Un peu de poésie...

Sujet d'actualité Au Québec l'accommodement raisonnable, un sujet d'actualité.
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nuage

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Ecrit le 24 oct.05, 01:28

Message par nuage »

Nous, les artisans de paix

Consacrons notre temps à la vie qui progresse.
Le passé, oublié, en nos âmes se tait,
Quand le vivant présent vient prendre le relais.
Nous avons des moyens de chasser la tristesse,
Sculptons dans tous les coeurs des chemins d'allégresse
Et tissons sur la toile un réseau de tendresse.

Dieu, notre Dieu, penche-toi, s'il Te plaît,
Prends en douceur tous nos coeurs imparfaits.
Aide-nous à puiser en Toi les grands mystères,
Permets-nous d'accomplir Ton oeuvre sur la terre,
Oeuvre d'amour, de bonté, de respect.
Oui, semons le bonheur dans ce vaste univers,
Nous, toutes et tous, les artisans de paix.

Michelle
5 septembre 2004
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osmosis203

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Ecrit le 24 oct.05, 02:43

Message par osmosis203 »

Dieu, notre Dieu, penche-toi, s'il Te plaît,
Oh Mon Dieu mon eternel vieux
penche toi, pour que ton dot fracasse
L'univers est trop vaste, laisse nous édité ca préface
Nous avons nos moyens de nous en sortir,
alors que toi tu ne peut te secourir ....

[/quote]

nuage

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Ecrit le 24 oct.05, 03:00

Message par nuage »

osmosis203 a écrit : Oh Mon Dieu mon eternel vieux
penche toi, pour que ton dot fracasse
L'univers est trop vaste, laisse nous édité ca préface
Nous avons nos moyens de nous en sortir,
alors que toi tu ne peut te secourir ....
[/quote]

:?:
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florence.yvonne

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Ecrit le 24 oct.05, 03:44

Message par florence.yvonne »

osmosis203 a écrit : Oh Mon Dieu mon eternel vieux
penche toi, pour que ton dot fracasse
L'univers est trop vaste, laisse nous édité ca préface
Nous avons nos moyens de nous en sortir,
alors que toi tu ne peut te secourir ....
[/quote]

ton ordinateur n'a pas une option correcteur d'orthographe ?

nuage

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Ecrit le 24 oct.05, 09:36

Message par nuage »

Où en étions nous...a oui:


Prière dans ma cuisine

Seigneur, Maître des pots, des brocs, des marmites
qui sont dans ma cuisine et dont j'ai le souci,
Je ne puis être, hélas ! la sainte qui médite
Assise aux pieds du Maître ou qui brode pour lui,
Avec des blanches mains, la chasuble bénite ;
Alors, que je sois sainte en besognant ici.
Donnez-moi de vous plaire en ranimant la flamme,
En surveillant la soupe, en récurant l'évier.
De Marthe, j'ai les mains, que de Marie j'aie l'âme.
Quand je lave le sol, à genoux sur la dure,
Je pense que vos mains ont touché nos souillures,
Et se sont endurcies exerçant un métier.
De prier longuement je n'ai pas le loisir.
Pourtant je dis encore : « Réchauffez ma cuisine
Au feu de votre Amour. » Que votre paix divine
Corrige les excès de mon humeur chagrine
Et fasse taire mes envies de gémir.
Vous aimiez tant, Seigneur, nourrir vos amis
Sur la montagne, aux abords du lac, dans la chambre,
Quand je leur servirai le repas que voici,
Ce sera vous, Seigneur, qui daignerez le prendre,
Car c'est vous que je sers en les servant ici.

Ne cherche en nulle autre demeure
Ce que tu peux trouver chez toi
C'est encore sous son propre toit
Que l'existence est la meilleure.

