Libérez Slimane Bouhafs
Rahmouni FATIHA Paris, France
Algérie : Le procès en appel du citoyen kabyle chrétien est fixé au 30/08/2016
Slimane Bouhafs, un militant kabyle des droits de l'Homme, a commencé à purger une peine de cinq ans d’emprisonnement prononcée par un tribunal algérien qui l’a déclaré coupable d’atteinte à l’islam et au prophète Mahomet en raison de publications qu’il avait faites sur Facebook. La date de son procès en appel vient d'être fixée au 30/08/2016.
Un chrétien kabyle de Sétif qui a été condamné par la justice algérienne à cinq ans de prison ferme pour des publications sur le réseau social Facebook.
Après avoir rendu visite le 17 août, à Slimane Bouhafs, détenu à la prison de "Bel air" à Sétif depuis le 31/07/2016, la famille du militant Kabyle et son avocat confirment que Slimane Bouhafs, accusé d'outrage au prophète et dénigrement des principes et préceptes de l’islam, en vertu de l’article 144 bis 2 du Code pénal algérien, en raison de publications qu’il avait faites sur Facebook, se trouve dans une situation difficile et son état de santé se dégrade.
Slimane Bouhafs à déclaré a sa famille que le procureur du tribunal de Sétif a refusé de le voir, des gendarmes l’ont alors amené, tard le soir, devant celui du tribunal d'At Wartilan, qui l'a traité de "saleté", il a été soumis à un long interrogatoire lui qui avait été arrêté depuis 8h du matin par les gendarmes algériens.
Slimane Bouhafs, qui est atteint de la maladie de la goutte, a perdu beaucoup de poids et n'a rien compris à ce qu'il lui est arrivé; révolté et stressé, ainsi est passée l'audience sans qu'il ne soit assisté d'un avocat. On ne lui a même pas demandé de lui désigner d'office un avocat ou reporter le procès pour préparer sa défense, a déclare sa fille.
A rappeler que son procès était programmé pour le 07/08/2016 mais à sa surprise, c'était son verdict qui a été rendu soit cinq ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA.
La Constitution algérienne, modifiée en février 2016, garantit la liberté de religion mais fait de l’islam la religion d’État. Des dispositions vagues figurant dans le Code pénal et l’ordonnance 06-03 fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulmans, une loi adoptée en 2006, ont été utilisées pour persécuter des personnes pour l’exercice pacifique de leur droit à la liberté d'expression, de religion et de conviction.
Nous relayons l'appel émis par Amnesty International qui a enregistré le cas de Slimane Bouhafs sous le numéro de dossier "AU 193/16, MDE 28/4687/2016" et invite le public à adresser un appel aux représentants diplomatiques de l'Algérie chacun dans son pays respectif :
DANS LES APPELS A FAIRE PARVENIR LE PLUS VITE POSSIBLE :
- exhortez les autorités algériennes à libérer immédiatement et sans condition Slimane Bouhafs, car sa condamnation est uniquement liée à son exercice pacifique du droit à la liberté d’expression ;
- demandez-leur de veiller à ce qu’il ait accès à tout moment, durant sa détention, à un professionnel de santé qualifié et à des soins médicaux adaptés, notamment en assurant que ses besoins alimentaires soient satisfaits ;
- appelez-les à modifier les lois érigeant en infraction l’exercice des droits à la liberté d’expression et de religion, notamment l’article 144 bis 2 du Code pénal.
Cette pétition sera remise à:
ONU et le pouvoir algérien
« Dieu souffle sur l’Algérie »
Règles du forum
Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
Re: « Dieu souffle sur l’Algérie »
Ecrit le 16 oct.16, 00:00Le premier forum tunisien qui a inspiré les forums de religion Recherche "les religions font peu de bien et beaucoup de mal" Voltaire
Re: « Dieu souffle sur l’Algérie »
Ecrit le 10 déc.16, 02:37Des milliers de musulmans se convertiraient en secret au christianisme
Des milliers de musulmans d'Algérie se convertiraient au christianisme, désenchantés par le «Printemps arabe» et la montée d'un islam violent, selon Ali Khidri, le seul distributeur de Bibles du pays qui croule actuellement sous les demandes. Des centaines de personnes viennent chaque mois aux bureaux de la Société de Bibles d'Algérie, assure son secrétaire exécutif. Ali Khidri souligne aussi que des milliers de musulmans se rendent dans les églises pour en savoir plus sur la foi chrétienne.
