Je reviens sur la première évidence: le peuple chrétien porte aussi le nom d'Israël de Dieu et la question est de savoir s'il le fait par opportunisme, parce que le "nom" était libre à cause de l'échec du peuple israélite selon la chair à reconnaître Jésus, ou parce que le projet de Dieu allait plus loin que la seule nation d'Israël.
Je vous livre un 1er indice :
En Rév 5:9-10 Jean apprend ceci :
tu as été tué et avec ton sang tu as acheté pour Dieu des gens de toute tribu, et langue, et peuple, et nation, 10 et tu as fait d’eux un royaume et des prêtres pour notre Dieu, et ils doivent être rois et gouverner la terre.
Ainsi, ceux qui suivent Jésus au ciel sont issus de tous les peuples de la terre, cette info est factuelle et non pas symbolique.
Par contre Jean reçoit en Rév 7 une autre information, hautement symbolique, celle là :
Et j’ai entendu le nombre de ceux qui ont été scellés : 144 000, scellés de toutes les tribus des fils d’Israël
Alors ! Contradiction ? Les 144000 sont ils issus de toutes les nations ou de 12 tribus d'Israël ? Où est le symbole ici ?
Tout simplement que les 12 tribus sont une image, un ombre des nations.
Remarquez un détail important, les 144000 ne sont pas les 12 tribus, mais ils sont issus des 12 tribus.
Gardez en tête la leçon de ce texte : les nations sont symbolisés par les 12 tribus de Rév 7 et cette vérité doit bien avoir un sens.
La question qui se pose est la suivante.
J'émets l'hypothèse suivante : Dieu, par la façon dont il a organisé son peuple, Israël, à sa sortie d'Egypte, a produit un modèle prophétique du seul vrai projet qu'il a décidé de réaliser pour l'humanité.
Ainsi, les 12 tribus représenteraient toutes les nations de la terre et la 13ème tribu, composée des lévites, représenterait le nouveau peuple d'Israël composé des frères du Christ, les chrétiens élus.
Vous allez voir que des faits assez troublants valident cette hypothèse assez solidement.
Posons les faits tout d'abord. Nous verrons ensuite si ça colle.
Des milliers et des milliers d'Israelites ont observé avec beaucoup d'espoir le déroulement de l'action de Dieu contre l'Egypte qui maintient captifs tous les descendants d'Abraham via Isaac. 9 plaies ont affaibli la détermination de Pharaon mais la 10ème va complètement débloquer la situation.
Pour l'instant Israël n'est pas une nation, aucune structure n'existe et aucun leader ne s'est levé pour structurer cet ensemble de tribus.
Dieu décide une ultime et dernière plaie qui touchera tous les premiers nés du pays, Israélites ou non. Une solution salvatrice est prévue par Dieu pour préserver de cette plaie tous les israélites premiers nés. Un agneau va être sacrifié dans chaque famille, son sang va être appliqué sur les linteaux des maisons et ainsi l'ange exterminateur va épargner des premiers nés qui s'y trouveront.
Cela va se passer le 14 nisan -1513, le jour qui deviendra celui de la pâque juive.
Une fois cette plaie achevée Dieu va considérer que son action qui a sauvé ces premiers nés équivaut à un achat.
Exode 13:12 :
« Quand Jéhovah te fera entrer dans le pays des Cananéens, qu’il a juré, à toi et à tes ancêtres, de te donner, 12 il faudra que tu voues à Jéhovah tous les fils premiers-nés, (...) Ils appartiennent à Jéhovah.
Nombres 3:13:
« Quand Jéhovah te fera entrer dans le pays des Cananéens, qu’il a juré, à toi et à tes ancêtres, de te donner, 12 il faudra que tu voues à Jéhovah tous les fils premiers-nés, ainsi que tous les premiers-nés mâles des animaux que tu acquerras. Ils appartiennent à Jéhovah
Nous retenons donc cette phrase.
Dieu a acheté par le sang d'un agneau tous les premiers nés d'Israel qui lui appartiennent donc.