Auteur inconnu
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Simplement moi

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Ecrit le 24 oct.05, 09:57

Message par Simplement moi »

nuage a écrit :Où en étions nous...a oui:


Prière dans ma cuisine

Seigneur, Maître des pots, des brocs, des marmites
qui sont dans ma cuisine et dont j'ai le souci,
Je ne puis être, hélas ! la sainte qui médite
Assise aux pieds du Maître ou qui brode pour lui,
Avec des blanches mains, la chasuble bénite ;
Alors, que je sois sainte en besognant ici.
Donnez-moi de vous plaire en ranimant la flamme,
En surveillant la soupe, en récurant l'évier.
De Marthe, j'ai les mains, que de Marie j'aie l'âme.
Quand je lave le sol, à genoux sur la dure,
Je pense que vos mains ont touché nos souillures,
Et se sont endurcies exerçant un métier.
De prier longuement je n'ai pas le loisir.
Pourtant je dis encore : « Réchauffez ma cuisine
Au feu de votre Amour. » Que votre paix divine
Corrige les excès de mon humeur chagrine
Et fasse taire mes envies de gémir.
Vous aimiez tant, Seigneur, nourrir vos amis
Sur la montagne, aux abords du lac, dans la chambre,
Quand je leur servirai le repas que voici,
Ce sera vous, Seigneur, qui daignerez le prendre,
Car c'est vous que je sers en les servant ici.

Ne cherche en nulle autre demeure
Ce que tu peux trouver chez toi
C'est encore sous son propre toit
Que l'existence est la meilleure.

Auteur inconnu
Amen :lol: et pour le vin ? tu sers quoi ? :D

Pour me faire pardonner:
La philosophie du vin
«La consommation modérée de vin a des effets bénéfiques sur la réflexion philosophico-théologique», ont récemment affirmé plusieurs docteurs du Collège dominicain. Leurs constats ont été rapportés lors d'un mini-colloque intitulé «Le vin de la pensée ou la pensée du vin», qui s'est tenu le samedi 3 avril dernier, à Ottawa, en présence de près d'une centaine de personnes.

Lors d'une table-ronde, Michel Gourgues, o.p., a élaboré sur une recommandation de Saint Timothé : «Cesse de ne boire que de l'eau. Prends un peu de vin pour ton estomac.» Maxime Allard, o.p., a abordé le lien entre le vin et l'imagination chez les philosophes, alors que Paul-André Giguère a partagé ses réflexions de théologien sur la coutume de trinquer.

Puis, on a procédé au lancement de In Praise of Wine, une oeuvre hongroise écrite par Béla Havas traitant de la «Philosophie du vin», dont la traduction anglaise a été confiée à Gabor Csepregi, professeur de philosophie au Collège dominicain.

L'après-midi s'est terminé par une petite dégustation de vin, notamment rendue possible grâce à la générosité de l'Ambassade de Hongrie à Ottawa, qui a fourni quelques bonnes bouteilles. Devant le succès remporté par l'activité, les organisateurs souhaitent récidiver, peut-être à l'automne.
:wink:

http://www.collegedominicain.com/fcud/f ... 406_09.htm

nuage

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Ecrit le 24 oct.05, 10:03

Message par nuage »

Pour le vin? mmm...laisse moi chercher...a oui! :

L'âme du vin
Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

« Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

« Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

« Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;

« J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

« En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! »
Le chemin de la sagesse ou de la liberté est un chemin qui mène au centre de son propre être.
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nuage

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Ecrit le 25 oct.05, 00:37

Message par nuage »

Plaintes d'un chrétien
sur les contrariétés qu'il éprouve
au dedans de lui-même

Mon Dieu ! quelle guerre cruelle !
Je trouve deux hommes en moi :
L'un veut que, plein d'amour pour toi,
Mon cœur te soit toujours fidèle ;
L'autre, à tes volontés rebelle,
Me révolte contre ta loi.

L'un, tout esprit et tout céleste,
Veut qu'au ciel sans cesse attaché,
Et des biens éternels touché,
Je compte pour rien tout le reste ;
Et l'autre, par son poids funeste,
Me tient vers la terre penché.

Hélas ! en guerre avec moi-même
Où pourrai-je trouver la paix ?
Je veux, et n'accomplis jamais,
Je veux, mais (ô misère extrême !)
Je ne fais pas le bien que j'aime
Et je fais le mal que je hais !

0 grâce, rayon salutaire !
Viens me mettre avec moi d'accord,
Et, domptant par un doux effort
Cet homme qui t'est si contraire,
Fais ton esclave volontaire
De cet esclave de la mort.