D'après le distributeur de Bibles, les musulmans interrogeraient actuellement leur foi, à cause des actes perpétrés au nom de l'islam. «Ils sont de plus en plus à penser qu'il s'agit là du vrai visage de l'islam», affirme Ali Khidri. Il ajoute que des chrétiens convertis produisent des émissions de télévision pour promouvoir la Bible auprès des Algériens, en utilisant leur connaissance du Coran.
200 000 chrétiens?
Selon la Société de Bible, il y aurait entre 100 000 et 200 000 chrétiens dans le pays, une immense augmentation, en comparaison des 2000 qui y résidaient il y a trente ans. Mais il est impossible d'avoir des chiffres exacts, parce que les chrétiens ne peuvent pas pratiquer leur foi ouvertement, en Algérie. Ali Khidri rappelle que, d'après le gouvernement, les chrétiens seraient 600 000. Mais, il s'agit selon lui d'une tentative de semer la peur. Plus de 2000 baptêmes ont en tout cas été enregistrés en 2013. Selon le bibliste, le pouvoir d'Alger tolérerait les nombreuses conversions parmi les Berbères, parce qu'ils étaient chrétiens avant l'arrivée de l'islam, au 7ᵉ siècle. Ali Khidri affirme également que les musulmanes sont attirées par le christianisme à cause du respect que Jésus manifestait envers les femmes. Depuis un décret présidentiel de 2006, le prosélytisme est interdit, et les cultes non-musulmans sont restreints, en Algérie, indique «The Tablet». Le fait de brandir une Bible peut être puni de cinq ans de prison ou de l'expulsion du pays, pour les prêtres étrangers.
Le christianisme comme affirmation identitaire
Mais, comme le note l'historienne française Karima Dirèche, dans un article publié par l'Apic en 2010, la plupart de ces conversions se font vers les mouvements protestants évangéliques et concernent surtout les Kabyles, un peuple issu de tribus berbères. Les conversions au néo-évangélisme s’inscrivent dans un contexte algérien de violence politique et idéologique: la décennie 1990, «décennie noire», a laissé place à la terreur et la guerre civile qui a fait plus de 200 000 victimes, opposant le gouvernement algérien à divers groupes islamistes. Cette violence a suscité le désarroi dans une Kabylie déjà encombrée de nombreuses crises, note Karima Dirèche. En Kabylie, le désenchantement induit par les années noires fait place à l’invocation d’un passé idéalisé, souligne la chercheuse. Au niveau religieux, le christianisme s’impose comme la religion d’origine du peuple kabyle, illustré par la figure de proue du Berbère qu’était saint Augustin (354-430). Karima Dirèche relève que les causes des conversions sont multiples. Selon une analyse sociopolitique, la conversion pourrait traduire, et principalement en Kabylie, la tentative de s’opposer au pouvoir et de se distinguer face à l’arabo-islamisme idéologique nationaliste algérien. - apic/tab/arch/rz
Des milliers de musulmans d'Algérie se convertiraient au christianisme, désenchantés par le «Printemps arabe» et la montée d'un islam violent, selon Ali Khidri, le seul distributeur de Bibles du pays qui croule actuellement sous les demandes. Des centaines de personnes viennent chaque mois aux bureaux de la Société de Bibles d'Algérie, assure son secrétaire exécutif. Ali Khidri souligne aussi que des milliers de musulmans se rendent dans les églises pour en savoir plus sur la foi chrétienne.
D'après le distributeur de Bibles, les musulmans interrogeraient actuellement leur foi, à cause des actes perpétrés au nom de l'islam. «Ils sont de plus en plus à penser qu'il s'agit là du vrai visage de l'islam», affirme Ali Khidri. Il ajoute que des chrétiens convertis produisent des émissions de télévision pour promouvoir la Bible auprès des Algériens, en utilisant leur connaissance du Coran.
200 000 chrétiens?
