Je rappelle que chaque texte doit être lu et étudié pour lui-même, avant de le mettre en relation ou de tenter de l'éclairer par un autre. Nous devons déterminer d'abord le sens du texte, analyser les mots qui forment ce texte et la façon dont il est articulé. Une fois que nous avons pu définir le sens d'un texte, en acceptant de le lire pour ce qu'il dit, nous pouvons le comparer à d'autres textes sans vouloir de le travestir.
Par exemple concernant 1 Co 15 et 1 Th 4, il est important d'établir le rapport chrono-logique qu'on imagine entre les textes "pauliniens": on tient habituellement 1 Thessaloniciens pour première , et dans ce cas c'est 1 Corinthiens 15 qui simplifierait le schéma, en abandonnant entre autres choses l'idée du voyage (des morts ressuscités et des vivants) de la terre au ciel, en passant du "mouvement" (ascension) au "changement" (de nature), nécessaire aussi bien pour les morts ressuscités avec un "corps spirituel" que pour les vivants "changés". Mais à mon sens on pourrait tout autant supposer la relation contraire, où 1 Thessaloniciens modifierait l'eschatologie de 1 Corinthiens 15, du "changement" de nature au "mouvement" spatial de la terre au ciel, réintroduisant du même coup une attente eschatologique temporelle et imminente que 2 Thessaloniciens viendrait à nouveau "calmer".
Les texte présentent de nombreuses nuances entre eux, chacun exprime des spécificités qui ne demandent pas à être harmonisées mais d'être accepter.
Concernant la fameuse sentence que citent souvent les TdJ : "la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu", elle n'implique pas un passage obligatoire par la mort mais un CHANGEMENT ou une TRANSFORMATION de corps, les corps des croyants encore "vivants" à l'avènement du Christ seront "changés en un instant, en un clin d'œil, à la dernière trompette".
a écrit :Témoignage de Paul.
•hébreux : Nous avons cette espérance comme une ancre pour l’âme, à la fois sûre et ferme, et elle pénètre derrière le rideau, là où un précurseur est entré en notre faveur, Jésus, qui est devenu pour toujours grand prêtre à la manière de Melchisédech.(...) Mais derrière le deuxième rideau se trouvait le compartiment de la tente appelé le Très-Saint
Pratiquement plus aucun exégète n'attribue la rédaction de l'épitre aux hébreux à Paul, il faut se lettre à la page et ne pas rester à une théologie du 19eme siècle.
Il est hasardeux de vouloir éclairer 1 Cor 15 et 1 Th 4 par l'épitre aux Hébreux, il propose des scénarios sensiblement différents. Nous avons vu que 1 Cor 15 fait allusion à une TRANSFORMATION des corps alors que 1 Th 4 décrit un ENLEVEMENT des croyants. L'épitre aux Hébreux nous propose la description suivante : "
Cette espérance, nous l'avons comme une ancre solide et ferme pour l'âme ; elle pénètre au-delà du voile" (6,19)
C'est certainement "l'espérance" (elpis, v. 18) qui pénètre au-delà (litt. dans [= du côté] le plus-intérieur, eis to esôteron) du voile, mais précisément "comme ancre de l'âme" (hôs agkura tès psukhès). D'après le contexte, l'espérance de l'âme repose sur le serment de Dieu par lui-même (v. 13ss). Tout cela se trouve en outre (mais ce n'est au fond qu'une répétition de plus) confirmé par le fait que "Jésus" lui-même est passé au-delà du voile comme "précurseur" (prodromos, v. 20) pour trouver là son statut de prêtre éternel "selon l'ordre de Melchisédeq" (la suite au chap. 7).
C'est donc l'ÂME des croyants qui qui pénètre derrière le rideau. On est donc
très loin des conceptions de 1 Corinthiens, où l'état d'"âme", si j'ose dire, la condition "psychique" (animale-naturelle-charnelle), était un niveau "inférieur" à surmonter pour accéder à l'étage "pneumatique-spirituel". Dans le NT, il n'y a guère que dans les épîtres (dites) de Pierre* qu'on retrouverait peut-être une conception aussi "spirituelle" (qu'en Hébreux) de la psukhè. (Au passage, l'étude de ce mot montre à elle seule combien il est vain de chercher à dégager ne serait-ce qu'une "anthropologie" cohérente du NT pris comme un tout.)
L'"âme" (l'homme intérieur) dans l'épître aux Hébreux accède à "l'étage idéal", céleste-éternel, "ancrée" au-delà "voile" de la "chair" et du monde des "ombres" (6,19, cf. 10,20) -- peut-être parce qu'elle en provient en premier lieu.