Jean Racine (1639-1699)
Deuxième des "Cantiques spirituels",
"Épître de saint Paul aux Romains", chap. VII.
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Agnos

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Ecrit le 25 oct.05, 00:58

Message par Agnos »

Toujours sur le vin (et du même auteur):
Le vin du solitaire

Le regard singulier d'une femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ;

Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur ;
Un baiser libertin de la maigre Adeline ;
Les sons d'une musique énervante et câline,
Semblable au cri lointain de l'humaine douleur,

Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes pénétrants que ta panse féconde
Garde au coeur altéré du poète pieux ;

Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,
- Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !

nuage

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Ecrit le 25 oct.05, 03:24

Message par nuage »

Toujours Baudelaire....

Le vin des amants
Aujourd'hui l'espace est splendide !
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin !

Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain !

Mollement balancés sur l'aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,

Ma soeur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves !
Le chemin de la sagesse ou de la liberté est un chemin qui mène au centre de son propre être.
[Mircea Eliade]

JusteAli

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Ecrit le 25 oct.05, 04:08

Message par JusteAli »

L'AN NEUF DE L'HEGIRE



Victor Hugo, le 15 janvier 1858


Comme s'il pressentait que son heure était proche,
Grave, il ne faisait plus à personne une reproche ;
Il marchait en rendant aux passants leur salut ;
On le voyait vieillir chaque jour, quoiqu'il eût
A peine vingt poils blancs à sa barbe encore noire ;
Il s'arrêtait parfois pour voir les chameaux boire,
Se souvenant du temps qu'il était chamelier.
Il semblait avoir vu l'Eden, l'âge d'amour,
Les temps antérieurs, l'ère immémoriale.
Il avait le front haut, la joue impériale,
Le sourcil chauve, l'oeil profond et diligent,
Le cou pareil au col d'une amphore d'argent,
L';air d'un Noé qui sait le secret du déluge.
Si des hommes venaient le consulter, ce juge
Laissait l'un affirmer, l'autre rire et nier,
Ecoutait en silence et parlait le dernier.
Sa bouche était toujours en train d'une prière ;
Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ;
Il s'occupait de lui-même à traire ses brebis ;
Il s'asseyait à terre et cousait ses habits.
Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les jours de jeûne,
Quoiqu'il perdît sa force et qu'il ne fût plus jeune.
A soixante-trois ans une fièvre le prit.
Il relut le Coran de sa main même écrit,
Puis il remit au fils de Séid la bannière,
En lui disant : " Je touche à mon aube dernière.
Il n'est pas d'autre Dieu que Dieu. Combats pour lui. "
Et son oeil, voilé d'ombre, avait ce morne ennui
D'un vieux aigle forcé d'abandonner son aire.
Il vint à la mosquée à son heure ordinaire,
Appuyé sur Ali le peuple le suivant ;
Et l'étendard sacré se déployait au vent.
Là, pâle, il s'écria, se tournant vers la foule ;
" Peuple, le jour s'éteint, l'homme passe et s'écroule ;
La poussière et la nuit, c'est nous. Dieu seul est grand.
Peuple je suis l'aveugle et suis l'ignorant.
Sans Dieu je serais vil plus que la bête immonde. "
Un cheikh lui dit : " o chef des vrais croyants ! le monde,
Sitôt qu'il t'entendit, en ta parole crut ;
Le jour où tu naquit une étoile apparut,
Et trois tours du palais de Chosroès tombèrent. "
Lui, reprit : " Sur ma mort les Anges délibèrent ;
L'heure arrive. Ecoutez. Si j'ai de l'un de vous
Mal parlé, qu'il se lève, ô peuple, et devant tous
Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'échappe ;
Si j'ai frappé quelqu'un, que celui-là me frappe. "
Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton.
Une vieille, tondant la laine d'un mouton,
Assise sur un seuil, lui cria : " Dieu t'assiste ! "
Il semblait regarder quelque vision triste,
Et songeait ; tout à coup, pensif, il dit : " voilà,
Vous tous, je suis un mot dans la bouche d'Allah ;
Je suis cendre comme homme et feu comme prophète.
J'ai complété d'Issa la lumière imparfaite.
Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur.
Le soleil a toujours l'aube pour précurseur.
Jésus m'a précédé, mais il n'est pas la Cause.
Il est né d'une Vierge aspirant une rose.
Moi, comme être vivant, retenez bien ceci,
