Bonjour à tous.
Je vais rapatrier dans le présent topic quelques-unes de mes premières réponses que j'avais postées dans une discussion concernant le vide du Tao, et qui seront beaucoup moins hors-sujet ici. J'y parlais déjà du "personnage" dès mes premières interventions.
Mic a écrit : Mais le truc c'est que j'ai du mal à considerer que je ne suis pas egalement le mental, (ce que j 'appelle le mental c'est les pensées). Si le mental n'est pas une partie de moi, qu 'est ce qu il est ? Il parle pourtant de moi, il se refère à moi.
Tu vas me dire que non ca n est pas moi, c'est mon personnage, que je suis le Soi.
Oui, effectivement, ce sera le sens de ma réponse. Lorsque tu écris à propos du mental "Il parle pourtant de moi, il se refère à moi", je te réponds que le mental ne parle jamais de ton "vrai" toi, et il ne s'y réfère pas non plus, en tout cas pas de sa propre initiative. Pourquoi ? Parce que le mental ignore tout de la conscience, tout comme ton reflet dans le miroir n'a aucune "connaissance" de toi. Tu peux faire bouger ton reflet dans le miroir, le faire parler même si tu veux, mais ce sera forcément à ton initiative.
Ton mental est-il une partie de toi ? À cette question je peux répondre oui, et éventuellement non. Oui, parce que tout ce qui existe est une partie de toi. Je dirais même : tout ce qui existe EST toi (ton vrai toi, bien entendu), même si actuellement c'est peut-être un peu difficile à appréhender pour ton personnage. Mais je comprends aussi ceux qui répondent plutôt "non" en ajoutant que le mental est une sorte d'anti-conscience tout comme l'ombre serait de l'anti-lumière. Je comprends ce qu'ils veulent dire mais préfère nettement le "oui", pour ma part, car c'est ce qui apparaît dans ma propre expérience. Même sans en avoir fait l'expérience, tu peux comprendre que dès lors que le "personnage" est une sorte de création de la conscience, alors le mental qui anime le personnage l'est aussi. La conscience peut très bien se passer de l'illusion du mental, mais le mental ne saurait exister sans la conscience. Pour revenir à l'analogie du miroir, ton reflet n'existe que parce que tu existes, mais tu n'as pas besoin de miroir pour exister.
Si donc ton mental parle de toi et se réfère à toi, comme tu l'écris, il faut préciser qu'il ne s'agit pas du "vrai" toi, mais du personnage. Ton mental ne connaît pas la conscience, mais en revanche il se connaît lui-même. Il est comme un ordinateur qui engrange sans cesse des informations, qui les classe et les assemble, mais qui au final ne peut rien faire d'autre que de "régurgiter" des données qu'il a reçues auparavant. Le mental n'est pas du tout créatif, il est même très chiant dans ce domaine (désolé pour le terme mais il faut appeler un chiant un chiant).
Par contre, il est très performant quand on a besoin de lui pour des calculs, de l'organisation, de la communication, de la mémorisation et plein d'autres tâches dans lesquelles il excelle. Il connaît très bien ton personnage, y compris tous tes personnages du passé, ce que tu appelles ton "vécu", et bien entendu qu'il peut en parler et s'y référer.
Peut etre as tu raison.
C'est ici la phrase peut-être la plus courte mais en tout cas la plus importante de ton message, Mic. C'est le genre de phrase que le mental n'apprécie pas trop. Le mental n'aime pas le doute, il veut toujours trouver une explication satisfaisante. En écrivant cette phrase, tu laisses la porte ouverte à une connaissance qui dépasse le mental, et c'est très bon signe.
Mais j'ai l impression que le Soi est totalement impersonnel, sans caractere, ennuyeux et sans joie. Pour moi, le Soi, d'apres ce que j 'ai lu, est cette un simple espace de conscience sans volonté ni intention ni désirs. De la conscience pure et dure et c 'est tout. Est ce que je me trompe ? Quel est ton avis, Gzabirji ?
Tout d'abord un grand merci à toi pour l'honnêteté que je perçois à travers de tels propos, Mic. Beaucoup d'humilité aussi. Sache tout d'abord que l'impression plutôt désagréable que tu éprouves est tout à fait normale. La raison en est simple : tu as une vision uniquement mentale de la conscience, basée sur ce que tu as lu ou entendu. Ce n'est pas du tout une critique, nous sommes tous passés par là, y compris Jésus et Bouddha je suppose. Pourquoi le fait que tu aies une perception "mentale" de la conscience amène-t-il un tel inconfort ? C'est comme si tu demandais à un ouvrier de fabriquer le robot qui finirait peut-être par le remplacer et lui faire perdre son emploi. Le mental n'a pas du tout envie de perdre la vedette. Il a peur de disparaître, de mourir, d'être "remplacé". L'ouvrier fera tout pour convaincre son patron des avantages d'un humain au poste qu'il occupe, plutôt qu'un robot. En somme, ton mental va résister autant qu'il le pourra, et essaiera de convaincre ton personnage de renoncer à trouver quelqu'un d'autre que lui, à savoir ton "vrai" toi. En plus, il se trompe lui-même car lorsque tu découvriras enfin qui tu es vraiment, tu n'auras aucun mal à utiliser ton mental à bon escient, à apprécier et exploiter ses nombreuses capacités. Dès lors qu'on s'éveille, notre mental ne devient pas notre ennemi, bien au contraire. La seule différence (de taille), c'est que nous cessons de nous identifier à lui et nous reprenons les commandes.