Selon la Société de Bible, il y aurait entre 100 000 et 200 000 chrétiens dans le pays, une immense augmentation, en comparaison des 2000 qui y résidaient il y a trente ans. Mais il est impossible d'avoir des chiffres exacts, parce que les chrétiens ne peuvent pas pratiquer leur foi ouvertement, en Algérie. Ali Khidri rappelle que, d'après le gouvernement, les chrétiens seraient 600 000. Mais, il s'agit selon lui d'une tentative de semer la peur. Plus de 2000 baptêmes ont en tout cas été enregistrés en 2013. Selon le bibliste, le pouvoir d'Alger tolérerait les nombreuses conversions parmi les Berbères, parce qu'ils étaient chrétiens avant l'arrivée de l'islam, au 7ᵉ siècle. Ali Khidri affirme également que les musulmanes sont attirées par le christianisme à cause du respect que Jésus manifestait envers les femmes. Depuis un décret présidentiel de 2006, le prosélytisme est interdit, et les cultes non-musulmans sont restreints, en Algérie, indique «The Tablet». Le fait de brandir une Bible peut être puni de cinq ans de prison ou de l'expulsion du pays, pour les prêtres étrangers.
Le christianisme comme affirmation identitaire
Mais, comme le note l'historienne française Karima Dirèche, dans un article publié par l'Apic en 2010, la plupart de ces conversions se font vers les mouvements protestants évangéliques et concernent surtout les Kabyles, un peuple issu de tribus berbères. Les conversions au néo-évangélisme s’inscrivent dans un contexte algérien de violence politique et idéologique: la décennie 1990, «décennie noire», a laissé place à la terreur et la guerre civile qui a fait plus de 200 000 victimes, opposant le gouvernement algérien à divers groupes islamistes. Cette violence a suscité le désarroi dans une Kabylie déjà encombrée de nombreuses crises, note Karima Dirèche. En Kabylie, le désenchantement induit par les années noires fait place à l’invocation d’un passé idéalisé, souligne la chercheuse. Au niveau religieux, le christianisme s’impose comme la religion d’origine du peuple kabyle, illustré par la figure de proue du Berbère qu’était saint Augustin (354-430). Karima Dirèche relève que les causes des conversions sont multiples. Selon une analyse sociopolitique, la conversion pourrait traduire, et principalement en Kabylie, la tentative de s’opposer au pouvoir et de se distinguer face à l’arabo-islamisme idéologique nationaliste algérien. - apic/tab/arch/rz
Le premier forum tunisien qui a inspiré les forums de religion Recherche "les religions font peu de bien et beaucoup de mal" Voltaire
Re: « Dieu souffle sur l’Algérie »
Ecrit le 08 août17, 02:58En Algérie, une "baignade républicaine" géante organisée le 7 août
Par Atmane Tazaghart
Alors que la contestation des femmes contre le harcèlement et l'islamisme prend de l'ampleur, la plage de Tichy, en Kabylie, devient le rendez-vous de toutes celles et ceux qui veulent vivre des vacances libres.
Correctif et mise au point
Le 08.08.2017 à 11h00
Dans notre numéro 1063, en kiosques depuis le 4 août, nous avons publié ce reportage, illustration en Kabylie d'un phénomène que nous vous rapportions déjà dans un précédent article paru sur marianne.net le 13 juillet, "En Algérie, ces femmes militent pour pouvoir enfin se baigner sans être harcelées sexuellement". Après la parution du deuxième article, plusieurs médias ont pointé une "fake news", prétendant qu'en annonçant une "baignade républicaine" pour ce lundi 7 août sur la plage de Tichy, en Kabylie - un événement dont s'est également fait l'écho BFMTV -, Marianne s'était fait berner par un canular sur Facebook. Accusation hâtive et sans fondement. Comme toute entreprise humaine, notre rédaction fait parfois des erreurs, et met dans ce cas un point d'honneur à les corriger. En l'espèce, une méprise s'est bien glissée dans ce papier, reliant l'événement au Festival annuel des couleurs qui, en fait, ne se déroule pas cette année à Tichy (c'était l'an dernier). Mais sur le fond, non, l'article incriminé n'a pas relayé un hoax trouvé en surfant sur Internet, d'ailleurs éventé bien avant la parution de notre article. Il a été écrit par notre correspondant en Algérie, Atmane Tazaghart, qui a fait son travail en se rendant sur place et en discutant avec ces femmes qui revendiquent simplement leur droit à se baigner dans la tenue qui leur sied - ce que d'aucuns ont surnommé la "révolution du bikini", bien que les intéressées ne revendiquent pas cette appellation. Vous pouvez lire ici sa mise au point.
