Critique de Comte-Sponville - 6.0: Argument freudien

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L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
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ChristianK

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Critique de Comte-Sponville - 6.0: Argument freudien

Ecrit le 05 déc.22, 15:19

Message par ChristianK »

6)Argument freudien


134-135 (6e argument: illusion freudienne. Notre désir de Dieu est une raison de ne pas y croire, c’est une raison pour refuser d’y croire. Il y a lieu de craindre une invention

--Alors il commet un sophisme ad ignoratiam en classant cet argument parmi les 3 qui justifient la croyance en l’inexistence. En d’autre mots, comme le voit bien Freud qui ne commet pas le sophisme : une chose inventée peut exister à part de l’invention (comme les atomes au temps des atomistes grecs 450 AC)

136 (e.g. désir d’immortalité, retrouver des êtres chers, que justice soit rendue;
C’est trop beau pour être vrai; Freud, avenir d’une illusion


--comme analysé ici

viewtopic.php?p=1423889&hilit=freud#p1423889

Ceci ne vaut que pour un désir affectif, si c’est une inclination émanant de la raison (qu’on peut interpréter comme un désir de nature, qui pour St Thomas ne peut pas être vain, comme la faim implique l’existence de la nourriture, pour prendre un exemple d’appétit sensible), on aura au moins un argument de convenance. Pour une exigence de la raison (comme la justice), on doit donc pluôt dire c’est trop beau pour être faux.



141 (un des arguments les plus forts contre la croyance en son existence

--A strictement parler, ceci contredit la structure de ses arguments ou il donne le motif freudien non comme une raison de ne pas croire, mais comme une raison de croire à l’inexistence, ce qui est un sophisme ad ignorantiam.
Ensuite l’idée d’un argument très fort par généalogie (les passions seraient la cause de telle croyance ) est hautement suspecte car c’est généralement classé « sophisme génétique », étant donné que la présence d’une cause ne prouve jamais une absence de raison d’autre part, soit subjectivement (une raison pour celui qui affirme) , soit objectivement (une raison en soi)


139 (l’intérêt de croire en Dieu doit rendre vigilant , voire donner une raison de ne pas croire. Cela a la structure d’une illusion.

--Exact pour la vigilence, il faut soupconner ses propres passions (au sens large). Mais ceci est général et s’applique aussi à l’athéisme et à l’agnosticisme fort, sauf peut être à l’agnosticisme faible dans la majorité des cas. Ainsi, si on constate un désir de ne pas croire, p.ex.par consumérisme 68ard, alors ce sera une raison pour croire (selon CS).

viewtopic.php?t=68569


18 (ils ont besoin d’un Dieu pour se consoler, pour se rassurer, pour échapper (tel est le sens, chez Kant, des « postulats de la raison pratique ») à l’absurde et au désespoir

--Ca me semble carrément faux, ce qui est surprenant chez un connaisseur de Kant. Car l’échappatoire au désespoir est justifié rationnellement dans le cadre de la morale kantienne : il est de notre devoir rationnel de réaliser l’impératif catégorique, et c’est en dépendance de cette rationalité qu’il nous est interdit de croire au désespoir, ce qui pourrait bloquer la réalisation du devoir, nous tenter contre celui-ci. Le devoir d’éliminer le désespoir n’est donc pas affectif ou consolatoire, il est fondé d’abord en raison de la morale kantienne. Nous avons le devoir de nous prémunir contre un desespoir dangereux (tentation) et donc avons le devoir de croire aux postulats, au nom de la raison pratique

22 (je crois en Dieu pour échapper à la tristesse; ce N’est pas un argument

--cela dépend. L’absurde est absurde. Si on prend la tristesse en un sens purement affectif il a raison, mais si la tristesse origine de la raison elle-même, on peut dire, au moins par argument de convenance probabiliste, que la raison a raison, que la raison humaine n’est pas faite pour la tristesse, tristesse qui est en un sens contre nature, et donc ne correspond pas à la nature du réel.



138 (le pari de Pascal n’est pas acceptable philosophiquement, pourquoi soumettre la raison à l’intérêt. La vérité, pas l’intérêt, compte d’abord.

--Ici il est nécessaire de distinguer raison pratique et raison théorique. L’ Intérêt de la raison pratique implique la Vertu de prudence (prendre et trouver les bons moyens pour atteindre le bonheur, ou souverain bien, ou même quelque fin que ce soit, non ultime)
Ensuite comment l’enfer impliqué par le pari pourrait-il être le résulat d’un désir? Ne serait ce pas plutôt son élimination qui serait conforme au désir, comme dans les religions cucu des ans 70? D’autant plus qu’il a dit :

19 (la plus grande force des religions…n’est pas de rassurer face à la mort. LA PERSPECTIVE DE L’ENFER ETS PLUS INQUIETANTE QUE CELLE DU NEANT…QUOI DE PLUS EFFRAYANT QU’UNE DAMNATION ÉTERNELLE… Il est vrai que beaucoup de xtien ont cessé d’y croire. L’enfer ne serait q’une métaphore. On n’arrête pas le progrès

--Religion cucu, et il la voit comme un progrès, alors que ca devrait être un surcroit d’illusion selon ses propres principes! (pourquoi pas le salut pour tous de Michel Polnareff, ou à la rigueur un purgatoire temporaire qui serait conformes aux désirs affectifs - et alors bien sur, selon les principes de CS on devrait croire à l’enfer éternel pcq ca contrarie nos désirs…)
Et ca semble directement contradictoire (bien que la mort et l’absurde soient 2 concepts différents ils sont impliqués si la mort est un néant, qui effectivement est absurde, le sens, ou finalité, étant inséparable de l’être, un but n’étant rien d’autre qu’un devenir potentiel orienté d’un être ) avec le passage de la page précédente:


142 (aucun de ces arguments n’est une preuve, il l’admet;
L’argument Freudien est classé parmi les 3 arguments qui poussent à croire à l’inexistence;


--comme vu plus haut c’est un sophisme.


