Un second argument est proposé par ce blog.
Deuxièmement, l’incapacité de l’homme est une incapacité coupable puisqu’elle vient de sa volonté : non seulement l’homme ne peut pas revenir à Dieu, mais il ne veut pas.
Comment une incapacité pourrait elle être coupable si elle est voulue par Dieu ? Si Dieu fait le choix, avant sa conception, qu'un humain sera incapable de rester sans péché, c'est que Dieu agit sur cet homme pour qu'il en soit ainsi.
L'homme, non encore vivant, n'a pas la moindre emprise sur ce qu'il sera. Si Dieu est le seul à avoir cette emprise, alors ce que deviendra cet homme, dans l'hypothèse défendue par ce dogme, est le résultat de la volonté de Dieu et non pas celle de cet homme, qui a été fabriquée ou programmée par Dieu.
Ce que fera cet homme, si Dieu a décidé son futur avant sa naissance, est donc la volonté de Dieu.. et si cet homme agit mal, ce sera parce que Dieu souhaite qu'il agisse mal..
La formulation de cet argument est un peu choquante :
L’homme ne peut pas revenir à Dieu et il ne le veut pas..
Mais au final, puisque c’est Dieu qui a décidé de ce que voudra et pourra faire cet humain, ce n’est pas l’homme qui en est responsable, c’est Dieu.
Illustrons cela.
Vous faites décoller un avion avec un réservoir d’essence presque vide pour atteindre l’objectif que vous donnez quand même au pilote.
Il ne peut donc pas y arriver. Et en plus, vous le programmez (par hypnose par exemple) pour ne pas vouloir y aller.
L’avion va donc s’écraser ou se perdre et vous n’aurez plus qu’à alléguer que la faute revient au pilote parce qu’il ne pouvait pas et en plus, le méchant que voilà, il ne voulait pas y aller.
Plaider cela en Justice et attendez vous au pire quand le jugement tombera.
L'évangélisation.
Si c'est Dieu qui choisit les croyants, à quoi sert l'évangélisation alors ?
Si tous les élus de Dieu seront sauvés, il ne faut pas confondre les deux notions. Un élu sera sauvé, il accédera tôt ou tard au salut. Néanmoins, tant qu'il n'a pas mis sa foi en Christ, il n'est pas sauvé. Cela veut dire que Dieu a aussi fixé les moyens par lesquels les élus accéderont au salut. Ainsi les élus doivent entendre le message de l'évangile, adhérer, croire. Le moyen par lequel ils l'entendront, c'est la prédication. L'évangélisation est le moyen choisi par Dieu pour faire passer les élus de leur statut d'élus à celui de sauvés. Actes 13.48 signale par exemple que "tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent" à la proclamation de la bonne nouvelle. Paul affirme aussi que "ceux qu'il a choisis d'avance, il les a aussi appelés" (Rm 8.30).
L'explication ci dessus ne constitue ni une preuve, ni un argument en faveur du déterminisme mais tout simplement une défense face à un argument qui est volontairement déformée et minimisé pour coller avec la réponse.
La vraie question est : pour quelle raison une évangélisation de tous les humains, sans exception, si Dieu n’en choisit que quelques uns.
Un exemple : si vous êtes capable, par un moyen miraculeux (n’oublions pas que l’on parle de Dieu), de trouver les humains que vous avez choisis, sans aucune chance d’en oublier un seul, pour quelle raison frapper à la porte de milliards d’humains non concernés.
C’est comme tamiser des tonnes de terre pour retrouver ce que vous n’avez jamais perdu car vous savez où cela se trouve.
Le travail d’évangélisation du premier siècle ne consistait pas à frapper à une porte, à donner deux ou trois commentaires, à prier Dieu en imposant les mains et à attendre pour voir si cela fonctionnait ou pas.
Un énorme travail de persuasion commençait ensuite. Il suffit de voir comment Paul s’y prenait, il raisonnait, persuadait, argumentait sans arrêt.
Il fallait donc, non pas récupérer un disciple, ou trouver un disciple, mais
faire un disciple.
Et c’est le disciple qui décidait ou non de s’engager .
Le livre des Actes apporte un renseignement capital.
Actes 17:30
- Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir,
L'intérêt de ce texte réside dans le fait que l’on parle ici de
ce que Dieu fait.
C’est lui, dit le texte, qui dit “
à tous les hommes” qu’il faut se repentir.