Tichy prépare sa « baignade républicaine » géante. Rien de moins. La petite station balnéaire, lovée comme une libre sirène au nord de Bejaïa, est solidaire des associations féministes algériennes qui multiplient, depuis le début de l'été, les baignades contestataires contre les brimades, les violences et le diktat islamistes. Une riposte à l'aggravation de la condition féminine : pendant le ramadan, des députés ultraréacs ont déposé un projet de loi qui vise à « réglementer les tenues vestimentaires des femmes pour garantir le respect de la pudeur et des bonnes mœurs ». Les associations salafistes plongent dans le marigot bigot et appellent tout mâle qui se respecte à « empêcher les femmes de se baigner nues [en bikini] ». S'ils ne peuvent l'empêcher, la consigne est de « les prendre en photo et les ficher sur les réseaux sociaux ». Trempette sous tchador : circulez, elles ne nagent plus ! L'opinion s'enflamme, intellectuels et écrivains - le romancier Amin Zaoui, le dramaturge H'mida Ayachi et le poète Achour Fenni -s'insurgent contre « la daechisation des esprits ». Les Algériennes enragent, et Tichy leur ouvre les bras.
Lire aussi
En Algérie, les femmes militent pour pouvoir enfin se baigner sans être harcelées sexuellement
Difficile d’être plus remarquable que GET.
Remarquez, certains ont essayé.. Découvrez le premier épisode.
C'est que la ville en sait long sur la résistance à l'obscurantisme. Si, plus de dix ans après la défaite de l'islamisme armé, deux Algérie irréconciliables continuent à s'affronter à travers le statut des femmes, Tichy - 17 000 habitants, 300 000 l'été -constitue une humble forteresse de la liberté. Plus qu'une plage, c'est un symbole. A commencer par son nom : tiré du berbère ancien tecci, il désigne l'éclat de lumière qui se faufile, dès l'aube, entre les tuiles des maisons kabyles. Un éclat qui a rayonné durant la décennie sanglante, dans les années 90. Tichy, déjà, était un refuge pour des milliers d'Algériens et d'Algériennes à qui les islamistes interdisaient non seulement de se baigner, mais tout simplement de vivre.
On ne se pencha pas beaucoup à l'époque sur la tragédie du sable, de la mer et du soleil interdits sur la terre natale d'Albert Camus. Pourtant, elle symbolisait la féroce réécriture du tempérament algérien par l'intégrisme. L'Algérie compte le plus long littoral du bassin méditerranéen. De 1993 à 1998, à cause de la terreur du Groupe islamique armé (GIA), les 1 400 km de côtes algériennes ont été désertés par les baigneurs. Seule ou presque, Tichy, avec ses 4 km de sable fin, osa se rebeller, irréductible plage kabyle qui défiait l'islamisation forcée. Elle est pourtant située à quelques dizaines de kilomètres seulement des corniches de Jijel, qui accueillaient, à l'époque, le principal maquis de l'Armée islamique du salut (AIS), bras armé du Front islamique du salut (FIS).
