tamar35 a écrit :Comme le dit Valéry "Il faut n'appeler Science que l'ensemble des recettes qui réussissent toujours. Tout le reste est littérature.".
J'm'interroge a écrit :Non, cela définirait plutôt l'empirisme.
La Science est une démarche (une recette peut-être) qui permet de formuler des vérités objectives.
tamar35 a écrit :As-tu une bonne définition de l' "objectivité" indépendante de la notion science.
Indépendante du concept de démarche scientifique elle serait fort incomplète.
Il y a bien une définition incomplète de l'objectivité qui ne fait intervenir que le concept de démarche empirique mais c'est une objectivité limitée à des connaissances factuelles (objectivité quant aux conséquences exprimables sous la forme "Si A et B alors C", "Si A, B et D alors E", etc...).
tamar35 a écrit :Car si "objectivité" et "science" sont deux concepts liés, ton affirmation autoréférente est une tautologie (donc toujours vraie) inconsistante.
Une tautologie est toujours vraie certes, mais absolument pas inconsistante. Où as-tu vu jouer cela ?
Et en quoi, le fait qu'objectivité et science soient des concepts liés impliquerait une autoréférence ?
La réalité est que le concept de 'Science' lie plusieurs autres concepts donnant un sens élargi à celui d'objectivité.
tamar35 a écrit :Peux-tu nous proposer un bel exemple de "vérité objective" qui ait une grande portée existentielle ?
La Science ne s'occupe pas de métaphysique l'amie ! Ce serait un comble...
Mais sans micro-onde, microprocesseurs et électricité à domicile, rien que cela, ton existence ne serait pas la même, si ?
Alors ne fais pas comme si la science n'avaient aucune incidence sur ta vie.
Probablement que sans elle tu ne saurais même pas comment viennent les enfants.
J'm'interroge a écrit :Tu dis ça parce que tu crois peut-être en une réalité mystico-métaphysique qui serait différente de l'objective...
Pour moi il y a le réel en soi, inconnaissable tel qu'il est en soi et le réel tel qu'il nous apparaît.
tamar35 a écrit :En quoi ton "réel en soi, inconnaissable tel qu'il est en soi" est-il différent d'une "réalité mystico-métaphysique" ?
Bonne question, mais la réponse est aisée : il ne découle pas de l'imaginaire mais de la cohérence des mesures et de la logique. Il n'implique rien d'autre que d'être possible en soi. Il n'implique ni être surnaturel, ni volonté transcendante, ni rien d'inconsistant (dans le sens d'auto-contradictoire), il n'implique donc rien de métaphysique.
tamar35 a écrit :Au fait, pourquoi serait-il inconnaissable tel qu'il est en soi ?
Ne serait-il inconnaissable que pour ceux qui s'obligent à rester au niveau des phénomènes ?
Le réel en soi est par définition la source de toute objectivité, puisqu'il n'est rien d'autre, structurellement parlant, que le champ des possibles en soi qu'il faut distinguer des possibles selon nous, hypothétiques. Les phénomènes objectifs ne sont en vrai, rien que des
liens entre représentations plus ou moins formalisés, validés par l'expérience et la mesure instrumentale, seul critère d'objectivité valide, les sens n'offrant rien d'autres que des impressions mentales et des prises à interprétations.
Le réel en soi est inconnaissable car notre connaissance souffre par essence de l'incomplétude dite de Gödel.
(-----------> Fais une petite recherche à ce sujet.)
Le réel en soi est inconnaissable car il contient toute connaissance et qu'aucune ne le contient.
Il est inconnaissable tel qu'il est en soi, car la connaissance implique nécessairement une part d'ignorance circonscrite, celle justement d'au moins une partie de ce qui, structurellement parlant, se situe à l'origine de la capacité de connaître.
J'm'interroge a écrit :L' 'être' des choses est l'affaire des métaphysiciens, le comment des choses (relations et structures), celles des scientifiques.
tamar35 a écrit :Veux-tu dire que le "réel en soi" ne t'intéresse pas ?
Tu y vas bien vite pour émettre la possibilité que je m'y intéresse pas.
L'être des choses n'est rien d'autre que leur possibilité en soi (à distinguer comme je l'ai dit plus haut des possibles selon nous, hypothétiques), ce qui est donc intéressant pour nous, ce sont les relations (formalisables) qui existent entre les mesures.
