniaques musulmans ont coopéré. Au début de la guerre, ces slaves musulmans et nazis ont participé aux génocides de centaines de milliers de Serbes orthodoxes, de juifs et de bohémiens. Même leurs alliés allemands étaient choqués par les atrocités qui ont eu lieu alors en Yougoslavie.
Les nazis ont encouragé les revendications sécessionnistes des musulmans dont certains dirigeants mettaient en avant la traditionnelle coexistence pacifique sous l’islam pour dénoncer, plus tard, ces atrocités qu’ils imputaient aux Croates, alors que la participation des musulmans aux massacres était connue. En fait, ces allégations visaient à exploiter les conflits inter-chrétiens, entre les Croates catholiques et les Serbes orthodoxes, dissensions qui avaient facilité l’expansion de l’islam pendant un millénaire. Sous le gouvernement communiste autoritaire de Tito, un Croate, la religion a acquis un statut national. C’était le seul groupe défini par des critères religieux, alors que les autres se caractérisaient par leurs différences ethniques.
Cette politique délibérée de permettre l’islamisation des terres ancestrales des Serbes orthodoxes, Kosovo et Bosnie-Herzégovine, a aussi permis à Tito de gagner le support économique et politique du monde islamique et a entretenu les schismes du monde chrétien. Le dogme communiste de fraternité humaine a une fois de plus gelé les dissensions sans les résoudre. En 1991, avant que le conflit n’éclate, la déclaration islamique d’Alija Izetbegovic (1970) a été publiée à Sarajevo. Elle mentionnait spécifiquement que: « Il ne peut pas y avoir de paix ou de coexistence entre la foi islamique et les institutions sociales et politiques non-islamiques ». Sous le camouflage de « Etat islamique multiculturel » et de « cinq cents ans de coexistence pacifique », les Serbes bosniaques ont reconnu le système de shari’a qui les avait décimé. Par conséquent, la cruauté des combats en Bosnie, a reflété la confrontation historique qui, plutôt que d’être résolue par dialogue, a explosé en haine: la barbarie reflète la vengeance d’une histoire réprimée, d’une parodie du mythe déformé de la coexistence idyllique. Les références répétées au « paradis ottoman » ont scandalisé les Serbes, les Grecs et les Arméniens. Les innocents, sans égard de leur appartenance religieuse, sont devenus victimes d’un passé qui, parce qu’il avait été passé sous silence, revint accompagné d’incroyables actes de violence. Les responsables sont les politiciens, qui, pour sauvegarder leurs propres intérêts, ont essayé d’imposer un mythe de tolérance à ses victimes. Aujourd’hui, différents conflits déchirent les pays musulmans. Les mouvements islamiques se développent sur différents plans. Des stratégies de reconquête territoriale du dar al-harb sont développées au Cachemire, en Indonésie, aux Philippines et, sur différents fronts, dans les Balkans, dans le Caucase, en Israël, au Liban, au Soudan, au Nigeria et ailleurs.
En Occident, les islamistes se battent pour une ré-islamisation en profondeur de millions d’immigrants musulmans contaminés par la civilisation des Infidèles. Leurs efforts pour convertir les chrétiens ont un succès considérable, particulièrement dans les cercles pro-palestiniens et chrétiens anti-juifs. La doctrine islamique regarde la terre entière comme patrimoine d’Allah, attribué à la oumma. Par conséquent, d’un point de vue islamique, le droit d’immigrer et de s’installer à l’étranger est théologiquement justifié. Les musulmans citent l’exemple des chrétiens dans les pays islamiques pour demander l’établissement de la shari’a dans le domaine légal occidental. Pourtant, les droits très limités des minorités dans l’islam ne s’appliquent que dans leurs pays d’origine conquis par jihad et pas en Arabie, le berceau de l’islam. Les droits des minorités indigènes non musulmanes, dans leur propre pays, et les droits des millions d’immigrants, en Europe et en Amérique, ne suivent pas les mêmes paramètres.
L’immigration massive de musulmans en Europe est différente en deux points principaux de l’immigration des « communautés dhimmis indigènes » à laquelle elle est souvent comparée:
L’immigration musulmane, dans le monde occidentale, est récente et étrangère;
Cette immigration devrait être comparée à une hypothétique immigration européenne dans les pays musulmans, sur la même échelle démographique.