AU MÉPRIS DES LOIS
Bien avant les années de sang, Tichy était déjà une légende. Tout le pays la connaissait depuis 1980, grâce au film Kahla ba beida (Noir et blanc), d'Abderrahmane Bouguermouh. Icône des cinéphiles algériens nostalgiques, l'œuvre célébrait la victoire de l'équipe de football de Sétif, l'Entente sportive de Sétif, qui venait de remporter la Coupe d'Algérie. Un mémorable road-movie durant lequel un groupe de supporteurs, voulant célébrer la victoire, se lançaient dans un long périple, à travers les hauts plateaux algériens, à destination de la plage de Tichy. Le film célébrait une jeunesse éprise de liberté et habitée par de grandes espérances. Cet hymne à la joie fut rattrapé par le cauchemar intégriste. La ville s'imposa alors comme un « modèle de résistance par la vie », selon l'expression du poète arabophone Adel Sayad. « Il m'est arrivé de me rendre à Tichy, à plusieurs reprises, durant ces années-là, se souvient-il. Pouvoir savourer mes bières tranquillement, au bord de la plage, valait tous les bonheurs du monde. » Sayad, qui a consacré aux années noires du terrorisme un recueil intitulé Je ne vais pas bien, a été bluffé en découvrant la petite station : « En arrivant ici, j'ai été subjugué par la tolérance qui y régnait. Les femmes en bikini se promenaient ou se baignaient sans subir la moindre remarque désobligeante. C'est grâce à cet état d'esprit que nous avons gardé espoir et tenu bon face au fanatisme. »
Mais l'extrémisme rôde tout près, vers Jijel, le fief de Madani Mezrag, ex-émir de l'AIS. Quatre mille djihadistes « repentis » ont ainsi organisé, en 2011, à quelques encablures de Tichy, une « université d'été » ! Car, même si l'extrémisme islamiste a été vaincu militairement, les largesses de la loi dite de « concorde nationale » ont offert l'impunité à plus de 10 000 djihadistes. En contrepartie de leur renoncement à la violence armée, ils ont bénéficié d'une amnistie qui leur a permis de blanchir l'argent du racket imposé aux populations lorsqu'ils étaient au maquis. Ils ont ainsi pu se reconvertir dans le commerce, notamment dans l'importation de tissus en provenance de Turquie. Une filière qui avait déjà servi à financer le FIS, à la fin des années 80.
« L'université d'été » des anciens djihadistes fut autorisée par le gouvernement algérien. A l'époque, en 2011, le régime redoutait d'être touché, à son tour, par une révolution de type printemps arabe. Encouragés par cette bienveillance inattendue, les anciens soldats d'Allah se sont lancés à l'assaut de Tichy la frondeuse. Sous couvert de « lutter contre la prostitution et la dépravation des mœurs », les réseaux islamo-conservateurs ont tenté de saborder son été. Les huit discothèques et la quinzaine de bars furent désignés comme « lieux de dépravation ». « Une véritable expédition punitive a été menée. Les agresseurs ont saccagé les façades des bars et des hôtels… » se souvient Ali, un restaurateur. Au lieu d'intervenir pour rétablir l'ordre et protéger les infrastructures touristiques de la ville, la préfecture de Béjaïa a pris un arrêté ubuesque ordonnant la fermeture de la majorité des discothèques. Il fallait calmer les ardeurs des islamo-conservateurs. Au mépris des lois.
Tichy la rebelle recommença à respirer avec l'arrivée à la tête de la municipalité de Madjid Kadi, un maire progressiste. L'homme défend la laïcité et l'écologie. Contre les assauts renouvelés de l'islamisme, il ne cède rien, et surtout pas sur le droit des baigneuses : « L'été, notre ville est une véritable mosaïque des 48 wilayas du pays, résume-t-il en souriant, Tichy, c'est l'Algérie ! » Ce sera en tout cas le 7 août, jour de la « baignade républicaine », le sourire des Algériennes.
Par Atmane Tazaghart
Alors que la contestation des femmes contre le harcèlement et l'islamisme prend de l'ampleur, la plage de Tichy, en Kabylie, devient le rendez-vous de toutes celles et ceux qui veulent vivre des vacances libres.
