St Thomas sur l'aspect méritoire de la foi, pcq libre

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L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
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ChristianK

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St Thomas sur l'aspect méritoire de la foi, pcq libre

Ecrit le 25 juil.22, 13:42

Message par ChristianK »

Comte-Sponville ne voit pas d’avantages à être laissé libre par manque d’évidence des vérités divines. On peut contrebalancer partiellement cette objection par le caractère méritoire de la foi (qui rejoint l’idée que les connaissances prophétiques doivent se mériter par la vertu et la sanctification, elles sont un don suraturel ajouté)
II-II, Q2 Art 9
Article 9 : L’acte de foi est-il méritoire ?
Objections Il ne semble pas…

2. L’acte de croire tient le milieu entre l’acte d’opiner et celui de savoir ou de considérer ce qu’on sait. Mais l’acte
de s’appliquer à une science n’est pas méritoire, une opinion pas davantage. L’acte de croire ne l’est donc pas non plus.


3. Celui qui adhère à une vérité en croyant ou bien a une cause suffisante qui l’induit à croire, ou bien non. S’il l’a,
on ne voit pas qu’il y ait pour lui du mérite à croire, car il n’est plus libre de croire ou de ne pas croire. S’il ne l’a
pas, il y a pour lui de la légèreté à croire, dit l’Ecclésiastique (19, 4) : " Celui qui croit trop vite montre sa légèreté ",
et il n’y a là rien de méritoire semble-t-il. Croire n’est donc méritoire d’aucune façon.

En sens contraire, il est écrit (He 11, 33) que les saints " ont obtenus par la foi la réalisation des promesses ". Ce qui
ne serait pas s’ils n’avaient pas eu de mérite à croire. Le fait même de croire est donc méritoire.

Réponse : Nous l’avons dit plus haut, nos actes sont méritoires en tant qu’ils procèdent du libre arbitre que Dieu
meut par sa grâce. Aussi tout acte humain soumis au libre arbitre, s’il est rapporté à Dieu, peut-il être méritoire. Or
le fait même de croire est l’acte d’une intelligence qui adhère à la vérité divine sous l’empire d’une volonté que Dieu
meut par sa grâce : il s’agit bien d’un acte soumis au libre arbitre et ordonné à Dieu. Aussi l’acte de foi peut-il être
méritoire.

Solutions : …
2. Dans la science on peut considérer deux aspects : l’assentiment même de celui qui sait à la chose qu’il sait, et son
application à cette chose sue. Pour l’assentiment lui-même, dans la science il n’est pas soumis au libre arbitre : le
savant est contraint à donner son assentiment par l’efficacité de la démonstration. Et c’est pourquoi l’adhésion de
science n’est pas méritoire. Mais l’application en acte à la chose sue est soumise au libre arbitre, car il est au pouvoir
de l’homme de regarder ou de ne pas regarder, et c’est pourquoi l’application à une science peut être méritoire, si
elle est rapportée à une fin de charité, c’est-à-dire à l’honneur de Dieu ou à l’utilité du prochain. Mais dans la foi ces
deux éléments, adhésion et application, sont soumis au libre arbitre. C’est pourquoi l’acte de foi peut être méritoire
sur ces deux points. Tandis que l’opinion ne comporte pas l’adhésion ferme : son assentiment est quelque chose de
[ATTENTION Censuré dsl] et d’infirme, dit le Philosophe. Aussi ne semble-t-elle pas procéder d’une volonté achevée, de sorte qu’on ne
voit pas qu’elle ait, du côté de l’adhésion, raison de mérite. Mais, du côté de l’application actuelle de l’esprit,
l’opinion peut être méritoire.
3. Celui qui croit à un motif suffisant pour l’induire à croire. Il y est induit en effet par l’autorité de l’enseignement
divin que des miracles ont confirmé, et, qui plus est, par l’inspiration intérieure de Dieu qui invite à croire. Il ne croit
donc pas à la légère. Cependant il n’a pas un motif suffisant pour l’induire à savoir, et c’est pourquoi la raison de
mérite n’est pas supprimée.
En lien avec ceci,
Article 10 : La raison humaine diminue-t-elle le mérite de la foi ?
Objections : 1. Il y a toute apparence que oui. S. Grégoire dit en effet dans une homélie : " La foi n’a pas de mérite
lorsque la raison humaine lui fournit ses preuves. " Donc, si la raison humaine, lorsqu’elle fournit des preuves
suffisantes, exclut totalement le mérite de la foi, il semble bien que toute raison humaine introduite en matière de foi
diminue le mérite de la foi.
2. Tout ce qui diminue la raison de vertu diminue la raison de mérite, puisque c’est " de la vertu que la félicité est la
récompense ", selon le Philosophe. Mais la raison humaine semble diminuer ce qui est essentiel à la vertu même de
foi, car ce qui est essentiel à la foi, avons-nous dit, c’est de porter sur ce qui ne se voit pas ; or, plus on apporte de
raisons à une vérité, moins elle fait partie de ce qui ne se voit pas -, donc la raison humaine introduite dans ce qui est
de foi diminue le mérite de la foi.
3. Les effets contraires ont des causes contraires. Mais tout ce qui vient contrarier la foi augmente le mérite de la foi
: que ce soit la persécution qui contraint à abandonner la foi, ou bien un argument qui persuade dans le même sens.
Donc inversement, la raison qui vient en aide à la foi diminue le mérite de la foi.

