Ryuujin a écrit :toujours la même généralisation abusive latente...
je vais rebondir sur un propos de Felix :
tu as le droit de ne pas aimer ces religions, de t'en méfier.
C'est tout a fait légitime ( et je te comprends tout a fait ).
le problème, c'est quand on entend généraliser ça, ou plutôt, faire glisser sa méfiance des dogmes à ceux qui y croient, ou qu'on ancre cette méfiance, qu'on la crystallise.
le titre de ce topic est très bien choisi.
ceci dit, vous faites la différence entre islam et islamisme ?
examons la question dans le fond, cela permettra de mieur s'entendre sur la forme :
L'islam est une religion, chronologiquement le troisième grand courant monothéiste de la famille des religions abrahamiques. Apparu en Arabie au VIIe siècle, il s'ajoute au courant judaïque et au courant chrétien desquels il hérite de nombreux éléments.
L'islam a un livre sacré, le Coran, qui recueille les révélations de dieu au prophète Mahomet.
L'Islam avec I majuscule désigne la civilisation islamique.
L'islamisme est une idéologie affirmant que l'islam est non seulement une religion, mais un système qui devrait selon les interprétations régir également les aspects politiques, économiques et sociaux de l'État. L'islamisme prône notamment l'instauration de la charia.
En tant que telles, la rhétorique et la littérature de l'islamisme rivalisent non pas avec les autres religions, mais avec d'autres idéologies, tel que le nationalisme, le communisme, le capitalisme, le fascisme, etc.
L'islamisme est un phénomène complexe et difficile tant à décrire qu'à interpréter car le terme décrit une grande variété de discours et de modes d'action. De nombreux auteurs se sont penchés sur ce phénomène et en fournissent des explications et des interprétations diverses qui varient en fonction de la définition donnée à l'islamisme, des mouvements, des modes d'actions ou des périodes étudiées : de toute évidence il est difficile d'interpréter de la même manière le terrorisme islamiste et les jami'at, associations caritatives musulmanes.
Bien que certaines formes d'islamisme s'en rapprochent par certains aspects, l'islamisme est un phénomène bien distinct des phénomènes suivants : fondamentalisme, traditionalisme, intégrisme, terrorisme.
On peut être musulman sans être islamiste. Musulman renvoie à la religion de l'Islam. Islamique renvoie à l'adjectif de l'Islam. Islamiste renvoie à une conception à part, qui est la promotion de l'Islam par divers moyens. L'Islamiste n'est pas forcément un terroriste. Cela renvoie à une interprétation spécifique donnée à un moment particulier. L'islam est à la fois une religion et une culture.
Le traditionalisme dépasse largement l'islamisme, c'est un discours lié à la tradition, pas forcément à la tradition musulmane. Il renvoie à tout ce qui est conservateur, nostalgique du passé et possède un discours très moral. Ce dernier concept puise souvent dans la religion, où se trouvent des éléments sur la moralité des mœurs. Le traditionalisme musulman à l'œuvre dans les campagnes et dans les villes est ainsi plutôt un islamisme (le voile est différent dans les campagnes : comme un fichu, et dans les villes tel qu'on le connaît, bien couvrant et attaché) : couches sociales défavorisées, peu scolarisées, d'âge mûr, et peu ouvertes à l'occident. Ces critères sociaux s'éloignent de ceux des islamistes. Les islamistes se trouvent plutôt dans les milieux lettrés, maîtrisant les techniques occidentales (télévision, vidéos, etc.). Ils ne sont pas porteurs d'archaïsme comme les représente la vision la plus répandue en Occident, au contraire : l'islamisme est le fruit de la modernité.
Le fondamentalisme participe largement à la démarche islamiste. Le fondamentalisme cherche à effectuer un retour aux écritures, aux fondements de la religion, et à la période idéalisée des quatre premiers califes. Il y a clairement une idée de retour vers le passé, mais le fondamentalisme se différencie du traditionalisme, car il critique tout ce qui est de l'ordre de la tradition. Dans cette optique, la tradition a sclérosé la religion, elle l'a éloignée de sa pureté originelle. Le fondamentalisme récuse la tradition et veut rénover la religion, il n'est pas conservateur car il y a une volonté de transformation (il peut même être révolutionnaire) et produit des militants. Tous les islamistes sont des fondamentalistes, ils sont partisans du retour aux textes sacrés. Mais ils sont en désaccord sur les moyens de ce retour. L'islamisme contient le passage vers la sphère politique, une vision politique de la religion et cherche un retour à la pureté par le projet politique. Les fondamentalistes se limitent à la sphère morale, voire juridique, sans volonté de conquête du pouvoir.
L'intégrisme désigne à l'origine un phénomène propre à la religion chrétienne. Il ne cherche pas à rendre compte d'un problème d'interprétation, mais d'un problème pratique : le refus d'adaptation de l'Église en matière liturgique et sociale. Il sert de plus en plus à désigner les fondamentalistes ayant la lecture la plus rigide de la religion, sans possibilité d'exégèse. C'est une partie du mouvement islamiste qui gagne du terrain et conduit à un blocage dans le monde musulman.
Le projet politique de l'islamisme peut être traditionaliste ou fondamentaliste quand il se construit par opposition à une société démocratique, ou bien réformateur et révolutionnaire quand il est proposé comme alternative aux actuelles dictatures dans le monde arabe et musulman.
L'extrémisme implique que la violence est le seul et unique moyen pour parvenir à mettre en place un projet politique islamiste. Plusieurs courants islamistes réfutent la violence et d'autres l'envisagent ouvertement contre les "infidèles" et les "apostats.
voila, c'était peut-etre un peu long, mais maintenant ont a peut-être des bases plus solides pour discuter