Vic a écrit :
Du reste , pourquoi un tel dieu aurait besoin qu'on l'adule ou qu'on lui soit soumis ? Qu'est ce qui lui manque ?
Dieu n’a besoin de rien. Donc une objection qui verrait un besoin dans les exigences divines met à coté de la plaque. C’est un strawman argument qui n’a jamais été soutenu en théologie catho.
C’est l’homme qui a besoin des commandements et des signes extérieurs de réalités spirituelles, car Dieu est sa fin ultime, donc son bonheur. La soumission est dans la nature même des choses car Dieu est fin ultime, rien à voir avec un besoin.
C’est la thèse classique depuis au moins un millénaire :
St Thomas :
II-II Q 81 art 7
Article 7 : La latrie comporte-t-elle des actes extérieurs ?
Objections : 1. Il semble que la latrie n’ait pas d’acte extérieur, car il est dit en S. Jean (4, 24) “ Dieu est esprit et
ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et vérité. ”
Or les actes extérieurs ne relèvent pas de l’esprit, mais plutôt du corps. Donc la religion n’a pas d’actes extérieurs,
mais seulement intérieurs.
2. La religion a pour fin de rendre à Dieu respect et honneur. Mais il semble irrespectueux de présenter à quelqu’un
d’éminent ce qui convient proprement aux inférieurs. Or, tous les actes d’hommage où le corps intervient paraissent
appropriés aux besoins humains ou au respect dû aux créatures inférieures à Dieu. Il apparaît donc peu convenable
d’en user pour honorer Dieu.
3. S. Augustin approuve Sénèque blâmant ceux qui rendent aux idoles les hommages rendus ordinairement aux
hommes, parce que ce qui revient aux mortels ne convient pas aux immortels. Moins encore est-ce permis pour le
Dieu véritable, élevé par-dessus tous les dieux. Les actes corporels sont donc à réprouver dans le culte de Dieu, et la
religion ne les comporte pas.
En sens contraire, on lit dans le Psaume (84,3). “ Mon cœur et ma chair ont bondi vers le Dieu vivant ” Mais si les
actes intérieurs relèvent du “ cœur ”, les actes extérieurs relèvent de la “ chair ”. Il apparaît donc que le culte rendu à
Dieu doit comporter non seulement des actes intérieurs, mais aussi des actes extérieurs.
Réponse : Nous témoignons à Dieu honneur et révérence non pour lui-même, parce qu’en lui-même il est plein
d’une gloire à quoi la créature ne peut rien ajouter, mais pour nous-mêmes; car révérer Dieu et l’honorer, c’est en
fait lui assujettir notre esprit, qui trouve en cela sa perfection. Toute chose en effet trouve sa perfection dans la
soumission à ce qui lui est supérieur. Ainsi le corps vivifié par l’âme, l’air illuminé par le soleil. Mais pour rejoindre
Dieu, l’esprit humain a besoin d’être guidé par le sensible : car, écrit l’Apôtre (Rm 1, 20) : “ C’est par le moyen des
choses créées qu’apparaît au regard de l’intelligence l’invisible mystère de Dieu. ” C’est pourquoi le culte divin
requiert nécessairement l’usage de réalités corporelles, comme de signes capables d’éveiller en l’âme humaine les
actes spirituels par lesquels on s’unit à Dieu. Ainsi la religion a des actes intérieurs qui sont principaux et qui d’eux-
mêmes lui appartiennent. Mais elle y ajoute, à titre secondaire, des actes extérieurs ordonnés aux actes intérieurs.
Solutions : 1. Le Seigneur ne parle que de ce qui, dans le culte, est premier et voulu pour soi-même.
2. Ces offrandes extérieures ne sont pas présentées à Dieu pour subvenir à une indigence, selon qu’il dit dans le
Psaume (50, 13) : “ Mangerai-je donc la chair des taureaux, boirai-je le sang des boucs ? ” Mais on les présente en
signe de certaines œuvres intérieures et spirituelles, agréées de lui pour elles-mêmes. D’où cette définition de S.
Augustin : “ Le sacrifice visible est le sacrement, c’est-à-dire le signe sacré, du sacrifice invisible. ”
3. On se moque des idolâtres parce qu’ils présentaient aux idoles des offrandes bonnes pour des hommes, non
comme des signes éveillant au monde spirituel, mais comme si les idoles prenaient plaisir à ces dons en eux-mêmes.
Et surtout parce que ces idoles étaient inexistantes et immorales.