je rappelle à toutes fins utiles que pour de nombreuses spécialistes de l'Apocalypse que les 3 premiers chapitres de ce livres et les chapitres 21-22 constituent la "
couverture" du livre, c'est à dire des introduction(s) et conclusion(s) tardives, donc des rajouts tardifs. Il ne faut pas oublier le caractère
hétéroclite du livre de l'Apocalypse : compilation ou rédaction à partir de
plusieurs "sources".
Il me semble en effet qu'il y a une
rupture majeure entre les chapitres 20 et 21: les chapitres 21 et 22 forment une conclusion, ou une série de conclusions, qui a de nombreux échos dans l'introduction du livre, y compris les "lettres aux (sept) Eglises", chapitres 1--3; c'est l'effet d'"inclusion" de la "couverture" du livre dont je parlais plus haut, le début et la fin qui se répondent étant certainement postérieurs au corps du livre (4--20) qui ne s'y réfère pas. Bien entendu, la rédaction s'efforce de ménager la transition comme elle peut, notamment par le motif de la disparition des cieux et de la terre en 20,11, qui prépare l'apparition du nouveau ciel et de la nouvelle terre en 21,1: la résurrection et le jugement des morts se situent donc hors-lieu et hors-monde, à la lettre entre deux mondes, c'est l'un des aspects les plus intéressants et les plus réussis de l'affaire à mon avis. Mais cela marque aussi une rupture nette entre les deux mondes, une "
solution de continuité" comme on dit, qui interdit tout passage direct d'un monde à l'autre. En tant que monde, "ciel et terre", le monde nouveau du chapitre 21 ressemble forcément au monde ancien (il s'y trouve ainsi des "humains", des "peuples", des "nations" et même des "rois", 21,3.24.26; 22,2 -- mais non les "nations" du chap. 20 ni les "rois" déjà disparus au chap. 19); cependant le texte insiste principalement sur les différences (plus de nuit, plus de mer, plus de temple, plus de soleil et de lune, plus de mort, plus de malédiction: effet symétrique des récits de création, Genèse 1 et surtout 2 comme l'Enuma elish, qui commençaient par énumérer ce qu'il n'y avait pas encore...). C'est surtout, comme on l'a souvent souligné,
un monde sans histoire et sans "accident" qui relancerait une nouvelle histoire (de même qu'à la fin des contes, "ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants" n'annonce aucune "suite", sauf pour Hollywood): tableau immobile ou mouvement cyclique, à la manière d'une liturgie immuable, image de l'éternité, temps sans temps.
On pourrait déduire, sans beaucoup d'imagination, que les "habitants" du "monde nouveau" sont tout simplement ceux dont les noms étaient écrits dans le livre de vie du chapitre 20, mais le texte même ne présente pas les choses ainsi. Le "monde nouveau" paraît absolument dépourvu de traits "personnels", les humains, les peuples, les nations et les rois sont sans visage, les fils d'Israël ou les apôtres y deviennent des noms gravés sur les portes ou les fondations de la nouvelle Jérusalem, comme dans l'introduction le "vainqueur" devenait colonne dans le temple (3,12).
a écrit :C'est un peu comique, nous sommes 4, Moi, Estra, MLP et Homère, et aucun ne pense la même chose.
Agécanonix,
C'est normal que nous ne soyons pas d'accord, la Watch ne nous impose pas une croyance commune et une obéissance totale.
a écrit :Je ne répondrais pas à Homère sur sa théorie des titres honorifiques. Dans peu de temps il nous dira que même Dieu n'est pas Dieu et que c'est un titre honorifique. Donc, selon Homère, Jésus n'est pas roi non plus et il ne va pas soumettre ses ennemis sous ses pieds puisque le mot "ennemis" est aussi un titre honorifique.. J'arrête là, c'est trop facile...
Agécanonix,
Merci pour votre réponse
Je fais allusion au traitement que fait l'Apocalypse de ces titres roi/prêtre/juge, force est de constater que ce "règne" n'est nulle part expliqué de façon utilitaire ou fonctionnelle, comme s'il devait servir à quelqu'un ou à quelque chose; mais plutôt comme une récompense personnelle accordée au vainqueur, identique à celle du Christ lui-même: "Le vainqueur, je lui donnerai de s'asseoir avec moi sur mon trône, comme moi-même j'ai été vainqueur et je me suis assis avec mon Père sur son trône." (3,21; à partir de la scène d'"intronisation" du chapitre 5 Dieu et l'Agneau partagent le même trône). La seule fonction exprimée, là encore, une seule fois et sans explication supplémentaire, est judiciaire (le pouvoir de juger, 20,4).
Vous refusez de le voir, c'est votre problème mais vous ne devez pas broder un narratif contraire au texte OU une histoire qui ne correspond pas au texte.
a écrit :Si les saints sont les saints du verset 6, c'est à dire les ressuscités qui reviennent à la vie pour régner 1000 ans avec Jésus, et comme ils habitent la nouvelle Jérusalem comme l'explique Rév 21, alors la ville bien aimée est bien la Jérusalem céleste descendue sur la terre. Rév 21 est donc une vision qui a lieu dès le début des 1000 ans. Estra a donc tort.
Agécanonix,
Les martyrs qui sont ressuscités en Apocalypse 20,4-6 ; étaient au ciel, ils sont décrits en Ap 6,9-11 en tant qu'"âmes" en attente de la résurrection ET sous les mêmes caractéristiques qu'au chapitre 20 : "
ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et du témoignage qu'ils avaient porté". Donc la résurrections des martyrs à lieu SUR la terre.
a écrit :La 3ème solution serait que ces saints soient à la fois les élus, les 144000; qui ont accompagné la Jérusalem céleste qui est descendue sur terre au début des 1000 ans, mais aussi les humains des nations qui, eux, ne se seront pas faire avoir par Satan, qui n'aura pas réussi à les égarer comme le reste des nations. Cette 3 ème solution élimine les hypothèses de Estra et de MLP.
Agécanonix,
Vous avez beaucoup d'imagination (débordante) et un parfait mépris pour le texte.
Une lecture simple, directe et respectueuse du texte indique qu'il y a une opposition nette entre les "nations" et les "saints" et aucun mélange. Aucun verset du chapitre 20 sous entend qu'il y aurait des "humains" des "nations" qui n'auraient pas été trompés par Satan (c'est une INVENTION), le texte précise clairement :
"et il sortira pour égarer les
nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre. Leur nombre est comme le sable de la mer. Ils montèrent sur toute la surface de la terre et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un
feu descendit du ciel et les
dévora" (20,8-9);
Il n'est pas question de survivants mais d'une destruction de l'ensemble des "nations", il n'est pas non plus questions "d'humais des nations" qui intègreraient le camps des saints (encore une INVENTION).