Amis de l’Humanité Malek Chebel : " Le voile est une régression "
Le dernier Café des Amis a reçu l’anthropologue, spécialiste de l’islam.
Forte et belle ambiance au Café des Amis de l’Humanité qui accueille, ce mercredi 21 janvier, Malek Chebel, anthropologue et psychanalyste, spécialiste reconnu du monde arabe et de l’islam, auteur d’une trentaine de livres dont plusieurs sont des références. Après l’Iranienne Chattord Djavan (dont l’ouvrage Bas les voiles ! connaît un vif succès) la Société des Amis de l’Humanité poursuit un débat qui est au cour de l’actualité, avec des expressions souvent tranchées. La question divise on le sait, familles, partis, syndicats, associations et mouvements.
Pour Malek Chebel " le voile est une régression de la femme. On ne lui fait pas confiance. Elle peut être musulmane sans être voilée. Il y a eu des siècles où elle ne l’était pas. " À ceux qui, souvent sans avoir lu la moindre sourate, évoquent le Coran, l’orateur rappelle qu’il y a trois versets sur le voile, trois mille sur la guerre, quatre à cinq mille sur Dieu. " Le Coran est un texte religieux, lu dans le monde entier mais rien de plus. " Les versets sur le voile disent des choses " secondaires ", réversibles, avec des " entrées multiples ". Il insiste sur le " faux débat du voile ".
Puis, il déplore que Chirine Ebadi, avocate des droits de l’homme en Iran, prix Nobel de la paix en 2003, se dévoile dès qu’elle quitte son pays et le remet quand elle y revient. Ne peut-elle servir de porte-drapeau ? " Le voile, dit-il, est d’un usage toujours politique. Le voile dépossède la femme de son image. Qu’elle se libère de ses voiles. "
Dans une rapide et lumineuse évocation du Proche et du Moyen-Orient, l’invité des Amis de l’Humanité souligne le retour des fondamentalistes - ils veulent le pouvoir dans une conception moyenâgeuse -, l’absence de démocratie réelle, le clivage entre la marche de l’Occident et celle de l’islam. L’intervenant rappelle à ceux qui profèrent des affirmations brutales : " L’islam n’a jamais été une religion de repos. Il s’adapte à toutes les situations. Il y a des haines fratricides entre musulmans. "
Dans son prochain Manifeste pour un islam des Lumières (Hachette Littérature) le chercheur fait des propositions pour réformer l’islam, car il n’ y a jamais eu un seul islam. Dès le deuxième khalife des voix discordantes se faisaient entendre.
En réponse à des intervenants plus portés sur la polémique que la discussion et récusant l’orateur sur un ton inquisitorial, se réclamant d’une lecture (obtuse) de Frantz Fanon, ignorant les ouvres de celui qu’ils présentent comme un ennemi de Malek Chebel, l’orateur rétorque : " L’ignorance est l’alliée des fondamentalistes. Le semblable est plus souvent violent que le dissemblable. "
Le témoignage d’une militante de banlieue apporte un terrible et cruel éclairage sur la situation présente : " Les réseaux islamistes se sont organisés, au fil des ans, avec la complicité municipale de la gauche, socialiste et parfois communiste. Ces municipalités espéraient, en fermant les yeux, obtenir la tranquillité. Dans les cités où il y a le chômage et la misère sociale, les islamistes rongent. La société française a réagi trop tard. "
Avec les paraboles, chaque appartement, presque chaque appartement peut entendre les appels à la violence.
Dans sa conclusion, Malek Chebel redit : " Je suis le plus tolérant des hommes. J’appelle à la liberté, je n’impose pas. Je ne veut pas réformer le Coran ! " Pour s’en convaincre, il convient de déguster son Dictionnaire amoureux de l’islam (Plon) ou, sans fausse ou vaine érudition, il offre une excellente approche de toutes les questions qui se posent à ceux qui, au-delà des clichés, veulent comprendre (enfin) la deuxième religion pratiquée en France.
