A la recherche de Paul
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Le christianisme est une religion monothéiste et abrahamique, issue d'apôtres célébrant la vie et les enseignements de Jésus. Les chrétiens croient que Jésus de Nazareth est le Messie que prophétisait l'Ancien Testament, et, hormis quelques minorités, Fils de Dieu, ou Dieu incarner, néanmoins Prophete.
Le christianisme est une religion monothéiste et abrahamique, issue d'apôtres célébrant la vie et les enseignements de Jésus. Les chrétiens croient que Jésus de Nazareth est le Messie que prophétisait l'Ancien Testament, et, hormis quelques minorités, Fils de Dieu, ou Dieu incarner, néanmoins Prophete.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 11 août23, 09:40- En plus de sa citoyenneté romaine, Paul appartenait à la culture grecque!
- Il parlait et pensait grec!
- Il lui était facile de se faire comprendre partout où il passait!
- C’était un homme cultivé et il a utilisé ses connaissances!
- Il parlait l’araméen à la maison, le grec en ville et il connaissait également l’hébreu!
- C’était un citoyen de la cité grecque ce qui impliquait le “droit de tout dire”!
- Il a utilisé cette liberté d’expression toute sa vie ce qui entraînera la colère de ses opposants!
- Il a grandi dans cette largeur d’esprit liée à la culture grecque!
- Pour Paul, tous étaient égaux: les hommes, les femmes, les citoyens, les non citoyens, les esclaves!
______________________________________________________________________________
5- L'homme de culture grecque
En plus de sa citoyenneté romaine, Paul appartenait à la culture grecque. Dans l’immense empire, les gens parlaient grec et pensaient grec. À cause de cette culture commune à travers tout le bassin méditerranéen, Paul se sent à l’aise dans toutes les grandes villes : Tarse, Damas, Antioche de Syrie, Antioche de Pisidie, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Éphèse, Rome...
Homme de grande culture et de grande éducation, il connaissait bien les philosophes et les écrivains de son temps. Il les cite souvent dans ses lettres et sait s’en inspirer.
À la maison, il utilisait l’araméen, sa langue maternelle, mais dans la ville où il grandit, il parlait le «koinè» ou «grec commun». C’était la langue du peuple et ce sera celle du Nouveau Testament. Paul connaissait aussi l’hébreu, la langue de la Bible, mais à l'école il a découvert les Écritures dans la traduction grecque, composée à Alexandrie d’Égypte trois siècles plus tôt (la version Septante).
Paul était un citoyen de la « polis », la cité grecque, particulièrement en ce qui regarde le droit imprescriptible de dire tout ce qu'on estime devoir être dit, sans crainte de se faire bâillonner par qui que ce soit. Les Grecs appelaient cela la « parrèsia », « le droit de tout dire ». Cette liberté d’expression, Paul l’utilisera abondamment tout au long de sa vie, ce qui provoquera parfois la colère de ses opposants et il l’intégrera à sa conception de la vie chrétienne. Selon «l’apôtre de la liberté», les églises chrétiennes ne pouvaient exister sans ce droit fondamental. Lorsque sous Constantin, au 4e siècle, le christianisme deviendra la religion de l’empire, ce privilège sera mis en tutelle. Chaque fois que la religion est au service de la politique, les chrétiens ne peuvent plus dire ce qu’ils pensent et se voient obligés de défendre l’État et les institutions, plutôt que de lutter pour la justice et la vérité.
Le prédicateur de la
liberté chrétienne
a grandi dans cet
esprit d’ouverture
Au temps de Paul, les villes grecques se distinguaient des villes romaines par une liberté plus grande permettant le développement de la personnalité et l’ouverture aux influences étrangères. En tant que membre de cette culture, Paul avait une largeur d’esprit qui l’ouvrait à tout ce qui est beau et bon dans son monde multi culturel. Il savait que dans le paganisme il existait un bon nombre d’éléments qui pouvaient s’intégrer à la religion chrétienne.
L'influence de la civilisation grecque sur l'esprit de Paul a été d’une importance capitale. Il pensait, parlait et écrivait le grec aussi bien que sa langue maternelle. Pour bien saisir le sens des épitres et en comprendre les expressions, les images et les sentiments, il nous faut connaître cette civilisation.
Le prédicateur de la liberté chrétienne a grandi dans cet esprit d’ouverture. Son inspiration puissante émeut les lecteurs de ses lettres, quand il chante « la liberté par laquelle le Christ nous a affranchis » (Galates 5, 1).
Grâce à la culture grecque qui unifiait l’empire romain, Paul avait la préparation nécessaire pour accomplir sa mission. Il réussira à détruire le mur qui séparait les Juifs des Gentils :
« Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi – moi, qui ne suis pas sujet de la Loi – afin de gagner les sujets de la Loi. Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi – moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ – afin de gagner les sans-loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, afin d'en avoir ma part. » (1 Corinthiens 19-23)
L’évangile de la liberté prêché par Paul plaçait tout le monde sur un pied d’égalité et permettait ainsi le développement de la grande famille de Dieu :
« Car vous êtes tous fils et les filles de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3, 26-29)
Ajouté 24 minutes 33 secondes après :
Paul était Pharisien de culture hébraïque!
Il a appris les Écritures par cœur!
Comme tout Pharisien, il pratiquait la vertu et observait les devoirs imposés par la tradition et la Loi!
Les Pharisiens étaient des nationalistes juifs!
En devenant chrétien, il a été confronté aux Juifs orthodoxes et aux judéos-chrétiens!
Par sa formation et sa culture, il était préparé à annoncer le message du Christ à toutes les nations!
______________________________________________________________________________
6- Le pharisien de culture hébraïque
Paul était Juif, fils de Pharisien, destiné au rabbinat. Il parle plus d'une fois dans ses lettres, et avec fierté, de son éducation juive. Je suis « Hébreu, fils d'Hébreux » (Philémon 3, 5), «membre de la tribu de Benjamin».
Il aura passé de longues heures à l'école de la synagogue sous la direction du «hazzan» à apprendre par coeur les Écritures. Il les cite de mémoire environ deux cents fois dans ses lettres.
Paul est resté jusqu'au bout passionnément attaché au peuple qui est le sien, à cette nation qui défiait l'histoire et qui continue à le faire aujourd’hui encore : « Je souhaiterais être moi-même anathème et séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race, selon la chair. Eux qui sont israélites, à qui appartiennent l'adoption filiale ; la gloire, les alliances, la législation, le culte et les promesses ; et aussi les patriarches, et de qui est issu le Christ selon la chair » (Romains 9, 3-5).
Les pharisiens, contrairement aux Saducéens, étaient très proches du peuple, ouvrant des écoles, accueillant les pauvres et les malades, aidant les immigrants et les nouveaux arrivés.
Après la destruction de Jérusalem et la fin de l’État juif, en l’an 70, les Pharisiens ont été d’une importance vitale pour ce peuple en détresse. Ce sont eux qui ont sauvé Israël. C'est à eux que le judaïsme doit sa survie.
Chez les Juifs, la maison paternelle était «un sanctuaire familial», consacré à la pratique de la vertu et à l'observance des devoirs imposés par la tradition et par la Loi. Les pharisiens ne mangeaient que des aliments kasher, ce qui garantissait leur pureté et évitait toute souillure.
Paul se rendait régulièrement à la synagogue et observait rigoureusement le repos sabbatique. Il payait la dîme et jeûnait conformément aux commandements de la Loi. Dès le début du jour, il se tournait dans la direction du Temple de Jérusalem et prononçait sa première prière : «Écoute Israël, notre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu unique.» Au moins trois fois pendant la journée - le matin, l'après-midi et le soir -, il remerciait Dieu pour les faveurs obtenues.
Dans la maison paternelle, Paul respirait une atmosphère essentiellement religieuse. Dans cet environnement fleurissait aussi le nationalisme juif, qui le reliait à Jérusalem et à la Palestine.
Au temps de César-Auguste et de Tibère, les Juifs de la Diaspora étaient protégés par les empereurs qui sévissaient quand on les molestait. Ils disposaient d'une juridiction propre, quoique limitée, et on leur permettait de suivre leurs règles alimentaires. Ils étaient dispensés du service militaire, pour ne pas être obligés à combattre le jour du sabbat. Ils avaient l’autorisation de célébrer leur culte à condition d'y mettre la forme : les sacrifices en l'honneur de Yahvé avaient pour les Romains valeur d'hommages à l'empereur-dieu. Mieux encore : on leur permettait de lever un impôt annuel pour le Temple de Jérusalem et d’acheminer cette contribution vers la ville sainte.
Après sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas et au cours de ses voyages missionnaires, Paul est entré en conflit avec les Juifs orthodoxes et avec les judéo-chrétiens. Sans jamais renié son peuple, il est resté déchiré entre l’amour qu’il avait pour lui et sa fidélité au Christ, sauveur de tous.
Paul de Tarse était un homme aux multiples facettes, d’une grande richesse culturelle et religieuse : à la fois romain, grec et juif, pharisien et chrétien, contemplatif et homme d'action, évangélisateur et docteur, écrivain audacieux et théologien profond.
On ne peut comprendre ce grand missionnaire qu'à travers sa riche personnalité et l’attachement à sa foi en Jésus-Christ. Peu de gens étaient mieux préparé que lui pour annoncer la Bonne Nouvelle « à toutes les Nations ». Avec Paul, nous assistons à la naissance du christianisme universel, « où il n’y a ni Juif ni Grec, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme », mais un nouveau peuple de fils et de filles tous aimés de Dieu.
Ajouté 29 minutes 44 secondes après :
7- Citoyen de la ville de Tarse
Paul était citoyen de la ville de Tarse!
Tarse était une grande ville de l’Empire!
Elle était devenue romaine en 64 avant notre ère!
Rome connut une guerre civile!
César Auguste transforma alors la République en dictature!
Puis il établit une paix durable, la “pax romana”!
Tarse était une ville où différentes religions et langues cohabitaient!
Paul était donc habituée à cette diversée!
- Il parlait et pensait grec!
- Il lui était facile de se faire comprendre partout où il passait!
- C’était un homme cultivé et il a utilisé ses connaissances!
- Il parlait l’araméen à la maison, le grec en ville et il connaissait également l’hébreu!
- C’était un citoyen de la cité grecque ce qui impliquait le “droit de tout dire”!
- Il a utilisé cette liberté d’expression toute sa vie ce qui entraînera la colère de ses opposants!
- Il a grandi dans cette largeur d’esprit liée à la culture grecque!
- Pour Paul, tous étaient égaux: les hommes, les femmes, les citoyens, les non citoyens, les esclaves!
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5- L'homme de culture grecque
En plus de sa citoyenneté romaine, Paul appartenait à la culture grecque. Dans l’immense empire, les gens parlaient grec et pensaient grec. À cause de cette culture commune à travers tout le bassin méditerranéen, Paul se sent à l’aise dans toutes les grandes villes : Tarse, Damas, Antioche de Syrie, Antioche de Pisidie, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Éphèse, Rome...
Homme de grande culture et de grande éducation, il connaissait bien les philosophes et les écrivains de son temps. Il les cite souvent dans ses lettres et sait s’en inspirer.
À la maison, il utilisait l’araméen, sa langue maternelle, mais dans la ville où il grandit, il parlait le «koinè» ou «grec commun». C’était la langue du peuple et ce sera celle du Nouveau Testament. Paul connaissait aussi l’hébreu, la langue de la Bible, mais à l'école il a découvert les Écritures dans la traduction grecque, composée à Alexandrie d’Égypte trois siècles plus tôt (la version Septante).
Paul était un citoyen de la « polis », la cité grecque, particulièrement en ce qui regarde le droit imprescriptible de dire tout ce qu'on estime devoir être dit, sans crainte de se faire bâillonner par qui que ce soit. Les Grecs appelaient cela la « parrèsia », « le droit de tout dire ». Cette liberté d’expression, Paul l’utilisera abondamment tout au long de sa vie, ce qui provoquera parfois la colère de ses opposants et il l’intégrera à sa conception de la vie chrétienne. Selon «l’apôtre de la liberté», les églises chrétiennes ne pouvaient exister sans ce droit fondamental. Lorsque sous Constantin, au 4e siècle, le christianisme deviendra la religion de l’empire, ce privilège sera mis en tutelle. Chaque fois que la religion est au service de la politique, les chrétiens ne peuvent plus dire ce qu’ils pensent et se voient obligés de défendre l’État et les institutions, plutôt que de lutter pour la justice et la vérité.
Le prédicateur de la
liberté chrétienne
a grandi dans cet
esprit d’ouverture
Au temps de Paul, les villes grecques se distinguaient des villes romaines par une liberté plus grande permettant le développement de la personnalité et l’ouverture aux influences étrangères. En tant que membre de cette culture, Paul avait une largeur d’esprit qui l’ouvrait à tout ce qui est beau et bon dans son monde multi culturel. Il savait que dans le paganisme il existait un bon nombre d’éléments qui pouvaient s’intégrer à la religion chrétienne.
L'influence de la civilisation grecque sur l'esprit de Paul a été d’une importance capitale. Il pensait, parlait et écrivait le grec aussi bien que sa langue maternelle. Pour bien saisir le sens des épitres et en comprendre les expressions, les images et les sentiments, il nous faut connaître cette civilisation.
Le prédicateur de la liberté chrétienne a grandi dans cet esprit d’ouverture. Son inspiration puissante émeut les lecteurs de ses lettres, quand il chante « la liberté par laquelle le Christ nous a affranchis » (Galates 5, 1).
Grâce à la culture grecque qui unifiait l’empire romain, Paul avait la préparation nécessaire pour accomplir sa mission. Il réussira à détruire le mur qui séparait les Juifs des Gentils :
« Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi – moi, qui ne suis pas sujet de la Loi – afin de gagner les sujets de la Loi. Je me suis fait un sans-loi avec les sans-loi – moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ – afin de gagner les sans-loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, afin d'en avoir ma part. » (1 Corinthiens 19-23)
L’évangile de la liberté prêché par Paul plaçait tout le monde sur un pied d’égalité et permettait ainsi le développement de la grande famille de Dieu :
« Car vous êtes tous fils et les filles de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3, 26-29)
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Paul était Pharisien de culture hébraïque!
Il a appris les Écritures par cœur!
Comme tout Pharisien, il pratiquait la vertu et observait les devoirs imposés par la tradition et la Loi!
Les Pharisiens étaient des nationalistes juifs!
En devenant chrétien, il a été confronté aux Juifs orthodoxes et aux judéos-chrétiens!
Par sa formation et sa culture, il était préparé à annoncer le message du Christ à toutes les nations!
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6- Le pharisien de culture hébraïque
Paul était Juif, fils de Pharisien, destiné au rabbinat. Il parle plus d'une fois dans ses lettres, et avec fierté, de son éducation juive. Je suis « Hébreu, fils d'Hébreux » (Philémon 3, 5), «membre de la tribu de Benjamin».
Il aura passé de longues heures à l'école de la synagogue sous la direction du «hazzan» à apprendre par coeur les Écritures. Il les cite de mémoire environ deux cents fois dans ses lettres.
Paul est resté jusqu'au bout passionnément attaché au peuple qui est le sien, à cette nation qui défiait l'histoire et qui continue à le faire aujourd’hui encore : « Je souhaiterais être moi-même anathème et séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race, selon la chair. Eux qui sont israélites, à qui appartiennent l'adoption filiale ; la gloire, les alliances, la législation, le culte et les promesses ; et aussi les patriarches, et de qui est issu le Christ selon la chair » (Romains 9, 3-5).
Les pharisiens, contrairement aux Saducéens, étaient très proches du peuple, ouvrant des écoles, accueillant les pauvres et les malades, aidant les immigrants et les nouveaux arrivés.
Après la destruction de Jérusalem et la fin de l’État juif, en l’an 70, les Pharisiens ont été d’une importance vitale pour ce peuple en détresse. Ce sont eux qui ont sauvé Israël. C'est à eux que le judaïsme doit sa survie.
Chez les Juifs, la maison paternelle était «un sanctuaire familial», consacré à la pratique de la vertu et à l'observance des devoirs imposés par la tradition et par la Loi. Les pharisiens ne mangeaient que des aliments kasher, ce qui garantissait leur pureté et évitait toute souillure.
Paul se rendait régulièrement à la synagogue et observait rigoureusement le repos sabbatique. Il payait la dîme et jeûnait conformément aux commandements de la Loi. Dès le début du jour, il se tournait dans la direction du Temple de Jérusalem et prononçait sa première prière : «Écoute Israël, notre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu unique.» Au moins trois fois pendant la journée - le matin, l'après-midi et le soir -, il remerciait Dieu pour les faveurs obtenues.
Dans la maison paternelle, Paul respirait une atmosphère essentiellement religieuse. Dans cet environnement fleurissait aussi le nationalisme juif, qui le reliait à Jérusalem et à la Palestine.
Au temps de César-Auguste et de Tibère, les Juifs de la Diaspora étaient protégés par les empereurs qui sévissaient quand on les molestait. Ils disposaient d'une juridiction propre, quoique limitée, et on leur permettait de suivre leurs règles alimentaires. Ils étaient dispensés du service militaire, pour ne pas être obligés à combattre le jour du sabbat. Ils avaient l’autorisation de célébrer leur culte à condition d'y mettre la forme : les sacrifices en l'honneur de Yahvé avaient pour les Romains valeur d'hommages à l'empereur-dieu. Mieux encore : on leur permettait de lever un impôt annuel pour le Temple de Jérusalem et d’acheminer cette contribution vers la ville sainte.
Après sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas et au cours de ses voyages missionnaires, Paul est entré en conflit avec les Juifs orthodoxes et avec les judéo-chrétiens. Sans jamais renié son peuple, il est resté déchiré entre l’amour qu’il avait pour lui et sa fidélité au Christ, sauveur de tous.
Paul de Tarse était un homme aux multiples facettes, d’une grande richesse culturelle et religieuse : à la fois romain, grec et juif, pharisien et chrétien, contemplatif et homme d'action, évangélisateur et docteur, écrivain audacieux et théologien profond.
On ne peut comprendre ce grand missionnaire qu'à travers sa riche personnalité et l’attachement à sa foi en Jésus-Christ. Peu de gens étaient mieux préparé que lui pour annoncer la Bonne Nouvelle « à toutes les Nations ». Avec Paul, nous assistons à la naissance du christianisme universel, « où il n’y a ni Juif ni Grec, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme », mais un nouveau peuple de fils et de filles tous aimés de Dieu.
Ajouté 29 minutes 44 secondes après :
7- Citoyen de la ville de Tarse
Paul était citoyen de la ville de Tarse!
Tarse était une grande ville de l’Empire!
Elle était devenue romaine en 64 avant notre ère!
Rome connut une guerre civile!
César Auguste transforma alors la République en dictature!
Puis il établit une paix durable, la “pax romana”!
Tarse était une ville où différentes religions et langues cohabitaient!
Paul était donc habituée à cette diversée!
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Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 11 août23, 13:50https://www.cursillos.ca/action/st-paul ... stoire.htm
En tant que croyant, JLG sait copier mais pas penser.
En tant que croyant, JLG sait copier mais pas penser.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 11 août23, 15:51- Croyant ne veut pas dire grand chose!
- Tout le monde peut se dire croyant!
- Croyant en n'importe quoi!
- Maintenant quand on trouve une réponse à tous ceux qui racontent n'importe quoi sans savoir de quoi ils parlent, que demande le peuple?
- Je n'aurai pas trouvé mieux!
- Maintenant, quand on pense un peu, on pourrait se rendre compte que je reprends les idées les plus importantes!
- Répondre à ceux qui racontent n'importe quoi, c'est aussi faire partager ce qui peut intéresser ceux qui cherchent vraiment la connaissance!
- Et l'apôtre Paul était un maître pour répondre à ses détracteurs!
- Il y a ceux qui parlent pour ne rien dire, simplement pour s'écouter parler!
- Il y a ceux qui cherchent à apprendre et à faire partager ce qu'ils apprennent!
- Mais c'est peut-être trop compliqué à comprendre!
Ajouté 22 minutes après :
8- L'éducation de Paul
Paul a bénéficié d'une formation intellectuelle longue et sérieuse qui lui a permis de lutter contre l’étroitesse d’esprit et la bigoterie mesquine!
Particulièrement intéressant et très instructif!
En milieu grec - c'est le cas à Tarse - l'éducation s'accompagnait de l'apprentissage des langues!
C’est d’ailleurs ce qu’on reprit les humanistes!
Les humains n’inventent rien, ils ne font que copier ou répéter les idées des autres!
Il faut savoir le reconnaître!
Mais pour certains, c’est difficile!
Ils doivent se croire trop intelligents pour ça!
Seulement, il y a intelligence et intelligence!
Les épîtres de Paul manifestent une bonne connaissance des catégories de la rhétorique grecque, spécialement dans l'utilisation de l’antithèse et de la diatribe!
Elles témoignent également de sa grande capacité d'appliquer les Écritures à de nouvelles situations de la vie courante!
Paul a su tirer partie de l’enseignement de Gamaliel!
L’attitude de ce dernier face aux autres membres du sanhédrin est d’ailleurs retracée dans les Actes!
Ainsi, les synagogues n’étaient pas seulement des lieux de prière, de prédication et d'enseignement, certaines offraient des locaux avec salles de bain pour les étrangers de passage!
Elles pouvaient même contenir des prisons où l'on faisait subir les peines synagogales, spécialement celle du fouet!
Ce qui arrivera 5 fois à Paul!
La tradition pharisienne prescrivait à un père d'enseigner à son fils une activité manuelle!
Le père de Paul insista pour qu’il apprenne le métier de fabricant de tentes!
Et Paul exercera cette activité manuelle pour ne pas être un fardeau pour les autres disciples!
La société antique avait un grand besoin de toiles et de tentes. Il en fallait dans toutes les circonstances de la vie : abri pour une seule personne ou pour une famille, bâches pour chariots et bateaux, et immenses tentes d'apparat, semblables à nos chapiteaux, qui pouvaient abriter jusqu'à quatre cents personnes!
On comprendra donc facilement l’intérêt de cette activité manuelle!
Paul avait devant lui un avenir prometteur et la perspective d'une brillante carrière!
L'irruption de Jésus dans sa vie viendra bouleverser cette situation privilégiée!
Encore une raison qui permet le choix judicieux de Jésus pour faire de paul l’apôtre des nations!
Ajouté 4 heures 39 minutes 30 secondes après :
9- Meurtre au nom de la religion
La Loi de Moïse, telle qu’interprétée au temps de Jésus étouffait la vie, alors qu’à l'origine, elle avait été offerte comme un don, comme un cadeau pour « servir la vie » (Romains 7, 12). Elle était devenue une camisole de force!
Étienne interprète les Écritures d’une façon non orthodoxe et rend témoignage à Jésus Christ. On le met à mort pour ce seul motif!
Les responsables de la lapidation avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saul de Tarse. Et Luc ajoute que « Saul était de ceux qui approuvaient ce meurtre ». (Actes 7, 58 - 8,1)
Et Luc ajoute que « Saul était de ceux qui approuvaient ce meurtre ». (Actes 7, 58 - 8,1)
L’histoire de Paul commence donc par une complicité avec les meurtriers d’Étienne!
En fait, toute l’histoire de l’humanité est remplie de meurtres perpétrés au nom de la religion!
Ce qui nous indique qui est derrière!
En Actes 26, 1, il dira : «Parcourant toutes les synagogues je voulais, par mes sévices, les forcer à blasphémer et, dans l'excès de ma fureur contre eux, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères.»
«Quant à Saul, nous dit saint Luc, il ravageait l’Église; allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison». (Actes 8, 3). «Saul ne respirait toujours que menaces et carnages à l'égard des disciples du Seigneur» (Actes 9, 1).
Saül faisait partie de ces gens-là!
Pendant cette période, Paul s'estime tellement plus juste et meilleur que les autres qui sont différents de lui. Il veut anéantir la secte des Nazaréens afin de protéger la religion de ses ancêtres!
Un comportement habituel auquel seul le royaume de Yah.weh mettra fin!
La mort violente d’Étienne fut le prix à payer pour que l'Église primitive puisse se libérer du cadre judaïque et national et puisse s’orienter vers un universalisme qui ferait d'elle une Église ouverte à tous!
Ajouté 2 heures 7 minutes 37 secondes après :
10- Sur le chemin de Damas
- Selon Paul de Tarse, la nouvelle secte des chrétiens menaçait la foi d’Israël. En pourchassant ces renégats dangereux, il a voulu protéger ses compatriotes. Il lui paraissait clair que la crucifixion de Jésus prouvait que le Nazaréen était un faux messie et que la fraternité entre les Juifs et les membres d'autres races, tel que prêché par Étienne, ferait disparaître «l’élection unique» du peuple d’Israël. Il nous faut nous rappeler ces considérations pour apprécier à sa juste valeur l'irruption du Christ dans la vie de saint Paul.
- C'est donc avant tout l'événement du chemin de Damas qui éclaire la vie de S. Paul avec une intensité qui ne faiblira jamais. Sa grande connaissance des Écritures lui fournira ensuite les lumières nécessaires pour trouver un sens à cette rencontre capitale. Les Écritures lui permettront de comprendre et d'harmoniser la révélation de Jésus, Fils de Dieu, avec le Messie souffrant des prophètes.
- «L'évangile de Paul» ne lui est donc pas tombé du ciel parfaitement achevé. Il sera le fruit de l'illumination divine, suivie de la prière méditative et de l'étude constante de la Bible. Ses lettres reflètent ce triple caractère.
- Il est important de souligner que la conversion de Paul ne s’est pas terminée sur le chemin de Damas. C’est là qu’elle commence. Ça lui prendra toute une vie, jusqu’à sa condamnation à mort dans la capitale de l’Empire, pour terminer cette conversion.
- La vie d’un chrétien est un chemin qu’il doit parcourir et mener jusqu’au bout!
- Il n’est pas question de faire des pauses ou d’être chrétien quand cela nous arrange!
- On doit être chrétien à chaque instant de sa vie!
Ajouté 19 minutes 40 secondes après :
11- Rupture dans la vie de Paul
- Au moment de sa rencontre avec le Christ, Paul n'est pas un incroyant qui découvre Dieu, ni un pécheur qui veut se libérer de ses fautes, de ses négligences ou de son indifférence. Avant cet incident, il avait une conduite exemplaire. Il n'hésite pas à dire lui-même qu'il était «irréprochable à l'égard de la justice de la loi» (Philippiens 3, 5). La conversion et l’appel de Paul n’ont pas provoqué un changement radical dans sa religion juive. Paul est né et a vécu toute sa vie en «fils d’Israël», mais avec la rencontre du Christ, il découvre en Jésus le Messie attendu. Ce qu'on appelle sa conversion n'était pas le passage d’une religion à une autre, mais une nouvelle compréhension des Écritures, grâce à la révélation de Damas.
- Pour Paul, il s’agit d’une rupture dans sa vie et il en assume toutes les conséquences. Il accepte de passer pour un fou aux yeux de la culture grecque et d'être un scandale pour la religion juive, la religion de ses pères! «Alors que les Juifs demandent des signes et les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens» (1 Corinthiens 1, 22-23)
- Rompant avec le monde qu’il connaît, Paul entreprend de le reconstruire sur des bases nouvelles où seront dépassés les rapports de domination fondés sur la race, la religion, la classe sociale ou le sexe. La communauté de foi doit être le germe de cette société nouvelle. En elle naît le «nouvel Adam» et la «nouvelle Ève», l'homme nouveau et la femme nouvelle : «Ce qui importe, c'est la nouvelle création.» (Galates 6, 15). «Si quelqu'un est dans le Christ, il est une créature nouvelle.» (2 Corinthiens 5, 17).
- Paul a trouvé ici le sens de sa vie et, selon lui, rien ne peut le séparer de cet amour infini : «La tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive?... la mort, la vie, les anges, les principautés, le présent, l'avenir, les puissances, la hauteur ou la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur»
- Il apprendra à perdre sa suffisance de pharisien irréprochable et à tout attendre du Christ : «Le Seigneur m'a jugé digne de confiance en me prenant à son service, moi qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur et violent.» (1 Timothée, 12-13)
- Paul est un exemple pour nous!
- A nous de suivre son chemin!
- Et de ne pas nous arrêter en chemin ou de rester sur le bord du chemin!
Ajouté 12 heures 2 minutes 29 secondes après :
12- Le désert d’Arabie et la fuite de Damas
Nous possédons peu d’informations sur les trois années que Paul passa en Arabie, après sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas. Heureusement, il fut contraint plus tard, à cause des attaques de ses adversaires, de lever un peu le voile sur cette période de sa vie.
Pendant trois ans, Paul approfondit la nouvelle orientation de sa vie.
«En Arabie», est-il descendu jusqu’à Pétra, la capitale des Nabatéens, ou s’est-il dirigé vers Palmire? On ne peut que spéculer sur les déplacements de Paul pendant ces trois années de réflexion. Le terme «Arabie» s’appliquait alors à toute la péninsule arabique, mais le noyau en était le royaume des Nabathéens, avec sa capitale Petra, véritable nid d’aigle dans le désert, qui contrôlait la route des caravanes. Les ruines gréco-romaines de cette capitale-forteresse sont impressionnantes. L’Arabie comprenait aussi Basra, Homs (Émèse), Amman, et un très grand territoire allant jusqu’aux fleuves de la Mésopotamie, le Tigre et l’Euphrate. Le cheik des Nabatéens, Arétas, roi de Damas et d’une grande partie du territoire d’Arabie, était en guerre avec le roi Hérode Antipas, parce que celui-ci avait répudié sa fille pour épouser Hérodiade, la femme de son frère, celle qui avait demandé la tête de Jean le baptiste. En Arabie, Paul se sentait protégé contre les émissaires juifs, et c’est peut-être la raison pour laquelle il s’est rendu dans cette région désertique.
Pendant cette période, se poursuit en lui une transformation spirituelle et intellectuelle qui laisse apparaître de plus en plus la théologie paulinienne. Paul parlera alors de «son évangile» : «L’évangile que j’ai annoncé n’est pas à mesure humaine : ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ.» (Galates 1, 11-12).
Pendant son séjour en Arabie, à partir des Écritures qu’il connaît par coeur, Paul développe une nouvelle conception du Christ et de la foi. Il comprend alors que le plan universel de Dieu est adressé non seulement aux Juifs mais à toutes les nations. Il découvre aussi le mystère de l’amour infini de Dieu pour nous à travers la réjection de son peuple et le scandale de la croix.
Son évangile est le même que celui des autres apôtres, mais Paul saura le rendre accessible non seulement aux Juifs de la Diaspora mais au monde gréco-romain.
Paul prenait ainsi conscience de la volonté du Christ de faire disparaître la barrière et le mur qui séparaient le judaïsme des autres nations.
Pour Paul, être chrétien c’est être conquis par le Christ et être dégagé des cadres étroits d’une seule culture, d’une seule religion, d’une seule nation. Le Christ est le Nouvel Adam, le nouveau prototype de l’humanité. La conception que Paul a du Christ n’est pas le produit d’une spéculation religieuse, mais d’une révélation de 1’Esprit. En Arabie, sa nouvelle théologie a trouvé ses bases.
Après trois ans, Paul retourna à Damas et se présenta à la synagogue. Au grand étonnement des Juifs, il demanda la parole pour démontrer, en s’appuyant sur les textes des Prophètes, que Jésus était le Messie tant attendu et qu'il était vivant. Chez les Juifs orthodoxes, la colère se mit à gronder et Paul fut menacé de mort.
Est-il possible d’ajouter quelque chose?
Ajouté 14 heures 30 minutes 29 secondes après :
Après sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas et son séjour de 3 ans en Arabie, Paul rencontre les autres disciples à Jérusalem!
Mais tous se méfient de lui!
Barnabé sert d’intermédiaire!
Il va d’abord le présenter à Pierre et Jacques!
Les deux hommes développeront une forte amitié!
Lors de ces 15 jours à Jérusalem, Paul rencontra aussi Jacques, le frère du Seigneur. Son appartenance à la famille de Jésus ne fait pas de doute et l’influence qu’il a exercée sur l’Église du premier siècle sera considérable. Quand Pierre s’éloignera de Jérusalem, il prendra la tête des disciples de Jésus. Ce chrétien, toujours désireux de rester fidèle aux rituels de son peuple, rendra la mission de Paul difficile. Le jour viendra où il trouvera Jacques et ses disciples sur sa route, acharnés à anéantir les effets de sa prédication. À partir de ses débuts, le christianisme va se diviser et se combattre lui-même.
Il est bien évident que, pendant ces quinze jours à Jérusalem, Paul n'a pas passé tout son temps avec Pierre et Jacques. Il était de caractère expansif et combatif. Il se sentait pressé de rendre témoignage à la vérité reconnue et acquise par lui. La synagogue où Paul se rassemblait avec d’autres Juifs de la diaspora, devint alors le théâtre de débats extrêmement violents. Il s'en fallut de peu qu'il ne soit mis à mort, comme Étienne. Le groupe des disciples du Christ tremblait pour sa vie, mais également pour la leur. Ils avaient évité jusque-là tout conflit avec les pharisiens, dont un nombre assez important était venu les rejoindre.
Et voici qu’arrive cet imprudent qui n'admet aucun compromis. Les temps étaient troublés et la petite église de Jérusalem était menacée. Tout différend, tout désaccord se réglait avec le couteau et le poignard. Paul était un danger pour cette communauté fragile et craintive. Son caractère inégal et provocateur risquait de déclencher une persécution générale : «Dès lors il allait et venait avec eux dans Jérusalem, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il s’adressait aussi aux Hellénistes et discutait avec eux; mais ceux-ci machinaient sa perte. L’ayant su, les frères le ramenèrent à Césarée, d’où ils le firent partir pour Tarse.» (Actes 9, 28-30)
Ici encore, on voit l’importance du contexte qui est essentiel pour la compréhension de l’attitude de chacun!
Jésus a dû faire face à une opposition constante de ses ennemis!
Il avait prévenu que la corruption se répandrait à sa mort!
Même du vivant des apôtres, cette corruption faisait rage!
Paul n’a eu de cesse de la combattre!
Elle s’est développée de l’intérieur!
C’est aussi, comme l’a dit Jésus, une manière de faire le tri!
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13- Paul rencontre Pierre et Jacques à Jérusalem
Saints Pierre et Paul (1)
Paul avait tout à apprendre des
faits et gestes du Christ.
Le chef des apôtres était qualifié
pour les lui donner.
Après son séjour de trois ans en Arabie, Paul éprouvait le besoin de rencontrer les disciples du Christ. Il devait apprendre à connaître tout ce que Jésus avait dit sur les routes de la Palestine, pendant la rencontre de la dernière Cène, lors des apparitions après la résurrection, au matin de la Pentecôte. Il avait tout à apprendre des faits et gestes du Christ.
Dans l'intérêt de l'unité chrétienne, il devait aussi s’informer sur la liturgie telle qu'on la pratiquait dans la communauté de Jérusalem et se familiariser avec la tradition concernant le catéchuménat, le baptême, la célébration de la dernière Cène.
Arrivé à Jérusalem, Paul se retrouve cependant dans une situation difficile, aussi bien avec les Juifs orthodoxes qu’avec les Chrétiens. Tous se méfient de lui et l’évitent le plus possible. Une seule personne a alors essayé de comprendre cet homme converti par le Christ : Barnabé. Un helléniste né à Chypre, il a été capable d’apprécier les qualités du bouillant Paul de Tarse. «Arrivé à Jérusalem, Paul essayait de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, ne croyant pas qu'il fût vraiment disciple. Alors Barnabé le prit avec lui, l'amena aux apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et avec quelle assurance il avait prêché à Damas au nom de Jésus.» (Actes 9, 26-27)
Saint Barnabé(2)
Entre Paul et Barnabé se développa
une des amitiés les plus fécondes
de l'histoire de l'Église.
Barnabé est l'un des personnages les plus sympathiques de l'Église primitive. Il découvre en Paul une grande âme d'apôtre. Sa main amicale intervient pour arracher Paul à son isolement et le présenter aux deux apôtres les plus considérés : Pierre et Jacques. Barnabé jouera un très grand rôle dans la vie de Paul. C'est grâce à lui que l’apôtre des nations entra dans le cercle des disciples et qu’il devint un pilier du christianisme. A la suite de cette rencontre, se développa entre Barnabé et Paul l’une des amitiés les plus fécondes de l'histoire de l'Église.
Paul lui-même ne fait qu'une brève allusion à ces événements : «Après trois ans, je suis monté à Jérusalem pour rendre visite à Céphas et demeurai auprès de lui quinze jours; je n’ai pas vu d’autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur.» (Galates 1, 18-19)
Pierre toujours affable et accueillant, homme d'une grande simplicité, l'invita probablement à partager son logis dans la maison hospitalière de Marie, la mère de l'évangéliste Marc, dont Barnabé était l'oncle.
De Pierre, Paul apprit à connaître les paroles de l'institution de l’eucharistie, telles qu'il les rappelle aux Corinthiens. Le chef des apôtres était qualifié pour les lui donner. Nous sommes en présence d'un enseignement authentique et solide de la tradition primitive. Avec Pierre, Paul visita probablement le jardin de Gethsémani. L'épître aux Hébreux, qui est écrite dans l'esprit de l'Apôtre, et qui contient son trésor spirituel, fait allusion à la prière du Seigneur pendant son agonie : «C'est ce Christ qui, aux jours de sa vie mortelle, fit monter des prières et des supplications, accompagnées d'un grand cri et de larmes, vers Celui qui pouvait le sauver de la mort». (Hébreux 5, 7)
Saint Jacques, le Majeur (3)
Jacques prit la tête des disciples
de Jésus, à Jérusalem.
Toujours désireux de rester
fidèle aux rituels juifs, il rendra
la mission de Paul difficile
Lors de ces 15 jours à Jérusalem, Paul rencontra aussi Jacques, le frère du Seigneur. Son appartenance à la famille de Jésus ne fait pas de doute et l’influence qu’il a exercée sur l’Église du premier siècle sera considérable. Quand Pierre s’éloignera de Jérusalem, il prendra la tête des disciples de Jésus. Ce chrétien, toujours désireux de rester fidèle aux rituels de son peuple, rendra la mission de Paul difficile. Le jour viendra où il trouvera Jacques et ses disciples sur sa route, acharnés à anéantir les effets de sa prédication. À partir de ses débuts, le christianisme va se diviser et se combattre lui-même.
Après ces quinze jours à Jérusalem, Paul restera en rapports continus avec les disciples de l’Église-mère et il visitera la ville sainte après chacun de ses voyages missionnaires. L'expression «Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu» (1 Corinthiens 15, 3) confirme qu'il se fonde sur une tradition solide, celle des apôtres du Seigneur. Paul nous a rapporté avec fidélité certaines paroles de Jésus, comme celles de l'institution de l’eucharistie, de la mission des disciples et de la doctrine du mariage. La parole de Jésus : «Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir», qui n’est pas mentionnée dans les Évangiles, c'est Paul qui l'a conservée (Actes 20, 35).
Il est bien évident que, pendant ces quinze jours à Jérusalem, Paul n'a pas passé tout son temps avec Pierre et Jacques. Il était de caractère expansif et combatif. Il se sentait pressé de rendre témoignage à la vérité reconnue et acquise par lui. La synagogue où Paul se rassemblait avec d’autres Juifs de la diaspora, devint alors le théâtre de débats extrêmement violents. Il s'en fallut de peu qu'il ne soit mis à mort, comme Étienne. Le groupe des disciples du Christ tremblait pour sa vie, mais également pour la leur. Ils avaient évité jusque-là tout conflit avec les pharisiens, dont un nombre assez important était venu les rejoindre.
Paul était un danger pour
cette communauté fragile
et craintive.
Son caractère inégal
et provocateur
risquait de déclencher
une persécution générale
Et voici qu’arrive cet imprudent qui n'admet aucun compromis. Les temps étaient troublés et la petite église de Jérusalem était menacée. Tout différend, tout désaccord se réglait avec le couteau et le poignard. Paul était un danger pour cette communauté fragile et craintive. Son caractère inégal et provocateur risquait de déclencher une persécution générale : «Dès lors il allait et venait avec eux dans Jérusalem, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il s’adressait aussi aux Hellénistes et discutait avec eux; mais ceux-ci machinaient sa perte. L’ayant su, les frères le ramenèrent à Césarée, d’où ils le firent partir pour Tarse.» (Actes 9, 28-30)
Son action se termina donc par un échec plus cuisant encore que celui de Damas. On l’obligea à quitter la ville et le texte ajoute qu’après le départ de Paul, la communauté chrétienne a joui d’une période de tranquillité : «Cependant les Églises jouissaient de la paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie; elles s’édifiaient et vivaient dans la crainte du Seigneur, et elles étaient comblées de la consolation du Saint Esprit.» (Actes 9, 31)
On défendit à Paul de s'arrêter en route pour visiter les communautés de la côte. «C'est ainsi que je restais inconnu de visage aux communautés de Judée.» De Césarée, Paul traversa à Tyr et Sidon pour se rendre en Séleucie près d'Antioche de Syrie. (Galates 1, 22). Il arriva ensuite à Tarse, sa ville natale.
Échec à Damas, échec à Jérusalem, échec à Césarée, ce n’est pas très reluisant, et ce n’est que le début.
Ajouté 15 heures 11 minutes 10 secondes après :
- La ville d’Antioche de Syrie a été la base des opérations missionnaires de Paul!
- Après la conquête romaine par Pompée, en 64 av. J.C., elle devint la capitale de la province de Syrie!
- Elle se situait au carrefour de l’occident et de l’orient!
- Grâce à un réseau de canaux et de conduites qui s'approvisionnaient des montagnes environnantes, l'eau était accessible aussi bien dans les palais des riches que dans les huttes des pauvres, dans les bains publics que dans les bains privés. Seules les villes de Tarse et de Damas pouvaient se vanter d'une telle profusion d'eau courante.
- C'est à Antioche qu'on frappait les monnaies romaines à l'effigie de l'Empereur.
- La population d'Antioche se composait de races et de peuples variés. Au temps de Paul, elle comptait environ 500.000 habitants et était la troisième ville de l’empire après Rome et Alexandrie.
- Les trois étapes de la jeune communauté chrétienne en marche vers l'Église universelle, sont caractérisées par les noms : Jérusalem - Antioche - Rome. Antioche qui se trouvait en contact avec toutes les villes importantes de l'Empire était un endroit idéal pour une Église qui voulait se répandre parmi les nations.
- En plus d’être une ville commerciale importante, Antioche était un centre intellectuel beaucoup plus dynamique que la ville Jérusalem continuellement agitée et en révolte contre Rome. Mise en tutelle et sous surveillance par les Romains, Jérusalem connaissait une situation économique déplorable.
- À Antioche, les Juifs formaient une colonie importante. Tous ceux qui aspiraient à une religion sérieuse, spécialement les femmes, se rendaient à la synagogue le jour du sabbat. Le nombre des prosélytes recrutés parmi les non-Juifs, était considérable. Citadelle de la civilisation, la séparation entre les Juifs et les non-Juifs était moins prononcée qu'ailleurs. Ceci a permis la fondation de la première église mixte. Les antiochiens permettaient aux non-Juifs de participer à leur vie de foi!
- Antioche de Syrie a exercé une influence profonde sur Paul : elle devint, pendant plus de 20 ans, sa patrie d'élection et le point de départ de ses trois grands voyages missionnaires.
- C’était un monde très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui!
- De la même manière que le monde que nous découvrons dans la première partie de la Bible était très différent du monde moderne!
- C’est pourquoi nous avons besoin de nous imprégner de cette connaissance indispensable à une bonne connaissance de la Bible!
- Et les langues que l’on parlait à ces différentes époques étaient également très différentes des langues modernes!
- L’hébreu était plus limité et correspondait à la réalité de l’époque!
- Le grec était beaucoup plus riche et correspondait à la réalité de l’époque!
- C’est pour cela que nous ne pouvons pas considérer les deux langues de la même manière et encore moins comme nos langues modernes!
- Pour nous, les Hébreux pourraient nous paraître incultes!
- Pour les Grecs, nous serions incultes!
- Faisons donc preuve de modestie et apprenons à comprendre ces peuples très différents de nous!
- Cela nous aidera à nous rapprocher de la Bible et à éviter de nous en éloigner!
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14- Antioche de Syrie
La ville d'Antioche au pied de la montagne
Pour comprendre le travail pastoral de Paul, il faut connaître un peu la ville d’Antioche de Syrie, qui a été la base de ses opérations missionnaires. C’est de là que lui et Barnabé ont été envoyés par la petite communauté chrétienne.
Antioche a été fondée trois siècles avant la naissance de Paul par Séleucos Nicator, l’un des généraux d’Alexandre le Grand. Placée au carrefour des routes des caravanes de l’Orient, en relation avec Babylone, la Perse et l’Inde, elle était en contact continu avec le bassin ouest de la Méditerranée. Les commerçants, les banquiers, les armateurs ont été très vite attirés vers ce centre cosmopolite, ruisselant de richesses et de passions. Après la conquête romaine par Pompée, en 64 av. J.C., elle devint la capitale de la province de Syrie.
Troisième ville de l’empire
(après Rome et Alexandrie),
Antioche de Syrie a exercé une influence profonde sur Paul
La ville était complètement entourée d'un mur fortifié, comprenant entre 300 et 400 tours, chef-d'oeuvre de l'architecture gréco-romaine. Antioche était fière de ses installations hydrauliques. Grâce à un réseau de canaux et de conduites qui s'approvisionnaient des montagnes environnantes, l'eau était accessible aussi bien dans les palais des riches que dans les huttes des pauvres, dans les bains publics que dans les bains privés. Seules les villes de Tarse et de Damas pouvaient se vanter d'une telle profusion d'eau courante.
Antioche est située:
- Au nord-est de la Méditerranée,
- Au nord de la Palestine (Jérusalem) du Liban et de la Jordanie (Damas),
- À l'est de l'île de Chypre et de la Cilicie (Tarse)
C'est à Antioche qu'on frappait les monnaies romaines à l'effigie de l'Empereur. Losque Jésus demanda aux pharisiens: «De qui est cette effigie et son inscription?», il tenait probablement en main une pièce de monnaie frappée à Antioche.
Renan a brossé, dans son style pittoresque, ce tableau d'Antioche :
«C'était un amas inouï de bateleurs, de charlatans, de mimes, de magiciens, de thaumaturges, de sorciers, de prêtres imposteurs; une ville de courses, de jeux, de danses, de processions, de fêtes, de bacchanales, un luxe effréné, toutes les folies de l'Orient, les superstitions les plus malsaines, le fanatisme de l'orgie.»
La population d'Antioche se composait de races et de peuples variés. Au temps de Paul, elle comptait environ 500.000 habitants et était la troisième ville de l’empire après Rome et Alexandrie.
Lorsque Titus rasa le Temple de Jérusalem et détruisit la ville en l’an 70 ap. J.C., Antioche devint le centre de la chrétienté. De 252 à 380 dix conciles s’y sont réunis.
Les trois étapes de la jeune communauté chrétienne en marche vers l'Église universelle, sont caractérisées par les noms : Jérusalem - Antioche - Rome. Antioche qui se trouvait en contact avec toutes les villes importantes de l'Empire était un endroit idéal pour une Église qui voulait se répandre parmi les nations.
En plus d’être une ville commerciale importante, Antioche était un centre intellectuel beaucoup plus dynamique que la ville Jérusalem continuellement agitée et en révolte contre Rome. Mise en tutelle et sous surveillance par les Romains, Jérusalem connaissait une situation économique déplorable.
Après la destruction du Temple
de Jérusalem, Antioche devint
le centre de la chrétienté.
De 252 à 380 dix conciles
s’y sont réunis.
À Antioche, les Juifs formaient une colonie importante. Tous ceux qui aspiraient à une religion sérieuse, spécialement les femmes, se rendaient à la synagogue le jour du sabbat. Le nombre des prosélytes recrutés parmi les non-Juifs, était considérable. Citadelle de la civilisation, la séparation entre les Juifs et les non-Juifs était moins prononcée qu'ailleurs. Ceci a permis la fondation de la première église mixte. Les antiochiens permettaient aux non-Juifs de participer à leur vie de foi!
Cette situation était une cause de préoccupation pour l’Église de Jérusalem. Il fut décidé d’envoyer des observateurs et le choix tomba sur Barnabé comme chef de délégation. On n'aurait guère pu choisir un homme plus qualifié pour cette mission délicate. Barnabé à la stature imposante, au visage et au regard reflétant la bonté, aux gestes tranquilles, disposait d'un jugement solide, qui ne confond pas l'accidentel avec l'essentiel.
Après sa visite officielle, Barnabé décida de demeurer à Antioche. C’est lui qui, un peu plus tard, ira chercher Paul à Tarse, pour l’inviter à travailler avec lui dans cette ville cosmopolite de l’Empire.
L’église d’Antioche se considérait de plus en plus comme un poste avancé de la mission chrétienne. Quinze ans à peine s’étaient écoulés depuis la mort du Seigneur, et déjà une série de communautés nouvellement fondées longeaient la vallée de l'Oronte et le littoral syro-phénicien, tel «un brillant collier de perles». Jérusalem aux vieilles traditions sera détruite et Antioche, ville ouverte à tous les courants, prendra la relève et ouvrira le christianisme aux nations.
Antioche de Syrie a exercé une influence profonde sur Paul : elle devint, pendant plus de 20 ans, sa patrie d'élection et le point de départ de ses trois grands voyages missionnaires.
Ajouté 20 heures 16 minutes 3 secondes après :
- À Antioche, il se créa une amitié profonde entre Barnabé et Paul. Elle aura des conséquences durables dans la vie de l’apôtre. Ils travaillèrent au sein de la jeune communauté, encore tout imprégnée de la fraîcheur de la foi en Jésus-Christ.
- Sous l'influence de la culture grecque, Paul et Barnabé, ont su ouvrir l'Église d'Antioche au monde de leur temps. Cette Église fut la première à se détacher du judaïsme stricte et à intégrer les non-Juifs dans leur communauté.
- La collaboration entre Paul et Barnabé durera pendant de nombreuses années. Elle s'est nouée à Antioche et, comme nous le verrons plus tard, elle s'est achevée dramatiquement à Antioche. Mais la rupture a été précédée de douze ans de collaboration étroite et fructueuse. Les frères et soeurs de cette Église ont eu raison de les envoyer ensemble en mission.
- Quand donc Pierre monta à Jérusalem, les circoncis le prirent à partie : «Pourquoi, lui demandèrent-ils, es-tu entré chez des incirconcis et as-tu mangé avec eux?» (Actes 11, 1-18)
- Les chrétiens conservateurs n’acceptaient pas que les missionnaires permettent aux païens de se joindre à eux s’ils ne devenaient pas d’abord «juifs», en observant les rituels de leurs ancêtres. Ce sera le problème auquel devront faire face Paul et Barnabé tout au long de leurs voyages missionnaires.
- À Antioche, Paul et Barnabé vivaient en communauté charismatique, jeûnant et priant en compagnie des fidèles de l'Église locale. Paul prêchait dans les synagogues mais aussi - voilà qui est nouveau - ailleurs dans la ville. Une tradition longtemps évoquée, l'a montré parlant près du Panthéon et à des auditoires romanisés. Il enseignait plus volontiers qu'il ne baptisait.
- Pour la troisième fois, Barnabé va jouer un rôle essentiel dans la vie de Paul. Après l'avoir présenté à Pierre et à Jacques à Jérusalem, l’avoir tiré de sa retraite dans la ville de Tarse pour le conduire à Antioche, il va maintenant l’amener en mission dans le pays qu'il connaît le mieux parce qu'il y est né : Chypre. Ils prendront avec eux le jeune Marc, cousin de Barnabé.
- Les chrétiens d’Antioche, se sont cotisés pour financer le voyage. Ils leur remirent des lettres de recommandations, afin qu'ils soient bien accueillis dans les synagogues comme délégués officiels de la communauté d'Antioche.
- Ici, nous avons l’association de deux hommes qui ont lié leur destin et ont travaillé ensemble pour transmettre le message de Jésus!
- Ensemble, ils étaient plus forts!
- Ensemble, ils ont soulevé des montagnes!
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15- Barnabé et Paul à Antioche
D'après les Actes des Apôtres, Paul visita Jérusalem pendant 15 jours où il rencontra Pierre et Jacques, et s'installa ensuite à Tarse, sa ville natale. Il y demeura pendant trois ou quatre ans. C'est là que Barnabé vient le chercher pour travailler avec lui: «Barnabé partit alors chercher Saul à Tarse. L’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Toute une année durant ils vécurent ensemble dans l’Église et y instruisirent une foule considérable. C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens.» (Actes 11, 25-26)
Le nom de «chrétiens», ne vint donc pas des Juifs qui les appelaient les «nazaréens», ainsi que le font encore de nos jours les peuples de langue sémitique. Les chrétiens eux-mêmes se désignaient par les noms suivants : frères, saints, croyants, disciples, membres de la Voie. Ils ont bien accueilli ce nouveau nom et se sont empressés de l'adopter. Il exprimait ce que leur nouvelle foi avait de plus profond : ils étaient les «disciples du Christ».
À Antioche, il se créa une amitié profonde entre Barnabé et Paul. Elle aura des conséquences durables dans la vie de l’apôtre. Ils travaillèrent au sein de la jeune communauté, encore tout imprégnée de la fraîcheur de la foi en Jésus-Christ.
Chaque semaine, le jour du Seigneur, on se réunissait pour la célébration de la Cène. Selon l'exemple donné par le Christ et suivant la coutume des Juifs chrétiens, les agapes (repas fraternel) précédaient la Cène. Rien n'unissait davantage ces gens qu’un repas pris en commun. Lorsque les apôtres se glorifiaient «d'avoir mangé et bu avec le Seigneur» (Actes 10, 41), ils y voyaient un signe d'intimité. Le don le plus précieux de Jésus, l'Eucharistie, il le donna à la fin d'un repas fraternel. Les chrétiens conservèrent pendant longtemps cette double rencontre des agapes et de la Cène du Seigneur.
Sous l'influence de la culture grecque, Paul et Barnabé, ont su ouvrir l'Église d'Antioche au monde de leur temps. Cette Église fut la première à se détacher du judaïsme stricte et à intégrer les non-Juifs dans leur communauté.
Encore aujourd’hui, nous sommes redevables à cette première Église missionnaire d'Antioche, même si elle a maintenant complètement disparu. Aux abords de la ville turque d'Antakya, il n'y a plus qu'une chapelle catholique en ruines dans un jardin envahi par les mauvaises herbes. Elle est fermée depuis qu'il n'y a plus de prêtre résident pour les quelque soixante familles qui assistaient aux offices religieux.
La collaboration entre Paul et Barnabé durera pendant de nombreuses années. Elle s'est nouée à Antioche et, comme nous le verrons plus tard, elle s'est achevée dramatiquement à Antioche. Mais la rupture a été précédée de douze ans de collaboration étroite et fructueuse. Les frères et soeurs de cette Église ont eu raison de les envoyer ensemble en mission.
Il faut cependant nous rappeler que Barnabé et Paul ne furent pas les premiers à favoriser l’expansion du christianisme. Ce sont surtout les chrétiens dispersés par la persécution de Jérusalem, les artisans et les commerçants judéo-chrétiens qui ont été les premiers instruments de propagande. Au début, cette activité missionnaire ne s'adressait qu'aux Juifs. L’exclusivisme ne provenait pas d’une mauvaise volonté, mais d'une fausse conception du message du Christ. Il manquait aux judéo-chrétiens une vue d'ensemble, large et généreuse de la mission. On se souvient qu’au chapitre 11 des Actes des Apôtres les premiers chrétiens avaient reproché à Pierre d’avoir admis dans l'Église, et sans formalité spéciale, le centurion Corneille ainsi que toute sa famille. Pierre défendit sa décision en rappelant la vision qu'il avait eue, et démontra comment l'Esprit-Saint, en descendant sur ces non-Juifs, avait justifié son action : «Cependant les apôtres et les frères de Judée apprirent que les païens, eux aussi, avaient accueilli la parole de Dieu. Quand donc Pierre monta à Jérusalem, les circoncis le prirent à partie : «Pourquoi, lui demandèrent-ils, es-tu entré chez des incirconcis et as-tu mangé avec eux?» (Actes 11, 1-18)
Les chrétiens conservateurs n’acceptaient pas que les missionnaires permettent aux païens de se joindre à eux s’ils ne devenaient pas d’abord «juifs», en observant les rituels de leurs ancêtres. Ce sera le problème auquel devront faire face Paul et Barnabé tout au long de leurs voyages missionnaires.
Barnabé était né à Chypre et était le cousin de Marc l'Évangéliste. Il ne faisait pas partie du collège des Douze, mais l'Église lui attribua le titre d'apôtre en raison de la participation importante qu'il prit dans la diffusion de la Parole du Christ. Issu d'une famille riche, tout comme Paul, il gagnera sa vie à travailler de ses mains, pour ne pas être à la charge de la communauté. Il mourut martyrisé, vers l’an 60, près de Salamine, sur son île natale.
À Antioche, Paul et Barnabé vivaient en communauté charismatique, jeûnant et priant en compagnie des fidèles de l'Église locale. Paul prêchait dans les synagogues mais aussi - voilà qui est nouveau - ailleurs dans la ville. Une tradition longtemps évoquée, l'a montré parlant près du Panthéon et à des auditoires romanisés. Il enseignait plus volontiers qu'il ne baptisait.
Un jour que plusieurs d’entre eux étaient réunis pour célébrer le jour du Seigneur, ils perçoivent ensemble une invitation qu'ils sentent venu d'ailleurs : «Il y avait dans l'Église établie à Antioche des prophètes et des docteurs : Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaën, ami d'enfance d'Hérode le tétrarque, et Saul. Or un jour, tandis qu'ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l'Esprit Saint dit : «Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l'œuvre à laquelle je les ai appelés.» Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.» (Actes 13, 1-3)
Pour la troisième fois, Barnabé va jouer un rôle essentiel dans la vie de Paul. Après l'avoir présenté à Pierre et à Jacques à Jérusalem, l’avoir tiré de sa retraite dans la ville de Tarse pour le conduire à Antioche, il va maintenant l’amener en mission dans le pays qu'il connaît le mieux parce qu'il y est né : Chypre. Ils prendront avec eux le jeune Marc, cousin de Barnabé.
Les chrétiens d’Antioche, se sont cotisés pour financer le voyage. Ils leur remirent des lettres de recommandations, afin qu'ils soient bien accueillis dans les synagogues comme délégués officiels de la communauté d'Antioche.
Ajouté 19 heures 38 minutes 31 secondes après :
- Barnabé, Paul et Marc se rendent sur l’île de Chypre par bateau!
- Il s’agit du premier voyage missionnaire qui va durer environ 4 ans!
- Les Juifs de la diaspora chypriote s'adressent aux Grecs!
- Paul suivit ici le plan habituel qu’il adoptera tout au long de ses voyages missionnaires : commencer par la synagogue dans laquelle, en qualité de rabbi distingué et d'élève de Gamaliel, on l’invitait volontiers à prendre la parole. Les Juifs de la Diaspora vont ainsi se révéler un appui important comme agents principaux de l'expansion du christianisme.
Cependant très souvent, comme nous le verrons au cours de ces voyages, l'affaire tourne mal. Un auditeur se fâche, crie à l'imposture, au sacrilège. Cela se traduit par des violences, allant parfois jusqu'aux châtiments que l'on réserve aux hérétiques, les coups de fouet réglementés par les rabbins ou la flagellation spécifiquement romaine administrée par des licteurs : «Des juifs, dit Paul, j'ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois j'ai été flagellé (par les Romains).» (2 Corinthiens 11, 24)
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16- Salamine sur l'île de Chypre
Barnabé, Paul et Marc s'acheminent vers le port d'Antioche. Marc fera parler de lui plus tard, comme rédacteur du premier évangile. Nous sommes au printemps de l’an 45.
Nos trois voyageurs et tous les autres passagers, devaient se munir de nourriture pour l'ensemble du voyage ; le capitaine ne fournissait que l'eau potable. Pour ce voyage d’Antioche à Salamis, on devait prévoir une trentaine d'heures accroupis sur le pont parmi la marchandise et les nombreux animaux qui mugissaient continuellement.
Durant toute l'Antiquité, les voyageurs ont privilégié le transport par mer, infiniment plus rapide et moins épuisant que le voyage terrestre, mais ils en connaissaient bien les dangers. C’est pourquoi on suivait certaines règles élémentaires pour éviter les naufrages. La première de ces règles voulait que l’on ne navigue que pendant la belle saison - de mai à septembre -, afin d’éviter les vents qui conduisaient à la catastrophe. Les textes du temps condamnent l'avidité des armateurs qui surchargent les navires en marchandises et passagers, et naviguent pendant les périodes dangereuses de «mer close» (fin d’automne et hiver). En 64, l’historien Flavius Josèphe a fait naufrage dans la mer Adriatique, parce que son bateau avait embarqué six cents passagers, dépassant de beaucoup la capacité du navire, et avait navigué pendant la période de «mare clausum».
Le point d’arrivée était Salamis, le port de Salamine, ville natale de Barnabé. Là se trouvait une communauté juive importante.
Au loin, nos trois voyageurs aperçoivent les falaises de Chypre et les maisons blanches qui se découpent sur le ciel bleu. Bien que territoire romain depuis l’année 58 av. J.-C., l'île a retenu son caractère presque totalement grecque, par sa langue, sa culture, son écriture et son cadre de vie. Paul se retrouve donc en territoire familier et Barnabé met les pieds sur «son île.» Il est permis de penser que Barnabé et Marc avaient de la parenté et des amis dans l’île.
Pour Paul et Barnabé, ce premier voyage missionnaire durera environ quatre ans. Pendant cette période, ils donneront peu de nouvelles à leur communauté de base d’Antioche, les moyens de communications étant restreints et assez primitifs.
Les Actes des apôtres racontent cette «première mission» des deux voyageurs aux chapitres 13 et 14. Le récit, très postérieur aux événements, simplifie la mission et l’amplifie en même temps. Il donne tout de même une image éclairante. Pendant le voyage, Paul nous dévoile ses méthodes, son message et son caractère, mais il demeure le missionnaire envoyé par la communauté d'Antioche, à laquelle il rendra compte à son retour.
Sur l’île de Chypre, bon nombre de Juifs travaillaient dans les mines de cuivre auxquelles l’île devait son nom. Les membres de la diaspora chypriote avaient déjà rompu avec la règle des synagogues de ne s'adresser qu'aux Juifs : «Ceux-là donc qui avaient été dispersés lors de la tribulation survenue à l'occasion de la mort d’Étienne poussèrent jusqu'en Phénicie, à Chypre et à Antioche, mais sans prêcher la parole à d'autres qu'aux Juifs. Il y avait toutefois parmi eux quelques Chypriotes et Cyrénéens qui, venus à Antioche, s'adressaient aussi aux Grecs, leur annonçant la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur les secondait, et grand fut le nombre de ceux qui devinrent croyants et se convertirent au Seigneur.» (Actes 11, 19-21).
Paul prêchant dans la synagogue. Une mosaïque du 12e siècle.
Les trois missionnaires mirent pied à terre à Salamis, à 50 km au Nord de Salamine. C'était le plus grand port marchand de l’île. Il n'en reste aujourd’hui qu'un champ de ruines très étendu, près de Famagouste.
«Arrivés à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues des juifs.»(Actes 8,5)
Paul suivit ici le plan habituel qu’il adoptera tout au long de ses voyages missionnaires : commencer par la synagogue dans laquelle, en qualité de rabbi distingué et d'élève de Gamaliel, on l’invitait volontiers à prendre la parole. Les Juifs de la Diaspora vont ainsi se révéler un appui important comme agents principaux de l'expansion du christianisme.
Cependant très souvent, comme nous le verrons au cours de ces voyages, l'affaire tourne mal. Un auditeur se fâche, crie à l'imposture, au sacrilège. Cela se traduit par des violences, allant parfois jusqu'aux châtiments que l'on réserve aux hérétiques, les coups de fouet réglementés par les rabbins ou la flagellation spécifiquement romaine administrée par des licteurs : «Des juifs, dit Paul, j'ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois j'ai été flagellé (par les Romains).» (2 Corinthiens 11, 24)
Salamine est la première Église fondée par Barnabé et Paul. Plus tard, Barnabé y reviendra avec son cousin Marc. C’est d’ailleurs non loin de cette ville que Barnabé sera martyrisé aux alentours de l’an 60.
- Tout le monde peut se dire croyant!
- Croyant en n'importe quoi!
- Maintenant quand on trouve une réponse à tous ceux qui racontent n'importe quoi sans savoir de quoi ils parlent, que demande le peuple?
- Je n'aurai pas trouvé mieux!
- Maintenant, quand on pense un peu, on pourrait se rendre compte que je reprends les idées les plus importantes!
- Répondre à ceux qui racontent n'importe quoi, c'est aussi faire partager ce qui peut intéresser ceux qui cherchent vraiment la connaissance!
- Et l'apôtre Paul était un maître pour répondre à ses détracteurs!
- Il y a ceux qui parlent pour ne rien dire, simplement pour s'écouter parler!
- Il y a ceux qui cherchent à apprendre et à faire partager ce qu'ils apprennent!
- Mais c'est peut-être trop compliqué à comprendre!
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8- L'éducation de Paul
Paul a bénéficié d'une formation intellectuelle longue et sérieuse qui lui a permis de lutter contre l’étroitesse d’esprit et la bigoterie mesquine!
Particulièrement intéressant et très instructif!
En milieu grec - c'est le cas à Tarse - l'éducation s'accompagnait de l'apprentissage des langues!
C’est d’ailleurs ce qu’on reprit les humanistes!
Les humains n’inventent rien, ils ne font que copier ou répéter les idées des autres!
Il faut savoir le reconnaître!
Mais pour certains, c’est difficile!
Ils doivent se croire trop intelligents pour ça!
Seulement, il y a intelligence et intelligence!
Les épîtres de Paul manifestent une bonne connaissance des catégories de la rhétorique grecque, spécialement dans l'utilisation de l’antithèse et de la diatribe!
Elles témoignent également de sa grande capacité d'appliquer les Écritures à de nouvelles situations de la vie courante!
Paul a su tirer partie de l’enseignement de Gamaliel!
L’attitude de ce dernier face aux autres membres du sanhédrin est d’ailleurs retracée dans les Actes!
Ainsi, les synagogues n’étaient pas seulement des lieux de prière, de prédication et d'enseignement, certaines offraient des locaux avec salles de bain pour les étrangers de passage!
Elles pouvaient même contenir des prisons où l'on faisait subir les peines synagogales, spécialement celle du fouet!
Ce qui arrivera 5 fois à Paul!
La tradition pharisienne prescrivait à un père d'enseigner à son fils une activité manuelle!
Le père de Paul insista pour qu’il apprenne le métier de fabricant de tentes!
Et Paul exercera cette activité manuelle pour ne pas être un fardeau pour les autres disciples!
La société antique avait un grand besoin de toiles et de tentes. Il en fallait dans toutes les circonstances de la vie : abri pour une seule personne ou pour une famille, bâches pour chariots et bateaux, et immenses tentes d'apparat, semblables à nos chapiteaux, qui pouvaient abriter jusqu'à quatre cents personnes!
On comprendra donc facilement l’intérêt de cette activité manuelle!
Paul avait devant lui un avenir prometteur et la perspective d'une brillante carrière!
L'irruption de Jésus dans sa vie viendra bouleverser cette situation privilégiée!
Encore une raison qui permet le choix judicieux de Jésus pour faire de paul l’apôtre des nations!
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9- Meurtre au nom de la religion
La Loi de Moïse, telle qu’interprétée au temps de Jésus étouffait la vie, alors qu’à l'origine, elle avait été offerte comme un don, comme un cadeau pour « servir la vie » (Romains 7, 12). Elle était devenue une camisole de force!
Étienne interprète les Écritures d’une façon non orthodoxe et rend témoignage à Jésus Christ. On le met à mort pour ce seul motif!
Les responsables de la lapidation avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saul de Tarse. Et Luc ajoute que « Saul était de ceux qui approuvaient ce meurtre ». (Actes 7, 58 - 8,1)
Et Luc ajoute que « Saul était de ceux qui approuvaient ce meurtre ». (Actes 7, 58 - 8,1)
L’histoire de Paul commence donc par une complicité avec les meurtriers d’Étienne!
En fait, toute l’histoire de l’humanité est remplie de meurtres perpétrés au nom de la religion!
Ce qui nous indique qui est derrière!
En Actes 26, 1, il dira : «Parcourant toutes les synagogues je voulais, par mes sévices, les forcer à blasphémer et, dans l'excès de ma fureur contre eux, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères.»
«Quant à Saul, nous dit saint Luc, il ravageait l’Église; allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison». (Actes 8, 3). «Saul ne respirait toujours que menaces et carnages à l'égard des disciples du Seigneur» (Actes 9, 1).
Saül faisait partie de ces gens-là!
Pendant cette période, Paul s'estime tellement plus juste et meilleur que les autres qui sont différents de lui. Il veut anéantir la secte des Nazaréens afin de protéger la religion de ses ancêtres!
Un comportement habituel auquel seul le royaume de Yah.weh mettra fin!
La mort violente d’Étienne fut le prix à payer pour que l'Église primitive puisse se libérer du cadre judaïque et national et puisse s’orienter vers un universalisme qui ferait d'elle une Église ouverte à tous!
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10- Sur le chemin de Damas
- Selon Paul de Tarse, la nouvelle secte des chrétiens menaçait la foi d’Israël. En pourchassant ces renégats dangereux, il a voulu protéger ses compatriotes. Il lui paraissait clair que la crucifixion de Jésus prouvait que le Nazaréen était un faux messie et que la fraternité entre les Juifs et les membres d'autres races, tel que prêché par Étienne, ferait disparaître «l’élection unique» du peuple d’Israël. Il nous faut nous rappeler ces considérations pour apprécier à sa juste valeur l'irruption du Christ dans la vie de saint Paul.
- C'est donc avant tout l'événement du chemin de Damas qui éclaire la vie de S. Paul avec une intensité qui ne faiblira jamais. Sa grande connaissance des Écritures lui fournira ensuite les lumières nécessaires pour trouver un sens à cette rencontre capitale. Les Écritures lui permettront de comprendre et d'harmoniser la révélation de Jésus, Fils de Dieu, avec le Messie souffrant des prophètes.
- «L'évangile de Paul» ne lui est donc pas tombé du ciel parfaitement achevé. Il sera le fruit de l'illumination divine, suivie de la prière méditative et de l'étude constante de la Bible. Ses lettres reflètent ce triple caractère.
- Il est important de souligner que la conversion de Paul ne s’est pas terminée sur le chemin de Damas. C’est là qu’elle commence. Ça lui prendra toute une vie, jusqu’à sa condamnation à mort dans la capitale de l’Empire, pour terminer cette conversion.
- La vie d’un chrétien est un chemin qu’il doit parcourir et mener jusqu’au bout!
- Il n’est pas question de faire des pauses ou d’être chrétien quand cela nous arrange!
- On doit être chrétien à chaque instant de sa vie!
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11- Rupture dans la vie de Paul
- Au moment de sa rencontre avec le Christ, Paul n'est pas un incroyant qui découvre Dieu, ni un pécheur qui veut se libérer de ses fautes, de ses négligences ou de son indifférence. Avant cet incident, il avait une conduite exemplaire. Il n'hésite pas à dire lui-même qu'il était «irréprochable à l'égard de la justice de la loi» (Philippiens 3, 5). La conversion et l’appel de Paul n’ont pas provoqué un changement radical dans sa religion juive. Paul est né et a vécu toute sa vie en «fils d’Israël», mais avec la rencontre du Christ, il découvre en Jésus le Messie attendu. Ce qu'on appelle sa conversion n'était pas le passage d’une religion à une autre, mais une nouvelle compréhension des Écritures, grâce à la révélation de Damas.
- Pour Paul, il s’agit d’une rupture dans sa vie et il en assume toutes les conséquences. Il accepte de passer pour un fou aux yeux de la culture grecque et d'être un scandale pour la religion juive, la religion de ses pères! «Alors que les Juifs demandent des signes et les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens» (1 Corinthiens 1, 22-23)
- Rompant avec le monde qu’il connaît, Paul entreprend de le reconstruire sur des bases nouvelles où seront dépassés les rapports de domination fondés sur la race, la religion, la classe sociale ou le sexe. La communauté de foi doit être le germe de cette société nouvelle. En elle naît le «nouvel Adam» et la «nouvelle Ève», l'homme nouveau et la femme nouvelle : «Ce qui importe, c'est la nouvelle création.» (Galates 6, 15). «Si quelqu'un est dans le Christ, il est une créature nouvelle.» (2 Corinthiens 5, 17).