Que veut-il en faire ? Nombres 3:11 nous l'apprend :
Jéhovah continua de parler à Moïse. Il lui dit : 12 « Quant à moi, je prends les Lévites du milieu des Israélites à la place de tous les premiers-nés des Israélites ; les Lévites m’appartiendront
Dieu va donc échanger tous les premiers nés qu'il a sauvés le jour de la première Pâque , par des lévites qui prennent donc littéralement leur place pour devenir des individus qui vont collectivement gérer toute la partie religieuse et spirituelle de cette nation.
Nous pouvons donc en conclure que les lévites, par la substitution qui a été opérée, sont issus des 12 tribus d'Israël.
Nous obtenons donc à ce stade 3 idées communes avec le christianisme.
- 1) un agneau est sacrifié pour sauver les premiers nés d'une maisonnée.
2) tous les premiers-nés sauvés ont été achetés par Jéhovah.
3) ces premiers sont issus des 12 tribus et Dieu les voue à l'organisation du culte.
Notez avec intérêt que la dernière plaie d'Egypte n'a absolument pas impacté les autres israélites, ceux qui n'étaient pas les premiers nés.
Au final, après la substitution, les 12 tribus ne semblent pas concernées par l'action liée au sacrifice des agneaux.
C'est en fait une apparence pour les raisons suivantes :
- 1) ce jour là, celui de la paque, tout le monde est libéré d'Egypte, premiers-nés ou non.
2) La formation, à partir des premiers-nés, d'une tribu sacerdotale et vouée au culte, est au bénéfice de tous les israélites Lévites ou non.
Nous avons donc deux populations différentes, toutes deux constituant le peuple de Dieu, toutes deux aimées de Dieu avec la même intensité, qui voient leurs vies impactées de deux façons radicalement différentes par le sacrifice des agneaux et la dernière plaie.
Ce qui ressort de cette simple constatation, c'est un principe, une règle, que Dieu a mis en place dès l'époque de Moise.
Elle peut se définir ainsi : Dieu, s'il prend des dispositions pour assurer collectivement le bonheur d'un peuple entier, ne se sent absolument pas obligé d'accorder le même salut et les mêmes privilèges de service à chacun des éléments de ce peuple.
Ainsi, si Dieu offre la terre promise à tous les israélites, sans exception, il n'offre pas la même perspective de vie à la tribu de Lévi.
Et quand nous disons qu'il offre la terre promise à toutes les tribus, Lévi incluse, il établit quand même un distinguo puisqu'en réalité le territoire de la terre promise reviendra uniquement aux 12 tribus (Lévi exclus), alors que la tribu sacerdotale se contentera des quelques villes pour une raison purement pratique, il leur fallait bien un toit.
La révélation nous apprend qu'il en va de même pour les chrétiens, l'existence même d'un groupe de 144000 personnes, qui suit Jésus au ciel, qui gouverne sur la terre (Rév 5:9-10), qui ressuscite à part, qui devient même juges, rois et prêtres, alors que les autres justes ne se voient pas offrir cette perspective particulière, nous prouve que Dieu n'est pas contraint par l'idée d'offrir à tous les justes, frères du Christ, les mêmes privilèges de service.
Qu'avons nous découvert jusque maintenant ?
Nous avons un scénario historique qui se précise et qui est le suivant.
Pour sauver le peuple qu'il a choisi suite à une promesse faite à Abraham, Dieu agit ainsi.
- 1) il décide de le libérer entièrement et énergiquement de l'esclavage dans lequel il se trouve.
2) il achète les premiers nés seulement qu'il sauve de la mort pour les mettre à son service.
3) il utilise un agneau par maison le 14 nisan -1513 devenu jour de la pâque juive.
4) il sauve les 12 autres tribus aussi et leur offre la terre promise.
5) la tribu (premiers nés) achetée par Dieu ne reçoit pas en héritage une région géographique en terre promise.
Nous avons donc l'organisation suivante dans ce projet de Dieu.