D’autres confrontations sanglantes ravagent nombre de pays musulmans sous la forme de guerres politico-religieuses inter-musulmanes, telles qu’en Algérie, Egypte, Pakistan, Afghanistan et autres. Otages de cette violence, les minorités non-musulmanes doivent choisir entre valise, cercueil ou dhimmitude. Ces dernières années, le concept islamiste de jihad contre les Infidèles est parvenu au grand public, en dépit de l’occultation et de la désinformation des médias occidentales. D’Indonésie aux Philippines, d’Afghanistan au Soudan, d’Egypte en Algérie, de Gaza à New York, Londres et Paris, les appels au jihad répètent les mêmes thèmes, intégrés dans la même structure idéologique.
Pareille homogénéité ne peut pas être improvisée et n’est pas le résultat de facteurs circonstanciels externes. Au contraire, elle est intégrée dans une tendance historique permanente, basée sur des fondations légales, idéologiques et culturelles. Mais il serait injuste de passer sous silence la manipulation de la nature obligatoire du jihad par des agents extérieurs. Par conséquent, même si le jihad est un concept islamique, il sert aussi d’écran aux guerres « chrétiennes » telles que: la politique anti-Israël du Vatican, parmi les chrétiens palestiniens, et la tendance pro-arabe occidentale; la lutte des anti-sionistes français et des politiques anti-américaines, dans leur conquête des marchés arabes; la guerre idéologique de l’Union Soviétique contre Israël et les Etats-Unis; la guerre des Etats-Unis contre la puissance soviétique en Afghanistan.
Le concept de jihad a été exploité dans les rivalités géostratégiques et économiques, autant que dans les haines théologiques. Il permet à des adversaires camouflés d’avancer leurs pions sous d’autres bannières, par exemple, les politiques anti-sionistes en Europe et en ex-Union Soviétique – parce que la guerre contre Israël a aussi des ramifications européennes. Dans le contexte de l’adoption du jihad par ces partis extérieurs, le jihad devient, comme si souvent en histoire, une guerre entre musulmans et chrétiens et, non plus une guerre exclusivement islamiste. Il est triste que les populations musulmanes, aujourd’hui principales victimes de ces idéologies de guerre, soient encouragées à adopter ce rôle.
Le jihad moderne va être examiné dans deux contextes différents: au Soudan et en Israël. La situation au Soudan est largement documentée grâce aux défenseurs des Droits de l’Homme et aux rapporteurs des Nations Unies (1993-1998). Le gouvernement islamiste de Khartoum affirme qu’il agit en accord avec les lois islamistes. Sa stratégie peut être comparée facilement avec les textes originaux et l’histoire du jihad, c’est-à-dire, avec l’organisation islamique institutionnelle et légale de guerre. En ce qui concerne la guerre israélo-arabe, elle se place dans un contexte typique de dhimmitude, parce qu’elle implique, bien que caché, un conflit entre juifs et chrétiens.
Jihad dans le Sud-Soudan
Au Soudan, les mêmes conflits ethniques et religieux, polarisés par la restauration de la shari’a, confrontent le Nord, arabisé et islamisé, contre le Sud, africain, chrétien et animiste, source traditionnelle d’esclaves pour le Nord. Depuis l’indépendance (1er janvier 1956), le processus duel d’arabisation et d’islamisation du Sud a provoqué une guerre civile qui a fait des centaines de milliers de victimes.
L’accord d’Addis-Abeba (1972) a reconnu l’autonomie régionale du Sud et a garanti sa complète liberté culturelle et religieuse. Mais la restauration de la shari’a (1983), applicable même aux chrétiens du Nord, a ravivé la guerre civile. Un coup d’état, en 1989, lors des négociations pour la suspension de la shari’a, a amené au pouvoir le parti islamiste, le général Omar al-Bashir et le front national islamiste (NIF). Depuis lors, le régime islamique a poursuivi une politique de nettoyage ethnico-religieux et d’extermination dans le Sud. Les massacres, les répressions, les déportations de population et la famine se sont intensifiés considérablement après la guerre du Golf (1991). Peu après, le gouvernement soudanais a reçu une importante aide en armes de l’Iran, un autre régime fondamentaliste. Les rapports de « Médecins Sans Frontières » parlent de processus d’extermination. Ils mentionnent une volonté délibérée, planifiée, de nettoyages ethniques et religieux. Dans le cadre du jihad, la junte au pouvoir a aussi envoyé des milices lourdement armées dans les montagnes Nuba du Sud, jusqu’ici épargnées par la guerre.