- Paul a trouvé ici le sens de sa vie et, selon lui, rien ne peut le séparer de cet amour infini : «La tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive?... la mort, la vie, les anges, les principautés, le présent, l'avenir, les puissances, la hauteur ou la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur»
- Il apprendra à perdre sa suffisance de pharisien irréprochable et à tout attendre du Christ : «Le Seigneur m'a jugé digne de confiance en me prenant à son service, moi qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur et violent.» (1 Timothée, 12-13)
- Paul est un exemple pour nous!
- A nous de suivre son chemin!
- Et de ne pas nous arrêter en chemin ou de rester sur le bord du chemin!
Ajouté 12 heures 2 minutes 29 secondes après :
12- Le désert d’Arabie et la fuite de Damas
Nous possédons peu d’informations sur les trois années que Paul passa en Arabie, après sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas. Heureusement, il fut contraint plus tard, à cause des attaques de ses adversaires, de lever un peu le voile sur cette période de sa vie.
Pendant trois ans, Paul approfondit la nouvelle orientation de sa vie.
«En Arabie», est-il descendu jusqu’à Pétra, la capitale des Nabatéens, ou s’est-il dirigé vers Palmire? On ne peut que spéculer sur les déplacements de Paul pendant ces trois années de réflexion. Le terme «Arabie» s’appliquait alors à toute la péninsule arabique, mais le noyau en était le royaume des Nabathéens, avec sa capitale Petra, véritable nid d’aigle dans le désert, qui contrôlait la route des caravanes. Les ruines gréco-romaines de cette capitale-forteresse sont impressionnantes. L’Arabie comprenait aussi Basra, Homs (Émèse), Amman, et un très grand territoire allant jusqu’aux fleuves de la Mésopotamie, le Tigre et l’Euphrate. Le cheik des Nabatéens, Arétas, roi de Damas et d’une grande partie du territoire d’Arabie, était en guerre avec le roi Hérode Antipas, parce que celui-ci avait répudié sa fille pour épouser Hérodiade, la femme de son frère, celle qui avait demandé la tête de Jean le baptiste. En Arabie, Paul se sentait protégé contre les émissaires juifs, et c’est peut-être la raison pour laquelle il s’est rendu dans cette région désertique.
Pendant cette période, se poursuit en lui une transformation spirituelle et intellectuelle qui laisse apparaître de plus en plus la théologie paulinienne. Paul parlera alors de «son évangile» : «L’évangile que j’ai annoncé n’est pas à mesure humaine : ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ.» (Galates 1, 11-12).
Pendant son séjour en Arabie, à partir des Écritures qu’il connaît par coeur, Paul développe une nouvelle conception du Christ et de la foi. Il comprend alors que le plan universel de Dieu est adressé non seulement aux Juifs mais à toutes les nations. Il découvre aussi le mystère de l’amour infini de Dieu pour nous à travers la réjection de son peuple et le scandale de la croix.
Son évangile est le même que celui des autres apôtres, mais Paul saura le rendre accessible non seulement aux Juifs de la Diaspora mais au monde gréco-romain.
Paul prenait ainsi conscience de la volonté du Christ de faire disparaître la barrière et le mur qui séparaient le judaïsme des autres nations.
Pour Paul, être chrétien c’est être conquis par le Christ et être dégagé des cadres étroits d’une seule culture, d’une seule religion, d’une seule nation. Le Christ est le Nouvel Adam, le nouveau prototype de l’humanité. La conception que Paul a du Christ n’est pas le produit d’une spéculation religieuse, mais d’une révélation de 1’Esprit. En Arabie, sa nouvelle théologie a trouvé ses bases.
Après trois ans, Paul retourna à Damas et se présenta à la synagogue. Au grand étonnement des Juifs, il demanda la parole pour démontrer, en s’appuyant sur les textes des Prophètes, que Jésus était le Messie tant attendu et qu'il était vivant. Chez les Juifs orthodoxes, la colère se mit à gronder et Paul fut menacé de mort.
Est-il possible d’ajouter quelque chose?
Ajouté 14 heures 30 minutes 29 secondes après :
Après sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas et son séjour de 3 ans en Arabie, Paul rencontre les autres disciples à Jérusalem!
Mais tous se méfient de lui!
Barnabé sert d’intermédiaire!
Il va d’abord le présenter à Pierre et Jacques!
Les deux hommes développeront une forte amitié!
Lors de ces 15 jours à Jérusalem, Paul rencontra aussi Jacques, le frère du Seigneur. Son appartenance à la famille de Jésus ne fait pas de doute et l’influence qu’il a exercée sur l’Église du premier siècle sera considérable. Quand Pierre s’éloignera de Jérusalem, il prendra la tête des disciples de Jésus. Ce chrétien, toujours désireux de rester fidèle aux rituels de son peuple, rendra la mission de Paul difficile. Le jour viendra où il trouvera Jacques et ses disciples sur sa route, acharnés à anéantir les effets de sa prédication. À partir de ses débuts, le christianisme va se diviser et se combattre lui-même.
Il est bien évident que, pendant ces quinze jours à Jérusalem, Paul n'a pas passé tout son temps avec Pierre et Jacques. Il était de caractère expansif et combatif. Il se sentait pressé de rendre témoignage à la vérité reconnue et acquise par lui. La synagogue où Paul se rassemblait avec d’autres Juifs de la diaspora, devint alors le théâtre de débats extrêmement violents. Il s'en fallut de peu qu'il ne soit mis à mort, comme Étienne. Le groupe des disciples du Christ tremblait pour sa vie, mais également pour la leur. Ils avaient évité jusque-là tout conflit avec les pharisiens, dont un nombre assez important était venu les rejoindre.
Et voici qu’arrive cet imprudent qui n'admet aucun compromis. Les temps étaient troublés et la petite église de Jérusalem était menacée. Tout différend, tout désaccord se réglait avec le couteau et le poignard. Paul était un danger pour cette communauté fragile et craintive. Son caractère inégal et provocateur risquait de déclencher une persécution générale : «Dès lors il allait et venait avec eux dans Jérusalem, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il s’adressait aussi aux Hellénistes et discutait avec eux; mais ceux-ci machinaient sa perte. L’ayant su, les frères le ramenèrent à Césarée, d’où ils le firent partir pour Tarse.» (Actes 9, 28-30)
Ici encore, on voit l’importance du contexte qui est essentiel pour la compréhension de l’attitude de chacun!
Jésus a dû faire face à une opposition constante de ses ennemis!
Il avait prévenu que la corruption se répandrait à sa mort!
Même du vivant des apôtres, cette corruption faisait rage!
Paul n’a eu de cesse de la combattre!
Elle s’est développée de l’intérieur!
C’est aussi, comme l’a dit Jésus, une manière de faire le tri!
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13- Paul rencontre Pierre et Jacques à Jérusalem
Saints Pierre et Paul (1)
Paul avait tout à apprendre des
faits et gestes du Christ.
Le chef des apôtres était qualifié
pour les lui donner.
Après son séjour de trois ans en Arabie, Paul éprouvait le besoin de rencontrer les disciples du Christ. Il devait apprendre à connaître tout ce que Jésus avait dit sur les routes de la Palestine, pendant la rencontre de la dernière Cène, lors des apparitions après la résurrection, au matin de la Pentecôte. Il avait tout à apprendre des faits et gestes du Christ.
Dans l'intérêt de l'unité chrétienne, il devait aussi s’informer sur la liturgie telle qu'on la pratiquait dans la communauté de Jérusalem et se familiariser avec la tradition concernant le catéchuménat, le baptême, la célébration de la dernière Cène.
Arrivé à Jérusalem, Paul se retrouve cependant dans une situation difficile, aussi bien avec les Juifs orthodoxes qu’avec les Chrétiens. Tous se méfient de lui et l’évitent le plus possible. Une seule personne a alors essayé de comprendre cet homme converti par le Christ : Barnabé. Un helléniste né à Chypre, il a été capable d’apprécier les qualités du bouillant Paul de Tarse. «Arrivé à Jérusalem, Paul essayait de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, ne croyant pas qu'il fût vraiment disciple. Alors Barnabé le prit avec lui, l'amena aux apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et avec quelle assurance il avait prêché à Damas au nom de Jésus.» (Actes 9, 26-27)
Saint Barnabé(2)
Entre Paul et Barnabé se développa
une des amitiés les plus fécondes
de l'histoire de l'Église.
Barnabé est l'un des personnages les plus sympathiques de l'Église primitive. Il découvre en Paul une grande âme d'apôtre. Sa main amicale intervient pour arracher Paul à son isolement et le présenter aux deux apôtres les plus considérés : Pierre et Jacques. Barnabé jouera un très grand rôle dans la vie de Paul. C'est grâce à lui que l’apôtre des nations entra dans le cercle des disciples et qu’il devint un pilier du christianisme. A la suite de cette rencontre, se développa entre Barnabé et Paul l’une des amitiés les plus fécondes de l'histoire de l'Église.
Paul lui-même ne fait qu'une brève allusion à ces événements : «Après trois ans, je suis monté à Jérusalem pour rendre visite à Céphas et demeurai auprès de lui quinze jours; je n’ai pas vu d’autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur.» (Galates 1, 18-19)
Pierre toujours affable et accueillant, homme d'une grande simplicité, l'invita probablement à partager son logis dans la maison hospitalière de Marie, la mère de l'évangéliste Marc, dont Barnabé était l'oncle.
De Pierre, Paul apprit à connaître les paroles de l'institution de l’eucharistie, telles qu'il les rappelle aux Corinthiens. Le chef des apôtres était qualifié pour les lui donner. Nous sommes en présence d'un enseignement authentique et solide de la tradition primitive. Avec Pierre, Paul visita probablement le jardin de Gethsémani. L'épître aux Hébreux, qui est écrite dans l'esprit de l'Apôtre, et qui contient son trésor spirituel, fait allusion à la prière du Seigneur pendant son agonie : «C'est ce Christ qui, aux jours de sa vie mortelle, fit monter des prières et des supplications, accompagnées d'un grand cri et de larmes, vers Celui qui pouvait le sauver de la mort». (Hébreux 5, 7)
Saint Jacques, le Majeur (3)
Jacques prit la tête des disciples
de Jésus, à Jérusalem.
Toujours désireux de rester
fidèle aux rituels juifs, il rendra
la mission de Paul difficile
Lors de ces 15 jours à Jérusalem, Paul rencontra aussi Jacques, le frère du Seigneur. Son appartenance à la famille de Jésus ne fait pas de doute et l’influence qu’il a exercée sur l’Église du premier siècle sera considérable. Quand Pierre s’éloignera de Jérusalem, il prendra la tête des disciples de Jésus. Ce chrétien, toujours désireux de rester fidèle aux rituels de son peuple, rendra la mission de Paul difficile. Le jour viendra où il trouvera Jacques et ses disciples sur sa route, acharnés à anéantir les effets de sa prédication. À partir de ses débuts, le christianisme va se diviser et se combattre lui-même.
Après ces quinze jours à Jérusalem, Paul restera en rapports continus avec les disciples de l’Église-mère et il visitera la ville sainte après chacun de ses voyages missionnaires. L'expression «Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu» (1 Corinthiens 15, 3) confirme qu'il se fonde sur une tradition solide, celle des apôtres du Seigneur. Paul nous a rapporté avec fidélité certaines paroles de Jésus, comme celles de l'institution de l’eucharistie, de la mission des disciples et de la doctrine du mariage. La parole de Jésus : «Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir», qui n’est pas mentionnée dans les Évangiles, c'est Paul qui l'a conservée (Actes 20, 35).
Il est bien évident que, pendant ces quinze jours à Jérusalem, Paul n'a pas passé tout son temps avec Pierre et Jacques. Il était de caractère expansif et combatif. Il se sentait pressé de rendre témoignage à la vérité reconnue et acquise par lui. La synagogue où Paul se rassemblait avec d’autres Juifs de la diaspora, devint alors le théâtre de débats extrêmement violents. Il s'en fallut de peu qu'il ne soit mis à mort, comme Étienne. Le groupe des disciples du Christ tremblait pour sa vie, mais également pour la leur. Ils avaient évité jusque-là tout conflit avec les pharisiens, dont un nombre assez important était venu les rejoindre.
Paul était un danger pour
cette communauté fragile
et craintive.
Son caractère inégal
et provocateur
risquait de déclencher
une persécution générale
Et voici qu’arrive cet imprudent qui n'admet aucun compromis. Les temps étaient troublés et la petite église de Jérusalem était menacée. Tout différend, tout désaccord se réglait avec le couteau et le poignard. Paul était un danger pour cette communauté fragile et craintive. Son caractère inégal et provocateur risquait de déclencher une persécution générale : «Dès lors il allait et venait avec eux dans Jérusalem, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il s’adressait aussi aux Hellénistes et discutait avec eux; mais ceux-ci machinaient sa perte. L’ayant su, les frères le ramenèrent à Césarée, d’où ils le firent partir pour Tarse.» (Actes 9, 28-30)
Son action se termina donc par un échec plus cuisant encore que celui de Damas. On l’obligea à quitter la ville et le texte ajoute qu’après le départ de Paul, la communauté chrétienne a joui d’une période de tranquillité : «Cependant les Églises jouissaient de la paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie; elles s’édifiaient et vivaient dans la crainte du Seigneur, et elles étaient comblées de la consolation du Saint Esprit.» (Actes 9, 31)
On défendit à Paul de s'arrêter en route pour visiter les communautés de la côte. «C'est ainsi que je restais inconnu de visage aux communautés de Judée.» De Césarée, Paul traversa à Tyr et Sidon pour se rendre en Séleucie près d'Antioche de Syrie. (Galates 1, 22). Il arriva ensuite à Tarse, sa ville natale.
Échec à Damas, échec à Jérusalem, échec à Césarée, ce n’est pas très reluisant, et ce n’est que le début.
Ajouté 15 heures 11 minutes 10 secondes après :
- La ville d’Antioche de Syrie a été la base des opérations missionnaires de Paul!
- Après la conquête romaine par Pompée, en 64 av. J.C., elle devint la capitale de la province de Syrie!
- Elle se situait au carrefour de l’occident et de l’orient!
- Grâce à un réseau de canaux et de conduites qui s'approvisionnaient des montagnes environnantes, l'eau était accessible aussi bien dans les palais des riches que dans les huttes des pauvres, dans les bains publics que dans les bains privés. Seules les villes de Tarse et de Damas pouvaient se vanter d'une telle profusion d'eau courante.
- C'est à Antioche qu'on frappait les monnaies romaines à l'effigie de l'Empereur.
- La population d'Antioche se composait de races et de peuples variés. Au temps de Paul, elle comptait environ 500.000 habitants et était la troisième ville de l’empire après Rome et Alexandrie.
- Les trois étapes de la jeune communauté chrétienne en marche vers l'Église universelle, sont caractérisées par les noms : Jérusalem - Antioche - Rome. Antioche qui se trouvait en contact avec toutes les villes importantes de l'Empire était un endroit idéal pour une Église qui voulait se répandre parmi les nations.
- En plus d’être une ville commerciale importante, Antioche était un centre intellectuel beaucoup plus dynamique que la ville Jérusalem continuellement agitée et en révolte contre Rome. Mise en tutelle et sous surveillance par les Romains, Jérusalem connaissait une situation économique déplorable.
- À Antioche, les Juifs formaient une colonie importante. Tous ceux qui aspiraient à une religion sérieuse, spécialement les femmes, se rendaient à la synagogue le jour du sabbat. Le nombre des prosélytes recrutés parmi les non-Juifs, était considérable. Citadelle de la civilisation, la séparation entre les Juifs et les non-Juifs était moins prononcée qu'ailleurs. Ceci a permis la fondation de la première église mixte. Les antiochiens permettaient aux non-Juifs de participer à leur vie de foi!
- Antioche de Syrie a exercé une influence profonde sur Paul : elle devint, pendant plus de 20 ans, sa patrie d'élection et le point de départ de ses trois grands voyages missionnaires.
- C’était un monde très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui!
- De la même manière que le monde que nous découvrons dans la première partie de la Bible était très différent du monde moderne!
- C’est pourquoi nous avons besoin de nous imprégner de cette connaissance indispensable à une bonne connaissance de la Bible!
- Et les langues que l’on parlait à ces différentes époques étaient également très différentes des langues modernes!
- L’hébreu était plus limité et correspondait à la réalité de l’époque!
- Le grec était beaucoup plus riche et correspondait à la réalité de l’époque!
- C’est pour cela que nous ne pouvons pas considérer les deux langues de la même manière et encore moins comme nos langues modernes!
- Pour nous, les Hébreux pourraient nous paraître incultes!
- Pour les Grecs, nous serions incultes!
- Faisons donc preuve de modestie et apprenons à comprendre ces peuples très différents de nous!
- Cela nous aidera à nous rapprocher de la Bible et à éviter de nous en éloigner!
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14- Antioche de Syrie
La ville d'Antioche au pied de la montagne
Pour comprendre le travail pastoral de Paul, il faut connaître un peu la ville d’Antioche de Syrie, qui a été la base de ses opérations missionnaires. C’est de là que lui et Barnabé ont été envoyés par la petite communauté chrétienne.
Antioche a été fondée trois siècles avant la naissance de Paul par Séleucos Nicator, l’un des généraux d’Alexandre le Grand. Placée au carrefour des routes des caravanes de l’Orient, en relation avec Babylone, la Perse et l’Inde, elle était en contact continu avec le bassin ouest de la Méditerranée. Les commerçants, les banquiers, les armateurs ont été très vite attirés vers ce centre cosmopolite, ruisselant de richesses et de passions. Après la conquête romaine par Pompée, en 64 av. J.C., elle devint la capitale de la province de Syrie.
Troisième ville de l’empire
(après Rome et Alexandrie),
Antioche de Syrie a exercé une influence profonde sur Paul
La ville était complètement entourée d'un mur fortifié, comprenant entre 300 et 400 tours, chef-d'oeuvre de l'architecture gréco-romaine. Antioche était fière de ses installations hydrauliques. Grâce à un réseau de canaux et de conduites qui s'approvisionnaient des montagnes environnantes, l'eau était accessible aussi bien dans les palais des riches que dans les huttes des pauvres, dans les bains publics que dans les bains privés. Seules les villes de Tarse et de Damas pouvaient se vanter d'une telle profusion d'eau courante.
Antioche est située:
- Au nord-est de la Méditerranée,
- Au nord de la Palestine (Jérusalem) du Liban et de la Jordanie (Damas),
- À l'est de l'île de Chypre et de la Cilicie (Tarse)
C'est à Antioche qu'on frappait les monnaies romaines à l'effigie de l'Empereur. Losque Jésus demanda aux pharisiens: «De qui est cette effigie et son inscription?», il tenait probablement en main une pièce de monnaie frappée à Antioche.
Renan a brossé, dans son style pittoresque, ce tableau d'Antioche :
«C'était un amas inouï de bateleurs, de charlatans, de mimes, de magiciens, de thaumaturges, de sorciers, de prêtres imposteurs; une ville de courses, de jeux, de danses, de processions, de fêtes, de bacchanales, un luxe effréné, toutes les folies de l'Orient, les superstitions les plus malsaines, le fanatisme de l'orgie.»
La population d'Antioche se composait de races et de peuples variés. Au temps de Paul, elle comptait environ 500.000 habitants et était la troisième ville de l’empire après Rome et Alexandrie.
Lorsque Titus rasa le Temple de Jérusalem et détruisit la ville en l’an 70 ap. J.C., Antioche devint le centre de la chrétienté. De 252 à 380 dix conciles s’y sont réunis.
Les trois étapes de la jeune communauté chrétienne en marche vers l'Église universelle, sont caractérisées par les noms : Jérusalem - Antioche - Rome. Antioche qui se trouvait en contact avec toutes les villes importantes de l'Empire était un endroit idéal pour une Église qui voulait se répandre parmi les nations.
En plus d’être une ville commerciale importante, Antioche était un centre intellectuel beaucoup plus dynamique que la ville Jérusalem continuellement agitée et en révolte contre Rome. Mise en tutelle et sous surveillance par les Romains, Jérusalem connaissait une situation économique déplorable.
Après la destruction du Temple
de Jérusalem, Antioche devint
le centre de la chrétienté.
De 252 à 380 dix conciles
s’y sont réunis.
À Antioche, les Juifs formaient une colonie importante. Tous ceux qui aspiraient à une religion sérieuse, spécialement les femmes, se rendaient à la synagogue le jour du sabbat. Le nombre des prosélytes recrutés parmi les non-Juifs, était considérable. Citadelle de la civilisation, la séparation entre les Juifs et les non-Juifs était moins prononcée qu'ailleurs. Ceci a permis la fondation de la première église mixte. Les antiochiens permettaient aux non-Juifs de participer à leur vie de foi!
Cette situation était une cause de préoccupation pour l’Église de Jérusalem. Il fut décidé d’envoyer des observateurs et le choix tomba sur Barnabé comme chef de délégation. On n'aurait guère pu choisir un homme plus qualifié pour cette mission délicate. Barnabé à la stature imposante, au visage et au regard reflétant la bonté, aux gestes tranquilles, disposait d'un jugement solide, qui ne confond pas l'accidentel avec l'essentiel.
Après sa visite officielle, Barnabé décida de demeurer à Antioche. C’est lui qui, un peu plus tard, ira chercher Paul à Tarse, pour l’inviter à travailler avec lui dans cette ville cosmopolite de l’Empire.
L’église d’Antioche se considérait de plus en plus comme un poste avancé de la mission chrétienne. Quinze ans à peine s’étaient écoulés depuis la mort du Seigneur, et déjà une série de communautés nouvellement fondées longeaient la vallée de l'Oronte et le littoral syro-phénicien, tel «un brillant collier de perles». Jérusalem aux vieilles traditions sera détruite et Antioche, ville ouverte à tous les courants, prendra la relève et ouvrira le christianisme aux nations.
Antioche de Syrie a exercé une influence profonde sur Paul : elle devint, pendant plus de 20 ans, sa patrie d'élection et le point de départ de ses trois grands voyages missionnaires.
Ajouté 20 heures 16 minutes 3 secondes après :
- À Antioche, il se créa une amitié profonde entre Barnabé et Paul. Elle aura des conséquences durables dans la vie de l’apôtre. Ils travaillèrent au sein de la jeune communauté, encore tout imprégnée de la fraîcheur de la foi en Jésus-Christ.
- Sous l'influence de la culture grecque, Paul et Barnabé, ont su ouvrir l'Église d'Antioche au monde de leur temps. Cette Église fut la première à se détacher du judaïsme stricte et à intégrer les non-Juifs dans leur communauté.
- La collaboration entre Paul et Barnabé durera pendant de nombreuses années. Elle s'est nouée à Antioche et, comme nous le verrons plus tard, elle s'est achevée dramatiquement à Antioche. Mais la rupture a été précédée de douze ans de collaboration étroite et fructueuse. Les frères et soeurs de cette Église ont eu raison de les envoyer ensemble en mission.
- Quand donc Pierre monta à Jérusalem, les circoncis le prirent à partie : «Pourquoi, lui demandèrent-ils, es-tu entré chez des incirconcis et as-tu mangé avec eux?» (Actes 11, 1-18)
- Les chrétiens conservateurs n’acceptaient pas que les missionnaires permettent aux païens de se joindre à eux s’ils ne devenaient pas d’abord «juifs», en observant les rituels de leurs ancêtres. Ce sera le problème auquel devront faire face Paul et Barnabé tout au long de leurs voyages missionnaires.
- À Antioche, Paul et Barnabé vivaient en communauté charismatique, jeûnant et priant en compagnie des fidèles de l'Église locale. Paul prêchait dans les synagogues mais aussi - voilà qui est nouveau - ailleurs dans la ville. Une tradition longtemps évoquée, l'a montré parlant près du Panthéon et à des auditoires romanisés. Il enseignait plus volontiers qu'il ne baptisait.
- Pour la troisième fois, Barnabé va jouer un rôle essentiel dans la vie de Paul. Après l'avoir présenté à Pierre et à Jacques à Jérusalem, l’avoir tiré de sa retraite dans la ville de Tarse pour le conduire à Antioche, il va maintenant l’amener en mission dans le pays qu'il connaît le mieux parce qu'il y est né : Chypre. Ils prendront avec eux le jeune Marc, cousin de Barnabé.
- Les chrétiens d’Antioche, se sont cotisés pour financer le voyage. Ils leur remirent des lettres de recommandations, afin qu'ils soient bien accueillis dans les synagogues comme délégués officiels de la communauté d'Antioche.
- Ici, nous avons l’association de deux hommes qui ont lié leur destin et ont travaillé ensemble pour transmettre le message de Jésus!
- Ensemble, ils étaient plus forts!
- Ensemble, ils ont soulevé des montagnes!
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15- Barnabé et Paul à Antioche
D'après les Actes des Apôtres, Paul visita Jérusalem pendant 15 jours où il rencontra Pierre et Jacques, et s'installa ensuite à Tarse, sa ville natale. Il y demeura pendant trois ou quatre ans. C'est là que Barnabé vient le chercher pour travailler avec lui: «Barnabé partit alors chercher Saul à Tarse. L’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Toute une année durant ils vécurent ensemble dans l’Église et y instruisirent une foule considérable. C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens.» (Actes 11, 25-26)
Le nom de «chrétiens», ne vint donc pas des Juifs qui les appelaient les «nazaréens», ainsi que le font encore de nos jours les peuples de langue sémitique. Les chrétiens eux-mêmes se désignaient par les noms suivants : frères, saints, croyants, disciples, membres de la Voie. Ils ont bien accueilli ce nouveau nom et se sont empressés de l'adopter. Il exprimait ce que leur nouvelle foi avait de plus profond : ils étaient les «disciples du Christ».
À Antioche, il se créa une amitié profonde entre Barnabé et Paul. Elle aura des conséquences durables dans la vie de l’apôtre. Ils travaillèrent au sein de la jeune communauté, encore tout imprégnée de la fraîcheur de la foi en Jésus-Christ.
Chaque semaine, le jour du Seigneur, on se réunissait pour la célébration de la Cène. Selon l'exemple donné par le Christ et suivant la coutume des Juifs chrétiens, les agapes (repas fraternel) précédaient la Cène. Rien n'unissait davantage ces gens qu’un repas pris en commun. Lorsque les apôtres se glorifiaient «d'avoir mangé et bu avec le Seigneur» (Actes 10, 41), ils y voyaient un signe d'intimité. Le don le plus précieux de Jésus, l'Eucharistie, il le donna à la fin d'un repas fraternel. Les chrétiens conservèrent pendant longtemps cette double rencontre des agapes et de la Cène du Seigneur.
Sous l'influence de la culture grecque, Paul et Barnabé, ont su ouvrir l'Église d'Antioche au monde de leur temps. Cette Église fut la première à se détacher du judaïsme stricte et à intégrer les non-Juifs dans leur communauté.
Encore aujourd’hui, nous sommes redevables à cette première Église missionnaire d'Antioche, même si elle a maintenant complètement disparu. Aux abords de la ville turque d'Antakya, il n'y a plus qu'une chapelle catholique en ruines dans un jardin envahi par les mauvaises herbes. Elle est fermée depuis qu'il n'y a plus de prêtre résident pour les quelque soixante familles qui assistaient aux offices religieux.
La collaboration entre Paul et Barnabé durera pendant de nombreuses années. Elle s'est nouée à Antioche et, comme nous le verrons plus tard, elle s'est achevée dramatiquement à Antioche. Mais la rupture a été précédée de douze ans de collaboration étroite et fructueuse. Les frères et soeurs de cette Église ont eu raison de les envoyer ensemble en mission.
Il faut cependant nous rappeler que Barnabé et Paul ne furent pas les premiers à favoriser l’expansion du christianisme. Ce sont surtout les chrétiens dispersés par la persécution de Jérusalem, les artisans et les commerçants judéo-chrétiens qui ont été les premiers instruments de propagande. Au début, cette activité missionnaire ne s'adressait qu'aux Juifs. L’exclusivisme ne provenait pas d’une mauvaise volonté, mais d'une fausse conception du message du Christ. Il manquait aux judéo-chrétiens une vue d'ensemble, large et généreuse de la mission. On se souvient qu’au chapitre 11 des Actes des Apôtres les premiers chrétiens avaient reproché à Pierre d’avoir admis dans l'Église, et sans formalité spéciale, le centurion Corneille ainsi que toute sa famille. Pierre défendit sa décision en rappelant la vision qu'il avait eue, et démontra comment l'Esprit-Saint, en descendant sur ces non-Juifs, avait justifié son action : «Cependant les apôtres et les frères de Judée apprirent que les païens, eux aussi, avaient accueilli la parole de Dieu. Quand donc Pierre monta à Jérusalem, les circoncis le prirent à partie : «Pourquoi, lui demandèrent-ils, es-tu entré chez des incirconcis et as-tu mangé avec eux?» (Actes 11, 1-18)
Les chrétiens conservateurs n’acceptaient pas que les missionnaires permettent aux païens de se joindre à eux s’ils ne devenaient pas d’abord «juifs», en observant les rituels de leurs ancêtres. Ce sera le problème auquel devront faire face Paul et Barnabé tout au long de leurs voyages missionnaires.
Barnabé était né à Chypre et était le cousin de Marc l'Évangéliste. Il ne faisait pas partie du collège des Douze, mais l'Église lui attribua le titre d'apôtre en raison de la participation importante qu'il prit dans la diffusion de la Parole du Christ. Issu d'une famille riche, tout comme Paul, il gagnera sa vie à travailler de ses mains, pour ne pas être à la charge de la communauté. Il mourut martyrisé, vers l’an 60, près de Salamine, sur son île natale.
À Antioche, Paul et Barnabé vivaient en communauté charismatique, jeûnant et priant en compagnie des fidèles de l'Église locale. Paul prêchait dans les synagogues mais aussi - voilà qui est nouveau - ailleurs dans la ville. Une tradition longtemps évoquée, l'a montré parlant près du Panthéon et à des auditoires romanisés. Il enseignait plus volontiers qu'il ne baptisait.
Un jour que plusieurs d’entre eux étaient réunis pour célébrer le jour du Seigneur, ils perçoivent ensemble une invitation qu'ils sentent venu d'ailleurs : «Il y avait dans l'Église établie à Antioche des prophètes et des docteurs : Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaën, ami d'enfance d'Hérode le tétrarque, et Saul. Or un jour, tandis qu'ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l'Esprit Saint dit : «Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l'œuvre à laquelle je les ai appelés.» Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.» (Actes 13, 1-3)
Pour la troisième fois, Barnabé va jouer un rôle essentiel dans la vie de Paul. Après l'avoir présenté à Pierre et à Jacques à Jérusalem, l’avoir tiré de sa retraite dans la ville de Tarse pour le conduire à Antioche, il va maintenant l’amener en mission dans le pays qu'il connaît le mieux parce qu'il y est né : Chypre. Ils prendront avec eux le jeune Marc, cousin de Barnabé.
Les chrétiens d’Antioche, se sont cotisés pour financer le voyage. Ils leur remirent des lettres de recommandations, afin qu'ils soient bien accueillis dans les synagogues comme délégués officiels de la communauté d'Antioche.
Ajouté 19 heures 38 minutes 31 secondes après :
- Barnabé, Paul et Marc se rendent sur l’île de Chypre par bateau!
- Il s’agit du premier voyage missionnaire qui va durer environ 4 ans!
- Les Juifs de la diaspora chypriote s'adressent aux Grecs!
- Paul suivit ici le plan habituel qu’il adoptera tout au long de ses voyages missionnaires : commencer par la synagogue dans laquelle, en qualité de rabbi distingué et d'élève de Gamaliel, on l’invitait volontiers à prendre la parole. Les Juifs de la Diaspora vont ainsi se révéler un appui important comme agents principaux de l'expansion du christianisme.
Cependant très souvent, comme nous le verrons au cours de ces voyages, l'affaire tourne mal. Un auditeur se fâche, crie à l'imposture, au sacrilège. Cela se traduit par des violences, allant parfois jusqu'aux châtiments que l'on réserve aux hérétiques, les coups de fouet réglementés par les rabbins ou la flagellation spécifiquement romaine administrée par des licteurs : «Des juifs, dit Paul, j'ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois j'ai été flagellé (par les Romains).» (2 Corinthiens 11, 24)
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16- Salamine sur l'île de Chypre
Barnabé, Paul et Marc s'acheminent vers le port d'Antioche. Marc fera parler de lui plus tard, comme rédacteur du premier évangile. Nous sommes au printemps de l’an 45.
Nos trois voyageurs et tous les autres passagers, devaient se munir de nourriture pour l'ensemble du voyage ; le capitaine ne fournissait que l'eau potable. Pour ce voyage d’Antioche à Salamis, on devait prévoir une trentaine d'heures accroupis sur le pont parmi la marchandise et les nombreux animaux qui mugissaient continuellement.
Durant toute l'Antiquité, les voyageurs ont privilégié le transport par mer, infiniment plus rapide et moins épuisant que le voyage terrestre, mais ils en connaissaient bien les dangers. C’est pourquoi on suivait certaines règles élémentaires pour éviter les naufrages. La première de ces règles voulait que l’on ne navigue que pendant la belle saison - de mai à septembre -, afin d’éviter les vents qui conduisaient à la catastrophe. Les textes du temps condamnent l'avidité des armateurs qui surchargent les navires en marchandises et passagers, et naviguent pendant les périodes dangereuses de «mer close» (fin d’automne et hiver). En 64, l’historien Flavius Josèphe a fait naufrage dans la mer Adriatique, parce que son bateau avait embarqué six cents passagers, dépassant de beaucoup la capacité du navire, et avait navigué pendant la période de «mare clausum».
Le point d’arrivée était Salamis, le port de Salamine, ville natale de Barnabé. Là se trouvait une communauté juive importante.
Au loin, nos trois voyageurs aperçoivent les falaises de Chypre et les maisons blanches qui se découpent sur le ciel bleu. Bien que territoire romain depuis l’année 58 av. J.-C., l'île a retenu son caractère presque totalement grecque, par sa langue, sa culture, son écriture et son cadre de vie. Paul se retrouve donc en territoire familier et Barnabé met les pieds sur «son île.» Il est permis de penser que Barnabé et Marc avaient de la parenté et des amis dans l’île.
Pour Paul et Barnabé, ce premier voyage missionnaire durera environ quatre ans. Pendant cette période, ils donneront peu de nouvelles à leur communauté de base d’Antioche, les moyens de communications étant restreints et assez primitifs.
Les Actes des apôtres racontent cette «première mission» des deux voyageurs aux chapitres 13 et 14. Le récit, très postérieur aux événements, simplifie la mission et l’amplifie en même temps. Il donne tout de même une image éclairante. Pendant le voyage, Paul nous dévoile ses méthodes, son message et son caractère, mais il demeure le missionnaire envoyé par la communauté d'Antioche, à laquelle il rendra compte à son retour.
Sur l’île de Chypre, bon nombre de Juifs travaillaient dans les mines de cuivre auxquelles l’île devait son nom. Les membres de la diaspora chypriote avaient déjà rompu avec la règle des synagogues de ne s'adresser qu'aux Juifs : «Ceux-là donc qui avaient été dispersés lors de la tribulation survenue à l'occasion de la mort d’Étienne poussèrent jusqu'en Phénicie, à Chypre et à Antioche, mais sans prêcher la parole à d'autres qu'aux Juifs. Il y avait toutefois parmi eux quelques Chypriotes et Cyrénéens qui, venus à Antioche, s'adressaient aussi aux Grecs, leur annonçant la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur les secondait, et grand fut le nombre de ceux qui devinrent croyants et se convertirent au Seigneur.» (Actes 11, 19-21).
Paul prêchant dans la synagogue. Une mosaïque du 12e siècle.
Les trois missionnaires mirent pied à terre à Salamis, à 50 km au Nord de Salamine. C'était le plus grand port marchand de l’île. Il n'en reste aujourd’hui qu'un champ de ruines très étendu, près de Famagouste.
«Arrivés à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues des juifs.»(Actes 8,5)
Paul suivit ici le plan habituel qu’il adoptera tout au long de ses voyages missionnaires : commencer par la synagogue dans laquelle, en qualité de rabbi distingué et d'élève de Gamaliel, on l’invitait volontiers à prendre la parole. Les Juifs de la Diaspora vont ainsi se révéler un appui important comme agents principaux de l'expansion du christianisme.
Cependant très souvent, comme nous le verrons au cours de ces voyages, l'affaire tourne mal. Un auditeur se fâche, crie à l'imposture, au sacrilège. Cela se traduit par des violences, allant parfois jusqu'aux châtiments que l'on réserve aux hérétiques, les coups de fouet réglementés par les rabbins ou la flagellation spécifiquement romaine administrée par des licteurs : «Des juifs, dit Paul, j'ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois j'ai été flagellé (par les Romains).» (2 Corinthiens 11, 24)
Salamine est la première Église fondée par Barnabé et Paul. Plus tard, Barnabé y reviendra avec son cousin Marc. C’est d’ailleurs non loin de cette ville que Barnabé sera martyrisé aux alentours de l’an 60.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 16 août23, 09:54- C'était la première fois que l'Évangile pénétrait dans l’aristocratie de la société romaine. On comprend aisément que pour cette occasion c’est Paul, le citoyen romain, qui joua le rôle principal. Le privilège de la citoyenneté romaine lui donnait un prestige certain au regard du gouverneur de cette province sénatoriale.
- Sergius Paulus devint le premier Romain de marque à se convertir (Cornelius, baptisé par Pierre, n'était qu'un centurion). Il se peut que le proconsul ait été l'un de ces «craignant Dieu» qui, dans chaque ville, fréquentaient la synagogue, attirés par la richesse morale de la foi juive.
- De ces rencontres avec Sergius Paulus va résulter un événement important dans la vie de Paul. L’apôtre qui jusqu’ici se nommait Saul, va ajouter à son nom celui de Paul. On le connaîtra par ce nouveau nom «pour toute l’éternité». Pendant un certain temps, le Tarsiote utilisa les deux noms : Saul dit Paul. Mais rapidement, «Saul» disparaîtra, laissant la place à «Paul». Paulos, en grec, signifie petit. Outre la réalité de sa petite taille, Paul a sans doute voulu souligner à ses propres yeux sa condition de serviteur comparé à la puissance infinie de Dieu.
- A partir de ce moment, l’évangéliste Luc ne nomme plus l'Apôtre qu'avec son nom de Paul. Dans ce nom grec et romain (Paulos - Paulus) on retrouvait une ouverture nouvelle pour «l’apôtre des Nations».
- À Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle à celui de chef de mission.
- Marc cependant exprima son désaccord et protesta vivement. Qu'allaient-ils faire là-haut dans ces montagnes sauvages ? On n'y trouvera pas de communautés juives, pas de synagogues, rien que des sentiers impraticables, côtoyant des abîmes, des ponts et des passerelles arrachées et des brigands sans merci. Ce n'est pas ainsi qu'il s'était représenté le voyage. Le courage du jeune homme de Jérusalem, qui ne connaissait rien de la nature sauvage, fléchissait. Il ne voulait plus continuer. La fougue audacieuse de Paul le dépassait. Il ne se sentait pas capable de faire face aux difficultés et aux dangers de ces lieux inhospitaliers. Il en parla à son cousin, Barnabé, et lui communiqua sa décision de prendre le premier bateau à destination de Césarée maritime, pour entrer ensuite à Jérusalem. Cette désertion du jeune Marc blessa profondément Paul et elle deviendra plus tard l’une des causes de conflit entre Paul et Barnabé.
- Marc sera en mesure plus tard de surmonter cette défection juvénile de Paphos, et il redeviendra un collaborateur précieux de l'apôtre Paul. Prisonnier à Rome, Paul écrit : «Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil.» (Colossiens 4, 10)
- Ceci est très intéressant!
- Il est toujours possible de surmonter les désaccords!
- C’est l’apanage des vrais disciples de Jésus!
- Encore faut-il le vouloir!
- Parfois il faut du temps!
- L’important est de continuer sa mission et d’aller de l’avant!
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17- Paphos
De Salamine, Barnabé, Paul et Marc se rendirent à Paphos, de l’autre côté de l’île. Dans ce port de mer, la magie a droit de cité. C'est tout juste si on ne lui accorde pas le rang de religion. Ses partisans s’inspirent de doctrines qui prennent leurs racines en Égypte ou en Mésopotamie. Sergius Paulus, le proconsul romain, accueille volontiers dans son palais les magiciens et les philosophes de toutes tendances. Il est toujours heureux d’engager avec eux un débat dont raffolaient les intellectuels de l'Antiquité.
Devant le proconsul Sergius Paulus. Paul rend aveugle le magicien Elymas.
Ayant appris la présence à Paphos de trois nouveaux prédicateurs, le proconsul a voulu les rencontrer. «Il invita Barnabé, Paul et Marc et manifesta le désir d'entendre la parole de Dieu». On croira plutôt que, s'ennuyant dans son île, le représentant de l’empereur a probablement cherché à se distraire en rencontrant ces visiteurs insolites.
C'était la première fois que l'Évangile pénétrait dans l’aristocratie de la société romaine. On comprend aisément que pour cette occasion c’est Paul, le citoyen romain, qui joua le rôle principal. Le privilège de la citoyenneté romaine lui donnait un prestige certain au regard du gouverneur de cette province sénatoriale.
Sergius Paulus devint le premier Romain de marque à se convertir (Cornelius, baptisé par Pierre, n'était qu'un centurion). Il se peut que le proconsul ait été l'un de ces «craignant Dieu» qui, dans chaque ville, fréquentaient la synagogue, attirés par la richesse morale de la foi juive.
Sergius Paulus, de famille noble, nous est présenté par Pline comme un homme cultivé, un personnage important, une autorité en sciences naturelles, un membre de la commission impériale pour la régularisation du Tibre, le fleuve qui traverse Rome, un connaisseur des questions philosophiques et religieuses. Recherchant la vérité, il n'avait rien du scepticisme blasé de Ponce Pilate. Luc le qualifie «d'homme avisé», parce qu'il cherchait visiblement un accès au monde du surnaturel.
Ses occupations administratives dans la petite île lui laissaient beaucoup de temps de loisir qu'il consacrait au travail intellectuel. En qualité de proconsul, il était entouré d'une cour composée de jeunes patriciens romains, se préparant à leur future carrière d'administrateurs.
«Saul» disparaîtra, laissant
la place à «PAUL».
Paulos, en grec, signifie petit.
De ces rencontres avec Sergius Paulus va résulter un événement important dans la vie de Paul. L’apôtre qui jusqu’ici se nommait Saul, va ajouter à son nom celui de Paul. On le connaîtra par ce nouveau nom «pour toute l’éternité». Pendant un certain temps, le Tarsiote utilisa les deux noms : Saul dit Paul. Mais rapidement, «Saul» disparaîtra, laissant la place à «Paul». Paulos, en grec, signifie petit. Outre la réalité de sa petite taille, Paul a sans doute voulu souligner à ses propres yeux sa condition de serviteur comparé à la puissance infinie de Dieu.
A partir de ce moment, l’évangéliste Luc ne nomme plus l'Apôtre qu'avec son nom de Paul. Dans ce nom grec et romain (Paulos - Paulus) on retrouvait une ouverture nouvelle pour «l’apôtre des Nations».
Il est intéressant de signaler que le nom de Saul n'apparaît jamais dans les lettres de Paul. Il ne le mentionne pas même lorsqu'il évoque sa vie précédant sa conversion et cette rencontre à Paphos. Il parle de lui-même comme « Paul ». C'est uniquement dans les Actes des Apôtres que nous rencontrons les deux noms de Saul et Paul. Avant sa conversion, Luc le nomme «Saul». Le seul passage où les deux noms sont utilisés côte à côte est en Actes 13, 9 qui dit simplement : «Saul, appelé aussi Paul». C'est la dernière fois que Luc utilise ce nom de «Saul».
À Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle
à celui de chef de mission.
Autre changement significatif : à Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle à celui de chef de mission. Jusqu'ici les textes parlaient de «Barnabé et Paul». Il ne sera plus question, à partir de maintenant, que de «Paul et Barnabé».
Après quelques mois passés à Chypre, Paul décida de se rendre sur le continent et Barnabé se laissa entraîner par l'ardeur de son ami.
Marc cependant exprima son désaccord et protesta vivement. Qu'allaient-ils faire là-haut dans ces montagnes sauvages ? On n'y trouvera pas de communautés juives, pas de synagogues, rien que des sentiers impraticables, côtoyant des abîmes, des ponts et des passerelles arrachées et des brigands sans merci. Ce n'est pas ainsi qu'il s'était représenté le voyage. Le courage du jeune homme de Jérusalem, qui ne connaissait rien de la nature sauvage, fléchissait. Il ne voulait plus continuer. La fougue audacieuse de Paul le dépassait. Il ne se sentait pas capable de faire face aux difficultés et aux dangers de ces lieux inhospitaliers. Il en parla à son cousin, Barnabé, et lui communiqua sa décision de prendre le premier bateau à destination de Césarée maritime, pour entrer ensuite à Jérusalem. Cette désertion du jeune Marc blessa profondément Paul et elle deviendra plus tard l’une des causes de conflit entre Paul et Barnabé.
Marc, auteur d'un évangile, cousin de Barnabé, disciple et collaborateur de Pierre, redevenu compagnon de Paul.
Marc avait grandi à Jérusalem au milieu des premiers apôtres, il avait été élevé dans la tradition judaïque qui reliait encore fortement la jeune Église à la Synagogue. Paul, ce fougueux apôtre, était décidé à arracher l'Église à la Synagogue. De retour à Jérusalem, Marc deviendra l'élève et le collaborateur de Pierre et son interprète pour la langue grecque. Il reprendra la route avec lui. Le chef des apôtres parle de «mon fils Marc» dans l’une de ses lettres (1 Pierre 5, 13). Marc accompagnera Pierre dans ses voyages missionnaires et apprendra tout sur Jésus de Nazareth. Cela le qualifiera pleinement pour écrire le premier des quatre évangiles qu’on nomme aussi parfois «l’évangile de Pierre»..
Marc sera en mesure plus tard de surmonter cette défection juvénile de Paphos, et il redeviendra un collaborateur précieux de l'apôtre Paul. Prisonnier à Rome, Paul écrit : «Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil.» (Colossiens 4, 10)
Après ce départ de port de Paphos, Paul n'a plus jamais remis les pieds sur l’île de Chypre. Il considérait cette île comme le fief et la fondation de Barnabé, et il ne voulait pas bâtir «sur le terrain d'autrui».
Ajouté 17 heures 47 minutes 27 secondes après :
- Selon les Actes des Apôtres, la vie de Paul est marquée par trois grands voyages missionnaires. Le premier commence en l'an 46, quand Paul a 41 ans (Actes 13.1-3). Il entreprend le deuxième en 50 et le troisième se termine en l'an 58, avec son arrestation au Temple de Jérusalem (Actes 21, 27-34). En tout, douze ou treize années d'aventures sur les routes et sur les mers! Ces voyages n’ont rien à voir avec le confort des voyages d’aujourd’hui. Seules les voies principales de l'Empire possédaient des auberges aux trente kilomètres, où les voyageurs pouvaient trouver refuge à la fin de la journée. Sur les routes secondaires, il fallait passer la nuit dans des abris de fortune.
- Paul et Barnabé, qui voyageaient probablement à pied, se joignaient à l’une des nombreuses caravanes qui se déplaçaient d’une ville à l’autre. Ils parcouraient entre trente et trente-cinq kilomètres par jour, vitesse légèrement inférieure à la vitesse moyenne d'une personne à pied aujourd’hui. Les conditions routières étaient beaucoup plus mauvaises qu’elles ne le sont de nos jours.
- Pendant ses douze ou treize années de mission, Paul s'est rendu dans plusieurs grandes villes de l'Empire: Antioche, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Éphèse, Rome. Ces villes accueillaient un mélange de nationalités et les gens du monde entier s’y côtoyaient, comme dans nos villes aujourd'hui!
- En arrivant dans les villes et dans les villages, Paul et Barnabé procédaient toujours de la même manière. Ils allaient à la synagogue le jour du sabbat. Cette rencontre avait pour but de convaincre leurs coreligionnaires que le Christ était le Messie. Généralement, ils en ralliaient quelques-uns, les autres étaient hostiles. Cela, ils le savaient d'avance, mais ils considéraient que leur prédication devait d'abord s'adresser aux Israélites.
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18- Sur les routes de l'empire
De Paphos sur l’île de Chypre, Paul et Barnabé décident d’aller en Asie Mineure. Dans ce port très achalandé, les bateaux font voile dans toutes les directions. Il suffit de choisir. Il faut agir vite car l'époque dangereuse de l'automne, qui interdit les voyages en mer, approche rapidement. Parmi les destinations qui pourraient intéresser Paul, il y a Éphèse, ville côtière et grand centre de transit. Mais il préfère Attaleia. La personne qui a influencé cette décision est sans doute Sergius Paulus qui possède probablement des relations et des contacts susceptibles d’être utiles aux deux missionnaires.
Paul n'avait jamais de plan de voyage déterminé. Il répondait aux occasions qui se présentaient. Sergius Paulus lui offrait de se rendre à Attaleia et de là à Antioche de Pisidie et cette destination lui semblait intéressante. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, Marc prit le bateau pour Césarée et de là il gagnera Jérusalem.
Selon les Actes des Apôtres, la vie de Paul est marquée par trois grands voyages missionnaires. Le premier commence en l'an 46, quand Paul a 41 ans (Actes 13.1-3). Il entreprend le deuxième en 50 et le troisième se termine en l'an 58, avec son arrestation au Temple de Jérusalem (Actes 21, 27-34). En tout, douze ou treize années d'aventures sur les routes et sur les mers! Ces voyages n’ont rien à voir avec le confort des voyages d’aujourd’hui. Seules les voies principales de l'Empire possédaient des auberges aux trente kilomètres, où les voyageurs pouvaient trouver refuge à la fin de la journée. Sur les routes secondaires, il fallait passer la nuit dans des abris de fortune.
Les voies romaines dans l'Empire
Via Appia près de Rome
En construction - croquis d'une coupe
Ancienne voie romaine, près de Pélussin
Les Romains avaient édifié, dans leurs provinces autour de la Méditerranée, un réseau routier tout à fait remarquable dont la destination première était militaire : en effet, les légions devaient pouvoir se déplacer rapidement pour se trouver là où leur intervention était nécessaire. Pour cette raison, les voies romaines étaient tracées de façon rectiligne et reliaient toujours deux points stratégiques.
La plus ancienne de ces routes, la Via Appia, reliait Rome à Capoue. Elle avait été construite en 312 av. J.-C. Au début de l'ère chrétienne, tous les pays autour de la Méditerranée étaient sillonnés de voies de circulation. Le réseau routier comptera plus de 350 voies, couvrant près de 80 000 km.
Les ingénieurs romains avaient développé des techniques de construction très efficaces qui étaient utilisées sur toutes les routes de l’empire. Larges de 5 à 7,50 mètres, elles étaient construites de cinq couches de matériaux superposées, avec une surface de revêtement de dalles de pierre. Des «milliaires» ou bornes indiquaient les distances entre deux villes. Les militaires, aidés de travailleurs locaux, étaient chargés de la construction de ces routes et des nombreux ponts, murs de soutènement et tunnels qui permettaient de franchir les obstacles naturels. L’armée était aussi responsable de l’entretien du réseau routier.
Les voies romaines étaient au service de tous les habitants de l’empire. Les dirigeants, les dignitaires et les citoyens les plus riches se déplaçaient en voitures confortables, escortés de cavaliers. Les simples particuliers, selon leurs moyens, voyageaient en groupes dans de lourds chariots bâchés, à dos de cheval ou de mulet, ou à pied.
Paul et Barnabé, qui voyageaient probablement à pied, se joignaient à l’une des nombreuses caravanes qui se déplaçaient d’une ville à l’autre. Ils parcouraient entre trente et trente-cinq kilomètres par jour, vitesse légèrement inférieure à la vitesse moyenne d'une personne à pied aujourd’hui. Les conditions routières étaient beaucoup plus mauvaises qu’elles ne le sont de nos jours.
Pendant ses douze ou treize années de mission, Paul s'est rendu dans plusieurs grandes villes de l'Empire: Antioche, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Éphèse, Rome. Ces villes accueillaient un mélange de nationalités et les gens du monde entier s’y côtoyaient, comme dans nos villes aujourd'hui!
L'Évangile venait du monde rural, de l'intérieur de la Palestine, et il fallait que Paul puisse l'incarner dans cette nouvelle réalité du monde urbain. Tâche difficile! Il avait en tête la prophétie de la Pentecôte qui voulait que la Bonne Nouvelle atteigne toutes les nations. Luc énumère les peuples présents à Jérusalem lors de la fête : «Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans sa propre langue? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu!» (Actes 2, 8-11) Au fil de ses voyages Paul montre comment l'Évangile a rejoint tous ces peuples et bien d'autres encore. Ainsi se réalise la prophétie de la Pentecôte.
En arrivant dans les villes et dans les villages, Paul et Barnabé procédaient toujours de la même manière. Ils allaient à la synagogue le jour du sabbat. Cette rencontre avait pour but de convaincre leurs coreligionnaires que le Christ était le Messie. Généralement, ils en ralliaient quelques-uns, les autres étaient hostiles. Cela, ils le savaient d'avance, mais ils considéraient que leur prédication devait d'abord s'adresser aux Israélites.
De toutes ces églises fondées pendant le premier voyage de Paul, dans la sueur et dans la peine - Salamine, Paphos, Pergé, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres et Derbé - il ne reste pratiquement rien aujourd’hui. L'appel à la prière que lance le muezzin du haut du minaret, raconte une autre histoire.
Ajouté 8 heures 28 minutes 28 secondes après :
Vers la fin de son séjour à Antioche de Pisidie Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue : «Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. À la vue de cette foule, les Juifs furent remplis de jalousie, et ils répliquaient par des blasphèmes aux paroles de Paul. S'enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent : «C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : Je t'ai établi lumière des nations, pour faire de toi le salut jusqu'aux extrémités de la terre.» (Actes 13, 44-47)
On note la puissance du message de Paul!
Ce qui entraîne la jalousie des Juifs!
Comme dans le cas de Jésus!
Cela ne les a pas empêchés de poursuivre leur activité avec force!
Des exemples incroyables à suivre qui nous poussent à l’action!
Tout le contraire de l’inactivité!
À cause de ces confrontations avec certains Juifs de la synagogue, désormais, il n'était plus permis aux deux missionnaires de prendre la parole. C’est pourquoi ils enseignaient dans les maisons privées, sur les terrasses et en plein air. La rupture définitive n'advint cependant que lors du séjour de Paul à Corinthe, quand il quitta la synagogue et s'installa, tout près, dans la maison de Justus qui était un prosélyte (Actes 18,6).
Ce qui montre que tous les moyens sont bons pour transmettre le message de Jésus!
Malgré l’opposition des Juifs, la Parole du Seigneur, par l'intermédiaire de Paul et de Barnabé, prit racine dans toute la région. Le bon grain avait été semé.
L’oeuvre de Yah.weh ne peut pas être arrêtée!
Elle doit se répandre continuellement!
C’est la vie elle-même qui est plus forte que tout!
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19. Pergé et Antioche de Pisidie
Pergé, en Pamphylie, près d'Attaleia
Paul et Barnabé quittent le port de Néo-Paphos, pour se rendre à Attaleia, en Asie Mineure. Il fallait trente-six heures de navigation pour y arriver. La baie d’Attaleia était protégée contre les corsaires par une couronne de forts et de bastions.
D'Attaleia, ils gagnent, à moins d'une demi-journée de marche, la ville de Pergé. «Ils annoncèrent la parole à Pergé», dit Luc. (Actes 13,13) Ils demeurent quelque temps dans cette ville et ensuite, ils traversent les montagnes du Taurus ainsi qu’une zone semi-désertique pour atteindre Antioche de Pisidie. «De Paphos, où ils s'embarquèrent, Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé, en Pamphylie. Mais Jean Marc les quitta pour retourner à Jérusalem. Quant à eux, poussant au-delà de Pergé, ils arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et s'assirent. Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : «Frères, si vous avez quelque parole d'encouragement à dire au peuple, parlez.» (Actes 13, 13-15)
Antioche de Pisidie, en région montagneuse
Alors que Tarse et Antioche de Syrie sont à peine à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer, Antioche de Pisidie est à 1.200 mètres, Iconium à 1.027 mètres et Lystres à 1.230 mètres. Ces territoires avaient été des régions dangereuses, remplies de bandes de voleurs et de tueurs. Pour mettre un terme à ce brigandage, les empereurs César-Auguste et Claude eurent recours à un moyen très efficace : ils fondèrent des colonies de vétérans. Antioche était ainsi devenue une colonie romaine de droit italique. Les colons venaient en majorité de la légion celte, recrutée dans les Gaules.
La décision prise par Auguste d'y établir une colonie d’anciens combattants avait donné une nouvelle vie à la ville. Les vétérans démobilisés après la bataille d’Actium (31 av. J.-C.) contre Marc-Antoine, Cléopâtre et Brutus, y ont obtenu des terres qu'ils ont cultivées, mais à une condition : faire régner l'ordre parmi la population, ce à quoi ils étaient parfaitement préparés. Antioche était une réplique de Rome : administration, traditions religieuses, division en quartiers, théâtre, thermes, aqueducs, etc. On la surnommait : «la petite Rome». Dans son testament, l'empereur Auguste a mentionné les colonies de Pisidie comme l'une des réalisations importantes ayant marqué son règne.
Certes, Paul a connu de grandes villes : Damas, Antioche de Syrie, Tarse, Jérusalem, Éphèse. Il n’aurait jamais pensé qu’une métropole romaine puisse se trouver au milieu d'une région que Luc qualifiera de barbare et de sauvage ? Antioche de Pisidie avait toute l’infrastructure d’une grande ville et était protégée de remparts romains. C’était aussi une «ville sainte», consacrée au culte du dieu masculin de la lune, nommé Men ou Lunus. Pendant les nuits illuminées, se déroulaient de sauvages liturgies orgiaques, au cours desquelles les habitants de la ville offraient leurs sacrifices à la lune et se livraient, en compagnie de nombreuses hiérodules (prostituées) du temple, aux débauches débridées et aux célébrations dionysiaques. Paul y fait allusion dans sa lettre aux Galates, lorsqu'il écrit: «Autrefois, il est vrai, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez les esclaves des dieux qui ne possèdent pas la divinité» (Galates 4, 8).
Dans cette région de pâturages et d'élevage, au centre sud de l'Asie mineure, Paul et Barnabé mettront les fondations de nombreuses églises. Pendant toute cette période, les deux missionnaires furent en danger constant de la part des communautés juives dans ces villes de régions éloignées.
Les Juifs, attirés par le commerce du cuir, jouissaient, ici comme partout ailleurs, de nombreux privilèges depuis le temps de César, leur grand bienfaiteur et leur débiteur.
Confrontations avec certains Juifs de la synagogue.
Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue.
Vers la fin de son séjour à Antioche de Pisidie Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue : «Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. À la vue de cette foule, les Juifs furent remplis de jalousie, et ils répliquaient par des blasphèmes aux paroles de Paul. S'enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent : «C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : Je t'ai établi lumière des nations, pour faire de toi le salut jusqu'aux extrémités de la terre.» (Actes 13, 44-47)
À cause de ces confrontations avec certains Juifs de la synagogue, désormais, il n'était plus permis aux deux missionnaires de prendre la parole. C’est pourquoi ils enseignaient dans les maisons privées, sur les terrasses et en plein air. La rupture définitive n'advint cependant que lors du séjour de Paul à Corinthe, quand il quitta la synagogue et s'installa, tout près, dans la maison de Justus qui était un prosélyte (Actes 18,6).
À Antioche, pour combattre Paul et les chrétiens, les Juifs commencèrent à utiliser une tactique qui reviendra souvent à l’avenir et qui leur sera favorable. Grâce à leur sens des affaires et à leur argent, ils entretenaient de très bonnes relations avec les milieux influents. Plusieurs Juives se mariaient avec des fonctionnaires grecs ou romains et elles avaient leurs amies parmi les épouses des dirigeants de la ville. C'est ainsi que la Synagogue gagnait facilement à sa cause la police municipale, grâce aux dames pieuses. On expliquait aux gardiens de l'ordre public que les deux apôtres introduisaient un culte nouveau, ce qui était interdit par la loi, et qu'ils proclamaient un certain Christ comme roi, ce qui en faisait un adversaire de César. Ce Jésus avait été condamné à mort du temps de Ponce Pilate, pour avoir fomenté une insurrection contre l'autorité romaine. Aux yeux des dirigeants, les chrétiens se rendaient donc coupables de haute trahison.
En soudoyant quelques individus douteux, on provoquait une émeute populaire. Les responsables de la ville constataient qu'ils ne pouvaient plus garantir l'ordre public, si les étrangers ne quittaient pas aussitôt la ville.
Là où les Juifs ne réussissaient pas à gagner l'autorité civile, ils appliquaient eux-mêmes la peine du fouet, dans les souterrains de leurs synagogues. Cette peine barbare reviendra désormais avec une obsédante régularité durant toute la vie de S. Paul.
Après plusieurs mois, Paul et Barnabé furent chassés d’Antioche de Pisidie : «Les Juifs montèrent la tête aux dames de condition qui adoraient Dieu ainsi qu'aux notables de la ville; ils suscitèrent de la sorte une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. Ceux-ci, secouant contre eux la poussière de leurs pieds, se rendirent à Iconium. Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint.» (Actes 13, 50-52)
Cette chasse aux sorcières et ces traitements injustes n'étaient possible que dans les petites villes provinciales dépourvues de proconsul, telles qu’Antioche de Pisidie, Iconium et Philippes. Dans les grandes villes de l’empire, la citoyenneté romaine de Paul le protégeait de ces abus.
Malgré l’opposition des Juifs, la Parole du Seigneur, par l'intermédiaire de Paul et de Barnabé, prit racine dans toute la région. Le bon grain avait été semé.
Ajouté 20 heures 45 minutes 31 secondes après :
- Paul aime rencontrer les Juifs de la diaspora et prier avec eux à la synagogue. Il y retrouve une ambiance familière.
- En premier lieu, il suivait le chemin des émigrants juifs, ceux qu’on appelait les Juifs de la diaspora. Des colonies étaient établies dans différentes villes de l’empire romain et avaient développé tout un réseau de synagogues. Cela permettait à Paul de retrouver rapidement une ambiance familière.
- Ensuite, il choisissait les endroits où il pouvait exercer son métier. Cela lui permettait de vivre au milieu d’artisans laborieux, de les mieux connaître et de rester indépendant au point de vue financier. Barnabé agissait de la même manière.
- En arrivant dans une ville, Paul et Barnabé se rendaient dans le quartier juif et y cherchaient du travail. Selon la coutume orientale, on les recevait dans la communauté, et Paul commençait tout de suite à exercer son métier de tissage. Les jours de sabbat, les deux missionnaires se rendaient à la synagogue.
- La loi impériale interdisait de prêcher ouvertement une nouvelle religion (religio illicita). Seule la Synagogue avait la permission expresse de faire des prosélytes. Ceci favorisait les chrétiens car pendant des dizaines d'années, les non-Juifs ne distinguaient pas entre le christianisme et le judaïsme. Ça leur semblait être la même religion.
- Prenant la parole devant l'assemblée, Paul commence par donner une interprétation
traditionnelle de l'Écriture; puis il annonce le message de Jésus
- Paul disposait d'un double schéma de prédication missionnaire : le premier à l'usage des Juifs, l'autre à l’usage des non-Juifs. Dans les Actes des Apôtres (13, 15) Luc nous a conservé les grands traits d'une réflexion missionnaire adressée à un public de synagogue.
- Les discours de Paul a l’habitude de remuer profondément ses auditeurs, Juifs et Païens. À Antioche de Pisidie, on en parle tout au long de la semaine, et le samedi suivant, la synagogue est pleine à capacité. Au milieu des païens avides d'écouter les prédicateurs étrangers, les juifs se découvrent en minorité et ils sont furieux : «À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur, et c'était des injures qu'ils opposaient aux paroles de Paul. Paul et Barnabé eurent alors la hardiesse de déclarer : C'est à vous d'abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens. Car tel est bien l'ordre que nous tenons du Seigneur: «Je t'ai établi lumière des nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre». (Actes, 13, 44-46)
- D’autre part, Yah.weh est un Dieu d’ordre et ses serviteurs doivent refléter cet ordre!
- Paul en est un bon exemple!
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20. Méthode de travail de Paul
Nous pouvons nous demander si Paul avait une méthode de travail qu’il utilisait de façon systématique dans ses voyages missionnaires. Bien qu'il n'eût pas toujours un plan déterminé, il savait bien ce qu’il voulait et où il allait. Nous retrouvons deux constantes dans ses déplacements.
Paul aime rencontrer les Juifs de la diaspora et prier avec eux à la synagogue. Il y retrouve une ambiance familière.
En premier lieu, il suivait le chemin des émigrants juifs, ceux qu’on appelait les Juifs de la diaspora. Des colonies étaient établies dans différentes villes de l’empire romain et avaient développé tout un réseau de synagogues. Cela permettait à Paul de retrouver rapidement une ambiance familière.
Ensuite, il choisissait les endroits où il pouvait exercer son métier. Cela lui permettait de vivre au milieu d’artisans laborieux, de les mieux connaître et de rester indépendant au point de vue financier. Barnabé agissait de la même manière.
En arrivant dans une ville, Paul et Barnabé se rendaient dans le quartier juif et y cherchaient du travail. Selon la coutume orientale, on les recevait dans la communauté, et Paul commençait tout de suite à exercer son métier de tissage. Les jours de sabbat, les deux missionnaires se rendaient à la synagogue.
La loi impériale interdisait de prêcher ouvertement une nouvelle religion (religio illicita). Seule la Synagogue avait la permission expresse de faire des prosélytes. Ceci favorisait les chrétiens car pendant des dizaines d'années, les non-Juifs ne distinguaient pas entre le christianisme et le judaïsme. Ça leur semblait être la même religion.
Dans le quartier juif d'Antioche, le jour du Sabbat, tous les bazars étaient fermés. De nombreux Juifs et de nombreux «craignant-Dieu» (sympathisants non-Juifs) se rendaient à la synagogue. Au-dessus de la porte d'entrée, on voyait deux branches d'olivier encadrant l'inscription : «Temple des Hébreux.» Dans le sous-sol étaient aménagées des salles de bain. Quiconque avait touché à de la viande interdite ou à un cadavre, devait d'abord faire les ablutions de purification rituelle. À l’étage, il y avait la salle de prières, où se dressait le candélabre à sept branches. Au milieu de la salle se trouvait le pupitre de lecture et, derrière un rideau, on conservait les rouleaux de la Bible. Pendant les prières et les réflexions, les femmes étaient assises sur le côté, derrière une grille de bois.
Prenant la parole devant l'assemblée, Paul commence par donner une interprétation
traditionnelle de l'Écriture; puis il annonce le message de Jésus
La nouvelle de l'arrivée de deux scribes se répandit rapidement. Paul et Barnabé portaient le manteau blanc et brun (le talith) qui les distinguait des prosélytes. Paul se présenta comme docteur de la Loi et Barnabé comme lévite. Après la lecture du texte des Écritures, on invita Paul à adresser la parole à l’assemblée.
Ben-Chorin, un écrivain Juif, estime qu’il était conforme à la tradition d’inviter Paul, un disciple de Gamaliel, à prononcer la réflexion du jour. Il commence alors par présenter une interprétation traditionnelle de l'Écriture; puis il annonce le message de Jésus, ce qui est régulièrement ressenti comme un scandale par ses auditeurs juifs.
Paul disposait d'un double schéma de prédication missionnaire : le premier à l'usage des Juifs, l'autre à l’usage des non-Juifs. Dans les Actes des Apôtres (13, 15) Luc nous a conservé les grands traits d'une réflexion missionnaire adressée à un public de synagogue.
Tous les jours de sabbat, les Juifs lisaient le Psaume 22. Ils le savaient par coeur et le considéraient comme un psaume messianique. L'ancêtre inspiré a peint, mille ans avant Paul, un tableau grandiose des souffrances du Messie. C'est le psaume que Jésus a récité sur la Croix : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Ps 22, 2)
Faisant référence à ce psaume, Paul disait aux Juifs que ce n'est pas leur rêve de domination mondiale que le Messie réalisera, mais cet autre rêve des prophètes : la conversion et la réunion de tous les peuples et la constitution du royaume universel de Dieu, à travers les souffrances du Messie. Le psaume 22 se termine par cette vision d'avenir : «Toutes les extrémités de la terre se souviendront et se tourneront vers Yahvé. Toutes les familles des nations païennes se prosterneront devant sa face. Car au Seigneur appartient l'empire, et il domine sur les nations.»
L'affrontement est dû au fait que Paul semble déprécier la Loi de Moïse et que, d'autre part,
il prône l'égalité absolue entre païens et juifs, ce qui revient à supprimer l'Élection d'Israël.
Dans son exposé, Paul en appelle à l'expérience intime de chacun : «Vous savez bien que la Loi de Moïse ne vous a pas rendus justes (ne vous a pas justifiés). C'est en Jésus que vous trouverez la rémission des péchés, la paix et la réconciliation avec Dieu.»
Paul s’aventurait en terrain miné en affirmant que la Loi de Moïse comportait des limites et que ces limites pouvaient être franchies ? Un seul l’avait fait avant lui : Etienne, et on l’avait mis à mort. Non seulement Paul lui emboîte le pas mais il va encore plus loin.
Les lettres de Paul sont pleines de citations qu'il puise dans la version grecque de la Septante. Il a été le premier à qualifier les Écritures «d’Ancien Testament» (2 Co 3, 14). Il a compris que le Christ était venu accomplir la promesse. Pour lui, le christianisme est dans la continuité de cette histoire extraordinaire du salut qui a commencé avec Abraham et qui s'est réalisée en Jésus Christ.
Les discours de Paul a l’habitude de remuer profondément ses auditeurs, Juifs et Païens. À Antioche de Pisidie, on en parle tout au long de la semaine, et le samedi suivant, la synagogue est pleine à capacité. Au milieu des païens avides d'écouter les prédicateurs étrangers, les juifs se découvrent en minorité et ils sont furieux : «À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur, et c'était des injures qu'ils opposaient aux paroles de Paul. Paul et Barnabé eurent alors la hardiesse de déclarer : C'est à vous d'abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens. Car tel est bien l'ordre que nous tenons du Seigneur: «Je t'ai établi lumière des nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre». (Actes, 13, 44-46)
Selon Ben-Chorin, «si Paul s'était contenté d'annoncer le Messie en la personne de Jésus de Nazareth, il n'aurait pas provoqué un tel conflit avec la synagogue. L'affrontement est dû au fait que d'une part, il semble déprécier la Loi de Moïse et que, d'autre part, il prône l'égalité absolue entre païens et juifs, ce qui revient à supprimer l'Élection d'Israël.» Paul explique que la situation privilégiée d'Israël a joué son rôle, mais avec la venue du Christ, elle a pris fin. Ce n'est pas l'appartenance au peuple élu qui décide du salut, mais la foi en Jésus Christ. Le Messie est venu pour renverser le mur qui séparait les Juifs et les païens : «Dans le Christ il n'y a pas de différence entre Juifs et païens, entre hommes libres et esclaves, entre hommes et femmes.»
Paul et Barnabé ne cessent de marquer des points et la colère des juifs atteint son paroxysme. Les femmes se montrent les plus exaltées. Elles assaillent de leurs plaintes les notables de la ville. Le résultat ne se fait pas attendre : c'est aux faiseurs de troubles que s'en prennent les dirigeants. Ils sont chassés de la ville. «Ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, gagnèrent Iconium ; quant aux disciples, ils restaient remplis de joie et d'Esprit Saint.» (Actes 13, 51-52)
Parmi les chrétiens, Paul est celui qui a le mieux compris l'esprit universaliste du Christ. Pour avoir prêché le salut pour tous, il sera persécuté comme apostat et la haine de son peuple le poursuivra sans relâche, partout où il ira.
Ajouté 11 heures 38 minutes 8 secondes après :
- Pendant l’année qu’ils passèrent à Iconium, Paul et Barnabé entreprirent des expéditions missionnaires dans les alentours, dans ces nombreux villages de paysans, situés sur le versant des montagnes. Ils y fondèrent des petites communautés rurales, qui seront administrées plus tard par l'Église d'Iconium. Avec Antioche, Iconium restera, pendant de longues années, un point d'appui des Églises chrétiennes d'Asie Mineure, et détiendra le titre patriarcal sur quatorze villes.
- Paul et Barnabé proclamèrent la «Bonne Nouvelle» mais très rapidement ils se heurtèrent au refus des Juifs qui manipulaient les foules contre eux. À un certain moment, on décida de s'emparer des deux missionnaires et de les lapider. Prévenus, ils se dérobèrent à temps et rejoignirent la voie romaine qui, à l'époque, se terminait à Lystres. Une journée de marche au sein d'une des plus belles régions de l’Anatolie centrale.