Pierre Ysmal
http://www.humanite.fr/2004-01-24_Media ... regression
Malek Chebel spécialiste reconnu du monde arabe
Malek Chebel spécialiste reconnu du monde arabe
Ecrit le 04 nov.07, 08:35Ecrit le 05 nov.07, 06:25
Malek Chebel est un anthropologue, philosophe et islamologue algérien. Il a étudié en Algérie, puis en France à Paris, où il a également étudié la psychanalyse. Il est aujourd'hui psychanalyste à Paris. Il a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde. Il est connu pour sa réflexion sur l'islam, sa culture, son histoire, sa vie intellectuelle, son érotisme. Il est également connu pour ses prises de position publiques en faveur d'un islam libéral et en faveur d'une réforme de l'islam incluant certains aspects positifs de la modernité politique.Bordelais a écrit :Pas de clergé en islam ,ce que peut dire ce monsieur nous passes au dessus de la tete .
Né en 1953 à Skikda en Algérie, Malek Chebel fait ses études primaires et secondaires puis obtient son baccalauréat philosophie et lettres. Il entre en 1977 à l'Université Aïn El-Bey de Constantine.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Malek_Chebel
Re: Malek Chebel spécialiste reconnu du monde arabe
Ecrit le 12 nov.16, 06:17Malek Chebel, l'anthropologue de la sexualité en islam, est mort
http://referentiel.nouvelobs.com/file/1 ... t-mort.jpg
Cet anthropologue des religions, qui oeuvrait “pour un islam des Lumières”, avait 63 ans.
Marie LemonnierMarie LemonnierPublié le 12 novembre 2016 à 16h09
Malek Chebel, qui était né en 1953 à Skikda, en Algérie, est mort d'un cancer ce matin, samedi 12 novembre 2016.
Psychanalyste, philosophe, il était surtout connu pour ses travaux comme anthropologue des religions, spécialiste du monde arabo-musulman et adepte d'un "islam des Lumières".
Auteur de nombreux essais, depuis "le Corps en islam" (PUF, 1984), il avait notamment publié un "Dictionnaire amoureux de l'islam" (Plon, 2004), un "Dictionnaire encyclopédique du Coran" (Fayard, 2009) ou encore une vaste anthologie consacrée à "l'Erotisme arabe" (Bouquins, 2014).
En 2002, à 48 ans, il publiait "le Sujet en islam" (Seuil). L'occasion de faire le point sur ses travaux, dans cet entretien au "Nouvel Observateur".
Malek Chebel : "La vocation de mon travail a consisté à réhabiliter le désir féminin"
« Passeur de sens entre l'Orient et l'Occident», le psychanalyste et anthropologue Malek Chebel est surtout connu pour ses écrits fondateurs sur la sexualité en Islam (1). Originaire de Skikda, ville côtière de l'Est algérien, il s'est installé en France en 1977 pour suivre les cours de Jean Laplanche et questionner l'univers arabo-musulman. A 48 ans, il publie son quatorzième ouvrage, «le Sujet en islam», aux Editions du Seuil.
Le Nouvel Observateur. Depuis vingt ans, vous travaillez à une «Histoire des mentalités dans le monde arabe» dont vous nous livrez aujourd'hui le sixième et avant-dernier tome: «le Sujet en islam». N'était-il pas audacieux d'y pointer l'intime relation que noue le gouvernement de la cité musulmane avec la sexualité de ses leaders politiques les plus charismatiques?
Malek Chebel. Certainement, mais mon regard n'est pas celui du théologien. Hors de toute polémique, je me situe en observateur, en historien. Ce livre peut paraître offensant pour les musulmans, car j'évoque des versets du Coran qui viennent avaliser le désir du prophète Mohammed. Son mariage «de volonté divine» avec la belle Zaïnab, la femme de son fils adoptif, en est un exemple éloquent. Depuis le mariage avec les femmes des fils adoptifs a été autorisé. Mon souci dans ce livre a été de montrer le visage humain du Coran. Or c'est «le» grand scandale.
Vous n'en êtes pas à votre premier scandale, depuis vingt ans que vous parlez orgasme, excision, hymen, homosexualité?
Vous aimez cet article ?Inscrivez-vous à la Newsletter de l'Obs
Effectivement, au départ mes conférences en Sorbonne se terminaient en véritables pugilats. A présent, on me présente comme un «libérateur» de la femme. Car le combat que je mène contre les formes archaïques de l'expression de l'islam passe forcément par la femme, cet épicentre de la transgression, lieu de tous les complexes, refoulements et blocages. Pour le machiste, pour le misogyne musulman, la femme n'était qu'un «entre-cuisses», une momie privée de jouissance. La vocation de mon travail a consisté à réhabiliter le désir féminin.
