Critique de Comte-Sponville - 1.0: Faiblesse des preuves

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L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
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ChristianK

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Critique de Comte-Sponville - 1.0: Faiblesse des preuves

Ecrit le 24 juin22, 12:40

Message par ChristianK »

79 (Nature de Dieu : nul ne le sait; il est réputé insaisissable, ineffable, incompréhensible

--légèreté de sa part si on en reste là. Ces termes ne doivent pas être trop poussés, il faut préciser inconnaissable à la facon dont on connait les choses du monde, inconnaissable directement quant à son essence tel qu’il est.

80 (définition nominale : être éternel, spirituel, transcendant (extérieur et supérieur à la nature, qui aurai consciemment et volontairement créé l’univers. :Parfait et bienheureux, omniscient et omnipotent, incréé (cause de soi), infiniment bon et juste; absolu en acte et en personne

--je préciserais : supérieur à la nature contingente, et extérieur en tout ou partie. Cette définition nominale contredit l’idée que Dieu est inconnaissable ou indéfinissable d’aucune facon quelle qu’elle soit.


81 (athée : croit que Dieu n’existe pas;
L’agnosticisme est comme un athéisme par défaut.


--il est aussi un théisme négatif, ou faible. Il reconnait que l’athéisme (fort) est une croyance, bon point.




89 (1er argument de 3 arguments négatifs : faiblesse des preuves. Cela ne justifie pas l’athéisme, mais la non croyance


--distingue bien agnosticisme (ou athéisme faible) de l’athéisme.


1.1)L’argument ontologique

91 (donne une liste de philosophes qui ne croient pas en l’argument ontologique.; L’objection de Kant est décisive.

--Tiens tiens, tout à coup une preuve! mais il oublie ceux qui y croient, dont Spinoza et Leibniz et Descartes, donc les hyperrationalistes. Pourquoi Kant aurait-il raison contre les rationalismes si toutes les philos sont des opinions? N’ont pas de preuve? Comment CS peut-il argumenter métaphysiquement aussi catégoriquement, choisir Kant contre le scepticisme de base?
Peut-être St Anselme, pcq non rationaliste, est-il visé efficacement par Kant mais pour les rationalistes il faut voir que leurs points de départ ne sont pas kantiens, impliquent autre chose; pour eux, la raison a priori, comme les maths, reflète nécessairement le réel, on déduit le réel de la pensée, comme Spinoza, depuis que Descartes a montré que l’expérience n’est pas fiable.

92 (toutes les autres preuves se ramènent à l’argument ontologique, MONTRE KANT

--Tout ce premier argument est un copié-collé de Kant. Ca ne cadre pas avec son scepticisme métaphysique, qui tôt ou tard a tendance à saper ses propres démarches, CS est obligé de se contredire s’il admet que Kant prouve en métaphysique, et si Kant ne prouve pas, il ne peut dire montre (démontre) Kant, d’autant plus qu’aucun thomiste ne va l’admettre : la preuve par la contingence, p.ex., n’a pas du tout le concept de Dieu comme point de départ, mais l’existence des êtres réels dans le monde.


92 (même si on suit Hegel et qu’un être infini existe, ce pourrait être la nature, comme chez Spinoza, immanent et impersonnel…pas celui des croyants


--C’est le panthéisme, pas l’athéisme donc. CS confond 2 sens de « nature », le sens empirique et le sens spinoziste. Au sens spinoziste (tout le réel) le Dieu des théistes est TOUJOURS immanent à tout le réel, c’est évident. Ensuite un Dieu qui ne serait pas celui des religions serait un Dieu philosophique, ce qui n’a rien d’athée. Puis le Dieu de Spinoza est surement supérieur à nous qui sommes des personnes, il a donc certaines qualités suprapersonnelles, et d’ailleurs nos sommes un aspect, nous les personnes, de lui-même.



1.2)Preuve cosmologique

94 (preuve cosmologique, par la contingence; qu’est-ce qui nous prouve que la raison ait raison

--Une réponse possible : l’absurde est absurde. Cela met pile sur l’hyperrationalisme, qui présuppose que la raison a toujours raison, qu’elle est concomitante avec le monde. Plus on est rationaliste plus on pense que la raison a raison, c’est pourquoi les rationalistes sont à peu près tous théistes (au contraire des empiristes) : l’univers est un vaste système déductif qui doit avoir son axiome premier.