Le 16 février 1993, un rapport du père Hubert Barbier, qui était au Soudan depuis 9 ans, a apporté des preuves à la Commission des Droits de l’Homme aux Nations Unies, à Genève:
« Les Nubas, d’origine africaine, ont été massacrés par milliers, les femmes violées et emmenées en esclavage, de même que les enfants. Cette région, libérée par le nettoyage ethnico-religieux, a été occupée par les tribus islamisées du Nord. La répression augmente dans tout le Sud. Plus de 150.000 familles ont été déportées de leurs régions traditionnelles ancestrales et ont été relogées dans le désert arabe du Nord. Plus de 20.000 enfants nubas ont ainsi été vendus en esclavage, avec la pleine connaissance et connivence du gouvernement.
Dans les environs de Khartoum, où les populations du Sud ont été massées, le régime NIF a planifié une politique de déportation massive. Depuis novembre 1991, plus d’un demi million de personnes ont été déportées dans des camps, sans nourriture ni eau. La distribution de nourriture et aide médicale est contrôlée par les islamistes et est sujette au chantage de la conversion à l’islam. Les massacres et enlèvements de femmes et d’enfants, emmenés en esclavage, sont perpétrés sur une échelle massive par le PDF (Forces de Défense Populaire), le moudjahidin et l’armée. Ces actions sont accompagnées de pillages, d’enlèvements de bétail, de tueries et de viols. Dans les camps de déportés, les conversions forcées sont nombreuses. De même, les persécutions de prêtres et les destructions d’églises. La déclaration de jihad sur les non-musulmans s’accompagne aussi de la peine de mort pour apostasie, de discriminations vis-à-vis des femmes et du rétablissement de châtiments corporels. On estime que près de deux millions d’Africains ont perdu la vie depuis le début de la guerre civile au Sud Soudan, en 1983, par les exécutions sommaires, les attaques… »
Ces rapports ont été violemment contesté par le gouvernement du Soudan, comme étant des attaques contre l’islam. La confusion entre les domaines politiques et religieux apparaît clairement ici. C’est pourquoi toute critique sur la politique et les violations des Droits de l’Homme est considérée comme blasphème. Il est à noter que ces exactions sont similaires à tout ce qui est mentionné dans les rapports concernant le jihad, dans d’autres régions et à d’autres époques.
Jihad contre Israël
La stratégie d’antisionisme (stratégie qui vise à l’élimination de l’Etat d’Israël) emploie une variété de techniques: le terrorisme local et international; la délégitimation de l’Etat par le biais de campagne médiatique diffamatoire et l’appropriation de l’Etat d’Israël par des manœuvres supersessionistes. L’antisionisme est fait de deux tendances: l’islamiste et la chrétienne. Cette dernière n’est pas facilement identifiable parce qu’elle est camouflée dans un mouvement islamique qu’elle nourrit, guide et enrichit par l’addition de l’anti-judaïsme traditionnel chrétien et nazi.
La tendance musulmane
L’antisionisme islamique a ses racines dans le concept politico-religieux de jihad qui s’oppose à toute autorité non-islamique. La paix n’est garantie aux Peuples du Livre que s’ils se soumettent aux lois de la dhimmitude. La guerre contre Israël est une guerre contre des dhimmis qui se sont révoltés. Elle vise à restaurer la suprématie de la loi islamique. Pourtant, des pays musulmans, tels que l’Iran (sous le shah) ou la Turquie, pays qui ont répudié ces concepts démodés et ont embrassé la modernité, ont maintenu de bonnes relations avec Israël.