143 (l’irréligion et la religion sont des droits, il faut leur interdire de s’imposer par la force; C’est la laicité

--Faux. Des états confessionnels comme l’Angleterre et les scandinaves ont eu ou ont ces libertés.

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Au final on n’a donc que 2 arguments athées : le mal et la médiocrité humaine (ontologique disons). Ils sont particulièrement faibles même pour une opinion, ils sont même sans valeur s’ils impliquent le désir qu’un cercle soit carré, i.e. que tel être soit d’une nature autre que ce qu’il est.

Les 3 (ou 4) premiers arguments sont moins faibles, mais ils ne sont qu’agnostiques, et assez facilement réversibles pour soutenir une opinion (au minimum ) contraire :

1)Les preuves d’inexistence semblent plus faibles et sont moins nombreuses
2)Les expériences ne prouvent pas mais peuvent faire pencher la balance comparativement à l’absence d’expérience (?) du coté athée.
3)Dieu est explicatif du monde si on fait les nuances, tandis que l’absurde est absurde.
4)Une exigence de la raison , ou de type rationnel, comme les postulats de Kant, est irréductible à un désir affectif, c’est un argument de convenance qui par nature fait pencher la balance.
《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
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Juliennami

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Re: Critique de Comte-Sponville - 6.0: Argument freudien

Ecrit le 20 déc.22, 22:33

Message par Juliennami »

Comte-Sponville est un philosophe français dont l'œuvre a été largement critiquée par d'autres philosophes. Son travail est fortement axé sur le concept de valeurs humaines, soutenant que les valeurs sont subjectives et qu'il ne faut pas essayer d'imposer ses valeurs aux autres. Cependant, les critiques ont souligné que cette position pourrait facilement conduire au relativisme moral, qui est la croyance que toutes les valeurs sont également valables.

ChristianK

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Re: Critique de Comte-Sponville - 6.0: Argument freudien

Ecrit le 06 janv.23, 12:59

Message par ChristianK »

D’abord philosophe est un grand mot, c’est juste un prof avec une compétence respectable, plus qu’un journaliste comme Onfray.
Ensuite, oui, il a bien du mérite, qui lui vient entre autres de ses racines cathos, de remettre les valeurs et la philo morale sur le devant, contre les fanatismes politiques francofrancais. Seulement il est un produit des ans 60, alors naturellement la valeur de tolérance prend une importance excessive par rapport aux autres vertus morales, tempérance, justice, courage, prudence.
D’ailleurs, si on ne doit imposer aucune valeur, on ne doit pas imposer la tolérance car celle-ci va finir par devenir excessive et donc cesser d’être une vertu (un juste milieu), ie.il Faut tolérer aussi les critiques contre la tolérance excessive.

Plus profondément, il a publié sur Camus, Montaigne, Lucrèce, pas un hasard, son directeur de thèse fut le prof Marcel Conche. Si, p.ex.on prend sa dimension Camus, encore une fois c’est pas sans valeur car il est intéressant d’étudier, dans une hypothèse d’absence de fins ultimes et même de subjectivité libre comme chez Sartre, comment justifier l’existence humaine et ses actions (dans le vocabulaire classique : les fins prochaines).
Ainsi, son voisin le plus proche mais en plus littéraire me semble Camus. Bien sûr Montaigne en amont peut-ëtre (et à travers lui le prof Conche), car c’est probablement le scepticisme en métaphysique qui le pousse vers une vision camusienne, un peu plus avancée que celle de Montaigne qui reste flottante comme tout scepticisme.
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ChristianK

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Re: Critique de Comte-Sponville - 6.0: Argument freudien

Ecrit le 11 janv.23, 15:00

Message par ChristianK »

Oubli dans la tête de fil:

À

"19 (la plus grande force des religions…n’est pas de rassurer face à la mort. LA PERSPECTIVE DE L’ENFER ETS PLUS INQUIETANTE QUE CELLE DU NEANT…QUOI DE PLUS EFFRAYANT QU’UNE DAMNATION ÉTERNELLE… Il est vrai que beaucoup de xtien ont cessé d’y croire. L’enfer ne serait q’une métaphore. On n’arrête pas le progrès

--Religion cucu, et il la voit comme un progrès, alors que ca devrait être un surcroit d’illusion selon ses propres principes! (pourquoi pas le salut pour tous de Michel Polnareff, ou à la rigueur un purgatoire temporaire qui serait conformes aux désirs affectifs - et alors bien sur, selon les principes de CS on devrait croire à l’enfer éternel pcq ca contrarie nos désirs…)
Et ca semble directement contradictoire (bien que la mort et l’absurde soient 2 concepts différents ils sont impliqués si la mort est un néant, qui effectivement est absurde, le sens, ou finalité, étant inséparable de l’être, un but n’étant rien d’autre qu’un devenir potentiel orienté d’un être ) avec le passage de la page précédente:"

Je devais ajouter:
"18 (ils ont besoin d’un Dieu pour se consoler, pour se rassurer, pour échapper (tel est le sens, chez Kant, des « postulats de la raison pratique ») à l’absurde et au désespoir"
《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
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