Ici il faut être plus prudent. Dogmatisme est ambigu. 2+2=4 est dogmatique et non probabiliste et il en est ainsi pour bon nombre de vérités scientifiques, ou les maths sont omniprésentes. Pas un hasard donc si le courant dit empiriste, de Hume à Russell, qui considère davantage la connaissance sensible, ait un penchant au scepticisme, alors que le courant rationaliste, de Descartes à Husserl, avec pour modèle les maths et la géométrie, ait un penchant antisceptique.Tirésias a écrit :
Dawkins est d'abord et avant tout un homme de science et que, en tant que tel, il ne serait pas de mise pour lui de sacrifier la pierre angulaire de la science qu'est le scepticisme au profit d'un dogmatisme peu illuminant. Le sceptique doute, doute qui le mène à poser des questions.
Ensuite le dogmatisme religieux est un dogmatisme de foi, donc présuppose un argument d’autorité (confiance) , et l’argument d’autorité est omniprésent en science et pour le sens commun, même s’il n’est pas le principal. Et le dogmatisme de foi est de nature hypothétique, genre si la foi est valide, alors nécessairement telle formule est vraie (conforme à la foi).
Enfin il est illusoire de penser que le scepticisme n’implique aucun dogmatisme, car il impose une obligation de douter en rejetant toute absence de doute, il a des prétentions à une forme de vérité (il interdit de douter du doute).
Enfin, en histoire, on considère déraisonnable de douter de la date de la mort de César le 15 mars, et pourtant il s’agit, comme en religion, d’une vérité de foi (testimoniale). Donc un doute est comme une vérité : il doit être justifié.
Faux. Exactement comme la science (en particulier les maths) , le dogme continue à interroger une révélation sur beaucoup de points non fixés, tout en conservant un corps de doctrine centrale déjà fixé.Il n'en est aucunement pour le dogmatique qui, lui, affirme avoir trouvé réponse, faisant ainsi fi de toute nécessité de continuer à s'interroger ou à interroger le monde. Il s'agit bien là de deux façons distinctes de concevoir l'acquisition des connaissances. Et de deux objets, de surcroît: connaissances du monde réel pour le biologiste, connaissance des fruits de l'arbre du bien et du mal
Ce qui est toutefois vrai c’est qu’à la base du dogme on a un argument d’autorité, et que cet argument est beaucoup plus central en religion qu’en science. De plus, la philo non sceptique, donc l’immense majorité des philosophes, est aussi dogmatique, au sens de non sceptique à l’égard d’elle-même (non dogmatiquement sceptique – scepticisme fort –, ni sceptique faible puisque les philosophes visent des démonstrations rigoureuses). Un sceptique faible et subjectif s’exclue du discours philosophique.
Comme la philo est dogmatique en un sens, et que seule une philo des sciences peut affirmer que la science est sceptique, il est impossible de nier tout dogmatisme en étant cohérent.
La connaissance du bien et du mal est infiniment plus importante que les connaissances scientifiques, car il s’agit du sens de la vie humaine. On est dans l’ordre de la finalité plus que de l’instrumental.
Les moralisateurs, pris strictement, sont des philosophes avant d’être des théologiens ou des religieux (d’ailleurs les morales religieuses viennent largement des philosophes, Aristote et les stoiciens pour le catholicisme p.ex. La morale, c’est Aristote, Kant, les stoiciens, les utilitaristes (généralement proches des positivistes scientistes)…
En dépit des affirmations d'un Sam Harris
la science ne peut guère empiéter sur les orteils des moralisateurs pour qui la vie et le monde sont un don de Dieu.
. Voir ci-haut. La philo morale n’a rien à voir avec la mythologie.En revanche, les soldats de la morale n'ont mot à dire quant à la nature et au fonctionnement du monde réel (puisqu'ils puisent dans d'anciens textes à portée mythologique pour toute évidence).
La science est subjective? ET la philo aussi? La philo des science? La logique? Quand on parle d’objectivité et de subjectivité on parle pas des questions mais des réponses surtout, même si l’autre interrogation est permise. Si on dit que non seulement les questions, mais aussi les réponses sont subjectives, on est en subjectivisme, une forme de relativisme, et ca s’autodétruit car la formule « tout est subjectif » est aussi subjective, et la philo subjective n’a de validité que pour son locuteur.Bien entendu, la science, comme toute entreprise humaine, n'est pas neutre. L'univers aura tendance à nous répondre en fonction des questions qu'on lui pose, il va de soit. En ce même sens, aucune moralité, qu'elle soit religieuse ou philosophique (ou les deux à la fois) ne peut se targuer d'être objective, étant comme elle l'est, elle aussi, fruit d'une entreprise humaine
Sans compter que la science suppose une certaine moralité chez le scientifique.
Non, il faut préciser conformes à la réalité à travers ne méthode particulière , restrictive et limitée. Ensuite les religieux ont leur mot à dire sur les utilisations de la science, qui relèvent de la moralité.Ainsi, les prêtres, les rabbins et les imams ont tort de piler sur les orteils de celles et ceux qui sont en recherche de savoirs conformes à la réalité.
En religion, la vérité est toujours conditionnelle à l’acte de confiance ( foi). Idem pour la mort de César le 15 mars, considérée vraie. On a une certitude morale qui exclue « pratiquement » le doute, bien qu’il ne s’agisse pas d’une certitude métaphysique (pas de cercle carré) ou physique (l’eau va bouillir à 100 demain). Je reviendrai sur la certitude métaphysique « un message divin est par définition infallible » et ses problèmes sur un autre fil.Et Dawkins dans tout çà dira "tel est l'Ordre des Choses... au mieux de notre connaissance actuelle".Ce bémol est important car il est la source de toute démarche scientifique, ….le doute, aussi infime fusse-t-il, néanmoins demeure". Et c'est là la différence entre un archévèque anglican et un biologiste. Ce premier affirme détenir la vérité alors que le second--pour qui toute certitude est toujours conditiennelle,
D’autre part, dans la mesure ou l’évêque est théologien donc philosophe en partie, il ne pourra pas être de facon cohérente un philosophe sceptique sauf à rester silencieux. Il pourra être probabiliste comme Cicéron, mais on va retrouver les problèmes internes de tout scepticisme : il va devoir PROUVER que tous les philosophes non probabilistes se trompent, et sera pris à son propre jeu.
Finalement il est très bizarre de dire que la science des statistiques agricoles s’abstient d’affirmer l’inexistence de Dieu par doute méthodologique. Il est évident que la raison essentielle est que Dieu ne fait pas partie de ses objets.