Si Dieu savait depuis toujours qui doit être sauvé, il n’aurait pas à le dire “
à tous les hommes” mais à ceux qui sont concernés. Aurait-il même besoin de l’évangélisation ?
Si l’auteur de l’action de le dire “
à tous les hommes” était l’homme, l’évangélisateur qui ferait son travail, on comprendrait que le texte le montre en train de le dire à “
tous les hommes”, parce qu’il ignorerait qui Dieu choisirait.
Comme un pêcheur qui jette son filet au hasard.
Mais ici, c’est Dieu qui est décrit comme voulant que tous les humains, et partout sur la terre, puissent savoir qu’ils doivent se repentir. tous les humains !!!
Si Paul, qui s’exprime ici devant des Athéniens, avait cru au déterminisme, il n’aurait pas dit les choses de cette façon. Il aurait dit, en substance :
Il (Dieu) annonce à ceux qu’il va sauver qu’ils doivent se repentir .
Notez également le message. Le texte dit :
vous devez vous repentir. Or, il s’agit d’une obligation morale dont la responsabilité est confié ici à tout humain qui entendra ce message de Dieu.
Le texte ne dit pas “
vous allez vous repentir” ce qui correspondrait à l’idée du déterminisme.
Ici, l’action de Dieu s’arrête à l’information et la responsabilité de l’homme commence au repentir qui est sollicité de tous les humains.
Si donc, malgré cette connaissance de la faillibilité de l’homme, Dieu lui demande quand même de se repentir; c’est qu’il sait qu’il est capable de le faire avec succès.
L’excuse des exigences de Dieu qui ne pourraient pas changer ne tient donc pas puisque, sachant que l’humain avait péché, Dieu lui a quand même, et ensuite, demandé de se repentir.
Affirmer le contraire c’est comme dire à un aveugle de naissance, que l’on sait aveugle : allez, décris moi ce que tu as devant toi ! et de frapper cet aveugle parce qu’il en serait incapable.
Personne, et Dieu n’est pas moins juste, n’imagine agir de cette façon. Et n’oublions pas d’ajouter à ce tableau que cet homme est aveugle parce que Dieu l’a voulu ! Eh oui ! C’est ça, la prédestination.
Qui mieux que Dieu peut savoir si l’homme peut se repentir. Or, Dieu n'exige jamais ce que l’homme ne peut pas faire.
Sinon nous aurions un Dieu qui réclame l’impossible et qui punit avec sévérité ce qu’il a lui-même rendu impossible.
Un exemple:
Je demande à un homme de courir le marathon, je lui dis que je le punirais s’il échoue en moins de 4 heures et je lui casse les deux jambes avant qu’il ne démarre.
Prédestinés, mais qui ou quoi ?
le blog cite Romains 8:30.
En fait, Rom 8:30 utilise bien le mot “
prédestinés”, mais au pluriel comme tous les autres textes qui utilisent ce mot quand il concerne les chrétiens.
- De plus, ceux qu’il a prédestinés, ce sont ceux qu’il a aussi appelés. Et ceux qu’il a appelés, ce sont ceux qu’il a aussi déclarés justes. Enfin, ceux qu’il a déclarés justes, ce sont ceux qu’il a aussi glorifiés.
Aucun chrétien n’écrira donc :
j’ai été prédestiné. Cette formule individuelle n’existe pas dans le NT.
C’est un indice.
Ce texte permet une autre lecture. Qu'entend on par une autre lecture ?
Cela signifie qu’il peut se comprendre autrement avec autant de facilité, sinon plus, que la façon dont il est compris par l’auteur du blog.
On imagine dans ce blog que ce mot s’applique à chaque individu, mais a t’on raison ?
Un exemple : une promotion d’étudiants de l’administration reçoit ses diplômes et le doyen fait un discours;
il dit :
vous êtes ceux qui ont été prédestinés à servir dans les services publics.
Qu’est ce que cela signifie ? Evidemment que c’est le groupe qui est concerné et peut-être même la fonction. Par contre personne ne pensera que, tout bébé, l’administration les avait déjà choisi.
Un exemple biblique va vous aider.
Rev 14:4 :
Ce sont ceux qui continuent à suivre l’Agneau où qu’il aille. Ils ont été achetés parmi les humains
Ce texte ne s'intéresse absolument pas, à aucun moment, à un individu. Il est là pour identifier un groupe, les 144000, et seulement un groupe. Or, la construction de la phrase ressemble beaucoup à celle de Romains 8.