94 (pourquoi pas une contingence totale, pourquoi la vérité ne serait-elle pas absurde; l’être est mystérieux, peut-être

--ON voit exactement que l’A. n’est pas avec les hyperrationalistes, qui pensent que le réel suit les maths et la géométrie.
On Ne peut mettre en question la raison si on veut argumenter. L’être n’est pas du tout mystérieux en tout, car à la base de la rationalité il y a: l’être est, ou 1=1. Une évidence première et des maths et de l’unité de l’être (l’être est un, en métaphysique classique)


95 (l’argument prouverait seulement un être nécessaire; ce pourrait être la substance de Spinoza, l’indéterminé d’Anaximandre, le devenir d’Héraclite, le tout de Parménide; Le Dieu de spinoza n’est que la nature, laquelle n’est pas un sujet et ne poursuit aucun but


--le Dieu de Spinoza « est » aussi nos esprits. Et le Dieu de Leibniz est une part de la nature de Spinoza, et il est compatible avec le Dieu Xtien. En un sens le Dieu Xtien n’est pas un sujet, car il ne l’est que par analogie , il l’est en un sens, il ne l’est pas en un autre.


96 (il semble nier la contingence, à la spinoza : ce qui est ne peut pas ne pas être, au présent


--bien sur , mais il y a mort et vie, des changements substantiels, et cela est contingence, puissance au néant. Bien sur que le réel comme tout est nécessaire, mais c’est justement à cause de Dieu et c’est le fondement de la démonstration


97 (pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien de Leibniz inclut Dieu ; pourquoi Dieu plutôt que rien


--Incroyable erreur de sa part venant Probablement d’une lecture de Heidegger. S’il avait référé au texte de Leibniz lui même il aurait vu que Dieu est évidemment exclu, et que l’être nécessaire a la réponse en lui-mëme. Voici le texte de Leibniz :
Traité de la nature et de la grâce, ##7-8

Why there is something rather than nothing? For nothing is simpler and easier than something. Further, suppose that things must exist, we must be able to give a reason why they must exist so and not otherwise.
Now this sufficient reason for the existence of the universe could not be found in the series of contingent things, that is, of bodies and their representations in souls; for matter being indifferent in itself to motion and to rest and to this or another motion, we could not find the reason of motion in it, and still less of a certain motion. And although the present motion which is in matter, comes from the preceding motion, and that from still another preceding, yet in this way we should never make any progress, go as far as we might; for the same question would always remain.
Therefore it must be that the sufficient reason which has no need of another reason, be outside this series of contingent things and be found in a substance which is its cause, or which is a necessary being, carrying the reason of its excellence within itself; otherwise we should still not have a sufficient reason in which we could rest. And this final reason of things is called God.
La raison du pourquoi de Dieu est Dieu lui-même (causa sui en ce sens), donc il est exclu de la question, en tout cas exclu de la question dans le même sens ou elle s’applique aux choses. Et si on pose la question pourquoi Dieu est il cause de soi, il faut répondre pcq l’être est, ce qui est le tout premier principe de la raison, d’une absolue évidence, 1=1.


174 (réponse à la Question de Leibniz : il n’y a plus que l’être…c’est ce que j’ai appelé l’évidence

--Oui en plein dans le mille. C’est un 1er principe, base de tout le reste. Sauf que ca inclut Dieu pour les théistes et c’est même la base de la preuve : L’être est nécessaire, or le monde empirique est contingent (car changeant, il est un composé d’être en puissance t d’ëtre en acte), donc…


97 (on ne fait que constater, pas expliquer la nécessité de l’être, il ne s’explique que par lui-même, donc il est inexplicable (cause de soi);

--Absolument mais un peu confus, si on n’est pas heideggérien. On ne cherche pas du tout l’explication du tout de l’être (ca n’a pas de sens), mais de l’être contingent, qui lui s’explique par un être nécessaire.


