Jamais les hommes ne sauront assez la contingence de leur personne, et à combien peu ils doivent de n'être pas ce qu'ils méprisent.
Les enfants qui naîtront dans des millénaires ne seront pas plus aptes au progrès que ceux qui naissent de nos jours, et il n'y a rien à espérer de l'avenir qui ne soit déjà espérable du présent.
Il tient à l'essence même de la civilisation humaine de contrarier toujours davantage, tant par les pouvoirs de la science que par l'esprit de fraternité, le jeu sans merci de la sélection naturelle.
L'homme est un miracle sans intérêt.
L'univers, en faisant l'homme, s'est donné à la fois une victime et un juge.
Je ne crois pas au mystère, ce serait trop simple.
La science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d'être des hommes.
L'invention de la bombe atomique nous aura fait voir, du moins, ce que peut la recherche quand elle est mise en demeure. Les problèmes du cancer et de la tuberculose ne tarderaient guère davantage à être résolus s'il y avait pour un pays nécessité de les résoudre. Mais ils ont contre eux de n'intéresser que l'humanité entière.
Ce n'est pas dire des sottises qui est grave, mais les dire au nom des principes.
Cerveau humain : cette éponge toute prête à s'imbiber de tous les mensonges...
Il est dans la tolérance un degré qui confine à l'injure.
Ce qui est grave, ce n'est pas que tant de gens croient à l'astrologie, c'est qu'ils jugent de choses sérieuses avec des têtes qui croient à l'astrologie.
Le fanatisme, toujours serviteur du faux, même au service du vrai, il serait haïssable.
Les pouvoirs de la science nous créent plus de soucis qu'ils ne nous apportent de lumières.
Les explosions nucléaires font pis que tuer ; elles préparent de la mauvaise vie ; elles mettent en circulation des gènes défectueux, qui vont proliférer indéfiniment.
Je vois beaucoup de gens qui ont la maturité politique, j'en vois moins qui ont la maturité humaine.
On peut choisir son régiment, mais partout il faut marcher au pas.
Avoir l'esprit ouvert, ce n'est pas l'avoir béant à toutes les sottises.
A entendre les philosophes, ne les dirait-on pas candidats à un examen où répondre n'importe quoi vaut mieux que de se taire ?
Il y a aussi toute la bassesse qui échoue.
La puissance de l'homme croît plus vite que sa sagesse : il y a là ce que les biométriciens appellent une "allométrie majorante".
Il est permis de se demander, hélas ! si le fanatisme, par le jeu même de ses méthodes, ne confère pas une survie préférentielle dans la concurrence des groupes.
La bonne foi, le scrupule, le respect de l'homme, etc., seront peut-être demain des caractères létaux.
Comment pouvez-vous vivre en ne croyant à rien ?" me dit-on quelquefois, et vous-même, suis-je tenté de répondre, comment pouvez-vous, croyant à tout, ne vivre que comme vous vivez ?
Métapsychie, astrologie, occultismes de toute espèce, etc. On me trouve trop sévère pour tout cela. Mais il est si rare que je sois sûr d'avoir raison : pour une fois, j'en profite.
Ne pas confondre sectarisme et police intellectuelle.
Qu'un dictateur revienne au bon sens, et aussitôt l'on crie au génie.
Nous serons aussi étonnés, plus tard, d'avoir eu des politiciens pour maîtres que nous le sommes aujourd'hui d'avoir eu des barbiers pour chirurgiens.
Ils disent : "Puisqu'on ne sait rien, laissons la porte ouverte à tous les possibles."
Je consens qu'on fasse béer nos lacunes pourvu qu'on ne les bouche pas avec des rêves.
Celui qui n'est soutenu par aucune foi doit, à toute minute, recréer sa propre lumière.
