Jean 16,28 : "Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde et je vais vers le Père"a écrit :« Je suis sorti du père » in principio creavit ou berechith bara, בראשית ברא . Cela saute aux yeux mais personne ne commente.
L'expression "Je suis sorti du Père" indique-telle que le Christ serait une "émanation" du Père, qu'il serait issu de son "essence" et que son retour vers le Père correspondrait à une forme de réintégration dans l'essence du Père ?
L'évangile de Jean souligne que Jésus est l'envoyé de Dieu, en réalité (pour Jean), Dieu s'est envoyé lui-même sur terre, Jésus étant son émanation.
Il faut cependant noter que chez "Jean" la "réintégration" (du Fils ou des élus) au Père n'est pas une "annulation" pure et simple des différences (il y a des "demeures" dans la maison du Père, 14,1ss). Même 1 Corinthiens 15 qui suggère plus nettement l'idée d'un "effacement" du Fils au terme de sa mission (cf. v. 28, "lorsque tout lui sera soumis, alors le Fils lui-même se soumettra à celui qui lui a tout soumis, pour que Dieu soit tout en tous") n'abolit pas le pluriel ("tous") dans l'unité ("tout"). Jusque dans les systèmes "gnostiques", le "plérôme" de l'unité divine reconstituée est et n'est pas l'unité antécédente aux "émanations" originelles. Le "retour à l'origine" est par définition aporétique, puisqu'une origine à laquelle on revient est par là même autre chose qu'une origine: une destination. La différence marque l'unité d'une trace indélébile, comme celle d'une "histoire" ou d'une "écriture" qui ne s'efface pas sous prétexte qu'elle est achevée (ou accomplie).