Voilà, cher Mic, quelques explications écrites avec des mots, et donc de simples pointeurs. N'hésite surtout pas à me poser toutes les questions que tu veux, même si je n'ai pas réponse à tout.
Ajouté 5 heures 36 minutes 12 secondes après :
Gadou_bis a écrit : Plus sérieusement: l'individu existe.
L'interconnexion des choses et des individus n'en fait pas un seul individu.
Il y a plusieurs conscience de soi.
Il y a la conscience universelle.
Il y a la conscience de l'ensemble des humains.
Il y a la conscience du corps.
Il y a la conscience d'une partie du corps.
Etc...
Salut Gadou_bis. Tu as raison ici sur pas mal d'affirmations à condition de bien préciser les choses.
Par exemple, lorsque tu emploies le terme "individu", s'agit-il du vrai soi ou bien plutôt du "personnage" mental ? C'est important comme précision.
De même, lorsque tu emploies le mot "conscience" il faudrait qu'on sache si tu l'emploies dans le sens commun du terme, le sens mental, ou plutôt dans sa véritable acception, celle que connaît le vrai soi.
Tu emploies l'expression "conscience universelle", mais sais-tu vraiment de quoi il s'agit ?
Si tu admets mentalement l'existence de la conscience universelle, alors il te faut aussi admettre que toutes les autres consciences que tu évoques émanent de cette fameuse conscience universelle. Sinon, elle ne pourrait être qualifiée d'universelle. Le simple fait qu'on la dise "universelle" implique qu'elle englobe toutes les autres d'une manière ou d'une autre.
Pour te donner une image, c'est un peu comme les membres du corps. Si je te dis que ce n'est pas moi qui rédige le présent message, mais que ce sont mes doigts, tu vas trouver ça bizarre et quelque peu malhonnête, n'est-ce pas ?
Ajouté 11 heures 33 minutes 44 secondes après :
Mic a écrit : Gzabirji, je voudrais te poser une question. Selon toi, a t on un ou deux soi ? Je m explique: a t on un soi ordinaire mental et un Soi qui serait la pleine conscience ou bien n y a t il que le Soi de pleine conscience ?
Salut Mic. Il existe un soi illusoire, fruit de la construction mentale. Ce soi-là change constamment, comme tout ce qui est illusoire. Ton personnage d'aujourd'hui n'est pas du tout le même que lorsque tu avais 20 ans. Il n'est même pas le même qu'hier, et il aura encore changé rien que par le fait d'avoir lu le présent message. Il est en perpétuelle construction et déconstruction. Le problème majeur dont souffre l'humanité c'est que nous croyons être ce soi-là. Nous nous identifions à lui, c'est à dire que nous croyons être ce soi-là, qu'il s'agit de notre véritable identité.
Le véritable soi nous est inconnu jusqu'à ce que nous en fassions enfin l'expérience. Il parvient parfois à s'exprimer au cours de notre vie, mais de façon fugace, si fugace qu'on n'y prête pas attention. C'est un peu comme lorsque durant la nuit tu connais une micro-phase d'éveil avant de replonger presque immédiatement dans le sommeil inconscient.
Je te rappelle en outre que nous "n'avons" aucun soi, mais que nous "sommes" le soi véritable, que nous en ayons conscience ou pas. Et ce que nous sommes réellement ne subit aucun changement, aucune altération. Le soi véritable est divin et éternel. Je ne n'affirme pas ici ce que je "crois" mais ce dont je fais l'expérience, comme tous les éveillés.
Encore merci pour tes questions, j'ai beaucoup de plaisir à te répondre.
Mic, je rajoute quelque chose qui me paraît important, même si probablement encore hors de ta portée.
Si tu parviens à envisager mentalement que le soi véritable est immuable, inaltérable, sans changement ni variation, alors tu peux (toujours mentalement) en déduire que ton toi véritable ne diffère en rien du mien et c'est la raison pour laquelle on parle de "conscience universelle" car il n'y a finalement qu'une seule est unique conscience. Et pour aller encore plus loin, il s'agit du principe fondateur biblique qui affirme "Dieu est un seul Dieu". Pour le dire plus simplement, qu'on dise "la conscience", le "vrai soi" ou "Dieu", pour un éveillé ça revient exactement au même.