L’antisionisme islamique rejette toutes les caractéristiques nationales, langue, histoire juive et civilisation d’Israël, et ne reconnaît que des droits religieux pour les dhimmis. Cette ambiguïté entre guerre et tolérance a induit en erreur nombre d’analystes qui n’étaient pas familiers du concept de dhimmitude dans la mentalité de jihad.
Le jihad contre Israël est exprimé par une idéologie et une stratégie qui comprend des opérations militaires, terroristes et économiques (boycott), à travers la propagande («diabolisation») et la corruption.
La tendance musulmane-chrétienne
Une communauté chrétienne islamisée représente une tendance historique, active depuis le début de l’islam. C’est une force fondamentale dans toute l’histoire des conquêtes islamiques. Cette tendance, dans laquelle se superposent toutes les rivalités religieuses inter-chrétiennes et judéo-chrétiennes, apparaît dans la collusion politique et militaire des hiérarchies chrétiennes.
Après la conquête de la Palestine par les Arabes, les chrétiens ont perdu leur position dominante et les privilèges qui leur permettaient de détruire des synagogues ou de persécuter des juifs palestiniens. Comme dans le reste du dar al-islam, les chrétiens et les juifs de Palestine ont été expropriés par les lois de jihad et ont souffert des abus de la conquête arabe et de la colonisation par des tribus qui avaient immigré d’Arabie.
La division de la Palestine en provinces, chacune attachée administrativement à des centres syriens, a détruit son caractère d’unité nationale. C’est devenu une terre ouverte à la migration des nomades, dépendants de la transhumance, tandis que seules quelques agglomérations aux noms bibliques prestigieux, assuraient aux dhimmis une sécurité relative et chèrement acquise.
Les conquérants arabes ont imposé les mêmes mesures discriminatoires aux chrétiens que celles que l’Eglise avait infligée aux juifs. Toutefois, la protection puissante de monarques chrétiens a contribué à leur procurer des privilèges qui leur donnaient une supériorité sur les juifs. Après les croisades, la chrétienté en Palestine était principalement représentée par des ordres monastiques qui gardaient les lieux saints. Au milieu du XIXème siècle, les puissances européennes, qui y achetaient de larges domaines, ont favorisé la christianisation des terres saintes.
Les vagues de Syriens-Libanais grecs orthodoxes, d’Uniates, de réfugiés catholiques ont été remplacées, après la première guerre mondiale, par les chrétiens survivants des massacres en Anatolie, Iraq et Syrie: Arméniens, Syriaques et Nestoriens. Il en est résulté une grande hétérogénéité des populations chrétiennes en terre sainte, contrairement à la composition d’autres groupes dhimmis ethnico-religieux ailleurs dans le Moyen-Orient: les Coptes, Arméniens, Maronites et Grecs. Ce contexte historique explique la diversité des chrétiens en Palestine.
La judéophobie
Il est peu connu que la chrétienté syro-palestinienne nourrissait les sentiments anti-juifs les plus virulents, ce qui se manifestait par des accusations de crimes rituels. Cette agressivité des chrétiens était motivée par la dégradation des juifs sur leur propre territoire. La dé-judaïsation de la Palestine et la persécution des juifs étaient donc vues comme des actes pieux.
Le rite orthodoxe grec était dominant dans les villes, alors que les jacobites étaient plus répandus dans les régions rurales. Après les croisades, à partir du XIVème siècle, la chrétienté a été restreinte à la garde des sites sacrés, en terre sainte. Sous une protection des Etats chrétiens, négociée avec les autorités islamiques qui n’acceptaient cette présence que contre paiement de multiples charges, cette garde symbolique, qui s’est continuée pendant des siècles dans les ruines et humiliations de la dhimmitude, était sans cesse remise en question par les multiples dissensions au sein de la chrétienté.
A partir du XVIIème siècle, les privilèges économiques liés à la protection française ont encouragé l’uniatisme et l’émigration de chrétiens de Syrie vers les villes côtières de Acre, Jaffa et Gaza. En 1841, après que Mohamed Ali se soit retiré des provinces ottomanes syro-palestinienne, les puissances européennes ont envisagé l’internationalisation de Jérusalem et de Bethléem, considérées comme villes saintes chrétiennes. Jérusalem est devenue le centre de rivalités religieuses entre les différents chrétiens, y compris les protestants.
