Je retrouve la magouille habituelle de Homère.
Aucune traduction, quelle quelle soit, n'a plus de valeur que le texte original en hébreu ou en grec.
La traduction risque d'être influencée par les idées du traducteur qui va modifier, souvent sans intention volontaire, le sens d'un texte par sa façon de le traduire.
Il y a une solution imparable à ces erreurs possibles, c'est l'utilisation d'une traduction qui ne cherche pas à mettre en forme un texte, qui ne cherche pas à le rendre dans des phrases plus faciles à comprendre, qui met en dessous de chaque mot hébreu ou grec, le sens brut de ce mot.
Quand vous utilisez une bible en français courant, vous comprenez par le nom qu'elle porte, que ses traducteurs ont pour but de rendre le texte plus lisible et compréhensible à un lecteur du français d'aujourd'hui. Il y a donc une priorité sur la forme ce qui risque de modifier un peu le sens premier du texte.
Estra nous cite deux traduction, la bible de Chouraqui et la TOB qui reprennent la même compréhension du texte par leurs traducteurs respectifs.
Je pourrais évidemment vous citer les nombreuses autres traductions qui rendent différemment ce texte de Daniel 9. Mais à quoi bon, chacun resterait sur sa traduction et sur sa lecture.
Par contre, si on veut vraiment comprendre le texte, et non pas comme ici, avoir quoi qu'il arrive raison, la solution est d'utiliser une traduction interlinéaire.
Je vous donne le lien.
https://biblehub.com/interlinear/daniel/9.htm
Vous y trouvez le texte hébreu original, puis en anglais et en dessous, la traduction de chaque mot, traduction la plus brute possible.
Impossible de tricher, de mettre un point où il n'y en a pas, de couper en deux une phrase alors qu'elle ne l'est pas dans le texte d'origine.
Ainsi, il est impossible avec cette traduction interlinéaire de faire dire au texte ceci :
- jusqu’au messie, au guide, il y aura sept septaines. Et après soixante-deux septaines,
ou ceci:
jusqu'à un messie-chef, il y aura sept septénaires. Pendant soixante-deux septénaires
Ce sont pourtant les 2 textes cités par Estra.
Comment pouvez vous le vérifier ?
Vous allez sur le lien ci-dessus, vous descendez le curseur jusqu'au verset 25 de ce texte hébreu de Daniel 9, vous lisez de droite à gauche puisqu'll s'agit d'hébreu et vous trouvez cette phrase en anglais qui est donc la traduction mot à mot de Daniel 9:25.
- Therefore Know and understand [That] from the going forth of the command to restore and build Jérusalem until Messiah the Prince [There shall be] weeks seven and weeks sixty and two
Ce qui traduit de l'anglais nous donne :
- Par conséquent, sachez et comprenez [Que] depuis la sortie de l'ordre de restaurer et de construire Jérusalem jusqu'au Messie le Prince [Il y aura] des semaines sept et des semaines soixante et deux .
Dans ce texte, les parenthèses [] sont des ajouts en anglais et en français pour aider à comprendre le sens, il faut donc les retirer pour avoir le sens le plus original possible.
Cela nous donne:
- Par conséquent, sachez et comprenez depuis la sortie de l'ordre de restaurer et de construire Jérusalem jusqu'au Messie le Prince des semaines sept et des semaines soixante et deux .
Il n'existe pas de traduction plus fiable qu'une interlinéaire.
Et elle nous explique ici que les 62 semaines doivent s'additionner au 7 semaines pour arriver au messie.
Homère tente de nous faire croire que l'on traduit mieux aujourd'hui qu'avant et donc que les versions qu'il utilise traduisent mieux le texte hébreu parce qu'on le comprendrait mieux . C'est évidemment faux, un traducteur de l'hébreu d'aujourd'hui comprend aussi bien le texte que ses homologues des siècles passés.
L'explication ci-dessus vous le démontre d'ailleurs .
Alors, pourquoi de nouvelles traductions ? Pour une autre raison, en fait.
C'est parce que la langue évolue et que le français de 1905 utilisé par Crampon n'est plus exactement le français d'aujourd'hui.
Ce n'est donc pas la compréhension de la langue du texte qui justifie de nouvelles traductions, mais l'évolution de la langue de la traduction .
L'hébreu antique, lui, reste le même, il est figé, par contre nos langues modernes évoluent.
Exemple: quand on dit "heureux les simples d'esprit" , en langage moderne on pense aux fous.
En vieux françois, le sens était différent et faisait référence à ceux qui ont l'esprit simple ou humble. C'est donc l'humilité, qualité chrétienne, que le texte mettait en valeur, et non pas la folie.
Pour beaucoup d'autres exemples, une nouvelle traduction s'imposait.
Mais pour l'exemple qui nous intéresse, le texte hébreu n'autorise pas plus qu'avant que la phrase soit coupée en deux avec une séparation qui change le sens et crée une autre phrase supplémentaire.
Comme je l'ai déjà dit, seul le texte d'origine et sa construction permettent d'en établir le sens.