- «À Iconium, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs et parlèrent de telle façon qu'une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent les païens et les indisposèrent contre les frères. Paul et Barnabé prolongèrent leur séjour assez longtemps, pleins d'assurance dans le Seigneur... La population de la ville se partagea. Les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Chez les païens et les Juifs, leurs chefs en tête, on se préparait à les maltraiter et à les lapider. Mais s'en étant rendu compte, ils allèrent chercher refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystres, Derbé et la région d'alentour. Là aussi, ils annonçaient la Bonne Nouvelle.» (Actes 14, 1-7)
- Paul se prit d'affection pour le jeune homme, tout en ignorant qu'un jour il lui imposerait les mains. Timothée deviendra son plus fidèle collaborateur, celui qui sera un jour la consolation de sa vieillesse. Plusieurs années plus tard, Paul lui rappellera les heures pénibles de Lystres : «Souviens-toi, ô Timothée, de ce que j'ai enduré à Lystres !» (2 Tim. 3, 11). Cette famille devint le lieu de rassemblement de 1'Église chrétienne. À la suite de cette famille, plusieurs personnes du village se convertirent.
- L'homme a compris l'invitation par le ton de la voix et le geste qui l'accompagne. Il obéit. Il bondit. Il marche ! Les gens de la ville pensent que Paul et Barnabé sont des dieux qui sont descendus dans leur village! Ils veulent leur rendre hommage.
Entre temps, la rumeur du succès des deux missionnaires a rejoint Iconium et la communauté juive, qui croyait s’être débarrassée d’eux. Ils se précipitent à Lystres pour éclairer les naïfs et mettre fin au travail des imposteurs.
- le miracle, Paul est vénéré comme un dieu, puis tout tourne au pire: on le lapide jusqu'à ce qu'il soit considéré comme mort
- Comme Étienne il y a plusieurs années, Paul est traîné hors de la ville et jeté par terre. Furieux, les habitants de la ville rassemblent des pierres et la lapidation commence. Quand les gens de Lystres et les juifs qui ont suscité leur colère voient Paul inanimé, ils le croient mort et l’abandonnent, face contre terre. Barnabé et les chrétiens accourent. On se penche vers Paul. Le coeur bat toujours. La tête est intacte. Apparemment, il n'a pas reçu de blessures majeures. Échapper à une lapidation tient du miracle.
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21. Iconium et Lystres
Paul et Barnabé sont restés environ un an à Antioche de Pisidie. Ils quittèrent la ville en l’an 46, pour se diriger vers l’Est. Empruntant la Voie Sébaste, ils se rendirent à Iconium, située au bord d'un lac, au-delà de marécages salins. Ils voulaient sans doute fonder quelques points d'appui solides, sur le haut-plateau de la Galatie du sud. Cette population de gens simple avait gagné le coeur de Paul.
Iconium, à 100 km d'Antioche de Pisidie
Les habitants d'Iconium étaient fiers du passé de leur ville. L'empereur Claude avait établi une colonie de vétérans et pour cette raison, la ville aimait se nommer Claudiconium, en l’honneur de l’empereur, ce qui est devenu par la suite Iconium. La population comprenait des Galates hellénisés, des fonctionnaires romains, des vétérans de l’armée et des citoyens juifs. Iconium était un centre important de tissage de laine. Paul trouva facilement à se loger et à exercer son métier.
Pendant l’année qu’ils passèrent à Iconium, Paul et Barnabé entreprirent des expéditions missionnaires dans les alentours, dans ces nombreux villages de paysans, situés sur le versant des montagnes. Ils y fondèrent des petites communautés rurales, qui seront administrées plus tard par l'Église d'Iconium. Avec Antioche, Iconium restera, pendant de longues années, un point d'appui des Églises chrétiennes d'Asie Mineure, et détiendra le titre patriarcal sur quatorze villes.
Iconium est située à plus de 1.000 mètres d'altitude. Parmi les ruines de la ville, aujourd’hui encore on y retrouve une grande citadelle à moitié détruite.
Après un an d'une prédicationappréciée et fructueuse, Paul et Barnabé sont persécutés et contraints à s'enfuir.
Paul et Barnabé proclamèrent la «Bonne Nouvelle» mais très rapidement ils se heurtèrent au refus des Juifs qui manipulaient les foules contre eux. À un certain moment, on décida de s'emparer des deux missionnaires et de les lapider. Prévenus, ils se dérobèrent à temps et rejoignirent la voie romaine qui, à l'époque, se terminait à Lystres. Une journée de marche au sein d'une des plus belles régions de l’Anatolie centrale.
«À Iconium, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs et parlèrent de telle façon qu'une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent les païens et les indisposèrent contre les frères. Paul et Barnabé prolongèrent leur séjour assez longtemps, pleins d'assurance dans le Seigneur... La population de la ville se partagea. Les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Chez les païens et les Juifs, leurs chefs en tête, on se préparait à les maltraiter et à les lapider. Mais s'en étant rendu compte, ils allèrent chercher refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystres, Derbé et la région d'alentour. Là aussi, ils annonçaient la Bonne Nouvelle.» (Actes 14, 1-7)
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Paul et Barnabé quittent
Iconium et se réfugient à
Lystres. C'est là que Paul
rencontre Timothée.
À Lystres, une ville presque totalement païenne, Paul et Barnabé trouvèrent un bon accueil dans une famille juive. Il est intéressant de constater combien la piété du judaïsme pouvait rester vivante au sein d'une famille isolée dans un tel milieu. Cette famille comptait trois personnes : la grand-mère Lois, sa fille Eunice, dont le mari païen était décédé, et son fils Timothée. Le père était probablement un fonctionnaire romain ou grec. Dans la diaspora, de tels mariages mixtes étaient fréquents. La mère et la grand-mère vivaient dans l'espérance du «salut d'Israël», et elles avaient initié Timothée, dès son enfance, aux Saintes Écritures.
Paul se prit d'affection pour le jeune homme, tout en ignorant qu'un jour il lui imposerait les mains. Timothée deviendra son plus fidèle collaborateur, celui qui sera un jour la consolation de sa vieillesse. Plusieurs années plus tard, Paul lui rappellera les heures pénibles de Lystres : «Souviens-toi, ô Timothée, de ce que j'ai enduré à Lystres !» (2 Tim. 3, 11). Cette famille devint le lieu de rassemblement de 1'Église chrétienne. À la suite de cette famille, plusieurs personnes du village se convertirent.
Aujourd’hui, il ne reste de la ville de Lystres, fondée par Auguste en 6 av. J.-C., que des pierres éparses, un fragment de l'enceinte, quelques maisons du village et des sarcophages éventrés. Une petite mosquée monte la garde. Rien ne nous rappelle que c'est à Lystres que Paul a failli perdre la vie.
Paul guérit un handicapé et ce fut le commencement de ses problèmes: «Il se trouvait à Lystres un homme qui ne pouvait pas tenir sur ses pieds. Il était infirme de naissance, il n'avait jamais marché. » Le pauvre homme dévore des yeux Paul qui rencontre ce regard. «Voyant qu'il avait la foi pour être sauvé», le Tarsiote le fixe et, d'une voix forte, ordonne : Lève-toi, droit sur tes pieds!» (Actes 14, 8-10)
L'homme a compris l'invitation par le ton de la voix et le geste qui l'accompagne. Il obéit. Il bondit. Il marche ! Les gens de la ville pensent que Paul et Barnabé sont des dieux qui sont descendus dans leur village! Ils veulent leur rendre hommage.
Entre temps, la rumeur du succès des deux missionnaires a rejoint Iconium et la communauté juive, qui croyait s’être débarrassée d’eux. Ils se précipitent à Lystres pour éclairer les naïfs et mettre fin au travail des imposteurs.
Après le miracle, Paul est vénéré comme un dieu, puis tout tourne au pire:
on le lapide jusqu'à ce qu'il soit considéré comme mort
En peu de temps, les habitants de Lystres se retournent contre Paul. En guérissant l'infirme, ce magicien les a engagés sur un mauvais chemin, pensent-ils maintenant ! Les gens d'Iconium les interrogent sur ce qu'ils vont faire du faux dieu Hermès qui a guérit l’handicapé? Réponse : Le lapider !
Comme Étienne il y a plusieurs années, Paul est traîné hors de la ville et jeté par terre. Furieux, les habitants de la ville rassemblent des pierres et la lapidation commence. Quand les gens de Lystres et les juifs qui ont suscité leur colère voient Paul inanimé, ils le croient mort et l’abandonnent, face contre terre. Barnabé et les chrétiens accourent. On se penche vers Paul. Le coeur bat toujours. La tête est intacte. Apparemment, il n'a pas reçu de blessures majeures. Échapper à une lapidation tient du miracle.
Paul et Barnabé décident de quitter Lystres avant que leurs ennemis se rendent comptent que Paul a survécu à la lapidation. Pour aller de Lystres à Derbé — dernière étape prévue de leur mission — il faut parcourir quarante kilomètres, c’est-à-dire environ huit heures de marche. Mais dans l’état où se trouve Paul, le voyage sera beaucoup plus long. Barnabé a dû emprunter un chariot sur lequel il étend Paul. En plusieurs étapes on le conduit à Derbé. Là, il se rétablira et pourra reprendre sa mission. (cf. Actes 14, 20)
Pendant des siècles, les Églises de Galatie ont pu se maintenir. Un certain nombre de chrétiens arméniens furent les derniers à rester fidèles à la foi chrétienne. Ils furent cruellement décimés pendant la guerre avec les Turcs. Ainsi les Églises fondées par Paul et Barnabé, leur héritage, le fruit de leurs efforts et de leurs souffrances, seront complètement détruites.
- Sergius Paulus devint le premier Romain de marque à se convertir (Cornelius, baptisé par Pierre, n'était qu'un centurion). Il se peut que le proconsul ait été l'un de ces «craignant Dieu» qui, dans chaque ville, fréquentaient la synagogue, attirés par la richesse morale de la foi juive.
- De ces rencontres avec Sergius Paulus va résulter un événement important dans la vie de Paul. L’apôtre qui jusqu’ici se nommait Saul, va ajouter à son nom celui de Paul. On le connaîtra par ce nouveau nom «pour toute l’éternité». Pendant un certain temps, le Tarsiote utilisa les deux noms : Saul dit Paul. Mais rapidement, «Saul» disparaîtra, laissant la place à «Paul». Paulos, en grec, signifie petit. Outre la réalité de sa petite taille, Paul a sans doute voulu souligner à ses propres yeux sa condition de serviteur comparé à la puissance infinie de Dieu.
- A partir de ce moment, l’évangéliste Luc ne nomme plus l'Apôtre qu'avec son nom de Paul. Dans ce nom grec et romain (Paulos - Paulus) on retrouvait une ouverture nouvelle pour «l’apôtre des Nations».
- À Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle à celui de chef de mission.
- Marc cependant exprima son désaccord et protesta vivement. Qu'allaient-ils faire là-haut dans ces montagnes sauvages ? On n'y trouvera pas de communautés juives, pas de synagogues, rien que des sentiers impraticables, côtoyant des abîmes, des ponts et des passerelles arrachées et des brigands sans merci. Ce n'est pas ainsi qu'il s'était représenté le voyage. Le courage du jeune homme de Jérusalem, qui ne connaissait rien de la nature sauvage, fléchissait. Il ne voulait plus continuer. La fougue audacieuse de Paul le dépassait. Il ne se sentait pas capable de faire face aux difficultés et aux dangers de ces lieux inhospitaliers. Il en parla à son cousin, Barnabé, et lui communiqua sa décision de prendre le premier bateau à destination de Césarée maritime, pour entrer ensuite à Jérusalem. Cette désertion du jeune Marc blessa profondément Paul et elle deviendra plus tard l’une des causes de conflit entre Paul et Barnabé.
- Marc sera en mesure plus tard de surmonter cette défection juvénile de Paphos, et il redeviendra un collaborateur précieux de l'apôtre Paul. Prisonnier à Rome, Paul écrit : «Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil.» (Colossiens 4, 10)
- Ceci est très intéressant!
- Il est toujours possible de surmonter les désaccords!
- C’est l’apanage des vrais disciples de Jésus!
- Encore faut-il le vouloir!
- Parfois il faut du temps!
- L’important est de continuer sa mission et d’aller de l’avant!
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17- Paphos
De Salamine, Barnabé, Paul et Marc se rendirent à Paphos, de l’autre côté de l’île. Dans ce port de mer, la magie a droit de cité. C'est tout juste si on ne lui accorde pas le rang de religion. Ses partisans s’inspirent de doctrines qui prennent leurs racines en Égypte ou en Mésopotamie. Sergius Paulus, le proconsul romain, accueille volontiers dans son palais les magiciens et les philosophes de toutes tendances. Il est toujours heureux d’engager avec eux un débat dont raffolaient les intellectuels de l'Antiquité.
Devant le proconsul Sergius Paulus. Paul rend aveugle le magicien Elymas.
Ayant appris la présence à Paphos de trois nouveaux prédicateurs, le proconsul a voulu les rencontrer. «Il invita Barnabé, Paul et Marc et manifesta le désir d'entendre la parole de Dieu». On croira plutôt que, s'ennuyant dans son île, le représentant de l’empereur a probablement cherché à se distraire en rencontrant ces visiteurs insolites.
C'était la première fois que l'Évangile pénétrait dans l’aristocratie de la société romaine. On comprend aisément que pour cette occasion c’est Paul, le citoyen romain, qui joua le rôle principal. Le privilège de la citoyenneté romaine lui donnait un prestige certain au regard du gouverneur de cette province sénatoriale.
Sergius Paulus devint le premier Romain de marque à se convertir (Cornelius, baptisé par Pierre, n'était qu'un centurion). Il se peut que le proconsul ait été l'un de ces «craignant Dieu» qui, dans chaque ville, fréquentaient la synagogue, attirés par la richesse morale de la foi juive.
Sergius Paulus, de famille noble, nous est présenté par Pline comme un homme cultivé, un personnage important, une autorité en sciences naturelles, un membre de la commission impériale pour la régularisation du Tibre, le fleuve qui traverse Rome, un connaisseur des questions philosophiques et religieuses. Recherchant la vérité, il n'avait rien du scepticisme blasé de Ponce Pilate. Luc le qualifie «d'homme avisé», parce qu'il cherchait visiblement un accès au monde du surnaturel.
Ses occupations administratives dans la petite île lui laissaient beaucoup de temps de loisir qu'il consacrait au travail intellectuel. En qualité de proconsul, il était entouré d'une cour composée de jeunes patriciens romains, se préparant à leur future carrière d'administrateurs.
«Saul» disparaîtra, laissant
la place à «PAUL».
Paulos, en grec, signifie petit.
De ces rencontres avec Sergius Paulus va résulter un événement important dans la vie de Paul. L’apôtre qui jusqu’ici se nommait Saul, va ajouter à son nom celui de Paul. On le connaîtra par ce nouveau nom «pour toute l’éternité». Pendant un certain temps, le Tarsiote utilisa les deux noms : Saul dit Paul. Mais rapidement, «Saul» disparaîtra, laissant la place à «Paul». Paulos, en grec, signifie petit. Outre la réalité de sa petite taille, Paul a sans doute voulu souligner à ses propres yeux sa condition de serviteur comparé à la puissance infinie de Dieu.
A partir de ce moment, l’évangéliste Luc ne nomme plus l'Apôtre qu'avec son nom de Paul. Dans ce nom grec et romain (Paulos - Paulus) on retrouvait une ouverture nouvelle pour «l’apôtre des Nations».
Il est intéressant de signaler que le nom de Saul n'apparaît jamais dans les lettres de Paul. Il ne le mentionne pas même lorsqu'il évoque sa vie précédant sa conversion et cette rencontre à Paphos. Il parle de lui-même comme « Paul ». C'est uniquement dans les Actes des Apôtres que nous rencontrons les deux noms de Saul et Paul. Avant sa conversion, Luc le nomme «Saul». Le seul passage où les deux noms sont utilisés côte à côte est en Actes 13, 9 qui dit simplement : «Saul, appelé aussi Paul». C'est la dernière fois que Luc utilise ce nom de «Saul».
À Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle
à celui de chef de mission.
Autre changement significatif : à Chypre, on voit Paul passer insensiblement du second rôle à celui de chef de mission. Jusqu'ici les textes parlaient de «Barnabé et Paul». Il ne sera plus question, à partir de maintenant, que de «Paul et Barnabé».
Après quelques mois passés à Chypre, Paul décida de se rendre sur le continent et Barnabé se laissa entraîner par l'ardeur de son ami.
Marc cependant exprima son désaccord et protesta vivement. Qu'allaient-ils faire là-haut dans ces montagnes sauvages ? On n'y trouvera pas de communautés juives, pas de synagogues, rien que des sentiers impraticables, côtoyant des abîmes, des ponts et des passerelles arrachées et des brigands sans merci. Ce n'est pas ainsi qu'il s'était représenté le voyage. Le courage du jeune homme de Jérusalem, qui ne connaissait rien de la nature sauvage, fléchissait. Il ne voulait plus continuer. La fougue audacieuse de Paul le dépassait. Il ne se sentait pas capable de faire face aux difficultés et aux dangers de ces lieux inhospitaliers. Il en parla à son cousin, Barnabé, et lui communiqua sa décision de prendre le premier bateau à destination de Césarée maritime, pour entrer ensuite à Jérusalem. Cette désertion du jeune Marc blessa profondément Paul et elle deviendra plus tard l’une des causes de conflit entre Paul et Barnabé.
Marc, auteur d'un évangile, cousin de Barnabé, disciple et collaborateur de Pierre, redevenu compagnon de Paul.
Marc avait grandi à Jérusalem au milieu des premiers apôtres, il avait été élevé dans la tradition judaïque qui reliait encore fortement la jeune Église à la Synagogue. Paul, ce fougueux apôtre, était décidé à arracher l'Église à la Synagogue. De retour à Jérusalem, Marc deviendra l'élève et le collaborateur de Pierre et son interprète pour la langue grecque. Il reprendra la route avec lui. Le chef des apôtres parle de «mon fils Marc» dans l’une de ses lettres (1 Pierre 5, 13). Marc accompagnera Pierre dans ses voyages missionnaires et apprendra tout sur Jésus de Nazareth. Cela le qualifiera pleinement pour écrire le premier des quatre évangiles qu’on nomme aussi parfois «l’évangile de Pierre»..
Marc sera en mesure plus tard de surmonter cette défection juvénile de Paphos, et il redeviendra un collaborateur précieux de l'apôtre Paul. Prisonnier à Rome, Paul écrit : «Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil.» (Colossiens 4, 10)
Après ce départ de port de Paphos, Paul n'a plus jamais remis les pieds sur l’île de Chypre. Il considérait cette île comme le fief et la fondation de Barnabé, et il ne voulait pas bâtir «sur le terrain d'autrui».
Ajouté 17 heures 47 minutes 27 secondes après :
- Selon les Actes des Apôtres, la vie de Paul est marquée par trois grands voyages missionnaires. Le premier commence en l'an 46, quand Paul a 41 ans (Actes 13.1-3). Il entreprend le deuxième en 50 et le troisième se termine en l'an 58, avec son arrestation au Temple de Jérusalem (Actes 21, 27-34). En tout, douze ou treize années d'aventures sur les routes et sur les mers! Ces voyages n’ont rien à voir avec le confort des voyages d’aujourd’hui. Seules les voies principales de l'Empire possédaient des auberges aux trente kilomètres, où les voyageurs pouvaient trouver refuge à la fin de la journée. Sur les routes secondaires, il fallait passer la nuit dans des abris de fortune.
- Paul et Barnabé, qui voyageaient probablement à pied, se joignaient à l’une des nombreuses caravanes qui se déplaçaient d’une ville à l’autre. Ils parcouraient entre trente et trente-cinq kilomètres par jour, vitesse légèrement inférieure à la vitesse moyenne d'une personne à pied aujourd’hui. Les conditions routières étaient beaucoup plus mauvaises qu’elles ne le sont de nos jours.
- Pendant ses douze ou treize années de mission, Paul s'est rendu dans plusieurs grandes villes de l'Empire: Antioche, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Éphèse, Rome. Ces villes accueillaient un mélange de nationalités et les gens du monde entier s’y côtoyaient, comme dans nos villes aujourd'hui!
- En arrivant dans les villes et dans les villages, Paul et Barnabé procédaient toujours de la même manière. Ils allaient à la synagogue le jour du sabbat. Cette rencontre avait pour but de convaincre leurs coreligionnaires que le Christ était le Messie. Généralement, ils en ralliaient quelques-uns, les autres étaient hostiles. Cela, ils le savaient d'avance, mais ils considéraient que leur prédication devait d'abord s'adresser aux Israélites.
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18- Sur les routes de l'empire
De Paphos sur l’île de Chypre, Paul et Barnabé décident d’aller en Asie Mineure. Dans ce port très achalandé, les bateaux font voile dans toutes les directions. Il suffit de choisir. Il faut agir vite car l'époque dangereuse de l'automne, qui interdit les voyages en mer, approche rapidement. Parmi les destinations qui pourraient intéresser Paul, il y a Éphèse, ville côtière et grand centre de transit. Mais il préfère Attaleia. La personne qui a influencé cette décision est sans doute Sergius Paulus qui possède probablement des relations et des contacts susceptibles d’être utiles aux deux missionnaires.
Paul n'avait jamais de plan de voyage déterminé. Il répondait aux occasions qui se présentaient. Sergius Paulus lui offrait de se rendre à Attaleia et de là à Antioche de Pisidie et cette destination lui semblait intéressante. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, Marc prit le bateau pour Césarée et de là il gagnera Jérusalem.
Selon les Actes des Apôtres, la vie de Paul est marquée par trois grands voyages missionnaires. Le premier commence en l'an 46, quand Paul a 41 ans (Actes 13.1-3). Il entreprend le deuxième en 50 et le troisième se termine en l'an 58, avec son arrestation au Temple de Jérusalem (Actes 21, 27-34). En tout, douze ou treize années d'aventures sur les routes et sur les mers! Ces voyages n’ont rien à voir avec le confort des voyages d’aujourd’hui. Seules les voies principales de l'Empire possédaient des auberges aux trente kilomètres, où les voyageurs pouvaient trouver refuge à la fin de la journée. Sur les routes secondaires, il fallait passer la nuit dans des abris de fortune.
Les voies romaines dans l'Empire
Via Appia près de Rome
En construction - croquis d'une coupe
Ancienne voie romaine, près de Pélussin
Les Romains avaient édifié, dans leurs provinces autour de la Méditerranée, un réseau routier tout à fait remarquable dont la destination première était militaire : en effet, les légions devaient pouvoir se déplacer rapidement pour se trouver là où leur intervention était nécessaire. Pour cette raison, les voies romaines étaient tracées de façon rectiligne et reliaient toujours deux points stratégiques.
La plus ancienne de ces routes, la Via Appia, reliait Rome à Capoue. Elle avait été construite en 312 av. J.-C. Au début de l'ère chrétienne, tous les pays autour de la Méditerranée étaient sillonnés de voies de circulation. Le réseau routier comptera plus de 350 voies, couvrant près de 80 000 km.
Les ingénieurs romains avaient développé des techniques de construction très efficaces qui étaient utilisées sur toutes les routes de l’empire. Larges de 5 à 7,50 mètres, elles étaient construites de cinq couches de matériaux superposées, avec une surface de revêtement de dalles de pierre. Des «milliaires» ou bornes indiquaient les distances entre deux villes. Les militaires, aidés de travailleurs locaux, étaient chargés de la construction de ces routes et des nombreux ponts, murs de soutènement et tunnels qui permettaient de franchir les obstacles naturels. L’armée était aussi responsable de l’entretien du réseau routier.
Les voies romaines étaient au service de tous les habitants de l’empire. Les dirigeants, les dignitaires et les citoyens les plus riches se déplaçaient en voitures confortables, escortés de cavaliers. Les simples particuliers, selon leurs moyens, voyageaient en groupes dans de lourds chariots bâchés, à dos de cheval ou de mulet, ou à pied.
Paul et Barnabé, qui voyageaient probablement à pied, se joignaient à l’une des nombreuses caravanes qui se déplaçaient d’une ville à l’autre. Ils parcouraient entre trente et trente-cinq kilomètres par jour, vitesse légèrement inférieure à la vitesse moyenne d'une personne à pied aujourd’hui. Les conditions routières étaient beaucoup plus mauvaises qu’elles ne le sont de nos jours.
Pendant ses douze ou treize années de mission, Paul s'est rendu dans plusieurs grandes villes de l'Empire: Antioche, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Éphèse, Rome. Ces villes accueillaient un mélange de nationalités et les gens du monde entier s’y côtoyaient, comme dans nos villes aujourd'hui!
L'Évangile venait du monde rural, de l'intérieur de la Palestine, et il fallait que Paul puisse l'incarner dans cette nouvelle réalité du monde urbain. Tâche difficile! Il avait en tête la prophétie de la Pentecôte qui voulait que la Bonne Nouvelle atteigne toutes les nations. Luc énumère les peuples présents à Jérusalem lors de la fête : «Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans sa propre langue? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu!» (Actes 2, 8-11) Au fil de ses voyages Paul montre comment l'Évangile a rejoint tous ces peuples et bien d'autres encore. Ainsi se réalise la prophétie de la Pentecôte.
En arrivant dans les villes et dans les villages, Paul et Barnabé procédaient toujours de la même manière. Ils allaient à la synagogue le jour du sabbat. Cette rencontre avait pour but de convaincre leurs coreligionnaires que le Christ était le Messie. Généralement, ils en ralliaient quelques-uns, les autres étaient hostiles. Cela, ils le savaient d'avance, mais ils considéraient que leur prédication devait d'abord s'adresser aux Israélites.
De toutes ces églises fondées pendant le premier voyage de Paul, dans la sueur et dans la peine - Salamine, Paphos, Pergé, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres et Derbé - il ne reste pratiquement rien aujourd’hui. L'appel à la prière que lance le muezzin du haut du minaret, raconte une autre histoire.
Ajouté 8 heures 28 minutes 28 secondes après :
Vers la fin de son séjour à Antioche de Pisidie Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue : «Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. À la vue de cette foule, les Juifs furent remplis de jalousie, et ils répliquaient par des blasphèmes aux paroles de Paul. S'enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent : «C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : Je t'ai établi lumière des nations, pour faire de toi le salut jusqu'aux extrémités de la terre.» (Actes 13, 44-47)
On note la puissance du message de Paul!
Ce qui entraîne la jalousie des Juifs!
Comme dans le cas de Jésus!
Cela ne les a pas empêchés de poursuivre leur activité avec force!
Des exemples incroyables à suivre qui nous poussent à l’action!
Tout le contraire de l’inactivité!
À cause de ces confrontations avec certains Juifs de la synagogue, désormais, il n'était plus permis aux deux missionnaires de prendre la parole. C’est pourquoi ils enseignaient dans les maisons privées, sur les terrasses et en plein air. La rupture définitive n'advint cependant que lors du séjour de Paul à Corinthe, quand il quitta la synagogue et s'installa, tout près, dans la maison de Justus qui était un prosélyte (Actes 18,6).
Ce qui montre que tous les moyens sont bons pour transmettre le message de Jésus!
Malgré l’opposition des Juifs, la Parole du Seigneur, par l'intermédiaire de Paul et de Barnabé, prit racine dans toute la région. Le bon grain avait été semé.
L’oeuvre de Yah.weh ne peut pas être arrêtée!
Elle doit se répandre continuellement!
C’est la vie elle-même qui est plus forte que tout!
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19. Pergé et Antioche de Pisidie
Pergé, en Pamphylie, près d'Attaleia
Paul et Barnabé quittent le port de Néo-Paphos, pour se rendre à Attaleia, en Asie Mineure. Il fallait trente-six heures de navigation pour y arriver. La baie d’Attaleia était protégée contre les corsaires par une couronne de forts et de bastions.
D'Attaleia, ils gagnent, à moins d'une demi-journée de marche, la ville de Pergé. «Ils annoncèrent la parole à Pergé», dit Luc. (Actes 13,13) Ils demeurent quelque temps dans cette ville et ensuite, ils traversent les montagnes du Taurus ainsi qu’une zone semi-désertique pour atteindre Antioche de Pisidie. «De Paphos, où ils s'embarquèrent, Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé, en Pamphylie. Mais Jean Marc les quitta pour retourner à Jérusalem. Quant à eux, poussant au-delà de Pergé, ils arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et s'assirent. Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : «Frères, si vous avez quelque parole d'encouragement à dire au peuple, parlez.» (Actes 13, 13-15)
Antioche de Pisidie, en région montagneuse
Alors que Tarse et Antioche de Syrie sont à peine à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer, Antioche de Pisidie est à 1.200 mètres, Iconium à 1.027 mètres et Lystres à 1.230 mètres. Ces territoires avaient été des régions dangereuses, remplies de bandes de voleurs et de tueurs. Pour mettre un terme à ce brigandage, les empereurs César-Auguste et Claude eurent recours à un moyen très efficace : ils fondèrent des colonies de vétérans. Antioche était ainsi devenue une colonie romaine de droit italique. Les colons venaient en majorité de la légion celte, recrutée dans les Gaules.
La décision prise par Auguste d'y établir une colonie d’anciens combattants avait donné une nouvelle vie à la ville. Les vétérans démobilisés après la bataille d’Actium (31 av. J.-C.) contre Marc-Antoine, Cléopâtre et Brutus, y ont obtenu des terres qu'ils ont cultivées, mais à une condition : faire régner l'ordre parmi la population, ce à quoi ils étaient parfaitement préparés. Antioche était une réplique de Rome : administration, traditions religieuses, division en quartiers, théâtre, thermes, aqueducs, etc. On la surnommait : «la petite Rome». Dans son testament, l'empereur Auguste a mentionné les colonies de Pisidie comme l'une des réalisations importantes ayant marqué son règne.
Certes, Paul a connu de grandes villes : Damas, Antioche de Syrie, Tarse, Jérusalem, Éphèse. Il n’aurait jamais pensé qu’une métropole romaine puisse se trouver au milieu d'une région que Luc qualifiera de barbare et de sauvage ? Antioche de Pisidie avait toute l’infrastructure d’une grande ville et était protégée de remparts romains. C’était aussi une «ville sainte», consacrée au culte du dieu masculin de la lune, nommé Men ou Lunus. Pendant les nuits illuminées, se déroulaient de sauvages liturgies orgiaques, au cours desquelles les habitants de la ville offraient leurs sacrifices à la lune et se livraient, en compagnie de nombreuses hiérodules (prostituées) du temple, aux débauches débridées et aux célébrations dionysiaques. Paul y fait allusion dans sa lettre aux Galates, lorsqu'il écrit: «Autrefois, il est vrai, quand vous ne connaissiez pas Dieu, vous étiez les esclaves des dieux qui ne possèdent pas la divinité» (Galates 4, 8).
Dans cette région de pâturages et d'élevage, au centre sud de l'Asie mineure, Paul et Barnabé mettront les fondations de nombreuses églises. Pendant toute cette période, les deux missionnaires furent en danger constant de la part des communautés juives dans ces villes de régions éloignées.
Les Juifs, attirés par le commerce du cuir, jouissaient, ici comme partout ailleurs, de nombreux privilèges depuis le temps de César, leur grand bienfaiteur et leur débiteur.
Confrontations avec certains Juifs de la synagogue.
Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue.
Vers la fin de son séjour à Antioche de Pisidie Paul doit déjà avoir envisagé une rupture avec la synagogue : «Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. À la vue de cette foule, les Juifs furent remplis de jalousie, et ils répliquaient par des blasphèmes aux paroles de Paul. S'enhardissant alors, Paul et Barnabé déclarèrent : «C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : Je t'ai établi lumière des nations, pour faire de toi le salut jusqu'aux extrémités de la terre.» (Actes 13, 44-47)
À cause de ces confrontations avec certains Juifs de la synagogue, désormais, il n'était plus permis aux deux missionnaires de prendre la parole. C’est pourquoi ils enseignaient dans les maisons privées, sur les terrasses et en plein air. La rupture définitive n'advint cependant que lors du séjour de Paul à Corinthe, quand il quitta la synagogue et s'installa, tout près, dans la maison de Justus qui était un prosélyte (Actes 18,6).
À Antioche, pour combattre Paul et les chrétiens, les Juifs commencèrent à utiliser une tactique qui reviendra souvent à l’avenir et qui leur sera favorable. Grâce à leur sens des affaires et à leur argent, ils entretenaient de très bonnes relations avec les milieux influents. Plusieurs Juives se mariaient avec des fonctionnaires grecs ou romains et elles avaient leurs amies parmi les épouses des dirigeants de la ville. C'est ainsi que la Synagogue gagnait facilement à sa cause la police municipale, grâce aux dames pieuses. On expliquait aux gardiens de l'ordre public que les deux apôtres introduisaient un culte nouveau, ce qui était interdit par la loi, et qu'ils proclamaient un certain Christ comme roi, ce qui en faisait un adversaire de César. Ce Jésus avait été condamné à mort du temps de Ponce Pilate, pour avoir fomenté une insurrection contre l'autorité romaine. Aux yeux des dirigeants, les chrétiens se rendaient donc coupables de haute trahison.
En soudoyant quelques individus douteux, on provoquait une émeute populaire. Les responsables de la ville constataient qu'ils ne pouvaient plus garantir l'ordre public, si les étrangers ne quittaient pas aussitôt la ville.
Là où les Juifs ne réussissaient pas à gagner l'autorité civile, ils appliquaient eux-mêmes la peine du fouet, dans les souterrains de leurs synagogues. Cette peine barbare reviendra désormais avec une obsédante régularité durant toute la vie de S. Paul.
Après plusieurs mois, Paul et Barnabé furent chassés d’Antioche de Pisidie : «Les Juifs montèrent la tête aux dames de condition qui adoraient Dieu ainsi qu'aux notables de la ville; ils suscitèrent de la sorte une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire. Ceux-ci, secouant contre eux la poussière de leurs pieds, se rendirent à Iconium. Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint.» (Actes 13, 50-52)
Cette chasse aux sorcières et ces traitements injustes n'étaient possible que dans les petites villes provinciales dépourvues de proconsul, telles qu’Antioche de Pisidie, Iconium et Philippes. Dans les grandes villes de l’empire, la citoyenneté romaine de Paul le protégeait de ces abus.
Malgré l’opposition des Juifs, la Parole du Seigneur, par l'intermédiaire de Paul et de Barnabé, prit racine dans toute la région. Le bon grain avait été semé.
Ajouté 20 heures 45 minutes 31 secondes après :
- Paul aime rencontrer les Juifs de la diaspora et prier avec eux à la synagogue. Il y retrouve une ambiance familière.
- En premier lieu, il suivait le chemin des émigrants juifs, ceux qu’on appelait les Juifs de la diaspora. Des colonies étaient établies dans différentes villes de l’empire romain et avaient développé tout un réseau de synagogues. Cela permettait à Paul de retrouver rapidement une ambiance familière.
- Ensuite, il choisissait les endroits où il pouvait exercer son métier. Cela lui permettait de vivre au milieu d’artisans laborieux, de les mieux connaître et de rester indépendant au point de vue financier. Barnabé agissait de la même manière.
- En arrivant dans une ville, Paul et Barnabé se rendaient dans le quartier juif et y cherchaient du travail. Selon la coutume orientale, on les recevait dans la communauté, et Paul commençait tout de suite à exercer son métier de tissage. Les jours de sabbat, les deux missionnaires se rendaient à la synagogue.
- La loi impériale interdisait de prêcher ouvertement une nouvelle religion (religio illicita). Seule la Synagogue avait la permission expresse de faire des prosélytes. Ceci favorisait les chrétiens car pendant des dizaines d'années, les non-Juifs ne distinguaient pas entre le christianisme et le judaïsme. Ça leur semblait être la même religion.
- Prenant la parole devant l'assemblée, Paul commence par donner une interprétation
traditionnelle de l'Écriture; puis il annonce le message de Jésus
- Paul disposait d'un double schéma de prédication missionnaire : le premier à l'usage des Juifs, l'autre à l’usage des non-Juifs. Dans les Actes des Apôtres (13, 15) Luc nous a conservé les grands traits d'une réflexion missionnaire adressée à un public de synagogue.
- Les discours de Paul a l’habitude de remuer profondément ses auditeurs, Juifs et Païens. À Antioche de Pisidie, on en parle tout au long de la semaine, et le samedi suivant, la synagogue est pleine à capacité. Au milieu des païens avides d'écouter les prédicateurs étrangers, les juifs se découvrent en minorité et ils sont furieux : «À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur, et c'était des injures qu'ils opposaient aux paroles de Paul. Paul et Barnabé eurent alors la hardiesse de déclarer : C'est à vous d'abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens. Car tel est bien l'ordre que nous tenons du Seigneur: «Je t'ai établi lumière des nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre». (Actes, 13, 44-46)
- D’autre part, Yah.weh est un Dieu d’ordre et ses serviteurs doivent refléter cet ordre!
- Paul en est un bon exemple!
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20. Méthode de travail de Paul
Nous pouvons nous demander si Paul avait une méthode de travail qu’il utilisait de façon systématique dans ses voyages missionnaires. Bien qu'il n'eût pas toujours un plan déterminé, il savait bien ce qu’il voulait et où il allait. Nous retrouvons deux constantes dans ses déplacements.
Paul aime rencontrer les Juifs de la diaspora et prier avec eux à la synagogue. Il y retrouve une ambiance familière.
En premier lieu, il suivait le chemin des émigrants juifs, ceux qu’on appelait les Juifs de la diaspora. Des colonies étaient établies dans différentes villes de l’empire romain et avaient développé tout un réseau de synagogues. Cela permettait à Paul de retrouver rapidement une ambiance familière.
Ensuite, il choisissait les endroits où il pouvait exercer son métier. Cela lui permettait de vivre au milieu d’artisans laborieux, de les mieux connaître et de rester indépendant au point de vue financier. Barnabé agissait de la même manière.
En arrivant dans une ville, Paul et Barnabé se rendaient dans le quartier juif et y cherchaient du travail. Selon la coutume orientale, on les recevait dans la communauté, et Paul commençait tout de suite à exercer son métier de tissage. Les jours de sabbat, les deux missionnaires se rendaient à la synagogue.
La loi impériale interdisait de prêcher ouvertement une nouvelle religion (religio illicita). Seule la Synagogue avait la permission expresse de faire des prosélytes. Ceci favorisait les chrétiens car pendant des dizaines d'années, les non-Juifs ne distinguaient pas entre le christianisme et le judaïsme. Ça leur semblait être la même religion.
Dans le quartier juif d'Antioche, le jour du Sabbat, tous les bazars étaient fermés. De nombreux Juifs et de nombreux «craignant-Dieu» (sympathisants non-Juifs) se rendaient à la synagogue. Au-dessus de la porte d'entrée, on voyait deux branches d'olivier encadrant l'inscription : «Temple des Hébreux.» Dans le sous-sol étaient aménagées des salles de bain. Quiconque avait touché à de la viande interdite ou à un cadavre, devait d'abord faire les ablutions de purification rituelle. À l’étage, il y avait la salle de prières, où se dressait le candélabre à sept branches. Au milieu de la salle se trouvait le pupitre de lecture et, derrière un rideau, on conservait les rouleaux de la Bible. Pendant les prières et les réflexions, les femmes étaient assises sur le côté, derrière une grille de bois.
Prenant la parole devant l'assemblée, Paul commence par donner une interprétation
traditionnelle de l'Écriture; puis il annonce le message de Jésus
La nouvelle de l'arrivée de deux scribes se répandit rapidement. Paul et Barnabé portaient le manteau blanc et brun (le talith) qui les distinguait des prosélytes. Paul se présenta comme docteur de la Loi et Barnabé comme lévite. Après la lecture du texte des Écritures, on invita Paul à adresser la parole à l’assemblée.
Ben-Chorin, un écrivain Juif, estime qu’il était conforme à la tradition d’inviter Paul, un disciple de Gamaliel, à prononcer la réflexion du jour. Il commence alors par présenter une interprétation traditionnelle de l'Écriture; puis il annonce le message de Jésus, ce qui est régulièrement ressenti comme un scandale par ses auditeurs juifs.
Paul disposait d'un double schéma de prédication missionnaire : le premier à l'usage des Juifs, l'autre à l’usage des non-Juifs. Dans les Actes des Apôtres (13, 15) Luc nous a conservé les grands traits d'une réflexion missionnaire adressée à un public de synagogue.
Tous les jours de sabbat, les Juifs lisaient le Psaume 22. Ils le savaient par coeur et le considéraient comme un psaume messianique. L'ancêtre inspiré a peint, mille ans avant Paul, un tableau grandiose des souffrances du Messie. C'est le psaume que Jésus a récité sur la Croix : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Ps 22, 2)
Faisant référence à ce psaume, Paul disait aux Juifs que ce n'est pas leur rêve de domination mondiale que le Messie réalisera, mais cet autre rêve des prophètes : la conversion et la réunion de tous les peuples et la constitution du royaume universel de Dieu, à travers les souffrances du Messie. Le psaume 22 se termine par cette vision d'avenir : «Toutes les extrémités de la terre se souviendront et se tourneront vers Yahvé. Toutes les familles des nations païennes se prosterneront devant sa face. Car au Seigneur appartient l'empire, et il domine sur les nations.»
L'affrontement est dû au fait que Paul semble déprécier la Loi de Moïse et que, d'autre part,
il prône l'égalité absolue entre païens et juifs, ce qui revient à supprimer l'Élection d'Israël.
Dans son exposé, Paul en appelle à l'expérience intime de chacun : «Vous savez bien que la Loi de Moïse ne vous a pas rendus justes (ne vous a pas justifiés). C'est en Jésus que vous trouverez la rémission des péchés, la paix et la réconciliation avec Dieu.»
Paul s’aventurait en terrain miné en affirmant que la Loi de Moïse comportait des limites et que ces limites pouvaient être franchies ? Un seul l’avait fait avant lui : Etienne, et on l’avait mis à mort. Non seulement Paul lui emboîte le pas mais il va encore plus loin.
Les lettres de Paul sont pleines de citations qu'il puise dans la version grecque de la Septante. Il a été le premier à qualifier les Écritures «d’Ancien Testament» (2 Co 3, 14). Il a compris que le Christ était venu accomplir la promesse. Pour lui, le christianisme est dans la continuité de cette histoire extraordinaire du salut qui a commencé avec Abraham et qui s'est réalisée en Jésus Christ.
Les discours de Paul a l’habitude de remuer profondément ses auditeurs, Juifs et Païens. À Antioche de Pisidie, on en parle tout au long de la semaine, et le samedi suivant, la synagogue est pleine à capacité. Au milieu des païens avides d'écouter les prédicateurs étrangers, les juifs se découvrent en minorité et ils sont furieux : «À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur, et c'était des injures qu'ils opposaient aux paroles de Paul. Paul et Barnabé eurent alors la hardiesse de déclarer : C'est à vous d'abord que devait être adressée la parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens. Car tel est bien l'ordre que nous tenons du Seigneur: «Je t'ai établi lumière des nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre». (Actes, 13, 44-46)
Selon Ben-Chorin, «si Paul s'était contenté d'annoncer le Messie en la personne de Jésus de Nazareth, il n'aurait pas provoqué un tel conflit avec la synagogue. L'affrontement est dû au fait que d'une part, il semble déprécier la Loi de Moïse et que, d'autre part, il prône l'égalité absolue entre païens et juifs, ce qui revient à supprimer l'Élection d'Israël.» Paul explique que la situation privilégiée d'Israël a joué son rôle, mais avec la venue du Christ, elle a pris fin. Ce n'est pas l'appartenance au peuple élu qui décide du salut, mais la foi en Jésus Christ. Le Messie est venu pour renverser le mur qui séparait les Juifs et les païens : «Dans le Christ il n'y a pas de différence entre Juifs et païens, entre hommes libres et esclaves, entre hommes et femmes.»
Paul et Barnabé ne cessent de marquer des points et la colère des juifs atteint son paroxysme. Les femmes se montrent les plus exaltées. Elles assaillent de leurs plaintes les notables de la ville. Le résultat ne se fait pas attendre : c'est aux faiseurs de troubles que s'en prennent les dirigeants. Ils sont chassés de la ville. «Ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, gagnèrent Iconium ; quant aux disciples, ils restaient remplis de joie et d'Esprit Saint.» (Actes 13, 51-52)
Parmi les chrétiens, Paul est celui qui a le mieux compris l'esprit universaliste du Christ. Pour avoir prêché le salut pour tous, il sera persécuté comme apostat et la haine de son peuple le poursuivra sans relâche, partout où il ira.
Ajouté 11 heures 38 minutes 8 secondes après :
- Pendant l’année qu’ils passèrent à Iconium, Paul et Barnabé entreprirent des expéditions missionnaires dans les alentours, dans ces nombreux villages de paysans, situés sur le versant des montagnes. Ils y fondèrent des petites communautés rurales, qui seront administrées plus tard par l'Église d'Iconium. Avec Antioche, Iconium restera, pendant de longues années, un point d'appui des Églises chrétiennes d'Asie Mineure, et détiendra le titre patriarcal sur quatorze villes.
- Paul et Barnabé proclamèrent la «Bonne Nouvelle» mais très rapidement ils se heurtèrent au refus des Juifs qui manipulaient les foules contre eux. À un certain moment, on décida de s'emparer des deux missionnaires et de les lapider. Prévenus, ils se dérobèrent à temps et rejoignirent la voie romaine qui, à l'époque, se terminait à Lystres. Une journée de marche au sein d'une des plus belles régions de l’Anatolie centrale.
- «À Iconium, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs et parlèrent de telle façon qu'une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent les païens et les indisposèrent contre les frères. Paul et Barnabé prolongèrent leur séjour assez longtemps, pleins d'assurance dans le Seigneur... La population de la ville se partagea. Les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Chez les païens et les Juifs, leurs chefs en tête, on se préparait à les maltraiter et à les lapider. Mais s'en étant rendu compte, ils allèrent chercher refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystres, Derbé et la région d'alentour. Là aussi, ils annonçaient la Bonne Nouvelle.» (Actes 14, 1-7)
- Paul se prit d'affection pour le jeune homme, tout en ignorant qu'un jour il lui imposerait les mains. Timothée deviendra son plus fidèle collaborateur, celui qui sera un jour la consolation de sa vieillesse. Plusieurs années plus tard, Paul lui rappellera les heures pénibles de Lystres : «Souviens-toi, ô Timothée, de ce que j'ai enduré à Lystres !» (2 Tim. 3, 11). Cette famille devint le lieu de rassemblement de 1'Église chrétienne. À la suite de cette famille, plusieurs personnes du village se convertirent.
- L'homme a compris l'invitation par le ton de la voix et le geste qui l'accompagne. Il obéit. Il bondit. Il marche ! Les gens de la ville pensent que Paul et Barnabé sont des dieux qui sont descendus dans leur village! Ils veulent leur rendre hommage.
Entre temps, la rumeur du succès des deux missionnaires a rejoint Iconium et la communauté juive, qui croyait s’être débarrassée d’eux. Ils se précipitent à Lystres pour éclairer les naïfs et mettre fin au travail des imposteurs.
- le miracle, Paul est vénéré comme un dieu, puis tout tourne au pire: on le lapide jusqu'à ce qu'il soit considéré comme mort
- Comme Étienne il y a plusieurs années, Paul est traîné hors de la ville et jeté par terre. Furieux, les habitants de la ville rassemblent des pierres et la lapidation commence. Quand les gens de Lystres et les juifs qui ont suscité leur colère voient Paul inanimé, ils le croient mort et l’abandonnent, face contre terre. Barnabé et les chrétiens accourent. On se penche vers Paul. Le coeur bat toujours. La tête est intacte. Apparemment, il n'a pas reçu de blessures majeures. Échapper à une lapidation tient du miracle.
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21. Iconium et Lystres
Paul et Barnabé sont restés environ un an à Antioche de Pisidie. Ils quittèrent la ville en l’an 46, pour se diriger vers l’Est. Empruntant la Voie Sébaste, ils se rendirent à Iconium, située au bord d'un lac, au-delà de marécages salins. Ils voulaient sans doute fonder quelques points d'appui solides, sur le haut-plateau de la Galatie du sud. Cette population de gens simple avait gagné le coeur de Paul.
Iconium, à 100 km d'Antioche de Pisidie
Les habitants d'Iconium étaient fiers du passé de leur ville. L'empereur Claude avait établi une colonie de vétérans et pour cette raison, la ville aimait se nommer Claudiconium, en l’honneur de l’empereur, ce qui est devenu par la suite Iconium. La population comprenait des Galates hellénisés, des fonctionnaires romains, des vétérans de l’armée et des citoyens juifs. Iconium était un centre important de tissage de laine. Paul trouva facilement à se loger et à exercer son métier.
Pendant l’année qu’ils passèrent à Iconium, Paul et Barnabé entreprirent des expéditions missionnaires dans les alentours, dans ces nombreux villages de paysans, situés sur le versant des montagnes. Ils y fondèrent des petites communautés rurales, qui seront administrées plus tard par l'Église d'Iconium. Avec Antioche, Iconium restera, pendant de longues années, un point d'appui des Églises chrétiennes d'Asie Mineure, et détiendra le titre patriarcal sur quatorze villes.
Iconium est située à plus de 1.000 mètres d'altitude. Parmi les ruines de la ville, aujourd’hui encore on y retrouve une grande citadelle à moitié détruite.
Après un an d'une prédicationappréciée et fructueuse, Paul et Barnabé sont persécutés et contraints à s'enfuir.
Paul et Barnabé proclamèrent la «Bonne Nouvelle» mais très rapidement ils se heurtèrent au refus des Juifs qui manipulaient les foules contre eux. À un certain moment, on décida de s'emparer des deux missionnaires et de les lapider. Prévenus, ils se dérobèrent à temps et rejoignirent la voie romaine qui, à l'époque, se terminait à Lystres. Une journée de marche au sein d'une des plus belles régions de l’Anatolie centrale.
«À Iconium, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs et parlèrent de telle façon qu'une grande foule de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. Mais les Juifs restés incrédules excitèrent les païens et les indisposèrent contre les frères. Paul et Barnabé prolongèrent leur séjour assez longtemps, pleins d'assurance dans le Seigneur... La population de la ville se partagea. Les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apôtres. Chez les païens et les Juifs, leurs chefs en tête, on se préparait à les maltraiter et à les lapider. Mais s'en étant rendu compte, ils allèrent chercher refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystres, Derbé et la région d'alentour. Là aussi, ils annonçaient la Bonne Nouvelle.» (Actes 14, 1-7)
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Paul et Barnabé quittent
Iconium et se réfugient à
Lystres. C'est là que Paul
rencontre Timothée.
À Lystres, une ville presque totalement païenne, Paul et Barnabé trouvèrent un bon accueil dans une famille juive. Il est intéressant de constater combien la piété du judaïsme pouvait rester vivante au sein d'une famille isolée dans un tel milieu. Cette famille comptait trois personnes : la grand-mère Lois, sa fille Eunice, dont le mari païen était décédé, et son fils Timothée. Le père était probablement un fonctionnaire romain ou grec. Dans la diaspora, de tels mariages mixtes étaient fréquents. La mère et la grand-mère vivaient dans l'espérance du «salut d'Israël», et elles avaient initié Timothée, dès son enfance, aux Saintes Écritures.
Paul se prit d'affection pour le jeune homme, tout en ignorant qu'un jour il lui imposerait les mains. Timothée deviendra son plus fidèle collaborateur, celui qui sera un jour la consolation de sa vieillesse. Plusieurs années plus tard, Paul lui rappellera les heures pénibles de Lystres : «Souviens-toi, ô Timothée, de ce que j'ai enduré à Lystres !» (2 Tim. 3, 11). Cette famille devint le lieu de rassemblement de 1'Église chrétienne. À la suite de cette famille, plusieurs personnes du village se convertirent.
Aujourd’hui, il ne reste de la ville de Lystres, fondée par Auguste en 6 av. J.-C., que des pierres éparses, un fragment de l'enceinte, quelques maisons du village et des sarcophages éventrés. Une petite mosquée monte la garde. Rien ne nous rappelle que c'est à Lystres que Paul a failli perdre la vie.
Paul guérit un handicapé et ce fut le commencement de ses problèmes: «Il se trouvait à Lystres un homme qui ne pouvait pas tenir sur ses pieds. Il était infirme de naissance, il n'avait jamais marché. » Le pauvre homme dévore des yeux Paul qui rencontre ce regard. «Voyant qu'il avait la foi pour être sauvé», le Tarsiote le fixe et, d'une voix forte, ordonne : Lève-toi, droit sur tes pieds!» (Actes 14, 8-10)
L'homme a compris l'invitation par le ton de la voix et le geste qui l'accompagne. Il obéit. Il bondit. Il marche ! Les gens de la ville pensent que Paul et Barnabé sont des dieux qui sont descendus dans leur village! Ils veulent leur rendre hommage.
Entre temps, la rumeur du succès des deux missionnaires a rejoint Iconium et la communauté juive, qui croyait s’être débarrassée d’eux. Ils se précipitent à Lystres pour éclairer les naïfs et mettre fin au travail des imposteurs.
Après le miracle, Paul est vénéré comme un dieu, puis tout tourne au pire:
on le lapide jusqu'à ce qu'il soit considéré comme mort
En peu de temps, les habitants de Lystres se retournent contre Paul. En guérissant l'infirme, ce magicien les a engagés sur un mauvais chemin, pensent-ils maintenant ! Les gens d'Iconium les interrogent sur ce qu'ils vont faire du faux dieu Hermès qui a guérit l’handicapé? Réponse : Le lapider !
Comme Étienne il y a plusieurs années, Paul est traîné hors de la ville et jeté par terre. Furieux, les habitants de la ville rassemblent des pierres et la lapidation commence. Quand les gens de Lystres et les juifs qui ont suscité leur colère voient Paul inanimé, ils le croient mort et l’abandonnent, face contre terre. Barnabé et les chrétiens accourent. On se penche vers Paul. Le coeur bat toujours. La tête est intacte. Apparemment, il n'a pas reçu de blessures majeures. Échapper à une lapidation tient du miracle.
Paul et Barnabé décident de quitter Lystres avant que leurs ennemis se rendent comptent que Paul a survécu à la lapidation. Pour aller de Lystres à Derbé — dernière étape prévue de leur mission — il faut parcourir quarante kilomètres, c’est-à-dire environ huit heures de marche. Mais dans l’état où se trouve Paul, le voyage sera beaucoup plus long. Barnabé a dû emprunter un chariot sur lequel il étend Paul. En plusieurs étapes on le conduit à Derbé. Là, il se rétablira et pourra reprendre sa mission. (cf. Actes 14, 20)
Pendant des siècles, les Églises de Galatie ont pu se maintenir. Un certain nombre de chrétiens arméniens furent les derniers à rester fidèles à la foi chrétienne. Ils furent cruellement décimés pendant la guerre avec les Turcs. Ainsi les Églises fondées par Paul et Barnabé, leur héritage, le fruit de leurs efforts et de leurs souffrances, seront complètement détruites.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 21 août23, 06:04Après la lapidation de Paul à Lystres, ses adversaires, croyant que leur ennemi était mort, ne le poursuivirent pas. Et c'est ainsi que les deux missionnaires purent fonder en toute tranquillité, dans la ville paisible de derbé, une communauté chrétienne recrutée entièrement parmi les païens. On lit dans les Actes des Apôtres qu’ils ont réuni «d'assez nombreux disciples».
À Derbé, l'activité de Paul et de Barnabé dura au moins une année entière et elle s'étendit jusque dans les hautes vallées près du lac. Les relations pastorales avec Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie n’ont jamais été interrompues car le jeune Timothée était un messager toujours disponible. Nous le savons par les excellents témoignages que lui rendirent ces communautés lors du retour de Paul quelques années plus tard : «À Lystres, il y avait un disciple nommé Timothée, fils d’une juive devenue croyante et d’un père grec. Les frères de Lystres et d’Iconium lui rendaient un bon témoignage.» (Actes 16, 2).
Suite à ces fondations, la Bonne Nouvelle se répandit de la Galatie à toutes les régions environnantes. Ces villes et villages donneront plus tard à l’Église de brillants docteurs en théologie. La chrétienté de cette région a pu se développer et s’épanouir en de florissantes communautés grâce au travail assidu de Paul et de Barnabé.
Après les adieux à la communauté de Derbé, ils rebroussèrent chemin pour visiter Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie. D’Antioche, ils traversèrent de nouveau les gorges du Taurus pour rejoindre la dernière communauté sur leur plan d’action, celle de la ville de Pergé.
Durant ce premier voyage missionnaire, Paul et Barnabé ont réussi à fonder des Églises dans sept villes de l’Empire avant de retourner à leur base : Salamine, Paphos, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres, Derbé et Pergé. Pendant ces quatre années, Paul a assumé son rôle de chef de mission et développé son style missionnaire.
Avant de quitter les communautés qu'ils ont fondées, Paul et Barnabé encouragent les chrétiens à tenir bon dans l'épreuve. Ils choisissent des responsables et les confient au Seigneur. Il est ici question «d'anciens» (presbyteroi), alors que dans sa lettre aux Philippiens Paul parlera d'épiscopes (episcopoi) et de diacres, ce qui indique un développement continu des tâches et des responsabilités dans les jeunes Églises.
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22 Derbé, Pergé, retour à Antioche de Syrie
Derbé, ville aujourd'hui disparue,
au sud de la Turquie actuelle.
Paul et Barnabé y fondent une communauté recrutée entièrement parmi les païens.
Ils y séjournent pendant un an. C'est une des rares villes qu'ils quittent sans y être obligés par la persécution
Derbé, un village solitaire de montagne à l'extrême limite de la province de Galatie, était jadis un dangereux nid de brigands. Cette petite ville devenue, sous l’empereur Claude, une colonie prospère de vétérans et d’affranchis, a connu à l'époque de Paul, une période d’expansion. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette cité greco-romaine.
Après la lapidation de Paul à Lystres, ses adversaires, croyant que leur ennemi était mort, ne le poursuivirent pas. Et c'est ainsi que les deux missionnaires purent fonder en toute tranquillité, dans cette paisible ville de province, une communauté chrétienne recrutée entièrement parmi les païens. On lit dans les Actes des Apôtres qu’ils ont réuni «d'assez nombreux disciples».
L’Église de Derbé, comme les trois autres églises de Galatie, a été enfantée dans la douleur. Paul fait allusion à cette naissance, lorsqu'il écrit aux Galates menacés dans leur foi par les agissements des judaïsants : «Mes petits enfants, pour vous j'endure à nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous!» (Galates 4, 19).
À Derbé, l'activité de Paul et de Barnabé dura au moins une année entière et elle s'étendit jusque dans les hautes vallées près du lac. Les relations pastorales avec Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie n’ont jamais été interrompues car le jeune Timothée était un messager toujours disponible. Nous le savons par les excellents témoignages que lui rendirent ces communautés lors du retour de Paul quelques années plus tard : «À Lystres, il y avait un disciple nommé Timothée, fils d’une juive devenue croyante et d’un père grec. Les frères de Lystres et d’Iconium lui rendaient un bon témoignage.» (Actes 16, 2).
Suite à ces fondations, la Bonne Nouvelle se répandit de la Galatie à toutes les régions environnantes. Ces villes et villages donneront plus tard à l’Église de brillants docteurs en théologie. La chrétienté de cette région a pu se développer et s’épanouir en de florissantes communautés grâce au travail assidu de Paul et de Barnabé.
Depuis le départ des deux missionnaires d’Antioche de Syrie, leur Église-mère, plus de quatre ans s'étaient maintenant écoulés. Pendant les heures difficiles, ils eurent sans doute la nostalgie de leur communauté d’origine avec qui ils pouvaient difficilement communiquer. À intervalles très irréguliers et grâce à certains chefs de caravanes, ils envoyaient des messages, mais les occasions n’étaient pas très nombreuses.
Au lieu de retourner directement à Antioche de Syrie via Tarse, Paul et Barnabé décident de revenir sur leurs pas
Derbé se trouve à peine à 200 Km de Tarse et Paul et Barnabé auraient pu atteindre la patrie de Paul en quelques jours, en traversant les Monts Taurus. Cependant, la responsabilité apostolique vis-à-vis les communautés nouvellement fondées les incita à revenir sur leurs pas et à refaire le chemin déjà parcouru afin de visiter à nouveau ces jeunes centres de chrétienté.
Après les adieux à la communauté de Derbé, ils rebroussèrent chemin pour visiter Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie. D’Antioche, ils traversèrent de nouveau les gorges du Taurus pour rejoindre la dernière communauté sur leur plan d’action, celle de la ville de Pergé.
Durant ce premier voyage missionnaire, Paul et Barnabé ont réussi à fonder des Églises dans sept villes de l’Empire avant de retourner à leur base : Salamine, Paphos, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres, Derbé et Pergé. Pendant ces quatre années, Paul a assumé son rôle de chef de mission et développé son style missionnaire.
Durée du premier voyage: 4 ans
Paul et Barnabé ont réussi à fonder des Églises dans sept villes de l’Empire
Avant de quitter les communautés qu'ils ont fondées, Paul et Barnabé encouragent les chrétiens à tenir bon dans l'épreuve. Ils choisissent des responsables et les confient au Seigneur. Il est ici question «d'anciens» (presbyteroi), alors que dans sa lettre aux Philippiens Paul parlera d'épiscopes (episcopoi) et de diacres, ce qui indique un développement continu des tâches et des responsabilités dans les jeunes Églises.
De Pergé, Paul et Barnabé gagnent Attaleia, à environ 80 kilomètres au sud-ouest, afin de retourner à Antioche de Syrie par la mer. Ils longent les côtes de la Cilicie. C'est l'unique voyage que Paul fera le long des côtes au sud de l'Asie Mineure en voguant d’ouest en est. Ce voyage de plusieurs jours se fit sans histoire.
En fin de course, le bateau charge ses voiles devant le port d'Antioche de Syrie.
Les Actes des Apôtres racontent : «D’Attaleia ils firent voile vers Antioche, d'où ils étaient partis, recommandés à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir. À leur arrivée, ils réunirent l'église et se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi.» (Actes 14, 26-27)
C’est ainsi que se termine le premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabé.
Ajouté 14 minutes 50 secondes après :
- Après son séjour en Arabie et à Damas (Galates 1, 18), Paul parle d'une première rencontre avec Pierre et Jacques, puis d'une deuxième rencontre (celle du Concile) qu'il situe «au bout de quatorze ans» (Galates 2, 1). Cela veut donc dire que Paul a déjà fait deux voyages missionnaires, et non pas un seul. L’assemblée aurait donc eu lieu en l’an 51.
- Paul, au cours de ses voyages, a fondé plusieurs communautés en milieu grec. Le problème de l'accueil des non-Juifs se pose alors : doivent-ils se faire circoncire pour marquer leur appartenance à la communauté chrétienne? Doivent-ils observer les interdits alimentaires et toutes les lois de Moïse? Il est donc très vraisemblable que la rencontre ait eu lieu après le deuxième voyage, c'est-à-dire quand le nombre de convertis non-Juifs est devenu plus important.
- Les conséquences de cette réunion dans l'histoire du christianisme sont telles que certains la désigneront plus tard de «concile de Jérusalem», ce qui laisserait supposer une assemblée bien structurée, rassemblant de nombreuses personnes. Il faut penser plutôt à une réunion de quelques représentants de l'Église d'Antioche avec Jacques, Pierre et Jean, de l’Église de Jérusalem. Même s’il s’agit d’une réunion privée, aucun autre concile n’a pris des décisions aussi importantes que celle de Jérusalem. Sans ce «premier concile», les autres n'auraient pas été possibles.
- Pour ces croyants de Jérusalem, il n'est pas question de vivre en communauté avec des non-juifs, ni de partager des repas avec ceux qui ne sont pas circoncis et qui ne respectent pas l'intégralité des prescriptions alimentaires de la Loi. Cette attitude restrictive ne cadre pas avec l’expérience des Juifs de la Diaspora qui avaient beaucoup plus d'ouverture envers les non-Juifs car ils vivaient avec eux.
- À Jérusalem, Paul a amené Tite, un jeune homme que nous n'avons pas encore rencontré. C'est un Antiochien récemment devenu chrétien. Il fondait de grands espoirs sur celui qui deviendra l’un de ses plus grands collaborateurs. Il le nomme «son vrai fils dans la même foi» (Tite 1, 4). Pour Paul, ce jeune homme est une preuve vivante des nobles fruits qui poussaient déjà sur l'arbre de l'Église des Gentils. À Jérusalem, on ne pourrait résister au charme de ce chrétien sorti du monde non-juif. «Je suis monté à Jérusalem, écrira Paul. J'emmenai aussi Tite.» Il nous dit qu'il était né d'une famille païenne et non circoncis. Ce détail est fourni par Luc qui ajoute que «l'Église d'Antioche a fournit les fonds nécessaires au voyage de ses trois représentants.» (Actes 15, 3)
- À Jérusalem, tous étaient conscients que l'attitude qu'on allait adopter à l'égard de Tite serait d'une importance capitale pour l'avenir de l'Évangile. Tite représentait symboliquement l'ensemble des Églises pagano-chrétiennes. S’il était accepté sans conditions, comme frère à part entière, ce serait une décision applicable à tous les chrétiens non-Juifs des nouvelles communautés.
- Pour Paul, le problème se posait ainsi : Le salut est-il, le fruit de la grâce du Christ ? La circoncision est-elle nécessaire pour le salut ou la grâce du Christ suffit-elle? Cette question de principe était très importante. Une fois tranchée, Paul pourra permettre la pratique de la circoncision, comme ce sera le cas de Timothée, qui lui était d’une mère juive.
- À Jérusalem, Pierre, Jacques et Jean acceptèrent le point de vue de Paul. L’Église naissante évita ainsi un conflit qui aurait été catastrophique et aurait relégué le christianisme au rang de «secte judaïsante».
- Après la réunion, les apôtres et les anciens décidèrent d'envoyer à Antioche deux délégués, Judas et Silas, «personnages en vue parmi les frères», qui feront route avec Paul et Barnabé. On leur confia une lettre qui expliquait la proposition de Jacques : «L'Esprit Saint et nous avons décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables : vous abstenir des viandes des sacrifices païens, du sang des animaux étouffés et de l'immoralité. Si vous évitez tout cela avec soin, vous aurez bien agi. Adieu!» (Actes 15, 28-29)
- On en était ainsi arrivés à un compromis acceptable pour les deux groupes : Les non-juifs chrétiens acceptaient les règles énoncées par Jacques et les juifs-chrétiens n’obligeaient pas les non-juifs à se faire circoncire. Les deux groupes pouvaient ainsi se retrouver à la même table.
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23. Le Concile de Jérusalem
Il est difficile de situer l’assemblée de Jérusalem car le récit des Actes des Apôtres (15, 1-34) ne coïncide pas avec ce que dit Paul dans sa lettre aux Galates (2, 1-10). Aujourd'hui, les experts sont d’avis que c’est Paul qui situe correctement cet événement.
Après son séjour en Arabie et à Damas (Galates 1, 18), Paul parle d'une première rencontre avec Pierre et Jacques, puis d'une deuxième rencontre (celle du Concile) qu'il situe «au bout de quatorze ans» (Galates 2, 1). Cela veut donc dire que Paul a déjà fait deux voyages missionnaires, et non pas un seul. L’assemblée aurait donc eu lieu en l’an 51.
De son côté, Luc aurait «avancé» la date afin qu’elle soit plus près du début de l'activité missionnaire de Paul et ainsi légitimer le plus tôt possible la mission de l'Apôtre auprès des non-Juifs.
...réticences d'un groupe de chrétiens qui, au nom de la fidélité à la Loi et de l'élection privilégiée d'Israël, tenaient à ce que ceux qui deviennent chrétiens se fassent circoncire
Paul, au cours de ses voyages, a fondé plusieurs communautés en milieu grec. Le problème de l'accueil des non-Juifs se pose alors : doivent-ils se faire circoncire pour marquer leur appartenance à la communauté chrétienne? Doivent-ils observer les interdits alimentaires et toutes les lois de Moïse? Il est donc très vraisemblable que la rencontre ait eu lieu après le deuxième voyage, c'est-à-dire quand le nombre de convertis non-Juifs est devenu plus important.
En gardant en mémoire ces quelques considérations, l’une ou l’autre date ne causent pas de grands problèmes. Nous verrons donc cet événement ici, après le premier voyage, afin de suivre ensuite plus facilement les déplacements de Paul d’abord avec Barnabé et ensuite avec Silas, selon la chronologie de Luc dans les Actes des Apôtres.
Luc indique que pour cette rencontre importante, les représentants d’Antioche de Syrie - Paul, Barnabé et Tite -, s'acheminent vers la Ville sainte par voie terrestre : «Passant par la Phénicie et la Samarie, ils y racontaient la conversion des nations païennes et procuraient ainsi une grande joie à tous les frères.» (Actes 15, 3) À Jérusalem, l'élite de l'Église-mère les attend.
Les conséquences de cette réunion dans l'histoire du christianisme sont telles que certains la désigneront plus tard de «concile de Jérusalem», ce qui laisserait supposer une assemblée bien structurée, rassemblant de nombreuses personnes. Il faut penser plutôt à une réunion de quelques représentants de l'Église d'Antioche avec Jacques, Pierre et Jean, de l’Église de Jérusalem. Même s’il s’agit d’une réunion privée, aucun autre concile n’a pris des décisions aussi importantes que celle de Jérusalem. Sans ce «premier concile», les autres n'auraient pas été possibles.
À Jérusalem, on écoute d’abord avec enthousiasme le récit de la pénétration du christianisme dans les milieux païens. Rapidement cependant, la joie initiale est troublée par les réticences d'un groupe de chrétiens qui, au nom de la fidélité à la Loi et de l'élection privilégiée d'Israël, tenaient à ce que ceux qui deviennent chrétiens se fassent circoncire. Ils répétaient sans relâche qu'il fallait obliger tout le monde à observer la Loi de Moïse. Toujours brutal quand il polémique, Paul parlera de «faux-frères intrus».
Pour ces croyants de Jérusalem, il n'est pas question de vivre en communauté avec des non-juifs, ni de partager des repas avec ceux qui ne sont pas circoncis et qui ne respectent pas l'intégralité des prescriptions alimentaires de la Loi. Cette attitude restrictive ne cadre pas avec l’expérience des Juifs de la Diaspora qui avaient beaucoup plus d'ouverture envers les non-Juifs car ils vivaient avec eux.
Saint Tite. Comme Timothée, il fut un des meilleurs amis de Paul. "L'Épître de Paul à Tite" témoigne de l'affectueuse tendresse qu'il lui porte. Tite eut la gloire d'établir le Christianisme dans l'île de Crète où le paganisme avait un de ses principaux centres.
À Jérusalem, Paul a amené Tite, un jeune homme que nous n'avons pas encore rencontré. C'est un Antiochien récemment devenu chrétien. Il fondait de grands espoirs sur celui qui deviendra l’un de ses plus grands collaborateurs. Il le nomme «son vrai fils dans la même foi» (Tite 1, 4). Pour Paul, ce jeune homme est une preuve vivante des nobles fruits qui poussaient déjà sur l'arbre de l'Église des Gentils. À Jérusalem, on ne pourrait résister au charme de ce chrétien sorti du monde non-juif. «Je suis monté à Jérusalem, écrira Paul. J'emmenai aussi Tite.» Il nous dit qu'il était né d'une famille païenne et non circoncis. Ce détail est fourni par Luc qui ajoute que «l'Église d'Antioche a fournit les fonds nécessaires au voyage de ses trois représentants.» (Actes 15, 3)
À Jérusalem, tous étaient conscients que l'attitude qu'on allait adopter à l'égard de Tite serait d'une importance capitale pour l'avenir de l'Évangile. Tite représentait symboliquement l'ensemble des Églises pagano-chrétiennes. S’il était accepté sans conditions, comme frère à part entière, ce serait une décision applicable à tous les chrétiens non-Juifs des nouvelles communautés.
Paul aurait vu son oeuvre compromise dans sa nature même, si la conception des judéo-chrétiens, insistant sur la circoncision pour tous devait triompher. Maintenir cette obligation pour les non-Juifs ferait de l'Église une secte de la Synagogue et annulerait l'universalité du salut. Les chrétiens non circoncis constitueraient au sein même de l'Église un groupe de deuxième classe. L'ancien mur de séparation dans le Temple, entre Juifs et non-Juifs, se dresserait à nouveau au sein même de l'Église chrétienne. Recevoir les non-Juifs dans l'Église, mais éviter de faire table commune avec eux, ferait d'eux des parias chrétiens. C'était donc un problème à la fois social et religieux.