Le peuple de Dieu, ceux qu'il veut bénir, est divisé en 2 groupes distincts : 12 tribus qui occupent la "terre" promise (l'expression est capitale), et une tribu qui est mise à part, qui ne vivra pas de la terre, qui aura une fonction et des attributions complètement différentes des 12 autres tribus.
Et pourtant, tous les israélites constituent l'ensemble de tous ceux que Dieu veut bénir par l'alliance qu'il conclue avec Moise.
Nous allons maintenant voir qu'elle était la spécificité de la mission confiée à la tribu des premiers-nés.
Vous imaginez bien que je procède par étape et que ma première démonstration est purement historique. Jusque maintenant, je n'ai pas eu à prouver quoi que ce soit, il suffit de lire les 4 premiers livres de la bible pour arriver aux mêmes conclusions que moi.
La démonstration viendra plus tard, quand je commencerais à vous montrer que le NT reprend souvent la symbolique de l'AT, ce qui a poussé Paul à parler, concernant la Loi, d'une ombre des choses à venir.
Parlons dans un premier temps du vocabulaire et des dates.
- A) Pour les chrétiens, comme pour les juifs, le 14 nisan est une date anniversaire absolument capitale. C'est LA date, par excellence.
B) Pour les chrétiens, comme pour les juifs, la notion d'un agneau dont le sang sauve des humains est à la base de tout.
C) Pour les chrétiens, comme pour les juifs, l'expression "premiers-nés" a une résonnance particulière.
Comme les points A et B ne sont contestés par personne, intéressons nous au point C.
L'expression premiers-nés.
C'est l'apôtre Paul, dans sa lettre aux Hébreux, qui va appliquer l'expression "premiers-nés" aux seuls chrétiens ayant une espérance céleste.
Rappelez vous que c'est dans cette lettre que Paul explique que la Loi est une ombre des choses à venir, nous en avons une illustration ci dessous.
Hébreux 12:23.
- Mais vous vous êtes approchés du mont Sion et de la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges23 tous réunis, et de l’assemblée des premiers-nés qui ont été inscrits dans le ciel, et de Dieu le Juge de tous, et des vies spirituelles des justes qui ont été rendus parfaits
Personne ne va nier que Paul s'exprime ici pour désigner l'assemblée
des premiers nés en indiquant qu'ils sont tous inscrits dans le ciel.
En l'état, ce texte pourrait même être cité par Homère pour démontrer que l'espérance des "premiers-nés" est céleste, ce qui est vrai.
La question qui se pose est pourtant capitale et d'une logique imparable : pourquoi l'expression "premiers-nés" ?
Je le rappelle, Paul écrit à des hébreux, et pour un hébreu cette expression a un sens, elle fait référence à l'histoire d'Israël.
Tous les ans, lors de la pâque, tous les juifs entendent cette expression dans leurs synagogues et tous savent qui elle désigne.
L'autre question semble aussi logique. Un premier né n'est pas forcément un fils unique, car si un fils unique n'a, lui, aucun frère ou aucune sœur, un premier-né peut faire partie d'une fratrie très nombreuse. Ruben est par exemple le premier nés d'une fratrie qui compte 12 frères et au moins une sœur.
Ainsi, l'expression "premiers-nés" laisse entendre, non pas qu'il s'agit de tous les enfants , dans leur totalité, mais d'un groupe à part.
En fait, dans les faits, cette expression fait beaucoup plus que suggérer que ce groupe de premiers-nés implique l'existence d'autres enfants qui ne seraient pas, eux, des premiers nés.
Vous venez de lire plus haut le texte de Paul et vous y avez lu des mots comme "mont Sion", "Jérusalem céleste", "anges", "Dieu" et 'premiers nés".
Or lisez comme Jean a vu, lui, la même chose en Rév 14.