97 (pourquoi l’être en général plutôt que rien. Mystère


--bien sur, c’est une fausse question et la réponse n’est pas un mystère du tout (sauf pour un heideggerien) mais une évidence, la toute première de notre raison : l’être est, il est impossible à une chose d’être et de ne pas être en même temps et sous le même rapport, ou impossible que 1=2.
Le plus curieux, il admet quelque chose qui se rapproche énormément du théisme :

98 (l’être est la lumière même

--St thomas et Maritain diraient : pcq il est la 1ere évidence, premier principe de la raison spéculative (Cf. Maritain, septs lecons sur l’ëtre et les 1ers principes)


98 (la preuve cosmologique aboutit à un être nécessaire, pas à un Dieu spirituel ou personnel

--Pour un Dieu spirituel il faut creuser davantage la métaphysique aristotélicienne : l’être nécessaire ne peut pas être un composé de puissance et d’acte, comme la matière, car puissance implique une potentialité au néant (au moins relatif). Une entité totalement en acte (energueia en grec, puissance=dunamis) ne peut être matérielle. Elle est donc dite « spirituelle », par analogie très lointaine avec l’esprit humain (tellement lointaine en fait qu’il y a toujours une grande imperfection dans notre conception de la chose, qui reste en un sens ineffable (là on peut le dire)).



1.3)Preuve physicothéologique



100 (preuve physicothéologique, par la finalité.;
Elle fait peu de cas des désordres, dysfonctionnements, tumeurs, cataclysmes


--Ces désordres sont relatifs et dépendent de l’ordre fondamental des lois de la nature.


101 (une horloge est artificielle, mais une bactérie relève des seules lois de la nature; ces lois peuvent être causées par Dieu, mais le contraire aussi.


--Dans l’argument ces lois supposent une sorte d’intellect, comme toute loi


102 (le soleil va s’éteindre et la preuve aura perdu ses partisans


--Il ne comprend vraiment pas l’approche. La fin (extinction) du soleil fait encore partie d’un ordre.

105 (l’absence de preuve d’inexistence est moins embarassante pour l’athéisme pcq la charge de preuve incombe à celui qui affirme mais aussi pcq on ne peut prouver, à l’échelle de l’infini, ce qui n’est pas. Un néant est sans effet. Comment ne serait-il pas sans preuve? …Essayez de prouver que le Père Noel n’existe pas, ni les vampires, ni les fées… Vous n’y parviendrez pas.

--toute une série d’erreurs en si peu de mots très étonnantes de la part d’un prof.
Il est vrai que les preuves d’inexistence présentées sont rares, pcq c’est plus difficile, mais en même temps ca peut être l’indice que l’inexistence est une thèse plus faible que son contraire.
Ensuite il est sophistique de dire que c’est le théiste qui affirme et non l’athée fort, ils affirment tous les 2.
Ensuite, comme le fait Sartre, on peut prouver l’inexistence si Dieu est contradictoire comme un cercle carré, ou si son existence contredit quelque chose de connu.
Les exemples de CS sont superficiels; d’abord les personnages de roman souffrent d’une présomption d’inexistence, comme Bob, Dic et Al Morane :


https://www.forum-religion.org/viewtopi ... e#p1219915


Si on définit assez précisément le père Noel, comme son habitation au pole, on pourra montrer son inexistence. Si les fées sont féminines et immatérielles, elles n’existent pas car l’immatériel n’a pas de sexe. Etc etc. Il faut creuser ces choses de facon très précise et en certains cas on aura preuve d’inexistence.




Par ailleurs, si lui n’a que des opinions pour sa croyance en l’inexistence et pas de preuves, pourquoi l’absence de preuves empêcherait-elle une opinion théiste? Bien sur il ne le nie pas, on peut très bien opiner pour Dieu, sans preuves. Mais alors à quoi rime l’argument de la faiblesse des preuves si de toute facon des preuves ne sont pas nécessaires pour une simple opinion? ON dirait qu’il utilise 2 poids 2 mesures selon qu’il s’agit de théisme ou d’athéisme (cela vient probablement de son erreur qui consiste à dire que les preuves d’athéisme sont le fait d’ « imbéciles » (comme Sartre…!) et donc il les enjambe).
《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
《J’ai toujours regardé l’athéisme comme le plus grand égarement de la raison》 (Voltaire , 1766)

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