"Le projet fou de l'EI : éradiquer toute forme matérielle de notre civilisation"
Or le droit à la jouissance donne accès au statut de sujet?
A la liberté et au sujet. Dès l'instant où une personne commence à jouir, à être maîtresse de sa jouissance, elle exprime son autonomie. Et dès qu'elle est sujet, elle n'est plus un bon soldat pour la morale collective et archaïque. C'est donc à partir de cet individu acteur que l'islam se réformera et qu'il gagnera la bataille face à tous les démagogues, théologiens et imams corsetés jusqu'au cou. Pour l'instant, le sujet n'existe dans l'univers arabe que sous la forme d'un potentiel qui n'a pas encore révélé son étendue. Son affranchissement est contrecarré par la prééminence du divin sur l'humain et par l'obéissance qui conditionne, puis verrouille, la foi des fidèles.
Quel espoir nourrissez-vous pour l'islam de demain?
Je propose que l'islam soit une chance et non une contrainte ou un enfermement. Cherchons les espaces de liberté et d'intelligence qu'il nous propose, plutôt que le rigorisme d'un dogme dont on connaît les effets réducteurs. Un musulman nouveau est sans doute en train de naître sous nos yeux. Et son double défi consiste à gagner sa modernité sans perdre sa foi.
En France, par exemple, c'est par la part inaliénable de la citoyenneté que le musulman aspire à s'intégrer. Et il se méfiera même de ceux qui veulent le cantonner à la mosquée, parce que c'est nier chez lui la possibilité qu'il puisse être laïque, aimer la laïcité et la défendre en tant que telle. Finalement, le gage que la modernité a pris sur l'islam, c'est que le sujet musulman sera fabriqué ici en Occident avant qu'il n'advienne là-bas.
Propos recueillis par Marie Lemonnier
(1) «La Psychanalyse des Mille et Une Nuits», Payot.
Islam : les réponses aux 6 questions qui fâchent
Entretien paru dans "Le Nouvel Observateur" du 28 mars 2002.
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http://referentiel.nouvelobs.com/file/1 ... t-mort.jpg
Cet anthropologue des religions, qui oeuvrait “pour un islam des Lumières”, avait 63 ans.
Marie LemonnierMarie LemonnierPublié le 12 novembre 2016 à 16h09
Malek Chebel, qui était né en 1953 à Skikda, en Algérie, est mort d'un cancer ce matin, samedi 12 novembre 2016.
Psychanalyste, philosophe, il était surtout connu pour ses travaux comme anthropologue des religions, spécialiste du monde arabo-musulman et adepte d'un "islam des Lumières".
Auteur de nombreux essais, depuis "le Corps en islam" (PUF, 1984), il avait notamment publié un "Dictionnaire amoureux de l'islam" (Plon, 2004), un "Dictionnaire encyclopédique du Coran" (Fayard, 2009) ou encore une vaste anthologie consacrée à "l'Erotisme arabe" (Bouquins, 2014).
En 2002, à 48 ans, il publiait "le Sujet en islam" (Seuil). L'occasion de faire le point sur ses travaux, dans cet entretien au "Nouvel Observateur".
Malek Chebel : "La vocation de mon travail a consisté à réhabiliter le désir féminin"
« Passeur de sens entre l'Orient et l'Occident», le psychanalyste et anthropologue Malek Chebel est surtout connu pour ses écrits fondateurs sur la sexualité en Islam (1). Originaire de Skikda, ville côtière de l'Est algérien, il s'est installé en France en 1977 pour suivre les cours de Jean Laplanche et questionner l'univers arabo-musulman. A 48 ans, il publie son quatorzième ouvrage, «le Sujet en islam», aux Editions du Seuil.
Le Nouvel Observateur. Depuis vingt ans, vous travaillez à une «Histoire des mentalités dans le monde arabe» dont vous nous livrez aujourd'hui le sixième et avant-dernier tome: «le Sujet en islam». N'était-il pas audacieux d'y pointer l'intime relation que noue le gouvernement de la cité musulmane avec la sexualité de ses leaders politiques les plus charismatiques?
Malek Chebel. Certainement, mais mon regard n'est pas celui du théologien. Hors de toute polémique, je me situe en observateur, en historien. Ce livre peut paraître offensant pour les musulmans, car j'évoque des versets du Coran qui viennent avaliser le désir du prophète Mohammed. Son mariage «de volonté divine» avec la belle Zaïnab, la femme de son fils adoptif, en est un exemple éloquent. Depuis le mariage avec les femmes des fils adoptifs a été autorisé. Mon souci dans ce livre a été de montrer le visage humain du Coran. Or c'est «le» grand scandale.