Pour Paul, le problème se posait ainsi : Le salut est-il, le fruit de la grâce du Christ ? La circoncision est-elle nécessaire pour le salut ou la grâce du Christ suffit-elle? Cette question de principe était très importante. Une fois tranchée, Paul pourra permettre la pratique de la circoncision, comme ce sera le cas de Timothée, qui lui était d’une mère juive.
À Jérusalem, Pierre, Jacques et Jean acceptèrent le point de vue de Paul. L’Église naissante évita ainsi un conflit qui aurait été catastrophique et aurait relégué le christianisme au rang de «secte judaïsante».
Après la réunion, les apôtres et les anciens décidèrent d'envoyer à Antioche deux délégués, Judas et Silas, «personnages en vue parmi les frères», qui feront route avec Paul et Barnabé. On leur confia une lettre qui expliquait la proposition de Jacques : «L'Esprit Saint et nous avons décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables : vous abstenir des viandes des sacrifices païens, du sang des animaux étouffés et de l'immoralité. Si vous évitez tout cela avec soin, vous aurez bien agi. Adieu!» (Actes 15, 28-29)
La formule de compromis arrêtée par Jacques fixe aux païens quatre interdits qui constituaient, selon la littérature rabbinique, les quatre exigences minimales imposées aux prosélytes en contact avec les Juifs : éviter de consommer les viandes sacrifiées aux idoles, s’abstenir des unions illégitimes (prostitution), ne pas manger des viandes non saignées et éviter de consommer du sang d’animaux. Ces restrictions visent à éviter que les non-Juifs soient cause de souillure pour leurs frères et soeurs judéo-chrétiens.
On en était ainsi arrivés à un compromis acceptable pour les deux groupes : Les non-juifs chrétiens acceptaient les règles énoncées par Jacques et les juifs-chrétiens n’obligeaient pas les non-juifs à se faire circoncire. Les deux groupes pouvaient ainsi se retrouver à la même table.
À Derbé, l'activité de Paul et de Barnabé dura au moins une année entière et elle s'étendit jusque dans les hautes vallées près du lac. Les relations pastorales avec Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie n’ont jamais été interrompues car le jeune Timothée était un messager toujours disponible. Nous le savons par les excellents témoignages que lui rendirent ces communautés lors du retour de Paul quelques années plus tard : «À Lystres, il y avait un disciple nommé Timothée, fils d’une juive devenue croyante et d’un père grec. Les frères de Lystres et d’Iconium lui rendaient un bon témoignage.» (Actes 16, 2).
Suite à ces fondations, la Bonne Nouvelle se répandit de la Galatie à toutes les régions environnantes. Ces villes et villages donneront plus tard à l’Église de brillants docteurs en théologie. La chrétienté de cette région a pu se développer et s’épanouir en de florissantes communautés grâce au travail assidu de Paul et de Barnabé.
Après les adieux à la communauté de Derbé, ils rebroussèrent chemin pour visiter Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie. D’Antioche, ils traversèrent de nouveau les gorges du Taurus pour rejoindre la dernière communauté sur leur plan d’action, celle de la ville de Pergé.
Durant ce premier voyage missionnaire, Paul et Barnabé ont réussi à fonder des Églises dans sept villes de l’Empire avant de retourner à leur base : Salamine, Paphos, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres, Derbé et Pergé. Pendant ces quatre années, Paul a assumé son rôle de chef de mission et développé son style missionnaire.
Avant de quitter les communautés qu'ils ont fondées, Paul et Barnabé encouragent les chrétiens à tenir bon dans l'épreuve. Ils choisissent des responsables et les confient au Seigneur. Il est ici question «d'anciens» (presbyteroi), alors que dans sa lettre aux Philippiens Paul parlera d'épiscopes (episcopoi) et de diacres, ce qui indique un développement continu des tâches et des responsabilités dans les jeunes Églises.
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22 Derbé, Pergé, retour à Antioche de Syrie
Derbé, ville aujourd'hui disparue,
au sud de la Turquie actuelle.
Paul et Barnabé y fondent une communauté recrutée entièrement parmi les païens.
Ils y séjournent pendant un an. C'est une des rares villes qu'ils quittent sans y être obligés par la persécution
Derbé, un village solitaire de montagne à l'extrême limite de la province de Galatie, était jadis un dangereux nid de brigands. Cette petite ville devenue, sous l’empereur Claude, une colonie prospère de vétérans et d’affranchis, a connu à l'époque de Paul, une période d’expansion. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette cité greco-romaine.
Après la lapidation de Paul à Lystres, ses adversaires, croyant que leur ennemi était mort, ne le poursuivirent pas. Et c'est ainsi que les deux missionnaires purent fonder en toute tranquillité, dans cette paisible ville de province, une communauté chrétienne recrutée entièrement parmi les païens. On lit dans les Actes des Apôtres qu’ils ont réuni «d'assez nombreux disciples».
L’Église de Derbé, comme les trois autres églises de Galatie, a été enfantée dans la douleur. Paul fait allusion à cette naissance, lorsqu'il écrit aux Galates menacés dans leur foi par les agissements des judaïsants : «Mes petits enfants, pour vous j'endure à nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous!» (Galates 4, 19).
À Derbé, l'activité de Paul et de Barnabé dura au moins une année entière et elle s'étendit jusque dans les hautes vallées près du lac. Les relations pastorales avec Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie n’ont jamais été interrompues car le jeune Timothée était un messager toujours disponible. Nous le savons par les excellents témoignages que lui rendirent ces communautés lors du retour de Paul quelques années plus tard : «À Lystres, il y avait un disciple nommé Timothée, fils d’une juive devenue croyante et d’un père grec. Les frères de Lystres et d’Iconium lui rendaient un bon témoignage.» (Actes 16, 2).
Suite à ces fondations, la Bonne Nouvelle se répandit de la Galatie à toutes les régions environnantes. Ces villes et villages donneront plus tard à l’Église de brillants docteurs en théologie. La chrétienté de cette région a pu se développer et s’épanouir en de florissantes communautés grâce au travail assidu de Paul et de Barnabé.
Depuis le départ des deux missionnaires d’Antioche de Syrie, leur Église-mère, plus de quatre ans s'étaient maintenant écoulés. Pendant les heures difficiles, ils eurent sans doute la nostalgie de leur communauté d’origine avec qui ils pouvaient difficilement communiquer. À intervalles très irréguliers et grâce à certains chefs de caravanes, ils envoyaient des messages, mais les occasions n’étaient pas très nombreuses.
Au lieu de retourner directement à Antioche de Syrie via Tarse, Paul et Barnabé décident de revenir sur leurs pas
Derbé se trouve à peine à 200 Km de Tarse et Paul et Barnabé auraient pu atteindre la patrie de Paul en quelques jours, en traversant les Monts Taurus. Cependant, la responsabilité apostolique vis-à-vis les communautés nouvellement fondées les incita à revenir sur leurs pas et à refaire le chemin déjà parcouru afin de visiter à nouveau ces jeunes centres de chrétienté.
Après les adieux à la communauté de Derbé, ils rebroussèrent chemin pour visiter Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie. D’Antioche, ils traversèrent de nouveau les gorges du Taurus pour rejoindre la dernière communauté sur leur plan d’action, celle de la ville de Pergé.
Durant ce premier voyage missionnaire, Paul et Barnabé ont réussi à fonder des Églises dans sept villes de l’Empire avant de retourner à leur base : Salamine, Paphos, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres, Derbé et Pergé. Pendant ces quatre années, Paul a assumé son rôle de chef de mission et développé son style missionnaire.
Durée du premier voyage: 4 ans
Paul et Barnabé ont réussi à fonder des Églises dans sept villes de l’Empire
Avant de quitter les communautés qu'ils ont fondées, Paul et Barnabé encouragent les chrétiens à tenir bon dans l'épreuve. Ils choisissent des responsables et les confient au Seigneur. Il est ici question «d'anciens» (presbyteroi), alors que dans sa lettre aux Philippiens Paul parlera d'épiscopes (episcopoi) et de diacres, ce qui indique un développement continu des tâches et des responsabilités dans les jeunes Églises.
De Pergé, Paul et Barnabé gagnent Attaleia, à environ 80 kilomètres au sud-ouest, afin de retourner à Antioche de Syrie par la mer. Ils longent les côtes de la Cilicie. C'est l'unique voyage que Paul fera le long des côtes au sud de l'Asie Mineure en voguant d’ouest en est. Ce voyage de plusieurs jours se fit sans histoire.
En fin de course, le bateau charge ses voiles devant le port d'Antioche de Syrie.
Les Actes des Apôtres racontent : «D’Attaleia ils firent voile vers Antioche, d'où ils étaient partis, recommandés à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir. À leur arrivée, ils réunirent l'église et se mirent à rapporter tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi.» (Actes 14, 26-27)
C’est ainsi que se termine le premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabé.
Ajouté 14 minutes 50 secondes après :
- Après son séjour en Arabie et à Damas (Galates 1, 18), Paul parle d'une première rencontre avec Pierre et Jacques, puis d'une deuxième rencontre (celle du Concile) qu'il situe «au bout de quatorze ans» (Galates 2, 1). Cela veut donc dire que Paul a déjà fait deux voyages missionnaires, et non pas un seul. L’assemblée aurait donc eu lieu en l’an 51.
- Paul, au cours de ses voyages, a fondé plusieurs communautés en milieu grec. Le problème de l'accueil des non-Juifs se pose alors : doivent-ils se faire circoncire pour marquer leur appartenance à la communauté chrétienne? Doivent-ils observer les interdits alimentaires et toutes les lois de Moïse? Il est donc très vraisemblable que la rencontre ait eu lieu après le deuxième voyage, c'est-à-dire quand le nombre de convertis non-Juifs est devenu plus important.
- Les conséquences de cette réunion dans l'histoire du christianisme sont telles que certains la désigneront plus tard de «concile de Jérusalem», ce qui laisserait supposer une assemblée bien structurée, rassemblant de nombreuses personnes. Il faut penser plutôt à une réunion de quelques représentants de l'Église d'Antioche avec Jacques, Pierre et Jean, de l’Église de Jérusalem. Même s’il s’agit d’une réunion privée, aucun autre concile n’a pris des décisions aussi importantes que celle de Jérusalem. Sans ce «premier concile», les autres n'auraient pas été possibles.
- Pour ces croyants de Jérusalem, il n'est pas question de vivre en communauté avec des non-juifs, ni de partager des repas avec ceux qui ne sont pas circoncis et qui ne respectent pas l'intégralité des prescriptions alimentaires de la Loi. Cette attitude restrictive ne cadre pas avec l’expérience des Juifs de la Diaspora qui avaient beaucoup plus d'ouverture envers les non-Juifs car ils vivaient avec eux.
- À Jérusalem, Paul a amené Tite, un jeune homme que nous n'avons pas encore rencontré. C'est un Antiochien récemment devenu chrétien. Il fondait de grands espoirs sur celui qui deviendra l’un de ses plus grands collaborateurs. Il le nomme «son vrai fils dans la même foi» (Tite 1, 4). Pour Paul, ce jeune homme est une preuve vivante des nobles fruits qui poussaient déjà sur l'arbre de l'Église des Gentils. À Jérusalem, on ne pourrait résister au charme de ce chrétien sorti du monde non-juif. «Je suis monté à Jérusalem, écrira Paul. J'emmenai aussi Tite.» Il nous dit qu'il était né d'une famille païenne et non circoncis. Ce détail est fourni par Luc qui ajoute que «l'Église d'Antioche a fournit les fonds nécessaires au voyage de ses trois représentants.» (Actes 15, 3)
- À Jérusalem, tous étaient conscients que l'attitude qu'on allait adopter à l'égard de Tite serait d'une importance capitale pour l'avenir de l'Évangile. Tite représentait symboliquement l'ensemble des Églises pagano-chrétiennes. S’il était accepté sans conditions, comme frère à part entière, ce serait une décision applicable à tous les chrétiens non-Juifs des nouvelles communautés.
- Pour Paul, le problème se posait ainsi : Le salut est-il, le fruit de la grâce du Christ ? La circoncision est-elle nécessaire pour le salut ou la grâce du Christ suffit-elle? Cette question de principe était très importante. Une fois tranchée, Paul pourra permettre la pratique de la circoncision, comme ce sera le cas de Timothée, qui lui était d’une mère juive.
- À Jérusalem, Pierre, Jacques et Jean acceptèrent le point de vue de Paul. L’Église naissante évita ainsi un conflit qui aurait été catastrophique et aurait relégué le christianisme au rang de «secte judaïsante».
- Après la réunion, les apôtres et les anciens décidèrent d'envoyer à Antioche deux délégués, Judas et Silas, «personnages en vue parmi les frères», qui feront route avec Paul et Barnabé. On leur confia une lettre qui expliquait la proposition de Jacques : «L'Esprit Saint et nous avons décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables : vous abstenir des viandes des sacrifices païens, du sang des animaux étouffés et de l'immoralité. Si vous évitez tout cela avec soin, vous aurez bien agi. Adieu!» (Actes 15, 28-29)
- On en était ainsi arrivés à un compromis acceptable pour les deux groupes : Les non-juifs chrétiens acceptaient les règles énoncées par Jacques et les juifs-chrétiens n’obligeaient pas les non-juifs à se faire circoncire. Les deux groupes pouvaient ainsi se retrouver à la même table.
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23. Le Concile de Jérusalem
Il est difficile de situer l’assemblée de Jérusalem car le récit des Actes des Apôtres (15, 1-34) ne coïncide pas avec ce que dit Paul dans sa lettre aux Galates (2, 1-10). Aujourd'hui, les experts sont d’avis que c’est Paul qui situe correctement cet événement.
Après son séjour en Arabie et à Damas (Galates 1, 18), Paul parle d'une première rencontre avec Pierre et Jacques, puis d'une deuxième rencontre (celle du Concile) qu'il situe «au bout de quatorze ans» (Galates 2, 1). Cela veut donc dire que Paul a déjà fait deux voyages missionnaires, et non pas un seul. L’assemblée aurait donc eu lieu en l’an 51.
De son côté, Luc aurait «avancé» la date afin qu’elle soit plus près du début de l'activité missionnaire de Paul et ainsi légitimer le plus tôt possible la mission de l'Apôtre auprès des non-Juifs.
...réticences d'un groupe de chrétiens qui, au nom de la fidélité à la Loi et de l'élection privilégiée d'Israël, tenaient à ce que ceux qui deviennent chrétiens se fassent circoncire
Paul, au cours de ses voyages, a fondé plusieurs communautés en milieu grec. Le problème de l'accueil des non-Juifs se pose alors : doivent-ils se faire circoncire pour marquer leur appartenance à la communauté chrétienne? Doivent-ils observer les interdits alimentaires et toutes les lois de Moïse? Il est donc très vraisemblable que la rencontre ait eu lieu après le deuxième voyage, c'est-à-dire quand le nombre de convertis non-Juifs est devenu plus important.
En gardant en mémoire ces quelques considérations, l’une ou l’autre date ne causent pas de grands problèmes. Nous verrons donc cet événement ici, après le premier voyage, afin de suivre ensuite plus facilement les déplacements de Paul d’abord avec Barnabé et ensuite avec Silas, selon la chronologie de Luc dans les Actes des Apôtres.
Luc indique que pour cette rencontre importante, les représentants d’Antioche de Syrie - Paul, Barnabé et Tite -, s'acheminent vers la Ville sainte par voie terrestre : «Passant par la Phénicie et la Samarie, ils y racontaient la conversion des nations païennes et procuraient ainsi une grande joie à tous les frères.» (Actes 15, 3) À Jérusalem, l'élite de l'Église-mère les attend.
Les conséquences de cette réunion dans l'histoire du christianisme sont telles que certains la désigneront plus tard de «concile de Jérusalem», ce qui laisserait supposer une assemblée bien structurée, rassemblant de nombreuses personnes. Il faut penser plutôt à une réunion de quelques représentants de l'Église d'Antioche avec Jacques, Pierre et Jean, de l’Église de Jérusalem. Même s’il s’agit d’une réunion privée, aucun autre concile n’a pris des décisions aussi importantes que celle de Jérusalem. Sans ce «premier concile», les autres n'auraient pas été possibles.
À Jérusalem, on écoute d’abord avec enthousiasme le récit de la pénétration du christianisme dans les milieux païens. Rapidement cependant, la joie initiale est troublée par les réticences d'un groupe de chrétiens qui, au nom de la fidélité à la Loi et de l'élection privilégiée d'Israël, tenaient à ce que ceux qui deviennent chrétiens se fassent circoncire. Ils répétaient sans relâche qu'il fallait obliger tout le monde à observer la Loi de Moïse. Toujours brutal quand il polémique, Paul parlera de «faux-frères intrus».
Pour ces croyants de Jérusalem, il n'est pas question de vivre en communauté avec des non-juifs, ni de partager des repas avec ceux qui ne sont pas circoncis et qui ne respectent pas l'intégralité des prescriptions alimentaires de la Loi. Cette attitude restrictive ne cadre pas avec l’expérience des Juifs de la Diaspora qui avaient beaucoup plus d'ouverture envers les non-Juifs car ils vivaient avec eux.
Saint Tite. Comme Timothée, il fut un des meilleurs amis de Paul. "L'Épître de Paul à Tite" témoigne de l'affectueuse tendresse qu'il lui porte. Tite eut la gloire d'établir le Christianisme dans l'île de Crète où le paganisme avait un de ses principaux centres.
À Jérusalem, Paul a amené Tite, un jeune homme que nous n'avons pas encore rencontré. C'est un Antiochien récemment devenu chrétien. Il fondait de grands espoirs sur celui qui deviendra l’un de ses plus grands collaborateurs. Il le nomme «son vrai fils dans la même foi» (Tite 1, 4). Pour Paul, ce jeune homme est une preuve vivante des nobles fruits qui poussaient déjà sur l'arbre de l'Église des Gentils. À Jérusalem, on ne pourrait résister au charme de ce chrétien sorti du monde non-juif. «Je suis monté à Jérusalem, écrira Paul. J'emmenai aussi Tite.» Il nous dit qu'il était né d'une famille païenne et non circoncis. Ce détail est fourni par Luc qui ajoute que «l'Église d'Antioche a fournit les fonds nécessaires au voyage de ses trois représentants.» (Actes 15, 3)
À Jérusalem, tous étaient conscients que l'attitude qu'on allait adopter à l'égard de Tite serait d'une importance capitale pour l'avenir de l'Évangile. Tite représentait symboliquement l'ensemble des Églises pagano-chrétiennes. S’il était accepté sans conditions, comme frère à part entière, ce serait une décision applicable à tous les chrétiens non-Juifs des nouvelles communautés.
Paul aurait vu son oeuvre compromise dans sa nature même, si la conception des judéo-chrétiens, insistant sur la circoncision pour tous devait triompher. Maintenir cette obligation pour les non-Juifs ferait de l'Église une secte de la Synagogue et annulerait l'universalité du salut. Les chrétiens non circoncis constitueraient au sein même de l'Église un groupe de deuxième classe. L'ancien mur de séparation dans le Temple, entre Juifs et non-Juifs, se dresserait à nouveau au sein même de l'Église chrétienne. Recevoir les non-Juifs dans l'Église, mais éviter de faire table commune avec eux, ferait d'eux des parias chrétiens. C'était donc un problème à la fois social et religieux.
Pour Paul, le problème se posait ainsi : Le salut est-il, le fruit de la grâce du Christ ? La circoncision est-elle nécessaire pour le salut ou la grâce du Christ suffit-elle? Cette question de principe était très importante. Une fois tranchée, Paul pourra permettre la pratique de la circoncision, comme ce sera le cas de Timothée, qui lui était d’une mère juive.
À Jérusalem, Pierre, Jacques et Jean acceptèrent le point de vue de Paul. L’Église naissante évita ainsi un conflit qui aurait été catastrophique et aurait relégué le christianisme au rang de «secte judaïsante».
Après la réunion, les apôtres et les anciens décidèrent d'envoyer à Antioche deux délégués, Judas et Silas, «personnages en vue parmi les frères», qui feront route avec Paul et Barnabé. On leur confia une lettre qui expliquait la proposition de Jacques : «L'Esprit Saint et nous avons décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables : vous abstenir des viandes des sacrifices païens, du sang des animaux étouffés et de l'immoralité. Si vous évitez tout cela avec soin, vous aurez bien agi. Adieu!» (Actes 15, 28-29)
La formule de compromis arrêtée par Jacques fixe aux païens quatre interdits qui constituaient, selon la littérature rabbinique, les quatre exigences minimales imposées aux prosélytes en contact avec les Juifs : éviter de consommer les viandes sacrifiées aux idoles, s’abstenir des unions illégitimes (prostitution), ne pas manger des viandes non saignées et éviter de consommer du sang d’animaux. Ces restrictions visent à éviter que les non-Juifs soient cause de souillure pour leurs frères et soeurs judéo-chrétiens.
On en était ainsi arrivés à un compromis acceptable pour les deux groupes : Les non-juifs chrétiens acceptaient les règles énoncées par Jacques et les juifs-chrétiens n’obligeaient pas les non-juifs à se faire circoncire. Les deux groupes pouvaient ainsi se retrouver à la même table.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 22 août23, 23:26Pour permettre une entente fraternelle entre les deux partis, en homme sage, Jacques propose un compromis susceptible d'être acceptable à tous. Il demande aux incirconcis d'avoir égard aux sentiments des judéo-chrétiens sur les trois points suivants :
1. Éviter la participation aux repas des sacrifices païens.
2. S’abstenir des excès sexuels en vogue dans les temples, sous forme de prostitution rituelle.
3. Observer l'usage de viande cosch'r aux repas pris en commun (c’est-à-dire ne pas manger des animaux qui n’ont pas été saignés).
- Il y a également un quatrième point qui n’est pas mentionné ici: s'abstenir ne pas consommer de sang!
- À cette réunion de Jérusalem, Paul avait voulu atteindre deux buts précis : préserver la liberté chrétienne vis-à-vis la Loi de Moïse et être reconnu comme apôtre par l'Église-mère. Il réussit à atteindre ces deux objectifs.
- La liberté chrétienne fut préservée grâce à l’ouverture des participants. L'Esprit souffla et le mur de séparation entre les Juifs et les non-Juifs s’écroula. Dieu donna à ses apôtres la sagesse et la fermeté nécessaires pour achever une oeuvre indispensable à l'établissement d'une religion universelle.
- Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre. Un texte nous le montre en train de présenter sa défense à l'Église de Corinthe qu'il a fondée, face aux Judéo-chrétiens venus de Jérusalem : «Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon oeuvre dans le Seigneur ? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis ; car le sceau de mon apostolat, c'est vous qui l'êtes, dans le Seigneur» (1 Corinthiens 9, 1-2).
- À Jérusalem, cette reconnaissance de la part de Pierre, Jean et Jacques revêt donc une grande importance pour Paul dans son ministère. Il le souligne dans sa lettre aux Galates : «Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions nous aux païens, eux à la circoncision.» (Galates 2, 9)
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24. Résultats du Concile
Nous connaissons bien les principaux personnages du Concile de Jérusalem :
Pierre, le chef des apôtres
Après avoir écouté les arguments des participants, avec l'autorité que tous lui reconnaissent, il intervient en disant : «Vous le savez : dès les premiers jours, Dieu m’a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne nouvelle en embrassant la foi. Et Dieu, qui connait les coeurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l’Esprit Saint, tout comme à nous, puisqu’il a purifié leur coeur par la foi. Pourquoi provoquer Dieu en imposant à la nuque des disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons été capables de porter?... C'est par la grâce du Seigneur Jésus, nous le croyons, que nous avons été sauvés, exactement comme eux» (Actes 15, 10-11).
Son discours fait référence à sa propre expérience et à la compréhension qu'il a du plan de Dieu en Jésus-Christ :
Dieu a déjà pris l'initiative d’indiquer l’attitude que l’on doit avoir envers les païens, lorsqu'il me donna l'ordre de baptiser le centurion Corneille.
En raison de la faiblesse de l'homme, l'ancienne Loi ne peut être accomplie dans toute sa rigueur.
Le salut est accordé à tous gratuitement, par la seule grâce de Dieu qui agit librement en Jésus-Christ.
Par ce discours sage et pondéré, le chemin est aplani, et les participants sont prêts à accepter le point de vue de Paul et de Barnabé.
Jean, l’apôtre que Jésus aimait
En arrivant à Jérusalem, Paul et Tite font la connaissance d'un personnage que Barnabé avait déjà rencontré. On le considérait, tout comme Pierre, comme l'une des figures fondatrices du mouvement qui était né après la mort de Jésus. Il avait déjà fondé quelques communautés à Éphèse et sur la côte de l'Asie Mineure. Lors de son dernier séjour dans cette région, Paul avait pu constater que son influence n'avait pas baissé et plusieurs communautés d'Asie se réclamaient de lui.
Il s'agit ici de Jean, le fils de Zébédée, l’apôtre de Jésus, qui, avec son frère Jacques, avaient été les premiers à être appelés par le Seigneur. Il va jouer un rôle important dans le développement de l’église du premier siècle et nous laissera en héritage son évangile et le livre de l’Apocalypse (écrit probablement par l’un de ses disciples).
Jacques, le frère du Seigneur
Il est un personnage important dans l’église de Jérusalem. Dans sa 1ère Epître aux Corinthiens, Paul lui accorde une place spéciale, le présentant comme ayant été favorisé pour lui seul d'une apparition de Jésus : «Le Christ est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d'entre eux demeurent jusqu'à présent et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton.» (1 Corinthiens 15, 3-8)
Après son évasion de la prison d'Agrippa, Pierre demande à ceux qui l’entourent : «Annoncez-le à Jacques.» Lorsque tous les apôtres quittent Jérusalem pour proclamer la Bonne Nouvelle, Jacques reste sur place. À cause de lui, beaucoup de pharisiens embrassent le christianisme, dont certains prêtres de différentes classes sociales, qui semblent avoir continué à exercer leur fonction sacerdotale juive. Quand Pierre quitte Jérusalem (en 43 ou 44), Jacques le remplace à la tête de cette église.
Après le discours concluant de Pierre, ceux qui voulaient maintenir la ligne dure sur l’obligation de la circoncision, espéraient que Jacques, le conservateur, défendrait leur point de vue. Les deux partis attendaient impatiemment ce qu’il dirait. Très simplement, Jacques se leva et déclara être d’accord avec Pierre et Paul : le salut est sans condition et s'étend à toute l'humanité.
Pour permettre une entente fraternelle entre les deux partis, en homme sage, Jacques propose un compromis susceptible d'être acceptable à tous. Il demande aux incirconcis d'avoir égard aux sentiments des judéo-chrétiens sur les trois points suivants :
1. Éviter la participation aux repas des sacrifices païens.
2. S’abstenir des excès sexuels en vogue dans les temples, sous forme de prostitution rituelle.
3. Observer l'usage de viande cosch'r aux repas pris en commun.
Paul avait voulu atteindre
deux buts précis :
préserver la liberté chrétienne vis-à-vis la Loi de Moïse
et être reconnu comme apôtre par l'Église-mère.
Paul est très heureux des conclusions du Concile. Il a refusé de faire circoncire Tite afin de ne pas «sacrifier la liberté qui nous a été donnée en Jésus-Christ» et Pierre, Jacques et Jean ont accepté sa proposition. Les non-Juifs ne seront pas obligés de suivre toutes les règles de la Loi de Moïse. Cela ouvrait la porte à une chrétienté offerte à tous. Pour Paul, réintroduire dans les églises la marque symbolique de la séparation entre le pur et l'impur, entre les élus de Dieu et les païens, ce serait annuler la croix du Christ.
La liberté chrétienne fut préservée grâce à l’ouverture des participants. L'Esprit souffla et le mur de séparation entre les Juifs et les non-Juifs s’écroula. Dieu donna à ses apôtres la sagesse et la fermeté nécessaires pour achever une oeuvre indispensable à l'établissement d'une religion universelle.
Pour ce qui est du deuxième objectif de Paul - être reconnu comme apôtre à part entière -, il faut nous rappeler que depuis sa conversion, il n'avait pas été facilement accepté par la communauté chrétienne. Les Actes signalent que la peur subsistait chez bon nombre de croyants. Ananias, chez qui Paul avait été envoyé après sa conversion, répond au Seigneur qui lui était apparu dans une vision : «Seigneur, j'ai entendu bien des gens parler de cet homme et dire tout le mal qu'il a fait à tes saints à Jérusalem. Et ici il dispose des pleins pouvoirs reçus des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom» (Actes 9,13-14).
Lors de son passage à Jérusalem, après ses trois années en Arabie, les Actes parlent également d'une peur instinctive de la part des chrétiens : «Arrivé à Jérusalem, il essayait de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, n'arrivant pas à le croire vraiment disciple» (Actes 9,26).
(Malgré cette acceptation)
Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre.
...C’est triste et Paul en souffrira toute sa vie.
Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre. Un texte nous le montre en train de présenter sa défense à l'Église de Corinthe qu'il a fondée, face aux Judéo-chrétiens venus de Jérusalem : «Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon oeuvre dans le Seigneur ? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis ; car le sceau de mon apostolat, c'est vous qui l'êtes, dans le Seigneur» (1 Corinthiens 9, 1-2).
À Jérusalem, cette reconnaissance de la part de Pierre, Jean et Jacques revêt donc une grande importance pour Paul dans son ministère. Il le souligne dans sa lettre aux Galates : «Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions nous aux païens, eux à la circoncision.» (Galates 2, 9)
Le Concile de Jérusalem souligne donc cette acceptation de Paul par Pierre, Jacques et Jean. Il s’agira de savoir s’il y a là un accord véritable ou simplement une concession superficielle afin d’éviter la rupture. Les Épîtres de Paul et les Actes des Apôtres de Luc, nous révéleront que, pour plusieurs chrétiens de l'Église-mère, ce n’était qu'une sorte de tolérance accordée avec condescendance à une minorité. C’est triste et Paul en souffrira toute sa vie.
Les décisions du Concile furent communiquées à l'Église d'Antioche par une lettre, que deux délégués, accompagnant Paul, Barnabé, et Tite, furent chargés de porter : Jude, surnommé Barsabbas, originaire de Jérusalem, un chrétien de la première heure, et Silvanus, un helléniste de la diaspora, citoyen romain, portant comme Paul un nom juif et un nom latin.
Ajouté 21 minutes 8 secondes après :
- Un peu plus tard, on apprend que Pierre lui-même a décidé de venir les visiter. La nouvelle est accueillie avec beaucoup de joie par la communauté. Plusieurs n’ont jamais rencontré le chef des apôtres, mais il jouit d’un grand prestige. À son arrivée, les chrétiens démontrent de la vénération et de l’enthousiasme et ils surveillent le comportement de Pierre. Les membres de l’Église d’Antioche sont heureux de voir le pêcheur de Capharnaüm partager volontiers le repas des non-Juifs. C’est pour eux une indication que le «premier concile» a porté fruit.
- À Jérusalem cependant, l'inquiétude se change en méfiance. L'Église mère, inspirée par Jacques, juge que Pierre va trop loin. On lui expédie de nouveaux messagers pour lui rappeler que ce n'est pas parce que certains païens veulent devenir chrétiens qu'ils font partie à part entière du peuple de Dieu. Les juifs qui ont reconnu Jésus comme Messie et Sauveur, doivent maintenir leur identité en gardant une certaine distance et une certaine séparation vis-à-vis les pagano-chrétiens.
- Les nouveaux arrivants sont reçus avec respect mais ils créent un froid quand on les voit se laver les mains chaque fois qu'ils touchent à un chrétien non-Juif. Ils refusent toute invitation des pagano-chrétiens et évitent de se mettre à table avec les incirconcis.
- Comme nous l’avons dit plutôt, Pierre jusque là avait adopté les usages des chrétiens d’Antioche. Il acceptait les invitations, fréquentait les familles et participait aux agapes le jour du Seigneur. Mais à peine les nouveaux délégués de Jérusalem arrivés, il commence à vaciller. Relisons le texte de Paul à ce sujet : «Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les païens; mais, quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis.» (Galates 2, 12)
- Lorsque les judéo-chrétiens décident de s'isoler durant les agapes du samedi soir, en s'assoyant à des tables à part, et qu'ils déclarent aux Antiochiens : «Si vous ne vous laissez pas circoncire, vous ne pouvez pas être sauvés», l'orage éclate. On peut croire que ce fut une scène assez violente. C'est alors que Paul intervient. Il le fit avec conviction mais aussi avec dignité. Il résista ouvertement à Pierre et non pas sournoisement, par derrière.
- Il rappela à Pierre ce qui s’était passé dans sa propre maison à Capharnaüm, lorsque Jésus vivait. Les collecteurs d'impôts, les pécheurs et les prostituées se tenaient autour de Jésus, entraient librement dans sa maison. Maintenant, par son refus de manger avec les incirconcis, il reniait une deuxième fois son Seigneur.
- Lors du repas communautaire (l’agapè), l'instauration de deux tables, une pour les Juifs et une autre pour les non-Juifs, constituait une rupture de communion au sein d'une communauté qui confessait la même foi et partageait le même pain. Paul accuse Pierre de vouloir imposer aux non-Juifs des règles alimentaires pour prendre part aux repas. Un tel comportement est en contradiction avec les décisions de l'assemblée de Jérusalem.
- Dans cette dispute, on retrouve déjà les arguments de l'Epître aux Romains, testament de la pensée de saint Paul. Dans cette lettre, il répétera avec force que juifs et païens ont le même Seigneur. Dieu ne rejette pas Israël mais il offre le salut à tous les êtres humains et non seulement au peuple choisi.
- Le drame d’Antioche ne touchait pas seulement Pierre car d’autres avaient suivi son exemple. Le comble est que Barnabé, l’ami et le compagnon de Paul, était du nombre. C’était, aux yeux de Paul, ce qui pouvait arriver de pire : «Et les autres Juifs imitèrent Pierre dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : «Si toi qui est Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser?» (Galates 2, 13-14)
- Après ces altercations, l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue. Quelque temps plus tard, Paul écarta Marc du prochain voyage missionnaire et Barnabé refusa de partir sans son cousin de Jérusalem. Paul va donc entreprendre ce deuxième voyage avec Silas et Barnabé retournera à Chypre en compagnie de Marc : «Quelque temps après, Paul dit à Barnabé : <retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont.> Mais Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc; Paul, lui, n’était pas d’avis d’emmener celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’oeuvre avec eux. On s’échauffa, et l’on finit par se séparer. Barnabé prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre. De son côté, Paul fit choix de Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce de Dieu.» (Actes 15, 36-40)
- Le temps rétablira la vieille amitié entre les trois compagnons. Plus tard, Paul et Barnabé entreront de nouveau en relation fraternelle et partageront des informations sur leurs travaux missionnaires. Pour ce qui est de Marc, l'avenir donnera raison à Barnabé : il deviendra un homme courageux et désintéressé, un collaborateur précieux pour Pierre pendant de nombreuses années et ensuite pour Paul à la fin de sa vie. Le fougueux apôtre des nations n'a pas hésité à réparer son erreur. De sa prison, à Rome, il écrira aux Colossiens : «Marc, le cousin de Barnabé, vous salue; vous avez déjà reçu des ordres à son sujet. S'il vient chez vous, faites-lui bon accueil» (Col 4, 10). Durant sa dernière captivité, Paul écrit à Timothée : «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est d'un grand secours pour le ministère» (2 Tim 4, 11). Et dans sa lettre à Philémon (1, 23-24) : «Tu as les salutations d'Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs.
- Il ne s’agit en rien d’une erreur de Paul!
- Il a pris une décision en prenant en compte certains éléments!
- Barnabé a pris une autre décision en prenant en compte d’autres éléments!
- Ils ont décidé de se séparer!
- Le temps rétablira leur amitié!
- L’important est qu’ils aient maintenu leur fidélité!
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25. Confrontation à Antioche
Après le Concile de Jérusalem, Paul, Barnabé et Tite retournent à Antioche de Syrie. Judas et Silas, les délégués officiels de l'Église-mère, les accompagnent. Une fois rendus, ces derniers n’hésitent pas à se joindre non seulement aux Judéo-chrétiens, mais aussi aux pagano-chrétiens, ce qui fait le bonheur de tous les membres de l’Église d’Antioche.
Un peu plus tard, on apprend que Pierre lui-même a décidé de venir les visiter. La nouvelle est accueillie avec beaucoup de joie par la communauté. Plusieurs n’ont jamais rencontré le chef des apôtres, mais il jouit d’un grand prestige. À son arrivée, les chrétiens démontrent de la vénération et de l’enthousiasme et ils surveillent le comportement de Pierre. Les membres de l’Église d’Antioche sont heureux de voir le pêcheur de Capharnaüm partager volontiers le repas des non-Juifs. C’est pour eux une indication que le «premier concile» a porté fruit.
À Jérusalem cependant, l'inquiétude se change en méfiance. L'Église mère, inspirée par Jacques, juge que Pierre va trop loin. On lui expédie de nouveaux messagers pour lui rappeler que ce n'est pas parce que certains païens veulent devenir chrétiens qu'ils font partie à part entière du peuple de Dieu. Les juifs qui ont reconnu Jésus comme Messie et Sauveur, doivent maintenir leur identité en gardant une certaine distance et une certaine séparation vis-à-vis les pagano-chrétiens.
Paul résista ouvertement à Pierre
Les nouveaux arrivants sont reçus avec respect mais ils créent un froid quand on les voit se laver les mains chaque fois qu'ils touchent à un chrétien non-Juif. Ils refusent toute invitation des pagano-chrétiens et évitent de se mettre à table avec les incirconcis.
Comme nous l’avons dit plutôt, Pierre jusque là avait adopté les usages des chrétiens d’Antioche. Il acceptait les invitations, fréquentait les familles et participait aux agapes le jour du Seigneur. Mais à peine les nouveaux délégués de Jérusalem arrivés, il commence à vaciller. Relisons le texte de Paul à ce sujet : «Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les païens; mais, quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis.» (Galates 2, 12)
Lorsque les judéo-chrétiens décident de s'isoler durant les agapes du samedi soir, en s'assoyant à des tables à part, et qu'ils déclarent aux Antiochiens : «Si vous ne vous laissez pas circoncire, vous ne pouvez pas être sauvés», l'orage éclate. On peut croire que ce fut une scène assez violente. C'est alors que Paul intervient. Il le fit avec conviction mais aussi avec dignité. Il résista ouvertement à Pierre et non pas sournoisement, par derrière.
Il rappela à Pierre ce qui s’était passé dans sa propre maison à Capharnaüm, lorsque Jésus vivait. Les collecteurs d'impôts, les pécheurs et les prostituées se tenaient autour de Jésus, entraient librement dans sa maison. Maintenant, par son refus de manger avec les incirconcis, il reniait une deuxième fois son Seigneur.
Lors du repas communautaire (l’agapè), l'instauration de deux tables, une pour les Juifs et une autre pour les non-Juifs, constituait une rupture de communion au sein d'une communauté qui confessait la même foi et partageait le même pain. Paul accuse Pierre de vouloir imposer aux non-Juifs des règles alimentaires pour prendre part aux repas. Un tel comportement est en contradiction avec les décisions de l'assemblée de Jérusalem.
Dans cette dispute, on retrouve déjà les arguments de l'Epître aux Romains, testament de la pensée de saint Paul. Dans cette lettre, il répétera avec force que juifs et païens ont le même Seigneur. Dieu ne rejette pas Israël mais il offre le salut à tous les êtres humains et non seulement au peuple choisi.
Le drame d’Antioche ne touchait pas seulement Pierre car d’autres avaient suivi son exemple. Le comble est que Barnabé, l’ami et le compagnon de Paul, était du nombre. C’était, aux yeux de Paul, ce qui pouvait arriver de pire : «Et les autres Juifs imitèrent Pierre dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : «Si toi qui est Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser?» (Galates 2, 13-14)
l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue
Après ces altercations, l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue. Quelque temps plus tard, Paul écarta Marc du prochain voyage missionnaire et Barnabé refusa de partir sans son cousin de Jérusalem. Paul va donc entreprendre ce deuxième voyage avec Silas et Barnabé retournera à Chypre en compagnie de Marc : «Quelque temps après, Paul dit à Barnabé : <retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont.> Mais Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc; Paul, lui, n’était pas d’avis d’emmener celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’oeuvre avec eux. On s’échauffa, et l’on finit par se séparer. Barnabé prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre. De son côté, Paul fit choix de Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce de Dieu.» (Actes 15, 36-40)
Le temps rétablira la vieille amitié entre les trois compagnons. Plus tard, Paul et Barnabé entreront de nouveau en relation fraternelle et partageront des informations sur leurs travaux missionnaires. Pour ce qui est de Marc, l'avenir donnera raison à Barnabé : il deviendra un homme courageux et désintéressé, un collaborateur précieux pour Pierre pendant de nombreuses années et ensuite pour Paul à la fin de sa vie. Le fougueux apôtre des nations n'a pas hésité à réparer son erreur. De sa prison, à Rome, il écrira aux Colossiens : «Marc, le cousin de Barnabé, vous salue; vous avez déjà reçu des ordres à son sujet. S'il vient chez vous, faites-lui bon accueil» (Col 4, 10). Durant sa dernière captivité, Paul écrit à Timothée : «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est d'un grand secours pour le ministère» (2 Tim 4, 11). Et dans sa lettre à Philémon (1, 23-24) : «Tu as les salutations d'Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs.
Le grand mérite de Paul à Jérusalem et à Antioche
a été d’avoir su prévoir
les conséquences graves
des règles à imposer aux nouveaux chrétiens.
Le grand mérite de Paul à Jérusalem et à Antioche a été d’avoir su prévoir les conséquences graves des règles à imposer aux nouveaux chrétiens. Il ne veut pas que ceux-ci soient obligés «de devenir Juifs» pour se joindre aux chrétiens et il met fin à l’exaltation juive de la race, considérée comme le seul moyen d’atteindre la justification.
Après ces incidents d’Antioche, Pierre disparaît des récits du Nouveau Testament. Nous ne trouverons plus que deux épîtres qui portent son nom et qui ont été écrites après sa mort.
Il est intéressant de constater le silence des Actes des Apôtres sur les conflits d'Antioche. Luc en avait certainement entendu parler, puisqu'il était originaire de cette ville. Mais il était un homme de paix, conscient de sa responsabilité. Son livre fut publié beaucoup plus tard, peut-être quinze ans après la confrontation entre Pierre et Paul. Lorsque Luc écrit, la situation avait évolué. La réconciliation des deux partis était amorcée. Pourquoi rouvrir de vieilles plaies ? Et c'est ainsi que Luc a délicatement passé cet événement sous silence.
Après ces controverses, Paul et Silas entreprennent le deuxième voyage missionnaire. Cette fois, ils utilisent la voie de terre, tandis que Barnabé et Marc se rendent à l’île de Chypre. On est au début du printemps. «Paul, parcourant la Syrie et la Cilicie, affermissait les Églises.» (Actes 15, 41) Elles sont déjà nombreuses les Églises qui fleurissent dans cette région. Paul visite d’abord celles qu’il a fondées pendant son premier voyage, avant d’aller plus loin vers l’ouest.
Ajouté 11 heures 38 minutes 7 secondes après :
- Dans ce deuxième voyage, Paul voulait simplement visiter les communautés fondées au cours du voyage précédent. Lui et Silas empruntèrent la route du Nord. Traversant les Portes de Syrie, ils passèrent quelques jours à Tarse, pour se rendre ensuite dans la région où ils retrouvèrent les églises fondées par Paul trois ou quatre ans plus tôt.
- À Lystres, lieu de la lapidation, Paul rencontrera de nouveau Timothée, le fils d’Eunice. gé maintenant de dix-huit ans, toujours fervent chrétien, le jeune homme lui rappelle la promesse faite trois ans auparavant. Paul se renseigne : «Sa réputation était bonne parmi les frères de Lystre et d'Iconium.» (Actes 16, 2). Paul décide donc de le prendre avec lui. Le père de Timothée était sans doute mort prématurément. Par amour pour lui, sa mère avait renoncé à la circoncision du jeune garçon. C'était pour Paul une difficulté, vu les exigences des Juifs et des judéo-chrétiens. Selon la Loi, l'enfant devait suivre la religion de sa mère et le fait que Timothée ne soit pas circoncis pouvait attirer les critiques et les persécutions. Paul n'aurait jamais pu l’emmener dans une synagogue sans offusquer les frères qu'il voulait gagner. Paul décida de le faire circoncire.
- Timothée deviendra un collaborateur exemplaire. Pendant les nombreuses maladies de l’Apôtre, lorsqu'il se sentait à bout de force, Timothée l’assistera de son aide et de son soutien. Il le suivra à Corinthe, Éphèse, Jérusalem et Rome. Connaissant bien le grec, il sera un excellent secrétaire. C'est le souvenir reconnaissant de tous ces services qui fera écrire à Paul, lors de sa première captivité à Rome, cette phrase émue : «Je n'ai vraiment personne qui saura comme Timothée s’intéresser d’un coeur sincère à votre situation... C’est comme un fils auprès de son père qu’il a servi avec moi la cause de l’évangile.» (Phil. 2, 19-22).
- Troas est située sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure, à une quinzaine de kilomètres de l'antique Troie. Dans ce port, Paul rencontrera Luc, un autre disciple qui se joint à lui. Syrien d'Antioche et médecin de profession, il sera pendant une longue période associé à Paul et à son ministère. Il nous a laissé deux livres importants : l'Évangile qu'il a composé d'après les traditions de ceux qui avaient été dès le commencement les disciples de Jésus, et les Actes des Apôtres qu'il a rédigé après avoir été témoin du développement de l’église du premier siècle.
- Il faut saluer le moment où Luc rencontre Paul à Troas. L’apôtre des nations deviendra son sujet de prédilection. Si Paul a pris peu à peu la place qu'il occupe dans les Actes, c'est grâce à cette rencontre. Selon les spécialistes, «l’évangéliste Luc est un lettré formé au grec littéraire.» (Édouard Belebecque) Il possède parfaitement la culture hellénique et s'exprime avec élégance. Il a écrit le grec le plus pur du Nouveau Testament. Il est conciliant et a un caractère plein de douceur. Grand admirateur de Paul, il resta toujours indépendant et mesuré dans ses paroles et dans ses écrits.
- À partir de cette rencontre, nous voyons constamment Luc aux côtés de l'Apôtre. Il a partagé sa première et sa deuxième captivité à Rome. Paul mentionne Luc à trois reprises dans les Épîtres de la captivité : La première fois dans la lettre aux Colossiens : «Luc, le médecin bien-aimé, vous salue» (Col 4, 14). Cette phrase semble être l'écho de la profonde reconnaissance de Paul, si souvent malade, pour les soins médicaux de son fidèle ami. Dans sa lettre à Philémon, Paul le compte parmi ses collaborateurs. Lors de sa dernière captivité à Rome, il écrit mélancoliquement à Timothée : «Luc seul est avec moi» (2 Timothée 4, 11). Selon la tradition, après la mort de Paul, Luc aurait prêché l'Évangile en Achaïe et serait mort en Béotie, à un âge très avancé. Il aurait été enterré à Thèbes.
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26. La Phrygie et la région des Galates
Vue d'ensemble du 2e voyage missionnaire de Paul
Après le Concile de Jérusalem et la confrontation avec Pierre à Antioche de Syrie, Paul reprend sa tâche d'évangélisation. Le départ se situe probablement au printemps de l'année 49, saison où les armées partent en guerre, où les marchands s'en vont vers des terres étrangères. Paul ressent ce grand désir qui le porte toujours plus loin, vers l'Ouest : Derbé, Antioche de Pisidie, Éphèse, Thessalonique, Corinthe, Rome, l'Espagne.
Silas, son nouveau compagnon, était l'un des deux délégués de la communauté de Jérusalem, mandatés pour faire connaître les résultats du Concile. C’était un membre respecté de l’église-mère qui deviendra le camarade idéal : fidèle, généreux, prêt à tous les sacrifices, éloigné des étroitesses du judaïsme conservateur. Il avait été très proche de Pierre. Agent de liaison avec l'Église de Jérusalem, il était le signe visible de l’approbation que celle-ci accordait à la mission de Paul. De plus, il était citoyen romain, qualité précieuse vis-à-vis l'autorité publique.
Le but initial de ce deuxième voyage n'était que de revisiter les églises fondées plus tôt: Derbé, Lystre, Iconium et Antioche de Pisidie
Dans ce deuxième voyage, Paul voulait simplement visiter les communautés fondées au cours du voyage précédent. Lui et Silas empruntèrent la route du Nord. Traversant les Portes de Syrie, ils passèrent quelques jours à Tarse, pour se rendre ensuite dans la région où ils retrouvèrent les églises fondées par Paul trois ou quatre ans plus tôt.
Quand les Actes des Apôtres nous informent que Paul et Silas ont parcouru «la Phrygie et la région galate», il faut comprendre qu’ils n’ont fait que revisiter ces communautés fondées plus tôt : Derbé, Lystre, Iconium et Antioche de Pisidie situées en Galatie du Sud et à la frontière de la Phrygie et de la Lycaonie.
Les Églises de la Galatie étaient pleines de vitalité, à l’image de ce peuple établi dans la région depuis trois siècles. «Galates» est la forme grecque du nom «Gaulois». Vers l'année 280 av. J.-C., quelques tribus avaient quitté les environs de Toulouse pour se rendre aux pays du Danube. En traversant la Grèce, ils avaient pénétré en Asie Mineure. En chemin, ils pillèrent à coeur joie, et se fixèrent enfin sur les deux rives de l'Halys, où ils fondèrent les villes de Pessinonte, Ancyre (l'actuel Ankara) et Tavium. Leur dernier roi, Amyntas, s'était mis à la solde des Romains et avait étendu sa domination sur l'Arménie Mineure, la Pisidie, la Lycaonie et l'Isaurie.
Très tôt, ces tribus gauloises avaient éveillé chez les Grecs la peur et l'épouvante, détail que l’on retrouve dans l'art hellénique. En l'année 240 av. J-C., Attale 1er de Pergame avait réussi, par une éclatante victoire à chasser les Galates de son royaume. En souvenir il édifia sur l'Acropole d'Athènes un monument orné de nombreuses figures. Deux de ces très belles sculptures de l'école de Pergame «le Gaulois mourant» et «le groupe de Gaulois», se retrouvent aujourd’hui dans les musées de Rome et proclament le souvenir de l'invasion des Gaulois.
À la communauté de Derbé, Paul rappelle le piteux état dans lequel il était arrivé dans la bourgade, après avoir été lapidé à Lystres. Sa longue convalescence lui avait permis de faire un grand nombre de conversions. C'est en ce pays des Galates, qu'une maladie va le foudroyer et le clouer sur place. Évoquant plus tard ce triste épisode, il se rappellera l'état physique misérable dans lequel l'ont aperçu ses fidèles : «Si éprouvant pour vous que fût mon corps, vous n'avez montré ni dédain, ni dégoût. Au contraire, vous m'avez accueilli comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. [...] Je vous rends ce témoignage : si vous l'aviez pu, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner.» (Galates 4, 14)
À Lystres, Paul rencontre de nouveau le jeune Timothée et le prend avec lui.
Timothée le suivra jusqu'à devenir plus tard évêque d'Éphèse et y mourrir martyr par lapidation.
À Lystres, lieu de la lapidation, Paul rencontrera de nouveau Timothée, le fils d’Eunice. gé maintenant de dix-huit ans, toujours fervent chrétien, le jeune homme lui rappelle la promesse faite trois ans auparavant. Paul se renseigne : «Sa réputation était bonne parmi les frères de Lystre et d'Iconium.» (Actes 16, 2). Paul décide donc de le prendre avec lui. Le père de Timothée était sans doute mort prématurément. Par amour pour lui, sa mère avait renoncé à la circoncision du jeune garçon. C'était pour Paul une difficulté, vu les exigences des Juifs et des judéo-chrétiens. Selon la Loi, l'enfant devait suivre la religion de sa mère et le fait que Timothée ne soit pas circoncis pouvait attirer les critiques et les persécutions. Paul n'aurait jamais pu l’emmener dans une synagogue sans offusquer les frères qu'il voulait gagner. Paul décida de le faire circoncire.
On se souvient qu’au Concile de Jérusalem, dans le cas de Tite, Paul avait refusé la circoncision, parce que celui-ci était de descendance païenne. Il l’avait fait pour une raison de principe. Le cas présent était différent. La cérémonie n'était qu'une question d'opportunisme et Paul n'avait pas l'habitude de trébucher sur des problèmes de moindre importance. Il n’avait jamais demandé aux Juifs de ne pas se faire circoncire. Ce qu'il ne trouvait pas raisonnable, c'était d'imposer cette loi aux païens convertis. C'était sagesse de sa part, autrement il aurait fallu «devenir Juif» avant de devenir chrétien.
Timothée deviendra un collaborateur exemplaire. Pendant les nombreuses maladies de l’Apôtre, lorsqu'il se sentait à bout de force, Timothée l’assistera de son aide et de son soutien. Il le suivra à Corinthe, Éphèse, Jérusalem et Rome. Connaissant bien le grec, il sera un excellent secrétaire. C'est le souvenir reconnaissant de tous ces services qui fera écrire à Paul, lors de sa première captivité à Rome, cette phrase émue : «Je n'ai vraiment personne qui saura comme Timothée s’intéresser d’un coeur sincère à votre situation... C’est comme un fils auprès de son père qu’il a servi avec moi la cause de l’évangile.» (Phil. 2, 19-22).
Guidé par l'Esprit Saint, Paul décide de se rendre à Troas, port de mer au nord-ouest de l'Asie
Mineure (Turquie actuelle)
Troas, ville aujourd'hui disparue: vestiges des thermes d'Herodes Atticus
Luc (évangéliste et rédacteur des Actes) rencontre Paul à Troas, l'admire profondément et le suivra désormais dans tous ses déplacements.
Après avoir visité les chrétiens d'Antioche de Pisidie, Paul hésite et se demandant quelle direction prendre. Il avait traversé, l'Asie Mineure du sud-est au nord-ouest, sans avoir de plan précis, sinon celui de visiter ses Églises. Il décida alors de se rendre à Troas, un port de mer important qui faisait le lien entre l’Europe et l’Asie. Au temps de Paul cependant, la notion d’Europe et d’Asie n’existait pas. On parlait simplement de différentes provinces romaines.
César Auguste avait fait de la ville de Troas une colonie de vétérans. C'est ainsi que Rome et la Grèce se donnaient la main. De nos jours, il existe encore des ruines imposantes, des aqueducs, des arcades, des colonnes de granit, des pierres de taille provenant du stade, ruines qui témoignent de la puissance de Rome à Troas. Dans ce port de mer, Paul créa une église qui se développa rapidement. Plus tard, il aura des collaborateurs de grande valeur, tel qu’Épaphrodite.
Troas est située sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure, à une quinzaine de kilomètres de l'antique Troie. Dans ce port, Paul rencontrera Luc, un autre disciple qui se joint à lui. Syrien d'Antioche et médecin de profession, il sera pendant une longue période associé à Paul et à son ministère. Il nous a laissé deux livres importants : l'Évangile qu'il a composé d'après les traditions de ceux qui avaient été dès le commencement les disciples de Jésus, et les Actes des Apôtres qu'il a rédigé après avoir été témoin du développement de l’église du premier siècle.
Il faut saluer le moment où Luc rencontre Paul à Troas. L’apôtre des nations deviendra son sujet de prédilection. Si Paul a pris peu à peu la place qu'il occupe dans les Actes, c'est grâce à cette rencontre. Selon les spécialistes, «l’évangéliste Luc est un lettré formé au grec littéraire.» (Édouard Belebecque) Il possède parfaitement la culture hellénique et s'exprime avec élégance. Il a écrit le grec le plus pur du Nouveau Testament. Il est conciliant et a un caractère plein de douceur. Grand admirateur de Paul, il resta toujours indépendant et mesuré dans ses paroles et dans ses écrits.
Statue de saint Luc l'Évangéliste dans la cathédrale Notre-Dame d'Amiens
Eusèbe affirme que Luc était originaire d’Antioche de Syrie. Ses grandes connaissances nautiques permettent de conclure qu'il est né dans une ville maritime et qu'il a beaucoup voyagé, à l'instar des médecins grecs, qui étaient de grands voyageurs. À cette époque, Luc exerçait peut-être son métier dans le port de Troas. La rencontre de Paul et de Luc fut le point de départ d'une des amitiés les plus riches de l'histoire du christianisme. Luc sera, pour toutes les générations à venir, le disciple confiant, dévoué, doté de cette qualité rare qu'est l'admiration.
Dans les universités grecques, la médecine était aussi considérée que la philosophie. Luc occupait donc dans la société de son temps un rang social analogue à celui d'un médecin d’aujourd’hui. Les Romains par contre n’avaient aucun respect pour les médecins qu’ils considéraient comme des charlatans.
À partir de cette rencontre, nous voyons constamment Luc aux côtés de l'Apôtre. Il a partagé sa première et sa deuxième captivité à Rome. Paul mentionne Luc à trois reprises dans les Épîtres de la captivité : La première fois dans la lettre aux Colossiens : «Luc, le médecin bien-aimé, vous salue» (Col 4, 14). Cette phrase semble être l'écho de la profonde reconnaissance de Paul, si souvent malade, pour les soins médicaux de son fidèle ami. Dans sa lettre à Philémon, Paul le compte parmi ses collaborateurs. Lors de sa dernière captivité à Rome, il écrit mélancoliquement à Timothée : «Luc seul est avec moi» (2 Timothée 4, 11). Selon la tradition, après la mort de Paul, Luc aurait prêché l'Évangile en Achaïe et serait mort en Béotie, à un âge très avancé. Il aurait été enterré à Thèbes.
Grâce à Luc et à Paul, nous possédons deux tableaux de l'Église naissante : l'un dans les Épitres, où Paul s’exprime de façon passionnée, l'autre dans les Actes des Apôtres où Luc écrit d'une main plus égale, celle du chirurgien qui manie le bistouri et la plume avec la même assurance.
Pendant qu’il était à Troas, Paul fit un rêve dans lequel, lui et ses compagnons étaient invités à se rendre de l'autre côté du bras de mer reliant la Mer Égée à la Mer de Marmara. «Aussitôt, nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, persuadés que Dieu nous appelait à y porter l'Évangile» (Actes 16, 9-10).
1. Éviter la participation aux repas des sacrifices païens.
2. S’abstenir des excès sexuels en vogue dans les temples, sous forme de prostitution rituelle.
3. Observer l'usage de viande cosch'r aux repas pris en commun (c’est-à-dire ne pas manger des animaux qui n’ont pas été saignés).
- Il y a également un quatrième point qui n’est pas mentionné ici: s'abstenir ne pas consommer de sang!
- À cette réunion de Jérusalem, Paul avait voulu atteindre deux buts précis : préserver la liberté chrétienne vis-à-vis la Loi de Moïse et être reconnu comme apôtre par l'Église-mère. Il réussit à atteindre ces deux objectifs.
- La liberté chrétienne fut préservée grâce à l’ouverture des participants. L'Esprit souffla et le mur de séparation entre les Juifs et les non-Juifs s’écroula. Dieu donna à ses apôtres la sagesse et la fermeté nécessaires pour achever une oeuvre indispensable à l'établissement d'une religion universelle.
- Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre. Un texte nous le montre en train de présenter sa défense à l'Église de Corinthe qu'il a fondée, face aux Judéo-chrétiens venus de Jérusalem : «Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon oeuvre dans le Seigneur ? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis ; car le sceau de mon apostolat, c'est vous qui l'êtes, dans le Seigneur» (1 Corinthiens 9, 1-2).
- À Jérusalem, cette reconnaissance de la part de Pierre, Jean et Jacques revêt donc une grande importance pour Paul dans son ministère. Il le souligne dans sa lettre aux Galates : «Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions nous aux païens, eux à la circoncision.» (Galates 2, 9)
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24. Résultats du Concile
Nous connaissons bien les principaux personnages du Concile de Jérusalem :
Pierre, le chef des apôtres
Après avoir écouté les arguments des participants, avec l'autorité que tous lui reconnaissent, il intervient en disant : «Vous le savez : dès les premiers jours, Dieu m’a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne nouvelle en embrassant la foi. Et Dieu, qui connait les coeurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l’Esprit Saint, tout comme à nous, puisqu’il a purifié leur coeur par la foi. Pourquoi provoquer Dieu en imposant à la nuque des disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons été capables de porter?... C'est par la grâce du Seigneur Jésus, nous le croyons, que nous avons été sauvés, exactement comme eux» (Actes 15, 10-11).
Son discours fait référence à sa propre expérience et à la compréhension qu'il a du plan de Dieu en Jésus-Christ :
Dieu a déjà pris l'initiative d’indiquer l’attitude que l’on doit avoir envers les païens, lorsqu'il me donna l'ordre de baptiser le centurion Corneille.
En raison de la faiblesse de l'homme, l'ancienne Loi ne peut être accomplie dans toute sa rigueur.
Le salut est accordé à tous gratuitement, par la seule grâce de Dieu qui agit librement en Jésus-Christ.
Par ce discours sage et pondéré, le chemin est aplani, et les participants sont prêts à accepter le point de vue de Paul et de Barnabé.
Jean, l’apôtre que Jésus aimait
En arrivant à Jérusalem, Paul et Tite font la connaissance d'un personnage que Barnabé avait déjà rencontré. On le considérait, tout comme Pierre, comme l'une des figures fondatrices du mouvement qui était né après la mort de Jésus. Il avait déjà fondé quelques communautés à Éphèse et sur la côte de l'Asie Mineure. Lors de son dernier séjour dans cette région, Paul avait pu constater que son influence n'avait pas baissé et plusieurs communautés d'Asie se réclamaient de lui.
Il s'agit ici de Jean, le fils de Zébédée, l’apôtre de Jésus, qui, avec son frère Jacques, avaient été les premiers à être appelés par le Seigneur. Il va jouer un rôle important dans le développement de l’église du premier siècle et nous laissera en héritage son évangile et le livre de l’Apocalypse (écrit probablement par l’un de ses disciples).
Jacques, le frère du Seigneur
Il est un personnage important dans l’église de Jérusalem. Dans sa 1ère Epître aux Corinthiens, Paul lui accorde une place spéciale, le présentant comme ayant été favorisé pour lui seul d'une apparition de Jésus : «Le Christ est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d'entre eux demeurent jusqu'à présent et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton.» (1 Corinthiens 15, 3-8)
Après son évasion de la prison d'Agrippa, Pierre demande à ceux qui l’entourent : «Annoncez-le à Jacques.» Lorsque tous les apôtres quittent Jérusalem pour proclamer la Bonne Nouvelle, Jacques reste sur place. À cause de lui, beaucoup de pharisiens embrassent le christianisme, dont certains prêtres de différentes classes sociales, qui semblent avoir continué à exercer leur fonction sacerdotale juive. Quand Pierre quitte Jérusalem (en 43 ou 44), Jacques le remplace à la tête de cette église.
Après le discours concluant de Pierre, ceux qui voulaient maintenir la ligne dure sur l’obligation de la circoncision, espéraient que Jacques, le conservateur, défendrait leur point de vue. Les deux partis attendaient impatiemment ce qu’il dirait. Très simplement, Jacques se leva et déclara être d’accord avec Pierre et Paul : le salut est sans condition et s'étend à toute l'humanité.
Pour permettre une entente fraternelle entre les deux partis, en homme sage, Jacques propose un compromis susceptible d'être acceptable à tous. Il demande aux incirconcis d'avoir égard aux sentiments des judéo-chrétiens sur les trois points suivants :
1. Éviter la participation aux repas des sacrifices païens.
2. S’abstenir des excès sexuels en vogue dans les temples, sous forme de prostitution rituelle.
3. Observer l'usage de viande cosch'r aux repas pris en commun.
Paul avait voulu atteindre
deux buts précis :
préserver la liberté chrétienne vis-à-vis la Loi de Moïse
et être reconnu comme apôtre par l'Église-mère.
Paul est très heureux des conclusions du Concile. Il a refusé de faire circoncire Tite afin de ne pas «sacrifier la liberté qui nous a été donnée en Jésus-Christ» et Pierre, Jacques et Jean ont accepté sa proposition. Les non-Juifs ne seront pas obligés de suivre toutes les règles de la Loi de Moïse. Cela ouvrait la porte à une chrétienté offerte à tous. Pour Paul, réintroduire dans les églises la marque symbolique de la séparation entre le pur et l'impur, entre les élus de Dieu et les païens, ce serait annuler la croix du Christ.
La liberté chrétienne fut préservée grâce à l’ouverture des participants. L'Esprit souffla et le mur de séparation entre les Juifs et les non-Juifs s’écroula. Dieu donna à ses apôtres la sagesse et la fermeté nécessaires pour achever une oeuvre indispensable à l'établissement d'une religion universelle.
Pour ce qui est du deuxième objectif de Paul - être reconnu comme apôtre à part entière -, il faut nous rappeler que depuis sa conversion, il n'avait pas été facilement accepté par la communauté chrétienne. Les Actes signalent que la peur subsistait chez bon nombre de croyants. Ananias, chez qui Paul avait été envoyé après sa conversion, répond au Seigneur qui lui était apparu dans une vision : «Seigneur, j'ai entendu bien des gens parler de cet homme et dire tout le mal qu'il a fait à tes saints à Jérusalem. Et ici il dispose des pleins pouvoirs reçus des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom» (Actes 9,13-14).
Lors de son passage à Jérusalem, après ses trois années en Arabie, les Actes parlent également d'une peur instinctive de la part des chrétiens : «Arrivé à Jérusalem, il essayait de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, n'arrivant pas à le croire vraiment disciple» (Actes 9,26).
(Malgré cette acceptation)
Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre.
...C’est triste et Paul en souffrira toute sa vie.
Paul devra défendre continuellement son statut d’apôtre. Un texte nous le montre en train de présenter sa défense à l'Église de Corinthe qu'il a fondée, face aux Judéo-chrétiens venus de Jérusalem : «Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon oeuvre dans le Seigneur ? Si pour d'autres, je ne suis pas apôtre, pour vous au moins je le suis ; car le sceau de mon apostolat, c'est vous qui l'êtes, dans le Seigneur» (1 Corinthiens 9, 1-2).
À Jérusalem, cette reconnaissance de la part de Pierre, Jean et Jacques revêt donc une grande importance pour Paul dans son ministère. Il le souligne dans sa lettre aux Galates : «Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions nous aux païens, eux à la circoncision.» (Galates 2, 9)
Le Concile de Jérusalem souligne donc cette acceptation de Paul par Pierre, Jacques et Jean. Il s’agira de savoir s’il y a là un accord véritable ou simplement une concession superficielle afin d’éviter la rupture. Les Épîtres de Paul et les Actes des Apôtres de Luc, nous révéleront que, pour plusieurs chrétiens de l'Église-mère, ce n’était qu'une sorte de tolérance accordée avec condescendance à une minorité. C’est triste et Paul en souffrira toute sa vie.
Les décisions du Concile furent communiquées à l'Église d'Antioche par une lettre, que deux délégués, accompagnant Paul, Barnabé, et Tite, furent chargés de porter : Jude, surnommé Barsabbas, originaire de Jérusalem, un chrétien de la première heure, et Silvanus, un helléniste de la diaspora, citoyen romain, portant comme Paul un nom juif et un nom latin.
Ajouté 21 minutes 8 secondes après :
- Un peu plus tard, on apprend que Pierre lui-même a décidé de venir les visiter. La nouvelle est accueillie avec beaucoup de joie par la communauté. Plusieurs n’ont jamais rencontré le chef des apôtres, mais il jouit d’un grand prestige. À son arrivée, les chrétiens démontrent de la vénération et de l’enthousiasme et ils surveillent le comportement de Pierre. Les membres de l’Église d’Antioche sont heureux de voir le pêcheur de Capharnaüm partager volontiers le repas des non-Juifs. C’est pour eux une indication que le «premier concile» a porté fruit.
- À Jérusalem cependant, l'inquiétude se change en méfiance. L'Église mère, inspirée par Jacques, juge que Pierre va trop loin. On lui expédie de nouveaux messagers pour lui rappeler que ce n'est pas parce que certains païens veulent devenir chrétiens qu'ils font partie à part entière du peuple de Dieu. Les juifs qui ont reconnu Jésus comme Messie et Sauveur, doivent maintenir leur identité en gardant une certaine distance et une certaine séparation vis-à-vis les pagano-chrétiens.
- Les nouveaux arrivants sont reçus avec respect mais ils créent un froid quand on les voit se laver les mains chaque fois qu'ils touchent à un chrétien non-Juif. Ils refusent toute invitation des pagano-chrétiens et évitent de se mettre à table avec les incirconcis.
- Comme nous l’avons dit plutôt, Pierre jusque là avait adopté les usages des chrétiens d’Antioche. Il acceptait les invitations, fréquentait les familles et participait aux agapes le jour du Seigneur. Mais à peine les nouveaux délégués de Jérusalem arrivés, il commence à vaciller. Relisons le texte de Paul à ce sujet : «Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les païens; mais, quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis.» (Galates 2, 12)
- Lorsque les judéo-chrétiens décident de s'isoler durant les agapes du samedi soir, en s'assoyant à des tables à part, et qu'ils déclarent aux Antiochiens : «Si vous ne vous laissez pas circoncire, vous ne pouvez pas être sauvés», l'orage éclate. On peut croire que ce fut une scène assez violente. C'est alors que Paul intervient. Il le fit avec conviction mais aussi avec dignité. Il résista ouvertement à Pierre et non pas sournoisement, par derrière.
- Il rappela à Pierre ce qui s’était passé dans sa propre maison à Capharnaüm, lorsque Jésus vivait. Les collecteurs d'impôts, les pécheurs et les prostituées se tenaient autour de Jésus, entraient librement dans sa maison. Maintenant, par son refus de manger avec les incirconcis, il reniait une deuxième fois son Seigneur.
- Lors du repas communautaire (l’agapè), l'instauration de deux tables, une pour les Juifs et une autre pour les non-Juifs, constituait une rupture de communion au sein d'une communauté qui confessait la même foi et partageait le même pain. Paul accuse Pierre de vouloir imposer aux non-Juifs des règles alimentaires pour prendre part aux repas. Un tel comportement est en contradiction avec les décisions de l'assemblée de Jérusalem.
- Dans cette dispute, on retrouve déjà les arguments de l'Epître aux Romains, testament de la pensée de saint Paul. Dans cette lettre, il répétera avec force que juifs et païens ont le même Seigneur. Dieu ne rejette pas Israël mais il offre le salut à tous les êtres humains et non seulement au peuple choisi.
- Le drame d’Antioche ne touchait pas seulement Pierre car d’autres avaient suivi son exemple. Le comble est que Barnabé, l’ami et le compagnon de Paul, était du nombre. C’était, aux yeux de Paul, ce qui pouvait arriver de pire : «Et les autres Juifs imitèrent Pierre dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : «Si toi qui est Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser?» (Galates 2, 13-14)
- Après ces altercations, l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue. Quelque temps plus tard, Paul écarta Marc du prochain voyage missionnaire et Barnabé refusa de partir sans son cousin de Jérusalem. Paul va donc entreprendre ce deuxième voyage avec Silas et Barnabé retournera à Chypre en compagnie de Marc : «Quelque temps après, Paul dit à Barnabé : <retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont.> Mais Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc; Paul, lui, n’était pas d’avis d’emmener celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’oeuvre avec eux. On s’échauffa, et l’on finit par se séparer. Barnabé prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre. De son côté, Paul fit choix de Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce de Dieu.» (Actes 15, 36-40)
- Le temps rétablira la vieille amitié entre les trois compagnons. Plus tard, Paul et Barnabé entreront de nouveau en relation fraternelle et partageront des informations sur leurs travaux missionnaires. Pour ce qui est de Marc, l'avenir donnera raison à Barnabé : il deviendra un homme courageux et désintéressé, un collaborateur précieux pour Pierre pendant de nombreuses années et ensuite pour Paul à la fin de sa vie. Le fougueux apôtre des nations n'a pas hésité à réparer son erreur. De sa prison, à Rome, il écrira aux Colossiens : «Marc, le cousin de Barnabé, vous salue; vous avez déjà reçu des ordres à son sujet. S'il vient chez vous, faites-lui bon accueil» (Col 4, 10). Durant sa dernière captivité, Paul écrit à Timothée : «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est d'un grand secours pour le ministère» (2 Tim 4, 11). Et dans sa lettre à Philémon (1, 23-24) : «Tu as les salutations d'Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs.
- Il ne s’agit en rien d’une erreur de Paul!
- Il a pris une décision en prenant en compte certains éléments!
- Barnabé a pris une autre décision en prenant en compte d’autres éléments!
- Ils ont décidé de se séparer!