Anti-sionisme
Au XIXème siècle, l’immigration chrétienne a fortement augmenté en Palestine. La France, la papauté, l’Autriche-Hongrie et, plus tard, l’Allemagne, la Russie et la Grèce soutenaient ce mouvement avec des moyens politiques et financiers de loin supérieurs à ceux des juifs. Dans ce contexte politico-religieux, le sionisme était perçu comme un danger qui ne pouvait pas être combattu par des moyens militaires, puisque les juifs étaient des populations civiles éparpillées dans de nombreux pays. Le combat contre le sionisme a donc utilisé d’autres tactiques: la diffamation et l’incitation à la haine. Comme le sionisme gagnait du terrain dans la Palestine du XXème siècle, cette campagne s’est développée et a culminé avec la quasi-totale extermination des juifs européens.
En Palestine, les nations occidentales ne pouvaient intervenir que par leurs protégés chrétiens. Mais ceux-ci étaient des groupes minoritaires, divisés entre eux, sans pouvoir politique. Seule leur alliance avec les musulmans pouvaient prendre le pas sur le sionisme. L’islam devint dès lors le sauveur du catholicisme et de l’orthodoxie contre la menace juive.
La dé-judaïsation de la Palestine, qui s’était poursuivie pendant plus d’un millénaire, était maintenant défiée par une immigration juive incontournable. Chargés de la mission historique sacrée de maintenir Israël en exil, les chrétiens syriens et palestiniens ont dénoncé les immigrants juifs et leurs achats de terrain aux autorités turques, puis, ont conduit une campagne anti-juive violente parmi les musulmans. L’exacerbation de l’anti-sémitisme, au tournant du siècle, comme le sionisme s’établissait en Palestine, peut se suivre dans la presse française et européenne.
Manipulation et dhimmitude
L’hétérogénéité des chrétiens en terre sainte constituait un terrain favorable pour les manipulations par les puissances impérialistes étrangères. Le nationalisme arabe, en rassemblant chrétiens et musulmans dans le même combat anti-juif, a réfréné la fragmentation des Eglises. Toutefois, les chrétiens orientaux n’ont pas unanimement accepté cette politique.
On peut discerner trois tendances différentes qui convergent vers l’antisionisme:
La tendance arabo-islamique qui se base sur une idéologie de jihad et place Israël au rang des pays infidèles destinés à disparaître. Cette tendance est d’ailleurs aussi anti-chrétienne qu’elle est anti-juive.
La tendance arabo-chrétienne dans laquelle les courants traditionnels anti-juifs de l’Orient et d’Europe se rejoignent et sont masqués par la cause palestinienne. L’élément chrétien se retrouve dans la construction d’une rhétorique politique destinée à séduire l’opinion occidentale en faisant ressortir les différents degrés d’antisionisme européen caché sous un gauchisme idéologique et des slogans humanitaires. Ces thèmes christologiques plus sophistiqués sont facilement identifiables, de même que sa politique de supersession qui transfère le patrimoine historique d’Israël aux arabes palestiniens.
La tendance anti-sémite européenne qui nourrit, guide et supporte la tendance arabo-chrétienne, à la fois politiquement et financièrement. L’investissement du Vatican dans la cause palestinienne et ses liens avec l’OLP sont connus.
Du tiers-mondisme à l’islamisation
De nombreux observateurs ont noté que le processus d’islamisation du tiers-monde dépendait d’alliances et d’amalgames entre les gauchistes, les communistes et les mouvements révolutionnaires islamistes. L’une des idées de base étant d’utiliser les fondamentalistes pour mobiliser les masses au nom d’une religion dans une guerre sainte contre l’impérialisme occidental.
De nombreux intellectuels des mouvements islamistes sont diplômés de prestigieuses universités occidentales. Devant les dramatiques problèmes sociaux et économiques des sociétés islamiques, ces intellectuels occidentalisés ont traduit les concepts politiques européens dans le cadre islamique.