Vous n'en êtes pas à votre premier scandale, depuis vingt ans que vous parlez orgasme, excision, hymen, homosexualité?
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Effectivement, au départ mes conférences en Sorbonne se terminaient en véritables pugilats. A présent, on me présente comme un «libérateur» de la femme. Car le combat que je mène contre les formes archaïques de l'expression de l'islam passe forcément par la femme, cet épicentre de la transgression, lieu de tous les complexes, refoulements et blocages. Pour le machiste, pour le misogyne musulman, la femme n'était qu'un «entre-cuisses», une momie privée de jouissance. La vocation de mon travail a consisté à réhabiliter le désir féminin.
"Le projet fou de l'EI : éradiquer toute forme matérielle de notre civilisation"
Or le droit à la jouissance donne accès au statut de sujet?
A la liberté et au sujet. Dès l'instant où une personne commence à jouir, à être maîtresse de sa jouissance, elle exprime son autonomie. Et dès qu'elle est sujet, elle n'est plus un bon soldat pour la morale collective et archaïque. C'est donc à partir de cet individu acteur que l'islam se réformera et qu'il gagnera la bataille face à tous les démagogues, théologiens et imams corsetés jusqu'au cou. Pour l'instant, le sujet n'existe dans l'univers arabe que sous la forme d'un potentiel qui n'a pas encore révélé son étendue. Son affranchissement est contrecarré par la prééminence du divin sur l'humain et par l'obéissance qui conditionne, puis verrouille, la foi des fidèles.
Quel espoir nourrissez-vous pour l'islam de demain?
Je propose que l'islam soit une chance et non une contrainte ou un enfermement. Cherchons les espaces de liberté et d'intelligence qu'il nous propose, plutôt que le rigorisme d'un dogme dont on connaît les effets réducteurs. Un musulman nouveau est sans doute en train de naître sous nos yeux. Et son double défi consiste à gagner sa modernité sans perdre sa foi.
En France, par exemple, c'est par la part inaliénable de la citoyenneté que le musulman aspire à s'intégrer. Et il se méfiera même de ceux qui veulent le cantonner à la mosquée, parce que c'est nier chez lui la possibilité qu'il puisse être laïque, aimer la laïcité et la défendre en tant que telle. Finalement, le gage que la modernité a pris sur l'islam, c'est que le sujet musulman sera fabriqué ici en Occident avant qu'il n'advienne là-bas.
Propos recueillis par Marie Lemonnier
(1) «La Psychanalyse des Mille et Une Nuits», Payot.
Islam : les réponses aux 6 questions qui fâchent
Entretien paru dans "Le Nouvel Observateur" du 28 mars 2002.
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Re: Malek Chebel spécialiste reconnu du monde arabe
Ecrit le 14 nov.16, 13:49Qu'il repose en paix.
Maintenant, il ne nous reste que les Tarek Oubrou et Ramadan pour faire renaître l'islam... Allahou Akbar.
Maintenant, il ne nous reste que les Tarek Oubrou et Ramadan pour faire renaître l'islam... Allahou Akbar.
L'Angleterre est un cloaque. L'Angleterre est le vivier fertile des fondamentalistes musulmans. Son raisonnement social est de permettre a toutes les religions de prêcher ouvertement. Mais cela est déraisonnable puisque aucune des autres religions ne prêchent la violence apocalyptique. Pourtant, l'Angleterre le permet...-Wole Soyinka
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Re: Malek Chebel spécialiste reconnu du monde arabe
Ecrit le 14 nov.16, 13:55Yoel a écrit :Qu'il repose en paix.
Maintenant, il ne nous reste que les Tarek Oubrou et Ramadan pour faire renaître l'islam... Allahou Akbar.
Ou l'autre... Ya Baha Ul Abha
Unir l'humanité. Un seul Dieu. Les grandes religions de Dieu. Femmes, hommes sont égaux. Tous les préjugés sont destructeurs et doivent être abandonnés. Chercher la vérité par nous-mêmes. La science et la religion en harmonie. Nos problèmes économiques sont liés à des problèmes spirituels. La famille et son unité sont très importantes.
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