Je sais que tout cela est difficile à appréhender mentalement, cher Mic, car le mental veut toujours exister indépendamment de ce qui l'entoure. La personnalité mentale, illusoire, animale, se perçoit duelle, c'est à dire séparée de tout ce qui n'est pas elle, et la simple pensée de "non-dualité" lui fait peur. C'est tout à fait normal.
Lorsque tu as écrit hier "peut-être que tu as raison" j'y ai vu une capacité chez toi à surmonter cette peur mentale, comme l'ont fait tôt ou tard tous les éveillés.
Ajouté 9 heures 34 minutes 20 secondes après :
L'amour, la joie et la paix sont les états profonds de l'Être, ou plutôt trois aspects de cet état de rapport intime avec l'Être. En tant que tels, ils n'ont aucun opposé. Pourquoi ? Parce que leur origine se situe au-delà du mental. Par contre, comme les émotions appartiennent au monde de la dualité, elles sont soumises à la loi des opposés. Ceci sous-entend simplement que vous ne pouvez avoir ce qui est bon sans ce qui est mauvais.
Ibid.
Ajouté 10 heures 39 minutes 35 secondes après :
Dans l'état de non-éveil et d'identification au mental, ce que l'on qualifie parfois à tort de joie n'est en fait habituellement que l'aspect plaisir, éphémère, du perpétuel cycle d'alternance souffrance-plaisir. Le plaisir est toujours provoqué par quelque chose d'extérieur à vous, alors que la joie émane de l'intérieur.
Ibid.
Ajouté 5 heures 20 minutes 39 secondes après :
La chose qui vous procure du plaisir aujourd'hui vous fera souffrir demain. Ou bien le plaisir disparaîtra et son absence vous fera souffrir. Et ce que l'on qualifie souvent d'amour peut certes être agréable et plaisant pendant un certain temps, mais il s'agit d'une attitude de dépendance qui nous fait nous accrocher, d'un état d'extrême besoin pouvant se métamorphoser en son opposé en un clin d'œil.
Ibid.
Ajouté 4 heures 34 minutes 57 secondes après :
Une fois l'euphorie initiale dissipée, de nombreuses relations oscillent en fait entre « l'amour » et la haine, entre l'attirance et l'hostilité.
Ibid.
Ajouté 3 heures 40 minutes 7 secondes après :
L'amour véritable ne vous fait pas souffrir. Comment le pourrait-il ? Il ne se transforme pas soudainement en haine, pas plus que la véritable joie ne devient souffrance.
Ibid.
Ajouté 8 heures 38 minutes 8 secondes après :
Même avant de connaître l'illumination – avant de vous être libéré du mental –, il se peut que vous ayez quelques aperçus de ce que sont la joie et l'amour véritables, ou d'une profonde paix intérieure empreinte d'immobilité mais vibrante et vivante. Ce sont là des aspects de votre vraie nature, qui est en général masquée par le mental.
Ibid.
Ajouté 8 heures 50 minutes 53 secondes après :
Même dans le cadre d'une relation « normale » de dépendance, il peut y avoir des moments où la présence de quelque chose de plus authentique et d'inaltérable se fait sentir. Mais ces moments seront fugitifs, car ils seront vite évincés par l'activité interférente du mental. Vous aurez peut-être à ce moment-là l'impression d'avoir eu en votre possession quelque chose de très précieux et de l'avoir perdu. Ou bien votre mental essaiera de vous convaincre que, de toute manière, tout cela n'était qu'illusion.
Ibid.
Ajouté 6 heures 11 minutes 7 secondes après :
Mais la vérité, c'est que ce n'était pas une illusion et que cette expérience ne peut s'effacer. Elle appartient à votre état original qui peut certes être masqué par le mental, mais jamais être détruit par lui. Même lorsque le ciel est complètement couvert, le soleil ne disparaît pas. Il est encore là derrière les nuages.
Ibid.
Ajouté 10 heures 52 minutes 19 secondes après :
Pour trouver un substitut à la joie, qui est le propre de l'Être, le mental cherche le salut ou la satisfaction en désirant des choses extérieures ou dans le futur. Aussi longtemps que je suis mon mental, je suis aussi ces envies, ces besoins, ces manques, ces attachements et ces aversions.
Ibid.
Ajouté 5 heures 39 minutes 49 secondes après :
À part ceux-ci, il n'y a pas de « je », sauf sous la forme d'une infime possibilité, d'un potentiel non réalisé, d'une graine qui n'a pas encore germé.
Ibid.
Ajouté 5 heures 58 minutes 37 secondes après :
Dans cet état-là, même mon désir de me libérer ou d'atteindre l'éveil n'est encore qu'une autre envie axée sur une satisfaction et un accomplissement futurs.
Ibid.
Ajouté 13 heures 18 minutes 15 secondes après :
Ne cherchez donc pas à vous libérer du désir ni à « atteindre » l'illumination. Apprenez à être présent. Soyez celui qui observe le mental. Au lieu de citer Bouddha, soyez Bouddha. Soyez « celui qui est éveillé ». C'est ce que le mot bouddha veut dire : éveillé.
Ibid.