Je ne suis qu'un limon par les vices noirci ;
J'ai de tous les péchés subi l'approche étrange ;
Ma chair a plus d'affront qu'un chemin n'a de fange,
Et mon corps par le mal est tout déshonoré ;
O vous tous, je serais bien vite dévoré
Si dans l'obscurité du cercueil solitaire
Chaque faute engendre un ver de terre.
Fils, le damné renaît au fond du froid caveau
Pour être par les vers dévoré de nouveau ;
Toujours sa chair revit, jusqu'à ce que la peine,
Finie ouvre à son vol l'immensité sereine.
Fils, je suis le champ vil des sublimes combats,
Tantôt l'homme d'en haut, tantôt l'homme d'en bas,
Et le mal dans ma bouche avec le bien alterne
Comme dans le désert le sable et la citerne ;
Ce qui n'empêche pas que je n'aie, ô croyants !
Tenu tête dans l'ombre au x Anges effrayants
Qui voudraient replonger l'homme dans les ténèbres ;
J'ai parfois dans mes poings tordu leurs bras funèbres ;
Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas à pas,
Lutté contre quelqu'un que je ne voyais pas ;
Mais les hommes surtout on fait saigner ma vie ;
Ils ont jeté sur moi leur haine et leur envie,
Et, comme je sentais en moi la vérité,
Je les ai combattus, mais sans être irrité,
Et, pendant le combat je criais : " laissez faire !
Je suis le seul, nu, sanglant, blessé ; je le préfère.
Qu'ils frappent sur moi tous ! Que tout leur soit permis !
Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis
Auraient, pour m'attaquer dans cette voie étroite,
Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite,
Ils ne me feraient point reculer ! " C'est ainsi
Qu'après avoir lutté quarante ans, me voici
Arrivé sur le bord de la tombe profonde,
Et j'ai devant moi Allah, derrière moi le monde.
Quant à vous qui m'avez dans l'épreuve suivi,
Comme les grecs Hermès et les hébreux Lévi,
Vous avez bien souffert, mais vous verrez l'aurore.
Après la froide nuit, vous verrez l'aube éclore ;
Peuple, n'en doutez pas ; celui qui prodigua
Les lions aux ravins du Jebbel-Kronnega,
Les perles à la mer et les astres à l'ombre,
Peut bien donner un peu de joie à l'homme sombre. "
Il ajouta ; " Croyez, veillez ; courbez le front.
Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront
Sur le mur qui sépare Eden d'avec l'abîme,
Etant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ;
Presque personne n'est assez pur de péchés
Pour ne pas mériter un châtiment ; tâchez,
En priant, que vos corps touchent partout la terre ;
L'enfer ne brûlera dans son fatal mystère
Que ce qui n'aura point touché la cendre, et Dieu
A qui baise la terre obscure, ouvre un ciel bleu ;
Soyez hospitaliers ; soyez saints ; soyez justes ;
Là-haut sont les fruits purs dans les arbres augustes,
Les chevaux sellés d'or, et, pour fuir aux sept dieux,
Les chars vivants ayant des foudres pour essieux ;
Chaque houri, sereine, incorruptible, heureuse,
Habite un pavillon fait d'une perle creuse ;
Le Gehennam attend les réprouvés ; malheur !
Ils auront des souliers de feu dont la chaleur
Fera bouillir leur tête ainsi qu'une chaudière.
La face des élus sera charmante et fière. "
Il s'arrêta donnant audience à l'espoir.
Puis poursuivant sa marche à pas lents, il reprit :
" O vivants ! Je répète à tous que voici l'heure
Où je vais me cacher dans une autre demeure ;
Donc, hâtez-vous. Il faut, le moment est venu,
Que je sois dénoncé par ceux qui m'ont connu,
Et que, si j'ai des torts, on me crache aux visages. "
La foule s'écartait muette à son passage.
Il se lava la barbe au puits d'Aboufléia.
Un homme réclama trois drachmes, qu'il paya,
Disant : " Mieux vaut payer ici que dans la tombe. "
L'oeil du peuple était doux comme un oeil de colombe
En le regardant cet homme auguste, son appui ;
Tous pleuraient ; quand, plus tard, il fut rentré chez lui,
Beaucoup restèrent là sans fermer la paupière,
Et passèrent la nuit couchés sur une pierre
Le lendemain matin, voyant l'aube arriver ;
" Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever,
Tu vas prendre le livre et faire la prière. "
Et sa femme Aïscha se tenait en arrière ;
Il écoutait pendant qu'Aboubékre lisait,
Et souvent à voix basse achevait le verset ;
Et l'on pleurait pendant qu'il priait de la sorte.
Et l'Ange de la mort vers le soir à la porte
Apparut, demandant qu'on lui permît d'entrer.
" Qu'il entre. " On vit alors son regard s'éclairer
De la même clarté qu'au jour de sa naissance ;
Et l'Ange lui dit : " Dieu désire ta présence.
- Bien ", dit-il. Un frisson sur les tempes courut,
Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut.

