Bien vu, c'est un des rares passages de la Bible qui semble aller, à première lecture, à contre courant de la pensée biblique dominante. Paul fait ici manifestement des concessions à ses auditeurs, afin de les toucher dans leur terreau culturel (qui est très proche du nôtre et donc c'est intéressant que vous fassiez cette remarque). Il va même plus loin, deux versets après ceux que vous citez, en ajoutant :
«comme l'ont aussi dit quelques-uns de vos poètes : "Nous sommes aussi de sa race." 29 Ainsi donc, puisque nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité ressemble à de l'or, à de l'argent ou à de la pierre, sculptés par l'art et l'imagination de l'être humain.» Or il y a plusieurs façons de comprendre que nous sommes de la "race" de Dieu !
D'ailleurs Paul a eu soin de faire précéder cette phrase de : «En effet, c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être» (17:29). Fidèle à la pensée hébraïque biblique, inclusive, il souligne bien que nous avons la vie EN LUI et non en nous-mêmes, contrairement à ce que prétendait Lucifer à Eve dans le jardin d'Eden.
Notons aussi que les efforts de commmunication interculturelle de Paul se soldent ici, et c'est notable vu ses succès importants ailleurs, par un échec : «Lorsqu'ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent et les autres dirent: «Nous t'entendrons là-dessus une autre fois.» Donc Paul a fait ici des concessions avec la mentalité dichotomique, dissociative, de ses auditeurs occidentaux, mais cela ne lui a pas réussi ! C'est peut-être pour cela qu'il affirme ailleurs avec force ne vouloir prêcher rien d'autre que Christ et christ crucifié. En effet, l'essentiel est là.
Bien sûr que l'être humain est constamment à la recherche de Dieu, mais c'est parce qu'il a dû mal à CROIRE que Dieu est déjà à sa recherche. Le mouvement même de l'homme en direction de Dieu a été suscité par Lui, par son Esprit.
C'est toujours le bon berger qui cherche sa brebis, jamais la brebis qui cherche son berger, dans l'imagerie évangélique. Lorsque Dieu a appelé Abraham a quitter sa patrie, il lui a fait des promesses fabuleuses dont nous continuons de bénéficier aujourd'hui et dont nous bénéficierons encore dans l'éternité (Genèse 12.1-3). Cependant, il est notable que
jamais Dieu ne demande à Abraham de lui faire la moindre promesse en retour, et d'ailleurs Abraham, conscient de sa faiblesse, s'en garde bien. Ainsi la Bonne Nouvelle annoncée à Abraham continue de briller aujourd'hui. C'est alliance éternelle.
https://www.youtube.com/watch?v=9fpNcQzNJJY
Donc Paul est un fin théologien, il faut bien prendre en compte l'ensemble de ses écrits pour bien les interpréter, et notamment par rapport à la croix ! Le motif "en Christ" "en Lui" y est récurrent, indiquant bien que l'action entreprise par Dieu est primordiale et précède, de toute éternité, toutes nos éventuelles réponses humaines à son amour divin.