Bonjour à toutes et à tous
spin a écrit : ↑30 nov.23, 06:11
Il est invraisemblable que Pilate ait découvert l'existence de Jésus seulement quand on le lui a amené.
La question est donc de savoir pourquoi nous avons le témoignage de Luc qui dit, gratuitement, le contraire :
Luc 23 : 4
Pilate dit aux principaux sacrificateurs et à la foule : « Je ne trouve rien de coupable en cet homme. »
5 Mais ils insistèrent, et dirent : « Il soulève le peuple, en enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. »
6 Quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si cet homme était Galiléen ;
7 et, ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui se trouvait aussi à Jérusalem en ces jours-là.
Et en effet, l’essentiel des miracles a lieu en Galilée, dans la tétrarchie de Philippe et en Décapole.
Et ce sont principalement des guérisons, or il n’est pas le seul guérisseur à œuvrer à cette époque, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ne revendique pas l’exclusivité :
Matthieu 12:27
Et si moi, je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
Philon parle des Thérapeutes… le saint évangéliste Marc évoque un exorciste concurrent.
On peut aussi parler de Simon le mage et sa parèdre Hélène…
Dès lors, peut-on affirmer que l’on atteint une renommée interrégionale en guérissant ?
Bien sûr, il y a des miracles plus spectaculaires comme Cana, mais je peine à imaginer que le marié de Cana se soit vanté d’avoir manqué de vin et d’avoir eu recours à un magicien.
Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est rarement venu en Judée. Si l’on en croit les synoptiques il ne serait venu qu’une fois pendant son ministère terrestre.
Lit-on qu’il se serait dirigé vers la côte méditerranéenne au-delà de l’axe Nord/Sud passant par Sichem ?
Apparemment il évite même les villes de garnison comme Sepphoris ou Tibériade…
Césarée Maritime est loin.
Par conséquent, qu’est-ce qui permet d’affirmer que Pilate est régulièrement informé des exploits de cet inconnu ?
Qu’est-ce qui permet d’affirmer que Pilate accorde du crédit aux rumeurs ?
Plusieurs sur ce forum doutent des miracles,
alors pourquoi un militaire aristocrate romain croirait les rumeurs d'un peuple soumis au sujet de pseudo-miracles d'un rabbi galiléen issu de nulle part ?
spin a écrit :Une explication possible de son attitude se trouve dans un apocryphe, l'Evangile des 12 Apôtres, connu par des fragments.
https://fr.wikisource.org/wiki/Evangile ... res_(1904) L'Empereur Tibère aurait envisagé de faire effectivement de Jésus un roi, au sens politique habituel, l'apôtre Jean aurait été envoyé à Rome pour négocier l'affaire, avec succès. Mais Hérode, pas fou, aurait tout fait capoter. Et voir Luc 23:12 : "
Ce jour même, Pilate et Hérode devinrent amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant".
Merci pour ce partage.
En fait, ce "
complot" est tout à l’honneur de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, je ne vois pas pourquoi les évangiles canoniques n’en parlent pas.
Pourquoi le saint évangéliste Luc a-t-il rédigé ainsi ? Le complot rend encore plus éclatant le sacrifice du Messie.
Néanmoins, est-ce que ce complot est beaucoup plus vraisemblable que l’indifférence de Pilate ?
Côté vraisemblance, je dois avouer que je peine à situer cet épisode.
D’abord il y a Tibère, empereur en titre jusqu’en 37 mais retiré à Capri depuis 27/28. Les affaires courantes, voire plus, sont gérées par Séjan puis par Macron. Pourquoi Tibère se préoccuperait la Judée et de la tétrarchie de Philippe, apparemment très bien gérée ?
Puis l’attitude de Tibère vis-à-vis d’Antipas est surprenante, FJ note «
Le tétrarque Hérode, en raison de la très grande amitié qui l'unissait à Tibère, bâtit une ville qu'il nomma Tibériade. »
Pourquoi envisager la promotion d'un inconnu face à Antipas qui lorgne le poste depuis le début ?
Qu'est-ce qui incite Tibère à se fâcher avec son ami ?
Je note en passant que je vois mal comment les terribles menaces d’Antipas pouvaient affecter les Judéens Nicodème et Joseph…
Ensuite, Gamaliel, puisque l’auteur revendique cette identité, parle d’une forme de destitution du tétrarque Philippe dont j’ignorais la survenue.
Il situe aussi le moment fort du "complot" à l’arrivée d’un envoyé spécial de Tibère nommé Carios
après la résurrection de Lazare.
Or, si la résurrection de Lazare est évidemment un coup d’éclat, elle se situe entre Hanoukah et Pessah selon le saint apôtre et évangéliste Jean.
Ainsi, en quatre mois se seraient succédé les discussions avec les notables Judéens, l’ambassade de Jean à Rome et le revirement inexpliqué de Tibère qui abandonne son poulain.
On n'a pas chômé !
Enfin, c’est un complot dont d’innombrables personnes sont au courant, et c’est précisément le genre d’information dont goûtent les historiographes de l’époque. Les Dion Cassius, Velleius Paterculus, Pline le Jeune, Valère Maxime, Sénèque, Strabon etc n’ont pas jugé bon d’en parler…
Que Philon d’Alexandrie se taise lui aussi n’est pas surprenant mais je songe à Flavius Josèphe.
Sa notice du Livre XVIII sur Pilate est étonnante par sa maigreur et sa composition :
Sur le texte grec, elle compte 1495 mots dont 844 (56% !) relatent des péripéties, sans aucun lien avec Pilate, sur fond d’escroquerie religieuse à Rome (apparemment inspirées par la mention de la
crucifixion concluant, comme les deux autres, ce que FJ devait considérer comme une escroquerie messianique).
Pouvait-il ignorer le complot connu de tout le Sanhédrin ?
Devait-il se taire ?
Très cordialement
Votre sœur
pauline