Et ainsi, avec la même logique, le texte de Romains peut parfaitement se comprendre comme une indication sur un groupe qui a été prédestiné, lui, et pas forcément ceux qui le composent.
Pierre vient confirmer cette idée puisqu’il va procéder de cette façon. .
1 Pierre 2:9:
Mais vous, vous êtes « une race choisie, une prêtrise royale, une nation sainte, un peuple destiné à être un bien particulier
Le texte grec se traduit ainsi : “
une race choisie (...) un peuple pour sa possession “
Pierre ne s’occupe absolument pas des individus ici, ce qui est choisi, c’est la race et le peuple avec pour objectif une mission.
Pour valider cette idée, il suffirait de démontrer que les individus du groupe peuvent être remplacés alors que le groupe resterait identifié de la même façon. Dans ce cas là, nous saurions que les membres du groupe ne sont pas définitivement choisis depuis le commencement du monde, mais que c’est le groupe qui correspond à cette caractéristique.
Paul va nous aider dans cette démonstration. Romains 11:17-24.
Tu diras alors : « Des branches ont été arrachées pour que moi je sois greffé. » 20 C’est exact. C’est pour leur manque de foi qu’elles ont été arrachées, mais toi tu es debout par la foi. Ne sois pas méprisant, mais sois dans la crainte. 21 Car si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, il ne t’épargnera pas non plus. 22 Pense donc à la bonté et à la sévérité de Dieu. Dieu fait preuve de sévérité envers ceux qui sont tombés, mais envers toi il fait preuve de bonté, pourvu que tu restes dans sa bonté ; autrement, toi aussi tu seras coupé
Il s’agit d’une parabole qui met en scène un olivier naturelle et des branches qui symbolisent les chrétiens nés de nouveau.
Le phénomène de remplacement apparaît dès la première ligne :
Des branches ont été arrachées pour que moi je sois greffé.
Ainsi, le choix par Dieu du chrétien est ici conditionné par la nécessité de remplacer un élément défaillant. Si donc il est défaillant, c’est qu’il était d’abord
pressenti.
Nous avons également ici une notion de groupe dont le nombre est prédéfini.
Car visiblement, s’il y a remplacement d’un individu par un autre, alors ce qui est prédéfini ou prédestiné, c’est le groupe et non pas l’individu.
La suite du texte nous renseigne encore :
C’est pour leur manque de foi qu’elles ont été arrachées, mais toi tu es debout par la foi.
De toute évidence, la foi est l’élément indispensable à la survie dans cette parabole.
De plus si Dieu prédestinait les individus, la perte de la foi ne pourrait pas les disqualifier car Dieu, dans ce cas, piloterait leur foi pour la rendre suffisamment forte. C’est en tout cas l’hypothèse de ce blog.
Paul dit ensuite :
Ne sois pas méprisant, mais sois dans la crainte. Car si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, il ne t’épargnera pas non plus .
Paul définit non seulement une crainte à conserver, mais aussi les raisons de cette crainte.
En effet, ce qui a écarté et donc arraché (le mot est expressif) la branche naturelle à la place de laquelle le chrétien a été greffé, peut tout aussi bien se retourner contre lui..
Dieu peut donc décider de ne pas l’épargner, lui non plus..
Dieu peut changer d’avis.
Et enfin, la suite :
mais envers toi il fait preuve de bonté, pourvu que tu restes dans sa bonté ; autrement, toi aussi tu seras coupé
La menace est explicite: arrange toi pour rester dans sa bonté, sinon, toi aussi, aussi chrétien né de nouveau sois tu, tu seras coupé.
Le texte se poursuit ainsi :
Israël a été frappé d’une insensibilité partielle jusqu’à ce que le nombre complet des gens des nations soit entré, et de cette façon tout Israël sera sauvé.
Ce texte demanderait beaucoup d’explications, mais pour notre discussion une seule idée nous aidera. on y parle de nombre complet, et d’un but : que tout israël soit sauvé.
Il y a donc une corrélation entre les 3 idées suivantes.
- Une place perdue = une place remplacée.
Personne n’a sa place de façon définitive, en tout cas au premier siècle.
Israël (ou ce que cela signifie) doit être sauvé dans sa totalité et cela requiert l’entrée d’un nombre complet de gens des nations.
Pour achever cette démonstration, la parabole de l’olivier démontre que Dieu a bien prédestiné un groupe mais certainement pas chaque individu. Sa conduite témoignera s’il peut rester dans ce groupe. C’est la leçon à retenir..