- Puis j’ai vu, et regardez ! l’Agneau debout sur le mont Sion, et avec lui 144 000 ayant son nom et le nom de son Père écrits sur leurs fronts. 2 J’ai entendu un bruit venant du ciel, comme le bruit d’un torrent et comme le bruit d’un fort tonnerre ; et le bruit que j’ai entendu était comme celui de chanteurs qui s’accompagnent à la harpe. 3 Et ils chantent ce qui semble être un chant nouveau devant le trône et devant les quatre créatures vivantes et les anciens ; et personne n’était capable d’apprendre ce chant à fond, à part les 144 000, qui ont été achetés de la terre. 4 Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes ; ils sont vierges. Ce sont ceux qui continuent à suivre l’Agneau où qu’il aille. Ils ont été achetés parmi les humains comme premiers fruits pour Dieu et pour l’Agneau, 5 et il ne s’est pas trouvé de tromperie dans leur bouche ; ils sont sans tache.
Et remarquez cette phrase:
Ils ont été achetés parmi les humains comme premiers fruits pour Dieu et pour l’Agneau
Cette phrase est, à mon avis, très lourde de sens.
Ce texte montre les premiers-nés au ciel, sur le mont Sion avec Jésus, ce sont donc les premiers-nés décrits par Paul en Hébreux.
L'idée qu'ils sont les premiers fruits en Rév 14 nous prouve 2 choses.
- 1) Ils sont toujours les premiers-nés au moment de Rév 14. Les autres fruits ne les ont pas rejoints à ce moment là.
2) l'existence de premiers fruits et de la phrase qui en parle impose l'idée que d'autres humains seront bénis par Dieu. Un fruit est un fruit, si ceux de Rév 14 sont bénis, les autres aussi, mais autrement.
Qu'on le veuille ou non, l'expression "premiers-nés" suppose l'existence "d'autres nés" ; et le fait d'apprendre que les premiers-nés ont été achetés comme premiers fruits impose l'idée que d'autres "chrétiens", "les autres fruits", qui non pas été achetés comme "premiers fruits", auront une bénédiction spécifique au fait qu'ils ne seront pas achetés en même temps (notion de premier) et qu'ils constitueront autre chose qu'une offrande spécifique et unique à Dieu.
Je vais développer, précisément, ces deux conclusions.
1) Rév 14 est une vision du futur, du jour du Seigneur lorsqu'il interviendra dans les affaires du monde. Ce que Jean voit en Rév 14 est ce qui existera donc à ce moment là, et s'il ne voit que les 144000 qu'il nomme "premiers fruits", c'est que les "autres fruits" ne seront pas avec eux à ce moment là.
Notez que Jean voit tous les 144000 et comme nous l'a appris Rév 7, il n'est pas question qu'il y ait un 144001 ème frère du Christ scellé.
Ils sont donc tous là en Rév 14.
Ainsi, nous savons que les autres fruits dont il est question dan ce texte, ne sont pas au ciel à ce moment là.
Voilà qui rebat les cartes.
2) En quoi ces autres fruits ont-ils une autre espérance ? Rév 14 nous parle des premiers-nés comme ayant été achetés comme premiers fruits d'une récolte. S'ils ont été achetés, dit le texte, c'est pour être offerts à Dieu en qualité de premiers fruits, ce qui implique que les autres fruits sortent de ce cadre.
Nous savons, grâce à ce texte qu'il y a les premiers fruits, achetés de la terre et offert à Dieu parce qu'ils sont les premiers fruits.
Il est donc impossible que les autres fruits suivent ce chemin
Et enfin l'idée même qu'il y ait d'autres fruits, impose l'idée qu'ils suivront un autre cursus qui n'impliquera pas qu'ils soit achetés pour être offert à Dieu comme premiers-fruits puisqu'ils ne le sont pas.
Comment placer cet élément dans notre thème principal ?
Tout comme Dieu a donné deux options de vie aux israélites qu'il voulait tous sauver, 12 tribus + 1 tribu à part, il apparaît un phénomène identique chez Paul et Jean qui utilisent eux aussi les notions de premiers-nés et de premiers fruits pour désigner un groupe à part qui aura un avenir différent de ceux qu'il va contribuer à bénir.