- Le temps rétablira leur amitié!
- L’important est qu’ils aient maintenu leur fidélité!
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25. Confrontation à Antioche
Après le Concile de Jérusalem, Paul, Barnabé et Tite retournent à Antioche de Syrie. Judas et Silas, les délégués officiels de l'Église-mère, les accompagnent. Une fois rendus, ces derniers n’hésitent pas à se joindre non seulement aux Judéo-chrétiens, mais aussi aux pagano-chrétiens, ce qui fait le bonheur de tous les membres de l’Église d’Antioche.
Un peu plus tard, on apprend que Pierre lui-même a décidé de venir les visiter. La nouvelle est accueillie avec beaucoup de joie par la communauté. Plusieurs n’ont jamais rencontré le chef des apôtres, mais il jouit d’un grand prestige. À son arrivée, les chrétiens démontrent de la vénération et de l’enthousiasme et ils surveillent le comportement de Pierre. Les membres de l’Église d’Antioche sont heureux de voir le pêcheur de Capharnaüm partager volontiers le repas des non-Juifs. C’est pour eux une indication que le «premier concile» a porté fruit.
À Jérusalem cependant, l'inquiétude se change en méfiance. L'Église mère, inspirée par Jacques, juge que Pierre va trop loin. On lui expédie de nouveaux messagers pour lui rappeler que ce n'est pas parce que certains païens veulent devenir chrétiens qu'ils font partie à part entière du peuple de Dieu. Les juifs qui ont reconnu Jésus comme Messie et Sauveur, doivent maintenir leur identité en gardant une certaine distance et une certaine séparation vis-à-vis les pagano-chrétiens.
Paul résista ouvertement à Pierre
Les nouveaux arrivants sont reçus avec respect mais ils créent un froid quand on les voit se laver les mains chaque fois qu'ils touchent à un chrétien non-Juif. Ils refusent toute invitation des pagano-chrétiens et évitent de se mettre à table avec les incirconcis.
Comme nous l’avons dit plutôt, Pierre jusque là avait adopté les usages des chrétiens d’Antioche. Il acceptait les invitations, fréquentait les familles et participait aux agapes le jour du Seigneur. Mais à peine les nouveaux délégués de Jérusalem arrivés, il commence à vaciller. Relisons le texte de Paul à ce sujet : «Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, Pierre prenait ses repas avec les païens; mais, quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l'écart, par peur des circoncis.» (Galates 2, 12)
Lorsque les judéo-chrétiens décident de s'isoler durant les agapes du samedi soir, en s'assoyant à des tables à part, et qu'ils déclarent aux Antiochiens : «Si vous ne vous laissez pas circoncire, vous ne pouvez pas être sauvés», l'orage éclate. On peut croire que ce fut une scène assez violente. C'est alors que Paul intervient. Il le fit avec conviction mais aussi avec dignité. Il résista ouvertement à Pierre et non pas sournoisement, par derrière.
Il rappela à Pierre ce qui s’était passé dans sa propre maison à Capharnaüm, lorsque Jésus vivait. Les collecteurs d'impôts, les pécheurs et les prostituées se tenaient autour de Jésus, entraient librement dans sa maison. Maintenant, par son refus de manger avec les incirconcis, il reniait une deuxième fois son Seigneur.
Lors du repas communautaire (l’agapè), l'instauration de deux tables, une pour les Juifs et une autre pour les non-Juifs, constituait une rupture de communion au sein d'une communauté qui confessait la même foi et partageait le même pain. Paul accuse Pierre de vouloir imposer aux non-Juifs des règles alimentaires pour prendre part aux repas. Un tel comportement est en contradiction avec les décisions de l'assemblée de Jérusalem.
Dans cette dispute, on retrouve déjà les arguments de l'Epître aux Romains, testament de la pensée de saint Paul. Dans cette lettre, il répétera avec force que juifs et païens ont le même Seigneur. Dieu ne rejette pas Israël mais il offre le salut à tous les êtres humains et non seulement au peuple choisi.
Le drame d’Antioche ne touchait pas seulement Pierre car d’autres avaient suivi son exemple. Le comble est que Barnabé, l’ami et le compagnon de Paul, était du nombre. C’était, aux yeux de Paul, ce qui pouvait arriver de pire : «Et les autres Juifs imitèrent Pierre dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : «Si toi qui est Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser?» (Galates 2, 13-14)
l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue
Après ces altercations, l’amitié entre Paul et Barnabé a été rompue. Quelque temps plus tard, Paul écarta Marc du prochain voyage missionnaire et Barnabé refusa de partir sans son cousin de Jérusalem. Paul va donc entreprendre ce deuxième voyage avec Silas et Barnabé retournera à Chypre en compagnie de Marc : «Quelque temps après, Paul dit à Barnabé : <retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont.> Mais Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc; Paul, lui, n’était pas d’avis d’emmener celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’oeuvre avec eux. On s’échauffa, et l’on finit par se séparer. Barnabé prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre. De son côté, Paul fit choix de Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce de Dieu.» (Actes 15, 36-40)
Le temps rétablira la vieille amitié entre les trois compagnons. Plus tard, Paul et Barnabé entreront de nouveau en relation fraternelle et partageront des informations sur leurs travaux missionnaires. Pour ce qui est de Marc, l'avenir donnera raison à Barnabé : il deviendra un homme courageux et désintéressé, un collaborateur précieux pour Pierre pendant de nombreuses années et ensuite pour Paul à la fin de sa vie. Le fougueux apôtre des nations n'a pas hésité à réparer son erreur. De sa prison, à Rome, il écrira aux Colossiens : «Marc, le cousin de Barnabé, vous salue; vous avez déjà reçu des ordres à son sujet. S'il vient chez vous, faites-lui bon accueil» (Col 4, 10). Durant sa dernière captivité, Paul écrit à Timothée : «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est d'un grand secours pour le ministère» (2 Tim 4, 11). Et dans sa lettre à Philémon (1, 23-24) : «Tu as les salutations d'Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, ainsi que de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs.
Le grand mérite de Paul à Jérusalem et à Antioche
a été d’avoir su prévoir
les conséquences graves
des règles à imposer aux nouveaux chrétiens.
Le grand mérite de Paul à Jérusalem et à Antioche a été d’avoir su prévoir les conséquences graves des règles à imposer aux nouveaux chrétiens. Il ne veut pas que ceux-ci soient obligés «de devenir Juifs» pour se joindre aux chrétiens et il met fin à l’exaltation juive de la race, considérée comme le seul moyen d’atteindre la justification.
Après ces incidents d’Antioche, Pierre disparaît des récits du Nouveau Testament. Nous ne trouverons plus que deux épîtres qui portent son nom et qui ont été écrites après sa mort.
Il est intéressant de constater le silence des Actes des Apôtres sur les conflits d'Antioche. Luc en avait certainement entendu parler, puisqu'il était originaire de cette ville. Mais il était un homme de paix, conscient de sa responsabilité. Son livre fut publié beaucoup plus tard, peut-être quinze ans après la confrontation entre Pierre et Paul. Lorsque Luc écrit, la situation avait évolué. La réconciliation des deux partis était amorcée. Pourquoi rouvrir de vieilles plaies ? Et c'est ainsi que Luc a délicatement passé cet événement sous silence.
Après ces controverses, Paul et Silas entreprennent le deuxième voyage missionnaire. Cette fois, ils utilisent la voie de terre, tandis que Barnabé et Marc se rendent à l’île de Chypre. On est au début du printemps. «Paul, parcourant la Syrie et la Cilicie, affermissait les Églises.» (Actes 15, 41) Elles sont déjà nombreuses les Églises qui fleurissent dans cette région. Paul visite d’abord celles qu’il a fondées pendant son premier voyage, avant d’aller plus loin vers l’ouest.
Ajouté 11 heures 38 minutes 7 secondes après :
- Dans ce deuxième voyage, Paul voulait simplement visiter les communautés fondées au cours du voyage précédent. Lui et Silas empruntèrent la route du Nord. Traversant les Portes de Syrie, ils passèrent quelques jours à Tarse, pour se rendre ensuite dans la région où ils retrouvèrent les églises fondées par Paul trois ou quatre ans plus tôt.
- À Lystres, lieu de la lapidation, Paul rencontrera de nouveau Timothée, le fils d’Eunice. gé maintenant de dix-huit ans, toujours fervent chrétien, le jeune homme lui rappelle la promesse faite trois ans auparavant. Paul se renseigne : «Sa réputation était bonne parmi les frères de Lystre et d'Iconium.» (Actes 16, 2). Paul décide donc de le prendre avec lui. Le père de Timothée était sans doute mort prématurément. Par amour pour lui, sa mère avait renoncé à la circoncision du jeune garçon. C'était pour Paul une difficulté, vu les exigences des Juifs et des judéo-chrétiens. Selon la Loi, l'enfant devait suivre la religion de sa mère et le fait que Timothée ne soit pas circoncis pouvait attirer les critiques et les persécutions. Paul n'aurait jamais pu l’emmener dans une synagogue sans offusquer les frères qu'il voulait gagner. Paul décida de le faire circoncire.
- Timothée deviendra un collaborateur exemplaire. Pendant les nombreuses maladies de l’Apôtre, lorsqu'il se sentait à bout de force, Timothée l’assistera de son aide et de son soutien. Il le suivra à Corinthe, Éphèse, Jérusalem et Rome. Connaissant bien le grec, il sera un excellent secrétaire. C'est le souvenir reconnaissant de tous ces services qui fera écrire à Paul, lors de sa première captivité à Rome, cette phrase émue : «Je n'ai vraiment personne qui saura comme Timothée s’intéresser d’un coeur sincère à votre situation... C’est comme un fils auprès de son père qu’il a servi avec moi la cause de l’évangile.» (Phil. 2, 19-22).
- Troas est située sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure, à une quinzaine de kilomètres de l'antique Troie. Dans ce port, Paul rencontrera Luc, un autre disciple qui se joint à lui. Syrien d'Antioche et médecin de profession, il sera pendant une longue période associé à Paul et à son ministère. Il nous a laissé deux livres importants : l'Évangile qu'il a composé d'après les traditions de ceux qui avaient été dès le commencement les disciples de Jésus, et les Actes des Apôtres qu'il a rédigé après avoir été témoin du développement de l’église du premier siècle.
- Il faut saluer le moment où Luc rencontre Paul à Troas. L’apôtre des nations deviendra son sujet de prédilection. Si Paul a pris peu à peu la place qu'il occupe dans les Actes, c'est grâce à cette rencontre. Selon les spécialistes, «l’évangéliste Luc est un lettré formé au grec littéraire.» (Édouard Belebecque) Il possède parfaitement la culture hellénique et s'exprime avec élégance. Il a écrit le grec le plus pur du Nouveau Testament. Il est conciliant et a un caractère plein de douceur. Grand admirateur de Paul, il resta toujours indépendant et mesuré dans ses paroles et dans ses écrits.
- À partir de cette rencontre, nous voyons constamment Luc aux côtés de l'Apôtre. Il a partagé sa première et sa deuxième captivité à Rome. Paul mentionne Luc à trois reprises dans les Épîtres de la captivité : La première fois dans la lettre aux Colossiens : «Luc, le médecin bien-aimé, vous salue» (Col 4, 14). Cette phrase semble être l'écho de la profonde reconnaissance de Paul, si souvent malade, pour les soins médicaux de son fidèle ami. Dans sa lettre à Philémon, Paul le compte parmi ses collaborateurs. Lors de sa dernière captivité à Rome, il écrit mélancoliquement à Timothée : «Luc seul est avec moi» (2 Timothée 4, 11). Selon la tradition, après la mort de Paul, Luc aurait prêché l'Évangile en Achaïe et serait mort en Béotie, à un âge très avancé. Il aurait été enterré à Thèbes.
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26. La Phrygie et la région des Galates
Vue d'ensemble du 2e voyage missionnaire de Paul
Après le Concile de Jérusalem et la confrontation avec Pierre à Antioche de Syrie, Paul reprend sa tâche d'évangélisation. Le départ se situe probablement au printemps de l'année 49, saison où les armées partent en guerre, où les marchands s'en vont vers des terres étrangères. Paul ressent ce grand désir qui le porte toujours plus loin, vers l'Ouest : Derbé, Antioche de Pisidie, Éphèse, Thessalonique, Corinthe, Rome, l'Espagne.
Silas, son nouveau compagnon, était l'un des deux délégués de la communauté de Jérusalem, mandatés pour faire connaître les résultats du Concile. C’était un membre respecté de l’église-mère qui deviendra le camarade idéal : fidèle, généreux, prêt à tous les sacrifices, éloigné des étroitesses du judaïsme conservateur. Il avait été très proche de Pierre. Agent de liaison avec l'Église de Jérusalem, il était le signe visible de l’approbation que celle-ci accordait à la mission de Paul. De plus, il était citoyen romain, qualité précieuse vis-à-vis l'autorité publique.
Le but initial de ce deuxième voyage n'était que de revisiter les églises fondées plus tôt: Derbé, Lystre, Iconium et Antioche de Pisidie
Dans ce deuxième voyage, Paul voulait simplement visiter les communautés fondées au cours du voyage précédent. Lui et Silas empruntèrent la route du Nord. Traversant les Portes de Syrie, ils passèrent quelques jours à Tarse, pour se rendre ensuite dans la région où ils retrouvèrent les églises fondées par Paul trois ou quatre ans plus tôt.
Quand les Actes des Apôtres nous informent que Paul et Silas ont parcouru «la Phrygie et la région galate», il faut comprendre qu’ils n’ont fait que revisiter ces communautés fondées plus tôt : Derbé, Lystre, Iconium et Antioche de Pisidie situées en Galatie du Sud et à la frontière de la Phrygie et de la Lycaonie.
Les Églises de la Galatie étaient pleines de vitalité, à l’image de ce peuple établi dans la région depuis trois siècles. «Galates» est la forme grecque du nom «Gaulois». Vers l'année 280 av. J.-C., quelques tribus avaient quitté les environs de Toulouse pour se rendre aux pays du Danube. En traversant la Grèce, ils avaient pénétré en Asie Mineure. En chemin, ils pillèrent à coeur joie, et se fixèrent enfin sur les deux rives de l'Halys, où ils fondèrent les villes de Pessinonte, Ancyre (l'actuel Ankara) et Tavium. Leur dernier roi, Amyntas, s'était mis à la solde des Romains et avait étendu sa domination sur l'Arménie Mineure, la Pisidie, la Lycaonie et l'Isaurie.
Très tôt, ces tribus gauloises avaient éveillé chez les Grecs la peur et l'épouvante, détail que l’on retrouve dans l'art hellénique. En l'année 240 av. J-C., Attale 1er de Pergame avait réussi, par une éclatante victoire à chasser les Galates de son royaume. En souvenir il édifia sur l'Acropole d'Athènes un monument orné de nombreuses figures. Deux de ces très belles sculptures de l'école de Pergame «le Gaulois mourant» et «le groupe de Gaulois», se retrouvent aujourd’hui dans les musées de Rome et proclament le souvenir de l'invasion des Gaulois.
À la communauté de Derbé, Paul rappelle le piteux état dans lequel il était arrivé dans la bourgade, après avoir été lapidé à Lystres. Sa longue convalescence lui avait permis de faire un grand nombre de conversions. C'est en ce pays des Galates, qu'une maladie va le foudroyer et le clouer sur place. Évoquant plus tard ce triste épisode, il se rappellera l'état physique misérable dans lequel l'ont aperçu ses fidèles : «Si éprouvant pour vous que fût mon corps, vous n'avez montré ni dédain, ni dégoût. Au contraire, vous m'avez accueilli comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. [...] Je vous rends ce témoignage : si vous l'aviez pu, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner.» (Galates 4, 14)
À Lystres, Paul rencontre de nouveau le jeune Timothée et le prend avec lui.
Timothée le suivra jusqu'à devenir plus tard évêque d'Éphèse et y mourrir martyr par lapidation.
À Lystres, lieu de la lapidation, Paul rencontrera de nouveau Timothée, le fils d’Eunice. gé maintenant de dix-huit ans, toujours fervent chrétien, le jeune homme lui rappelle la promesse faite trois ans auparavant. Paul se renseigne : «Sa réputation était bonne parmi les frères de Lystre et d'Iconium.» (Actes 16, 2). Paul décide donc de le prendre avec lui. Le père de Timothée était sans doute mort prématurément. Par amour pour lui, sa mère avait renoncé à la circoncision du jeune garçon. C'était pour Paul une difficulté, vu les exigences des Juifs et des judéo-chrétiens. Selon la Loi, l'enfant devait suivre la religion de sa mère et le fait que Timothée ne soit pas circoncis pouvait attirer les critiques et les persécutions. Paul n'aurait jamais pu l’emmener dans une synagogue sans offusquer les frères qu'il voulait gagner. Paul décida de le faire circoncire.
On se souvient qu’au Concile de Jérusalem, dans le cas de Tite, Paul avait refusé la circoncision, parce que celui-ci était de descendance païenne. Il l’avait fait pour une raison de principe. Le cas présent était différent. La cérémonie n'était qu'une question d'opportunisme et Paul n'avait pas l'habitude de trébucher sur des problèmes de moindre importance. Il n’avait jamais demandé aux Juifs de ne pas se faire circoncire. Ce qu'il ne trouvait pas raisonnable, c'était d'imposer cette loi aux païens convertis. C'était sagesse de sa part, autrement il aurait fallu «devenir Juif» avant de devenir chrétien.
Timothée deviendra un collaborateur exemplaire. Pendant les nombreuses maladies de l’Apôtre, lorsqu'il se sentait à bout de force, Timothée l’assistera de son aide et de son soutien. Il le suivra à Corinthe, Éphèse, Jérusalem et Rome. Connaissant bien le grec, il sera un excellent secrétaire. C'est le souvenir reconnaissant de tous ces services qui fera écrire à Paul, lors de sa première captivité à Rome, cette phrase émue : «Je n'ai vraiment personne qui saura comme Timothée s’intéresser d’un coeur sincère à votre situation... C’est comme un fils auprès de son père qu’il a servi avec moi la cause de l’évangile.» (Phil. 2, 19-22).
Guidé par l'Esprit Saint, Paul décide de se rendre à Troas, port de mer au nord-ouest de l'Asie
Mineure (Turquie actuelle)
Troas, ville aujourd'hui disparue: vestiges des thermes d'Herodes Atticus
Luc (évangéliste et rédacteur des Actes) rencontre Paul à Troas, l'admire profondément et le suivra désormais dans tous ses déplacements.
Après avoir visité les chrétiens d'Antioche de Pisidie, Paul hésite et se demandant quelle direction prendre. Il avait traversé, l'Asie Mineure du sud-est au nord-ouest, sans avoir de plan précis, sinon celui de visiter ses Églises. Il décida alors de se rendre à Troas, un port de mer important qui faisait le lien entre l’Europe et l’Asie. Au temps de Paul cependant, la notion d’Europe et d’Asie n’existait pas. On parlait simplement de différentes provinces romaines.
César Auguste avait fait de la ville de Troas une colonie de vétérans. C'est ainsi que Rome et la Grèce se donnaient la main. De nos jours, il existe encore des ruines imposantes, des aqueducs, des arcades, des colonnes de granit, des pierres de taille provenant du stade, ruines qui témoignent de la puissance de Rome à Troas. Dans ce port de mer, Paul créa une église qui se développa rapidement. Plus tard, il aura des collaborateurs de grande valeur, tel qu’Épaphrodite.
Troas est située sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure, à une quinzaine de kilomètres de l'antique Troie. Dans ce port, Paul rencontrera Luc, un autre disciple qui se joint à lui. Syrien d'Antioche et médecin de profession, il sera pendant une longue période associé à Paul et à son ministère. Il nous a laissé deux livres importants : l'Évangile qu'il a composé d'après les traditions de ceux qui avaient été dès le commencement les disciples de Jésus, et les Actes des Apôtres qu'il a rédigé après avoir été témoin du développement de l’église du premier siècle.
Il faut saluer le moment où Luc rencontre Paul à Troas. L’apôtre des nations deviendra son sujet de prédilection. Si Paul a pris peu à peu la place qu'il occupe dans les Actes, c'est grâce à cette rencontre. Selon les spécialistes, «l’évangéliste Luc est un lettré formé au grec littéraire.» (Édouard Belebecque) Il possède parfaitement la culture hellénique et s'exprime avec élégance. Il a écrit le grec le plus pur du Nouveau Testament. Il est conciliant et a un caractère plein de douceur. Grand admirateur de Paul, il resta toujours indépendant et mesuré dans ses paroles et dans ses écrits.
Statue de saint Luc l'Évangéliste dans la cathédrale Notre-Dame d'Amiens
Eusèbe affirme que Luc était originaire d’Antioche de Syrie. Ses grandes connaissances nautiques permettent de conclure qu'il est né dans une ville maritime et qu'il a beaucoup voyagé, à l'instar des médecins grecs, qui étaient de grands voyageurs. À cette époque, Luc exerçait peut-être son métier dans le port de Troas. La rencontre de Paul et de Luc fut le point de départ d'une des amitiés les plus riches de l'histoire du christianisme. Luc sera, pour toutes les générations à venir, le disciple confiant, dévoué, doté de cette qualité rare qu'est l'admiration.
Dans les universités grecques, la médecine était aussi considérée que la philosophie. Luc occupait donc dans la société de son temps un rang social analogue à celui d'un médecin d’aujourd’hui. Les Romains par contre n’avaient aucun respect pour les médecins qu’ils considéraient comme des charlatans.
À partir de cette rencontre, nous voyons constamment Luc aux côtés de l'Apôtre. Il a partagé sa première et sa deuxième captivité à Rome. Paul mentionne Luc à trois reprises dans les Épîtres de la captivité : La première fois dans la lettre aux Colossiens : «Luc, le médecin bien-aimé, vous salue» (Col 4, 14). Cette phrase semble être l'écho de la profonde reconnaissance de Paul, si souvent malade, pour les soins médicaux de son fidèle ami. Dans sa lettre à Philémon, Paul le compte parmi ses collaborateurs. Lors de sa dernière captivité à Rome, il écrit mélancoliquement à Timothée : «Luc seul est avec moi» (2 Timothée 4, 11). Selon la tradition, après la mort de Paul, Luc aurait prêché l'Évangile en Achaïe et serait mort en Béotie, à un âge très avancé. Il aurait été enterré à Thèbes.
Grâce à Luc et à Paul, nous possédons deux tableaux de l'Église naissante : l'un dans les Épitres, où Paul s’exprime de façon passionnée, l'autre dans les Actes des Apôtres où Luc écrit d'une main plus égale, celle du chirurgien qui manie le bistouri et la plume avec la même assurance.
Pendant qu’il était à Troas, Paul fit un rêve dans lequel, lui et ses compagnons étaient invités à se rendre de l'autre côté du bras de mer reliant la Mer Égée à la Mer de Marmara. «Aussitôt, nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, persuadés que Dieu nous appelait à y porter l'Évangile» (Actes 16, 9-10).
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 24 août23, 20:3727. La ville de Philippes
De Troas (Asie Mineure) à Philippes ( Macédoine), en passant par Samothrace, une île de la mer Égée, et Néapolis
Dans les Actes des Apôtres, Luc se contente de notations très brèves sur les voyages de Paul : «Embarqués à Troas, nous cinglâmes droit sur Samothrace, et le lendemain sur Néapolis, d’où nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie romaine.» (Actes 16, 11-12) Nous sommes probablement en l’an 49. Lorsque Paul traverse le détroit, il le fait pour annoncer la Bonne Nouvelle et cherche à avancer vers l'ouest. Cela ne l'empêchera pas, plus tard, de revenir longuement à Éphèse.
Le Coureur de Marathon annonçant la victoire, à Athènes
Victoire de Samothrace
Au cours de ce voyage, Paul qui aime beaucoup les sports et utilise souvent l’image de la course, a dû avoir en tête le coureur de Marathon (490 av. J.C.) qui avait porté à Athènes la nouvelle de la première victoire de la flotte grecque sur les Perses. Le messager de cette bonne nouvelle ne se laissa pas distraire en route. Il courut les 26 kilomètres qui le séparaient de la capitale et, une fois arrivé au but, complètement épuisé, il s’écria «Victoire» et tomba mort. Paul qui aime la course, se considère lui-même comme un coureur de marathon, un messager de Dieu, chargé d’apporter la nouvelle d'une victoire étonnante : le Fils de Dieu est descendu sur terre, les dieux de l'Olympe sont vaincus, et l'humanité marche vers un avenir plein de promesses.
Dans ce voyage vers l’ouest, Paul et ses amis ne passent qu'une courte nuit sur l'île de Samothrace, longue montagne verte surgie de la mer, rendue célèbre par son sanctuaire. À l’entrée du port, une colossale déesse de marbre y déploie ses ailes. Elle fut engloutie plus tard par un tremblement de terre et s’enlisa dans la vase. Après plusieurs siècles, en 1863, le vice-consul de France, Charles Champoiseau, aura la chance de la découvrir et de l'exhumer, sans toutefois retrouver la tête de ce chef d’oeuvre de la sculpture ancienne. La Victoire de Samothrace est aujourd'hui l'orgueil du musée du Louvre.
Tôt le lendemain matin, nos voyageurs reprennent la traversée de la mer Égée. Sur les deux rives on parle grec et on partage la même culture. Au port de Néapolis où ils jettent l’ancre, le temple de Diane, campé sur un rocher surplombant la mer, saluait les voyageurs. Un cercle, tracé sur le pavé de l'actuelle église St-Nicolas, désigne l'endroit où Paul mit pied à terre «en Europe». Après avoir quitté Néapolis, nos voyageurs prennent la Via Égnatia pour parcourir les douze kilomètres qui les séparent de la ville de Philippes. Cette voie romaine est l’une des plus importantes de l’Empire. Traversant Thessalonique et Édesse, elle gagne la côte de l'actuelle Albanie. Du port d'Apollonia, les bateaux se rendent alors à Brindisi où l’on rejoint la Via Appia, celle qui mène à Rome.
Ruines de la ville de Philippes. Au temps de Paul, elle reflétait la puissance universelle de Rome, par son opulence, son architecture et son administration.
L'amphithéâtre de Philippes.
L'agora (place du marché) et, au sommet de la montagne à droite, l'acropole.
La ville de Philippes, avec son château et son acropole, est alors une agglomération fortifiée. Elle fut construite en 356 av. J.-C. par le père d'Alexandre le Grand, le roi Philippe II, qui donna à la ville son propre nom. À part le théâtre bien conservé, que l’on voit toujours au flanc d'une colline, il ne reste que quelques colonnes et l'encadrement d'une porte, dans cette ville où résida Démosthène.
Philippes a bénéficié de la générosité de l’empereur Auguste et de la venue d’anciens combattants. Depuis l'assassinat de Jules César, en 44 av. J.C., Octave, le petit fils adoptif de César, et Marc-Antoine, le grand général romain, prétendaient recueillir l'héritage politique du chef de la République. Dans un premier temps, ils parviennent à un accord pour se partager le pouvoir : Marc-Antoine, en compagnie de Cléopâtre, régnera sur l'Orient à partir de l'Égypte, tandis qu'Octave gouvernera la ville de Rome et toute la partie ouest de l’Empire. Mais leurs rapports se dégradent rapidement et l'affrontement devient inévitable. Marc Antoine, follement amoureux de la reine d’Égypte a répudié sa femme, la soeur d’Octave. Cléopâtre veut que son fils Césarion, dont Jules César est le père, devienne le prochain empereur. En 32, en accord avec le Sénat romain, Octave (qui deviendra l’empereur Auguste) déclare la guerre à Cléopâtre. La reine d’Égypte était haïe par les romains mais Marc-Antoine était encore très populaire dans la capitale. Les deux armées s’affrontent en Grèce, au large du promontoire d'Actium. On est en septembre 31 av. J.C. Après la défaite de leurs puissantes flottes, Cléopâtre et Marc-Antoine retournent en Égypte et se donnent la mort plutôt que de tomber aux mains d’Octave.
Dans la ville de Philippes, agrandie par le vainqueur de la bataille d’Actium, l'administration est rigoureuse. Elle connait un renouveau lorsque des légionnaires à la retraite viennent s’y fixer. Ces soldats de métier, qui ont contribué à mettre un terme aux ambitions de Marc-Antoine et de Cléopâtre, sont récompensés par l’empereur et reçoivent des terres, des privilèges et des nouvelles responsabilités.
Paul admire cette ville, son génie fier et hardi, sa passion pour la liberté et son respect de l'ordre,
de la loi, des choses sacrées.
Philippes devient alors une véritable ville italienne placée sous la juridiction immédiate d’Auguste. Il l’élève au rang de colonie, jouissant de tous les privilèges de l'Italie et exempte d'impôts. Les vétérans y importent la probité et la manière de vivre des Romains, en même temps que leurs divinités. Par la voie romaine, qui traverse toute la Macédoine d'Est en Ouest et qui se prolonge au-delà de l'Adriatique jusqu'à Rome, les ex-légionnaires se sentent unis à la métropole et au Jupiter capitolin.
C'est ainsi que Philippes est devenue une petite Rome avec forum, théâtre, capitole et murs d'enceinte. Les gens sont fiers de leur constitution libérale, qui leur permet d'élire chaque année, à la manière des consuls romains, deux chefs appelés populairement «stratèges».
À Philippes, dans l'esprit de Paul surgit l'image de la puissance universelle de Rome. Il admire son génie fier et hardi, sa passion pour la liberté et son respect de l'ordre, de la loi, des choses sacrées. Ce missionnaire du Christ sent que son esprit était apparenté au génie romain.
Ajouté 23 heures 24 minutes 34 secondes après :
- Philippes était une ville d’anciens légionnaires rudes et fiers, et de femmes libres et indépendantes qui participaient ouvertement aux débats politiques, influençaient les élections annuelles des stratèges, et provoquaient des changements de gouvernements. Ces femmes, converties au christianisme, exerceront une grande influence dans l’Église naissante. Paul trouvera parmi elles ses premières et ses plus chères collaboratrices. La ville de Philippes promettait de devenir un champ d'apostolat fécond dans toute la région de Macédoine.
- Lydie est «la première chrétienne européenne» dont on connaisse le nom. Elle reçoit l’Évangile avec enthousiasme et décide d’offrir l'hospitalité aux missionnaires. C'était une non-Juive originaire de Thyatire en Lydie, d’où son nom. Riche marchande, elle avait probablement continué le commerce de teintures de son mari, après la mort de ce dernier. La ville de Thyatire, était réputée pour son commerce de pourpre depuis les temps d'Homère (9e s. av. J.C.). Cette marchande illustre bien la condition des femmes indépendantes de la société gréco-romaine, commerçantes aisées, qui seront attirées par l’Évangile et son esprit d’ouverture à tous : hommes et femmes, riches et pauvres, esclaves et affranchis, citoyens romains et non citoyens, Grecs et Barbares, Juifs et non Juifs... La capacité de Lydie de prendre des décisions est manifeste dans le texte de Luc : après le baptême, elle «contraint» le groupe à demeurer chez elle.
- De même que Jésus au puits de Jacob, en Samarie, initia d'abord une femme au mystère du royaume de Dieu, Paul en pénétrant en «Europe», prêcha d’abord l'Évangile à des femmes, «au bord de la rivière» près de Philippes. (Voir Réflexion chrétienne du 3e dimanche de Carême : La Samaritaine trouve enfin l’homme de sa vie).
- Comme nous le voyons dans les épitres et dans les Actes des Apôtres, Paul avait une profonde compréhension de la psychologie féminine. Contrairement aux gens de son temps, il montra toujours beaucoup de respect pour les femmes qu’il rencontrait, telles Lydie, la marchande entreprenante, et Prisca, celle qui a introduit le savant Apollos à l’essentiel du christianisme. Dans toutes ses lettres, Paul transmet des salutations et des louanges aux femmes qu’il connait et qui accompagnent son travail missionnaire. Il souligne les services rendus par Chloé à Corinthe. Il fait confiance à Phébée dans le port de Cenchrées, elle qui deviendra la diaconesse de son Église et à qui il confiera sa lettre aux Romains. Il remercie la mère de Rufus qui a eu pour lui des égards maternels. Quand il écrit au riche Philémon, il n'oublie pas de saluer sa femme Appia. Il montre son admiration pour les filles de Philippe à Césarée, qui sont douées de charismes prophétiques. Il encourage les veuves courageuses, qui pratiquent les oeuvres de charité. Paul était beaucoup plus ouvert et beaucoup plus sympathique envers les femmes que la grande majorité des hommes de son temps
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28. Les premières chrétiennes de Philippes
Philippes était une ville d’anciens légionnaires rudes et fiers, et de femmes libres et indépendantes qui participaient ouvertement aux débats politiques, influençaient les élections annuelles des stratèges, et provoquaient des changements de gouvernements. Ces femmes, converties au christianisme, exerceront une grande influence dans l’Église naissante. Paul trouvera parmi elles ses premières et ses plus chères collaboratrices. La ville de Philippes promettait de devenir un champ d'apostolat fécond dans toute la région de Macédoine.
De même que Jésus au puits de Jacob, en Samarie, initia d'abord une femme au mystère du royaume de Dieu, Paul en pénétrant en «Europe», prêcha d’abord l'Évangile à des femmes, «au bord de la rivière» près de Philippes.
Lydia, une riche marchande, une excellente organisatrice qui devint un des piliers de l'Église de Philippes, en plus d'être une mère pour l'apôtre et pour ses compagnons
Luc qui était arrivé à Philippes avec Paul écrit dans les Actes des Apôtres : «De Néapolis, nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie romaine. Nous passâmes quelques jours dans cette ville, puis, le jour du sabbat, nous nous rendîmes en dehors de la porte de la ville, sur les bords de la rivière, où nous pensions qu'il y avait un lieu de prière. Nous étant assis, nous adressâmes la parole aux femmes qui s'étaient réunies. L'une d'elles, nommée Lydie, nous écoutait; c'était une négociante en pourpre de la ville de Thyatire; elle adorait Dieu. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu'elle s'attacha aux paroles de Paul. Après avoir été baptisée ainsi que les siens, elle nous fit cette prière : "Si vous me tenez pour une fidèle du Seigneur, venez demeurer dans ma maison." Et elle nous y contraignit.» (Actes 16, 11-15) Comme à son habitude, Luc résume et condense les événements, ne gardant que l’essentiel, tout en y ajoutant une note d’humour.
Lydie est «la première chrétienne européenne» dont on connaisse le nom. Elle reçoit l’Évangile avec enthousiasme et décide d’offrir l'hospitalité aux missionnaires. C'était une non-Juive originaire de Thyatire en Lydie, d’où son nom. Riche marchande, elle avait probablement continué le commerce de teintures de son mari, après la mort de ce dernier. La ville de Thyatire, était réputée pour son commerce de pourpre depuis les temps d'Homère (9e s. av. J.C.). Cette marchande illustre bien la condition des femmes indépendantes de la société gréco-romaine, commerçantes aisées, qui seront attirées par l’Évangile et son esprit d’ouverture à tous : hommes et femmes, riches et pauvres, esclaves et affranchis, citoyens romains et non citoyens, Grecs et Barbares, Juifs et non Juifs... La capacité de Lydie de prendre des décisions est manifeste dans le texte de Luc : après le baptême, elle «contraint» le groupe à demeurer chez elle.
Icône de ste Lydie de Thyatire
Paul accepte avec joie cette généreuse hospitalité et Lydie devient l’un des piliers de l'Église de Philippes, une mère pour l'apôtre et pour ses compagnons et une excellente organisatrice pour la jeune communauté. Paul écrira plus tard : «Vous le savez vous-mêmes, Philippiens : dans les débuts de l’Évangile, quand je quittai la Macédoine, aucune Église ne m’assista par mode de contributions pécuniaires; vous fûtes les seuls, vous qui, dès mon séjour à Thessalonique, m’avez envoyé, et par deux fois, ce dont j’avais besoin.» (Philippiens. 4, 15-16). Il est fort probable que ces dons aient été envoyés par l’entremise de Lydie elle-même. Cette admission de la part de Paul est d’autant plus révélatrice qu’il n’accepta d’aide financière d’aucune autre communauté chrétienne. Il a toujours insisté pour gagner sa vie grâce à son travail quotidien. La prédication de la parole de Dieu devait être gratuite!
Dans son texte au sujet de la ville de Philippes, Luc mentionne aussi Évodie et Syntyché, qui ont des difficultés à s’entendre et que l'Apôtre invitera cordialement à avoir des meilleures relations : «J’exhorte Évodie comme j’exhorte Syntyché, à vivre en bonne intelligence dans le Seigneur.» (Philippiens 4, 2)
De même que Jésus au puits de Jacob, en Samarie, initia d'abord une femme au mystère du royaume de Dieu, Paul en pénétrant en «Europe», prêcha d’abord l'Évangile à des femmes, «au bord de la rivière» près de Philippes. (Voir Réflexion chrétienne du 3e dimanche de Carême : La Samaritaine trouve enfin l’homme de sa vie).
Paul était beaucoup plus ouvert et beaucoup plus sympathique envers les femmes
que la grande majorité des hommes de son temps..
Le grand amour de Paul pour les Philippiens sera le thème principal de l'Epître qu'il leur adressera. Cette lettre évoque les liens de tendresse qui le rattachent aux chrétiens et aux chrétiennes de cette ville : «Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que j'évoque votre souvenir : toujours, en chaque prière pour vous tous, c'est avec joie que je prie, à cause de la part que vous prenez avec nous à l'Évangile depuis le premier jour jusqu'à maintenant.» (Philipiens 1, 3-5)
Dans ses lettres et dans ses visites aux autres Églises, Paul ne cessera de donner en exemple les chrétiens et les chrétiennes de Philippes. Aucune Église ne devait lui être plus chère. Sur le continent européen, elle fut son premier amour, «sa joie et sa couronne» (Philippiens 4, 1). «Oui, Dieu m'en est témoin que je vous aime tous tendrement dans le coeur de Jésus Christ» (Philippiens 1, 8).
De Troas (Asie Mineure) à Philippes ( Macédoine), en passant par Samothrace, une île de la mer Égée, et Néapolis
Dans les Actes des Apôtres, Luc se contente de notations très brèves sur les voyages de Paul : «Embarqués à Troas, nous cinglâmes droit sur Samothrace, et le lendemain sur Néapolis, d’où nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie romaine.» (Actes 16, 11-12) Nous sommes probablement en l’an 49. Lorsque Paul traverse le détroit, il le fait pour annoncer la Bonne Nouvelle et cherche à avancer vers l'ouest. Cela ne l'empêchera pas, plus tard, de revenir longuement à Éphèse.
Le Coureur de Marathon annonçant la victoire, à Athènes
Victoire de Samothrace
Au cours de ce voyage, Paul qui aime beaucoup les sports et utilise souvent l’image de la course, a dû avoir en tête le coureur de Marathon (490 av. J.C.) qui avait porté à Athènes la nouvelle de la première victoire de la flotte grecque sur les Perses. Le messager de cette bonne nouvelle ne se laissa pas distraire en route. Il courut les 26 kilomètres qui le séparaient de la capitale et, une fois arrivé au but, complètement épuisé, il s’écria «Victoire» et tomba mort. Paul qui aime la course, se considère lui-même comme un coureur de marathon, un messager de Dieu, chargé d’apporter la nouvelle d'une victoire étonnante : le Fils de Dieu est descendu sur terre, les dieux de l'Olympe sont vaincus, et l'humanité marche vers un avenir plein de promesses.
Dans ce voyage vers l’ouest, Paul et ses amis ne passent qu'une courte nuit sur l'île de Samothrace, longue montagne verte surgie de la mer, rendue célèbre par son sanctuaire. À l’entrée du port, une colossale déesse de marbre y déploie ses ailes. Elle fut engloutie plus tard par un tremblement de terre et s’enlisa dans la vase. Après plusieurs siècles, en 1863, le vice-consul de France, Charles Champoiseau, aura la chance de la découvrir et de l'exhumer, sans toutefois retrouver la tête de ce chef d’oeuvre de la sculpture ancienne. La Victoire de Samothrace est aujourd'hui l'orgueil du musée du Louvre.
Tôt le lendemain matin, nos voyageurs reprennent la traversée de la mer Égée. Sur les deux rives on parle grec et on partage la même culture. Au port de Néapolis où ils jettent l’ancre, le temple de Diane, campé sur un rocher surplombant la mer, saluait les voyageurs. Un cercle, tracé sur le pavé de l'actuelle église St-Nicolas, désigne l'endroit où Paul mit pied à terre «en Europe». Après avoir quitté Néapolis, nos voyageurs prennent la Via Égnatia pour parcourir les douze kilomètres qui les séparent de la ville de Philippes. Cette voie romaine est l’une des plus importantes de l’Empire. Traversant Thessalonique et Édesse, elle gagne la côte de l'actuelle Albanie. Du port d'Apollonia, les bateaux se rendent alors à Brindisi où l’on rejoint la Via Appia, celle qui mène à Rome.
Ruines de la ville de Philippes. Au temps de Paul, elle reflétait la puissance universelle de Rome, par son opulence, son architecture et son administration.
L'amphithéâtre de Philippes.
L'agora (place du marché) et, au sommet de la montagne à droite, l'acropole.
La ville de Philippes, avec son château et son acropole, est alors une agglomération fortifiée. Elle fut construite en 356 av. J.-C. par le père d'Alexandre le Grand, le roi Philippe II, qui donna à la ville son propre nom. À part le théâtre bien conservé, que l’on voit toujours au flanc d'une colline, il ne reste que quelques colonnes et l'encadrement d'une porte, dans cette ville où résida Démosthène.
Philippes a bénéficié de la générosité de l’empereur Auguste et de la venue d’anciens combattants. Depuis l'assassinat de Jules César, en 44 av. J.C., Octave, le petit fils adoptif de César, et Marc-Antoine, le grand général romain, prétendaient recueillir l'héritage politique du chef de la République. Dans un premier temps, ils parviennent à un accord pour se partager le pouvoir : Marc-Antoine, en compagnie de Cléopâtre, régnera sur l'Orient à partir de l'Égypte, tandis qu'Octave gouvernera la ville de Rome et toute la partie ouest de l’Empire. Mais leurs rapports se dégradent rapidement et l'affrontement devient inévitable. Marc Antoine, follement amoureux de la reine d’Égypte a répudié sa femme, la soeur d’Octave. Cléopâtre veut que son fils Césarion, dont Jules César est le père, devienne le prochain empereur. En 32, en accord avec le Sénat romain, Octave (qui deviendra l’empereur Auguste) déclare la guerre à Cléopâtre. La reine d’Égypte était haïe par les romains mais Marc-Antoine était encore très populaire dans la capitale. Les deux armées s’affrontent en Grèce, au large du promontoire d'Actium. On est en septembre 31 av. J.C. Après la défaite de leurs puissantes flottes, Cléopâtre et Marc-Antoine retournent en Égypte et se donnent la mort plutôt que de tomber aux mains d’Octave.
Dans la ville de Philippes, agrandie par le vainqueur de la bataille d’Actium, l'administration est rigoureuse. Elle connait un renouveau lorsque des légionnaires à la retraite viennent s’y fixer. Ces soldats de métier, qui ont contribué à mettre un terme aux ambitions de Marc-Antoine et de Cléopâtre, sont récompensés par l’empereur et reçoivent des terres, des privilèges et des nouvelles responsabilités.
Paul admire cette ville, son génie fier et hardi, sa passion pour la liberté et son respect de l'ordre,
de la loi, des choses sacrées.
Philippes devient alors une véritable ville italienne placée sous la juridiction immédiate d’Auguste. Il l’élève au rang de colonie, jouissant de tous les privilèges de l'Italie et exempte d'impôts. Les vétérans y importent la probité et la manière de vivre des Romains, en même temps que leurs divinités. Par la voie romaine, qui traverse toute la Macédoine d'Est en Ouest et qui se prolonge au-delà de l'Adriatique jusqu'à Rome, les ex-légionnaires se sentent unis à la métropole et au Jupiter capitolin.
C'est ainsi que Philippes est devenue une petite Rome avec forum, théâtre, capitole et murs d'enceinte. Les gens sont fiers de leur constitution libérale, qui leur permet d'élire chaque année, à la manière des consuls romains, deux chefs appelés populairement «stratèges».
À Philippes, dans l'esprit de Paul surgit l'image de la puissance universelle de Rome. Il admire son génie fier et hardi, sa passion pour la liberté et son respect de l'ordre, de la loi, des choses sacrées. Ce missionnaire du Christ sent que son esprit était apparenté au génie romain.
Ajouté 23 heures 24 minutes 34 secondes après :
- Philippes était une ville d’anciens légionnaires rudes et fiers, et de femmes libres et indépendantes qui participaient ouvertement aux débats politiques, influençaient les élections annuelles des stratèges, et provoquaient des changements de gouvernements. Ces femmes, converties au christianisme, exerceront une grande influence dans l’Église naissante. Paul trouvera parmi elles ses premières et ses plus chères collaboratrices. La ville de Philippes promettait de devenir un champ d'apostolat fécond dans toute la région de Macédoine.
- Lydie est «la première chrétienne européenne» dont on connaisse le nom. Elle reçoit l’Évangile avec enthousiasme et décide d’offrir l'hospitalité aux missionnaires. C'était une non-Juive originaire de Thyatire en Lydie, d’où son nom. Riche marchande, elle avait probablement continué le commerce de teintures de son mari, après la mort de ce dernier. La ville de Thyatire, était réputée pour son commerce de pourpre depuis les temps d'Homère (9e s. av. J.C.). Cette marchande illustre bien la condition des femmes indépendantes de la société gréco-romaine, commerçantes aisées, qui seront attirées par l’Évangile et son esprit d’ouverture à tous : hommes et femmes, riches et pauvres, esclaves et affranchis, citoyens romains et non citoyens, Grecs et Barbares, Juifs et non Juifs... La capacité de Lydie de prendre des décisions est manifeste dans le texte de Luc : après le baptême, elle «contraint» le groupe à demeurer chez elle.
- De même que Jésus au puits de Jacob, en Samarie, initia d'abord une femme au mystère du royaume de Dieu, Paul en pénétrant en «Europe», prêcha d’abord l'Évangile à des femmes, «au bord de la rivière» près de Philippes. (Voir Réflexion chrétienne du 3e dimanche de Carême : La Samaritaine trouve enfin l’homme de sa vie).
- Comme nous le voyons dans les épitres et dans les Actes des Apôtres, Paul avait une profonde compréhension de la psychologie féminine. Contrairement aux gens de son temps, il montra toujours beaucoup de respect pour les femmes qu’il rencontrait, telles Lydie, la marchande entreprenante, et Prisca, celle qui a introduit le savant Apollos à l’essentiel du christianisme. Dans toutes ses lettres, Paul transmet des salutations et des louanges aux femmes qu’il connait et qui accompagnent son travail missionnaire. Il souligne les services rendus par Chloé à Corinthe. Il fait confiance à Phébée dans le port de Cenchrées, elle qui deviendra la diaconesse de son Église et à qui il confiera sa lettre aux Romains. Il remercie la mère de Rufus qui a eu pour lui des égards maternels. Quand il écrit au riche Philémon, il n'oublie pas de saluer sa femme Appia. Il montre son admiration pour les filles de Philippe à Césarée, qui sont douées de charismes prophétiques. Il encourage les veuves courageuses, qui pratiquent les oeuvres de charité. Paul était beaucoup plus ouvert et beaucoup plus sympathique envers les femmes que la grande majorité des hommes de son temps
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28. Les premières chrétiennes de Philippes
Philippes était une ville d’anciens légionnaires rudes et fiers, et de femmes libres et indépendantes qui participaient ouvertement aux débats politiques, influençaient les élections annuelles des stratèges, et provoquaient des changements de gouvernements. Ces femmes, converties au christianisme, exerceront une grande influence dans l’Église naissante. Paul trouvera parmi elles ses premières et ses plus chères collaboratrices. La ville de Philippes promettait de devenir un champ d'apostolat fécond dans toute la région de Macédoine.
De même que Jésus au puits de Jacob, en Samarie, initia d'abord une femme au mystère du royaume de Dieu, Paul en pénétrant en «Europe», prêcha d’abord l'Évangile à des femmes, «au bord de la rivière» près de Philippes.
Lydia, une riche marchande, une excellente organisatrice qui devint un des piliers de l'Église de Philippes, en plus d'être une mère pour l'apôtre et pour ses compagnons
Luc qui était arrivé à Philippes avec Paul écrit dans les Actes des Apôtres : «De Néapolis, nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie romaine. Nous passâmes quelques jours dans cette ville, puis, le jour du sabbat, nous nous rendîmes en dehors de la porte de la ville, sur les bords de la rivière, où nous pensions qu'il y avait un lieu de prière. Nous étant assis, nous adressâmes la parole aux femmes qui s'étaient réunies. L'une d'elles, nommée Lydie, nous écoutait; c'était une négociante en pourpre de la ville de Thyatire; elle adorait Dieu. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu'elle s'attacha aux paroles de Paul. Après avoir été baptisée ainsi que les siens, elle nous fit cette prière : "Si vous me tenez pour une fidèle du Seigneur, venez demeurer dans ma maison." Et elle nous y contraignit.» (Actes 16, 11-15) Comme à son habitude, Luc résume et condense les événements, ne gardant que l’essentiel, tout en y ajoutant une note d’humour.
Lydie est «la première chrétienne européenne» dont on connaisse le nom. Elle reçoit l’Évangile avec enthousiasme et décide d’offrir l'hospitalité aux missionnaires. C'était une non-Juive originaire de Thyatire en Lydie, d’où son nom. Riche marchande, elle avait probablement continué le commerce de teintures de son mari, après la mort de ce dernier. La ville de Thyatire, était réputée pour son commerce de pourpre depuis les temps d'Homère (9e s. av. J.C.). Cette marchande illustre bien la condition des femmes indépendantes de la société gréco-romaine, commerçantes aisées, qui seront attirées par l’Évangile et son esprit d’ouverture à tous : hommes et femmes, riches et pauvres, esclaves et affranchis, citoyens romains et non citoyens, Grecs et Barbares, Juifs et non Juifs... La capacité de Lydie de prendre des décisions est manifeste dans le texte de Luc : après le baptême, elle «contraint» le groupe à demeurer chez elle.
Icône de ste Lydie de Thyatire
Paul accepte avec joie cette généreuse hospitalité et Lydie devient l’un des piliers de l'Église de Philippes, une mère pour l'apôtre et pour ses compagnons et une excellente organisatrice pour la jeune communauté. Paul écrira plus tard : «Vous le savez vous-mêmes, Philippiens : dans les débuts de l’Évangile, quand je quittai la Macédoine, aucune Église ne m’assista par mode de contributions pécuniaires; vous fûtes les seuls, vous qui, dès mon séjour à Thessalonique, m’avez envoyé, et par deux fois, ce dont j’avais besoin.» (Philippiens. 4, 15-16). Il est fort probable que ces dons aient été envoyés par l’entremise de Lydie elle-même. Cette admission de la part de Paul est d’autant plus révélatrice qu’il n’accepta d’aide financière d’aucune autre communauté chrétienne. Il a toujours insisté pour gagner sa vie grâce à son travail quotidien. La prédication de la parole de Dieu devait être gratuite!
Dans son texte au sujet de la ville de Philippes, Luc mentionne aussi Évodie et Syntyché, qui ont des difficultés à s’entendre et que l'Apôtre invitera cordialement à avoir des meilleures relations : «J’exhorte Évodie comme j’exhorte Syntyché, à vivre en bonne intelligence dans le Seigneur.» (Philippiens 4, 2)
De même que Jésus au puits de Jacob, en Samarie, initia d'abord une femme au mystère du royaume de Dieu, Paul en pénétrant en «Europe», prêcha d’abord l'Évangile à des femmes, «au bord de la rivière» près de Philippes. (Voir Réflexion chrétienne du 3e dimanche de Carême : La Samaritaine trouve enfin l’homme de sa vie).
Paul était beaucoup plus ouvert et beaucoup plus sympathique envers les femmes
que la grande majorité des hommes de son temps..
Le grand amour de Paul pour les Philippiens sera le thème principal de l'Epître qu'il leur adressera. Cette lettre évoque les liens de tendresse qui le rattachent aux chrétiens et aux chrétiennes de cette ville : «Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que j'évoque votre souvenir : toujours, en chaque prière pour vous tous, c'est avec joie que je prie, à cause de la part que vous prenez avec nous à l'Évangile depuis le premier jour jusqu'à maintenant.» (Philipiens 1, 3-5)
Dans ses lettres et dans ses visites aux autres Églises, Paul ne cessera de donner en exemple les chrétiens et les chrétiennes de Philippes. Aucune Église ne devait lui être plus chère. Sur le continent européen, elle fut son premier amour, «sa joie et sa couronne» (Philippiens 4, 1). «Oui, Dieu m'en est témoin que je vous aime tous tendrement dans le coeur de Jésus Christ» (Philippiens 1, 8).
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 28 août23, 23:15Un violent tremblement survient et tous les prisonniers s'évadent. Paul empêche le geolier de se suicider et le convertit.
Tout à coup, il se produisit un si violent tremblement de terre que les fondements de la prison en furent ébranlés. À l'instant, toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers se détachèrent. Tiré de son sommeil et voyant ouvertes les portes de la prison, le geôlier sortit son glaive; il allait se tuer, à l'idée que les prisonniers s'étaient évadés. Mais Paul cria d'une voix forte : «Ne te fais aucun mal, car nous sommes tous ici.»
Le geôlier demanda de la lumière, accourut et, tout tremblant, se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les fit sortir et dit : «Seigneurs, que me faut-il faire pour être sauvé?» Ils répondirent : «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens.» Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens. Il les fit alors monter dans sa maison, dressa la table, et il se réjouit avec tous les siens d'avoir cru en Dieu.»
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29. Flagellation à Philippes
Paul et les siens reviennent volontiers auprès de cette rivière où ils ont rencontré Lydie. Un jour, ils croisent une jeune esclave dotée du don de voyance et exploitée honteusement par ses propriétaires. Elle appartient à un groupe de prêtres du temple d’Apollon qui font beaucoup d’argent grâce au don de cette femme.
Paul guérit l'esclave voyante exploitée par les prêtres du temple d'Apollon
Après un certain temps, Paul guérit la pauvre esclave en chassant le démon qui l’habite. Selon ses propriétaires, cette guérison a eu comme effet de lui faire perdre le don qui lui permettait de prévoir l’avenir. Furieux d’être privés de leur source de revenus, ils mobilisent contre Paul les autorités de la ville et ses habitants. Cet incident va soudain mettre en péril la petite communauté chrétienne de Philippes.
Jusqu'à présent seuls les Juifs avaient attaqué Paul parce que, selon eux, il mettait en danger la religion juive.
Les païens par contre vont aussi s’en prendre à lui de façon brutale, quand il les frustre de leur revenu. Plus tard, à Éphèse, Démétrius ameutera les orfèvres et fera mettre Paul en prison pour ensuite le chasser de la ville. Comme les prêtres frustrés ne pouvaient, auprès des Romains, porter une accusation sur le plan religieux, ils attaquent Paul sur le plan politique. Luc relate ainsi l’événement :
«Un jour que nous nous rendions au lieu de prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur; elle faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres en rendant des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : «Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très-Haut; ils vous annoncent la voie du salut.» Elle fit ainsi pendant bien des jours. À la fin Paul, excédé, se retourna et dit à l'esprit : «Je t'ordonne au nom de Jésus Christ de sortir de cette femme.» Et l'esprit sortit à l'instant même. Mais ses maîtres, voyant disparaître leurs espoirs de gain, se saisirent de Paul et de Silas, les traînèrent sur l'agora devant les magistrats et dirent, en les présentant aux stratèges : «Ces gens-là jettent le trouble dans notre ville. Ce sont des Juifs, et ils prêchent des usages qu'il ne nous est permis, à nous Romains, ni d'accepter ni de suivre.» La foule s'ameuta contre eux, et les stratèges, après avoir fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent de les battre de verges. Quand ils les eurent bien roués de coups, ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les garder avec soin. Ayant reçu pareille consigne, celui-ci les jeta dans le cachot intérieur et leur fixa les pieds dans des ceps.» (Actes 16, 16-24.)
Paul et Silas cruellement flagellés
En tant que citoyens romains, Paul et Silas n'auraient jamais dû être traités de la sorte. Au milieu du tumulte, il fut impossible aux juges municipaux de se faire une idée exacte de la situation, et encore moins aux accusés de prendre la parole pour se défendre. Puisqu'il ne s'agissait que de deux Juifs inconnus et étrangers, les préteurs ne s’informèrent pas de leur état civil. Ils les condamnèrent sommairement aux verges, c’est-à-dire à la flagellation.
La flagellation était un supplice cruel et souvent mortel. Il arrive, dit le poète Horace, que le supplicié soit «déchiré par les fouets à en dégoûter le bourreau». L'instrument du supplice, le flagellum est un fouet à manche court auquel sont attachées des lanières longues et épaisses. Afin que les coups déchirent mieux la peau et la chair, on fixe à l'extrémité de chacune d'elles des balles de plomb ou des osselets de mouton.
Luc continue le récit de cette arrestation :
Vers minuit, Paul et Silas, en prière, chantaient les louanges de Dieu; les prisonniers les écoutaient.
Paul et Silas, en prière, chantaient les louanges de Dieu
Un violent tremblement survient et tous les prisonniers s'évadent. Paul empêche le geolier de se suicider et le convertit.
Tout à coup, il se produisit un si violent tremblement de terre que les fondements de la prison en furent ébranlés. À l'instant, toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers se détachèrent. Tiré de son sommeil et voyant ouvertes les portes de la prison, le geôlier sortit son glaive; il allait se tuer, à l'idée que les prisonniers s'étaient évadés. Mais Paul cria d'une voix forte : «Ne te fais aucun mal, car nous sommes tous ici.»
Le geôlier demanda de la lumière, accourut et, tout tremblant, se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les fit sortir et dit : «Seigneurs, que me faut-il faire pour être sauvé?» Ils répondirent : «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens.» Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens. Il les fit alors monter dans sa maison, dressa la table, et il se réjouit avec tous les siens d'avoir cru en Dieu.»
«Lorsqu'il fit jour, les stratèges envoyèrent les licteurs dire au geôlier : «Relâche ces gens-là.» Celui-ci rapporta ces paroles à Paul : «Les stratèges ont envoyé dire de vous relâcher. Sortez donc et allez-vous-en.» Mais Paul dit aux licteurs : «Ils nous ont fait battre en public et sans jugement, nous, des citoyens romains, et ils nous ont jetés en prison. Et maintenant, c'est à la dérobée qu'ils nous font sortir! Eh bien, non! Qu'ils viennent eux-mêmes nous libérer.» Les licteurs rapportèrent ces paroles aux stratèges. Effrayés en apprenant qu'ils étaient citoyens romains, ceux-ci vinrent les presser de quitter la ville. Au sortir de la prison, Paul et Silas se rendirent chez Lydie, revirent les frères et les exhortèrent, puis ils partirent.» (Actes 16, 25-40)
Comme il en a l’habitude, Luc fait de toute cette histoire un condensé rapide. C'est avec un plaisir malicieux qu’il décrit le coup de maître de Paul. La révélation de son titre de citoyen romain fait l'effet d'une bombe sur les responsables de la ville. Paul refuse de répondre à la demande de ses juges de quitter secrètement la ville et il exige que les détenteurs du pouvoir viennent personnellement faire leurs excuses, et qu'ils les conduisent avec honneur hors de leur prison. Ce qu’ils s’empressent de faire, en reconnaissant leur erreur. Imposer la sanction dégradante que la flagellation à un citoyen romain était un délit grave!
Paul et Silas ne sont pas du tout pressés de quitter la ville. Ils se rendent solennellement jusqu'à la maison de Lydie, où les chrétiens sont assemblés. Paul nomme des presbytres (anciens) comme responsables et leur donne les instructions nécessaires pour la direction de la communauté. Luc, qui n'était pas compromis dans cette affaire, pourra demeurer à Philippes afin d’accompagner la croissance de la jeune Église. Grâce à lui, Paul restera en contact avec les chrétiens et chrétiennes de cette communauté. Ce fut la seule Église envers laquelle Paul n'eut jamais de blâme, et à qui il permit de subvenir à ses besoins. Il nourrissait une tendresse toute maternelle envers cette communauté. Cependant, chaque fois qu’il se souviendra de son séjour à Philippes, il pensera à l'affront qu’on lui a fait subir : «Vous savez ce que nous avons souffert, et comment nous avons été outragés à Philippes», écrira-t-il aux Thessaloniciens voisins (1 Thessaloniciens 2, 2).
Paul prend alors la direction du sud. Ils se dirigent vers Thessalonique. Lui et Silas se traînent mais ils marchent. Timothée les assiste de son mieux. Cent cinquante kilomètres à parcourir sur le Voie Égnatia. Normalement, on pouvait faire environ vingt-cinq kilomètres par jour, donc un voyage de six à sept jours. L'état pitoyable de Paul et Silas laisse croire qu’il leur fallut le double de temps pour faire ce voyage.
Ajouté 22 heures 48 minutes 18 secondes après :
Paul travaille comme tisseur de tentes
À peine arrivé dans la ville, Paul s'est rendu chez Jason, son parent, qui - hospitalité oblige - lui a ouvert sa maison. Apprenant que le voyageur était sans ressources, ému par ses blessures, il lui a procuré les moyens d'exercer son métier de tisseur de tentes. Jason semble avoir dirigé un petit atelier de tissage pourvu de locaux assez vastes. Paul et ses deux compagnons y trouvèrent un accueil chaleureux, un abri, du pain et du travail. Puisqu'ils comptaient sur un séjour assez long, Paul et ses compagnons ne voulaient pas être un fardeau pour leur hôte.
À Thessalonique, la communauté juive avait construit une somptueuse synagogue, équipée par les commerçants et les banquiers. C'était le lieu de rencontre de tous les Juifs de la Macédoine. Dans cette synagogue Paul trouva un public ouvert aux questions religieuses. Il y rencontra aussi des prosélytes et de nombreux «craignant-Dieu», recrutés surtout dans le milieu féminin. Trois sabbats de suite, Paul prit la parole à la synagogue. Les Écritures lui fournissaient un thème commun et un ensemble de principes qu’il utilisait pour les amener à la foi en Jésus-Christ. Utilisant les textes d’Isaïe, Paul expliquait que le Messie devait souffrir, mourir et ressusciter des morts
Partout où il passait, Paul invitait ses auditeurs à l'étude approfondie de l'Écriture. C’était pour lui la fontaine de jouvence du christianisme. Les Écritures auront toujours une place centrale dans la prédication de Paul et les Thessaloniciens répondirent à son appel en accueillant la Parole «avec avidité et non point comme une parole humaine» (1 Thessaloniciens 1, 6; 2, 13).
À Thessalonique, Paul et Silas firent de nombreuses conversions. Tous deux demeurèrent quelque temps dans la maison de Jason. Mais, une fois de plus, comme cela était arrivé ailleurs, le succès de l'enseignement de Paul excita la fureur des Juifs qui menacèrent de mort les deux prédicateurs. Ils les accusèrent devant les magistrats de la ville : «ces gens qui ont soulevé le monde entier sont maintenant ici. Ces individus agissent à l'encontre des édits de l'empereur; ils prétendent qu'il y a un autre roi, Jésus». (Actes 17, 6-7)
Les adversaires de Paul recrutèrent «des vauriens qui traînaient dans les rues» (Actes 17, 5), pour organiser une émeute et semer le désordre dans la ville. Ils envahirent la maison de Jason en criant qu'ils voulaient traduire Paul et Silas en justice. Heureusement, tous deux étaient absents ce jour-là. Ils trainèrent alors Jason avec quelques autres chrétiens devant les magistrats de la ville. Paul évita une nouvelle période d'emprisonnement parce que son hôte accepta de fournir en cautionnement une forte somme d’argent. Puisqu'on connaissait Jason comme un citoyen paisible et honnête, on lui demanda de renvoyer le plus tôt possible ces étrangers, causeurs de trouble.
Cette même nuit, Paul donna rendez-vous aux chefs de la communauté et leur laissa ses instructions. Il pensait alors que son absence serait de courte durée. Il en fut autrement. Durant plus de huit ans, il ne reverra plus ses amis de Thessalonique. La communauté chrétienne organisa le départ nocturne des deux hommes pour Bérée, une petite ville à 70 km à l'ouest. Ils s'écartèrent de la Voie égnatienne, pour prendre une route secondaire.
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30. Thessalonique
Le Mont Olympe, le plus haut sommet de Grèce, près de Thessalonique. Les grecs du temps de Paul croyaient que Zeus et les autres dieux y habitaient, dans des palais camouflés aux yeux des mortels par une épaisse et permanente couche de nuages.
Aujourd'hui encore, Thessaloniki est un grand port sur la Mer Égée.
Paul et ses deux compagnons, Silas et Timothée, quittent la ville de Philippes et se dirigent vers le sud en passant par Amphipolis, l’une des plus anciennes cités de la Grèce, mais ils ne s'y arrêtent pas. Après un voyage de 150 km, le long de la Voie égnatienne, ils arrivent à Thessalonique (Actes 17, 1). Les voyageurs aperçoivent les cimes enneigées du mont Olympe (2.985 mètres), la sainte montagne des dieux. C'est là-haut que trônait Zeus, «le façonneur des nuages». Le Grec regardait cette montagne avec une crainte semblable à celle de l'Israélite face au Mont Sinaï.
Cassandre, roi de Macédoine, a fondé Thessalonique en 315 av. J.-C et lui a donné le nom de son épouse Thessaloniki, la soeur d'Alexandre le Grand. Les Romains s'en sont emparés en -68. Agrandie et devenue capitale de la Macédoine, elle a obtenu, en -42, le statut de cité libre. Elle possédait un grand port sur la Mer Égée et pourvoyait aux besoins d'une bonne partie des pays environnants.
En créant la Voie égnatienne, qui prolongeait la voie appienne jusqu'à Byzance, les Romains firent de Thessalonique une étape incontournable. La ville était reliée à Rome et à l'Asie. À quatre mètres sous la route actuelle, on a mis à jour l'ancienne voie romaine. Sur le plan politique, le pouvoir était entre les mains d'un proconsul, gouvernant au nom du Sénat romain. Thessalonique avait une population cosmopolite. On y retrouvait un mélange des nations du monde : Macédoniens, Grecs, Asiates, Syriens, Égyptiens, Juifs, employés romains et légionnaires. Si l'Évangile réussit à prendre pied à Thessalonique, se disait Paul, il se répandra dans tout le bassin de la Méditerranée. Et c'est ce qui arriva. Après deux ans seulement, Paul écrivait de Corinthe aux Thessaloniciens : «De chez vous, en effet, la parole du Seigneur a retenti, et pas seulement en Macédoine et en Achaïe, mais de tous côtés votre foi en Dieu s’est répandue...» (1 Thessaloniciens 1, 8).
Paul travaille comme tisseur de tentes
À peine arrivé dans la ville, Paul s'est rendu chez Jason, son parent, qui - hospitalité oblige - lui a ouvert sa maison. Apprenant que le voyageur était sans ressources, ému par ses blessures, il lui a procuré les moyens d'exercer son métier de tisseur de tentes. Jason semble avoir dirigé un petit atelier de tissage pourvu de locaux assez vastes. Paul et ses deux compagnons y trouvèrent un accueil chaleureux, un abri, du pain et du travail. Puisqu'ils comptaient sur un séjour assez long, Paul et ses compagnons ne voulaient pas être un fardeau pour leur hôte.
«Vous vous souvenez, frères, de nos labeurs et fatigues : de nuit comme de jour, nous travaillions, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, tandis que nous annoncions l’Évangile de Dieu!» (1 Thessaloniciens 2, 9).
Paul prend la parole à la synagogue
À Thessalonique, la communauté juive avait construit une somptueuse synagogue, équipée par les commerçants et les banquiers. C'était le lieu de rencontre de tous les Juifs de la Macédoine. Dans cette synagogue Paul trouva un public ouvert aux questions religieuses. Il y rencontra aussi des prosélytes et de nombreux «craignant-Dieu», recrutés surtout dans le milieu féminin. Trois sabbats de suite, Paul prit la parole à la synagogue. Les Écritures lui fournissaient un thème commun et un ensemble de principes qu’il utilisait pour les amener à la foi en Jésus-Christ. Utilisant les textes d’Isaïe, Paul expliquait que le Messie devait souffrir, mourir et ressusciter des morts :
«Un homme de douleur et familier de la souffrance, comme quelqu’un devant lequel on voile sa face... Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison... Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette.» (Isaïe 53, 3-7)
Le Messie, disait-il, c'est ce Jésus que je vous annonce.
Paul expliquait que le Messie attendu par les Juifs, le Roi victorieux, n'était qu'un rêve. Le vrai Messie a porté une couronne d'épines, a été crucifié et est mort par amour pour nous. Quel scandale! La plupart des Juifs ne pouvaient accepter un Messie crucifié! Ce sera surtout parmi les païens que Paul rencontrera les coeurs les plus ouverts.
Comme cela était arrivé ailleurs, le succès de l'enseignement de Paul excita la fureur des Juifs
qui menacèrent de mort les deux prédicateurs.
Partout où il passait, Paul invitait ses auditeurs à l'étude approfondie de l'Écriture. C’était pour lui la fontaine de jouvence du christianisme. Les Écritures auront toujours une place centrale dans la prédication de Paul et les Thessaloniciens répondirent à son appel en accueillant la Parole «avec avidité et non point comme une parole humaine» (1 Thessaloniciens 1, 6; 2, 13).
À Thessalonique, Paul et Silas firent de nombreuses conversions. Tous deux demeurèrent quelque temps dans la maison de Jason. Mais, une fois de plus, comme cela était arrivé ailleurs, le succès de l'enseignement de Paul excita la fureur des Juifs qui menacèrent de mort les deux prédicateurs. Ils les accusèrent devant les magistrats de la ville : «ces gens qui ont soulevé le monde entier sont maintenant ici. Ces individus agissent à l'encontre des édits de l'empereur; ils prétendent qu'il y a un autre roi, Jésus». (Actes 17, 6-7)
Les adversaires de Paul recrutèrent «des vauriens qui traînaient dans les rues» (Actes 17, 5), pour organiser une émeute et semer le désordre dans la ville. Ils envahirent la maison de Jason en criant qu'ils voulaient traduire Paul et Silas en justice. Heureusement, tous deux étaient absents ce jour-là. Ils trainèrent alors Jason avec quelques autres chrétiens devant les magistrats de la ville. Paul évita une nouvelle période d'emprisonnement parce que son hôte accepta de fournir en cautionnement une forte somme d’argent. Puisqu'on connaissait Jason comme un citoyen paisible et honnête, on lui demanda de renvoyer le plus tôt possible ces étrangers, causeurs de trouble.
Cette même nuit, Paul donna rendez-vous aux chefs de la communauté et leur laissa ses instructions. Il pensait alors que son absence serait de courte durée. Il en fut autrement. Durant plus de huit ans, il ne reverra plus ses amis de Thessalonique. La communauté chrétienne organisa le départ nocturne des deux hommes pour Bérée, une petite ville à 70 km à l'ouest. Ils s'écartèrent de la Voie égnatienne, pour prendre une route secondaire.
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Paul et ses compagnons demeurèrent assez longtemps à Bérée pour réunir une nouvelle communauté chrétienne. Il y avait dans cette petite ville une synagogue et une colonie juive et ils furent bien accueillis. Les gens écoutèrent la parole de Paul avec empressement.
Après un certain temps, lorsque les Israélites de Thessalonique apprirent qu'à Bérée aussi, Paul avait converti bon nombre de personnes, ils se rendirent dans cette ville et provoquèrent des troubles parmi les habitants.
Cependant, les agitateurs envoyés pour nuire à Paul semblent avoir échoué dans leur entreprise. Ils suscitèrent malgré tout un certain malaise. Les chrétiens ont voulu prévenir le tumulte, en invitant Paul à se mettre en sécurité en évitant les Juifs qui s'en prenaient à lui. Il décida alors de se rendre à Athènes par voie maritime, tandis que Silas et Timothée demeureraient encore quelque temps à Bérée pour achever le travail pastoral si bien commencé. «Les Juifs de Thessalonique... vinrent là encore semer dans la foule l’agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer; quand à Silas et Timothée, ils restèrent là.» (Actes 17, 13-15)
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31. Bérée
Les Églises de Macédoine sont parmi les plus fécondes de celles fondées par Paul
Bérée est une petite ville construite sur le versant du mont Vermion. Elle domine une plaine que traversent deux rivières. Cicéron l’appelle un «oppium devium», un endroit hors route. C'est non loin de là que s'élevait le gigantesque palais des rois de Macédoine. En 1977, on y a retrouvé la tombe de Philippe II, père d'Alexandre le Grand. Elle contenait les ossements d'un petit homme d'un mètre soixante, celui-là même qu'avait poignardé, au cours de l'été 336 av. J.C., son garde du corps Pausanias. Un coffret d'or renfermait sa couronne formée de feuilles de chêne et de glands en or, son manteau de pourpre, son bouclier, ses épées et sa cuirasse.
