Serviteur d'Allah a écrit : ↑10 mars23, 10:10
Une seule Marie est mentionnée dans la sourate 3 et il n'y a pas confusion à son sujet.
Voici un avis, pas celui d'un musulman, mais celui d'un chrétien (un certain J.P Maneval De Silhac), qui évoque ce point (Marie sœur d'Aaron) dans sa thèse sur la christologie coranique:
"L’histoire de Jésus n’est en aucune manière rattachée à la mission de Moïse, alors qu'elle est dans une étroite corrélation avec l’histoire de Zacharie et de Jean-Baptiste. Le Messie fait partie d’un groupe de prophètes tout à fait indépendant de celui qui embrasse Moïse, (sourate. VI, 84-86).
Les circonstances qui entourent la naissance, la vie, l'œuvre des deux grands messagers de Dieu sont essentiellement distinctes. D'une part, la sœur du libérateur d’Israël habite l’Égypte, attentive au sort de son jeune frère abandonné dans un berceau au courant du fleuve (ss. XX, 38-41 ; XXVIII, 10, 11; cf. Exode, II, 3-8); tandis que la vierge Marie a été enfermée dans le sanctuaire de Jérusalem dès son enfance, et y est préparée par Zacharie à la destinée qui lui est réservée (s. III, 32). D’autre part, au temps où vivait Moïse, le peuple israélite nous apparait dans un état d’oppression complète; il est écrasé sous le pouvoir tyrannique d’un Pharaon d’Égypte; à la naissance de Marie et de son fils, il forme, au contraire, une nation libre, régie par des lois, ayant son temple, ses prêtres, sa constitution indépendante. Il y a là, ce nous semble, la distinction de deux périodes de l’histoire juive parfaitement différentes, et l’on ne peut accuser Mahomet d’assimiler l'époque mosaïque à celle de Jésus.
Enfin, un autre argument tout aussi péremptoire, c’est, la notion même que Mahomet s’est faite des révélations divines, du gouvernement théocratique des peuples élus. Le dogme de l’unilé de Dieu, qu’il croyait être appelé à prêcher à ses contemporains, n’est pas à ses yeux une croyance nouvelle, restée étrangère aux hommes jusqu’à lui. Le Prophète a le soin le plus constant et le plus sincère de le rattacher aux croyances antérieures et de le faire découler d’une série de révélations progressives, manifestées par les prophètes et leurs livres sacrés, aux Juifs d’abord, aux chrétiens ensuite, et dispensées aux peuples selon le degré de civilisation et de développement auquel ils étaient parvenus. Les diverses manifestations de la volonté divine sont non seulement en progrès les unes sur les autres, mais se corrigent aussi les unes les autres et rappellent les enseignements précédents méconnus. Le mosaïsme restaure la religion antérieure et la complète; le christianisme remet en vigueur la loi de Moïse; l’Islam, enfin, sous une forme plus nette, est la religion de Jésus-Christ, déjà altérée à son avènement. Or, ces diverses réformes, pour avoir lieu, doivent être nécessitées, et supposent entre elles un laps de temps assez considérable, pendant lequel le fondement de la religion a été oblitéré. Le Messie, dès lors, destiné à améliorer la loi mosaïque, n’a pu être son contemporain. Ajoutons, en outre, que le prophète arabe connaît la plupart des événements (de l'histoire juive qui se sont passés du libérateur d’Israël au dernier révélateur, dont lui-même devait compléter la doctrine. Il fait passer successivement sous nos yeux, après la mort de Moise et d'Aaron, et l’appel de Saül (Talout) au trône et son règne et ceux de David et de Salomon ( Cf. ss. II, 247-252, XXXVIII, 29 ; XXVII, 16, 17; XXI, 78-82). — Jésus représente le dernier écho de la volonté divine qui ait retenti avant lui, et une distance assez considérable le sépare d’Abraham et de la Tôra (Cf. s. III,58)
Nous croyons donc pouvoir affirmer que Mahomet mentionne deux personnages du nom d’Aaron; l’un frère de Moïse, l'autre frère légitime ou spirituel de la vierge Marie. Nous disons légitime ou spirituel, parce qu’en effet la sourate XIX, 29, autorise les deux hypothèses, selon qu’on s’en tient à la lettre, ou que l’on ne voit dans cet homme pieux, saint, qu'un type de pureté que les parents de Marie lui opposent, en présence du crime monstrueux dont, à leurs yeux, elle s’est rendue coupable."