nuage

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Ecrit le 25 oct.05, 04:18

Message par nuage »

I - Ce siècle est grand et fort

Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène.
Partout on voit marcher l'Idée en mission;
Et le bruit du travail, plein de parole humaine,
Se mêle au bruit divin de la création.

Partout, dans les cités et dans les solitudes,
L'homme est fidèle au lait dont nous le nourrissions;
Et dans l'informe bloc des sombres multitudes
La pensée en rêvant sculpte des nations.

L'échafaud vieilli croule, et la Grève se lave.
L'émeute se rendort. De meilleurs jours sont prêts.
Le peuple a sa colère et le volcan sa lave
Qui dévaste d'abord et qui féconde après.

Des poètes puissants, tête par Dieu touchées,
Nous jettent les rayons de leurs fronts inspirés.
L'art a de frais vallon où les âmes penchées
Boivent la poésie à des ruisseaux sacrés.

Pierre à pierre, en songeant aux vieilles moeurs éteintes,
Sous la société qui chancelle à tous vents,
Le penseur reconstruit ces deux colonnes saintes,
Le respect des vieillards et l'amour des enfants.

Le devoir, fils du droit, sous nos toits domestiques
Habite comme un hôte auguste et sérieux.
Les mendiants groupés dans l'ombre des portiques
Ont moins de haine au coeur et moins de flamme aux yeux.

L'austère vérité n'a plus de portes closes.
Tout verbe est déchiffré. Notre esprit éperdu,
Chaque jour, en lisant dans le livre des choses,
Découvre à l'univers un sens inattendu.

O poètes! le fer et la vapeur ardente
Effacent de la terre, à l'heure où vous rêvez,
L'antique pesanteur, à tout objet pendante,
Qui sous les lourds essieux broyait les durs pavés.

L'homme se fait servir par l'aveugle matière.
Il pense, il cherche, il crée! A son souffle vivant
Les germes dispersés dans la nature entière
Tremblent comme frissonne une forêt au vent!

Oui, tout va, tout s'accroît. Les heures fugitives
Laissent toutes leur trace. Un grand siècle a surgi.
Et, contemplant de loin de lumineuses rives,
L'homme voit son destin comme un fleuve élargi.

Mais parmi ces progrès dont notre âge se vante,
Dans tout ce grand éclat d'un siècle éblouissant,
Une chose, ô Jésus, en secret m'épouvante,
C'est l'écho de ta voix qui va s'affaiblissant.

Victor Hugo.
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Ecrit le 26 oct.05, 06:50

Message par nuage »

A Marie
Cause de notre joie


Causa nostrae laetitiae, ora pro nobis.

L'ombre nous envahit dans ce vallon des pleurs ;
Le deuil plane ; il s'étend à notre âme assombrie :
Nos voix ont oublié les chants de la patrie ;
Et plus d'azur au ciel, aux sentiers plus de fleurs !
Sur nos pas égarés dans leur funèbre voie
La nuit tombe, et s'allonge à l'horizon lointain…
Vierge, n'êtes-vous plus l'étoile du matin,
Vous, la Cause de notre joie ?

Tous les fronts sont courbés et tous les cœurs sont las ;
Le vent souffle la honte et pousse à la défaite.
Au lieu des Te Deum de victoire ou de fête,
La peur bat le tocsin, l'ennui sonne le glas ;
L'aile du soir sur nous en linceul se déploie…
Penchez-vous, Mère, au bord de notre obscur chemin ;
Votre regard sera l'aube du lendemain
Et la Cause de notre joie.