Nous ne pouvons rien en connaître d'autre, et ce n'est bien entendu pas la réalité telle qu'elle serait en elle-même, comme une équation n'est pour ainsi dire qu'une ligne de signes.
J'ajoute qu'il n'y a que la science qui soit capable de nous en fournir quelques schémas.
Les métaphysiciens se sont toujours plantés.
tamar35 a écrit :S'il ne t'intéresse pas que viens-tu mettre ton grain de sel au sujet de Dieu ?
Le réel des phénomènes n'est pas inintéressant mais je crains qu'il ne nous offre que des aperçus fugitifs et peu communicables, irreproductibles... au sujet de Dieu, .
Dieu ? Cette invention abracadabrante ?
Le Champ des possibles en soi n'a pas grand chose en commun de ce que les uns s'imaginent comme étant "Dieu".
Je pense vraiment qu'il faut arrêter de mettre "Dieu" à toutes les sauces et de chercher à le situer où personne ne pourra vérifier qu'il n'y est pas.
J'm'interroge a écrit :Je ne sais pas bien ce qu'est l' 'être', mais j'ai de bonne raison de penser que c'est un concept creux.
tamar35 a écrit :C'est très audacieux d'éluder la question de "l'être" après avoir parlé de la "réalité en soi".
Préférons parler du possible.
Je définis l' 'être' ainsi pour ceux qui s'attachent aux mots :
- "L' 'être' c'est ce qui est possible en soi et rien d'autre."
J'm'interroge a écrit :Ce que tu décris là n'est pas la science, le consensus scientifique est très secondaire.
tamar35 a écrit :Veux-tu dire que la science ne repose sur aucune hypothèse consensuelle ?
Une hypothèse consensuelle ? Je ne suis pas sûr de bien te comprendre...
Ne confondrais-tu pas consensus et convention ?
La Science repose sur plusieurs choses quelle intègre dans sa démarche : l'observation, la mesure instrumentale, la Logique (et les inférences que cette dernière permet dont nécessairement l'adduction) et bien sûr la vérification expérimentale.
J'm'interroge a écrit :La "réalité" est un bien grand mot...
tamar35 a écrit :Ce n'est pas moi qui est parlé de "réel en soi".
Le point est qu'il ne faut pas y mettre n'importe quoi dans cet 'en soi' et certainement pas le confondre avec le "Dieu" des religions "abrahamiques".
tamar35 s'adressant à Karlo a écrit :Je crains que ta notion de vérité ne soit qu'un sous-produit de la démarche scientifique.
Dès lors, que la science soit le meilleur moyen d'élaborer des vérités scientifiques relève quasiment de la tautologie. Certains douteront que ce soit une tautologie car nous ignorons si elle est vraie ou fausse.
J'm'interroge a écrit :Une tautologie est toujours vraie.
tamar35 a écrit :Voilà pourquoi j'ai écrit "quasiment" et "douteront"... Une tautologie est toujours vraie mais n'est pas toujours pertinente ni consistante. "L"opium fait dormir en vertu de son pouvoir dormitif" est une tautologie inconsistante.
Nous n'avons pas la même définition d' 'inconsistance'...
En Logique, une proposition inconsistante est une proposition qui renferme une contradiction interne. Or, "
L"opium fait dormir en vertu de son pouvoir dormitif" n'en renferme pas.
Voici une tautologie :
- (A => B) <=> (non B => non A)
C'est toujours vrai, c'est une autoréférence si tu veux, cela ne nous apprend rien si ce n'est une formulation du principe de contraposition, ce qui est déjà pas mal vu que ce n'est pas évident pour 75 % des gens...
tamar35 a écrit :Si tu définis la vérité comme vérité scientifique, il faut s'attendre à ce que la science soit l'outil privilégié pour cette vérité-là, mais cela ne nous dit rien sur la science et la vérité non-scientifique.
Alors déjà je ne définis pas la vérité comme vérité scientifique. Si tu penses cela c'est que tu m'as mal lu !
Déjà parce qu'il n'était question que de ce qui constitue une vérité objective alors que j'en distingue de trois sortes :
- 1) Les objectives
- 2) Les subjectives
- 3) Les formelles (ou dit autrement : les conceptuelles ou dialectiques)
Mais aussi parce que les vérités objectives sont de deux sortes :
- 1) Les empiriques
- 2) Les scientifiques.
tamar35 a écrit :Ce qui est amusant c'est que certains pourront poser que la vérité non-scientifique n'a pas de sens, mais on restera dans le même cercle vicieux autoréférent.