Correctif et mise au point
Le 08.08.2017 à 11h00
Dans notre numéro 1063, en kiosques depuis le 4 août, nous avons publié ce reportage, illustration en Kabylie d'un phénomène que nous vous rapportions déjà dans un précédent article paru sur marianne.net le 13 juillet, "En Algérie, ces femmes militent pour pouvoir enfin se baigner sans être harcelées sexuellement". Après la parution du deuxième article, plusieurs médias ont pointé une "fake news", prétendant qu'en annonçant une "baignade républicaine" pour ce lundi 7 août sur la plage de Tichy, en Kabylie - un événement dont s'est également fait l'écho BFMTV -, Marianne s'était fait berner par un canular sur Facebook. Accusation hâtive et sans fondement. Comme toute entreprise humaine, notre rédaction fait parfois des erreurs, et met dans ce cas un point d'honneur à les corriger. En l'espèce, une méprise s'est bien glissée dans ce papier, reliant l'événement au Festival annuel des couleurs qui, en fait, ne se déroule pas cette année à Tichy (c'était l'an dernier). Mais sur le fond, non, l'article incriminé n'a pas relayé un hoax trouvé en surfant sur Internet, d'ailleurs éventé bien avant la parution de notre article. Il a été écrit par notre correspondant en Algérie, Atmane Tazaghart, qui a fait son travail en se rendant sur place et en discutant avec ces femmes qui revendiquent simplement leur droit à se baigner dans la tenue qui leur sied - ce que d'aucuns ont surnommé la "révolution du bikini", bien que les intéressées ne revendiquent pas cette appellation. Vous pouvez lire ici sa mise au point.
Tichy prépare sa « baignade républicaine » géante. Rien de moins. La petite station balnéaire, lovée comme une libre sirène au nord de Bejaïa, est solidaire des associations féministes algériennes qui multiplient, depuis le début de l'été, les baignades contestataires contre les brimades, les violences et le diktat islamistes. Une riposte à l'aggravation de la condition féminine : pendant le ramadan, des députés ultraréacs ont déposé un projet de loi qui vise à « réglementer les tenues vestimentaires des femmes pour garantir le respect de la pudeur et des bonnes mœurs ». Les associations salafistes plongent dans le marigot bigot et appellent tout mâle qui se respecte à « empêcher les femmes de se baigner nues [en bikini] ». S'ils ne peuvent l'empêcher, la consigne est de « les prendre en photo et les ficher sur les réseaux sociaux ». Trempette sous tchador : circulez, elles ne nagent plus ! L'opinion s'enflamme, intellectuels et écrivains - le romancier Amin Zaoui, le dramaturge H'mida Ayachi et le poète Achour Fenni -s'insurgent contre « la daechisation des esprits ». Les Algériennes enragent, et Tichy leur ouvre les bras.
Lire aussi
En Algérie, les femmes militent pour pouvoir enfin se baigner sans être harcelées sexuellement
Difficile d’être plus remarquable que GET.
Remarquez, certains ont essayé.. Découvrez le premier épisode.
C'est que la ville en sait long sur la résistance à l'obscurantisme. Si, plus de dix ans après la défaite de l'islamisme armé, deux Algérie irréconciliables continuent à s'affronter à travers le statut des femmes, Tichy - 17 000 habitants, 300 000 l'été -constitue une humble forteresse de la liberté. Plus qu'une plage, c'est un symbole. A commencer par son nom : tiré du berbère ancien tecci, il désigne l'éclat de lumière qui se faufile, dès l'aube, entre les tuiles des maisons kabyles. Un éclat qui a rayonné durant la décennie sanglante, dans les années 90. Tichy, déjà, était un refuge pour des milliers d'Algériens et d'Algériennes à qui les islamistes interdisaient non seulement de se baigner, mais tout simplement de vivre.
On ne se pencha pas beaucoup à l'époque sur la tragédie du sable, de la mer et du soleil interdits sur la terre natale d'Albert Camus. Pourtant, elle symbolisait la féroce réécriture du tempérament algérien par l'intégrisme. L'Algérie compte le plus long littoral du bassin méditerranéen. De 1993 à 1998, à cause de la terreur du Groupe islamique armé (GIA), les 1 400 km de côtes algériennes ont été désertés par les baigneurs. Seule ou presque, Tichy, avec ses 4 km de sable fin, osa se rebeller, irréductible plage kabyle qui défiait l'islamisation forcée. Elle est pourtant située à quelques dizaines de kilomètres seulement des corniches de Jijel, qui accueillaient, à l'époque, le principal maquis de l'Armée islamique du salut (AIS), bras armé du Front islamique du salut (FIS).
