agecanonix a écrit : ↑21 févr.20, 08:12 Pour Benfis
Paul écrit à une congrégation composée d'hommes, de femmes, d'enfants, de gens simples socialement pour la plupart. Aucun d'entre eux n'a probablement fait d'étude théologique.
La question est simple : la résurrection. Qu'est ce que c'est, aura t'elle lieu, et que se passera t'il à ce moment là ?Paul va utiliser tout le chapitre 15 pour expliquer tout cela, soit 58 versets et à peu près 1100 mots.
- verset 12. comment se fait-il que certains parmi vous disent qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?
verset 35. Comment les morts doivent-ils être ressuscités ? Oui, avec quelle sorte de corps reviennent-ils ?
Première constatation: alors que le sujet est le retour à la vie, la résurrection, Paul ne va utiliser qu'une seule fois le mot "âme", et pour expliquer en plus qu'il s'agit du corps humain.
Tu serais capable, Benfis, sans le vouloir et donc inconsciemment, d'écrire 1100 mots sur l'automobile sans jamais citer le mot "moteur" ou un équivalent?
Et bien Paul l'a fait avec le mot âme. Cela peut sembler normal pour un TJ qui ne croit pas que l'âme soit une entité indépendante du corps, mais c'est impossible dans l'hypothèse où l'âme serait l'élément commun entre le corps humains qui meure et le corps spirituel à naître.
Paul va même aller plus loin. Il va écrire, noir sur blanc, que si la résurrection n'avait pas lieu, alors tous les chrétiens et à fortiori tous les humains morts depuis l'origine auraient disparus définitivement, sans aucun autre espoir de survie.
Il dit : Quant à ceux qui se sont endormis dans la mort en union avec Christ, ils ont disparu pour toujours
Paul ajoute même au verset 19: car si c'est en cette vie seulement que nous avons mis notre espoir en Christ, nous sommes les plus à plaindre.
Comment concilier cette phrase avec l'idée d'une survie de l'âme, car, et cela semble pourtant évident, survivre c'est continuer à vivre.
On ne peut donc pas affirmer que la seule vie possible serait la présente si on est en même temps persuadé que notre âme n'aura même pas à mourir.
L'expression " cette vie seulement" et donc la vie humaine seulement, serait la seule en laquelle nous pourrions espérer si la résurrection n'avait pas lieu, dit Paul.
Mais alors, ce serait quoi cette survie de l'âme si elle existait . Pas une vie puisque Paul vient précisément et à deux reprises nous expliquer que seule la résurrection donne un espoir de vie future..
Et c'est ici que l'explication de la fin du chapitre 15 vient nous aider.
Paul y explique que le corps, qu'il nomme grain, doit mourir pour permettre la résurrection. Son but est d'expliquer que ce corps ne peut pas être celui des ressuscités, qu'il lui faut disparaître complètement parce qu'il est touché par l'imperfection.
Paul est ainsi cohérent du début à la fin du chapitre 15 de 1 Corinthiens. L'âme n'est pas le trait d'union entre le corps charnel qui meurt et le futur corps des chrétiens appelés. Paul a d'ailleurs repris la définition de la Genèse qui affirme que l'âme est précisément le corps humain qui meurt..
Certains doutent ici de la capacité de Dieu de ressusciter vraiment un humain sans survie de l'âme car ils posent comme axiome que Dieu ne reconstruirait qu'un double du défunt.
C'est oublier que Dieu est le concepteur de la vie, des mécanismes de la conscience, de la possibilité de se concevoir comme un être vivant, aimant et indépendant.
Il en est l'inventeur. Il sait mieux que toi comment cela fonctionne. Et s'il est capable de maintenir cela parfaitement intact dans un corps humain, il y a tout lieu de penser qu'il est aussi capable de figer l'ensemble de ces éléments dans un cadre qui ne serait pas forcément vivant. Ce que la bible nomme un sommeil, ce que l'Ecclésiaste décrit comme un état d'inconscience absolue et ce que Job signale comme pouvant être conservé par la mémoire de Dieu.
toutes ces définitions satisfont les TJ car elles sont bibliques, mais quand on a lu Paul, il est impossible de croire en une survie de l'âme puisque précisément, quand Paul en parle dans un sujet dédié à la survie, c'est pour dire que l'âme est le corps périssable.