Paul et ses compagnons demeurèrent assez longtemps à Bérée pour réunir une nouvelle communauté chrétienne. Il y avait dans cette petite ville une synagogue et une colonie juive et ils furent bien accueillis. Les gens écoutèrent la parole de Paul avec empressement.
"Ils accueillirent la Parole avec le plus grand empressement. Chaque jour, ils examinaient les Écritures pour voir si tout était exact."
Ce furent surtout les gens qui possèdent des moyens financiers importants qui se rallièrent au christianisme à Bérée, preuve que l'Église primitive ne recruta pas uniquement des prolétaires, comme on l'a souvent prétendu. Bérée donna également à l'Apôtre un collaborateur précieux, Sopater, que nous retrouverons plus tard parmi les compagnons de voyage de Paul : «Ils accueillirent la Parole avec le plus grand empressement. Chaque jour ils examinaient les Écritures pour voir si tout était exact. Beaucoup d'entre eux embrassèrent la foi, de même que, parmi les Grecs, des dames de qualité et bon nombre d’hommes.» (Actes 17, 11-12)
Après un certain temps, lorsque les Israélites de Thessalonique apprirent qu'à Bérée aussi, Paul avait converti bon nombre de personnes, ils se rendirent dans cette ville et provoquèrent des troubles parmi les habitants.
Cependant, les agitateurs envoyés pour nuire à Paul semblent avoir échoué dans leur entreprise. Ils suscitèrent malgré tout un certain malaise. Les chrétiens ont voulu prévenir le tumulte, en invitant Paul à se mettre en sécurité en évitant les Juifs qui s'en prenaient à lui. Il décida alors de se rendre à Athènes par voie maritime, tandis que Silas et Timothée demeureraient encore quelque temps à Bérée pour achever le travail pastoral si bien commencé. «Les Juifs de Thessalonique... vinrent là encore semer dans la foule l’agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer; quand à Silas et Timothée, ils restèrent là.» (Actes 17, 13-15)
Paul a essayé par deux fois de retourner à Bérée et à Thessalonique mais cela ne fut pas possible à cause des menaces proférées par les fanatiques juifs : «Nous avons voulu venir jusqu'à vous à plusieurs reprises, mais Satan nous en a empêchés.» (1 Thessaloniciens 2, 18)
Soit à Bérée, soit en cours de route vers Athènes, on pense que Paul a été pris d'un excès de fièvre, probablement dû à la malaria. Ceci expliquerait pourquoi ceux qui avaient mission de l'accompagner jusqu'au port, ne rentrèrent pas chez eux, mais restèrent auprès de lui et «le menèrent jusqu'à Athènes».
Rendu à Athènes Paul prit congé des frères de Bérée et demanda qu’on lui envoie Silas et Timothée : «Dites à Silas et à Timothée, de me rejoindre au plus tôt.» Il se sentait probablement bien souffrant et éprouvait le besoin d'être soutenu et réconforté.
La fin de l'automne 49 approchait. Il aura fallu environ 18 mois pour mettre en place, à Thessalonique et à Bérée, des communautés chrétiennes qui continueront à vivre.
Ces Églises de Macédoine ont sans doute été parmi les plus fécondes et les plus dynamiques de celles fondées par Paul.
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Paul de Tarse était un homme cultivé qui savait apprécier les beautés de la Grèce. Il savait estimer tout ce qui rehaussait la dignité humaine.
L'Acropole dominait la ville, avec le Parthénon qui abritait la statue d'or et d'ivoire d’Athéna de 12 mètres de hauteur, ciselée par Phidias. L'idée de Dieu était, chez les Grecs, infiniment supérieure à celle des Égyptiens et des autres religions, qui n'hésitaient pas à représenter leurs dieux sous l'image d’animaux sacrés, ou encore dans des formes hybrides, animales et humaines à la fois. Pour les Grecs, c'est l'être humain qui, par sa forme harmonieuse, est la suprême révélation de Dieu. Paul a fait allusion dans son discours à l'Aréopage, à cette recherche de Dieu au moyen des formes de l'art, ainsi qu'à l'expérience de Dieu vécue par les poètes. De la sorte, il a rendu justice à l'esprit grec.
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32. Athènes
Paul se rend à Athènes par bateau, accompagné par des amis de Bérée
Après un voyage en mer, Paul se retrouva pour la première fois à Athènes. Bien que quatre siècles se soient écoulés depuis son apogée au temps de Périclès, la ville était encore la capitale intellectuelle de l'Empire. C’était une cité célèbre, mais la Grèce comme telle n’existait plus. La prise de Corinthe par les Romains en 146 avant J. C. et la domination romaine dans tout le pays avaient sonné le glas de la Grèce antique. En mars 86 av. J.-C., Sylla s'était emparé d'Athènes, la livrant aux massacres et aux pillages. Le temps de Périclès et d'Alexandre le Grand était bien loin. Ce pays qui a marqué l’histoire du monde était tombé au rang d'une simple province romaine.
Il faut lire les pages amères de voyageurs de renom comme Cicéron, Strabon et Pausanias sur la Grèce soumise à Rome : «l'apparence de liberté officiellement accordée par Rome n'est qu'un masque. On nous montre des campagnes devenues désertiques, des villes ruinées, des temples à l'abandon, les socles des statues dérobées, le Péloponnèse frappé à mort, les villes de Thèbes et d'Argos réduites au rang de simples villages. Quelle déchéance ! Seule Corinthe semble épargnée.»
Athènes dut son salut à la gloire de ses ancêtres, tandis que Corinthe put se relever de ses ruines, grâce au bon vouloir de Jules César. Athènes et toute la Grèce étaient devenues un musée d'art pour les touristes de l'époque. Luc ajoute : «Tous les Athéniens et les étrangers qui résidaient parmi eux n’avaient d’autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés.» (Actes 17, 21)
L’Acropole d’Athènes est un plateau rocheux élevé au centre d’Athènes. On y a construit plusieurs monuments remarquables, dont quatre temples, un théâtre, etc.
Dans sa décadence même, Athènes exerçait un tel attrait sur les conquérants qu'aucun Romain ne se serait estimé cultivé s'il n'y avait fait ses études. Il était de bon ton, pour la noblesse de Rome, d'avoir vécu un certain temps à Athènes. Des hommes comme Cicéron, Ovide, Horace et Virgile y avaient cherché leur inspiration. Les hommes d'État et les politiciens comme César, Marc-Antoine, Pompée et Auguste avaient rendu hommage à sa beauté.
En approchant de la ville par la mer, Paul a pu admirer l'immense massif montagneux de l'Acropole. Il apercevait au loin les champs de Marathon. Sur une élévation, les temples d'Athéna, patronne du pays, et de Poséidon, dieu de la mer, saluaient les étrangers.
Arrivés dans le golfe au port du Pirée, encombré d'une multitude de bateaux, les frères de Bérée ne voulurent pas laisser Paul parcourir seul les quinze kilomètres qui séparaient le port de la ville d'Athènes. Ils l'accompagnèrent jusqu’au centre-ville. Satisfaits de le voir à l'abri, ils revinrent à Bérée.
Symbole par excellence de la culture grecque et dominant l'acropole d'Athènes, le Parthénon était consacré à la déesse Athéna.
La statue d'Athéna, protectrice de la cité et déesse de la guerre et de la sagesse, trônait au Parthénon.
Paul de Tarse était un homme cultivé qui savait apprécier les beautés de la Grèce. Il savait estimer tout ce qui rehaussait la dignité humaine.
L'Acropole dominait la ville, avec le Parthénon qui abritait la statue d'or et d'ivoire d’Athéna de 12 mètres de hauteur, ciselée par Phidias. L'idée de Dieu était, chez les Grecs, infiniment supérieure à celle des Égyptiens et des autres religions, qui n'hésitaient pas à représenter leurs dieux sous l'image d’animaux sacrés, ou encore dans des formes hybrides, animales et humaines à la fois. Pour les Grecs, c'est l'être humain qui, par sa forme harmonieuse, est la suprême révélation de Dieu. Paul a fait allusion dans son discours à l'Aréopage, à cette recherche de Dieu au moyen des formes de l'art, ainsi qu'à l'expérience de Dieu vécue par les poètes. De la sorte, il a rendu justice à l'esprit grec.
Les Grecs avaient un grand respect de l’être humain. Dans la ville d’Athènes, existait «une statue de la Compassion» qui datait du temps où les Grecs formaient encore une nation d'hommes et de femmes libres qui faisait la promotion de la grandeur et de la beauté de l’espèce humaine. Nous retrouvons cette beauté et cette grandeur dans toutes ses oeuvres d’art.
Au temps de Paul, Athènes n'avait pas encore introduit les combats sanglants des gladiateurs. Au deuxième siècle av. J.Ch., certains avaient voulu suivre l'exemple de Corinthe, en introduisant les combats de gladiateurs dans l’amphithéâtre. Le philosophe Démonax se leva alors et s'écria : «Mais renversez d'abord l'autel de la compassion». Ces luttes cruelles et sanglantes, pour le seul plaisir des spectateurs, ne cadraient pas avec l’amour et le respect qu’avaient les Grecs pour l’être humain.
La ville d’Athènes, où Paul venait d’arriver, même dépouillée de tout rôle politique, gardait le prestige de son passé et de sa culture.
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La rencontre de Paul avec un groupe d'intellectuels d’Athènes a été un tournant décisif dans sa mission et le commencement d'une nouvelle étape dans sa vie. Si jusque-là, il avait appris que Jésus crucifié était une pierre d'achoppement – un scandale – pour les Juifs, il allait apprendre maintenant que pour les Grecs, c'était une folie. Cette rencontre avec les Grecs cultivés a été pour lui l'affrontement de la foi chrétienne avec le monde de son temps.
Voulant s'adapter au degré de culture de son auditoire, Paul avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Ce fut un échec complet!
Les auditeurs de Paul appartenaient à deux mouvements philosophiques importants : l'école des Stoïciens et celle des Épicuriens. Selon les épicuriens, le monde était l'oeuvre du hasard; le bonheur et le bien-être modéré étaient le but de la vie des hommes. On devait rechercher non seulement son propre bonheur mais aussi celui des autres. Dans la vie pratique, ils avaient ce principe : «Recherche ton propre bonheur et celui de tes proches. Tu ne vis que peu de temps, et tu es mort pour longtemps.» Ces gens étaient tout à fait fermés au monde surnaturel. Les stoïciens par contre s’efforçaient de vivre sobrement et d’avoir le moins de désirs possibles. C’était pour eux le meilleur moyen de ne pas être déçus, de trouver le bonheur dans ce qu’ils avaient, sans rêver à de grands projets ou à de grands biens.
En promettant de résoudre l'énigme du «Dieu inconnu», Paul éveilla l’attention des gens d’Athènes. Dans une audace sans pareille, il affirme que tous, Juifs et non-Juifs «nous sommes de la race de Dieu» (Actes 17, 29). Jusque-là, les Athéniens semblent attentifs et plutôt curieux des propos de Paul. Mais lorsqu'il se met à parler de la Résurrection de Jésus, leur attitude change: «À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois» (Actes 17, 32). La Résurrection, événement transcendant l'histoire, ne pouvait être reçue par des esprits qui s'appuyaient sur la seule raison humaine, comme le faisaient les Athéniens.
Le magnifique discours de Paul à l’Aréopage a été un échec total : les Grecs se heurtaient à l'idée de la résurrection car pour eux, le corps humain était une prison de l’esprit. La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.
Paul ne réussit pas à fonder une communauté importante à Athènes. Dans aucune de ses lettres, il ne la mentionne; il n'a écrit aucune épitre aux Athéniens; il n'a pas visité cette ville lors de son troisième voyage missionnaire. Dans cette Athènes connue pour sa philosophie et pour sa sagesse, il n'avait personne à qui parler de ce qui remplissait son coeur. Il écrit aux Thessaloniciens: J'étais seul à Athènes !» (Actes 17, 15).
Paul avait connu de nombreux échecs tout au long de ses voyages missionnaires. Il en essuiera d'autres. Mais pour lui, celui d’Athènes aura été le plus dévastateur. Il n'a pas été insulté, n'a pas été jeté en prison, n'a pas été flagellé, mais on s'est moqué de son message d’espérance et de liberté
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33. L'échec d'Athènes
Discours de Paul à l'Aéropage d'Athènes.
La rencontre de Paul avec un groupe d'intellectuels d’Athènes a été un tournant décisif dans sa mission et le commencement d'une nouvelle étape dans sa vie. Si jusque-là, il avait appris que Jésus crucifié était une pierre d'achoppement – un scandale – pour les Juifs, il allait apprendre maintenant que pour les Grecs, c'était une folie. Cette rencontre avec les Grecs cultivés a été pour lui l'affrontement de la foi chrétienne avec le monde de son temps.
Par sa connaissance de Dieu, la Grèce avait presque atteint Israël. Elle l'avait même surpassé, sur certains aspects, car elle avait su donner à l'idée de Dieu une expression artistique, tandis qu'Israël était resté barbare dans le domaine de l'art.
Voulant s'adapter au degré de culture de son auditoire, Paul avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Ce fut un échec complet!
Les auditeurs de Paul appartenaient à deux mouvements philosophiques importants : l'école des Stoïciens et celle des Épicuriens. Selon les épicuriens, le monde était l'oeuvre du hasard; le bonheur et le bien-être modéré étaient le but de la vie des hommes. On devait rechercher non seulement son propre bonheur mais aussi celui des autres. Dans la vie pratique, ils avaient ce principe : «Recherche ton propre bonheur et celui de tes proches. Tu ne vis que peu de temps, et tu es mort pour longtemps.» Ces gens étaient tout à fait fermés au monde surnaturel. Les stoïciens par contre s’efforçaient de vivre sobrement et d’avoir le moins de désirs possibles. C’était pour eux le meilleur moyen de ne pas être déçus, de trouver le bonheur dans ce qu’ils avaient, sans rêver à de grands projets ou à de grands biens.
En promettant de résoudre l'énigme du «Dieu inconnu», Paul éveilla l’attention des gens d’Athènes. Dans une audace sans pareille, il affirme que tous, Juifs et non-Juifs «nous sommes de la race de Dieu» (Actes 17, 29). Jusque-là, les Athéniens semblent attentifs et plutôt curieux des propos de Paul. Mais lorsqu'il se met à parler de la Résurrection de Jésus, leur attitude change: «À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois» (Actes 17, 32). La Résurrection, événement transcendant l'histoire, ne pouvait être reçue par des esprits qui s'appuyaient sur la seule raison humaine, comme le faisaient les Athéniens.
Le magnifique discours de Paul à l’Aréopage a été un échec total : les Grecs se heurtaient à l'idée de la résurrection car pour eux, le corps humain était une prison de l’esprit. La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.
La résurrection des morts était un terrible obstacle pour ces intellectuels qui voyaient le corps humain comme une prison de l’esprit.
La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.
Dans ce discours, Luc prête à Paul une stratégie d’évangélisation qui dénote un gros effort d’inculturation. On appelle inculturation la volonté d’inscrire l’Évangile dans les catégories et le langage d’une culture donnée. L’effort était louable mais c’en était trop pour les penseurs athéniens. La résurrection des morts était un terrible obstacle pour cette mentalité d’intellectuels. Paul perd ici la majorité de son auditoire, sauf quelques-uns dont la tradition nous a conservé le nom : Denys l’Aréopagite, une femme appelée Damaris, et quelques autres encore.
Paul avait pensé pouvoir convaincre ses auditeurs par la force de ses arguments et démontrer que le système des religions grecques était dépassé. Il avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Mais il dut constater la futilité de ses arguments. Ce fut un échec complet! Peu de gens se convertirent. La plupart n'étaient même pas intéressés et ne voulaient rien entendre. Paul frappa un mur et découvrit ses propres limites.
Dans cette Athènes sceptique, superficielle et éprise d'elle-même, Paul a acquis un profond mépris de la sagesse du monde. Il prit alors la résolution de lui opposer, à l'avenir, la Croix de Jésus Christ. À partir de cet instant, il ne prêchera plus la sagesse grecque, mais uniquement le Christ et la folie de la Croix.
Paul ne réussit pas à fonder une communauté importante à Athènes. Dans aucune de ses lettres, il ne la mentionne; il n'a écrit aucune épitre aux Athéniens; il n'a pas visité cette ville lors de son troisième voyage missionnaire. Dans cette Athènes connue pour sa philosophie et pour sa sagesse, il n'avait personne à qui parler de ce qui remplissait son coeur. Il écrit aux Thessaloniciens: J'étais seul à Athènes !» (Actes 17, 15).
Paul avait connu de nombreux échecs tout au long de ses voyages missionnaires. Il en essuiera d'autres. Mais pour lui, celui d’Athènes aura été le plus dévastateur. Il n'a pas été insulté, n'a pas été jeté en prison, n'a pas été flagellé, mais on s'est moqué de son message d’espérance et de liberté :
«Alors que les Juifs demandent des signes, et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens» (1 Corinthiens 1,22-23).
Jamais il ne voudra revoir Athènes.
Sa réaction est étrange. Paul qui n'avait jamais manqué de force et de courage pour affronter les contrariétés, l'emprisonnement et la torture, sortit d'Athènes découragé et chercha refuge à Corinthe.
Paul rappellera aux Corinthiens, à son arrivée chez eux, les leçons qu'il tira de son échec d’Athènes:
«Pour moi, quand je suis venu chez-vous, frères, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non, je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Moi-même je me suis présenté à vous faible, craintif et tout tremblant. Et ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse; c’était une démonstration d’Esprit et de puissance, pour que votre foi reposât, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.» (1 Corinthiens 2, 1-5).
Tout à coup, il se produisit un si violent tremblement de terre que les fondements de la prison en furent ébranlés. À l'instant, toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers se détachèrent. Tiré de son sommeil et voyant ouvertes les portes de la prison, le geôlier sortit son glaive; il allait se tuer, à l'idée que les prisonniers s'étaient évadés. Mais Paul cria d'une voix forte : «Ne te fais aucun mal, car nous sommes tous ici.»
Le geôlier demanda de la lumière, accourut et, tout tremblant, se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les fit sortir et dit : «Seigneurs, que me faut-il faire pour être sauvé?» Ils répondirent : «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens.» Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens. Il les fit alors monter dans sa maison, dressa la table, et il se réjouit avec tous les siens d'avoir cru en Dieu.»
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29. Flagellation à Philippes
Paul et les siens reviennent volontiers auprès de cette rivière où ils ont rencontré Lydie. Un jour, ils croisent une jeune esclave dotée du don de voyance et exploitée honteusement par ses propriétaires. Elle appartient à un groupe de prêtres du temple d’Apollon qui font beaucoup d’argent grâce au don de cette femme.
Paul guérit l'esclave voyante exploitée par les prêtres du temple d'Apollon
Après un certain temps, Paul guérit la pauvre esclave en chassant le démon qui l’habite. Selon ses propriétaires, cette guérison a eu comme effet de lui faire perdre le don qui lui permettait de prévoir l’avenir. Furieux d’être privés de leur source de revenus, ils mobilisent contre Paul les autorités de la ville et ses habitants. Cet incident va soudain mettre en péril la petite communauté chrétienne de Philippes.
Jusqu'à présent seuls les Juifs avaient attaqué Paul parce que, selon eux, il mettait en danger la religion juive.
Les païens par contre vont aussi s’en prendre à lui de façon brutale, quand il les frustre de leur revenu. Plus tard, à Éphèse, Démétrius ameutera les orfèvres et fera mettre Paul en prison pour ensuite le chasser de la ville. Comme les prêtres frustrés ne pouvaient, auprès des Romains, porter une accusation sur le plan religieux, ils attaquent Paul sur le plan politique. Luc relate ainsi l’événement :
«Un jour que nous nous rendions au lieu de prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur; elle faisait gagner beaucoup d'argent à ses maîtres en rendant des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : «Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très-Haut; ils vous annoncent la voie du salut.» Elle fit ainsi pendant bien des jours. À la fin Paul, excédé, se retourna et dit à l'esprit : «Je t'ordonne au nom de Jésus Christ de sortir de cette femme.» Et l'esprit sortit à l'instant même. Mais ses maîtres, voyant disparaître leurs espoirs de gain, se saisirent de Paul et de Silas, les traînèrent sur l'agora devant les magistrats et dirent, en les présentant aux stratèges : «Ces gens-là jettent le trouble dans notre ville. Ce sont des Juifs, et ils prêchent des usages qu'il ne nous est permis, à nous Romains, ni d'accepter ni de suivre.» La foule s'ameuta contre eux, et les stratèges, après avoir fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent de les battre de verges. Quand ils les eurent bien roués de coups, ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les garder avec soin. Ayant reçu pareille consigne, celui-ci les jeta dans le cachot intérieur et leur fixa les pieds dans des ceps.» (Actes 16, 16-24.)
Paul et Silas cruellement flagellés
En tant que citoyens romains, Paul et Silas n'auraient jamais dû être traités de la sorte. Au milieu du tumulte, il fut impossible aux juges municipaux de se faire une idée exacte de la situation, et encore moins aux accusés de prendre la parole pour se défendre. Puisqu'il ne s'agissait que de deux Juifs inconnus et étrangers, les préteurs ne s’informèrent pas de leur état civil. Ils les condamnèrent sommairement aux verges, c’est-à-dire à la flagellation.
La flagellation était un supplice cruel et souvent mortel. Il arrive, dit le poète Horace, que le supplicié soit «déchiré par les fouets à en dégoûter le bourreau». L'instrument du supplice, le flagellum est un fouet à manche court auquel sont attachées des lanières longues et épaisses. Afin que les coups déchirent mieux la peau et la chair, on fixe à l'extrémité de chacune d'elles des balles de plomb ou des osselets de mouton.
Luc continue le récit de cette arrestation :
Vers minuit, Paul et Silas, en prière, chantaient les louanges de Dieu; les prisonniers les écoutaient.
Paul et Silas, en prière, chantaient les louanges de Dieu
Un violent tremblement survient et tous les prisonniers s'évadent. Paul empêche le geolier de se suicider et le convertit.
Tout à coup, il se produisit un si violent tremblement de terre que les fondements de la prison en furent ébranlés. À l'instant, toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers se détachèrent. Tiré de son sommeil et voyant ouvertes les portes de la prison, le geôlier sortit son glaive; il allait se tuer, à l'idée que les prisonniers s'étaient évadés. Mais Paul cria d'une voix forte : «Ne te fais aucun mal, car nous sommes tous ici.»
Le geôlier demanda de la lumière, accourut et, tout tremblant, se jeta aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les fit sortir et dit : «Seigneurs, que me faut-il faire pour être sauvé?» Ils répondirent : «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et les tiens.» Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. Le geôlier les prit avec lui à l'heure même, en pleine nuit, lava leurs plaies et sur-le-champ reçut le baptême, lui et tous les siens. Il les fit alors monter dans sa maison, dressa la table, et il se réjouit avec tous les siens d'avoir cru en Dieu.»
«Lorsqu'il fit jour, les stratèges envoyèrent les licteurs dire au geôlier : «Relâche ces gens-là.» Celui-ci rapporta ces paroles à Paul : «Les stratèges ont envoyé dire de vous relâcher. Sortez donc et allez-vous-en.» Mais Paul dit aux licteurs : «Ils nous ont fait battre en public et sans jugement, nous, des citoyens romains, et ils nous ont jetés en prison. Et maintenant, c'est à la dérobée qu'ils nous font sortir! Eh bien, non! Qu'ils viennent eux-mêmes nous libérer.» Les licteurs rapportèrent ces paroles aux stratèges. Effrayés en apprenant qu'ils étaient citoyens romains, ceux-ci vinrent les presser de quitter la ville. Au sortir de la prison, Paul et Silas se rendirent chez Lydie, revirent les frères et les exhortèrent, puis ils partirent.» (Actes 16, 25-40)
Comme il en a l’habitude, Luc fait de toute cette histoire un condensé rapide. C'est avec un plaisir malicieux qu’il décrit le coup de maître de Paul. La révélation de son titre de citoyen romain fait l'effet d'une bombe sur les responsables de la ville. Paul refuse de répondre à la demande de ses juges de quitter secrètement la ville et il exige que les détenteurs du pouvoir viennent personnellement faire leurs excuses, et qu'ils les conduisent avec honneur hors de leur prison. Ce qu’ils s’empressent de faire, en reconnaissant leur erreur. Imposer la sanction dégradante que la flagellation à un citoyen romain était un délit grave!
Paul et Silas ne sont pas du tout pressés de quitter la ville. Ils se rendent solennellement jusqu'à la maison de Lydie, où les chrétiens sont assemblés. Paul nomme des presbytres (anciens) comme responsables et leur donne les instructions nécessaires pour la direction de la communauté. Luc, qui n'était pas compromis dans cette affaire, pourra demeurer à Philippes afin d’accompagner la croissance de la jeune Église. Grâce à lui, Paul restera en contact avec les chrétiens et chrétiennes de cette communauté. Ce fut la seule Église envers laquelle Paul n'eut jamais de blâme, et à qui il permit de subvenir à ses besoins. Il nourrissait une tendresse toute maternelle envers cette communauté. Cependant, chaque fois qu’il se souviendra de son séjour à Philippes, il pensera à l'affront qu’on lui a fait subir : «Vous savez ce que nous avons souffert, et comment nous avons été outragés à Philippes», écrira-t-il aux Thessaloniciens voisins (1 Thessaloniciens 2, 2).
Paul prend alors la direction du sud. Ils se dirigent vers Thessalonique. Lui et Silas se traînent mais ils marchent. Timothée les assiste de son mieux. Cent cinquante kilomètres à parcourir sur le Voie Égnatia. Normalement, on pouvait faire environ vingt-cinq kilomètres par jour, donc un voyage de six à sept jours. L'état pitoyable de Paul et Silas laisse croire qu’il leur fallut le double de temps pour faire ce voyage.
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Paul travaille comme tisseur de tentes
À peine arrivé dans la ville, Paul s'est rendu chez Jason, son parent, qui - hospitalité oblige - lui a ouvert sa maison. Apprenant que le voyageur était sans ressources, ému par ses blessures, il lui a procuré les moyens d'exercer son métier de tisseur de tentes. Jason semble avoir dirigé un petit atelier de tissage pourvu de locaux assez vastes. Paul et ses deux compagnons y trouvèrent un accueil chaleureux, un abri, du pain et du travail. Puisqu'ils comptaient sur un séjour assez long, Paul et ses compagnons ne voulaient pas être un fardeau pour leur hôte.
À Thessalonique, la communauté juive avait construit une somptueuse synagogue, équipée par les commerçants et les banquiers. C'était le lieu de rencontre de tous les Juifs de la Macédoine. Dans cette synagogue Paul trouva un public ouvert aux questions religieuses. Il y rencontra aussi des prosélytes et de nombreux «craignant-Dieu», recrutés surtout dans le milieu féminin. Trois sabbats de suite, Paul prit la parole à la synagogue. Les Écritures lui fournissaient un thème commun et un ensemble de principes qu’il utilisait pour les amener à la foi en Jésus-Christ. Utilisant les textes d’Isaïe, Paul expliquait que le Messie devait souffrir, mourir et ressusciter des morts
Partout où il passait, Paul invitait ses auditeurs à l'étude approfondie de l'Écriture. C’était pour lui la fontaine de jouvence du christianisme. Les Écritures auront toujours une place centrale dans la prédication de Paul et les Thessaloniciens répondirent à son appel en accueillant la Parole «avec avidité et non point comme une parole humaine» (1 Thessaloniciens 1, 6; 2, 13).
À Thessalonique, Paul et Silas firent de nombreuses conversions. Tous deux demeurèrent quelque temps dans la maison de Jason. Mais, une fois de plus, comme cela était arrivé ailleurs, le succès de l'enseignement de Paul excita la fureur des Juifs qui menacèrent de mort les deux prédicateurs. Ils les accusèrent devant les magistrats de la ville : «ces gens qui ont soulevé le monde entier sont maintenant ici. Ces individus agissent à l'encontre des édits de l'empereur; ils prétendent qu'il y a un autre roi, Jésus». (Actes 17, 6-7)
Les adversaires de Paul recrutèrent «des vauriens qui traînaient dans les rues» (Actes 17, 5), pour organiser une émeute et semer le désordre dans la ville. Ils envahirent la maison de Jason en criant qu'ils voulaient traduire Paul et Silas en justice. Heureusement, tous deux étaient absents ce jour-là. Ils trainèrent alors Jason avec quelques autres chrétiens devant les magistrats de la ville. Paul évita une nouvelle période d'emprisonnement parce que son hôte accepta de fournir en cautionnement une forte somme d’argent. Puisqu'on connaissait Jason comme un citoyen paisible et honnête, on lui demanda de renvoyer le plus tôt possible ces étrangers, causeurs de trouble.
Cette même nuit, Paul donna rendez-vous aux chefs de la communauté et leur laissa ses instructions. Il pensait alors que son absence serait de courte durée. Il en fut autrement. Durant plus de huit ans, il ne reverra plus ses amis de Thessalonique. La communauté chrétienne organisa le départ nocturne des deux hommes pour Bérée, une petite ville à 70 km à l'ouest. Ils s'écartèrent de la Voie égnatienne, pour prendre une route secondaire.
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30. Thessalonique
Le Mont Olympe, le plus haut sommet de Grèce, près de Thessalonique. Les grecs du temps de Paul croyaient que Zeus et les autres dieux y habitaient, dans des palais camouflés aux yeux des mortels par une épaisse et permanente couche de nuages.
Aujourd'hui encore, Thessaloniki est un grand port sur la Mer Égée.
Paul et ses deux compagnons, Silas et Timothée, quittent la ville de Philippes et se dirigent vers le sud en passant par Amphipolis, l’une des plus anciennes cités de la Grèce, mais ils ne s'y arrêtent pas. Après un voyage de 150 km, le long de la Voie égnatienne, ils arrivent à Thessalonique (Actes 17, 1). Les voyageurs aperçoivent les cimes enneigées du mont Olympe (2.985 mètres), la sainte montagne des dieux. C'est là-haut que trônait Zeus, «le façonneur des nuages». Le Grec regardait cette montagne avec une crainte semblable à celle de l'Israélite face au Mont Sinaï.
Cassandre, roi de Macédoine, a fondé Thessalonique en 315 av. J.-C et lui a donné le nom de son épouse Thessaloniki, la soeur d'Alexandre le Grand. Les Romains s'en sont emparés en -68. Agrandie et devenue capitale de la Macédoine, elle a obtenu, en -42, le statut de cité libre. Elle possédait un grand port sur la Mer Égée et pourvoyait aux besoins d'une bonne partie des pays environnants.
En créant la Voie égnatienne, qui prolongeait la voie appienne jusqu'à Byzance, les Romains firent de Thessalonique une étape incontournable. La ville était reliée à Rome et à l'Asie. À quatre mètres sous la route actuelle, on a mis à jour l'ancienne voie romaine. Sur le plan politique, le pouvoir était entre les mains d'un proconsul, gouvernant au nom du Sénat romain. Thessalonique avait une population cosmopolite. On y retrouvait un mélange des nations du monde : Macédoniens, Grecs, Asiates, Syriens, Égyptiens, Juifs, employés romains et légionnaires. Si l'Évangile réussit à prendre pied à Thessalonique, se disait Paul, il se répandra dans tout le bassin de la Méditerranée. Et c'est ce qui arriva. Après deux ans seulement, Paul écrivait de Corinthe aux Thessaloniciens : «De chez vous, en effet, la parole du Seigneur a retenti, et pas seulement en Macédoine et en Achaïe, mais de tous côtés votre foi en Dieu s’est répandue...» (1 Thessaloniciens 1, 8).
Paul travaille comme tisseur de tentes
À peine arrivé dans la ville, Paul s'est rendu chez Jason, son parent, qui - hospitalité oblige - lui a ouvert sa maison. Apprenant que le voyageur était sans ressources, ému par ses blessures, il lui a procuré les moyens d'exercer son métier de tisseur de tentes. Jason semble avoir dirigé un petit atelier de tissage pourvu de locaux assez vastes. Paul et ses deux compagnons y trouvèrent un accueil chaleureux, un abri, du pain et du travail. Puisqu'ils comptaient sur un séjour assez long, Paul et ses compagnons ne voulaient pas être un fardeau pour leur hôte.
«Vous vous souvenez, frères, de nos labeurs et fatigues : de nuit comme de jour, nous travaillions, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, tandis que nous annoncions l’Évangile de Dieu!» (1 Thessaloniciens 2, 9).
Paul prend la parole à la synagogue
À Thessalonique, la communauté juive avait construit une somptueuse synagogue, équipée par les commerçants et les banquiers. C'était le lieu de rencontre de tous les Juifs de la Macédoine. Dans cette synagogue Paul trouva un public ouvert aux questions religieuses. Il y rencontra aussi des prosélytes et de nombreux «craignant-Dieu», recrutés surtout dans le milieu féminin. Trois sabbats de suite, Paul prit la parole à la synagogue. Les Écritures lui fournissaient un thème commun et un ensemble de principes qu’il utilisait pour les amener à la foi en Jésus-Christ. Utilisant les textes d’Isaïe, Paul expliquait que le Messie devait souffrir, mourir et ressusciter des morts :
«Un homme de douleur et familier de la souffrance, comme quelqu’un devant lequel on voile sa face... Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison... Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette.» (Isaïe 53, 3-7)
Le Messie, disait-il, c'est ce Jésus que je vous annonce.
Paul expliquait que le Messie attendu par les Juifs, le Roi victorieux, n'était qu'un rêve. Le vrai Messie a porté une couronne d'épines, a été crucifié et est mort par amour pour nous. Quel scandale! La plupart des Juifs ne pouvaient accepter un Messie crucifié! Ce sera surtout parmi les païens que Paul rencontrera les coeurs les plus ouverts.
Comme cela était arrivé ailleurs, le succès de l'enseignement de Paul excita la fureur des Juifs
qui menacèrent de mort les deux prédicateurs.
Partout où il passait, Paul invitait ses auditeurs à l'étude approfondie de l'Écriture. C’était pour lui la fontaine de jouvence du christianisme. Les Écritures auront toujours une place centrale dans la prédication de Paul et les Thessaloniciens répondirent à son appel en accueillant la Parole «avec avidité et non point comme une parole humaine» (1 Thessaloniciens 1, 6; 2, 13).
À Thessalonique, Paul et Silas firent de nombreuses conversions. Tous deux demeurèrent quelque temps dans la maison de Jason. Mais, une fois de plus, comme cela était arrivé ailleurs, le succès de l'enseignement de Paul excita la fureur des Juifs qui menacèrent de mort les deux prédicateurs. Ils les accusèrent devant les magistrats de la ville : «ces gens qui ont soulevé le monde entier sont maintenant ici. Ces individus agissent à l'encontre des édits de l'empereur; ils prétendent qu'il y a un autre roi, Jésus». (Actes 17, 6-7)
Les adversaires de Paul recrutèrent «des vauriens qui traînaient dans les rues» (Actes 17, 5), pour organiser une émeute et semer le désordre dans la ville. Ils envahirent la maison de Jason en criant qu'ils voulaient traduire Paul et Silas en justice. Heureusement, tous deux étaient absents ce jour-là. Ils trainèrent alors Jason avec quelques autres chrétiens devant les magistrats de la ville. Paul évita une nouvelle période d'emprisonnement parce que son hôte accepta de fournir en cautionnement une forte somme d’argent. Puisqu'on connaissait Jason comme un citoyen paisible et honnête, on lui demanda de renvoyer le plus tôt possible ces étrangers, causeurs de trouble.
Cette même nuit, Paul donna rendez-vous aux chefs de la communauté et leur laissa ses instructions. Il pensait alors que son absence serait de courte durée. Il en fut autrement. Durant plus de huit ans, il ne reverra plus ses amis de Thessalonique. La communauté chrétienne organisa le départ nocturne des deux hommes pour Bérée, une petite ville à 70 km à l'ouest. Ils s'écartèrent de la Voie égnatienne, pour prendre une route secondaire.
Ajouté 3 minutes 25 secondes après :
Paul et ses compagnons demeurèrent assez longtemps à Bérée pour réunir une nouvelle communauté chrétienne. Il y avait dans cette petite ville une synagogue et une colonie juive et ils furent bien accueillis. Les gens écoutèrent la parole de Paul avec empressement.
Après un certain temps, lorsque les Israélites de Thessalonique apprirent qu'à Bérée aussi, Paul avait converti bon nombre de personnes, ils se rendirent dans cette ville et provoquèrent des troubles parmi les habitants.
Cependant, les agitateurs envoyés pour nuire à Paul semblent avoir échoué dans leur entreprise. Ils suscitèrent malgré tout un certain malaise. Les chrétiens ont voulu prévenir le tumulte, en invitant Paul à se mettre en sécurité en évitant les Juifs qui s'en prenaient à lui. Il décida alors de se rendre à Athènes par voie maritime, tandis que Silas et Timothée demeureraient encore quelque temps à Bérée pour achever le travail pastoral si bien commencé. «Les Juifs de Thessalonique... vinrent là encore semer dans la foule l’agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer; quand à Silas et Timothée, ils restèrent là.» (Actes 17, 13-15)
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31. Bérée
Les Églises de Macédoine sont parmi les plus fécondes de celles fondées par Paul
Bérée est une petite ville construite sur le versant du mont Vermion. Elle domine une plaine que traversent deux rivières. Cicéron l’appelle un «oppium devium», un endroit hors route. C'est non loin de là que s'élevait le gigantesque palais des rois de Macédoine. En 1977, on y a retrouvé la tombe de Philippe II, père d'Alexandre le Grand. Elle contenait les ossements d'un petit homme d'un mètre soixante, celui-là même qu'avait poignardé, au cours de l'été 336 av. J.C., son garde du corps Pausanias. Un coffret d'or renfermait sa couronne formée de feuilles de chêne et de glands en or, son manteau de pourpre, son bouclier, ses épées et sa cuirasse.
Paul et ses compagnons demeurèrent assez longtemps à Bérée pour réunir une nouvelle communauté chrétienne. Il y avait dans cette petite ville une synagogue et une colonie juive et ils furent bien accueillis. Les gens écoutèrent la parole de Paul avec empressement.
"Ils accueillirent la Parole avec le plus grand empressement. Chaque jour, ils examinaient les Écritures pour voir si tout était exact."
Ce furent surtout les gens qui possèdent des moyens financiers importants qui se rallièrent au christianisme à Bérée, preuve que l'Église primitive ne recruta pas uniquement des prolétaires, comme on l'a souvent prétendu. Bérée donna également à l'Apôtre un collaborateur précieux, Sopater, que nous retrouverons plus tard parmi les compagnons de voyage de Paul : «Ils accueillirent la Parole avec le plus grand empressement. Chaque jour ils examinaient les Écritures pour voir si tout était exact. Beaucoup d'entre eux embrassèrent la foi, de même que, parmi les Grecs, des dames de qualité et bon nombre d’hommes.» (Actes 17, 11-12)
Après un certain temps, lorsque les Israélites de Thessalonique apprirent qu'à Bérée aussi, Paul avait converti bon nombre de personnes, ils se rendirent dans cette ville et provoquèrent des troubles parmi les habitants.
Cependant, les agitateurs envoyés pour nuire à Paul semblent avoir échoué dans leur entreprise. Ils suscitèrent malgré tout un certain malaise. Les chrétiens ont voulu prévenir le tumulte, en invitant Paul à se mettre en sécurité en évitant les Juifs qui s'en prenaient à lui. Il décida alors de se rendre à Athènes par voie maritime, tandis que Silas et Timothée demeureraient encore quelque temps à Bérée pour achever le travail pastoral si bien commencé. «Les Juifs de Thessalonique... vinrent là encore semer dans la foule l’agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer; quand à Silas et Timothée, ils restèrent là.» (Actes 17, 13-15)
Paul a essayé par deux fois de retourner à Bérée et à Thessalonique mais cela ne fut pas possible à cause des menaces proférées par les fanatiques juifs : «Nous avons voulu venir jusqu'à vous à plusieurs reprises, mais Satan nous en a empêchés.» (1 Thessaloniciens 2, 18)
Soit à Bérée, soit en cours de route vers Athènes, on pense que Paul a été pris d'un excès de fièvre, probablement dû à la malaria. Ceci expliquerait pourquoi ceux qui avaient mission de l'accompagner jusqu'au port, ne rentrèrent pas chez eux, mais restèrent auprès de lui et «le menèrent jusqu'à Athènes».
Rendu à Athènes Paul prit congé des frères de Bérée et demanda qu’on lui envoie Silas et Timothée : «Dites à Silas et à Timothée, de me rejoindre au plus tôt.» Il se sentait probablement bien souffrant et éprouvait le besoin d'être soutenu et réconforté.
La fin de l'automne 49 approchait. Il aura fallu environ 18 mois pour mettre en place, à Thessalonique et à Bérée, des communautés chrétiennes qui continueront à vivre.
Ces Églises de Macédoine ont sans doute été parmi les plus fécondes et les plus dynamiques de celles fondées par Paul.
Ajouté 6 heures 38 minutes 47 secondes après :
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Paul de Tarse était un homme cultivé qui savait apprécier les beautés de la Grèce. Il savait estimer tout ce qui rehaussait la dignité humaine.
L'Acropole dominait la ville, avec le Parthénon qui abritait la statue d'or et d'ivoire d’Athéna de 12 mètres de hauteur, ciselée par Phidias. L'idée de Dieu était, chez les Grecs, infiniment supérieure à celle des Égyptiens et des autres religions, qui n'hésitaient pas à représenter leurs dieux sous l'image d’animaux sacrés, ou encore dans des formes hybrides, animales et humaines à la fois. Pour les Grecs, c'est l'être humain qui, par sa forme harmonieuse, est la suprême révélation de Dieu. Paul a fait allusion dans son discours à l'Aréopage, à cette recherche de Dieu au moyen des formes de l'art, ainsi qu'à l'expérience de Dieu vécue par les poètes. De la sorte, il a rendu justice à l'esprit grec.
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32. Athènes
Paul se rend à Athènes par bateau, accompagné par des amis de Bérée
Après un voyage en mer, Paul se retrouva pour la première fois à Athènes. Bien que quatre siècles se soient écoulés depuis son apogée au temps de Périclès, la ville était encore la capitale intellectuelle de l'Empire. C’était une cité célèbre, mais la Grèce comme telle n’existait plus. La prise de Corinthe par les Romains en 146 avant J. C. et la domination romaine dans tout le pays avaient sonné le glas de la Grèce antique. En mars 86 av. J.-C., Sylla s'était emparé d'Athènes, la livrant aux massacres et aux pillages. Le temps de Périclès et d'Alexandre le Grand était bien loin. Ce pays qui a marqué l’histoire du monde était tombé au rang d'une simple province romaine.
Il faut lire les pages amères de voyageurs de renom comme Cicéron, Strabon et Pausanias sur la Grèce soumise à Rome : «l'apparence de liberté officiellement accordée par Rome n'est qu'un masque. On nous montre des campagnes devenues désertiques, des villes ruinées, des temples à l'abandon, les socles des statues dérobées, le Péloponnèse frappé à mort, les villes de Thèbes et d'Argos réduites au rang de simples villages. Quelle déchéance ! Seule Corinthe semble épargnée.»
Athènes dut son salut à la gloire de ses ancêtres, tandis que Corinthe put se relever de ses ruines, grâce au bon vouloir de Jules César. Athènes et toute la Grèce étaient devenues un musée d'art pour les touristes de l'époque. Luc ajoute : «Tous les Athéniens et les étrangers qui résidaient parmi eux n’avaient d’autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés.» (Actes 17, 21)
L’Acropole d’Athènes est un plateau rocheux élevé au centre d’Athènes. On y a construit plusieurs monuments remarquables, dont quatre temples, un théâtre, etc.
Dans sa décadence même, Athènes exerçait un tel attrait sur les conquérants qu'aucun Romain ne se serait estimé cultivé s'il n'y avait fait ses études. Il était de bon ton, pour la noblesse de Rome, d'avoir vécu un certain temps à Athènes. Des hommes comme Cicéron, Ovide, Horace et Virgile y avaient cherché leur inspiration. Les hommes d'État et les politiciens comme César, Marc-Antoine, Pompée et Auguste avaient rendu hommage à sa beauté.
En approchant de la ville par la mer, Paul a pu admirer l'immense massif montagneux de l'Acropole. Il apercevait au loin les champs de Marathon. Sur une élévation, les temples d'Athéna, patronne du pays, et de Poséidon, dieu de la mer, saluaient les étrangers.
Arrivés dans le golfe au port du Pirée, encombré d'une multitude de bateaux, les frères de Bérée ne voulurent pas laisser Paul parcourir seul les quinze kilomètres qui séparaient le port de la ville d'Athènes. Ils l'accompagnèrent jusqu’au centre-ville. Satisfaits de le voir à l'abri, ils revinrent à Bérée.
Symbole par excellence de la culture grecque et dominant l'acropole d'Athènes, le Parthénon était consacré à la déesse Athéna.
La statue d'Athéna, protectrice de la cité et déesse de la guerre et de la sagesse, trônait au Parthénon.
Paul de Tarse était un homme cultivé qui savait apprécier les beautés de la Grèce. Il savait estimer tout ce qui rehaussait la dignité humaine.
L'Acropole dominait la ville, avec le Parthénon qui abritait la statue d'or et d'ivoire d’Athéna de 12 mètres de hauteur, ciselée par Phidias. L'idée de Dieu était, chez les Grecs, infiniment supérieure à celle des Égyptiens et des autres religions, qui n'hésitaient pas à représenter leurs dieux sous l'image d’animaux sacrés, ou encore dans des formes hybrides, animales et humaines à la fois. Pour les Grecs, c'est l'être humain qui, par sa forme harmonieuse, est la suprême révélation de Dieu. Paul a fait allusion dans son discours à l'Aréopage, à cette recherche de Dieu au moyen des formes de l'art, ainsi qu'à l'expérience de Dieu vécue par les poètes. De la sorte, il a rendu justice à l'esprit grec.
Les Grecs avaient un grand respect de l’être humain. Dans la ville d’Athènes, existait «une statue de la Compassion» qui datait du temps où les Grecs formaient encore une nation d'hommes et de femmes libres qui faisait la promotion de la grandeur et de la beauté de l’espèce humaine. Nous retrouvons cette beauté et cette grandeur dans toutes ses oeuvres d’art.
Au temps de Paul, Athènes n'avait pas encore introduit les combats sanglants des gladiateurs. Au deuxième siècle av. J.Ch., certains avaient voulu suivre l'exemple de Corinthe, en introduisant les combats de gladiateurs dans l’amphithéâtre. Le philosophe Démonax se leva alors et s'écria : «Mais renversez d'abord l'autel de la compassion». Ces luttes cruelles et sanglantes, pour le seul plaisir des spectateurs, ne cadraient pas avec l’amour et le respect qu’avaient les Grecs pour l’être humain.
La ville d’Athènes, où Paul venait d’arriver, même dépouillée de tout rôle politique, gardait le prestige de son passé et de sa culture.
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La rencontre de Paul avec un groupe d'intellectuels d’Athènes a été un tournant décisif dans sa mission et le commencement d'une nouvelle étape dans sa vie. Si jusque-là, il avait appris que Jésus crucifié était une pierre d'achoppement – un scandale – pour les Juifs, il allait apprendre maintenant que pour les Grecs, c'était une folie. Cette rencontre avec les Grecs cultivés a été pour lui l'affrontement de la foi chrétienne avec le monde de son temps.
Voulant s'adapter au degré de culture de son auditoire, Paul avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Ce fut un échec complet!
Les auditeurs de Paul appartenaient à deux mouvements philosophiques importants : l'école des Stoïciens et celle des Épicuriens. Selon les épicuriens, le monde était l'oeuvre du hasard; le bonheur et le bien-être modéré étaient le but de la vie des hommes. On devait rechercher non seulement son propre bonheur mais aussi celui des autres. Dans la vie pratique, ils avaient ce principe : «Recherche ton propre bonheur et celui de tes proches. Tu ne vis que peu de temps, et tu es mort pour longtemps.» Ces gens étaient tout à fait fermés au monde surnaturel. Les stoïciens par contre s’efforçaient de vivre sobrement et d’avoir le moins de désirs possibles. C’était pour eux le meilleur moyen de ne pas être déçus, de trouver le bonheur dans ce qu’ils avaient, sans rêver à de grands projets ou à de grands biens.
En promettant de résoudre l'énigme du «Dieu inconnu», Paul éveilla l’attention des gens d’Athènes. Dans une audace sans pareille, il affirme que tous, Juifs et non-Juifs «nous sommes de la race de Dieu» (Actes 17, 29). Jusque-là, les Athéniens semblent attentifs et plutôt curieux des propos de Paul. Mais lorsqu'il se met à parler de la Résurrection de Jésus, leur attitude change: «À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois» (Actes 17, 32). La Résurrection, événement transcendant l'histoire, ne pouvait être reçue par des esprits qui s'appuyaient sur la seule raison humaine, comme le faisaient les Athéniens.
Le magnifique discours de Paul à l’Aréopage a été un échec total : les Grecs se heurtaient à l'idée de la résurrection car pour eux, le corps humain était une prison de l’esprit. La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.
Paul ne réussit pas à fonder une communauté importante à Athènes. Dans aucune de ses lettres, il ne la mentionne; il n'a écrit aucune épitre aux Athéniens; il n'a pas visité cette ville lors de son troisième voyage missionnaire. Dans cette Athènes connue pour sa philosophie et pour sa sagesse, il n'avait personne à qui parler de ce qui remplissait son coeur. Il écrit aux Thessaloniciens: J'étais seul à Athènes !» (Actes 17, 15).
Paul avait connu de nombreux échecs tout au long de ses voyages missionnaires. Il en essuiera d'autres. Mais pour lui, celui d’Athènes aura été le plus dévastateur. Il n'a pas été insulté, n'a pas été jeté en prison, n'a pas été flagellé, mais on s'est moqué de son message d’espérance et de liberté
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33. L'échec d'Athènes
Discours de Paul à l'Aéropage d'Athènes.
La rencontre de Paul avec un groupe d'intellectuels d’Athènes a été un tournant décisif dans sa mission et le commencement d'une nouvelle étape dans sa vie. Si jusque-là, il avait appris que Jésus crucifié était une pierre d'achoppement – un scandale – pour les Juifs, il allait apprendre maintenant que pour les Grecs, c'était une folie. Cette rencontre avec les Grecs cultivés a été pour lui l'affrontement de la foi chrétienne avec le monde de son temps.
Par sa connaissance de Dieu, la Grèce avait presque atteint Israël. Elle l'avait même surpassé, sur certains aspects, car elle avait su donner à l'idée de Dieu une expression artistique, tandis qu'Israël était resté barbare dans le domaine de l'art.
Voulant s'adapter au degré de culture de son auditoire, Paul avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Ce fut un échec complet!
Les auditeurs de Paul appartenaient à deux mouvements philosophiques importants : l'école des Stoïciens et celle des Épicuriens. Selon les épicuriens, le monde était l'oeuvre du hasard; le bonheur et le bien-être modéré étaient le but de la vie des hommes. On devait rechercher non seulement son propre bonheur mais aussi celui des autres. Dans la vie pratique, ils avaient ce principe : «Recherche ton propre bonheur et celui de tes proches. Tu ne vis que peu de temps, et tu es mort pour longtemps.» Ces gens étaient tout à fait fermés au monde surnaturel. Les stoïciens par contre s’efforçaient de vivre sobrement et d’avoir le moins de désirs possibles. C’était pour eux le meilleur moyen de ne pas être déçus, de trouver le bonheur dans ce qu’ils avaient, sans rêver à de grands projets ou à de grands biens.
En promettant de résoudre l'énigme du «Dieu inconnu», Paul éveilla l’attention des gens d’Athènes. Dans une audace sans pareille, il affirme que tous, Juifs et non-Juifs «nous sommes de la race de Dieu» (Actes 17, 29). Jusque-là, les Athéniens semblent attentifs et plutôt curieux des propos de Paul. Mais lorsqu'il se met à parler de la Résurrection de Jésus, leur attitude change: «À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois» (Actes 17, 32). La Résurrection, événement transcendant l'histoire, ne pouvait être reçue par des esprits qui s'appuyaient sur la seule raison humaine, comme le faisaient les Athéniens.
Le magnifique discours de Paul à l’Aréopage a été un échec total : les Grecs se heurtaient à l'idée de la résurrection car pour eux, le corps humain était une prison de l’esprit. La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.
La résurrection des morts était un terrible obstacle pour ces intellectuels qui voyaient le corps humain comme une prison de l’esprit.
La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.
Dans ce discours, Luc prête à Paul une stratégie d’évangélisation qui dénote un gros effort d’inculturation. On appelle inculturation la volonté d’inscrire l’Évangile dans les catégories et le langage d’une culture donnée. L’effort était louable mais c’en était trop pour les penseurs athéniens. La résurrection des morts était un terrible obstacle pour cette mentalité d’intellectuels. Paul perd ici la majorité de son auditoire, sauf quelques-uns dont la tradition nous a conservé le nom : Denys l’Aréopagite, une femme appelée Damaris, et quelques autres encore.
Paul avait pensé pouvoir convaincre ses auditeurs par la force de ses arguments et démontrer que le système des religions grecques était dépassé. Il avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Mais il dut constater la futilité de ses arguments. Ce fut un échec complet! Peu de gens se convertirent. La plupart n'étaient même pas intéressés et ne voulaient rien entendre. Paul frappa un mur et découvrit ses propres limites.
Dans cette Athènes sceptique, superficielle et éprise d'elle-même, Paul a acquis un profond mépris de la sagesse du monde. Il prit alors la résolution de lui opposer, à l'avenir, la Croix de Jésus Christ. À partir de cet instant, il ne prêchera plus la sagesse grecque, mais uniquement le Christ et la folie de la Croix.
Paul ne réussit pas à fonder une communauté importante à Athènes. Dans aucune de ses lettres, il ne la mentionne; il n'a écrit aucune épitre aux Athéniens; il n'a pas visité cette ville lors de son troisième voyage missionnaire. Dans cette Athènes connue pour sa philosophie et pour sa sagesse, il n'avait personne à qui parler de ce qui remplissait son coeur. Il écrit aux Thessaloniciens: J'étais seul à Athènes !» (Actes 17, 15).
Paul avait connu de nombreux échecs tout au long de ses voyages missionnaires. Il en essuiera d'autres. Mais pour lui, celui d’Athènes aura été le plus dévastateur. Il n'a pas été insulté, n'a pas été jeté en prison, n'a pas été flagellé, mais on s'est moqué de son message d’espérance et de liberté :
«Alors que les Juifs demandent des signes, et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens» (1 Corinthiens 1,22-23).
Jamais il ne voudra revoir Athènes.
Sa réaction est étrange. Paul qui n'avait jamais manqué de force et de courage pour affronter les contrariétés, l'emprisonnement et la torture, sortit d'Athènes découragé et chercha refuge à Corinthe.
Paul rappellera aux Corinthiens, à son arrivée chez eux, les leçons qu'il tira de son échec d’Athènes:
«Pour moi, quand je suis venu chez-vous, frères, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non, je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Moi-même je me suis présenté à vous faible, craintif et tout tremblant. Et ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse; c’était une démonstration d’Esprit et de puissance, pour que votre foi reposât, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.» (1 Corinthiens 2, 1-5).
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 03 sept.23, 12:08Pendant sa carrière missionnaire, Paul a toujours recherché les grandes villes. Il savait que dans les villes se décidaient les batailles de l'esprit. Quiconque s’imposait à Corinthe, avait une entrée dans toute la Grèce. Si l'on savait quelque chose du Christ dans ce port très fréquenté, ce n'était plus qu'une affaire de temps, jusqu'à ce que les îles et les villes d'alentour en fussent également informées.
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34. Corinthe, la ville entre deux mers
Après l'échec d'Athènes, Paul s'installe à Corinthe et reste pendant 18 mois dans cette ville portuaire. Nous sommes en l’an 50. La recherche archéologique a permis de mieux connaître cette ville multiculturelle. Détruite lors de l’invasion romaine en 146 av. J.C., l'ex-capitale de la Ligue achéenne est restée pendant cent ans à l'état désert. En l'an 44 av. J.-C. - un siècle avant l'arrivée de l'apôtre -, Jules César a fait reconstruire Corinthe qu'il a peuplée surtout d'affranchis (ex-esclaves). La ville est alors devenue riche grâce à ses activités commerciales et à ses deux ports ouverts sur deux mers.
La position stratégique de Corinthe sur l'isthme à l'entrée du Péloponnèse en fit la ville la plus prospère du pays
Corinthe avait deux ports de mers. Le port de Cenchrée donnait sur la mer Égée et le port de Léchée (Léchaion) sur la mer Ionienne.
L'isthme de Corinthe vu d'avion
Occupant une position stratégique sur l'isthme de six kilomètres de largeur, qui joint la Grèce du nord à la presqu'île du Péloponnèse et séparant la mer Ionienne de la mer Égée, elle était, au temps de Paul, une grande ville commerçante, avec une population laborieuse. Elle était également le carrefour de l'axe Est-Ouest qui permettait l'arrivée de marchandises de luxe venant d'Orient. Le port de Cenchrée donnait sur la mer Égée et le port de Léchée sur la mer Ionienne. L'Acrocorinthe dominait la cité et abritait le temple d'Aphrodite.
Pendant sa carrière missionnaire, Paul a toujours recherché les grandes villes. Il savait que dans les villes se décidaient les batailles de l'esprit. Quiconque s’imposait à Corinthe, avait une entrée dans toute la Grèce. Si l'on savait quelque chose du Christ dans ce port très fréquenté, ce n'était plus qu'une affaire de temps, jusqu'à ce que les îles et les villes d'alentour en fussent également informées.
Corinthe était habitée par une population très cosmopolite, sans orgueil national étroit. Elle était comparable en cela à Antioche de Syrie. Toutes les opinions avaient droit de cité à Corinthe et dans ce terrain fertile, la semence de l'Évangile pouvait germer facilement. (Actes 18, 1-17)
On peut se faire une bonne idée du contraste entre Athènes et Corinthe au temps de Paul. Athènes était comparable à une ville universitaire du Moyen ge, remplie des éclats de voix et des chants des étudiants. Corinthe ressemblait à une fourmilière grouillante, à une ruche bourdonnante de commerçants venus de tous les coins de la terre, désireux de faire fortune. Le transit de marchandises par ses ports est à l'origine de sa puissance économique. De ses chantiers maritimes sortaient un grand nombre de bateaux. Les ports de Cenchrées et de Léchée avaient inventé la galère à trois rangs. Les tapis, les tissus, les étoffes de toute nature sortaient de ses ateliers. Ses cuirasses de bronze étaient les meilleures en Occident. Sur les terres fertiles de la région, des milliers d'esclaves faisaient pousser le blé, les légumes, les fruits en abondance et cultivaient les vignes dont on tirait le fameux vin de Corinthe.
Paul ne trouvera là aucune aristocratie de vieille souche mais un grand nombre de nouveaux riches et des héritiers de pionniers enrichis : «Considérez, frères, qui vous êtes, vous qui avez reçu l'appel de Dieu: il n'y a parmi vous ni beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de bonne famille.» Situation peu enviable qu'il rectifie sur-le-champ par l'exposé des avantages que l'on peut en tirer : «Ce qui est faible dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre ce qui est fort.» (1 Co 1, 26-27)
Voie dallée de 6 km où des esclaves tiraient les bateaux d'une mer à l'autre
Tel que mentionné plus haut, les deux ports de Corinthe sont séparés par un isthme de six kilomètres de largeur : si l'on veut se rendre par mer d’un port à l’autre, il faut contourner tout le Péloponnèse, ce qui entraîne une perte de temps financièrement très lourde. Des dirigeants ingénieux ont eu l'idée d'aménager sur l'isthme une voie dallée afin de haler les navires de commerce entre les deux golfes. Les plus légers étaient transportés sur des chariots, les plus lourds étaient posés sur des cylindres. Il fallait deux jours, parfois trois, pour que des centaines d'esclaves, les poussent et les tirent jusqu'à l'autre versant.
Néron avait eu l’intention de percer l'Isthme et d’y construire un canal, mais cet exploit gigantesque ne sera réalisé que 19 siècles plus tard (1881-1893).
Vestiges de l'opulente cité... le temple d’Apollon et, au loin, la forteresse de l’Acrocorinthe qui abritait le temple d’Aphrodite où des centaines de courtisanes exerçaient la prostitution sacrée
Corinthe où régnaient la prostitution et la débauche attirait les riches voyageurs, les étrangers, les soldats, les marins, les commerçants et les capitaines. On les dépouillait de leur argent, en ruinant leur santé et en propageant «la maladie corinthienne» dans toutes les régions de l'Empire. Un proverbe célèbre disait : «Tout le monde ne peut aller à Corinthe», ce qui nous rappelle que les plaisirs de Corinthe coûtaient cher, et que beaucoup s'en abstenaient faute d'argent. Une «fille corinthienne» désignait simplement une prostituée.
Paul avait Corinthe sous les yeux quand il traça du paganisme le sombre tableau où tous les excès sont mis au jour. Et pourtant, il aimait cette ville où il ne retrouvait pas l'orgueil d’Athènes. Nulle part, dans sa carrière missionnaire, Paul n'eut à combattre aussi violemment qu'à Corinthe contre toutes sortes de tendances dangereuses.
De par sa position géographique, Corinthe se trouvait aux portes de l'Italie. De son port de Léchée, on s'embarquait directement pour Brindisi d’où l'on remontait la via Appia jusqu’à Rome.
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34. Corinthe, la ville entre deux mers
Après l'échec d'Athènes, Paul s'installe à Corinthe et reste pendant 18 mois dans cette ville portuaire. Nous sommes en l’an 50. La recherche archéologique a permis de mieux connaître cette ville multiculturelle. Détruite lors de l’invasion romaine en 146 av. J.C., l'ex-capitale de la Ligue achéenne est restée pendant cent ans à l'état désert. En l'an 44 av. J.-C. - un siècle avant l'arrivée de l'apôtre -, Jules César a fait reconstruire Corinthe qu'il a peuplée surtout d'affranchis (ex-esclaves). La ville est alors devenue riche grâce à ses activités commerciales et à ses deux ports ouverts sur deux mers.
La position stratégique de Corinthe sur l'isthme à l'entrée du Péloponnèse en fit la ville la plus prospère du pays
Corinthe avait deux ports de mers. Le port de Cenchrée donnait sur la mer Égée et le port de Léchée (Léchaion) sur la mer Ionienne.
L'isthme de Corinthe vu d'avion
Occupant une position stratégique sur l'isthme de six kilomètres de largeur, qui joint la Grèce du nord à la presqu'île du Péloponnèse et séparant la mer Ionienne de la mer Égée, elle était, au temps de Paul, une grande ville commerçante, avec une population laborieuse. Elle était également le carrefour de l'axe Est-Ouest qui permettait l'arrivée de marchandises de luxe venant d'Orient. Le port de Cenchrée donnait sur la mer Égée et le port de Léchée sur la mer Ionienne. L'Acrocorinthe dominait la cité et abritait le temple d'Aphrodite.
Pendant sa carrière missionnaire, Paul a toujours recherché les grandes villes. Il savait que dans les villes se décidaient les batailles de l'esprit. Quiconque s’imposait à Corinthe, avait une entrée dans toute la Grèce. Si l'on savait quelque chose du Christ dans ce port très fréquenté, ce n'était plus qu'une affaire de temps, jusqu'à ce que les îles et les villes d'alentour en fussent également informées.
Corinthe était habitée par une population très cosmopolite, sans orgueil national étroit. Elle était comparable en cela à Antioche de Syrie. Toutes les opinions avaient droit de cité à Corinthe et dans ce terrain fertile, la semence de l'Évangile pouvait germer facilement. (Actes 18, 1-17)
On peut se faire une bonne idée du contraste entre Athènes et Corinthe au temps de Paul. Athènes était comparable à une ville universitaire du Moyen ge, remplie des éclats de voix et des chants des étudiants. Corinthe ressemblait à une fourmilière grouillante, à une ruche bourdonnante de commerçants venus de tous les coins de la terre, désireux de faire fortune. Le transit de marchandises par ses ports est à l'origine de sa puissance économique. De ses chantiers maritimes sortaient un grand nombre de bateaux. Les ports de Cenchrées et de Léchée avaient inventé la galère à trois rangs. Les tapis, les tissus, les étoffes de toute nature sortaient de ses ateliers. Ses cuirasses de bronze étaient les meilleures en Occident. Sur les terres fertiles de la région, des milliers d'esclaves faisaient pousser le blé, les légumes, les fruits en abondance et cultivaient les vignes dont on tirait le fameux vin de Corinthe.
Paul ne trouvera là aucune aristocratie de vieille souche mais un grand nombre de nouveaux riches et des héritiers de pionniers enrichis : «Considérez, frères, qui vous êtes, vous qui avez reçu l'appel de Dieu: il n'y a parmi vous ni beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de bonne famille.» Situation peu enviable qu'il rectifie sur-le-champ par l'exposé des avantages que l'on peut en tirer : «Ce qui est faible dans le monde, Dieu l'a choisi pour confondre ce qui est fort.» (1 Co 1, 26-27)
Voie dallée de 6 km où des esclaves tiraient les bateaux d'une mer à l'autre
Tel que mentionné plus haut, les deux ports de Corinthe sont séparés par un isthme de six kilomètres de largeur : si l'on veut se rendre par mer d’un port à l’autre, il faut contourner tout le Péloponnèse, ce qui entraîne une perte de temps financièrement très lourde. Des dirigeants ingénieux ont eu l'idée d'aménager sur l'isthme une voie dallée afin de haler les navires de commerce entre les deux golfes. Les plus légers étaient transportés sur des chariots, les plus lourds étaient posés sur des cylindres. Il fallait deux jours, parfois trois, pour que des centaines d'esclaves, les poussent et les tirent jusqu'à l'autre versant.
Néron avait eu l’intention de percer l'Isthme et d’y construire un canal, mais cet exploit gigantesque ne sera réalisé que 19 siècles plus tard (1881-1893).
Vestiges de l'opulente cité... le temple d’Apollon et, au loin, la forteresse de l’Acrocorinthe qui abritait le temple d’Aphrodite où des centaines de courtisanes exerçaient la prostitution sacrée
Corinthe où régnaient la prostitution et la débauche attirait les riches voyageurs, les étrangers, les soldats, les marins, les commerçants et les capitaines. On les dépouillait de leur argent, en ruinant leur santé et en propageant «la maladie corinthienne» dans toutes les régions de l'Empire. Un proverbe célèbre disait : «Tout le monde ne peut aller à Corinthe», ce qui nous rappelle que les plaisirs de Corinthe coûtaient cher, et que beaucoup s'en abstenaient faute d'argent. Une «fille corinthienne» désignait simplement une prostituée.
Paul avait Corinthe sous les yeux quand il traça du paganisme le sombre tableau où tous les excès sont mis au jour. Et pourtant, il aimait cette ville où il ne retrouvait pas l'orgueil d’Athènes. Nulle part, dans sa carrière missionnaire, Paul n'eut à combattre aussi violemment qu'à Corinthe contre toutes sortes de tendances dangereuses.
De par sa position géographique, Corinthe se trouvait aux portes de l'Italie. De son port de Léchée, on s'embarquait directement pour Brindisi d’où l'on remontait la via Appia jusqu’à Rome.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 20 sept.23, 02:44Dès son arrivée à Corinthe, Paul se met au travail pour gagner son pain. À une époque où le travail manuel était considéré comme un déshonneur et bon seulement pour les basses classes sociales et pour les esclaves, l'exemple de Paul était quelque chose d'absolument novateur. Il fallut longtemps pour que cette conception chrétienne du travail puisse prévaloir. Les Grecs et les Romains n’avaient que mépris pour le travail manuel qui était réservé aux plus pauvres et aux esclaves. Chez les Juifs, par contre, l'Ancien Testament avait créé, autour de l'ouvrier, une atmosphère de respect social. Chez Paul, ce respect s'appuyait sur sa conception de l'homme, temple du Saint-Esprit, et sur la fraternité de tous les êtres humains dans le Christ. «Quiconque méprise un frère ne méprise pas un homme, mais Dieu.»
Suivant sa méthode habituelle de travail, Paul commence par présenter son message aux Israélites. Il réussit deux conversions importantes : celles de Crispus et de Sosthène, deux responsables de la synagogue. De nombreuses autres suivirent, mais la majorité des Juifs lui était hostile. Les accusations ordinaires d'impiété et de sacrilège, ne manquent pas. «Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à Paul : Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville. Il séjourna là un an et six mois, enseignant aux gens la parole de Dieu.» (Actes 18, 9-11)
La communauté de Corinthe nous est connue par les deux lettres que Paul lui adressera un peu plus tard. Composée de Grecs, de Romains et de Juifs, de riches et de pauvres, d’esclaves et d’hommes libres, de lettrés et d’ignorants, d’hommes et de femmes, cette Église est un bel exemple des communautés fondées par Paul. La diversité sera source de difficultés mais favorisera en même temps un modèle admirable d’unité dans la diversité. Elle donnera aussi à Paul l'occasion de s'exprimer sur la nature de l'Église comparée au corps humain où chaque membre a une fonction au service de l’unité, de la cohésion et de l’entraide (1 Corinthiens 12).
À Corinthe, on se réunit dans des maisons privées où l'on prend le repas en commun. Conformément à l'attitude qu'il avait préconisée à Antioche, Paul n'empêche aucun des nouveaux chrétiens d'assister aux nombreuses fêtes juives ou païennes que l'on célèbre dans la ville. A ceux et celles - surtout juifs - qui montrent des réticences, il explique qu'il ne faut pas se singulariser. L'assistance aux célébrations permet de nouer des relations utiles pour la diffusion du message chrétien.
Paul devra prendre position sur les viandes immolées aux idoles dans un milieu où, en raison de leur appartenance sociale, les chrétiens sont contraints de consommer ces viandes offertes dans les banquets publics. Il abordera aussi des questions de moralité sexuelle (1 Corinthiens 6, 12-20) en raison de l'importance de la prostitution dans la cité.
Après un certain temps, Paul sera de nouveau accusé par les autorités juives de contrevenir à la loi romaine qui interdit le prosélytisme et les cultes illicites. Ceci provoque la rupture avec la synagogue comme ce fut le cas à Antioche de Pisidie et à Thessalonique. Paul secoua la poussière de ses vêtements, comme pour se libérer de toute responsabilité personnelle : «Que votre sang soit sur votre tête. Pour moi, j'en suis innocent. Désormais, je m'en vais auprès des Gentils.» C'était une sorte d'excommunication, la première utilisée par Paul.
Titius Justus lui offrit alors sa maison pour les réunions de la communauté chrétienne. Paul accepta avec joie et, dans la cour intérieure, il continua à instruire les intéressés. La communauté juive se scinda en deux groupes. Certains rentrèrent à la synagogue, d’autres accompagnèrent Paul dans la maison de Titius. La séparation était faite et la première Église des Gentils était fondée à Corinthe.
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35. Paul à Corinthe
Dès son arrivée à Corinthe, Paul se met au travail et se lie d'amitié avec deux tisserands: Prisca (Priscille) et Aquilas.
À Corinthe, Paul cherche du travail chez un couple juif originaire de Rome : Prisca et Aquilas. C’étaient des tisserands qui tenaient un bazar de tapis dans la ville. Ils ne pouvaient se douter, qu'à partir de ce moment, leurs noms seraient inscrits dans l'histoire de la jeune Église. Avec une hospitalité tout orientale, ils acceptent de loger l'étranger. Le couple considérait un honneur de recevoir chez eux un docteur de la Loi comme ouvrier et comme hôte. C'est ainsi que commença l’une des plus belles et des plus fécondes amitiés de l’Église naissante. Prisca et Aquilas étaient déjà chrétiens car Paul ne mentionne pas leur nom parmi ceux et celles qu'il a baptisés à Corinthe.
Tisserands prospères, Aquilas et Prisca apportèrent un soutien considérable à Paul. Ils le suivront jusqu'à Éphèse et Rome, faisant de leur maison une église domestique. Prisca devint l'un des personnages féminins les plus influents de l'Église primitive.
