Réfutent-ils ces déclarations ?
Car si quelqu’un estime être quelque chose alors qu’il n’est rien, il se fait illusion.
Galates, 6, 3
Se vivre comme un individu séparé, possédant une personnalité stable et durable, constitue la grande illusion de l’existence, source d’attachement et de souffrance. Une telle méconnaissance, avidya, empêche d’accéder à la sagesse qui est saisie consciente de la réalité du Soi, c’est l’intuition par laquelle le Soi se donne ou se manifeste en l’esprit de l’homme. Les traditions le réfractent en une multiplicité de formes qui sont les chemins, pour autant que ceux qui les suivent acceptent un retournement vers l’intérieur, une « plongée ». Cette plongée implique l’ascèse (concentration, silence, contrôle du souffle) qui permet de se dissocier de l’ego. Alors apparait le Soi, source originelle, au « cœur » de l’individu. Râmana Maharshi le désigne sous son aspect existentiel comme « Je » majuscule. Cela rejoint la réponse qu’il fit à son disciple Paul Brunton, anxieux de savoir si finalement cette voie de la non-dualité ne conduisait pas à une destruction ou à une néantisation de la personne : « En réalité, l’individualité n’est pas anéantie, elle se déploie à l’infini. »
Le livre des sagesses, p. 1107.
Si tu sors complètement de toi-même, Dieu entrera tout entier.
Jean Tauler, sermon
Q. : « La violence est-elle un très grand péché ?
R. : le grand pécheur est celui qui considère son propre corps comme son moi réel.
L’enseignement de Mâ Ananda Moyî, p. 342
En tant qu’ego, individualité, être non régénéré vous n’êtes pas Dieu. Et pourtant vous êtes Dieu, vous êtes l’Absolu … « Et toi aussi, tu es Cela ». Certains de vous pensent peut-être : « Mais c’est un blasphème que de dire : « je suis Dieu. » Non, le blasphème luciférien, c’est d’oser dire : « je ne suis pas Dieu, je suis autre que Dieu, il y a Dieu et moi ». Monstrueuse affirmation d’indépendance et d’autonomie, prétention à posséder l’être en soi-même. Il y a beaucoup moins d’égoïsme et d’orgueil à se dénier toute existence autre que l’Unique Réalité qu’à se considérer comme un être, même pécheur, humilié et plein de remords, existant par soi-même.
Arnaud Desjardins, Les chemins de la sagesse : 1, p. 29-30.