La résurrection : ses modalités.
Le livre de la Révélation, chapitre 20, décrit ce que chaque chrétien attend souvent le plus; la résurrection des justes et des injustes.
Voici ce texte :
Oui, j’ai vu les âmes (...) Et ils ont pris vie et ont régné avec le Christ pendant 1 000 ans. 5 (Les autres morts n’ont pas pris vie avant la fin des 1 000 ans.) C’est là la première résurrection. Heureux et saints tous ceux qui ont part à la première résurrection (...) Et j’ai vu les morts, les grands et les petits, qui se tenaient debout devant le trône, et on a ouvert des rouleaux. Puis on a ouvert un autre rouleau ; c’est le rouleau de vie. Les morts ont été jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les rouleaux, selon leurs actions (...) Et tous ceux dont le nom n’était pas écrit dans le livre de vie ont été jetés dans le lac de feu
Le texte lui-même nous explique qu’il y aura deux vagues de résurrections.
Juste avant les 1000 ans pour les saints, et donc les chrétiens nés de nouveau, qui doivent régner avec Jésus pendant les 1000 ans.
Et ensuite pour le reste des morts qui seront jugés à la fin des 1000 ans.
Les modalités de ce jugement sont clairement exposés. On ouvre des rouleaux, des documents qui comportent des renseignements qui seront utiles au jugement, et en fonction de ce que ces documents apprendront au Juge, on décidera ou non d’écrire le nom de l’individu dans un autre rouleau, le livre de vie. Il n’y aura pas de rouleau de mort, l’absence de son nom dans le rouleau de vie suffira pour décider de la seconde mort;
Le texte précise que le critère retenu pour le jugement sera “
les actions des individus”.
Ainsi, les milliards de mort qui seront jugés à cette occasion verront leurs actions examinées et déterminantes pour leur survie ou non.
C’est donc un salut par les actions. Le texte ne précise rien d’autre et en déduire qu’il s’agirait d’un salut par les seules oeuvres serait forcer le sens de ces explications.
Cependant, le mot action est assez fort pour établir une vérité minimale: ces humains auront été les artisans de leur salut , à un niveau suffisamment important pour que cela détermine leur vie ou leur mort.
Nous sommes loin du déterminisme qui devrait exonérer les hommes de leurs fautes puisqu’il n’en sont pas les décideurs, Dieu les ayant programmées à leur place.
Hébreux 10. Un avertissement inutile selon la doctrine
Voici le texte choisi soigneusement par le blog. (vous comprendrez plus tard la raison de l’emploi de l’adverbe “soigneusement” dans cette phrase ).
Car si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais il y a une certaine attente terrible du jugement et une indignation ardente qui va consumer les adversaires de Dieu. Celui qui rejette la Loi de Moïse est mis à mort sans compassion sur le témoignage de deux ou trois personnes. À votre avis, quelle punition plus sévère encore méritera celui qui piétine le Fils de Dieu et qui considère comme ordinaire le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié, et qui insulte avec mépris l’esprit de la faveur imméritée ? Car nous connaissons celui qui a dit : « La vengeance est à moi ; c’est moi qui paierai de retour. » Et encore : « Jéhovah jugera son peuple. » C’est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant.
Devant ce texte très puissant et très menaçant, la première argumentation pour le rendre adaptable à la doctrine du “sauvé pour toujours” a été d'affirmer qu’il ne concernait pas les chrétiens nés de nouveau mais des apostats.
Plusieurs éléments annulent facilement cette hypothèse.
Déjà l’emploi du pronom “
nous” qui inclut Paul dans les personnes concernées ainsi que tous ceux à qui il écrivait.
Nous développerons cette idée un peu plus loin.
De même, si Paul s’adressait consciemment à des faux chrétiens, pour quelle raison leur demander de faire attention à leur comportement puisque, quoi qu’ils fassent, leur avenir était dans tous les cas très sombre.
En fait, ces avertissements ne sont logiques et pertinents que s’ils s’adressent à des individus dont le comportement pourra leur éviter les catastrophes annoncées.
Un faux chrétien non appelé par Dieu ne changera rien à son avenir même s’il écoute Paul et obéit à ses encouragements. Ce discours lui serait inutile.
Par contre, seul un vrai chrétien, né de nouveau, est concerné par la phrase suivante:
À votre avis, quelle punition plus sévère encore méritera celui qui piétine le Fils de Dieu et qui considère comme ordinaire le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié, et qui insulte avec mépris l’esprit de la faveur imméritée ?