Bien si tu me lis bien, ce n'est pas du tout ce que je dis.
J'm'interroge a écrit :Mais il n'y a d'objectives que les vérités empiriques et scientifiques (relatives et contextuelles / naturelles, expérimentales).
tamar35 a écrit :Quelle différence établis-tu entre "vérité objective" et "vérité expérimentale".
La "vérité expérimentale" ne relève-t-elle pas de l'empirisme ?
Une vérité objective n'est pas toujours expérimentale dans le sens que possède ce mot dans les sciences.
L'empirisme c'est la simple observation de régularités au niveaux des résultats de procédés. L'Empirisme permet une connaissance objective
quant aux conséquences, il permet des connaissances objectives factuelles, autrement dit : des recettes qui fonctionnent.
La Science recourt quant à elle à la vérification par des protocoles expérimentaux d'hypothèses visant à déterminer des causes et des principes. Elle permet une connaissance objective
quant aux causes, une connaissance objective de lois causales précises.
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J'm'interroge a écrit :C'est ce que je dis aussi puisque les réalités formelles (d'ordres III) n'existent pas sans représentations mentales (d'ordre II) et celles-ci n'existent pas sans substrat physique (ou "matière") (d'ordre I), bien que celles d'ordres supérieurs influent en un sens sur celles d'ordres inférieurs, comme il est facile de le montrer
Inti a écrit :Si tu savais combien ta théorisation m'apparait alambiquée et surfaite. Toujours un monde inférieur et supérieur, naturel et formel, spirituel. Une approche métaphysique qui fait de la forme ( la Culture) un principe supérieur à la nature dont elle est issu. La métaphysique ne sert qu'à légitimer un supériorisation humaine et sociale, un aristocratisme ontologique.
Si ma "théorisation" comme tu dis te paraît telle, c'est quelle ne cadre pas avec tes catégories. Tu t'apercevras cependant que ton approche ne permet pas d'éviter une certaine confusion. La mienne en revanche n'en épargne aucune, mais elle est plus complexe d'où une certaine difficulté que l'on peut comprendre à bien l'intégrer sans d'assez longues explications, je le consens bien.
- Mais voilà, c'est le prix à payer pour une formalisation irréprochable. On ne peut pas tout avoir.
Cela dit, tu m'as très mal compris si tu penses que je hiérarchise mes domaines, ordres ou cadres de vérité. Le concept n'existe simplement pas sans représentations subjectives et signes, ces derniers et dernières n'existant pas sans une cérébralité dont la structure implique la pensée.
Il n'y a pas hiérarchie ou supériorité et infériorité mais relation d'implication logique.
Inti a écrit :Il y a le fond et la forme. C'est à dire la nature et la culture.
Division trop simpliste et trop floue.
Inti a écrit :La génétique ...
La génétique est une science.
Inti a écrit :...qui le sens d'une évolution naturelle et la mémétique qui est le sens d'évolution du monde des idées d'homo sapiens et ce du savoir faire aux connaissance et croyances ( mythes inclus).
La mémétique est également une science. Autrement dit : une construction formelle d'ordre III comme la génétique.
Inti a écrit :Une sphère naturelle ( le cosmos) sur lequel vient se greffer une toute petite sphère culturelle, "spirituelle", le monde des idées de Platon qui n'a rien d'exogène au genre humain.
Elle ne se greffe pas sur la réalité fondamentale en soi (que tu dis "matière") comme une extension. Pour employer ton langage : la culture n'est pas faite d'atomes comme l'ADN.
Quant au monde des idées de Platon il n'est pas une culture mais une réalité formelle. Il n'existe pas indépendamment de la pensée, ce qui n'empêche pas qu'il jouit d'une certaine indépendance par rapport à elle au niveau de ses implications logiques.
Ceci est bien connu des mathématiciens qui s'étonnent du fait qu'ils n'inventent pas les théorèmes qu'ils formulent mais les découvrent comme des conséquences non évidentes et bien sûr non arbitraires des conventions sur lesquelles ils se sont mis d'accord, conséquences qu'ils n'avaient donc pas prévues en décidant de leur bases axiomatiques.
