La péricope qui rapporte l’histoire de la femme adultère est bien connue, surtout à cause de son message qui met en évidence la grande miséricorde de Dieu, laquelle se manifeste dans la personne de Jésus. Pourtant, les exégètes modernes y ont consacré des fleuves d’encre surtout pour d’autres raisons : ce sont d’abord les problèmes historico-critiques de l’authenticité du texte de Jean et de sa place dans le canon, c’est aussi la signification du geste mystérieux de Jésus qui écrit avec son doigt sur le sol. Parmi les problèmes historico-critiques, le plus important est celui que soulève la critique textuelle qui, avec la majorité des chercheurs, affirme qu’à l’origine la péricope n’appartenait pas à l’évangile de Jean. C’est pourquoi certains commentaires importants ne la considèrent même pas, ou s’ils la considèrent, ils ne la font pas remonter à Jésus et jugent qu’elle ne peut être comptée parmi les textes d’« une tradition communautaire de style juif ». Toutefois, la majorité des exégètes fait valoir à juste titre que le récit a toutes les caractéristiques d’une
ancienne tradition sur Jésus, reprenant souvent les mots de Wilhelm Heitmüller, qui appelle la péricope une « perle égarée de la tradition antique ».
En conclusion, bien que l’authenticité johannique de la péricope soit probablement à exclure, toutefois, étant donné les anciens témoignages ecclésiastiques et les caractéristiques de son texte, ainsi que son message décidément évangélique, il n’est guère possible de douter de sa valeur canonique : il s’agit bien d’un
récit qui provient de l’ancienne tradition orale sur Jésus.
https://journals.openedition.org/rhetorique/488
En Exode 3,14 ; la TMN 2018 : "
je deviendrai ce que je choisirai de devenir".
La différence est pourtant considérable, à tel point qu'on peut se demander si les réviseurs l'ont vraiment mesurée. La formulation antérieure limitait prudemment la portée de la formule à la manifestation (ou à la révélation) de "l'être" divin -- un Dieu qui pourrait se montrer (être) de diverses manières, sans que son "être" (son "essence", sa "quiddité", sa "nature", ce qu'il est) en soit nécessairement affecté.
Désormais Dieu non seulement devient (autrement dit, change), mais en outre il choisit ou décide de devenir (ce qu'il veut) -- aucune réserve d'"être" (d'essence, de quiddité, de nature ou d'identité) n'est en principe à l'abri de ce "devenir".