Vous remarquez comme moi une expression qui ne peut s’appliquer qu’à un chrétien né de nouveau.
Il a été sanctifié. L’action est passée, actée, accomplie. La chose est faite.
Jamais Paul ne dirait de quelqu’un qu’il considère comme un faux chrétien, un usurpateur, qu’il a été sanctifié par le sang de l’alliance .
Maintenant, observons nous la moindre phrase ou allusion par laquelle Paul, après avoir sérieusement admonesté ses frères en leur faisant peur , leur ferait entendre qu’ils avaient en fait un joker, une sorte d’assurance vie, miraculeuse, qui ferait que Dieu les empêcherait, contre leur volonté, de tomber aussi bas ?
Quand vous lisez ce texte, si vous êtes calviniste, pensez vous vraiment que vous prendriez le risque de renier à ce point Jésus, de pécher contre l’esprit saint, d’insulter l’esprit de la faveur imméritée, en vous disant : je ne risque rien !
Si, sincèrement, vous hésitez vraiment, ou si cela vous effraye au fond de vous même, vous avez la réponse. Ce texte ne vous en donne vraiment pas l’assurance .
Toutes les arguties, les démonstrations compliquées ne suffisent pas à vous convaincre que Paul bluffait en prévenant aussi puissamment ses frères.
Le blog objet de mes recherches avancent ceci comme arguments
La seule clause difficile pour le calviniste est celle du v. 29 : « le sang de l'alliance par lequel il a été sanctifié ». Deux solutions s'offrent aux suffrages : soit prendre pour sujet le Christ, qui s'est « consacré », par la mort, à son sacerdoce (Jn 17,19 ; Hé 2,10) ; soit n'envisager ici qu'une sanctification externe, d'appartenance au peuple de l'Alliance, sanctification des Juifs comme tels dont l'alliance externe même reposait à l'avance sur le sacrifice de Jésus Christ. Quoi qu'on choisisse, la difficulté n'est pas insurmontable.
La première remarque de ce texte vous apparaîtra bien discutable lorsque vous aurez lu l’analyse qui va suivre.
Aucune des deux solutions avancées ici n’est vraiment retenue. Le premier constat est donc de comprendre que l’auteur n’a aucune certitude et sa dernière phrase en dit long sur la véritable difficulté que rencontre cette croyance face au texte.
Pour quelle raison ? Le déterminisme se heurte à ce texte depuis très longtemps. Il a donc disposé de plusieurs siècles pour trouver la solution à cette difficulté, et le fait de nous proposer mollement deux solutions possibles à peine argumentées par l’auteur du blog, en dit long sur la véritable faiblesse de l’hypothèse.
La première solution envisagée à la va-vite, serait donc de tenter de changer le sujet de la phrase :
le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié.
Nous aurions cette construction :
le sang de l’alliance par lequel il (Jésus) a été sanctifié.
Dans ce cas là, le texte serait apparemment moins dérangeant pour la doctrine déterministe.
Allons donc voir si les traducteurs de la bible ont suivi cette hypothèse.
Bible de Genève.
que méritera celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui aura tenu pour une chose profane le sang de l'Alliance, par lequel il avait été sanctifié: et qui aura outragé l'esprit de grâce?
Cette traduction est celle de Calvin, le père du déterminisme. Rien n’indique qu’il adoptait la solution proposée par le blog.
Voici d’autres traductions.
NBFC
qui considère comme négligeable le sang de l'alliance par lequel sa relation à Dieu a été rétablie
Parole de Vie
En effet, celui-là ne respecte pas le sang de l'alliance qui l'a libéré du péché.
BFC
qui considère comme négligeable le sang de l'alliance par lequel il a été purifié.
Colombe
tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il avait été sanctifié,
TOB
qui aura profané le sang de l’alliance dans lequel il a été sanctifié
Segond 1910
qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié,
A aucun moment vous ne trouverez, dans ces traductions de la bible modernes et reconnues pour leur sérieux, la moindre allusion au fait que celui qui a été sanctifié serait Jésus et non pas l’individu menacé de la colère de Dieu.
Pour quelle raison ? Jésus n’a jamais eu besoin d’être rendu saint (sanctifié) puisqu’il est le fils de Dieu et donc Saint par nature.
Le sang versé par Jésus n’avait pas pour but de le sanctifier lui. Quelle drôle d’idée !
