Crosswind a écrit :Le test de Turing, selon Penrose,
[…] est censé permettre de dire raisonnablement si telle ou telle machine pense (ou ne pense pas)
Il ajoute :
Pour un opérationaliste, l'ordinateur est dit penser dès lors qu'il agit de façon telle qu'on ne puisse faire la différence avec une personne qui agit en pensant réellement.
Pour Turing donc, si un ordinateur se comporte de manière telle qu'on ne sait le distinguer d'un être humain, alors on peut considérer qu'il bénéficie d'une conscience.
Penser ne nécessite pas forcément une conscience. Le test de Turing n'est qu'un test d'intelligence artifitielle.
Selon moi :
Toute pensée est nécessairement intelligente mais n'est pas nécessairement consciente, alors que toute conscience possède toujours nécessairement un certain degré d'intelligence, sans être nécessairement pensante en termes de pensée pouvant s'exprimer dans un langage.
Intelligence et conscience sont à prendre comme 2 choses distinctes.
Crosswind a écrit :Penrose formule ensuite cette question :
[…] Se pose […] la question de savoir si un ordinateur qui a passé avec succès le test de Turing doit nécessairement être considéré comme ayant des sentiments, comme pensant, comme comprenant, etc...
Comme pensant, intelligent et comprenant, nécessairement. Comme doué de sentiments je ne le pense pas. Mais une intelligence artificielle développera très probablement ses propres affects (un affect n'étant pas nécessairement conscient, alors qu'un sentiment, c'est-à-dire : un ressenti émotionnel, par définition, l'est forcément).
Mais une conscience, je ne vois pas comment... à moins que cette intelligence ne parvienne à découvrir et maîtriser une physique que nous ne connaissons pas encore et ne maîtrisons pas encore, celle à la base de notre propre conscience.
Crosswind a écrit :Il y répond lui-même, partiellement :
... nous avons de fort bonnes raisons de considérer que réussir le test de Turing est un bon indice de la présence dans la machine d'une intelligence, d'un entendement ou d'une conscience. Car comment, sinon par la conversation, décidons-nous que quelqu'un possède ces qualités ?
J'ai déjà répondu : d'une intelligence oui, d'un entendement oui, mais d'une conscience comme je la définis, l'on en est encore très loin.
On développera des I.A. bien avant que des C.A. (consciences artificielles) voient le jour, c'est certain.
Crosswind a écrit :Il mentionne ensuite, et c'est important :
Toutes ces considérations sont importantes lorsque l'on se pose la question, essentielle, de savoir si le point de vue opérationaliste fournit vraiment un ensemble raisonnable de critères permettant de juger de la présence ou de l'absence de qualités mentales chez un objet. Ce que certains dénient avec vigueur. Une imitation, aussi habile soit-elle, n'est pas nécessairement identique à la chose réelle. Pour ma part, j'adopterai une position en quelque sorte intermédiaire. J'ai tendance à penser qu'en règle générale une imitation, aussi parfaite soit-elle, doit toujours pouvoir être détectée par des moyens suffisamment perfectionnés - il s'agit cependant là plus d'un acte de foi (ou disons d'optimisme scientifique) que d'un fait démontré.
Les qualités mentales sont des qualités conscientes. Je pense qu'il ne faut pas confondre qualité mentale et qualité intellectuelle ou comportement intelligent.
De là une distinction qu'il me semble importante de faire : c'est celle entre les concepts d'esprit et de conscience.
Les I.A. répondant au test de Turing devrons êtres considérées a priori comme des esprits voire des individus pensants, mais pas comme des sujets.
Crosswind a écrit :Mon questionnement : Penrose avoue un acte de foi, preuve à mes yeux d'une belle lucidité intellectuelle. Mais quel est donc le point de vue philosophique dominant sur l'apparition ou pas d'une conscience au sein d'une chose, quelle qu'elle soit, ayant réussi le test de Turing ?
Je vais te donner le mien :
Pour qu'une machine soit considérée comme consciente, il faudrait déjà savoir ce qui objectivement explique intégralement notre conscience (nous en sommes très loin) et ensuite montrer que tous les critères physiques sont remplis.
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La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit sont lot d'expériences vécues.
Sagesse !