Le DL étant en France, voici le compte rendu d'une de ses interviews
Le chef spirituel des Tibétains, en visite en France, cette semaine, estime qu'"on ne peut plus s'accommoder du mode de fonctionnement féodal des institutions religieuses". (Photo Daniel Fouray)
Tenzin Gyatso, 81 ans, a donné une conférence de presse, mardi 13 septembre, à Paris à laquelle j'ai assisté.
L'occasion de rencontrer un homme qui ne se prend pas au sérieux (n'hésitant pas à se rafraîchir en se couvrant la tête d'une serviette humide)... ce qui ne l'empêche pas de délivrer des messages profonds.
Parmi les sujets abordés par le dalaï lama, la question de la multiplicité des religions.
S'il existe effectivement de nombreuses religions sur Terre, le dalaï lama estime qu'elles partagent un objectif commun : "propager un message d'amour". Il reconnaît cependant que ce message a pu être "dévié par la suite".
Il distingue toutefois les religions théistes (judaïsme, christianisme, islam) du bouddhisme qui ne croit pas au concept d'un Dieu créateur.
Le dalaï lama rappelle que chaque religion est née dans un contexte historique et culturel donné. Charge, ensuite, à chacun des croyants de trouver sa voie pour progresser vers ce but commun - l'amour, la paix et l'unité entre tous les hommes - grâce à sa religion.
Mais il pense que chacun a, en lui, la "semence" pour entrer dans cette démarche d'amour.
Refus de tout prosélytisme
Autrement dit, le dignitaire bouddhiste refuse toute forme de prosélytisme. "On ne peut pas imposer à tous, une seule et même religion", a-t-il affirmé.
Inutile, donc, de changer de religion, si celle qu'on pratique nous convient.
Pour autant, le moine bouddhiste s'est montré critique envers les institutions religieuses.
Le dalaï lama a souligné que les religions sont nées au sein de "systèmes féodaux". Selon lui, les institutions religieuses ont alors calqué leur fonctionnement sur ces modèles féodaux.
Au fil des siècles, les sociétés ont évolué, mais les institutions ont continué à maintenir leur propre "fonctionnement féodal".
Ce qui permet de comprendre, pense-t-il, certaines révoltes (Révolution française, contre le tsar...), étant donnés les liens étroits entre les institutions religieuses et le pouvoir d'alors.
Et de conclure qu'"en tant que moine bouddhiste", il est prêt à "soutenir" tout mouvement dirigé contre les "institutions religieuses".
Il assure avoir la même attitude par rapport au bouddhisme. Il a redit, par exemple, que l'institution même du dalaï lama devait être décidée "démocratiquement" par les Tibétains eux-mêmes. Une position qu'il exprime depuis 1969.
J'ai bien conscience de résumer à grands traits, et de manière sans doute grossière, la pensée du dalaï lama sur les institutions religieuses.
Le dalaï lama n'en pose pas moins de bonnes questions sur le fonctionnement de toute institution, fût-elle religieuse.
Démocratie, esprit critique, évolution... sont-ils ici des mots tabous ?
Pour autant, comment assurer la transmission d'une religion sans institution ?
La tension est évidente et peut, espérons-le, être féconde.
http://religions.blogs.ouest-france.fr/ ... 16792.html
Ne pas railler, ne pas déplorer ni maudire, mais comprendre. Baruch Spinoza