Par contre Paul, dans cette lettre aux Hébreux 9 , quelques versets à peine avant ceux que nous étudions ici, a écrit concernant le sang de Jésus et son action sur les chrétiens.
combien plus le sang du Christ, qui, grâce à un esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour que nous puissions offrir un service sacré au Dieu vivant ?
L’action du sang de Jésus est au bénéfice des humains qu’il purifie (sanctifie).
Hébreux 13 complète :
C’est pourquoi Jésus aussi a souffert hors de la ville pour sanctifier le peuple par son propre sang
Ainsi, la première solution avancée par ce blog est vouée à l’échec..
La seconde solution évoquée est encore plus improbable.
soit n'envisager ici qu'une sanctification externe, d'appartenance au peuple de l'Alliance, sanctification des Juifs comme tels dont l'alliance externe même reposait à l'avance sur le sacrifice de Jésus Christ
Envisager est bien le bon terme pour démontrer le tâtonnement de cette hypothèse.
On nous invente ici une sanctification extérieure à la sanctification chrétienne liée au peuple juif en tant que juifs en reliant tout ça à Jésus et à son sacrifice attendu. Une usine à gaz.
Déjà, s’il y avait une sanctification extérieure à la sanctification chrétienne, nous aurions un autre groupe d’élus, de sauvés, de bénis de Dieu.
Car si sanctifier, de la part de Dieu, n'implique pas un salut, à quoi cela mènerait-il.. Il s’agit de toute une théologie à réinventer.
Car dans cette hypothèse, les destinataires de cet avertissement de Paul on bien lu cette phrase.
Car si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice,
C’est donc que pour eux aussi, le sacrifice de Jésus effacerait les péchés.
On se rend compte ici que plus on s’enfonce dans une erreur, plus les soucis de cohérence s'accumulent.
En fait, le coup de grâce de ces deux hypothèses sera donné par vous, lecteurs, après que vous aurez lu et compris le raisonnement suivant :
Le fameux “
nous” qui commence cet avertissement de Paul.
Car si nous pratiquons le péché volontairement .
Un texte comme celui là ne tombe pas du ciel, il a un contexte qui permet de situer précisément les personnes auxquelles il s’adresse.
Le “
nous” trouve donc naturellement son identité dans les versets qui le précèdent.
Vous feriez la même chose en lisant la fin d’une lettre qui utiliserez le “
nous” pour avertir des personnes dont vous doutez de l’identité. La solution la plus simple est de lire tout naturellement les pages précédentes. Or voici les phrases que Paul a écrites juste avant cet avertissement :
Ainsi, frères, puisque nous avons, par le sang de Jésus, de l’assurance pour utiliser la voie d’accès au lieu saint, voie qu’il a ouverte pour nous comme un chemin nouveau et vivant à travers le rideau, c’est-à-dire sa chair, et puisque nous avons un grand prêtre établi sur la maison de Dieu, approchons-nous de Dieu avec un cœur sincère et une foi totale, le cœur purifié, par aspersion, d’une conscience méchante et le corps lavé avec une eau pure. Tenons fermement la déclaration publique de notre espérance sans vaciller, car celui qui a promis est fidèle. Et soucions-nous les uns des autres pour nous inciter à l’amour et aux belles œuvres ; n’abandonnons pas nos réunions, comme c’est l’habitude de quelques-uns, mais encourageons-nous mutuellement, et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher. 26 Car si nous pratiquons le péché volontairement après avoir reçu la connaissance exacte de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais il y a une certaine attente terrible du jugement et une indignation ardente qui va consumer les adversaires de Dieu.
Une simple constatation grammaticale nous aidera d’abord. Toutes les traductions que j’ai consultées utilisent soit le mot “
car”, soit les mots “
en effet” pour relier les versets 25 et 26, ce qui démontre sans le moindre doute que Paul est dans la même conversation avec les mêmes interlocuteurs des versets 19 à 29.
En effet, ces mots impliquent un lien logique et une application dans le verset 26 de ce qui a été dit au verset 25. Concrètement Paul écrit :
soyons unis, rassemblons nous ensemble, incitons nous à bien faire car si nous en venions à pécher volontairement alors ..etc.
Une seule traduction rend le texte autrement mais n’arrange pas pour autant, au contraire même, l’hypothèse du blog :
Nous avons appris à connaître la vérité. Après cela, si nous péchons exprès, aucun sacrifice ne peut plus enlever les péchés. Parole de Vie.