Inti a écrit :Le monde objectif demeure la nature et ses lois et l'abstrait c'est l'esprit humain qui conçoit sa mémétique...
Excuse-moi mais ceci ne veut strictement rien dire pour moi. Qu'est-ce que "concevoir sa mémétique" ?
Inti a écrit :...ses "formes intelligibles" ( mythes, entendement, croyances, sciences). À aucun moment on ne quitte le, "physico-chimique" comme tu dis pour rendre compte du naturel et spirituel.
Et tu me reproches de proposer une "théorisation alambiquée" ?
Qui parle de quitter "le physico-chimique" ? Je ne comprends rien à ce que tu me dis.
Inti a écrit :De l'Antiquité à nos jours, en passant par les civilisations disparues ( comme la mienne Inca
) si les mythologies et théologismes ont évolué dans leur représentations avec des retombées réelles sur l'organisation ou désorganisation du monde c'est que les mythes et croyances ont remplis des fonctions morales sur l'idéal social. Droit divin et droit humain. Le racisme et l'esclavagisme furent des idéaux de société qui ont été remis en question.
Oui, je suis bien entendu d'accord avec ça (si je t'ai bien compris...).
Inti a écrit :Il est donc erroné d'accuser une quelconque "primitivité génétique" à dépasser, transcender pour expliquer la discrimination si c'est ce même esprit de la nature qui est apte à l'invalider.
Là, de nouveau, je ne comprends pas ta phrase.
Il me semble que nous ne parlons pas de la même chose.
Inti a écrit :Une fois le mythe donné ou institué il n'y a que dans sa contestation qu'un changement au besoin de la mouvance puisse se faire sentir ou pressant. Chose certaine si le mythe est venu et issu de quelques créateurs ou esprits créatifs, sa contestation ou mutation ne peut venir que de la même source. Les mythes n'ont aucune autonomie... Ils reflètent des aspirations, des états d'esprits, des renouvellements au gré d'un entendement fait de connaissances et croyances, de su et connu et d'inconnu.
C'est ce que tu dis, c'est une croyance. Tiens, prends en compte ce que je t'ai dit plus haut sur l'indépendance des conséquences logiques d'axiomes et de conventions posés qui n'ont rien d'arbitraires. Il en va de même avec toutes idéologie et mythes.
C'est comme pour la signification des mots, elles ne sont pas que dans la tête des gens et certainement pas dans une tête indépendamment des autres, des usages langagiers, etc... Je ne vais pas exposer ici tous les développements de H.Putnam ou ceux de Wittgenstein à ce sujet.
Ne sais-tu pas que bien souvent les personnages de romans une fois dessinés dictent à leur auteur la suite de l'histoire ébauchée, faisant que celui-ci suit une logique qui finit par contraindre la tournure que prennent les événements de son récit.
Inti a écrit :La métaphysique c'est l'esprit humain autant dans sa créativité que dans ses délires.
Non, la métaphysique est une production spéculative de l'esprit, rien d'autre.
Inti a écrit :C'est la nature qui fait évoluer sa culture, ses mythes, ses dieux, ses concepts et comme la culture a aussi par un "retour de flamme" le pouvoir de faconner la nature il se peut que cette culture cesse d'être un facteur d'évolution pour devenir un ordre immuable, un absolu philosophique. De là à conclure que l'Absolutisme est plus une mémétique se voulant irréfutable qu'une tare génétique je dis que la question vaut la peine d'être considéré.
Je n'ai pas compris la dernière phrase...
J'm'interroge a écrit :Je ne suis pas sûr si tu ne les confonds pas. Deux mondes et non trois induisent nécessairement des confusions
Inti a écrit :Confusion? Ça je n'en doute pas car passer de la métaphysique à un naturalisme philosophique ne se fera pas sans une reconsidération de ce qui appartient "au divin et à l'humain".
J'ai encore rien compris.... Excuse moi, mais c'est lié je pense à ce dont je t'ai fait la remarque justement...
Inti a écrit :Pour ce qui est de "l'historicité de Jésus" je pense que la, question reste ouverte si on sait bien discerner le réalisme d'une action politico religieuse d'avec le surréalisme de la légende et littérature.
Mais le réalisme d'un personnage à certains moments d'un récit n'en fait pas nécessairement pour autant un personnage réel l'ami !
Il faut plus que ça.
La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit sont lot d'expériences vécues.
Sagesse !