@Saint Glinglin : précision. J'entendais pas égoïsme et égocentrisme le fait de
rechercher avant tout notre satisfaction personnelle, ce qui, nous le pensons, nous apportera le bonheur ou du bonheur, du bien être, de la joie. Et ce sans nous demander si cela affectera ou non notre voisin, notre prochain.
De vous y trompez pas, je pense ou du moins
je veux croire que l'humain est relativement équilibré, et capable de bien plus d'altruisme que l'on ne croit et de bien moins d'égoïsme qu'on ne le pense ou qu'on veut nous le faire croire. J'ai lu un excellent livre il y a quelques années "L'âge de l'empathie", de Franz de Waal.
Toutefois il s'agirait
d'une tendance "lourde" et "subtile", profonde. Récemment j'ai lu un texte du moine Matthieu Ricard qui expliquait que même au sein d'ONGs qui par principe se soucient d'altruisme on trouvait un problème, car celles-ci parfois apportaient leur aide à des autochtones selon ce que les membres de cette ONG pensaient que les locaux avaient besoin et non selon ce dont les locaux avaient vraiment besoin.
Donc même au sein d'ONGs il y avait cette tendance à croire que ce qui est "bon" pour moi est nécessairement bon pour l'autre. Une illustration de la compassion mais sans la sagesse.
Comme situation ou le "moi" s'emparait de la pratique je pense à la parabole du pharisien et du publicain. Le pharisien fait la publicité de sa dévotion et s'estime déjà sauvé par son dieu en raison de cette même dévotion. Il méprise d'ailleurs le publicain si mes souvenirs sont bons. Il ne se soucie donc pas du salut de son prochain, de ce publicain, mais uniquement du sien propre. Et dans son orgueil prétend déjà connaître le décret divin le concernant, en sa faveur évidemment, puisqu'il est très dévot. Evidemment Yeshua le condamne.
La question s'est posée autrefois (en des termes que je trouve d'ailleurs personnellement sans objet, absurde) entre les 2 courants de la voie bouddhique : le petit véhicule ou véhicule des Anciens et le grand véhicule ou Véhicule des bodhisttvas. Entre les "bouddha pour soi/par soi" et ceux qui cherchent l’Éveil pour libérer tout le monde.
Je crois que le "moi" peut pervertir subtilement jusqu'aux textes sacrés qui sont après tout rédigés par des humains.
Pour faire "bonne mesure" on trouve aussi des actes terribles commis au nom d'autres religions que celles du Livre. Prenez les sacrifices humains pratiqués par les Aztèques. Étonnamment ceux-ci agissaient dans un but "bienveillant" ou "altruiste" et avec une certaine dose de compassion, puisque le sang des victimes (droguées pour apaiser leurs souffrances) servait à alimenter les dieux qui, sans cela, mourraient de faim en entraînant l'effondrement du cosmos
(du moins selon la mythologie Aztèque). Et même la voie du Bouddha qui pourtant insiste lourdement sur les effet pervers de la croyance en un "moi" séparé n'est pas épargnée, que ce soit la collaboration d'une partie du clergé zen nippon à la vision expansionniste et raciste du régime impérial pendant la seconde guerre mondiale, ou les affrontements entre sectes zens à l'époque de Maître Dôgen ou actuellement avec les agissements d'Ashin Wiratu au Myanmar. Ou même à l'époque du Bouddha lui même puisqu'il fut trahi par un de ses propres disciple les plus proches, Devadatta, mu par l'ambition personnelle.
L'horreur peut côtoyer le magnifique. J'ai appris récemment que la civilisation minoenne, sur l'île de Crête, puissante, avancée technologiquement, riche artistiquement, dévote, celle qui est considérée comme la première civilisation européenne et qui a peut être inspiré le récit mythique de l'Atlantide chez Platon, pratiquait aussi l'anthropophagie (je ne me souviens plus si c'est pour des raisons religieuses).
Pour revenir à ce que j'évoque au début, formulé autrement : une tradition religieuse ne devrait être la propriété de personne, ce devrait être un patrimoine commun. C'est une tentation bien trop grande. Subtilement les conceptions du "propriétaire" vont envahir et remplacer le message religieux aussi généreux et positif ou pacifique soit-il. Yeshua condamna publiquement et sans ambiguïté la violence physique et pourtant nombre de massacres furent commis au nom du christianisme. Avec la bénédiction du clergé chrétien. En 1914-1918 on bénissait encore les canons sur le champ de bataille.
Je comprends le besoin d'avoir un groupe de "professionnels" du culte pour guider les laïcs si besoin afin de pratiquer correctement mais
je comprends aussi le point de vue de nos amis protestants qui sont encourager à étudier par eux-mêmes leurs textes sacrés.
Autre précision : je ne me considère nullement comme propriétaire de ce que je souligne, ce que j'avance n'a rien d'original, d'autres y ont surement pensé avant et formulé avant moi sans doute mieux que moi. C'est surtout un rappel.
On devrait se dire à chaque fois que l'on pratique : qui je sers vraiment ? Qui j'écoute vraiment ? La voix de mon maître spirituel ou de mon dieu ? Ou la mienne ? Est ce que je sers vraiment le bien commun ou seulement ma satisfaction personnelle ?
On devrait aussi se dire : est ce que j'ai vraiment bien compris ce que ma tradition spirituelle attend de moi ?
Il est dit :
Évangile de Luc, chapitre 16 verset 13 :
"Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres. Ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon."
On peut remplacer l'argent pas son ego/moi.
Il est aussi dit :
Romains 14
…3 Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l'a accueilli. 4 Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d'autrui ? S'il se tient debout, ou s'il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l'affermir. 5 Tel fait une distinction entre les jours; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction.…
Je proposerais bien d'étendre cela à tout dialogue inter religieux authentique. Si ce n'est pas déjà fait.
![mains :mains:](./images/smilies/mains.gif)
"La seule chose que j'accepterais de tuer ce serait la colère".