Pour les autres remarques (le lever et coucher du soleil, la forme de la terre, etc.), vous vous êtes mal renseigné sur plusieurs points.
Il y a aussi cette thèse
« Partons de deux versets apparemment mystérieux de Paul, qui se rapportent aux Hébreux traversant le désert sous la conduite de Moïse ; on y parle d’un rocher-puits qui les suivait :
“Nos pères… ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel. Car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait : ce rocher, c’était le Christ” (1 Co 10:3-4).
Si ce rocher-puits est Jésus et que cette affirmation est évidente aux yeux des hébréo-chrétiens auxquels la lettre de Paul est destinée en priorité (à Corinthe), alors un sens très clair apparaît au rapprochement – autrement si invraisemblable – fait par trois fois dans le Coran entre la figure de Mariam, mère de Jésus, et celle de Mariam (Miryam) biblique, sœur d’Aaron : à la prière de celle-ci, le peuple assoiffé reçut le don divin de la source d’eau qui le sauve et le suit au cours de son long parcours dans le désert ; de même, la mère de Jésus vaut maintenant au nouveau peuple celui qui est « l’eau vive » (Jean 4,14). Mariam mère de Jésus accomplit la figure de la Mariam biblique.
Revoyons les trois passages du Coran qui évoquent bien Marie, mère de Jésus, comme sœur d’Aaron (et non pas comme une descendante, ainsi que certains en ont proposé la lecture pour faire disparaître l’incongruité apparente du propos) :
• s.19:28 [à propos de Marie qui est enceinte de Jésus :] “Ô sœur d’Aaron, ton père n’était pas un homme indigne, ni ta mère une prostituée” ;
• s.66:12 [également à propos de Marie, mère de Jésus :] “Et Maryam, fille de ‘Imrân, qui se garda vierge, en laquelle Nous insufflâmes [un peu] de notre Esprit…” ;
• s.3:35-36 [à propos de la grand-mère de Jésus qui consacre sa fille Marie à Dieu :] “Quand la femme de ‘Imrân dit : Seigneur ! Oui, je voue à Toi ce qui [est] dans mon ventre muharrar 2 ; accepte-le de moi ! Oui, Tu es Celui qui entend, l’Omniscient. Quand elle eut mis [sa fille au monde], elle s’écria : … Je la nomme Maryam”.
La figure de la mère de Jésus est rapprochée de celle de la Mariam biblique que le livre des Antiquités bibliques décrit ainsi :
“Après le trépas de Moïse, la manne cessa de descendre sur les fils d’Israël, et ils commencèrent alors à manger les fruits du pays. Tels furent les trois dons que Dieu fit à son peuple à cause des trois personnages : le puits d’eau de Mara en faveur de Marie ; la colonne de nuée en faveur d’Aaron ; et la manne en faveur de Moïse. Mais une fois disparus les trois [personnages], ces trois [présents] furent retirés [aux fils d’Israël]”.
la littérature rabbinique, par exemple dans la Tosefta qui, écrit Jules Leroy,
“rapporte la révélation d’un puits faite à Miriam. Celui-ci suivait les Israélites durant tout leur voyage à travers le désert. Il se plaçait au milieu du camp devant le Tabernacle chaque fois qu’on s’arrêtait pour prendre un repos. Moïse et les anciens sortaient alors de leur tente et chantaient le "Chant du puits". Alors le puits répandait ses eaux qui divisaient le camp en douze parties. »
Pour « expliquer » l’identification (allégorique) entre la mère de Jésus et la sœur d’Aaron dans le Coran, il serait ridicule de continuer à prétendre que la Miryam biblique aurait vécu 1250 ans sans que personne ne s’en aperçoive (avant d’enfanter Jésus – « Allah est Tout-Puissant » – explication saoudienne) ou que « Mahomet, auteur présumé du Coran, aurait été un païen qui n’aurait rien compris à ce que des juifs ou des chrétiens lui auraient raconté »– et qui aurait donc tout confondu (explication selon l’islamologie alignée).
Voilà qui peut résoudre en partie la question : pourquoi Mariam mère de Jésus a été dite sœur d’Aaron dans le Coran,
par allégorie et poésie, Jésus étant cette eau descendu du Ciel. »