Aquilas était originaire de la région du Pont, près de la Mer Noire. Il s'était établi à Rome et y avait exercé son métier de tisseur de toiles et de fabriquant de tentes. Dans l'Antiquité où chaque voyageur avait besoin d'une tente, ce métier était pratiqué à échelle industrielle. Il a probablement connu sa femme à Rome. Paul la nomme Prisca, alors que Luc utilise le nom de Priscille. Quatre fois sur six, elle est nommée en premier, ce qui est un indice de son importance. Elle devint l’un des personnages féminins les plus influents de l'Église primitive. Aucune des femmes qui ont soutenu Paul dans sa prédication, n'a reçu un éloge semblable au sien : «Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus. Pour me sauver la vie, ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir la gratitude : c’est le cas de toutes les Églises de la gentilité; saluez aussi l’Église qui se réunit chez eux» (Romains 16, 3-5).
En 49 ap. J.-C., le couple avait été forcé de quitter Rome à cause d'un décret - bientôt annulé d'ailleurs - de l'empereur Claude. Ce décret fut prononcé, d'après Suétone, parce que des émeutes avaient éclaté dans le ghetto juif de Rome, «sur les instigations d'un certain Chrestos». Les aventures de ce couple sont caractéristiques de la vie errante et agitée des Juifs dispersés dans l'Empire romain. Plus tard, nous les rencontrons à Éphèse, puis à Rome, et finalement encore une fois à Éphèse.
À une époque où le travail manuel était considéré comme un déshonneur, l'exemple de Paul était quelque chose d'absolument novateur.
Dès son arrivée à Corinthe, Paul se met au travail pour gagner son pain. À une époque où le travail manuel était considéré comme un déshonneur et bon seulement pour les basses classes sociales et pour les esclaves, l'exemple de Paul était quelque chose d'absolument novateur. Il fallut longtemps pour que cette conception chrétienne du travail puisse prévaloir. Les Grecs et les Romains n’avaient que mépris pour le travail manuel qui était réservé aux plus pauvres et aux esclaves. Chez les Juifs, par contre, l'Ancien Testament avait créé, autour de l'ouvrier, une atmosphère de respect social. Chez Paul, ce respect s'appuyait sur sa conception de l'homme, temple du Saint-Esprit, et sur la fraternité de tous les êtres humains dans le Christ. «Quiconque méprise un frère ne méprise pas un homme, mais Dieu.»
Suivant sa méthode habituelle de travail, Paul commence par présenter son message aux Israélites. Il réussit deux conversions importantes : celles de Crispus et de Sosthène, deux responsables de la synagogue. De nombreuses autres suivirent, mais la majorité des Juifs lui était hostile. Les accusations ordinaires d'impiété et de sacrilège, ne manquent pas. «Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à Paul : Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville. Il séjourna là un an et six mois, enseignant aux gens la parole de Dieu.» (Actes 18, 9-11)
Pendant que Paul travaillait et prêchait à Corinthe, Silas et Timothée arrivèrent de Macédoine. Ils apportaient de l'argent de Thessalonique et de Philippes. Il est facile de supposer qui étaient les généreux donateurs de cette contribution monétaire : Lydie de Philippes et Jason de Thessalonique.
Une autre femme exceptionnelle, Phoebé, diaconesse de l'Église de Cenchrée
À Corinthe, Paul rencontre une autre femme exceptionnelle dans le port de Cenchrées. Il s'agit de Phoebée, femme d’affaires pleine d'entregent et grande voyageuse. Convertie au christianisme, elle va patronner l'activité de Paul, le représenter si nécessaire en justice et surtout témoigner de sa citoyenneté romaine. Autour de Phoebée, une nouvelle communauté chrétienne va se développer. Plus tard, Paul recommandera Phoebée aux Romains comme «notre soeur, diaconesse de l'Église de Cenchrées». Il souhaitera qu'on «lui offre dans le Seigneur un accueil digne des saints» et que, dans le cas où elle en aurait besoin, on l'aide «car elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même». (Romains 16, 1-2) C’est elle qui apportera à Rome l’épître de Paul aux Romains.
La communauté de Corinthe nous est connue par les deux lettres que Paul lui adressera un peu plus tard. Composée de Grecs, de Romains et de Juifs, de riches et de pauvres, d’esclaves et d’hommes libres, de lettrés et d’ignorants, d’hommes et de femmes, cette Église est un bel exemple des communautés fondées par Paul. La diversité sera source de difficultés mais favorisera en même temps un modèle admirable d’unité dans la diversité. Elle donnera aussi à Paul l'occasion de s'exprimer sur la nature de l'Église comparée au corps humain où chaque membre a une fonction au service de l’unité, de la cohésion et de l’entraide (1 Corinthiens 12).
À Corinthe, on se réunit dans des maisons privées où l'on prend le repas en commun. Conformément à l'attitude qu'il avait préconisée à Antioche, Paul n'empêche aucun des nouveaux chrétiens d'assister aux nombreuses fêtes juives ou païennes que l'on célèbre dans la ville. A ceux et celles - surtout juifs - qui montrent des réticences, il explique qu'il ne faut pas se singulariser. L'assistance aux célébrations permet de nouer des relations utiles pour la diffusion du message chrétien.
Paul devra prendre position sur les viandes immolées aux idoles dans un milieu où, en raison de leur appartenance sociale, les chrétiens sont contraints de consommer ces viandes offertes dans les banquets publics. Il abordera aussi des questions de moralité sexuelle (1 Corinthiens 6, 12-20) en raison de l'importance de la prostitution dans la cité.
Après un certain temps, Paul sera de nouveau accusé par les autorités juives de contrevenir à la loi romaine qui interdit le prosélytisme et les cultes illicites. Ceci provoque la rupture avec la synagogue comme ce fut le cas à Antioche de Pisidie et à Thessalonique. Paul secoua la poussière de ses vêtements, comme pour se libérer de toute responsabilité personnelle : «Que votre sang soit sur votre tête. Pour moi, j'en suis innocent. Désormais, je m'en vais auprès des Gentils.» C'était une sorte d'excommunication, la première utilisée par Paul.
Titius Justus lui offrit alors sa maison pour les réunions de la communauté chrétienne. Paul accepta avec joie et, dans la cour intérieure, il continua à instruire les intéressés. La communauté juive se scinda en deux groupes. Certains rentrèrent à la synagogue, d’autres accompagnèrent Paul dans la maison de Titius. La séparation était faite et la première Église des Gentils était fondée à Corinthe.
Suivant sa méthode habituelle de travail, Paul commence par présenter son message aux Israélites. Il réussit deux conversions importantes : celles de Crispus et de Sosthène, deux responsables de la synagogue. De nombreuses autres suivirent, mais la majorité des Juifs lui était hostile. Les accusations ordinaires d'impiété et de sacrilège, ne manquent pas. «Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à Paul : Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville. Il séjourna là un an et six mois, enseignant aux gens la parole de Dieu.» (Actes 18, 9-11)
La communauté de Corinthe nous est connue par les deux lettres que Paul lui adressera un peu plus tard. Composée de Grecs, de Romains et de Juifs, de riches et de pauvres, d’esclaves et d’hommes libres, de lettrés et d’ignorants, d’hommes et de femmes, cette Église est un bel exemple des communautés fondées par Paul. La diversité sera source de difficultés mais favorisera en même temps un modèle admirable d’unité dans la diversité. Elle donnera aussi à Paul l'occasion de s'exprimer sur la nature de l'Église comparée au corps humain où chaque membre a une fonction au service de l’unité, de la cohésion et de l’entraide (1 Corinthiens 12).
À Corinthe, on se réunit dans des maisons privées où l'on prend le repas en commun. Conformément à l'attitude qu'il avait préconisée à Antioche, Paul n'empêche aucun des nouveaux chrétiens d'assister aux nombreuses fêtes juives ou païennes que l'on célèbre dans la ville. A ceux et celles - surtout juifs - qui montrent des réticences, il explique qu'il ne faut pas se singulariser. L'assistance aux célébrations permet de nouer des relations utiles pour la diffusion du message chrétien.
Paul devra prendre position sur les viandes immolées aux idoles dans un milieu où, en raison de leur appartenance sociale, les chrétiens sont contraints de consommer ces viandes offertes dans les banquets publics. Il abordera aussi des questions de moralité sexuelle (1 Corinthiens 6, 12-20) en raison de l'importance de la prostitution dans la cité.
Après un certain temps, Paul sera de nouveau accusé par les autorités juives de contrevenir à la loi romaine qui interdit le prosélytisme et les cultes illicites. Ceci provoque la rupture avec la synagogue comme ce fut le cas à Antioche de Pisidie et à Thessalonique. Paul secoua la poussière de ses vêtements, comme pour se libérer de toute responsabilité personnelle : «Que votre sang soit sur votre tête. Pour moi, j'en suis innocent. Désormais, je m'en vais auprès des Gentils.» C'était une sorte d'excommunication, la première utilisée par Paul.
Titius Justus lui offrit alors sa maison pour les réunions de la communauté chrétienne. Paul accepta avec joie et, dans la cour intérieure, il continua à instruire les intéressés. La communauté juive se scinda en deux groupes. Certains rentrèrent à la synagogue, d’autres accompagnèrent Paul dans la maison de Titius. La séparation était faite et la première Église des Gentils était fondée à Corinthe.
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35. Paul à Corinthe
Dès son arrivée à Corinthe, Paul se met au travail et se lie d'amitié avec deux tisserands: Prisca (Priscille) et Aquilas.
À Corinthe, Paul cherche du travail chez un couple juif originaire de Rome : Prisca et Aquilas. C’étaient des tisserands qui tenaient un bazar de tapis dans la ville. Ils ne pouvaient se douter, qu'à partir de ce moment, leurs noms seraient inscrits dans l'histoire de la jeune Église. Avec une hospitalité tout orientale, ils acceptent de loger l'étranger. Le couple considérait un honneur de recevoir chez eux un docteur de la Loi comme ouvrier et comme hôte. C'est ainsi que commença l’une des plus belles et des plus fécondes amitiés de l’Église naissante. Prisca et Aquilas étaient déjà chrétiens car Paul ne mentionne pas leur nom parmi ceux et celles qu'il a baptisés à Corinthe.
Tisserands prospères, Aquilas et Prisca apportèrent un soutien considérable à Paul. Ils le suivront jusqu'à Éphèse et Rome, faisant de leur maison une église domestique. Prisca devint l'un des personnages féminins les plus influents de l'Église primitive.
Aquilas était originaire de la région du Pont, près de la Mer Noire. Il s'était établi à Rome et y avait exercé son métier de tisseur de toiles et de fabriquant de tentes. Dans l'Antiquité où chaque voyageur avait besoin d'une tente, ce métier était pratiqué à échelle industrielle. Il a probablement connu sa femme à Rome. Paul la nomme Prisca, alors que Luc utilise le nom de Priscille. Quatre fois sur six, elle est nommée en premier, ce qui est un indice de son importance. Elle devint l’un des personnages féminins les plus influents de l'Église primitive. Aucune des femmes qui ont soutenu Paul dans sa prédication, n'a reçu un éloge semblable au sien : «Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus. Pour me sauver la vie, ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir la gratitude : c’est le cas de toutes les Églises de la gentilité; saluez aussi l’Église qui se réunit chez eux» (Romains 16, 3-5).
En 49 ap. J.-C., le couple avait été forcé de quitter Rome à cause d'un décret - bientôt annulé d'ailleurs - de l'empereur Claude. Ce décret fut prononcé, d'après Suétone, parce que des émeutes avaient éclaté dans le ghetto juif de Rome, «sur les instigations d'un certain Chrestos». Les aventures de ce couple sont caractéristiques de la vie errante et agitée des Juifs dispersés dans l'Empire romain. Plus tard, nous les rencontrons à Éphèse, puis à Rome, et finalement encore une fois à Éphèse.
À une époque où le travail manuel était considéré comme un déshonneur, l'exemple de Paul était quelque chose d'absolument novateur.
Dès son arrivée à Corinthe, Paul se met au travail pour gagner son pain. À une époque où le travail manuel était considéré comme un déshonneur et bon seulement pour les basses classes sociales et pour les esclaves, l'exemple de Paul était quelque chose d'absolument novateur. Il fallut longtemps pour que cette conception chrétienne du travail puisse prévaloir. Les Grecs et les Romains n’avaient que mépris pour le travail manuel qui était réservé aux plus pauvres et aux esclaves. Chez les Juifs, par contre, l'Ancien Testament avait créé, autour de l'ouvrier, une atmosphère de respect social. Chez Paul, ce respect s'appuyait sur sa conception de l'homme, temple du Saint-Esprit, et sur la fraternité de tous les êtres humains dans le Christ. «Quiconque méprise un frère ne méprise pas un homme, mais Dieu.»
Suivant sa méthode habituelle de travail, Paul commence par présenter son message aux Israélites. Il réussit deux conversions importantes : celles de Crispus et de Sosthène, deux responsables de la synagogue. De nombreuses autres suivirent, mais la majorité des Juifs lui était hostile. Les accusations ordinaires d'impiété et de sacrilège, ne manquent pas. «Une nuit, dans une vision, le Seigneur dit à Paul : Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville. Il séjourna là un an et six mois, enseignant aux gens la parole de Dieu.» (Actes 18, 9-11)
Pendant que Paul travaillait et prêchait à Corinthe, Silas et Timothée arrivèrent de Macédoine. Ils apportaient de l'argent de Thessalonique et de Philippes. Il est facile de supposer qui étaient les généreux donateurs de cette contribution monétaire : Lydie de Philippes et Jason de Thessalonique.
Une autre femme exceptionnelle, Phoebé, diaconesse de l'Église de Cenchrée
À Corinthe, Paul rencontre une autre femme exceptionnelle dans le port de Cenchrées. Il s'agit de Phoebée, femme d’affaires pleine d'entregent et grande voyageuse. Convertie au christianisme, elle va patronner l'activité de Paul, le représenter si nécessaire en justice et surtout témoigner de sa citoyenneté romaine. Autour de Phoebée, une nouvelle communauté chrétienne va se développer. Plus tard, Paul recommandera Phoebée aux Romains comme «notre soeur, diaconesse de l'Église de Cenchrées». Il souhaitera qu'on «lui offre dans le Seigneur un accueil digne des saints» et que, dans le cas où elle en aurait besoin, on l'aide «car elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même». (Romains 16, 1-2) C’est elle qui apportera à Rome l’épître de Paul aux Romains.
La communauté de Corinthe nous est connue par les deux lettres que Paul lui adressera un peu plus tard. Composée de Grecs, de Romains et de Juifs, de riches et de pauvres, d’esclaves et d’hommes libres, de lettrés et d’ignorants, d’hommes et de femmes, cette Église est un bel exemple des communautés fondées par Paul. La diversité sera source de difficultés mais favorisera en même temps un modèle admirable d’unité dans la diversité. Elle donnera aussi à Paul l'occasion de s'exprimer sur la nature de l'Église comparée au corps humain où chaque membre a une fonction au service de l’unité, de la cohésion et de l’entraide (1 Corinthiens 12).
À Corinthe, on se réunit dans des maisons privées où l'on prend le repas en commun. Conformément à l'attitude qu'il avait préconisée à Antioche, Paul n'empêche aucun des nouveaux chrétiens d'assister aux nombreuses fêtes juives ou païennes que l'on célèbre dans la ville. A ceux et celles - surtout juifs - qui montrent des réticences, il explique qu'il ne faut pas se singulariser. L'assistance aux célébrations permet de nouer des relations utiles pour la diffusion du message chrétien.
Paul devra prendre position sur les viandes immolées aux idoles dans un milieu où, en raison de leur appartenance sociale, les chrétiens sont contraints de consommer ces viandes offertes dans les banquets publics. Il abordera aussi des questions de moralité sexuelle (1 Corinthiens 6, 12-20) en raison de l'importance de la prostitution dans la cité.
Après un certain temps, Paul sera de nouveau accusé par les autorités juives de contrevenir à la loi romaine qui interdit le prosélytisme et les cultes illicites. Ceci provoque la rupture avec la synagogue comme ce fut le cas à Antioche de Pisidie et à Thessalonique. Paul secoua la poussière de ses vêtements, comme pour se libérer de toute responsabilité personnelle : «Que votre sang soit sur votre tête. Pour moi, j'en suis innocent. Désormais, je m'en vais auprès des Gentils.» C'était une sorte d'excommunication, la première utilisée par Paul.
Titius Justus lui offrit alors sa maison pour les réunions de la communauté chrétienne. Paul accepta avec joie et, dans la cour intérieure, il continua à instruire les intéressés. La communauté juive se scinda en deux groupes. Certains rentrèrent à la synagogue, d’autres accompagnèrent Paul dans la maison de Titius. La séparation était faite et la première Église des Gentils était fondée à Corinthe.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 21 sept.23, 08:04Comme le développement de ces célébrations s’est fait très lentement, les indications tirées de sources plus tardives nous permettent de remonter à l'époque apostolique.
Encore une fois, on note l’évolution des pratiques religieuses!
Les pratiques des premiers chrétiens sont dans la Bible!
Très vite, la corruption s’est installée partout!
Comme dans le cas de Job, le diable cherche tous les moyens pour détruire Job et sa relation avec Yah.weh!
Transformer la réalité en une fiction qui n’a plus rien à voir!
Sa grande spécialité!
Il est trop facile pour les humains de suivre le mauvais chemin qui n’a plus rien à voir avec l’enseignement de Jésus!
En fait, le diable a bon dos!
Jésus utilisait des chants dans son enseignement?
Je n’ai pas dû bien lire les évangiles!
______________________________________________________________________________
36. Premières eucharisties chrétiennes
C'est dans les lettres de Paul que nous rencontrons les premières mentions des activités des chrétiens le dimanche, «jour du Seigneur». La franchise avec laquelle l’apôtre blâme les abus qui s'étaient déjà glissés lors de ces rencontres, nous aident à lever légèrement le voile sur les célébrations de l'Église primitive : «Quand vous vous réunissez en commun, ce n'est pas le repas du Seigneur que vous prenez. Dès qu’on est à table en effet, chacun se hâte de prendre son propre repas, et l'un a faim, tandis que l'autre est ivre. Vous n’avez donc pas de maisons pour manger et boire ? Ou bien méprisez-vous l'Église de Dieu et voulez-vous faire honte à ceux qui n'ont rien ? Que vous dire ? Faut-il vous louer ? Non, sur ce point je ne vous loue pas.» (1 Corinthiens 11, 20-22)
En relisant les deux lettres aux Corinthiens, le récit du service dominical à Troas, les indications de la Didakhê et la lettre de Pline écrite à l'empereur Trajan (début du 2e siècle), nous avons une bonne idée des célébrations dominicales pendant les premiers temps de l’Église. Comme le développement de ces célébrations s’est fait très lentement, les indications tirées de sources plus tardives nous permettent de remonter à l'époque apostolique.
Selon le rapport de Pline sur l’interrogation de deux servantes chrétiennes, nous savons qu’il y avait chaque dimanche, deux services religieux. Le premier était célébré tôt le matin et le second au cours de la soirée. À l’office du matin, on chantait alternativement en deux choeurs, un cantique s'adressant à la divinité du Christ. Pendant cette rencontre matinale, les chrétiens s’engageaient à vivre la morale chrétienne dans leur vie quotidienne. Le soir, la célébration était composée d’un double repas : celui des agapes et celui de l’eucharistie.
À l'office du matin, on chantait alternativement en deux choeurs, un cantique s'adressant à la divinité du Christ
Les rencontres du dimanche étaient remplis de chants et de musique. Les Grecs adoraient la musique et avaient un sens raffiné du rythme. Il faut nous rappeler les comédies et les tragédies grecques où les choeurs constituaient une partie essentielle des oeuvres théâtrales. Paul encourage un programme liturgique qui répond à ce besoin de chant et de musique : «Récitez entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur». (Éphésiens 5, 19) Parmi les nombreux charismes mentionnés par Paul, il y en a un «pour chanter les psaumes». (1 Corinthiens 14, 26) Il pense probablement aux hymnes composés dans un élan de piété, et semblables aux cantiques de l'Ancien Testament. Les Évangiles nous transmettront trois de ces cantiques : le Magnificat de Marie, le Benedictus de Zacharie et le Nunc dimittis de Siméon.
Lorsqu’en 386 saint Augustin raconte qu'il fut entraîné par le chant de la communauté de Milan et touché jusqu'aux larmes, ce n’était certainement pas un chant ennuyeux et sans mélodie.
Il faut aussi mentionner la lecture des textes bibliques durant ces liturgies. Dans l'Antiquité, on ne lisait jamais simplement avec les yeux. On lisait à haute voix, avec toutes les nuances, les inflexions, les variations de rythme qui faisaient la joie des participants. Chez les Grecs, la rhétorique jouissait d'une grande faveur et on attribuait des prix à ceux et celles qui savaient bien lire en public. L'Église, qui reconnaissait l’importance de la lecture bien faite, a institué un ministère particulier, celui du «lecteur».
Influence grandissante de la femme dans la communauté chrétienne
Les offices dans les églises de Paul laissaient aux femmes un rôle important. Chez les Juifs, la femme était éliminée du service liturgique; elle était reléguée à un endroit à part. On ne se donnait pas la peine d'enseigner les Écritures aux fillettes. De son côté, le christianisme naissant accordait aux femmes une place de choix. Cela nous fait comprendre la reconnaissance que celles-ci vouaient au Christ et l’attirance qu’il avait pour elles. Elles reconnaissaient en lui un Sauveur qui les respectait, les aimait et s'occupait d’elles. Dans les Évangiles, certaines images caractérisent la nouvelle position de la femme et annonce pour elle un véritable printemps : Marie aux pieds de Jésus à Béthanie, Marthe qui fait sa profession de foi à la mort de son frère, la pécheresse parfumant les pieds de Jésus chez Simon le pharisien, la Samaritaine au puits de Jacob, la femme adultère qui lui doit la vie!
Avec Paul, nous remarquons l'influence toujours grandissante de la femme dans la communauté chrétienne : Eunice et Lois, Lydie, Évodie, Syntyché, Damaris, Prisca, Phoebée, les filles de Philippe... Elles jouent un rôle important dans le développement des Églises. Après la mort de Paul et surtout après que le christianisme soit devenu la religion de l’État au début du 4e siècle, l’Église a perdu cette ouverture et ce respect profond qu’on avait pour les femmes dans les communautés chrétiennes. Elle adopta alors la culture machiste de l’Empire.
Le soir, la célébration était composée d'un double repas: celui des agapes et celui de l'eucharistie
Pendant la soirée du dimanche, les chrétiens se rassemblaient une deuxième fois pour un repas fraternel. Il y avait d’abord les agapes ou le repas de partage, l’une des plus belles inventions de l'Église primitive. Il ne faut pas s’étonner de trouver dans les catacombes de nombreuses représentations de cette rencontre précédant l’eucharistie.
Agapes - Catacombes Ste Priscille
Catacombes Sts Pierre et Marcellin
On apportait de petites tables et on les plaçait en forme de fer à cheval ou en demi-cercle. L'esclave et la servante prenaient place à côté du percepteur municipal Éraste, de l'ancien président de la synagogue Crispus, de la femme d’affaires Phoebée, du riche Titius Justus, et ils étaient servis par des gens affables, qui circulaient entre les tables. La personne la plus âgée était assise au milieu de chaque table, comme nous le voyons dans les fresques des catacombes. Le maître de la maison fournissait les nécessités de base : l'eau chaude et froide, les olives, les sardines, les assiettes et les plats. Un diacre, un presbytre ou le maître de la maison prononçait la prière sur les mets : «Loué sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi de la terre, tu fais sortir le pain du sol..., tu produis les fruits et la vigne».
Après les agapes, ceux qui n'étaient pas encore baptisés s'éloignaient et les autres se rendaient au banquet eucharistique dans la salle haute, qui se trouvait à l'étage supérieure. On y allumait de nombreuses chandelles. Les participants y faisaient une confession en commun de leurs péchés, ensuite ils se rendaient à la table des offrandes, et y déposaient leurs paniers remplis de farine, de raisin, d'encens, d'huile, de pain, de froment et de vin, aliments qui seront offerts aux pauvres et aux gens dans le besoin. C’est là l’origine de nos «collectes dominicales». Pendant que ces offrandes sont rassemblées, le Kyrie eleison est chanté en choeur.
C'est alors que le célébrant principal prononce sur un ton solennel le récit de la dernière Cène, tel que Paul l'a reçu de 1'Église-Mère de Jérusalem : «Voici ce que moi, j'ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi». Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant : «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; faites cela, toutes les fois que vous en boirez en mémoire de moi» (1 Co 11, 23-25). On voit que ces mots sont très proches de ceux de la dernière Cène dans le récit des évangiles synoptiques. Le récit de Paul est en réalité le plus ancien de tous ces textes. La communauté répondait : «À Toi la gloire dans les siècles. Les fragments de ce pain épars sur les montagnes se sont réunis en un seul tout, qu'ainsi ton Église se rassemble des extrémités de la terre dans ton Royaume. Car à Toi est la gloire et la puissance par Jésus-Christ dans les siècles» (Didakhê, ch. 9).
Après ce récit de la dernière scène, les croyants s'approchaient pour recevoir des fragments du pain consacré, et pour boire au calice qu'on leur présentait. Ils retournaient à leurs places après s'être donné le baiser de paix. On emportait alors l’eucharistie aux malades, pendant qu’on chantait un hymne de reconnaissance, qui donnera son nom à toute la cérémonie (eucharistie = action de grâce). Le tout se terminait, selon la Didakhê, par un cri de nostalgie en vue de la Parousie du Seigneur : «Maranatha», Viens, Seigneur Jésus (Didakhê, ch. 10).
Toutes ces informations lèvent un peu le voile sur les premières célébrations du Jour du Seigneur.
Encore une fois, on note l’évolution des pratiques religieuses!
Les pratiques des premiers chrétiens sont dans la Bible!
Très vite, la corruption s’est installée partout!
Comme dans le cas de Job, le diable cherche tous les moyens pour détruire Job et sa relation avec Yah.weh!
Transformer la réalité en une fiction qui n’a plus rien à voir!
Sa grande spécialité!
Il est trop facile pour les humains de suivre le mauvais chemin qui n’a plus rien à voir avec l’enseignement de Jésus!
En fait, le diable a bon dos!
Jésus utilisait des chants dans son enseignement?
Je n’ai pas dû bien lire les évangiles!
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36. Premières eucharisties chrétiennes
C'est dans les lettres de Paul que nous rencontrons les premières mentions des activités des chrétiens le dimanche, «jour du Seigneur». La franchise avec laquelle l’apôtre blâme les abus qui s'étaient déjà glissés lors de ces rencontres, nous aident à lever légèrement le voile sur les célébrations de l'Église primitive : «Quand vous vous réunissez en commun, ce n'est pas le repas du Seigneur que vous prenez. Dès qu’on est à table en effet, chacun se hâte de prendre son propre repas, et l'un a faim, tandis que l'autre est ivre. Vous n’avez donc pas de maisons pour manger et boire ? Ou bien méprisez-vous l'Église de Dieu et voulez-vous faire honte à ceux qui n'ont rien ? Que vous dire ? Faut-il vous louer ? Non, sur ce point je ne vous loue pas.» (1 Corinthiens 11, 20-22)
En relisant les deux lettres aux Corinthiens, le récit du service dominical à Troas, les indications de la Didakhê et la lettre de Pline écrite à l'empereur Trajan (début du 2e siècle), nous avons une bonne idée des célébrations dominicales pendant les premiers temps de l’Église. Comme le développement de ces célébrations s’est fait très lentement, les indications tirées de sources plus tardives nous permettent de remonter à l'époque apostolique.
Selon le rapport de Pline sur l’interrogation de deux servantes chrétiennes, nous savons qu’il y avait chaque dimanche, deux services religieux. Le premier était célébré tôt le matin et le second au cours de la soirée. À l’office du matin, on chantait alternativement en deux choeurs, un cantique s'adressant à la divinité du Christ. Pendant cette rencontre matinale, les chrétiens s’engageaient à vivre la morale chrétienne dans leur vie quotidienne. Le soir, la célébration était composée d’un double repas : celui des agapes et celui de l’eucharistie.
À l'office du matin, on chantait alternativement en deux choeurs, un cantique s'adressant à la divinité du Christ
Les rencontres du dimanche étaient remplis de chants et de musique. Les Grecs adoraient la musique et avaient un sens raffiné du rythme. Il faut nous rappeler les comédies et les tragédies grecques où les choeurs constituaient une partie essentielle des oeuvres théâtrales. Paul encourage un programme liturgique qui répond à ce besoin de chant et de musique : «Récitez entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur». (Éphésiens 5, 19) Parmi les nombreux charismes mentionnés par Paul, il y en a un «pour chanter les psaumes». (1 Corinthiens 14, 26) Il pense probablement aux hymnes composés dans un élan de piété, et semblables aux cantiques de l'Ancien Testament. Les Évangiles nous transmettront trois de ces cantiques : le Magnificat de Marie, le Benedictus de Zacharie et le Nunc dimittis de Siméon.
Lorsqu’en 386 saint Augustin raconte qu'il fut entraîné par le chant de la communauté de Milan et touché jusqu'aux larmes, ce n’était certainement pas un chant ennuyeux et sans mélodie.
Il faut aussi mentionner la lecture des textes bibliques durant ces liturgies. Dans l'Antiquité, on ne lisait jamais simplement avec les yeux. On lisait à haute voix, avec toutes les nuances, les inflexions, les variations de rythme qui faisaient la joie des participants. Chez les Grecs, la rhétorique jouissait d'une grande faveur et on attribuait des prix à ceux et celles qui savaient bien lire en public. L'Église, qui reconnaissait l’importance de la lecture bien faite, a institué un ministère particulier, celui du «lecteur».
Influence grandissante de la femme dans la communauté chrétienne
Les offices dans les églises de Paul laissaient aux femmes un rôle important. Chez les Juifs, la femme était éliminée du service liturgique; elle était reléguée à un endroit à part. On ne se donnait pas la peine d'enseigner les Écritures aux fillettes. De son côté, le christianisme naissant accordait aux femmes une place de choix. Cela nous fait comprendre la reconnaissance que celles-ci vouaient au Christ et l’attirance qu’il avait pour elles. Elles reconnaissaient en lui un Sauveur qui les respectait, les aimait et s'occupait d’elles. Dans les Évangiles, certaines images caractérisent la nouvelle position de la femme et annonce pour elle un véritable printemps : Marie aux pieds de Jésus à Béthanie, Marthe qui fait sa profession de foi à la mort de son frère, la pécheresse parfumant les pieds de Jésus chez Simon le pharisien, la Samaritaine au puits de Jacob, la femme adultère qui lui doit la vie!
Avec Paul, nous remarquons l'influence toujours grandissante de la femme dans la communauté chrétienne : Eunice et Lois, Lydie, Évodie, Syntyché, Damaris, Prisca, Phoebée, les filles de Philippe... Elles jouent un rôle important dans le développement des Églises. Après la mort de Paul et surtout après que le christianisme soit devenu la religion de l’État au début du 4e siècle, l’Église a perdu cette ouverture et ce respect profond qu’on avait pour les femmes dans les communautés chrétiennes. Elle adopta alors la culture machiste de l’Empire.
Le soir, la célébration était composée d'un double repas: celui des agapes et celui de l'eucharistie
Pendant la soirée du dimanche, les chrétiens se rassemblaient une deuxième fois pour un repas fraternel. Il y avait d’abord les agapes ou le repas de partage, l’une des plus belles inventions de l'Église primitive. Il ne faut pas s’étonner de trouver dans les catacombes de nombreuses représentations de cette rencontre précédant l’eucharistie.
Agapes - Catacombes Ste Priscille
Catacombes Sts Pierre et Marcellin
On apportait de petites tables et on les plaçait en forme de fer à cheval ou en demi-cercle. L'esclave et la servante prenaient place à côté du percepteur municipal Éraste, de l'ancien président de la synagogue Crispus, de la femme d’affaires Phoebée, du riche Titius Justus, et ils étaient servis par des gens affables, qui circulaient entre les tables. La personne la plus âgée était assise au milieu de chaque table, comme nous le voyons dans les fresques des catacombes. Le maître de la maison fournissait les nécessités de base : l'eau chaude et froide, les olives, les sardines, les assiettes et les plats. Un diacre, un presbytre ou le maître de la maison prononçait la prière sur les mets : «Loué sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi de la terre, tu fais sortir le pain du sol..., tu produis les fruits et la vigne».
Après les agapes, ceux qui n'étaient pas encore baptisés s'éloignaient et les autres se rendaient au banquet eucharistique dans la salle haute, qui se trouvait à l'étage supérieure. On y allumait de nombreuses chandelles. Les participants y faisaient une confession en commun de leurs péchés, ensuite ils se rendaient à la table des offrandes, et y déposaient leurs paniers remplis de farine, de raisin, d'encens, d'huile, de pain, de froment et de vin, aliments qui seront offerts aux pauvres et aux gens dans le besoin. C’est là l’origine de nos «collectes dominicales». Pendant que ces offrandes sont rassemblées, le Kyrie eleison est chanté en choeur.
C'est alors que le célébrant principal prononce sur un ton solennel le récit de la dernière Cène, tel que Paul l'a reçu de 1'Église-Mère de Jérusalem : «Voici ce que moi, j'ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi». Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant : «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; faites cela, toutes les fois que vous en boirez en mémoire de moi» (1 Co 11, 23-25). On voit que ces mots sont très proches de ceux de la dernière Cène dans le récit des évangiles synoptiques. Le récit de Paul est en réalité le plus ancien de tous ces textes. La communauté répondait : «À Toi la gloire dans les siècles. Les fragments de ce pain épars sur les montagnes se sont réunis en un seul tout, qu'ainsi ton Église se rassemble des extrémités de la terre dans ton Royaume. Car à Toi est la gloire et la puissance par Jésus-Christ dans les siècles» (Didakhê, ch. 9).
Après ce récit de la dernière scène, les croyants s'approchaient pour recevoir des fragments du pain consacré, et pour boire au calice qu'on leur présentait. Ils retournaient à leurs places après s'être donné le baiser de paix. On emportait alors l’eucharistie aux malades, pendant qu’on chantait un hymne de reconnaissance, qui donnera son nom à toute la cérémonie (eucharistie = action de grâce). Le tout se terminait, selon la Didakhê, par un cri de nostalgie en vue de la Parousie du Seigneur : «Maranatha», Viens, Seigneur Jésus (Didakhê, ch. 10).
Toutes ces informations lèvent un peu le voile sur les premières célébrations du Jour du Seigneur.
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 28 sept.23, 20:07Le plus ancien document du Nouveau Testament est la Première lettre aux Thessaloniciens
Nous avons tellement l'habitude de voir les évangiles figurer en tête du Nouveau Testament que nous risquons d'oublier qu'ils ont été écrits plusieurs années après les lettres de Paul. La première lettre aux Thessaloniciens a été envoyée environ vingt ans après la résurrection du Christ et elle est le plus ancien document du Nouveau Testament.
Il est intéressant de constater que ce n’est qu’à la fin du second voyage missionnaire que Paul commence à écrire aux Églises qu’il a fondées. Pendant qu’il est à Corinthe, Timothée arrive de Thessalonique et apporte la bonne nouvelle de la foi et de l’amour des chrétiens de cette ville. Il dit qu’ils ont gardé un bon souvenir de Paul, et qu’ils désirent le revoir. Nous avons dans cette première lettre la réaction de Paul tout ému par ces excellentes nouvelles. Les Thessaloniciens sont sur la bonne voie. Il s'en réjouit et il leur dit : «il ne vous reste qu'à persévérer jusqu'au jour du retour du Seigneur. »
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Deuxième voyage missionnaire de Paul
37. Première lettre aux Thessaloniciens
Le plus ancien document du Nouveau Testament est la Première lettre aux Thessaloniciens
Nous avons tellement l'habitude de voir les évangiles figurer en tête du Nouveau Testament que nous risquons d'oublier qu'ils ont été écrits plusieurs années après les lettres de Paul. La première lettre aux Thessaloniciens a été envoyée environ vingt ans après la résurrection du Christ et elle est le plus ancien document du Nouveau Testament.
Il est intéressant de constater que ce n’est qu’à la fin du second voyage missionnaire que Paul commence à écrire aux Églises qu’il a fondées. Pendant qu’il est à Corinthe, Timothée arrive de Thessalonique et apporte la bonne nouvelle de la foi et de l’amour des chrétiens de cette ville. Il dit qu’ils ont gardé un bon souvenir de Paul, et qu’ils désirent le revoir. Nous avons dans cette première lettre la réaction de Paul tout ému par ces excellentes nouvelles. Les Thessaloniciens sont sur la bonne voie. Il s'en réjouit et il leur dit : «il ne vous reste qu'à persévérer jusqu'au jour du retour du Seigneur. »
Cette lettre aux Thessaloniciens a été dictée dans le pauvre atelier de Prisca et d'Aquila, à Corinthe. Timothée se procura tout ce qu'il fallait pour écrire : feuilles de papyrus, encre, plume, pierre-ponce pour polir les parties rugueuses du papyrus, et pour affiler la plume, éponge pour effacer les erreurs d'écriture, de la cire et des cordons pour cacheter les feuilles de la lettre. Grâce à Pline, nous savons qu’il y avait alors neuf sortes de papyrus (papier). Le matériel provenait d'Égypte et coutait très cher. Il est peu probable que Paul se soit servi de parchemin (peau d’animal), que les Juifs utilisaient seulement pour les documents religieux importants.
En tête de cette épître, comme dans toutes les épîtres de Paul, figurent les noms des expéditeurs et celui des destinataires, suivis d'une courte salutation. Paul écrit presque toujours avec d’autres : «Paul, Silvain et Timothée, à l'Église des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père, et dans le Seigneur Jésus-Christ. À vous, grâce et paix!» Soixante-cinq fois dans ses épitres il emploie le pronom «nous». Paul associe régulièrement ses collaborateurs et ses amis à la fondation des différentes communautés. Les lettres de Paul n’étaient pas écrites d'un seul jet; elles nécessitaient parfois plusieurs jours. Cela explique les changements de ton et d’humeur à l’intérieur d’une même lettre.
Dans cette lettre, nous entendons résonner pour la première fois dans le Nouveau Testament la merveilleuse trilogie «de la foi, de l’espérance et de la charité». C'est par cette splendide harmonie que débute le Nouveau Testament. Cette triade de vertus est à la racine de toute vie chrétienne : «Nous nous rappelons, en présence de notre Dieu et Père, l’activité de votre foi, le labeur de votre charité et la constance de votre espérance, qui sont dus à notre Seigneur Jésus-Christ.» (1 Th 1, 3)
Lorsqu’il s'adresse aux Thessaloniciens et aux Philippiens, Paul sait qu’il parle à des hommes et des femmes fiers de leur histoire. La Macédoine est la terre d’origine de la dynastie qui, dès le 4e s. avant Jésus Christ, a fait l’unité de la Grèce. Au cours de l’hiver 360-359, lorsque Philippe, originaire de Pella, devient roi de la Macédoine, il hérite d’un pays divisé, décimé et culturellement retardé. Vingt-cinq ans plus tard, il le laisse agrandi, unifié, doté de la plus grande puissance militaire de l’époque et hissé à un niveau culturel supérieur. Malgré les «Philippiques» de Démosthène, vigoureuses protestations de cet orateur athénien contre le roi, Philippe poursuit sa politique de conquêtes territoriales et réussit à faire l’unité de la Grèce dont les cités s’entredéchiraient. Grâce à la phalange macédonienne, nouvelle machine de guerre très efficace, il gagne toutes les batailles et se donne comme objectif de vaincre les Perses. Après son assassinat à Aigai, en 336, son fils Alexandre reprendra son rêve d’unir l’Orient à l’Occident et réalisera la conquête de l’Empire perse.
Paul rappelle cette victoire
qui est au coeur de notre profession de foi:
«Jésus est mort et il est ressuscité»,
et ce qui en découle :
«les chrétiens qui sont morts ressusciteront».
La communauté de Thessalonique était très chère au coeur de Paul. Il avait souffert un rejet violent de la part des juifs de la ville mais la communauté formée par les non-Juifs l’avait appuyé. Après avoir évoqué son amitié pour eux, l'Apôtre parle de l'espérance qui traverse la mort. Le chrétien porte cette espérance d’une vie qui sera transformée : «Nous ne voulons pas, frères et soeurs, que vous soyez ignorants au sujet des morts; il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres, qui n'ont pas d'espérance.» (1 Th 4, 13.) Qui, dans le désarroi d'un deuil, n'a entendu aux funérailles ces paroles fraternelles et consolantes? Il s’agit de la grande victoire sur la mort que prêche Paul.
La victoire de Samothrace. Imposante statue que Paul aperçoit en arrivant en Macédoine. Mais Paul pense à une autre victoire, beaucoup plus importante pour le monde: la victoire du Christ sur la mort.
Cette victoire lui a été rappelée lorsqu’il traversa en Macédoine. En quittant Troas, en Asie mineure, il avait mis le cap sur l'île de Samothrace (Ac 16, 11). En arrivant sur l’île, il a pu admirer la splendide Athéna Niké de trois mètres cinquante de hauteur, juchée sur son éperon de navire. La Victoire de Samothrace, conservée aujourd’hui au Musée du Louvre à Paris, était une superbe évocation de la première victoire militaire des Macédoniens. Elle fut sculptée au 3e siècle avant Jésus-Christ. Paul venait annoncer aux Thessaloniciens une autre victoire, celle sur la mort. A chaque fois, Paul rappellera cette victoire qui est au coeur de notre profession de foi: «Jésus est mort et il est ressuscité», et ce qui en découle : «les chrétiens qui sont morts ressusciteront». Paul évoque un rassemblement auprès du Seigneur (1 Th 4, 17). Ce qui est promis n'est pas l'immortalité dans sa solitude, mais une réalité qui transforme la vie et qui est de l'ordre de la relation avec les autres.
Les Thessaloniciens attendaient la «parousie», le retour du Christ. À l'époque impériale le mot «parousie» signifiait la visite officielle de l'Empereur. Des hérauts l'annonçaient, on réparait les routes, on décorait la ville, on célébrait pendant plusieurs jours, on organisait des jeux, on offrait des sacrifices. En attendant cette venue du Christ, la vigilance doit être permanente afin de ne pas être surpris par la visite du Seigneur. Les chrétiens veillent tandis que d'autres dorment. Dans cette lettre, pour la première fois, l'Apôtre décrit l'armure du chrétien : la cuirasse de la foi et de l'amour et le casque de l'espérance.
Dans la troisième partie de l'épître on retrouve des exhortations qui précèdent la salutation finale. Paul invite les Thessaloniciens à avoir de l'estime «pour ceux et celles qui se donnent
de la peine, qui veillent sur vous dans le Seigneur et vous reprennent... (1 Th 5, 12-13) Le bon ordre au sein de l’Église sera assuré s’il existe une bienveillance mutuelle et un esprit de paix : «Nous vous exhortons, frères : reprenez ceux qui vivent de manière désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu : soutenez les faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours le bien entre vous et à l'égard de tous». (1 Th 5, 14)
Suit un très beau texte, véritable guide de comportement pour tous les chrétiens :
«Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal». (1 Th 6, 21)
À la fin, Paul ajoute : «Je vous en conjure par le Seigneur, qu'il soit donné lecture de cette lettre à tous les frères.» Une telle recommandation était utile pour s’assurer que les lettres soient lues dans toutes les communautés environnantes. Ceci faisait des lettres de Paul des «documents circulaires». Finalement, Paul prend la plume de la main de Timothée, et il ajoute de son écriture énergique: «Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous! Amen.»
L'Église qui avait reçu une lettre de Paul la conservait et la relisait lors de ses réunions liturgiques. Après la mort de l'Apôtre, certaines Églises échangèrent leurs lettres. Vers la fin du 1er siècle, quelqu’un eut l’idée d'en faire une collection qui a ensuite été transmise à travers les âges.
Ajouté 7 heures 36 minutes 39 secondes après :
Deuxième voyage missionnaire de Paul
38. Deuxième lettre aux Thessaloniciens
Cette deuxième lettre aux Thessaloniciens reprend ce qui a été dit dans la première. Certains spécialistes pensent qu'elle n'est pas de la main de Paul. Si elle est de lui, elle daterait de 51-52.
Cette lettre est plus brève que la précédente et a probablement été écrite à Corinthe elle aussi, peu de temps après la première. Il s’agit de la réponse à une lettre supposément venant de Paul et qui faisait croire aux chrétiens que le Jour du Seigneur était déjà là «au-dessus de leur tête, comme un nuage noir» :
«À propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer des manifestations de l’Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le Jour du Seigneur est déjà là.» (2 Th 2, 1-2)
Au début, Paul rend grâce à Dieu pour la constance des Thessaloniciens : «Nous devons rendre grâce à Dieu parce que votre foi est en grand progrès et que l’amour de chacun pour les autres s’accroît parmi vous tous.» (2 Th 1, 3)
Paul cherche à calmer une agitation fébrile causée à Thessalonique par une attente anxieuse du Retour du Seigneur.
Dans la deuxième partie, Paul revient sur l'avènement du Christ, sujet déjà abordé dans les chapitres IV et V de la Première lettre aux Thessaloniciens, tout en écartant l'idée de sa proximité immédiate. Pour apaiser l'angoisse des chrétiens, il leur annonce que le retour du Christ sur terre serait précédé de signes : le premier sera l'abandon de la foi ; le second, l'apparition d'un homme que Paul désigne sous les noms «d'Homme de l'impiété», «Fils de la perdition», «celui qui se dresse et s'élève contre Dieu et qu'on adore». Il est, en fait, l'Antéchrist, terme que Paul n’utilise pas mais qui sera employé, plus tard, par saint Jean l'Évangéliste. (1 Jean 2, 18; 2 Jean 7)
L'empereur Caligula "l'homme de l'impiété, qui s'élève contre Dieu et qu'on adore"
En décrivant l'homme de péché, Paul fait probablement référence à l’empereur Caligula (Caïus César Germanicus), qui 14 ans plus tôt, avait donné l’ordre d'édifier sa statue dans le temple de Jérusalem. Le Temple porterait désormais son nom : «Temple de Caïus», le nouveau Jupiter. L'Empereur voulait ainsi se venger des Juifs qui étaient les seuls à ne pas le reconnaître comme dieu.
Lorsque Paul écrit sa lettre, Caligula est mort et Claude est empereur. Son fils adoptif Néron a été proclamé prince impérial et il est le premier dans la ligne de succession. Agrippine, la mère de Néron, a rappelé Sénèque de son exil en Corse, et l’a désigné comme éducateur du futur empereur.
Paul mentionne certains chrétiens qui propagent des rumeurs de fin du monde et refusent de travailler. Ceux-ci préfèrent la mendicité à l'accomplissement de leurs devoirs d'état. Ils promènent partout des visages hantés par la catastrophe éminente et interprètent toutes sortes de signes avant-coureurs, dont ils auraient été témoins. Ils disent: «Le jour du Seigneur est tout proche.» Ils se comportent comme des gens dont les jours sont comptés. Ils fondent leur «savoir» de la fin du monde sur la soi-disant révélation d'un prophète, ou encore sur une parole attribuée à Paul, ou même sur une lettre (fausse d'ailleurs) de l'Apôtre.
Paul les invite tous à travailler et à ne pas être oisifs, à ne pas mener une vie désordonnée. Il insiste :
«Si quelqu'un n'obéit pas aux indications de cette lettre, notez-le, et, pour sa confusion, cessez de frayer avec lui; cependant ne le traitez pas en ennemi, mais reprenez-le comme un frère». (2 Th 3, 14-15)
Attention à la nervosité dans l'attente du Christ, ajoute Paul. Il est vrai que le Christ doit revenir, mais cela n'est pas une raison pour tomber dans le désordre :
"Nous entendons dire qu'il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout mais se mêlant de tout. Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le SeigneurJésus Christ à traailler dans le calme et à manger le pain qu'ils auront eux-mêmes gagné." (2 Th 3, 11)
Pour les Juifs et pour Paul, contrairement aux Grecs et aux Romains, le travail ennoblit lorsqu'il est organisé selon des principes humanistes. Les chrétiens ont devant les yeux son exemple, lui, le fabricant de tentes :
«Nous n'avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes pas fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n’être à la charge d’aucun de vous. (2 Th 3, 7-8)
Paul demande aux Thessaloniciens de prier pour lui et pour ses compagnons Silvain et Timothée :
«Priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez-vous, et que nous soyons délivrés de ces hommes égarés et mauvais – car la foi n’est pas donnée à tous. Mais le Seigneur est fidèle : il vous affermira et vous gardera du Mauvais». (2 Th 3, 1-2)
La troisième partie de l'épître de Paul est une exhortation à la persévérance (2, 13 – 3, 16), avec une salutation finale (3, 17-18).
«Nous devons, quant à nous, rendre grâce à Dieu à tout moment à votre sujet, frères aimés du Seigneur, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et la foi en la vérité : C’est à quoi il vous a appelés par notre Évangile, pour que vous entriez en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Dès lors, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre.» (2 Th 2, 13-15)
L'épître a probablement été dictée à Timothée. Afin d'en assurer l'authenticité, Paul ajoute, de son écriture, la dernière salutation : «Ce salut est de ma main à moi, Paul.»
Et pour éviter toute supercherie, il prévient ses destinataires : «C’est le signe qui distingue toutes mes lettres. Voici quelle est mon écriture.»
Nous avons tellement l'habitude de voir les évangiles figurer en tête du Nouveau Testament que nous risquons d'oublier qu'ils ont été écrits plusieurs années après les lettres de Paul. La première lettre aux Thessaloniciens a été envoyée environ vingt ans après la résurrection du Christ et elle est le plus ancien document du Nouveau Testament.
Il est intéressant de constater que ce n’est qu’à la fin du second voyage missionnaire que Paul commence à écrire aux Églises qu’il a fondées. Pendant qu’il est à Corinthe, Timothée arrive de Thessalonique et apporte la bonne nouvelle de la foi et de l’amour des chrétiens de cette ville. Il dit qu’ils ont gardé un bon souvenir de Paul, et qu’ils désirent le revoir. Nous avons dans cette première lettre la réaction de Paul tout ému par ces excellentes nouvelles. Les Thessaloniciens sont sur la bonne voie. Il s'en réjouit et il leur dit : «il ne vous reste qu'à persévérer jusqu'au jour du retour du Seigneur. »
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Deuxième voyage missionnaire de Paul
37. Première lettre aux Thessaloniciens
Le plus ancien document du Nouveau Testament est la Première lettre aux Thessaloniciens
Nous avons tellement l'habitude de voir les évangiles figurer en tête du Nouveau Testament que nous risquons d'oublier qu'ils ont été écrits plusieurs années après les lettres de Paul. La première lettre aux Thessaloniciens a été envoyée environ vingt ans après la résurrection du Christ et elle est le plus ancien document du Nouveau Testament.
Il est intéressant de constater que ce n’est qu’à la fin du second voyage missionnaire que Paul commence à écrire aux Églises qu’il a fondées. Pendant qu’il est à Corinthe, Timothée arrive de Thessalonique et apporte la bonne nouvelle de la foi et de l’amour des chrétiens de cette ville. Il dit qu’ils ont gardé un bon souvenir de Paul, et qu’ils désirent le revoir. Nous avons dans cette première lettre la réaction de Paul tout ému par ces excellentes nouvelles. Les Thessaloniciens sont sur la bonne voie. Il s'en réjouit et il leur dit : «il ne vous reste qu'à persévérer jusqu'au jour du retour du Seigneur. »
Cette lettre aux Thessaloniciens a été dictée dans le pauvre atelier de Prisca et d'Aquila, à Corinthe. Timothée se procura tout ce qu'il fallait pour écrire : feuilles de papyrus, encre, plume, pierre-ponce pour polir les parties rugueuses du papyrus, et pour affiler la plume, éponge pour effacer les erreurs d'écriture, de la cire et des cordons pour cacheter les feuilles de la lettre. Grâce à Pline, nous savons qu’il y avait alors neuf sortes de papyrus (papier). Le matériel provenait d'Égypte et coutait très cher. Il est peu probable que Paul se soit servi de parchemin (peau d’animal), que les Juifs utilisaient seulement pour les documents religieux importants.
En tête de cette épître, comme dans toutes les épîtres de Paul, figurent les noms des expéditeurs et celui des destinataires, suivis d'une courte salutation. Paul écrit presque toujours avec d’autres : «Paul, Silvain et Timothée, à l'Église des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père, et dans le Seigneur Jésus-Christ. À vous, grâce et paix!» Soixante-cinq fois dans ses épitres il emploie le pronom «nous». Paul associe régulièrement ses collaborateurs et ses amis à la fondation des différentes communautés. Les lettres de Paul n’étaient pas écrites d'un seul jet; elles nécessitaient parfois plusieurs jours. Cela explique les changements de ton et d’humeur à l’intérieur d’une même lettre.
Dans cette lettre, nous entendons résonner pour la première fois dans le Nouveau Testament la merveilleuse trilogie «de la foi, de l’espérance et de la charité». C'est par cette splendide harmonie que débute le Nouveau Testament. Cette triade de vertus est à la racine de toute vie chrétienne : «Nous nous rappelons, en présence de notre Dieu et Père, l’activité de votre foi, le labeur de votre charité et la constance de votre espérance, qui sont dus à notre Seigneur Jésus-Christ.» (1 Th 1, 3)
Lorsqu’il s'adresse aux Thessaloniciens et aux Philippiens, Paul sait qu’il parle à des hommes et des femmes fiers de leur histoire. La Macédoine est la terre d’origine de la dynastie qui, dès le 4e s. avant Jésus Christ, a fait l’unité de la Grèce. Au cours de l’hiver 360-359, lorsque Philippe, originaire de Pella, devient roi de la Macédoine, il hérite d’un pays divisé, décimé et culturellement retardé. Vingt-cinq ans plus tard, il le laisse agrandi, unifié, doté de la plus grande puissance militaire de l’époque et hissé à un niveau culturel supérieur. Malgré les «Philippiques» de Démosthène, vigoureuses protestations de cet orateur athénien contre le roi, Philippe poursuit sa politique de conquêtes territoriales et réussit à faire l’unité de la Grèce dont les cités s’entredéchiraient. Grâce à la phalange macédonienne, nouvelle machine de guerre très efficace, il gagne toutes les batailles et se donne comme objectif de vaincre les Perses. Après son assassinat à Aigai, en 336, son fils Alexandre reprendra son rêve d’unir l’Orient à l’Occident et réalisera la conquête de l’Empire perse.
Paul rappelle cette victoire
qui est au coeur de notre profession de foi:
«Jésus est mort et il est ressuscité»,
et ce qui en découle :
«les chrétiens qui sont morts ressusciteront».
La communauté de Thessalonique était très chère au coeur de Paul. Il avait souffert un rejet violent de la part des juifs de la ville mais la communauté formée par les non-Juifs l’avait appuyé. Après avoir évoqué son amitié pour eux, l'Apôtre parle de l'espérance qui traverse la mort. Le chrétien porte cette espérance d’une vie qui sera transformée : «Nous ne voulons pas, frères et soeurs, que vous soyez ignorants au sujet des morts; il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres, qui n'ont pas d'espérance.» (1 Th 4, 13.) Qui, dans le désarroi d'un deuil, n'a entendu aux funérailles ces paroles fraternelles et consolantes? Il s’agit de la grande victoire sur la mort que prêche Paul.
La victoire de Samothrace. Imposante statue que Paul aperçoit en arrivant en Macédoine. Mais Paul pense à une autre victoire, beaucoup plus importante pour le monde: la victoire du Christ sur la mort.
Cette victoire lui a été rappelée lorsqu’il traversa en Macédoine. En quittant Troas, en Asie mineure, il avait mis le cap sur l'île de Samothrace (Ac 16, 11). En arrivant sur l’île, il a pu admirer la splendide Athéna Niké de trois mètres cinquante de hauteur, juchée sur son éperon de navire. La Victoire de Samothrace, conservée aujourd’hui au Musée du Louvre à Paris, était une superbe évocation de la première victoire militaire des Macédoniens. Elle fut sculptée au 3e siècle avant Jésus-Christ. Paul venait annoncer aux Thessaloniciens une autre victoire, celle sur la mort. A chaque fois, Paul rappellera cette victoire qui est au coeur de notre profession de foi: «Jésus est mort et il est ressuscité», et ce qui en découle : «les chrétiens qui sont morts ressusciteront». Paul évoque un rassemblement auprès du Seigneur (1 Th 4, 17). Ce qui est promis n'est pas l'immortalité dans sa solitude, mais une réalité qui transforme la vie et qui est de l'ordre de la relation avec les autres.
Les Thessaloniciens attendaient la «parousie», le retour du Christ. À l'époque impériale le mot «parousie» signifiait la visite officielle de l'Empereur. Des hérauts l'annonçaient, on réparait les routes, on décorait la ville, on célébrait pendant plusieurs jours, on organisait des jeux, on offrait des sacrifices. En attendant cette venue du Christ, la vigilance doit être permanente afin de ne pas être surpris par la visite du Seigneur. Les chrétiens veillent tandis que d'autres dorment. Dans cette lettre, pour la première fois, l'Apôtre décrit l'armure du chrétien : la cuirasse de la foi et de l'amour et le casque de l'espérance.
Dans la troisième partie de l'épître on retrouve des exhortations qui précèdent la salutation finale. Paul invite les Thessaloniciens à avoir de l'estime «pour ceux et celles qui se donnent
de la peine, qui veillent sur vous dans le Seigneur et vous reprennent... (1 Th 5, 12-13) Le bon ordre au sein de l’Église sera assuré s’il existe une bienveillance mutuelle et un esprit de paix : «Nous vous exhortons, frères : reprenez ceux qui vivent de manière désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu : soutenez les faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours le bien entre vous et à l'égard de tous». (1 Th 5, 14)
Suit un très beau texte, véritable guide de comportement pour tous les chrétiens :
«Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal». (1 Th 6, 21)
À la fin, Paul ajoute : «Je vous en conjure par le Seigneur, qu'il soit donné lecture de cette lettre à tous les frères.» Une telle recommandation était utile pour s’assurer que les lettres soient lues dans toutes les communautés environnantes. Ceci faisait des lettres de Paul des «documents circulaires». Finalement, Paul prend la plume de la main de Timothée, et il ajoute de son écriture énergique: «Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous! Amen.»
L'Église qui avait reçu une lettre de Paul la conservait et la relisait lors de ses réunions liturgiques. Après la mort de l'Apôtre, certaines Églises échangèrent leurs lettres. Vers la fin du 1er siècle, quelqu’un eut l’idée d'en faire une collection qui a ensuite été transmise à travers les âges.
Ajouté 7 heures 36 minutes 39 secondes après :
Deuxième voyage missionnaire de Paul
38. Deuxième lettre aux Thessaloniciens
Cette deuxième lettre aux Thessaloniciens reprend ce qui a été dit dans la première. Certains spécialistes pensent qu'elle n'est pas de la main de Paul. Si elle est de lui, elle daterait de 51-52.
Cette lettre est plus brève que la précédente et a probablement été écrite à Corinthe elle aussi, peu de temps après la première. Il s’agit de la réponse à une lettre supposément venant de Paul et qui faisait croire aux chrétiens que le Jour du Seigneur était déjà là «au-dessus de leur tête, comme un nuage noir» :
«À propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer des manifestations de l’Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le Jour du Seigneur est déjà là.» (2 Th 2, 1-2)
Au début, Paul rend grâce à Dieu pour la constance des Thessaloniciens : «Nous devons rendre grâce à Dieu parce que votre foi est en grand progrès et que l’amour de chacun pour les autres s’accroît parmi vous tous.» (2 Th 1, 3)
Paul cherche à calmer une agitation fébrile causée à Thessalonique par une attente anxieuse du Retour du Seigneur.
Dans la deuxième partie, Paul revient sur l'avènement du Christ, sujet déjà abordé dans les chapitres IV et V de la Première lettre aux Thessaloniciens, tout en écartant l'idée de sa proximité immédiate. Pour apaiser l'angoisse des chrétiens, il leur annonce que le retour du Christ sur terre serait précédé de signes : le premier sera l'abandon de la foi ; le second, l'apparition d'un homme que Paul désigne sous les noms «d'Homme de l'impiété», «Fils de la perdition», «celui qui se dresse et s'élève contre Dieu et qu'on adore». Il est, en fait, l'Antéchrist, terme que Paul n’utilise pas mais qui sera employé, plus tard, par saint Jean l'Évangéliste. (1 Jean 2, 18; 2 Jean 7)
L'empereur Caligula "l'homme de l'impiété, qui s'élève contre Dieu et qu'on adore"
En décrivant l'homme de péché, Paul fait probablement référence à l’empereur Caligula (Caïus César Germanicus), qui 14 ans plus tôt, avait donné l’ordre d'édifier sa statue dans le temple de Jérusalem. Le Temple porterait désormais son nom : «Temple de Caïus», le nouveau Jupiter. L'Empereur voulait ainsi se venger des Juifs qui étaient les seuls à ne pas le reconnaître comme dieu.
Lorsque Paul écrit sa lettre, Caligula est mort et Claude est empereur. Son fils adoptif Néron a été proclamé prince impérial et il est le premier dans la ligne de succession. Agrippine, la mère de Néron, a rappelé Sénèque de son exil en Corse, et l’a désigné comme éducateur du futur empereur.
Paul mentionne certains chrétiens qui propagent des rumeurs de fin du monde et refusent de travailler. Ceux-ci préfèrent la mendicité à l'accomplissement de leurs devoirs d'état. Ils promènent partout des visages hantés par la catastrophe éminente et interprètent toutes sortes de signes avant-coureurs, dont ils auraient été témoins. Ils disent: «Le jour du Seigneur est tout proche.» Ils se comportent comme des gens dont les jours sont comptés. Ils fondent leur «savoir» de la fin du monde sur la soi-disant révélation d'un prophète, ou encore sur une parole attribuée à Paul, ou même sur une lettre (fausse d'ailleurs) de l'Apôtre.
Paul les invite tous à travailler et à ne pas être oisifs, à ne pas mener une vie désordonnée. Il insiste :
«Si quelqu'un n'obéit pas aux indications de cette lettre, notez-le, et, pour sa confusion, cessez de frayer avec lui; cependant ne le traitez pas en ennemi, mais reprenez-le comme un frère». (2 Th 3, 14-15)
Attention à la nervosité dans l'attente du Christ, ajoute Paul. Il est vrai que le Christ doit revenir, mais cela n'est pas une raison pour tomber dans le désordre :
"Nous entendons dire qu'il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout mais se mêlant de tout. Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le SeigneurJésus Christ à traailler dans le calme et à manger le pain qu'ils auront eux-mêmes gagné." (2 Th 3, 11)
Pour les Juifs et pour Paul, contrairement aux Grecs et aux Romains, le travail ennoblit lorsqu'il est organisé selon des principes humanistes. Les chrétiens ont devant les yeux son exemple, lui, le fabricant de tentes :
«Nous n'avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes pas fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n’être à la charge d’aucun de vous. (2 Th 3, 7-8)
Paul demande aux Thessaloniciens de prier pour lui et pour ses compagnons Silvain et Timothée :
«Priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez-vous, et que nous soyons délivrés de ces hommes égarés et mauvais – car la foi n’est pas donnée à tous. Mais le Seigneur est fidèle : il vous affermira et vous gardera du Mauvais». (2 Th 3, 1-2)
La troisième partie de l'épître de Paul est une exhortation à la persévérance (2, 13 – 3, 16), avec une salutation finale (3, 17-18).
«Nous devons, quant à nous, rendre grâce à Dieu à tout moment à votre sujet, frères aimés du Seigneur, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et la foi en la vérité : C’est à quoi il vous a appelés par notre Évangile, pour que vous entriez en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Dès lors, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre.» (2 Th 2, 13-15)
L'épître a probablement été dictée à Timothée. Afin d'en assurer l'authenticité, Paul ajoute, de son écriture, la dernière salutation : «Ce salut est de ma main à moi, Paul.»
Et pour éviter toute supercherie, il prévient ses destinataires : «C’est le signe qui distingue toutes mes lettres. Voici quelle est mon écriture.»
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 30 sept.23, 06:35Deuxième voyage missionnaire de Paul
39. Paul accusé de prêcher un culte illégal
À Corinthe, le nombre de non-Juifs devenus chrétiens augmentait de jour en jour et la Synagogue enregistrait de nombreuses défections. Son chef, Crispus, demanda le baptême, de même que Stephanus. Il y avait également Gaïus, qui a hébergé Paul (Romains 16, 23). Une autre personnalité importante réclama le baptême; c'était Éraste, le trésorier de la ville (Romains 16, 23).
Ce fut le chef-d'oeuvre de l'Apôtre de réussir à réunir à une même table, des hommes et des femmes libres, des esclaves et des affranchis, des Juifs, des Grecs, des Romains et des Asiates.
La composition de la communauté devint de plus en plus variée. D'après la première lettre aux Corinthiens, nous pouvons distinguer trois catégories sociales dans cette Église : D'abord, une classe de gens qui se recrutent parmi les propriétaires et les fonctionnaires. Leurs maisons étaient assez grandes pour recevoir les membres de la communauté naissante, et ils étaient assez riches pour fournir ce qu'il fallait pour les agapes. À cette catégorie appartenaient les personnalités mentionnées plus haut. Plus tard s'y ajoutèrent Sosthène et un certain Zénas, juriste juif. (Tite 3, 13). Il y avait également Phébée, la diaconesse de l’Église de Cenchrée et les gens de sa maison. De la classe moyenne, où prédominait l'élément romain, faisait parti Tertius, le futur secrétaire de Paul à qui il dictera la lettre aux Romains. Cependant la majorité des nouveaux convertis appartenaient aux classes pauvres; c'étaient des esclaves, des affranchis et des artistes. Paul mentionne cette classe de pauvres dans sa 1ère lettre aux Corinthiens :
«Aussi bien, frères, considérez votre appel : il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi.» (1 Corinthiens 1, 26-27)
Paul n'était jamais descendu dans des milieux populaires aussi misérables et mal famés que ceux de Corinthe. Lorsqu'il rappellera plus tard aux Corinthiens, légèrement vantards, ce que la plupart d'entre eux avaient été avant leur conversion, il ne les place pas dans des catégories flatteuses :
«Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs, ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu. Et cela, vous l’étiez bien, du moins quelques uns d’entre vous.» (1 Corinthiens 6, 10).
Ce fut le chef-d'oeuvre de l'Apôtre de réussir à surmonter ces contrastes moraux, sociaux et nationaux et de réunir à une même table, des hommes et des femmes libres, des esclaves et des affranchis, des Juifs, des Grecs, des Romains et des Asiates.
Le succès de l'Apôtre rendit furieux les chefs d'Israël. Paul voyait arriver l'orage. Il écrivit alors aux Thessaloniciens:
«Mes frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course et soit partout honorée comme elle l'est chez vous, et que nous soyons délivrés des méchants et des pervers» (2 Thessaloniciens 3, 1).
Au milieu de ces tensions, le Seigneur apparut à Paul pour le consoler: «Sois sans crainte! Continue de parler, ne te tais pas! Car je suis avec toi, et personne ne mettra sur toi la main pour te faire du mal, parce que j'ai un peuple nombreux dans cette ville.» (Actes 18, 9-10) Cette vision lui donna le courage de persévérer dans sa mission difficile. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Romains 8, 31). Il pouvait donc envisager l'avenir avec sérénité.
Sur le plan politique, au printemps de l'année 52, le poste de gouverneur de l'Achaïe était devenu vacant. Rome prenait soin de faire occuper des postes aussi importants par des personnages prudents et conciliants. Pour cette raison, le Sénat confia la fonction de proconsul d'Achaïe à l'un des hommes les plus sympathiques et les plus cultivés de son temps, Marcos Annaeus Novatus, qui se nommait encore, du nom de son père adoptif, Junius Gallion. «Mon ami Gallion, procureur d'Achaïe», c'est en ces termes que l'Empereur Claude le nomme dans une inscription retrouvée à Delphes. Si Gallion a été proconsul en l'année 52/53, le séjour de 18 mois de Paul à Corinthe, aurait eu lieu du printemps 51 à l'automne 52.
La nomination de Gallion fut accueillie par toute la Grèce avec enthousiasme. Il s'était illustré dans les lettres. Frère préféré du philosophe Sénèque, qui était précepteur de Néron, oncle de l'écrivain romain Lucain, c'était un esprit cultivé, de caractère noble et affable.
Paul défend son enseignement, par Giovanni Ricco
Les Juifs de Corinthe pensèrent tirer parti du nouveau proconsul pour se venger de Paul qui commençait à être trop connu, car les synagogues correspondaient entre elles. Exaspérés par les succès de Paul, ils le traînèrent devant le tribunal du proconsul : «C'est un culte illégal que prêche cet individu, lui dirent-ils». Les lois de l’Empire interdisaient les «nouveaux cultes» et le prosélytisme.
Paul allait se défendre quand Gallion déclara :
«S’il s’agissait d’un délit ou d’un méfait grave, je recevrais votre plainte comme il se doit; mais, puisqu’il s’agit de discussions concernant la doctrine, les appellations, et la Loi qui vous sont propres, cela vous regarde. Moi, je ne veux pas être juge de ces affaires.»
Et il les renvoya du tribunal.
Alors, pour se venger, les Israélites se jetèrent sur Sosthène et le rouèrent de coups devant le tribunal, sans que Gallion ne réagisse d’aucune manière.
Gallion, cet homme de la haute société romaine, connue une fin tragique. Il mourut comme son frère, Sénèque, de la mort du stoïcien, c’est-à-dire de sa propre main, en avalant du poison, sur l'ordre de Néron. C'était la seule échappatoire de la sagesse du monde en face de la souffrance, de la violence et de l’injustice. Ainsi l'enseignait le stoïcisme, enseignement que Sénèque résume dans une lettre célèbre :
«La loi éternelle n'a rien établi de mieux que de nous donner une seule entrée dans la vie, alors qu'elle nous en ménage de nombreuses sorties. Devrais-je attendre une cruelle maladie ou un homme cruel, alors que je suis libre de me défaire de toutes ces adversités ? Telle est la seule raison pour laquelle nous n'avons pas le droit de nous plaindre de la vie : elle ne retient personne. C'est une excellente institution. Personne n'est forcé de rester malheureux, si ce n'est en le voulant. Si tu es satisfait, reste en vie ! Si tu es malheureux, tu peux retourner au néant d'où tu es venu.»
À Corinthe, outre Silas et Timothée, Paul disposait d'un grand nombre de collaborateurs et collaboratrices qu'il envoyait dans toutes les directions de la péninsule. Dans le port de Cenchrées, il avait la fidèle diaconesse Phébée, qui travaillait dans le quartier des matelots comme «un ange de charité».
À Corinthe, Paul a fondé une communauté qui rayonnait dans tout le bassin méditerranéen.
Ajouté 3 heures 54 minutes 13 secondes après :
40. Paul rentre à Antioche de Syrie
Après dix-huit mois à Corinthe, Paul estime qu'il est temps pour lui de quitter cette ville. Il a semé et la moisson a porté fruit. Même si l'Église qu'il a implantée ne compte que quelques centaines de fidèles, le résultat dépasse de loin celui récolté ailleurs. Dans la Première Epître aux Corinthiens, il mentionne le bonheur que cette communauté lui a procuré et le bon souvenir qu'il a conservé de son séjour parmi eux :
«Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus. Car vous avez été comblés en lui de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la science, à raison même de la fermeté qu’a prise en vous le témoignage du Christ. Ainsi ne manquez-vous d’aucun don de la grâce, dans l’attente où vous êtes de la Révélation de notre Seigneur Jésus Christ.» (1 Corinthiens 1, 4-7)
On pense que Paul a quitté Corinthe à l’automne 52. Auparavant, il s'était fait raser la tête pour accomplir un voeu qu’il avait fait. (Actes 18, 18) Ceci rappelle une coutume juive, décrite au sixième chapitre du livre des Nombres : lorsqu'un Juif pieux avait échappé à un grand péril (maladie grave, tentative d'assassinat, etc.), il pouvait s'engager par un voeu de naziréat, c'est-à-dire qu'il promettait à Dieu de ne manger ni de boire aucun produit de la vigne (vin, raisin) pendant un certain temps. Celui qui faisait ce voeu était un nazir et, pour manifester l’état provisoire de son voeu, il se faisait raser la tête.
L'Apôtre a-t-il voulu, par cet acte de respect envers la Loi mosaïque, désarmer l'Église judaïsante de Jérusalem qu'il s'apprêtait à rejoindre ? Désirait-il appeler la bénédiction de Dieu sur un voyage périlleux ou simplement rendre grâce pour la réussite dans son action missionnaire ? Il nous est impossible aujourd’hui de trouver une réponse à cette question. En se faisant tondre à Cenchrées, Paul marque une fois de plus sa dualité vis-à-vis les coutumes de son peuple : lui qui vient de bâtir les fondements d'une église chrétienne ouverte à tous et non plus soumise aux lois et aux rites du judaïsme, il veut montrer qu’il sait aussi observer certains rites de la Loi juive.