Les humiliations et les frustrations ont été détournées sur un modèle anti-occidental tandis qu’une glorification de la supériorité islamique comblait le gouffre entre une nostalgie narcissique et une réalité intolérable. Six semaines après l’invasion du Koweït par l’Iraq, le 2 août 1990, pendant les préparations de la guerre du Golf, Jacques Berque a déclaré: « Les arabes pèsent lourdement sur les flancs de l’Europe, jusque dans son cœur, avec les immigrants. L’humiliation du monde arabe est un luxe que nous ne pouvons pas assumer ».
En fait, le programme islamiste de subversion mondiale est modelé sur le pan-arabisme répété dans un concept religieux. La cible est le monde entier, le dar al-harb, et pas seulement Israël. Mais les sentiments anti-judaïques conduisent à démontrer que la destruction de peuples et de cultures par les conquêtes islamiques, par le jihad, le génocide arménien, sans oublier les déportations, l’esclavage, l’apartheid, la shoah, tout cela est éclipsé parce que, sur un minuscule territoire, une petite nation a été capable de restaurer son indépendance sur ses terres ancestrales. Toutefois, la «diabolisation» d’Israël, l’interprétation sur le mode nazi de l’histoire d’Israël, telle qu’elle est présentée par l’islam contemporain et que l’anti-sémitisme occidental partage avec le monde arabe, est appliquée par les islamistes à la totalité du dar al-harb. (P.215)
Pendant les guerres de décolonisation, le substrat religieux traditionnel était moulé dans un langage politique occidental souvent forgé par les tendances communistes et tiers-mondistes des arabes chrétiens. Aujourd’hui, la cible première des islamistes consiste à purifier le dar al-islam des concepts importés du dar al-harb et propagés par les dhimmis insoumis qui voulaient échapper à la loi islamique. Nationalisme, séparation de la religion et du politique, sécularisme, égalité des sexes et des religions, symbolisent les tactiques diaboliques imposées par la conspiration occidentale pour détruire l’islam.
On retrouve fréquemment l’idéologie du jihad dissimulée dans la phraséologie occidentale de type tiers-mondiste. C’était particulièrement évident dans les discours de l’OLP, plus que probablement à cause de l’implication anti-sioniste des chrétiens gauchistes et marxistes qui, tout comme la propagande nazi du régime de Vichy, font d’Israël l’ennemi de l’humanité.
Le but de l’OLP (1968) et du Hamas (1988), qui est la destruction d’Israël, est basée sur le même postulat: l’indépendance d’Israël est illégale. Le hamas se réfère à la loi islamique par laquelle le terrain conquis par jihad constitue une possession islamique jusqu’au jour de la résurrection. Cette loi inclut également tous les pays qui ont un jour été conquis par jihad, ce qui inclut, entre autres: l’Espagne, le Portugal, la Sicile, la Grèce, tous les Balkans, l’Arménie, l’Inde,… Cette conception s’intègre dans une idéologie par laquelle le dar al-harb est globalement délégitimé. (P.216) Pour l’OLP, un Etat arabe remplacera l’Etat d’Israël. Pour le Hamas, cet Etat sera islamiste. Dans les deux cas, cela mène un état idyllique de dhimmitude, pour les juifs, comme pour les chrétiens anti-sionistes.
(P.217) Selon la conception islamiste, le refus des caractéristiques nationales n’est pas limité à l’Etat d’Israël: il est enraciné dans la conception de l’humanité qui devrait obligatoirement être assujettie à la shari’a. Le nationalisme n’a aucune légitimité. En fait, l’illégitimité d’Israël est incorporé dans l’illégitimité de la civilisation occidentale. Les étapes de la destruction d’Israël par les islamistes, dans un processus d’universalisation et d’unification sont appliquées globalement: unité du monde islamique, «diabolision» de l’Occident, division des rôles entre mouvements terroristes subversifs et la façade légale de l’Etat. Cette interdépendance entre l’Occident et Israël est intégré au cœur du dogme islamique. En aucune circonstance n’est-ce la diabolision d’Israël qui est réfléchie dans l’Occident, mais plutôt le contraire avec l’entière charge émotionnelle du conflit ininterrompu entre les Etats chrétiens et musulmans.