AU MÉPRIS DES LOIS
Bien avant les années de sang, Tichy était déjà une légende. Tout le pays la connaissait depuis 1980, grâce au film Kahla ba beida (Noir et blanc), d'Abderrahmane Bouguermouh. Icône des cinéphiles algériens nostalgiques, l'œuvre célébrait la victoire de l'équipe de football de Sétif, l'Entente sportive de Sétif, qui venait de remporter la Coupe d'Algérie. Un mémorable road-movie durant lequel un groupe de supporteurs, voulant célébrer la victoire, se lançaient dans un long périple, à travers les hauts plateaux algériens, à destination de la plage de Tichy. Le film célébrait une jeunesse éprise de liberté et habitée par de grandes espérances. Cet hymne à la joie fut rattrapé par le cauchemar intégriste. La ville s'imposa alors comme un « modèle de résistance par la vie », selon l'expression du poète arabophone Adel Sayad. « Il m'est arrivé de me rendre à Tichy, à plusieurs reprises, durant ces années-là, se souvient-il. Pouvoir savourer mes bières tranquillement, au bord de la plage, valait tous les bonheurs du monde. » Sayad, qui a consacré aux années noires du terrorisme un recueil intitulé Je ne vais pas bien, a été bluffé en découvrant la petite station : « En arrivant ici, j'ai été subjugué par la tolérance qui y régnait. Les femmes en bikini se promenaient ou se baignaient sans subir la moindre remarque désobligeante. C'est grâce à cet état d'esprit que nous avons gardé espoir et tenu bon face au fanatisme. »
Mais l'extrémisme rôde tout près, vers Jijel, le fief de Madani Mezrag, ex-émir de l'AIS. Quatre mille djihadistes « repentis » ont ainsi organisé, en 2011, à quelques encablures de Tichy, une « université d'été » ! Car, même si l'extrémisme islamiste a été vaincu militairement, les largesses de la loi dite de « concorde nationale » ont offert l'impunité à plus de 10 000 djihadistes. En contrepartie de leur renoncement à la violence armée, ils ont bénéficié d'une amnistie qui leur a permis de blanchir l'argent du racket imposé aux populations lorsqu'ils étaient au maquis. Ils ont ainsi pu se reconvertir dans le commerce, notamment dans l'importation de tissus en provenance de Turquie. Une filière qui avait déjà servi à financer le FIS, à la fin des années 80.
« L'université d'été » des anciens djihadistes fut autorisée par le gouvernement algérien. A l'époque, en 2011, le régime redoutait d'être touché, à son tour, par une révolution de type printemps arabe. Encouragés par cette bienveillance inattendue, les anciens soldats d'Allah se sont lancés à l'assaut de Tichy la frondeuse. Sous couvert de « lutter contre la prostitution et la dépravation des mœurs », les réseaux islamo-conservateurs ont tenté de saborder son été. Les huit discothèques et la quinzaine de bars furent désignés comme « lieux de dépravation ». « Une véritable expédition punitive a été menée. Les agresseurs ont saccagé les façades des bars et des hôtels… » se souvient Ali, un restaurateur. Au lieu d'intervenir pour rétablir l'ordre et protéger les infrastructures touristiques de la ville, la préfecture de Béjaïa a pris un arrêté ubuesque ordonnant la fermeture de la majorité des discothèques. Il fallait calmer les ardeurs des islamo-conservateurs. Au mépris des lois.
Tichy la rebelle recommença à respirer avec l'arrivée à la tête de la municipalité de Madjid Kadi, un maire progressiste. L'homme défend la laïcité et l'écologie. Contre les assauts renouvelés de l'islamisme, il ne cède rien, et surtout pas sur le droit des baigneuses : « L'été, notre ville est une véritable mosaïque des 48 wilayas du pays, résume-t-il en souriant, Tichy, c'est l'Algérie ! » Ce sera en tout cas le 7 août, jour de la « baignade républicaine », le sourire des Algériennes.
Le premier forum tunisien qui a inspiré les forums de religion Recherche "les religions font peu de bien et beaucoup de mal" Voltaire
-
- Sujets similaires
- Réponses
- Vues
- Dernier message
-
- 10 Réponses
- 9539 Vues
-
Dernier message par yacoub
-
- 59 Réponses
- 2244 Vues
-
Dernier message par k-sos 4 life
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 4 invités