Le but des explications de Paul était de faire comprendre qu'en ressuscitant, on ne récupère pas son corps terrestre, comme certains pouvaient le penser. Malgré les 1100 mots utilisé (je n'ai pas compté), il n'a en effet pas parlé du moyen utilisé par Dieu.
Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Nous avons déjà échafaudé quelques hypothèses, mais ce que je peux dire, c'est qu'il est difficile d'affirmer que ce moyen dont il ne parle pas ne peut pas être l'âme. Cette lacune avait été comblée par Jésus, à mon sens.
Le fait que la Bible considère cette période comme un sommeil va plutôt dans le sens d'une existence léthargique, semblable à celle d'une graine séchée. Quant à la mémoire de Dieu, il se pourrait justement que l'âme en soit un élément vivant.
Ce ne sont donc pas là des arguments qui contrarient le concept de l'âme qui survit à la mort du corps.
Selon la Genèse l’âme n’est pas le corps mais le corps devient une âme, dans le sens d’un être vivant :Et n’ayez pas peur de ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent pas tuer l’âme. Craignez plutôt celui qui peut détruire à la fois l’âme et le corps dans la géhenne.
Prenons pour hypothèse que le mot âme prenne le sens le plus couramment utilisé dans les évangiles, savoir la vie.
Déjà, et c'est important, ce serait con-textuellement logique car dans la même conversation, quelques instants après avoir prononcé les paroles sur le corps et l'âme, Jésus dit ceci : Celui qui essaie de sauver son âme la perdra, mais celui qui perd son âme à cause de moi la sauvera
Tout le monde traduit ici le mot âme par "vie". Il arrive peu souvent, dans la bible ou ailleurs, qu'un mot puisse ainsi changer de sens en quelques secondes dans le discours d'une personne.
En plus cela a un sens que de dire que ceux qui tuent le corps ne peuvent pas toucher à la vie, non pas la vie ordinaire, mais celle que Dieu réserve à ses fidèles et qui ne peut pas disparaître dans la gehenne.
Le texte se comprendrait donc ainsi : Et n’ayez pas peur de ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent pas tuer votre vie future. Craignez plutôt celui qui peut détruire à la fois cette vie et le corps dans la géhenne.
Je rebondis aussi sur cette expression : celui qui perd son âme à cause de moi la sauvera
Curieuse association entre le sens du mot âme dans ce texte puisqu'il est question de la mort de l'âme par fidélité à Jésus, et le sens que vous lui donnez, à savoir que l'âme ne pourrait mourir.
Si j'associais les deux sens dans le même texte nous aurions cette curiosité :
- Celui dont l'âme (qui ne peut pas mourir) meurt pour moi, la sauvera de la mort, c'est à dire fera qu'elle ne mourra pas (bien qu'elle ne puisse pas mourir). ..
Il y a ici une opposition impossible. Soit l'âme peut mourir, et même pour un fidèle, soit elle ne peut pas mourir, et alors on ne peut pas dire que Dieu la sauvera ..
"L'Eternel Dieu façonna l'homme avec la poussière de la terre. Il insuffla un souffle de vie dans ses narines et l'homme devint un être vivant". (Genèse 2:7).
Pour bien comprendre ce que veut dire le mot âme, le mieux à mon avis, est de consulter la version biblique de Chouraqui qui traduit systématiquement âme par être. L’âme est différentiée du corps physique bien que ce soit à partir de dernier (et du souffle divin) qu’elle est générée.
Ainsi le texte de Matthieu 16:25 est traduit ainsi : "Oui, qui veut sauver son être le perd; mais qui perd son être à cause de moi le trouve."
et Matthieu 10:28 : "Ne frémissez pas des tueurs du corps qui ne peuvent tuer l’être, mais frémissez de qui peut perdre et corps et être dans la Géhenne."
L’âme, c’est donc l’être, la personne, le moi. Le mot âme est ensuite aussi utilisé comme synonyme de vie et parfois de corps, de personne, etc. Cependant dans les paroles de Jésus on ne peut pas raisonnablement remplacer âme par corps ou par vie. La phrase n'aurait plus de sens sans y ajouter un complément d’informations (comme certains traducteurs s'y sont essayés).