L’exploitation de la paranoïa anti-sioniste par les gouvernements européens et la majorité automatique aux Nations Unies ont encouragé le rejet du traité de paix de 1979 entre Israël et l’Egypte pendant dix ans. Cela, de même que la légitimation du terrorisme palestinien, a fait, plus tard, effet de boomerang sur l’Occident, l’ex-Union Soviétique, mais aussi sur le monde musulman. Ceci n’a pas seulement correspondu à des intérêts géostratégiques et économiques, mais a aussi révélé une politique d’autoprotection qui consistait à dériver l’agression vers un parti tiers, politique traditionnelle des communautés arabo-chrétiennes orientales, maintenant transposée au niveau des Etats européens.
L’antisionisme, le missionnariat et le mouvement tiers-mondiste (P.219)
De la même façon que la destruction du bastion chrétien-libanais desserrerait l’avance de l’Eglise au tiers-monde, la forteresse occidentale devait s’ouvrir à l’immigration musulmane de manière à fusionner les deux rivages de la Méditerranée. Le mélange des populations (par l’encouragement d’immigration massive), la destruction des chauvinismes nationalistes et l’abolition des frontières permettent à l’Eglise d’accomplir sa mission charitable en se mettant au service de l’islam de manière à créer l’émergence d’un bloc hostile à Israël qui, en plus, contrebalancerait l’influence des Etats-Unis.
Au niveau théologique, la fusion musulman-chrétien a forcé la recherche d’un terrain d’entente. Cela a conduit à la dé-biblisation de la Bible, ce qui a été fait en favorisant une interprétation éclairée par une lecture coranique. La rencontre entre chrétiens et musulmans exige une certaine conversion à l’islam (« attitude de dialogue »). Ce sont les conditions nécessaires à un retour à l’abrahamisme islamique qui était déjà conçu comme étant à l’origine du judaïsme et de la chrétienté. Ceci renverse l’ordre des relations entre les trois religions. La lecture islamique de la Bible supprime l’affiliation judéo-chrétienne de manière à attacher les Gospels au Coran, en particulier par l’adoption de l’interprétation coranique de la généalogie de Jésus-Christ.
Le refus chrétien de reconnaître les droits d’Israël sur Jérusalem exige que la chrétienté soutienne la mission de l’islam de rabaisser le judaïsme à l’état de dhimmitude. Avec pour corollaire que les chrétiens eux-mêmes sont rendus dépendants de l’ordre islamique.
Au niveau politique, cet activisme se basait sur l’exemple libanais dont la visée principale était de renforcer la fraternité musulmans-chrétiens contre le sionisme. (P.220) En 1967, les modèles libanais et yougoslaves de coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens ont été mis en évidence pour justifier l’élimination de l’Etat d’Israël. Cette vocation chrétienne au service de l’islam a donné au clergé arabo-chrétien un rôle politique qui était d’importance primordiale pour les gouvernements arabes. Leur mission apostolique en Occident incluait de répandre la propagande islamique par les canaux religieux occidentaux; encourageant et donnant un support pratique et moral au terrorisme anti-israélien (en utilisant le thème du désespoir palestinien); diabolisant Israël; dissimulant l’islamisation et la purification religieuse des sociétés arabes avec toutes ses restrictions humiliantes et discriminatoires vis-à-vis des chrétiens.
Les Eglises orientales arabes avaient fait de la criminalisation du sionisme en Occident une condition essentielle de rapprochement entre chrétiens et musulmans. Elles avaient fait de l’élimination de l’Etat juif une priorité plus importante que la défense des droits de leurs propres communautés qu’elles avaient pourtant le devoir de protéger. Ces Eglises sont aujourd’hui blâmées par leurs membres pour leur myopie. Le thème d’exclusion est devenu un des arguments majeurs de l’idéologie tiers-mondiste. Mais, on peut se demander comment les théologiens peuvent ne pas comparer les bénédictions universelles exprimées dans la Bible et l’exclusion du salut, décrétée par un nombre considérable de versets coraniques, vis-à-vis des juifs, des chrétiens et des autres communautés non-musulmanes, condamnés à la torture éternelle en enfer. Les travaux missionnaires tiers-mondistes, basés sur le rejet du judéo-christianisme - identifié avec l’exploitation capitaliste et un système d’exclusion théologique - ont développé par le biais du clergé, le mouvement d’islamisation en Europe, par la conversion à l’islam et l’immigration musulmane, particulièrement depuis les années ’70.