Les défenseurs de la thèse déterministe ne vous présenteront jamais ce dossier en vous citant les versets 19 à 27 mais choisiront toujours les versets 26 à 29.
Le blog dont sont issus ces arguments ne fait pas exception. Ce n’est pas un hasard.
Il commence son explication ainsi:
Il est bien peu vraisemblable que Hébreux 10,26-29 ait en vue d'autres personnes.
Et ce blog d’affirmer que les versets 26 à 29 visent d’autres que les chrétiens fidèles.
Pour quelle raison ce choix de ne jamais proposer aussi à la lecture les versets 19 à 25 ?
Vous l’avez sans doute compris facilement, jamais on ne réussira à vous faire croire que Paul s'adressait à d’autres personnes qu’à des chrétiens fidèles si vous commencez votre lecture au verset 19.
Or, la doctrine a absolument besoin de vous faire croire que ceux à qui Paul demande de ne plus pratiquer le péché volontairement en leur prédisant la mort dans ce cas , ne sont pas des chrétiens authentiques.
L’explication du Pasteur Herman Bavinck
L’auteur du blog cite un Pasteur et théologien néerlandais qui a écrit : .
L'avertissement du père à son petit garçon : « Si tu t'approches trop du bord, tu vas tomber dans le précipice ! » ne perd pas son sens et son utilité alors que le risque d'accident est pratiquement nul en la présence du père qui veille ! Si la vigilance d'un père terrestre se laisse parfois surprendre, celle du Père céleste est infailliblement sûre !
Ce pasteur veut expliquer ici que tous les avertissements que le NT envoie aux chrétiens font état de vrais dangers. La question n’est pas de les nier.
C’est impossible et il le sait.
Il va donc argumenter intelligemment avec ce qu’il ne peut faire disparaître.
Il utilise ainsi l’exemple du Père humain qui prévient son enfant d’un danger réel tout en sachant que quoi qu’il arrive, il sera là pour éviter l’accident.
Ajoutez que ce Père est Dieu et vous avez l’idée de ce Pasteur ainsi formulée:
Même si l’enfant tombait, il ne tomberait pas jusqu’au fond . Dieu l’empêcherait.
C’est oublier que cet exemple veut utiliser un comportement humain pour expliquer celui de Dieu.
Or, ce comportement humain fait entrer deux notions dans l’équation :
le doute et la peur.
C’est bien parce qu’il a réellement peur qu’un père humain rappelle à son fils qu’il risque l’accident s’il s’approche du bord d’un précipice.
Et c’est bien parce qu’il doute d’être capable quoi qu’il arrive de le sauver que ce père produit cet avertissement se disant qu’il serait encore plus sur que l’enfant ajoute à la veille du Père sa nécessaire vigilance à lui.
Doute et peur !
Mais quand il s’agit de Dieu, comment intégrer ces deux notions ?
Dieu a t il peur pour avertir avec tant de force un chrétien de ne pas pécher volontairement ?
Evidemment, sinon pourquoi le faire avec autant de force ?
Dieu pourrait il douter ou avoir peur s’il savait qu’au final, précipice ou pas, rien ne pourrait arriver au chrétien.
Et pourtant, il doute puisqu’il a peur..
Cet exemple du Père est à vrai dire une magistrale erreur car il est parfaitement contre productif.
Si Dieu avait la certitude qu’il tuerait dans l’oeuf toute possibilité de pécher volontairement contre lui, le précipice de l’image, alors le précipice n’existerait même pas et il n’aurait pas à avertir les chrétiens de son existence et de ses dangers.
Si vous êtes papa, vous vient il à l’esprit d’avertir votre enfant qu’il risque de se brûler s’il met ses mains dans un feu si vous avez supprimez avec certitude tous les feus ?
L’existence de la peur, qui produit le doute crée l’avertissement, c’est le mécanisme de toute mise en garde.. Et la peur, chez Dieu, traduit sans le moindre doute la réalité du risque.
Par contre, Jésus a apporté une magnifique réponse à cet argument.
Lorsqu’il a été tenté par le Diable, ce dernier lui a demandé de se jeter du haut du parapet du temple avec comme argument : “
Il donnera à ses anges un ordre à ton sujet” et “Ils te porteront sur leurs mains, pour que ton pied ne heurte pas de pierre “
La réponse de Jésus a été directe : “
Tu ne dois pas mettre à l’épreuve Jéhovah ton Dieu “
On pourrait tirer parti de cet épisode pour affirmer que cela confirmerait l’idée que Dieu empêcherait tout “accident” possible à ses élus.