Il s'embarque en compagnie de Prisca, Aquilas, Silas et Timothée. Ce voyage devait comporter plusieurs étapes : Éphèse, Césarée, Jérusalem, puis Antioche de Syrie.
Par voie maritime, ils gagnent Éphèse, une grande ville portuaire sur la mer Égée (Turquie actuelle). Il ne peut demeurer qu'un sabbat à Éphèse. Sa prédication messianique est très appréciée, et il doit promettre de revenir le plus tôt possible. «Je reviendrai chez vous une autre fois, si Dieu le veut» (Actes 18, 21). À Éphèse, Paul se sépare de Prisca et d’Aquilas. Timothée continue avec lui. Quant à Silas, il disparaît définitivement du récit des Actes des Apôtres. Il a été, pendant tout le deuxième voyage de Paul, un compagnon enthousiaste et fidèle.
À partir d’Éphèse, le bateau longe la côte dentelée de l'Anatolie du sud-ouest. Arrivé au port palestinien de Césarée où il débarque, Paul gagne Jérusalem. Sur les raisons de cette visite, les textes nous donnent peu d'informations. On dit seulement que Paul s'est rendu à Jérusalem «pour saluer l'Église» (Actes 18, 22). Il est intéressant de constater qu’après chacun de ses voyages, Paul visite Jérusalem. Cela démontre son attachement à l’Église-mère et à ceux qui la dirigent, malgré les nombreux conflits qui l’opposent à plusieurs de ses membres.
Quant à Pierre, apôtre de la circoncision comme Paul l'est des non-circoncis, on le voit sans cesse sur les routes de l’empire. Accompagné de son épouse, il parcourt la Syrie pour évangéliser les juifs. Marc qui, autrefois, avait suivi Paul et Barnabé à Chypre ne quitte plus Pierre. Pendant de longues années, il entendra le chef des apôtres raconter Jésus. De la mémoire de Pierre, les paroles du Seigneur passeront à celle de Marc. Après la mort du chef des apôtres à Rome, c'est à ce disciple dévoué et fidèle que les chrétiens demanderont de mettre par écrit les souvenirs de Pierre. Ainsi naîtra le premier Évangile, celui de Marc, que les experts appelleront aussi l’Évangile de Pierre.
Après une courte visite à Jérusalem, Luc signale que Paul rentre à Antioche de Syrie, où il retrouve la communauté qui l’avait envoyé en mission. Il y demeura pendant «quelque temps», se préparant à repartir de nouveau pour un troisième voyage missionnaire.
Ajouté 8 heures 30 minutes 19 secondes après :
Troisième voyage missionnaire de Paul
41. Troisième voyage – Éphèse
Tout au long de la vie de saint Paul, les Actes des Apôtres nous renseignent sur ses activités. Même si les indications de Luc sont parfois trop brèves et à l’occasion inexactes, il faut reconnaître que ce texte renferme une documentation irremplaçable. Sans Luc, nous saurions peu de choses sur les voyages, les lieux visités, les gens rencontrés, les combats, les épreuves, les victoires du grand saint Paul. Pour ce qui est des Épitres, elles nous permettent de pénétrer la pensée de l’Apôtre.
Après une pause de quelques mois à Antioche de Syrie, Paul part de nouveau en mission. Nous sommes en l’an 53. Il parcourt successivement la Galatie et la Phrygie, visitant les chrétiens des Églises qu’il a fondées pendant ses deux premiers voyages missionnaires.
Après Iconium, il se rend à Éphèse. C’est une ville très importante et le proconsul romain y a sa résidence. Strabon nous révèle qu’Éphèse a eu de tout temps une mauvaise réputation : corrompue dans ses moeurs, détournée des choses sérieuses par la mollesse du climat, ne prenant au sérieux que la danse et la musique, faisant «une bacchanale de la vie publique».
«Grande est l'Artémis d’Éphèse !»
Au temps de Paul, Éphèse est un carrefour bourdonnant d’activités, peuplée de marchands, de marins, de touristes, de pèlerins qui viennent admirer le temple dédié à Artémis, la déesse de la lune et de la chasse. Son port de mer est un grand entrepôt pour toutes les marchandises qui entrent ou sortent d'Asie Mineure.
Ephèse était célèbre dans l'Antiquité pour son culte rendu à Artémis dans un temple que sa somptuosité faisait classer parmi les sept merveilles du monde.
Si Éphèse est l'une des villes les plus souvent mentionnées dans les textes anciens, le temple d'Artémis en est responsable. C’était le temple le plus fréquenté d’Asie. Il avait quatre fois la surface du Parthénon. Il alignait cent vingt-sept colonnes ioniques sur 190 mètres de longueur et 55 mètres de largeur. Au 6e siècle av. J.-C., il a fallu la fortune de Crésus, roi de Lydie, pour achever la construction du prodigieux ensemble. Praxitèle et Phidias se sont chargés de la décoration. Face à une telle réussite, l'Antiquité a placé l'Artémision parmi les Sept Merveilles du monde.
Artemis
Musée du Vatican, gallerie Candelabra
Le coeur de la visite du temple était naturellement la statue de la déesse. En la voyant, les visiteurs s’exclamaient : «Grande est l’Artémis d'Éphèse !» Par chance, l'énorme statue de marbre, haute de trois mètres, nous a été conservée, et on peut l’admirer en visitant le musée d'Éphèse. Ce n'est pas tant la dimension qui frappe que l'incroyable surcharge de symboles sexuels qui parsèment la statue de la déesse.On a cru longtemps que les aspérités sur le corps de marbre étaient des seins; on a même parlé de la déesse aux mille seins. L'explication admise de nos jours est différente : il s'agirait de testicules de taureaux que l'on sacrifiait quand on célébrait le culte de la déesse. Qu'Artémis soit apparue en son temps comme le symbole de la fertilité, qu'elle ait été considéré - elle, vierge - comme la protectrice des femmes enceintes n'étonnera personne. Tout le mois de mai lui était consacré.
C'est dans les rues d'Éphèse qu'avait marché, le poète aveugle Homère. C'est à Éphèse qu'Héraclite «l'obscur» avait médité sur le jaillissement de l'être. C'est là que fut prononcé pour la première fois le nom de Logos (le Verbe), mot que saint Jean reprendra pour qualifier le Fils de Dieu, le Verbe (Logos) fait chair, la parole de Dieu. C’est dans cette ville que Pythagore a fondé son école d'ascèse et de sagesse, qu'Hérodote jeta les fondements de la science historique. C'est là encore que Thalès de Milet, «le père de la philosophie occidentale», avait déclaré que l'eau était le principe de tout être vivant. Dans ce centre du trafic mondial, on pouvait retrouver toute la richesse de la pensée grecque.
Avec son Sanctuaire d’Artémis, Éphèse s’affichait comme le centre de la magie orientale, le paradis de toutes les voluptés, le carrefour des vices et des mystères des pays de l’Est.
La ville d'Éphèse, dans laquelle Paul entra, avait été reconstruite par le roi Lysimaque, grand capitaine et successeur d'Alexandre. On y respirait l'atmosphère internationale de l'hellénisme tardif. Lorsque saint Jean décrit, dans son Apocalypse, les richesses et le luxe de l'Empire romain, il pensait probablement aux entrepôts débordants et au commerce international d'Éphèse, de sorte qu'on a pu affirmer qu'Éphèse était la Babylone de l'Apocalypse.
Avec Athènes et Jérusalem, Éphèse était l’une des trois villes saintes de l'Antiquité. Avec son Sanctuaire d’Artémis, elle s’affichait comme le centre de la magie orientale, le paradis de toutes les voluptés, le carrefour des vices et des mystères des pays de l’Est.
La vieille ville était avant tout la ville des serviteurs du Temple. Sous l’autorité du grand prêtre, des centaines de prêtres, tous eunuques, et une armée de prêtresses protégeaient l'image de la déesse. Autour du lieu sacré s'agitaient les gardiens, les chantres, les musiciens, les prostitués, les magiciens et les fakirs. Ceux-ci avaient pour tâche de maintenir l'enthousiasme religieux au cours des processions, en se servant de cymbales ou d'autres instruments de musique, par leurs chants et surtout par leurs danses bachiques.
Le temple jouissait également du droit d'asile pour les criminels, et attirait ainsi, dans son domaine, tous les éléments louches qui essayaient de se soustraire aux rigueurs de la loi.
«Grand est Jésus-Christ !» - «Grande est la mère de Dieu !»
Éphèse promettait d’être un terrain admirable pour la prédication de l’Évangile. Paul s'adressa d'abord à la population la plus humble, celle qui avait le plus besoin d'espoir et de consolation.
Plus tard, Éphèse abritera dans ses murs, au moins neuf grandes assemblées ecclésiastiques chrétiennes. En 431, lors d'un grand concile, la vénération de Marie comme mère de Dieu y triomphera définitivement. L'expression «théotokos», «Dei genitrix» passa dans le vocabulaire chrétien usuel. Le mois de mai, dédié à la déesse Artémis, deviendra le mois de Marie.
«Grand est Allah et
grand est son prophète !»
Au 7e siècle, l'Islam envahit cette région des Sept Églises de l’Apocalypse. Les anciens sièges épiscopaux, si vénérés, se virent bientôt menacés. En 1403, Éphèse tomba entre les mains des hordes mongoles de Tamerlan. Aujourd’hui, la campagne systématique d'oppression, de la part des Turcs, a eu raison des quelques chrétiens qui habitaient encore la ville.
À Éphèse, les slogans se sont succédés à travers les siècles : «Grande est l'Artémis d’Éphèse !» - «Grand est Jésus-Christ !» - «Grande est la mère de Dieu !» - «Grand est Allah et grand est son prophète !»
39. Paul accusé de prêcher un culte illégal
À Corinthe, le nombre de non-Juifs devenus chrétiens augmentait de jour en jour et la Synagogue enregistrait de nombreuses défections. Son chef, Crispus, demanda le baptême, de même que Stephanus. Il y avait également Gaïus, qui a hébergé Paul (Romains 16, 23). Une autre personnalité importante réclama le baptême; c'était Éraste, le trésorier de la ville (Romains 16, 23).
Ce fut le chef-d'oeuvre de l'Apôtre de réussir à réunir à une même table, des hommes et des femmes libres, des esclaves et des affranchis, des Juifs, des Grecs, des Romains et des Asiates.
La composition de la communauté devint de plus en plus variée. D'après la première lettre aux Corinthiens, nous pouvons distinguer trois catégories sociales dans cette Église : D'abord, une classe de gens qui se recrutent parmi les propriétaires et les fonctionnaires. Leurs maisons étaient assez grandes pour recevoir les membres de la communauté naissante, et ils étaient assez riches pour fournir ce qu'il fallait pour les agapes. À cette catégorie appartenaient les personnalités mentionnées plus haut. Plus tard s'y ajoutèrent Sosthène et un certain Zénas, juriste juif. (Tite 3, 13). Il y avait également Phébée, la diaconesse de l’Église de Cenchrée et les gens de sa maison. De la classe moyenne, où prédominait l'élément romain, faisait parti Tertius, le futur secrétaire de Paul à qui il dictera la lettre aux Romains. Cependant la majorité des nouveaux convertis appartenaient aux classes pauvres; c'étaient des esclaves, des affranchis et des artistes. Paul mentionne cette classe de pauvres dans sa 1ère lettre aux Corinthiens :
«Aussi bien, frères, considérez votre appel : il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi.» (1 Corinthiens 1, 26-27)
Paul n'était jamais descendu dans des milieux populaires aussi misérables et mal famés que ceux de Corinthe. Lorsqu'il rappellera plus tard aux Corinthiens, légèrement vantards, ce que la plupart d'entre eux avaient été avant leur conversion, il ne les place pas dans des catégories flatteuses :
«Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs, ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu. Et cela, vous l’étiez bien, du moins quelques uns d’entre vous.» (1 Corinthiens 6, 10).
Ce fut le chef-d'oeuvre de l'Apôtre de réussir à surmonter ces contrastes moraux, sociaux et nationaux et de réunir à une même table, des hommes et des femmes libres, des esclaves et des affranchis, des Juifs, des Grecs, des Romains et des Asiates.
Le succès de l'Apôtre rendit furieux les chefs d'Israël. Paul voyait arriver l'orage. Il écrivit alors aux Thessaloniciens:
«Mes frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course et soit partout honorée comme elle l'est chez vous, et que nous soyons délivrés des méchants et des pervers» (2 Thessaloniciens 3, 1).
Au milieu de ces tensions, le Seigneur apparut à Paul pour le consoler: «Sois sans crainte! Continue de parler, ne te tais pas! Car je suis avec toi, et personne ne mettra sur toi la main pour te faire du mal, parce que j'ai un peuple nombreux dans cette ville.» (Actes 18, 9-10) Cette vision lui donna le courage de persévérer dans sa mission difficile. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Romains 8, 31). Il pouvait donc envisager l'avenir avec sérénité.
Sur le plan politique, au printemps de l'année 52, le poste de gouverneur de l'Achaïe était devenu vacant. Rome prenait soin de faire occuper des postes aussi importants par des personnages prudents et conciliants. Pour cette raison, le Sénat confia la fonction de proconsul d'Achaïe à l'un des hommes les plus sympathiques et les plus cultivés de son temps, Marcos Annaeus Novatus, qui se nommait encore, du nom de son père adoptif, Junius Gallion. «Mon ami Gallion, procureur d'Achaïe», c'est en ces termes que l'Empereur Claude le nomme dans une inscription retrouvée à Delphes. Si Gallion a été proconsul en l'année 52/53, le séjour de 18 mois de Paul à Corinthe, aurait eu lieu du printemps 51 à l'automne 52.
La nomination de Gallion fut accueillie par toute la Grèce avec enthousiasme. Il s'était illustré dans les lettres. Frère préféré du philosophe Sénèque, qui était précepteur de Néron, oncle de l'écrivain romain Lucain, c'était un esprit cultivé, de caractère noble et affable.
Paul défend son enseignement, par Giovanni Ricco
Les Juifs de Corinthe pensèrent tirer parti du nouveau proconsul pour se venger de Paul qui commençait à être trop connu, car les synagogues correspondaient entre elles. Exaspérés par les succès de Paul, ils le traînèrent devant le tribunal du proconsul : «C'est un culte illégal que prêche cet individu, lui dirent-ils». Les lois de l’Empire interdisaient les «nouveaux cultes» et le prosélytisme.
Paul allait se défendre quand Gallion déclara :
«S’il s’agissait d’un délit ou d’un méfait grave, je recevrais votre plainte comme il se doit; mais, puisqu’il s’agit de discussions concernant la doctrine, les appellations, et la Loi qui vous sont propres, cela vous regarde. Moi, je ne veux pas être juge de ces affaires.»
Et il les renvoya du tribunal.
Alors, pour se venger, les Israélites se jetèrent sur Sosthène et le rouèrent de coups devant le tribunal, sans que Gallion ne réagisse d’aucune manière.
Gallion, cet homme de la haute société romaine, connue une fin tragique. Il mourut comme son frère, Sénèque, de la mort du stoïcien, c’est-à-dire de sa propre main, en avalant du poison, sur l'ordre de Néron. C'était la seule échappatoire de la sagesse du monde en face de la souffrance, de la violence et de l’injustice. Ainsi l'enseignait le stoïcisme, enseignement que Sénèque résume dans une lettre célèbre :
«La loi éternelle n'a rien établi de mieux que de nous donner une seule entrée dans la vie, alors qu'elle nous en ménage de nombreuses sorties. Devrais-je attendre une cruelle maladie ou un homme cruel, alors que je suis libre de me défaire de toutes ces adversités ? Telle est la seule raison pour laquelle nous n'avons pas le droit de nous plaindre de la vie : elle ne retient personne. C'est une excellente institution. Personne n'est forcé de rester malheureux, si ce n'est en le voulant. Si tu es satisfait, reste en vie ! Si tu es malheureux, tu peux retourner au néant d'où tu es venu.»
À Corinthe, outre Silas et Timothée, Paul disposait d'un grand nombre de collaborateurs et collaboratrices qu'il envoyait dans toutes les directions de la péninsule. Dans le port de Cenchrées, il avait la fidèle diaconesse Phébée, qui travaillait dans le quartier des matelots comme «un ange de charité».
À Corinthe, Paul a fondé une communauté qui rayonnait dans tout le bassin méditerranéen.
Ajouté 3 heures 54 minutes 13 secondes après :
40. Paul rentre à Antioche de Syrie
Après dix-huit mois à Corinthe, Paul estime qu'il est temps pour lui de quitter cette ville. Il a semé et la moisson a porté fruit. Même si l'Église qu'il a implantée ne compte que quelques centaines de fidèles, le résultat dépasse de loin celui récolté ailleurs. Dans la Première Epître aux Corinthiens, il mentionne le bonheur que cette communauté lui a procuré et le bon souvenir qu'il a conservé de son séjour parmi eux :
«Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus. Car vous avez été comblés en lui de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la science, à raison même de la fermeté qu’a prise en vous le témoignage du Christ. Ainsi ne manquez-vous d’aucun don de la grâce, dans l’attente où vous êtes de la Révélation de notre Seigneur Jésus Christ.» (1 Corinthiens 1, 4-7)
On pense que Paul a quitté Corinthe à l’automne 52. Auparavant, il s'était fait raser la tête pour accomplir un voeu qu’il avait fait. (Actes 18, 18) Ceci rappelle une coutume juive, décrite au sixième chapitre du livre des Nombres : lorsqu'un Juif pieux avait échappé à un grand péril (maladie grave, tentative d'assassinat, etc.), il pouvait s'engager par un voeu de naziréat, c'est-à-dire qu'il promettait à Dieu de ne manger ni de boire aucun produit de la vigne (vin, raisin) pendant un certain temps. Celui qui faisait ce voeu était un nazir et, pour manifester l’état provisoire de son voeu, il se faisait raser la tête.
L'Apôtre a-t-il voulu, par cet acte de respect envers la Loi mosaïque, désarmer l'Église judaïsante de Jérusalem qu'il s'apprêtait à rejoindre ? Désirait-il appeler la bénédiction de Dieu sur un voyage périlleux ou simplement rendre grâce pour la réussite dans son action missionnaire ? Il nous est impossible aujourd’hui de trouver une réponse à cette question. En se faisant tondre à Cenchrées, Paul marque une fois de plus sa dualité vis-à-vis les coutumes de son peuple : lui qui vient de bâtir les fondements d'une église chrétienne ouverte à tous et non plus soumise aux lois et aux rites du judaïsme, il veut montrer qu’il sait aussi observer certains rites de la Loi juive.
Il s'embarque en compagnie de Prisca, Aquilas, Silas et Timothée. Ce voyage devait comporter plusieurs étapes : Éphèse, Césarée, Jérusalem, puis Antioche de Syrie.
Par voie maritime, ils gagnent Éphèse, une grande ville portuaire sur la mer Égée (Turquie actuelle). Il ne peut demeurer qu'un sabbat à Éphèse. Sa prédication messianique est très appréciée, et il doit promettre de revenir le plus tôt possible. «Je reviendrai chez vous une autre fois, si Dieu le veut» (Actes 18, 21). À Éphèse, Paul se sépare de Prisca et d’Aquilas. Timothée continue avec lui. Quant à Silas, il disparaît définitivement du récit des Actes des Apôtres. Il a été, pendant tout le deuxième voyage de Paul, un compagnon enthousiaste et fidèle.
À partir d’Éphèse, le bateau longe la côte dentelée de l'Anatolie du sud-ouest. Arrivé au port palestinien de Césarée où il débarque, Paul gagne Jérusalem. Sur les raisons de cette visite, les textes nous donnent peu d'informations. On dit seulement que Paul s'est rendu à Jérusalem «pour saluer l'Église» (Actes 18, 22). Il est intéressant de constater qu’après chacun de ses voyages, Paul visite Jérusalem. Cela démontre son attachement à l’Église-mère et à ceux qui la dirigent, malgré les nombreux conflits qui l’opposent à plusieurs de ses membres.
Quant à Pierre, apôtre de la circoncision comme Paul l'est des non-circoncis, on le voit sans cesse sur les routes de l’empire. Accompagné de son épouse, il parcourt la Syrie pour évangéliser les juifs. Marc qui, autrefois, avait suivi Paul et Barnabé à Chypre ne quitte plus Pierre. Pendant de longues années, il entendra le chef des apôtres raconter Jésus. De la mémoire de Pierre, les paroles du Seigneur passeront à celle de Marc. Après la mort du chef des apôtres à Rome, c'est à ce disciple dévoué et fidèle que les chrétiens demanderont de mettre par écrit les souvenirs de Pierre. Ainsi naîtra le premier Évangile, celui de Marc, que les experts appelleront aussi l’Évangile de Pierre.
Après une courte visite à Jérusalem, Luc signale que Paul rentre à Antioche de Syrie, où il retrouve la communauté qui l’avait envoyé en mission. Il y demeura pendant «quelque temps», se préparant à repartir de nouveau pour un troisième voyage missionnaire.
Ajouté 8 heures 30 minutes 19 secondes après :
Troisième voyage missionnaire de Paul
41. Troisième voyage – Éphèse
Tout au long de la vie de saint Paul, les Actes des Apôtres nous renseignent sur ses activités. Même si les indications de Luc sont parfois trop brèves et à l’occasion inexactes, il faut reconnaître que ce texte renferme une documentation irremplaçable. Sans Luc, nous saurions peu de choses sur les voyages, les lieux visités, les gens rencontrés, les combats, les épreuves, les victoires du grand saint Paul. Pour ce qui est des Épitres, elles nous permettent de pénétrer la pensée de l’Apôtre.
Après une pause de quelques mois à Antioche de Syrie, Paul part de nouveau en mission. Nous sommes en l’an 53. Il parcourt successivement la Galatie et la Phrygie, visitant les chrétiens des Églises qu’il a fondées pendant ses deux premiers voyages missionnaires.
Après Iconium, il se rend à Éphèse. C’est une ville très importante et le proconsul romain y a sa résidence. Strabon nous révèle qu’Éphèse a eu de tout temps une mauvaise réputation : corrompue dans ses moeurs, détournée des choses sérieuses par la mollesse du climat, ne prenant au sérieux que la danse et la musique, faisant «une bacchanale de la vie publique».
«Grande est l'Artémis d’Éphèse !»
Au temps de Paul, Éphèse est un carrefour bourdonnant d’activités, peuplée de marchands, de marins, de touristes, de pèlerins qui viennent admirer le temple dédié à Artémis, la déesse de la lune et de la chasse. Son port de mer est un grand entrepôt pour toutes les marchandises qui entrent ou sortent d'Asie Mineure.
Ephèse était célèbre dans l'Antiquité pour son culte rendu à Artémis dans un temple que sa somptuosité faisait classer parmi les sept merveilles du monde.
Si Éphèse est l'une des villes les plus souvent mentionnées dans les textes anciens, le temple d'Artémis en est responsable. C’était le temple le plus fréquenté d’Asie. Il avait quatre fois la surface du Parthénon. Il alignait cent vingt-sept colonnes ioniques sur 190 mètres de longueur et 55 mètres de largeur. Au 6e siècle av. J.-C., il a fallu la fortune de Crésus, roi de Lydie, pour achever la construction du prodigieux ensemble. Praxitèle et Phidias se sont chargés de la décoration. Face à une telle réussite, l'Antiquité a placé l'Artémision parmi les Sept Merveilles du monde.
Artemis
Musée du Vatican, gallerie Candelabra
Le coeur de la visite du temple était naturellement la statue de la déesse. En la voyant, les visiteurs s’exclamaient : «Grande est l’Artémis d'Éphèse !» Par chance, l'énorme statue de marbre, haute de trois mètres, nous a été conservée, et on peut l’admirer en visitant le musée d'Éphèse. Ce n'est pas tant la dimension qui frappe que l'incroyable surcharge de symboles sexuels qui parsèment la statue de la déesse.On a cru longtemps que les aspérités sur le corps de marbre étaient des seins; on a même parlé de la déesse aux mille seins. L'explication admise de nos jours est différente : il s'agirait de testicules de taureaux que l'on sacrifiait quand on célébrait le culte de la déesse. Qu'Artémis soit apparue en son temps comme le symbole de la fertilité, qu'elle ait été considéré - elle, vierge - comme la protectrice des femmes enceintes n'étonnera personne. Tout le mois de mai lui était consacré.
C'est dans les rues d'Éphèse qu'avait marché, le poète aveugle Homère. C'est à Éphèse qu'Héraclite «l'obscur» avait médité sur le jaillissement de l'être. C'est là que fut prononcé pour la première fois le nom de Logos (le Verbe), mot que saint Jean reprendra pour qualifier le Fils de Dieu, le Verbe (Logos) fait chair, la parole de Dieu. C’est dans cette ville que Pythagore a fondé son école d'ascèse et de sagesse, qu'Hérodote jeta les fondements de la science historique. C'est là encore que Thalès de Milet, «le père de la philosophie occidentale», avait déclaré que l'eau était le principe de tout être vivant. Dans ce centre du trafic mondial, on pouvait retrouver toute la richesse de la pensée grecque.
Avec son Sanctuaire d’Artémis, Éphèse s’affichait comme le centre de la magie orientale, le paradis de toutes les voluptés, le carrefour des vices et des mystères des pays de l’Est.
La ville d'Éphèse, dans laquelle Paul entra, avait été reconstruite par le roi Lysimaque, grand capitaine et successeur d'Alexandre. On y respirait l'atmosphère internationale de l'hellénisme tardif. Lorsque saint Jean décrit, dans son Apocalypse, les richesses et le luxe de l'Empire romain, il pensait probablement aux entrepôts débordants et au commerce international d'Éphèse, de sorte qu'on a pu affirmer qu'Éphèse était la Babylone de l'Apocalypse.
Avec Athènes et Jérusalem, Éphèse était l’une des trois villes saintes de l'Antiquité. Avec son Sanctuaire d’Artémis, elle s’affichait comme le centre de la magie orientale, le paradis de toutes les voluptés, le carrefour des vices et des mystères des pays de l’Est.
La vieille ville était avant tout la ville des serviteurs du Temple. Sous l’autorité du grand prêtre, des centaines de prêtres, tous eunuques, et une armée de prêtresses protégeaient l'image de la déesse. Autour du lieu sacré s'agitaient les gardiens, les chantres, les musiciens, les prostitués, les magiciens et les fakirs. Ceux-ci avaient pour tâche de maintenir l'enthousiasme religieux au cours des processions, en se servant de cymbales ou d'autres instruments de musique, par leurs chants et surtout par leurs danses bachiques.
Le temple jouissait également du droit d'asile pour les criminels, et attirait ainsi, dans son domaine, tous les éléments louches qui essayaient de se soustraire aux rigueurs de la loi.
«Grand est Jésus-Christ !» - «Grande est la mère de Dieu !»
Éphèse promettait d’être un terrain admirable pour la prédication de l’Évangile. Paul s'adressa d'abord à la population la plus humble, celle qui avait le plus besoin d'espoir et de consolation.
Plus tard, Éphèse abritera dans ses murs, au moins neuf grandes assemblées ecclésiastiques chrétiennes. En 431, lors d'un grand concile, la vénération de Marie comme mère de Dieu y triomphera définitivement. L'expression «théotokos», «Dei genitrix» passa dans le vocabulaire chrétien usuel. Le mois de mai, dédié à la déesse Artémis, deviendra le mois de Marie.
«Grand est Allah et
grand est son prophète !»
Au 7e siècle, l'Islam envahit cette région des Sept Églises de l’Apocalypse. Les anciens sièges épiscopaux, si vénérés, se virent bientôt menacés. En 1403, Éphèse tomba entre les mains des hordes mongoles de Tamerlan. Aujourd’hui, la campagne systématique d'oppression, de la part des Turcs, a eu raison des quelques chrétiens qui habitaient encore la ville.
À Éphèse, les slogans se sont succédés à travers les siècles : «Grande est l'Artémis d’Éphèse !» - «Grand est Jésus-Christ !» - «Grande est la mère de Dieu !» - «Grand est Allah et grand est son prophète !»
Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 02 oct.23, 02:3942. Paul à Éphèse
Vue d'ensemble du troisième voyage. Cliquez sur l'image
pour suivre le trajet (animé)
et avoir un aperçu des sites visités
Paul a décidé de gagner Éphèse par voie de terre parce qu’il voulait, le long de la route, revoir les membres de «ses Églises». Une telle aventure, à raison de 25 à 30 kilomètres par jour, représentait, au coeur de l'été, onze cents kilomètres à travers montagnes, plaines et vallées par des températures qui parfois dépassaient les 50°. Après un arrêt à Tarse, son véritable port d'attache, il visite les communautés fondées quelques années plus tôt en Phrygie et en Galatie.
En l’an 53, Paul arrive à Éphèse pour un séjour de trois ans. Ce que l'on appelle son «troisième voyage missionnaire» est, pour l'essentiel, un long séjour dans cette ville, où il écrira une partie de ses épîtres. Capitale de la province d'Asie, Éphèse est un centre politique, commercial, intellectuel et religieux très important. De cette période de travail pastoral, les Actes des Apôtres nous offrent quelques indications pittoresques (19, 1-40).
Paul séjourne 3 ans à Éphèse.
Selon son habitude, il prêche d'abord dans la synagogue
mais sans succès
Il essaya alors une nouvelle méthode missionnaire:
conférences publiques
en plein air, puis, l'hiver,
il loue une école.
À Éphèse, la colonie juive comptait un certain nombre de disciples de Jean-le-Baptiste. Paul leur demanda s’ils avaient reçu l'Esprit Saint. Ils répondirent qu’ils n’avaient même pas entendu parler de l'Esprit Saint ! Ils écoutèrent Paul et reçurent le baptême au nom du Seigneur Jésus.
Selon son habitude, Paul prêche d’abord dans la synagogue mais sans grand succès. Les juifs l'écoutent pendant un certain temps, mais après trois mois, ils ne le supportent plus. C’est le désaccord total. (Actes 19, 9) Paul rompt alors avec eux et quitte la synagogue.
Il essaya alors une nouvelle méthode missionnaire. Les maisons privées étant trop petites pour accueillir une communauté en expansion, il commença à offrir des conférences publiques, à la manière des rhéteurs grecs. Tout le monde pouvait y prendre part, et cela gratuitement, à la différence des conférences des philosophes qui réclamaient une contribution monétaire. Cependant, à l'approche de l'hiver, il devint impossible d’enseigner en plein air. Paul chercha donc un local adapté à ses besoins. Un certain grammairien du nom de Tyrannus, vraisemblablement un nouveau converti, offrit de lui louer une grande salle de cours.
Tyrannus enseignait de 8h à 11h et reprenait ses cours à 16h de l’après-midi. En terres méditerranéennes, la période du midi était consacrée au repas et à la détente, mais Paul ne connaissait pas de temps libre. Le matin, il travaillait à son métier de tisserand pour gagner sa nourriture, et payer son loyer. Il se lavait ensuite et se hâtait vers la salle de cours de Tyrannus, qu’il occupait de 11h à 16h.
Conférence publique à l'école.
Paul y rejoint un public très varié.
Ephèse - ruines de l'école de Tyrannus
Un public très varié l'attendait : étudiants, commerçants, employés, artisans, fonctionnaires, esclaves et affranchis. Pendant plus de deux ans, Paul poursuivit ce travail ardu. Après 16 heures, les instructions terminées, il visitait les malades. Quand on célébrait l’eucharistie, toujours dans la soirée, Paul prêchait parfois jusque tard dans la nuit.
L'arrivée à Corinthe de missionnaires judaïsants, venus pour nuire à l'évangélisation de Paul, démontre que les gens de Jérusalem avaient répudié l’entente du premier Concile, qui exemptait les non-Juifs de la circoncision et de certaines règles imposées aux judéo-chrétiens. Dans l'Épître aux Galates, Paul dénoncera cette volonté des envoyés de Jérusalem d'anéantir les Églises qu’il a fondées. Ses ennemis font de lui un faux prophète, un hérétique, un scélérat, un imposteur qui s’oppose au Temple et à la Loi de Moïse. On désigne ses Églises comme «des synagogues de Satan». Malgré ces obstacles, Paul continue à annoncer, «aux Juifs et aux Grecs», la parole du Seigneur.
Ces trois années à Éphèse seront semées d'espoirs, de réussites mais aussi de combats et d'échecs. Nulle part, au cours de son apostolat, Paul n'aura séjourné aussi longtemps à un même endroit et soutenu des efforts aussi éprouvants. Il travaillait souvent, a-t-il confié, «dans les larmes et au milieu des épreuves».
Que Paul ait choisi Éphèse comme centre de ses activités missionnaires n’est pas étonnant. On constate que la ville se trouve à égale distance de la Galatie et de Thessalonique (500 kilomètres) ; elle est à 400 kilomètres de Corinthe, à 445 de Philippes, à 330 d'Antioche de Pisidie. A partir d’Éphèse, on pouvait, sans trop de difficultés, expédier et recevoir des messages de toutes les Églises.
Quiconque se retrouvait dans l’entourage de Paul, était entraîné dans le tourbillon d'activités. On ne s'ennuyait jamais à ses côtés. Pendant la soirée, après tout le travail de la journée, avait lieu l'instruction des catéchumènes. Cette préparation au baptême se faisait dans les maisons privées des chrétiens et Paul en confiait la responsabilité à ses disciples.
En aucun endroit, Paul n'a trouvé un champ d'action aussi vaste que celui de cette province d'Asie. Elle comptait près de cinq cent villes et villages, et Éphèse en était la capitale. «Une grande porte» s'ouvrait ici pour pénétrer le monde gréco-romain (1 Cor 16, 9). À partir d’Éphèse, Paul dirigeait son oeuvre missionnaire. Il recevait les envoyés de nombreuses communautés, qui restaient plus ou moins longtemps auprès de lui. C'était un perpétuel va-et-vient de messagers venus des missions du Nord et du Sud et surtout de l'Est, la région «des sept communautés de l'Apocalypse».
À Éphèse, Paul a atteint l'apogée de sa vie missionnaire. Ses conférences publiques, son influence sur toute la province, la probité de son caractère, ne manquèrent pas de faire une profonde impression sur les gens de la ville. Nous apprenons que plusieurs membres de l'assemblée provinciale, de directeurs des jeux, de marchands, s'étaient liés d'amitié avec lui.
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43. Émeute à Éphèse
Paul avait l’habitude d’être contesté par les Juifs dans les synagogues. Il ne s’attendait pas du tout à la prochaine attaque qui allait venir d’une toute autre direction : des marchands du temple de la déesse Artémis. Cette attaque coïncidait avec la grande fête du mois de mai qui transformait la ville d'Éphèse en une foire gigantesque et une bacchanale sans pareille. Elle se déroulait autour du prestigieux temple d'Artémis. Le mois de mai tout entier était consacré à la déesse de toute la Grèce.
Nous possédons, au sujet de cette fête, un document historique, gravé sur un tableau de marbre et retrouvé dans les ruines d’Éphèse :
«Comme il est notoire que non seulement parmi les Éphésiens, mais dans la Grèce entière, des temples et des lieux saints, des images et des autels sont consacrés à Artémis..., comme de plus, en grande preuve du respect qui lui est rendu, un mois appelé Artémision a reçu son nom parmi nous..., considérant comme convenable que le mois tout entier, qui porte le nom divin, soit gardé comme saint et célébré dignement, les habitants d'Éphèse ont décidé de régler son culte par le décret suivant : Le mois d'Artémision, en tous ses jours, sera saint. Durant le mois tout entier, on célèbrera des fêtes, des panégyriques et des solennités sacrées.
Notre ville en recevra un nouveau lustre et sera prospère en tout temps ».
Les foules nombreuses qui venaient à Éphèse à l'occasion des fêtes de mai favorisaient l'expansion des idées chrétiennes, et Paul voulait en profiter pour élargir son champ d’action missionnaire. Mais son idéalisme l'empêchait parfois de considérer la situation réelle, et d’avoir égard aux intérêts séculiers des gens. Il ne s'était pas aperçu que ses activités pouvaient nuire aux revenus de plusieurs artisans. Le personnel employé au service du temple d'Artémis, les prêtres de la déesse et toute cette foule d'eunuques, de prostituées, de magiciens, de comédiens, de joueurs de flûte, de diseurs de bonne aventure et d'astrologues, étaient affectés par la prédication de Paul. Mais ceux qui avaient le plus à perdre étaient les commerçants et les négociants de la ville, les fabricants d'objets d'art et les orfèvres, les petits marchands et les vendeurs d'objets de piété, qui risquaient de voir leurs revenus diminuer.
Le succès chrétien va finir par dépouiller de son prestige la déesse vénérée dans le monde entier et faire perdre le travail de centaines d’artisans.
Dans les premiers temps, la prédication de Paul n'a pas dérangé les fervents de la déesse Artémis. Mais à mesure que le nombre de conversions se multipliait, les rumeurs commençaient à circuler. Dans le temple, les prêtres d'Artémis s'alarmaient et plus encore les orfèvres qui vendaient des «souvenirs», à proximité du lieu de pèlerinage. Cela rapportait beaucoup d’argent. Les voyageurs qui revenaient d'Éphèse, avaient l’habitude d'emporter un souvenir à leur famille : une Artémis argentée ou dorée, une image de son temple, une médaille qu'on pouvait porter comme amulette. C'est ainsi que la déesse donnait du travail et du pain aux artisans de la ville. Cette année là, le lien entre la prédication paulinienne et la mauvaise marche des affaires, fut vite fait. Démétrius, qui employait peut-être lui-même, dans ses ateliers, de nombreux dessinateurs et ciseleurs qui copiaient en plâtre, en plomb, en argent ou en or, des statues de la déesse, des maquettes temple, des médailles de toutes sortes, se fit le porte-parole de sa corporation et des ouvriers engagés par les orfèvres.
Les Actes des Apôtres rapportent le discours qu'il adressa à ses collègues:
«Mes amis, c’est à cette industrie, vous le savez, que nous devons notre bien-être. Or, vous le voyez et entendez dire, non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul, par ses raisons, a entraîné à sa suite une foule considérable, en affirmant qu’ils ne sont pas dieux, ceux qui sont sortis de la main des hommes. Cela risque non seulement de jeter le discrédit sur notre profession, mais encore de faire compter pour rien le sanctuaire même de la grande déesse Artémis, pour finir par dépouiller de son prestige celle que révèrent toute l’Asie et le monde entier.» (Actes 19, 25-27)
Le théâtre d'Ephèse, où eut lieu une émeute au sujet des chrétiens.
L'agitation gagna toute la ville et l'on se précipita en masse vers le théâtre, où Démétrius voulait organiser une réunion de protestation. Le mot d'ordre circula : «Au théâtre! au théâtre! Paul devant le tribunal populaire! Paul jeté aux lions!» Paul était décidé à se rendre à l'assemblée, mais ses disciples et ses amis l’empêchèrent de se risquer au théâtre. C’était la première contestation ouvrière rapportée par la Bible. Les soucis des orfèvres n'étaient pas dénués de fondement.
L'hémicycle du théâtre pouvait contenir 25.000 personnes. Des promeneurs et des pèlerins, qui ignoraient de quoi il s'agissait; le personnel des magasins, des restaurants et des banques; des gens qui sortaient de la bibliothèque; des jeunes hommes qui étaient au stade, aux gymnases, aux bains et aux lieux de sport se joignirent à la foule. Tous furent entraînés, et se trouvèrent soudainement dans le grand amphithéâtre.
Le récit de l’émeute d’Éphèse est l’un des récits les plus pittoresques des Actes des Apôtres. Luc y est allé de son talent, maniant tour à tour l’ironie et le drame. L’incident rappelle que l’évangélisation chrétienne ne soulève pas seulement un débat religieux; elle déclenche parfois des conflits sociaux, avec des répercussions économiques. Démétrius avait raison : le succès chrétien va finir par dépouiller de son prestige la déesse vénérée dans le monde entier et faire perdre le travail de centaines d’artisans.
Après l’émeute qui aurait pu coûter la vie à Paul s’il s’était présenté au théâtre, plusieurs historiens sont d’avis que l'Apôtre a été mis en captivité à Éphèse. Les textes de Luc et de Paul ne parlent pas directement d’emprisonnement mais on peut déduire qu’après l’émeute, il fut mis en prison. Lorsque Paul mentionne peu après, et plein de reconnaissance, dans la lettre aux Romains qu'il doit la vie à Aquila et à Prisca («Ils ont risqué leur tête pour me sauver la vie»), et qu'il nomme Andronique et Junias «ses parents et ses compagnons de captivité», il est difficile de parler purement d’images littéraires.
Pendant tout ce temps à Éphèse, de mauvaises nouvelles parvenaient de Corinthe. Les gens de Chloé avaient remis à Paul une lettre des anciens, l'avertissant des dissensions qui accablaient l'Église. Certains cherchaient à diminuer l'autorité de l’Apôtre et à troubler les communautés qu'il avait fondées. Comme si l’Évangile empruntait sa valeur à celui qui l'avait annoncé, certains se réclamaient de Paul, d'autres d'Apollos, d’autres de Pierre ou du Christ lui-même. C’est probablement de sa prison que Paul écrivit alors les deux lettres aux Corinthiens et celles aux Galates et aux Romains. Nous reviendrons sur ces lettres dans les semaines qui vont suivre.
Une fois libéré de prison, Paul voulut partir pour rentrer à Antioche de Syrie. Au moment de prendre la mer, il apprit que les Juifs complotaient contre lui. Il déjoua leurs intrigues en changeant de direction et en se dirigeant vers la Macédoine, ce qui allongeait son voyage de retour mais le protégeait des ennemis qui voulaient s’en prendre à sa vie. Pendant ce voyage, il valait mieux qu'il ne soit pas seul. Il était donc accompagné de Sopatros de Bérée, d’Aristarque et de Secundus de Thessalonique, de Gaïus de Derbé, et de Timothée, de Tychique et de Trophime de la province d'Asie. Il passa d'abord trois mois en Grèce et visita plusieurs de ses Églises. Il y rencontra Tite qui, cette fois-ci, apportait de bonnes nouvelles de Corinthe où il avait été reçu «avec crainte et tremblement». Cette nouvelle a ému la communauté et causé une grande joie.
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Troisième voyage missionnaire de Paul
44 - Première lettre aux Corinthiens
Il est difficile de faire un bref résumé des lettres de Paul. J’aimerais simplement mentionner les principaux thèmes pour nous aider à les mieux comprendre et en apprécier toute la profondeur.
Si l’on veut connaître Paul, son tempérament bouillant, sa passion pour l’Évangile, sa liberté de parole et sa détermination, c’est dans les deux épitres aux Corinthiens qu’il faut les chercher. C’est probablement au printemps de l’année 54 que fut écrite la première. Mais Paul avait déjà écrit aux chrétiens de Corinthe. Deux de ses lettres ont été perdues.
La communauté de Corinthe a été fondée par Paul en l’an 50. À Éphèse, il reçoit régulièrement des nouvelles de ses Églises et il réagit en écrivant ou en envoyant des collaborateurs. La situation à Corinthe apparaît assez troublée. Les judéo-chrétiens (Juifs convertis au christianisme et restés fidèles à la Loi hébraïque) ont fait du ravage et sont responsables en grande partie des problèmes de la communauté. L’autorité de Paul se trouve ébranlée. Aussi envoie-t-il son fils spirituel, Timothée, pour vérifier la situation. Au retour de celui-ci, Paul décide d’écrire à cette Église en désarroi.
Les problèmes sont nombreux. Il y a d’abord la division en différentes factions : certains se disent disciples d'Apollos, d’autres de Paul, d'autres de Pierre et d’autres encore de Jésus Christ lui-même. Tout cela divise la communauté. Il y a ensuite les comportements qui scandalisent : inceste, fornication, procès devant les tribunaux de la ville. L'assemblée liturgique est troublée par des différences inacceptables entre riches et pauvres. Sous prétexte de «science» et de «liberté», on se complait dans des discussions stériles sur la virginité et sur le mariage. Paul nous offre ici les premières réflexions sur une éthique chrétienne appliquée aux problèmes de l'amour, du mariage, du rôle des femmes dans l'Église, des conditions sociales.
L'Évangile est une loi qui ne s'impose pas de l'extérieur, comme la loi mosaïque, mais elle transforme de l’intérieur.
Paul trace la route la plus sûre pour vivre l'Évangile : l'amour fraternel. Le fameux hymne à la charité du chapitre 13 décrit cet amour en soulignant les désordres qui perturbent l'église de Corinthe. Les Corinthiens ont tendance à réduire les dons de l’Esprit à des manifestations spectaculaires comme la «prière en langues» (glossolalie) et la «prophétie». Paul leur rappelle que ce n’est pas le spectacle qui caractérise les dons de l’Esprit, mais le service à la communauté : «Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, s'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et de toute la connaissance, quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s'il me manque l'amour, je n'y gagne rien. L'amour prend patience, l'amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passe jamais. Les prophéties? Elles seront abolies. Les langues? Elles prendront fin. La connaissance? Elle sera abolie. [...] Ces trois-là demeurent : la foi, l'espérance et l'amour, mais l'amour est le plus grand.» (1Co 13, 1-13)
L’hymne à l’amour est un point culminant des écrits néotestamentaires. C’est l’un des plus beaux textes de la littérature mondiale. Il est souvent repris pendant les cérémonies de mariage. Parmi les nombreux charismes, la voie de l’amour est le charisme par excellence.
La liberté est l’un des thèmes principaux abordé par Paul dans cette première lettre aux Corinthiens. Il défend ardemment la liberté chrétienne face aux judéo-chrétiens qui veulent imposer la Loi de Moïse et les coutumes juives aux croyants non-Juifs. Ce combat, il l’a mené au Concile de Jérusalem et il le fera de nouveau dans son épitre aux Galates. Dans le monde grec et latin, la liberté politique et démocratique comportait le droit de parole pour tous les membres de l’assemblée de citoyens (l’ekklèsia) et le droit de tout dire (parrèsia), sans peur de représailles. Paul revendique ces droits pour lui-même et pour ses Églises.
Comme les stoïciens, Paul se fait le défenseur acharné de la conscience personnelle. À propos de la consommation des viandes offertes aux idoles, il rappelle que les idoles ne sont rien. On peut donc manger la viande qui leur est offerte (8, 4-6). Mais cette liberté doit être limitée par la charité fraternelle envers celui ou celle qui risque d'être scandalisé par cette liberté (8, 7-13).
Paul n’entend pas imposer ses propres lois et il ne prétend nullement exercer une tyrannie spirituelle : «Ce n'est pas que nous entendions régenter votre foi, nous ne voulons que contribuer à votre joie» (2 Cor. 1, 24). L'Évangile n'est pas une camisole de force. C’est une loi qui ne s'impose pas de l'extérieur, comme la loi mosaïque, mais elle transforme de l’intérieur.
Selon Paul, les chrétiens doivent changer leur regard sur Jésus comme Paul l’a fait lui-même lors de sa conversion à Damas : Jésus ne doit plus être considéré comme «maudit» parce que crucifié, mais comme le «Seigneur ressuscité». Les quatre évangiles mentionneront le supplice de la croix comme mode d’exécution de Jésus, mais ils ne feront pas la théologie de la croix. C’est Paul qui le fait, et cela pour la première fois dans cette épître aux Corinthiens (1 Co 1, 18-31). C’est sa contribution majeure à la théologie chrétienne. La croix est une révélation. Elle nous dit qui est Dieu pour nous. Dans le message de la croix, Paul découvre un Dieu qui dépasse toute sagesse et toute religion. C’est là qu’il manifeste sa sagesse et sa puissance, là même où l’homme ne voit que faiblesse et folie.
Dans cette épître, la pensée de l’Apôtre pivote autour de deux pôles : le repas du Seigneur et l’amour fraternel. L’eucharistie est source de nourriture pour l’amour fraternel. À Corinthe, les agapes avaient dégénéré en festin pour les uns, alors que d’autres ne mangeaient pas à leur faim.
Paul répond aussi aux questions reçues sur le rôle des femmes pendant les célébrations. Celles-ci demandaient à être assimilées aux hommes dans les offices. Elles y prenaient la parole, et ne portaient pas de voile. Paul conseille le port du voile, ce qui correspond à une habitude à peu près universelle à son temps. On sait que les prostituées de Corinthe allaient tête nue. Les chrétiennes sans voile risquaient ainsi d’être comparées aux prostituées de la ville portuaire. Pour ce qui est de prendre la parole dans les assemblées, Paul suit la coutume juive dans les synagogues, ce qui lui vaudra l’accusation d’être misogyne. Il faut souligner cependant que tout au long de ses lettres, apparaissent des femmes qui militent auprès de lui et jouent un rôle de premier ordre, rôle qui leur était interdit dans les synagogues et dans les institutions grecques et romaines. Elles ont des postes importants dans les Églises. À Corinthe même l'une est ministre ou diaconesse d'une communauté. Parmi les chrétiens cités par Paul dans ses épîtres, figurent neuf femmes auxquelles, à plusieurs reprises, il exprime estime et affection.
Paul consacre le dernier chapitre de cette épître à la foi en la résurrection (1 Co 15). La lettre commençait par «le langage de la Croix» et elle s’achève par la proclamation de la résurrection du Christ et l’annonce de la résurrection des croyants. Elle est donc encadrée par le mystère pascal.
Tout cela fait beaucoup de sujets pour une seule lettre. La Première Epître aux Corinthiens est longue, d'une densité extrême et d'une surprenante variété, mais elle est d’une richesse extraordinaire et elle nous permet de jeter un regard sur la vie de l'Église primitive. Il semble cependant qu’elle n’ait pas eu l’effet escompté. Dans le courant de l'été 54, quand Timothée revient à Éphèse, il relate qu'il a été fort mal accueilli à Corinthe. Tout autre que Paul se serait découragé. Lui tient bon. Il ne renonce jamais. La crise va rebondir et donner lieu à d’autres interventions, à d’autres visites de Paul et de Tite, à d’autres lettres.
Vue d'ensemble du troisième voyage. Cliquez sur l'image
pour suivre le trajet (animé)
et avoir un aperçu des sites visités
Paul a décidé de gagner Éphèse par voie de terre parce qu’il voulait, le long de la route, revoir les membres de «ses Églises». Une telle aventure, à raison de 25 à 30 kilomètres par jour, représentait, au coeur de l'été, onze cents kilomètres à travers montagnes, plaines et vallées par des températures qui parfois dépassaient les 50°. Après un arrêt à Tarse, son véritable port d'attache, il visite les communautés fondées quelques années plus tôt en Phrygie et en Galatie.
En l’an 53, Paul arrive à Éphèse pour un séjour de trois ans. Ce que l'on appelle son «troisième voyage missionnaire» est, pour l'essentiel, un long séjour dans cette ville, où il écrira une partie de ses épîtres. Capitale de la province d'Asie, Éphèse est un centre politique, commercial, intellectuel et religieux très important. De cette période de travail pastoral, les Actes des Apôtres nous offrent quelques indications pittoresques (19, 1-40).
Paul séjourne 3 ans à Éphèse.
Selon son habitude, il prêche d'abord dans la synagogue
mais sans succès
Il essaya alors une nouvelle méthode missionnaire:
conférences publiques
en plein air, puis, l'hiver,
il loue une école.
À Éphèse, la colonie juive comptait un certain nombre de disciples de Jean-le-Baptiste. Paul leur demanda s’ils avaient reçu l'Esprit Saint. Ils répondirent qu’ils n’avaient même pas entendu parler de l'Esprit Saint ! Ils écoutèrent Paul et reçurent le baptême au nom du Seigneur Jésus.
Selon son habitude, Paul prêche d’abord dans la synagogue mais sans grand succès. Les juifs l'écoutent pendant un certain temps, mais après trois mois, ils ne le supportent plus. C’est le désaccord total. (Actes 19, 9) Paul rompt alors avec eux et quitte la synagogue.
Il essaya alors une nouvelle méthode missionnaire. Les maisons privées étant trop petites pour accueillir une communauté en expansion, il commença à offrir des conférences publiques, à la manière des rhéteurs grecs. Tout le monde pouvait y prendre part, et cela gratuitement, à la différence des conférences des philosophes qui réclamaient une contribution monétaire. Cependant, à l'approche de l'hiver, il devint impossible d’enseigner en plein air. Paul chercha donc un local adapté à ses besoins. Un certain grammairien du nom de Tyrannus, vraisemblablement un nouveau converti, offrit de lui louer une grande salle de cours.
Tyrannus enseignait de 8h à 11h et reprenait ses cours à 16h de l’après-midi. En terres méditerranéennes, la période du midi était consacrée au repas et à la détente, mais Paul ne connaissait pas de temps libre. Le matin, il travaillait à son métier de tisserand pour gagner sa nourriture, et payer son loyer. Il se lavait ensuite et se hâtait vers la salle de cours de Tyrannus, qu’il occupait de 11h à 16h.
Conférence publique à l'école.
Paul y rejoint un public très varié.
Ephèse - ruines de l'école de Tyrannus
Un public très varié l'attendait : étudiants, commerçants, employés, artisans, fonctionnaires, esclaves et affranchis. Pendant plus de deux ans, Paul poursuivit ce travail ardu. Après 16 heures, les instructions terminées, il visitait les malades. Quand on célébrait l’eucharistie, toujours dans la soirée, Paul prêchait parfois jusque tard dans la nuit.
L'arrivée à Corinthe de missionnaires judaïsants, venus pour nuire à l'évangélisation de Paul, démontre que les gens de Jérusalem avaient répudié l’entente du premier Concile, qui exemptait les non-Juifs de la circoncision et de certaines règles imposées aux judéo-chrétiens. Dans l'Épître aux Galates, Paul dénoncera cette volonté des envoyés de Jérusalem d'anéantir les Églises qu’il a fondées. Ses ennemis font de lui un faux prophète, un hérétique, un scélérat, un imposteur qui s’oppose au Temple et à la Loi de Moïse. On désigne ses Églises comme «des synagogues de Satan». Malgré ces obstacles, Paul continue à annoncer, «aux Juifs et aux Grecs», la parole du Seigneur.
Ces trois années à Éphèse seront semées d'espoirs, de réussites mais aussi de combats et d'échecs. Nulle part, au cours de son apostolat, Paul n'aura séjourné aussi longtemps à un même endroit et soutenu des efforts aussi éprouvants. Il travaillait souvent, a-t-il confié, «dans les larmes et au milieu des épreuves».
Que Paul ait choisi Éphèse comme centre de ses activités missionnaires n’est pas étonnant. On constate que la ville se trouve à égale distance de la Galatie et de Thessalonique (500 kilomètres) ; elle est à 400 kilomètres de Corinthe, à 445 de Philippes, à 330 d'Antioche de Pisidie. A partir d’Éphèse, on pouvait, sans trop de difficultés, expédier et recevoir des messages de toutes les Églises.
Quiconque se retrouvait dans l’entourage de Paul, était entraîné dans le tourbillon d'activités. On ne s'ennuyait jamais à ses côtés. Pendant la soirée, après tout le travail de la journée, avait lieu l'instruction des catéchumènes. Cette préparation au baptême se faisait dans les maisons privées des chrétiens et Paul en confiait la responsabilité à ses disciples.
En aucun endroit, Paul n'a trouvé un champ d'action aussi vaste que celui de cette province d'Asie. Elle comptait près de cinq cent villes et villages, et Éphèse en était la capitale. «Une grande porte» s'ouvrait ici pour pénétrer le monde gréco-romain (1 Cor 16, 9). À partir d’Éphèse, Paul dirigeait son oeuvre missionnaire. Il recevait les envoyés de nombreuses communautés, qui restaient plus ou moins longtemps auprès de lui. C'était un perpétuel va-et-vient de messagers venus des missions du Nord et du Sud et surtout de l'Est, la région «des sept communautés de l'Apocalypse».
À Éphèse, Paul a atteint l'apogée de sa vie missionnaire. Ses conférences publiques, son influence sur toute la province, la probité de son caractère, ne manquèrent pas de faire une profonde impression sur les gens de la ville. Nous apprenons que plusieurs membres de l'assemblée provinciale, de directeurs des jeux, de marchands, s'étaient liés d'amitié avec lui.
Ajouté 2 heures 58 minutes 43 secondes après :
43. Émeute à Éphèse
Paul avait l’habitude d’être contesté par les Juifs dans les synagogues. Il ne s’attendait pas du tout à la prochaine attaque qui allait venir d’une toute autre direction : des marchands du temple de la déesse Artémis. Cette attaque coïncidait avec la grande fête du mois de mai qui transformait la ville d'Éphèse en une foire gigantesque et une bacchanale sans pareille. Elle se déroulait autour du prestigieux temple d'Artémis. Le mois de mai tout entier était consacré à la déesse de toute la Grèce.
Nous possédons, au sujet de cette fête, un document historique, gravé sur un tableau de marbre et retrouvé dans les ruines d’Éphèse :
«Comme il est notoire que non seulement parmi les Éphésiens, mais dans la Grèce entière, des temples et des lieux saints, des images et des autels sont consacrés à Artémis..., comme de plus, en grande preuve du respect qui lui est rendu, un mois appelé Artémision a reçu son nom parmi nous..., considérant comme convenable que le mois tout entier, qui porte le nom divin, soit gardé comme saint et célébré dignement, les habitants d'Éphèse ont décidé de régler son culte par le décret suivant : Le mois d'Artémision, en tous ses jours, sera saint. Durant le mois tout entier, on célèbrera des fêtes, des panégyriques et des solennités sacrées.
Notre ville en recevra un nouveau lustre et sera prospère en tout temps ».
Les foules nombreuses qui venaient à Éphèse à l'occasion des fêtes de mai favorisaient l'expansion des idées chrétiennes, et Paul voulait en profiter pour élargir son champ d’action missionnaire. Mais son idéalisme l'empêchait parfois de considérer la situation réelle, et d’avoir égard aux intérêts séculiers des gens. Il ne s'était pas aperçu que ses activités pouvaient nuire aux revenus de plusieurs artisans. Le personnel employé au service du temple d'Artémis, les prêtres de la déesse et toute cette foule d'eunuques, de prostituées, de magiciens, de comédiens, de joueurs de flûte, de diseurs de bonne aventure et d'astrologues, étaient affectés par la prédication de Paul. Mais ceux qui avaient le plus à perdre étaient les commerçants et les négociants de la ville, les fabricants d'objets d'art et les orfèvres, les petits marchands et les vendeurs d'objets de piété, qui risquaient de voir leurs revenus diminuer.
Le succès chrétien va finir par dépouiller de son prestige la déesse vénérée dans le monde entier et faire perdre le travail de centaines d’artisans.
Dans les premiers temps, la prédication de Paul n'a pas dérangé les fervents de la déesse Artémis. Mais à mesure que le nombre de conversions se multipliait, les rumeurs commençaient à circuler. Dans le temple, les prêtres d'Artémis s'alarmaient et plus encore les orfèvres qui vendaient des «souvenirs», à proximité du lieu de pèlerinage. Cela rapportait beaucoup d’argent. Les voyageurs qui revenaient d'Éphèse, avaient l’habitude d'emporter un souvenir à leur famille : une Artémis argentée ou dorée, une image de son temple, une médaille qu'on pouvait porter comme amulette. C'est ainsi que la déesse donnait du travail et du pain aux artisans de la ville. Cette année là, le lien entre la prédication paulinienne et la mauvaise marche des affaires, fut vite fait. Démétrius, qui employait peut-être lui-même, dans ses ateliers, de nombreux dessinateurs et ciseleurs qui copiaient en plâtre, en plomb, en argent ou en or, des statues de la déesse, des maquettes temple, des médailles de toutes sortes, se fit le porte-parole de sa corporation et des ouvriers engagés par les orfèvres.
Les Actes des Apôtres rapportent le discours qu'il adressa à ses collègues:
«Mes amis, c’est à cette industrie, vous le savez, que nous devons notre bien-être. Or, vous le voyez et entendez dire, non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul, par ses raisons, a entraîné à sa suite une foule considérable, en affirmant qu’ils ne sont pas dieux, ceux qui sont sortis de la main des hommes. Cela risque non seulement de jeter le discrédit sur notre profession, mais encore de faire compter pour rien le sanctuaire même de la grande déesse Artémis, pour finir par dépouiller de son prestige celle que révèrent toute l’Asie et le monde entier.» (Actes 19, 25-27)
Le théâtre d'Ephèse, où eut lieu une émeute au sujet des chrétiens.
L'agitation gagna toute la ville et l'on se précipita en masse vers le théâtre, où Démétrius voulait organiser une réunion de protestation. Le mot d'ordre circula : «Au théâtre! au théâtre! Paul devant le tribunal populaire! Paul jeté aux lions!» Paul était décidé à se rendre à l'assemblée, mais ses disciples et ses amis l’empêchèrent de se risquer au théâtre. C’était la première contestation ouvrière rapportée par la Bible. Les soucis des orfèvres n'étaient pas dénués de fondement.
L'hémicycle du théâtre pouvait contenir 25.000 personnes. Des promeneurs et des pèlerins, qui ignoraient de quoi il s'agissait; le personnel des magasins, des restaurants et des banques; des gens qui sortaient de la bibliothèque; des jeunes hommes qui étaient au stade, aux gymnases, aux bains et aux lieux de sport se joignirent à la foule. Tous furent entraînés, et se trouvèrent soudainement dans le grand amphithéâtre.
Le récit de l’émeute d’Éphèse est l’un des récits les plus pittoresques des Actes des Apôtres. Luc y est allé de son talent, maniant tour à tour l’ironie et le drame. L’incident rappelle que l’évangélisation chrétienne ne soulève pas seulement un débat religieux; elle déclenche parfois des conflits sociaux, avec des répercussions économiques. Démétrius avait raison : le succès chrétien va finir par dépouiller de son prestige la déesse vénérée dans le monde entier et faire perdre le travail de centaines d’artisans.
Après l’émeute qui aurait pu coûter la vie à Paul s’il s’était présenté au théâtre, plusieurs historiens sont d’avis que l'Apôtre a été mis en captivité à Éphèse. Les textes de Luc et de Paul ne parlent pas directement d’emprisonnement mais on peut déduire qu’après l’émeute, il fut mis en prison. Lorsque Paul mentionne peu après, et plein de reconnaissance, dans la lettre aux Romains qu'il doit la vie à Aquila et à Prisca («Ils ont risqué leur tête pour me sauver la vie»), et qu'il nomme Andronique et Junias «ses parents et ses compagnons de captivité», il est difficile de parler purement d’images littéraires.
Pendant tout ce temps à Éphèse, de mauvaises nouvelles parvenaient de Corinthe. Les gens de Chloé avaient remis à Paul une lettre des anciens, l'avertissant des dissensions qui accablaient l'Église. Certains cherchaient à diminuer l'autorité de l’Apôtre et à troubler les communautés qu'il avait fondées. Comme si l’Évangile empruntait sa valeur à celui qui l'avait annoncé, certains se réclamaient de Paul, d'autres d'Apollos, d’autres de Pierre ou du Christ lui-même. C’est probablement de sa prison que Paul écrivit alors les deux lettres aux Corinthiens et celles aux Galates et aux Romains. Nous reviendrons sur ces lettres dans les semaines qui vont suivre.
Une fois libéré de prison, Paul voulut partir pour rentrer à Antioche de Syrie. Au moment de prendre la mer, il apprit que les Juifs complotaient contre lui. Il déjoua leurs intrigues en changeant de direction et en se dirigeant vers la Macédoine, ce qui allongeait son voyage de retour mais le protégeait des ennemis qui voulaient s’en prendre à sa vie. Pendant ce voyage, il valait mieux qu'il ne soit pas seul. Il était donc accompagné de Sopatros de Bérée, d’Aristarque et de Secundus de Thessalonique, de Gaïus de Derbé, et de Timothée, de Tychique et de Trophime de la province d'Asie. Il passa d'abord trois mois en Grèce et visita plusieurs de ses Églises. Il y rencontra Tite qui, cette fois-ci, apportait de bonnes nouvelles de Corinthe où il avait été reçu «avec crainte et tremblement». Cette nouvelle a ému la communauté et causé une grande joie.
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Troisième voyage missionnaire de Paul
44 - Première lettre aux Corinthiens
Il est difficile de faire un bref résumé des lettres de Paul. J’aimerais simplement mentionner les principaux thèmes pour nous aider à les mieux comprendre et en apprécier toute la profondeur.
Si l’on veut connaître Paul, son tempérament bouillant, sa passion pour l’Évangile, sa liberté de parole et sa détermination, c’est dans les deux épitres aux Corinthiens qu’il faut les chercher. C’est probablement au printemps de l’année 54 que fut écrite la première. Mais Paul avait déjà écrit aux chrétiens de Corinthe. Deux de ses lettres ont été perdues.
La communauté de Corinthe a été fondée par Paul en l’an 50. À Éphèse, il reçoit régulièrement des nouvelles de ses Églises et il réagit en écrivant ou en envoyant des collaborateurs. La situation à Corinthe apparaît assez troublée. Les judéo-chrétiens (Juifs convertis au christianisme et restés fidèles à la Loi hébraïque) ont fait du ravage et sont responsables en grande partie des problèmes de la communauté. L’autorité de Paul se trouve ébranlée. Aussi envoie-t-il son fils spirituel, Timothée, pour vérifier la situation. Au retour de celui-ci, Paul décide d’écrire à cette Église en désarroi.
Les problèmes sont nombreux. Il y a d’abord la division en différentes factions : certains se disent disciples d'Apollos, d’autres de Paul, d'autres de Pierre et d’autres encore de Jésus Christ lui-même. Tout cela divise la communauté. Il y a ensuite les comportements qui scandalisent : inceste, fornication, procès devant les tribunaux de la ville. L'assemblée liturgique est troublée par des différences inacceptables entre riches et pauvres. Sous prétexte de «science» et de «liberté», on se complait dans des discussions stériles sur la virginité et sur le mariage. Paul nous offre ici les premières réflexions sur une éthique chrétienne appliquée aux problèmes de l'amour, du mariage, du rôle des femmes dans l'Église, des conditions sociales.
L'Évangile est une loi qui ne s'impose pas de l'extérieur, comme la loi mosaïque, mais elle transforme de l’intérieur.
Paul trace la route la plus sûre pour vivre l'Évangile : l'amour fraternel. Le fameux hymne à la charité du chapitre 13 décrit cet amour en soulignant les désordres qui perturbent l'église de Corinthe. Les Corinthiens ont tendance à réduire les dons de l’Esprit à des manifestations spectaculaires comme la «prière en langues» (glossolalie) et la «prophétie». Paul leur rappelle que ce n’est pas le spectacle qui caractérise les dons de l’Esprit, mais le service à la communauté : «Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, s'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et de toute la connaissance, quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s'il me manque l'amour, je n'y gagne rien. L'amour prend patience, l'amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passe jamais. Les prophéties? Elles seront abolies. Les langues? Elles prendront fin. La connaissance? Elle sera abolie. [...] Ces trois-là demeurent : la foi, l'espérance et l'amour, mais l'amour est le plus grand.» (1Co 13, 1-13)
L’hymne à l’amour est un point culminant des écrits néotestamentaires. C’est l’un des plus beaux textes de la littérature mondiale. Il est souvent repris pendant les cérémonies de mariage. Parmi les nombreux charismes, la voie de l’amour est le charisme par excellence.
La liberté est l’un des thèmes principaux abordé par Paul dans cette première lettre aux Corinthiens. Il défend ardemment la liberté chrétienne face aux judéo-chrétiens qui veulent imposer la Loi de Moïse et les coutumes juives aux croyants non-Juifs. Ce combat, il l’a mené au Concile de Jérusalem et il le fera de nouveau dans son épitre aux Galates. Dans le monde grec et latin, la liberté politique et démocratique comportait le droit de parole pour tous les membres de l’assemblée de citoyens (l’ekklèsia) et le droit de tout dire (parrèsia), sans peur de représailles. Paul revendique ces droits pour lui-même et pour ses Églises.
Comme les stoïciens, Paul se fait le défenseur acharné de la conscience personnelle. À propos de la consommation des viandes offertes aux idoles, il rappelle que les idoles ne sont rien. On peut donc manger la viande qui leur est offerte (8, 4-6). Mais cette liberté doit être limitée par la charité fraternelle envers celui ou celle qui risque d'être scandalisé par cette liberté (8, 7-13).
Paul n’entend pas imposer ses propres lois et il ne prétend nullement exercer une tyrannie spirituelle : «Ce n'est pas que nous entendions régenter votre foi, nous ne voulons que contribuer à votre joie» (2 Cor. 1, 24). L'Évangile n'est pas une camisole de force. C’est une loi qui ne s'impose pas de l'extérieur, comme la loi mosaïque, mais elle transforme de l’intérieur.
Selon Paul, les chrétiens doivent changer leur regard sur Jésus comme Paul l’a fait lui-même lors de sa conversion à Damas : Jésus ne doit plus être considéré comme «maudit» parce que crucifié, mais comme le «Seigneur ressuscité». Les quatre évangiles mentionneront le supplice de la croix comme mode d’exécution de Jésus, mais ils ne feront pas la théologie de la croix. C’est Paul qui le fait, et cela pour la première fois dans cette épître aux Corinthiens (1 Co 1, 18-31). C’est sa contribution majeure à la théologie chrétienne. La croix est une révélation. Elle nous dit qui est Dieu pour nous. Dans le message de la croix, Paul découvre un Dieu qui dépasse toute sagesse et toute religion. C’est là qu’il manifeste sa sagesse et sa puissance, là même où l’homme ne voit que faiblesse et folie.
Dans cette épître, la pensée de l’Apôtre pivote autour de deux pôles : le repas du Seigneur et l’amour fraternel. L’eucharistie est source de nourriture pour l’amour fraternel. À Corinthe, les agapes avaient dégénéré en festin pour les uns, alors que d’autres ne mangeaient pas à leur faim.
Paul répond aussi aux questions reçues sur le rôle des femmes pendant les célébrations. Celles-ci demandaient à être assimilées aux hommes dans les offices. Elles y prenaient la parole, et ne portaient pas de voile. Paul conseille le port du voile, ce qui correspond à une habitude à peu près universelle à son temps. On sait que les prostituées de Corinthe allaient tête nue. Les chrétiennes sans voile risquaient ainsi d’être comparées aux prostituées de la ville portuaire. Pour ce qui est de prendre la parole dans les assemblées, Paul suit la coutume juive dans les synagogues, ce qui lui vaudra l’accusation d’être misogyne. Il faut souligner cependant que tout au long de ses lettres, apparaissent des femmes qui militent auprès de lui et jouent un rôle de premier ordre, rôle qui leur était interdit dans les synagogues et dans les institutions grecques et romaines. Elles ont des postes importants dans les Églises. À Corinthe même l'une est ministre ou diaconesse d'une communauté. Parmi les chrétiens cités par Paul dans ses épîtres, figurent neuf femmes auxquelles, à plusieurs reprises, il exprime estime et affection.
Paul consacre le dernier chapitre de cette épître à la foi en la résurrection (1 Co 15). La lettre commençait par «le langage de la Croix» et elle s’achève par la proclamation de la résurrection du Christ et l’annonce de la résurrection des croyants. Elle est donc encadrée par le mystère pascal.
Tout cela fait beaucoup de sujets pour une seule lettre. La Première Epître aux Corinthiens est longue, d'une densité extrême et d'une surprenante variété, mais elle est d’une richesse extraordinaire et elle nous permet de jeter un regard sur la vie de l'Église primitive. Il semble cependant qu’elle n’ait pas eu l’effet escompté. Dans le courant de l'été 54, quand Timothée revient à Éphèse, il relate qu'il a été fort mal accueilli à Corinthe. Tout autre que Paul se serait découragé. Lui tient bon. Il ne renonce jamais. La crise va rebondir et donner lieu à d’autres interventions, à d’autres visites de Paul et de Tite, à d’autres lettres.
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Re: A la recherche de Paul
Ecrit le 03 oct.23, 06:33Paul était un vase choisie par Jésus.JLG a écrit : ↑07 août23, 08:53 - Mais Paul n'était pas n'importe quel radicaliste juif!
- Il croyait en ce qu'il faisait!
- Il y mettait tout son coeur!
- Il croyait qu'il avait raison!
- Mais il se trompait complètement!
- Il ne cherchait pas le pouvoir pour le pouvoir!
- Quand Jésus l'a remis sur le droit chemin, il a foncé droit devant!
- Il n'a pas cherché à discuter ou à mettre en valeur ses anciennes croyances comme d'autres!
- Il n'a jamais eu peur de ce que les autres radicalistes juifs pensaient ou diraient!
(Actes 9:15, 16) 15 Mais le Seigneur lui dit : “ Va, parce que cet homme est le vase que j’ai choisi pour porter mon nom aux nations ainsi qu’aux rois et aux fils d’Israël. 16 Car je lui montrerai clairement combien de choses il doit subir pour mon nom. ”
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
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