Reine de nos aïeux soldats du Christ vainqueur,
Votre divin sourire éclairait leur grande âme :
Ils marchaient dans la gloire, au cri de : « Notre-Dame ! »
L'épée en main, la croix au front, l'espoir au cœur.
Jours de Dieu !… que, par Vous, la France les revoie !
Aux clartés du Credo réveillez notre esprit ;
Et, nous rendant au joug léger de Jésus-Christ,
Soyez Cause de notre joie.

Victor Delaporte, S.J.

In "Le Messager du Cœur de Jésus", Août 1900
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Falenn

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Ecrit le 26 oct.05, 22:51

Message par Falenn »

C'est la chaude loi des hommes
Du raisin ils font du vin
Du charbon ils font du feu
Des baisers ils font des hommes

C'est la dure loi des hommes
Se garder intact malgré
Les guerres et la misère
Malgré les dangers de mort

C'est la douce loi des hommes
De changer l'eau en lumière
Le rêve en réalité
Et les ennemis en frères

Une loi vieille et nouvelle
qui va se perfectionnant
Du fond du coeur de l'enfant
Jusqu'à la raison suprème."

Paul Eluard.

nuage

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Ecrit le 28 oct.05, 10:12

Message par nuage »

Le sourire de Dieu

J'entends dire, ô mon Dieu, que vous êtes sévère,
Qu'on ne peut qu'en tremblant prononcer votre Nom,
Que dans votre justice, et dans votre colère,
Vous jugez, vous frappez, sans pitié ni pardon…

Oh ! qu'il en soit ainsi pour ceux qui vous blasphèment
Ou qui dans leur orgueil s'élèvent contre vous,
Je le comprends, Seigneur !… Mais, pour ceux qui vous aiment,
Ne vous montrez-vous pas le Père le plus doux ?

Vous en avez toujours l'ineffable sourire,
Sourire qui dissipe et chasse nos frayeurs,
Sourire qui nous charme et vers Vous nous attire,
Sourire qui pénètre et qui ravit nos cœurs.

Ce sourire, ô mon Dieu, m'apparaît dès l'aurore,
Lorsque je vous salue à mon premier réveil ;
Il me suit tout le jour, et je le vois encore
Quand je m'endors le soir, et jusqu'en mon sommeil.

Ce sourire, ô mon Dieu, je le vois quand je lutte
Pour défendre ma foi qu'on voudrait étouffer…
Contre tous les efforts auxquels je suis en butte,
C'est lui qui m'encourage et me fait triompher.

Ce sourire, ô mon Dieu, je le vois quand le monde
M'appelle à partager ses fêtes, ses plaisirs,
Et d'une telle paix, il m'enivre, il m'inonde
Que vers Vous seul alors se portent mes désirs.

Si j'ai parfois, hélas !… un instant de faiblesse…
Si je m'égare un jour, si je tombe en chemin,
Avec votre sourire, avec votre tendresse,
Vous vous penchez vers moi, vous me tendez la main.

Quand je souffre, ô mon Dieu, quand j'ai l'âme blessée
Par quelqu'un de ces traits qui font saigner le cœur,
Ce doux sourire encor, revient à ma pensée
Et moi-même aussitôt, je vous souris, Seigneur !…

Maintenant, ô mon Dieu, qui donc pourrait se plaindre
De ne trouver en Vous que d'amères rigueurs ?
Qui pourrait se troubler, et qui pourrait vous craindre,
Quand nous sommes ainsi comblés de vos faveurs ?

Qui pourrait dire encor que vous êtes sévère,
Qu'on ne peut, qu'en tremblant, prononcer votre Nom,
Que dans votre justice et dans votre colère,
Vous jugez, vous frappez, sans pitié ni pardon ?

Pour moi, je vois partout l'ineffable sourire
Qui tombe constamment de vos lèvres, Seigneur !
C'est par lui que je vis, par lui que je respire,
Par lui que j'ai trouvé le souverain bonheur.

...........................................

Sourire de mon Dieu, si, même dans ce monde,
Tu me montres déjà tant d'éclat, de beauté,
Si tu mets en mon âme une paix si profonde,
Que seras-tu là-haut, durant l'Eternité ?…

L. Chevojon,
Curé de Notre-Dame des Victoires
Le chemin de la sagesse ou de la liberté est un chemin qui mène au centre de son propre être.
[Mircea Eliade]

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