Bat Ye’or
Paru en anglais
Madison - Teaneck
Fairleigh Dickinson University Press
Lancaster, UK: Gazelle Book Services Ltd.
2002
Alors Jambono, intéressant?
Al
- Jean
Ecrit le 23 avr.04, 09:12
Il n'y a aucune mauvaise foi d'affirmer que mère teresa n'est pas une sainte puisqu'elle n'est pas canonisé, c'est un fait vérifiable en 5 minute sur internet !!!
Et Al, a la différence de toi, mes textes ne sont pas de la dénigration religieuse, mais des faits historiques qui prend en compte un ensemble de facteur et non juste le mépris de l'islam.
+
Et Al, a la différence de toi, mes textes ne sont pas de la dénigration religieuse, mais des faits historiques qui prend en compte un ensemble de facteur et non juste le mépris de l'islam.
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Ecrit le 23 avr.04, 09:36
Et Mister génie, la canonisation n'est pas ce qui permet de déclarer une personne sainte chez les catholiques. La béatification ou la canonisation sont les procès qui donnent un caractère définitif à ce que la dévotion des chrétien reconnait depuis des lustres.
Sont reconnues saintes plus d'une personne de leur vivant, et longtemps parfois avant l'officialisation par l'Eglise de leur image auprès des Hommes.
Bref, tu ne connais que dalle à l'islam, et au christianisme encore moins, et tu nous sors ton couplet sur la vérité historique?
Si je te dis 11 03 2004, à quelle vérité historique tu penses?
Al
Sont reconnues saintes plus d'une personne de leur vivant, et longtemps parfois avant l'officialisation par l'Eglise de leur image auprès des Hommes.
Bref, tu ne connais que dalle à l'islam, et au christianisme encore moins, et tu nous sors ton couplet sur la vérité historique?
Si je te dis 11 03 2004, à quelle vérité historique tu penses?
Al
- Jean
Ecrit le 23 avr.04, 09:48
Ahahahaha! Eh Jean Bono, je suis catholique, je suis un peu concerné je crois.
Si on fait le procès en béatification, c'est parce qu'on considère déjà la personne comme sainte. Tu piges où il te faut un plan de masse? C'est comme un mariage, on commence pas à s'aimer après le sacrement mais avant. Capito?
Al
Si on fait le procès en béatification, c'est parce qu'on considère déjà la personne comme sainte. Tu piges où il te faut un plan de masse? C'est comme un mariage, on commence pas à s'aimer après le sacrement mais avant. Capito?
Al
- Jean
- kate
- Christianisme [Catholique]
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Ecrit le 23 avr.04, 10:18
Le 19 oct 2003, Mère Teresa a été béatifiée. Cette décision a suivi la reconnaissance par la Congrégation de la Chambre Sainte du Vatican, du miracle accompli par Mère Teresa qui consiste à l'inexplicable guérison d'une jeune femme indienne malade d'une tumeur. Les Cardinaux et les Archevêques ont reconnu les vertus héroïques de la foi et LA SIGNATURE DU SAINT PERE A DEFINITIVEMENT ALIGNE MERE TERESA DANS LA LISTE DES SAINTS.
Ecrit le 23 avr.04, 10:25
Qu'est-ce qu'il a de choquant mon avatar? Tu trouves qu'il est choquant?
Qu'est-ce qui est ridicule dans cette image? On en a des comme ça en Europe, et si quelqu'un dit que c'est pas bien, on le traite de "raciste haineux". Est-ce que tu es raciste et haineux? Si tu ne l'es pas, je vois pas en quoi mon avatar te pose problême.
Al
Qu'est-ce qui est ridicule dans cette image? On en a des comme ça en Europe, et si quelqu'un dit que c'est pas bien, on le traite de "raciste haineux". Est-ce que tu es raciste et haineux? Si tu ne l'es pas, je vois pas en quoi mon avatar te pose problême.
Al
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