C’est oublier que c’est le Diable qui propose cette épreuve à Jésus et qu’il ne le fait certainement pas pour son bien. Il y a donc visiblement et sans aucun doute un piège.
Or quel aurait été le piège si les choses s’étaient passées comme le Diable l’avait annoncé ?
Que réponds Jésus ? “
Tu ne dois pas mettre à l’épreuve Jéhovah ton Dieu”
C’est un commandement du Deutéronome repris par Paul. en Hébreux 10
Raisonnons sur ses conséquences ?
Qu’est ce qu’implique le fait que Dieu demande à ce qu’on ne le mette pas à l’épreuve ?
De façon évidente, Dieu préfèrerait que ses serviteurs s’abstiennent d’agir ainsi.
C’est donc qu’ils ont le choix et que parmi les résultats de ce choix, Dieu en préfère un.
S’il exprime qu’il en préfère un, c’est que l’autre est possible.. Forcément !
Le simple fait de comprendre ce commandement “
Tu ne dois pas mettre Dieu à l’épreuve ” implique un choix opéré par l’humain car une épreuve est toujours un événement non désiré , une sorte de plan B.
Et donc un substitut au plan A.
Il y a une vraie notion de souffrance dans le mot épreuve.
Dieu peut il prédestiner un plan B au cas où son plan A échouerait ? Et pour quelle motif ignoré de Dieu le plan A pourrait-il échouer ? Et si ce motif ne peut pas être ignoré de Dieu, car il prédestine tout, pourquoi un plan B, le plan A se poursuivrait comme prévu.
Mais alors, pourquoi demander de ne pas mettre Dieu à l’épreuve en appliquant un plan B ?
Satan a donc bel et bien tenté de faire pécher Jésus dans cette épreuve. Il voulait sa mort ce jour là.
Dieu donne ce qu’il ordonne.
Le blog poursuit:
Un autre argument que l’on fait parfois valoir contre cette doctrine est que Dieu ne pourrait pas être sincère en appelant des pécheurs à la repentance et à la foi en son Fils s’il pensait qu’aucun homme n’a la liberté et la capacité de venir. Pourquoi appeler des pécheurs s’ils ne peuvent répondre? L’explication est bien simple : Dieu donne ce qu’il ordonne. La repentance et la foi sont non seulement des commandements de Dieu (Mc 1.14-15), mais sont un don de sa grâce :
Curieuse argumentation pour expliquer que Dieu serait sincère quand il réclame la repentance et la foi alors qu’il penserait que l’homme en est incapable.
Et de nous dire qu’en fait il est bien sincère puisque c’est lui qui provoque ou donne la repentance et la foi aux hommes..
C’est oublier la composante principale du problème. Dieu ordonne à tous les hommes, mais il ne donne
qu’à une infime minorité. Si le repentir et la foi dépendaient de Dieu, si c’était une grâce, alors Dieu a abandonné l’immense majorité des humains car que lui aurait coûté de sauver tous les autres.
Je me suis toujours posé la question de savoir comment un déterministe pouvait voir les choses.
Imaginons que je me déclare chrétien né de nouveau et déterministe, et pas ma femme, pas mes enfants, pas mes frères , etc…
Et donc je vais croire que je suis sauvé pour toujours et que ceux que j’aime sont damnés pour toujours alors qu’ils sont des gens merveilleux, aimants, et même profondément croyants.
Je vais donc faire ma prière tous les soirs et remercier Dieu .. Mais de quoi ? De savoir qu’il a condamné mes enfants alors que ce sont des amours ?
Je suis sincère en vous disant cela. Comment aimer un Dieu qui va condamner des innocents, qui ne tiendra pas compte de ce qu’ils sont vraiment, qui a décidé il y a des milliers d’années que mon petit bout de choux grillera en enfer sans aucune chance d’y échapper alors que je serais soi-disant heureux et reconnaissant à Dieu de m’avoir sauvé moi.
Qui d’entre nous ne donnerait pas sa vie pour sauver son enfant ? et vous voilà heureux ?
Un Dieu qui a bien offert son fils, mais pas pour tout le monde et sans que ceux qu’il a oublié ne puisse le faire changer d’avis.
Comment dormir avec ça ?
Je préfère de très loin ma foi chrétienne.
«
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que tous ceux qui exercent la foi en lui ne soient pas détruits mais aient la vie éternelle