En sens contraire, S. Pierre dit (1 P 3, 15) " Soyez toujours prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous
demandent de rendre compte de la foi et de l’espérance qui sont en vous. " Certainement il ne nous inviterait pas à
cela si le mérite de la foi en était diminué. Donc la raison ne diminue pas le mérite de la foi.

Réponse : L’acte de foi, nous venons de le dire, peut être méritoire en tant qu’il demeure soumis à la volonté non
seulement quant à la pratique mais aussi quant à l’adhésion. Or la raison humaine qui s’introduit dans le domaine de
la foi peut se rattacher de deux manières à la volonté du croyant. - D’une manière elle peut comme précéder la
volonté : par exemple, lorsque quelqu’un, ou bien n’aurait pas du tout la volonté ou bien n’aurait pas une volonté
prompte à croire, si l’on n’apportait pas une raison humaine. Dans ce cas la raison humaine diminue le mérite de la
Foi, comme nous l’avons dit plus haut à propos de la passion qui, elle aussi, lorsqu’elle précède l’élection dans les
vertus morales, diminue ce qu’il y a de louable dans l’acte vertueux. De même en effet que l’on doit s’exercer aux
actes des vertus morales à cause du jugement de la raison et non à cause de la passion, de même doit-on croire ce qui
est de foi non à cause de la raison humaine mais à cause de l’autorité divine. - D’autre part la raison humaine peut se
présenter à la volonté du croyant par mode de conséquence. En effet lorsque l’on a une volonté prompte à croire, on
aime la vérité que l’on croit, on y réfléchit sérieusement, et l’on embrasse toutes les raisons qu’on peut trouver pour
cela. A cet égard la raison humaine n’exclut pas le mérite de la foi ; elle est au contraire le signe d’un plus grand
mérite, comme dans les vertus morales la passion conséquente est le signe d’une volonté plus décidée, ainsi que
nous l’avons dit antérieurement. Tout ceci est signifié en S. Jean (4, 42) à l’endroit où les Samaritains ont dit à la
femme qui figure la raison humaine : " Désormais ce n’est plus à cause de ta parole que nous croyons. "

Solutions : 1. S. Grégoire parle du cas où l’homme n’a pas la volonté de croire si ce n’est à cause de la raison
introduite. Mais, quand l’homme a la volonté de croire les choses de foi uniquement en vertu de l’autorité divine,
même s’il a des raisons démonstratives pour quelqu’une d’elles, par exemple pour celle de l’existence de Dieu, le
mérite de sa foi n’est à cause de cela ni enlevé ni diminué.
2. Les raisons qu’on apporte à l’appui d’une autorité de foi ne sont pas de ces démonstrations qui peuvent amener
l’intelligence humaine à la vision intelligible, et c’est pourquoi on ne cesse pas d’avoir pour objet ce qui ne se voit
pas ; mais elles enlèvent les obstacles à la foi en montrant la non-impossibilité de ce que la foi propose. Aussi par de
telles raisons le mérite de la foi n’est-il pas diminué, ni la raison de foi. Quant aux raisons vraiment démonstratives
apportées non pas aux articles mais aux préalables de la foi, bien qu’elles diminuent la raison de foi puisqu’elles
rendent évident ce qui est proposé, elles ne diminuent pourtant pas la raison de charité qui rend la volonté prompte à
croire cela, même si ce n’était pas évident. C’est pourquoi la raison de mérite n’est pas diminuée.
3. Ce qui s’oppose à la foi, que ce soit dans la pensée de l’homme ou dans une persécution extérieure, augmente le
mérite de la foi dans la mesure où la volonté se montre plus prompte et plus ferme dans la foi. C’est pourquoi le
mérite de la foi a été plus grand chez les martyrs du fait que les persécutions ne les ont pas détournés de la foi ; et en
outre les sages ont plus de mérite du fait que les raisons apportées par les philosophes ou les hérétiques contre la foi
ne les en ont nullement détournés. Mais ce qui s’accorde avec la foi n’a pas toujours pour effet de diminuer la
promptitude à croire de la volonté. C’est pourquoi, cela ne diminue pas toujours le mérite de la foi.

Le libre arbitre fait donc gagner des mérites à l’acte de foi. Je dois ajouter une distinction entre foi naturelle en religion et foi surnaturelle dont il est aussi question. La foi surnaturelle est favorisée, aidée par Dieu, tout en restant libre. la foi naturelle est simplement l’adhésion libre par la raison. Dans les 2 cas il y a mérite.
La confiance en la parole d’un autre n’est donc pas seulement un mode de connaitre indirect non démonstratif, elle est aussi un acte moral quant à notre attitude à l’égard de cet autre, dans l’hypothèse ou cette attitude particulière constitue un devoir pour nous, p.ex. d’obéissance ou de respect ou d’amitié. Sous l’angle moral il y a donc un plus qui correspond à ce qui est perdu sur le plan de la science.

Ce ne semble pas 100% convaincant mais ca fait perdre de la force à l’objection de Comte-Sponville (que la liberté de croire n’est pas un profit authentique, qu’il vaudrait mieux savoir)
《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
《J’ai toujours regardé l’athéisme comme le plus grand égarement de la raison》 (Voltaire , 1766)

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