LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

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Le christianisme est une religion monothéiste et abrahamique, issue d'apôtres célébrant la vie et les enseignements de Jésus. Les chrétiens croient que Jésus de Nazareth est le Messie que prophétisait l'Ancien Testament, et, hormis quelques minorités, Fils de Dieu, ou Dieu incarner, néanmoins Prophete.
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LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 07 janv.24, 05:02

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LES ACTES DES APÔTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Publié le août 22, 2009 par masseocaloz

Pendant longtemps, on a lu les Actes des Apôtres comme une histoire des premières années de l’Eglise et on a tiré, tout naturellement, de la deuxième partie du récit de Luc, une histoire de l’apôtre Paul

Et effectivement les Actes nous dressent un portrait de Paul et nous présentent son travail missionnaire : Saul de Tarse, un Juif fervent très attaché aux traditions de ses pères et férocement opposé au mouvement des disciples de Jésus, jusqu’au jour où, sur le chemin de Damas, il rencontre le Seigneur. A partir de ce moment, il engage toute sa vie à faire connaître l’Evangile qu’il voulait détruire. Luc, dans les Actes, consacre à cette mission de Saul / Paul plus de la moitié de son livre (Ac 13-28).
Jusqu’à une époque récente, pour présenter la vie de Paul, on partait des Actes des Apôtres que l’on agrémentait de quelques passages empruntés aux Lettres de Paul, mais l’essentiel venait du récit de Luc.

Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, un travail important a été fait sur les Evangiles (que l’on lisait souvent comme des « vies de Jésus »). Des études ont montré de plus en plus clairement que les Evangiles ne sont pas des biographies de Jésus, mais la présentation de Jésus et de son message, telle qu’elle était proposée dans une Eglise particulière. C’est ce qui explique la diversité des Evangiles (des Synoptiques et de Jn) et c’est aussi ce qui fait leur richesse.

Or les Actes des Apôtres sont, de l’aveu même de leur auteur (Ac 1, 1), la deuxième partie de son œuvre. Avant d’être séparés par l’Evangile de Jn, Lc et Ac se suivaient et un lecteur attentif peut retrouver dans les Actes des traits particuliers de l’auteur du 3ème Evangile.
Cependant il y a, pour le lecteur, une différence entre l’Evangile de Luc et les Actes des Apôtres. Quand il lit l’Evangile de Luc, il peut comparer le récit de Luc avec celui des autres Evangiles (Mc et Mt, ainsi que Jn) : il lui est ainsi possible de découvrir ici ce que l’on peut attribuer au style et à la pensée particulière de l’Evangéliste.
Mais quand nous nous trouvons en face de ce qui est rapporté dans les Actes des Apôtres, nous n’avons pas cette chance : Luc est ici le seul témoin. Ou presque ! En effet, celui qui s’intéresse aux débuts de l’Eglise, – dont nous parle le récit de Lc -, aura intérêt à consulter également les Lettres de Paul, dont curieusement les Actes ne nous parle pas du tout

Les Lettres de Paul forment pourtant le quart du NT ; elles sont les textes chrétiens les plus anciens qui nous sont parvenus.
Or, si l’on compare les Lettres de Paul avec le récit que Luc nous donne de la mission de l’Apôtre, nous découvrons des différences qui ne se laissent pas facilement harmoniser. Que faire ? Faut-il faire confiance à Paul ou bien à Luc ? Depuis les années 50, on a formulé une position intermédiaire (le principe de Knox) : « On peut avec précautions utiliser les Actes pour compléter les données autobiographiques des Lettres, jamais pour les corriger ». Comme le note R.E. Brown, « ce principe est valide, à condition d’accepter que l’autobiographie soit parfois orientée (fût-ce inconsciemment) par l’optique de l’écrivain. » (R.E. BROWN, Que savons-nous du Nouveau Testament ?, Bayard 2000, p. 485).
Comme on le voit, l’historien qui s’interroge sur Paul et son activité missionnaire, se trouve placé en face de choix difficiles et souvent insolubles. Je ne vais pas essayer de résoudre ces problèmes. Je me propose simplement de vous présenter deux approches de Paul : l’une à partir des Actes des Apôtres, la seconde à partir des Lettres de Paul. Puis je conclurai en tirant quelques enseignements de ces deux portraits qui nous sont parvenus.

Ajouté 2 minutes 53 secondes après :
Le portrait de Paul selon les Actes des Apôtres
C’est dans les Actes que nous trouvons le plus d’indications concernant la vie de Paul. C’est là que nous apprenons son nom juif : Saul / Saoul, sa ville d’origine : Tarse en Cilicie, sa formation à Jérusalem, aux pieds de Gamaliel (cf. Ac 22, 3) ; c’est dans les Actes aussi que Paul nous est présenté comme un fabricant de tentes (Ac 18, 3), c’est là encore que nous le voyons revendiquer la citoyenneté romaine acquise dès sa naissance (Ac 22, 25-28).
L’auteur des Actes est un très bon narrateur : il sait introduire ses personnages. Celui qui lit les Actes découvre Paul, – plus exactement Saul – à l’occasion de la lapidation d’Etienne : « les témoins avaient déposé leurs vêtements auprès d’un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58). Puis, après avoir rapporté la mort d’Etienne, Luc écrit « Saul, lui, approuvait ce meurtre » (Ac 8, 1), et deux versets plus loin, il nous le montre, à l’œuvre, ravageant l’Eglise : « allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison ». (Ac 8, 3)
Vient alors le chapitre 9 des Actes, où Lc raconte longuement la vocation de Saul : en route vers Damas, il est terrassé par le Seigneur qui se présente à lui : « Je suis Jésus que tu persécutes ». Aveuglé, il entre à Damas où il reste trois jours sans manger ni boire, avant de recevoir la visite d’un chrétien de Damas, Ananie, qui lui impose les mains et lui dit : « Saoul, mon frère, celui qui m’envoie, c’est le Seigneur, celui qui t’es apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu retrouves la vue et sois rempli de l’Esprit Saint. »
Baptisé, Saul commence immédiatement à prêcher Jésus et à proclamer qu’il est le Fils de Dieu, à Damas d’abord, puis à Jérusalem. Mais à cause des concertations des Juifs en vue de le tuer, les frères le font partir pour Césarée, et de là, pour Tarse. (Ac 9, 30)
Et c’est à Tarse que Barnabé ira le chercher, quelques années plus tard, pour l’amener à Antioche où s’est développée une communauté de disciples issus du monde juif et du monde païen. (Ac 11, 25-26).
Luc peut alors passer à la seconde partie des Actes (Ac 13-28). On y retrouve Saul et il est désormais le personnage principal du récit de Luc.
Cependant avant d’aborder cette deuxième partie des Actes, Luc a pris soin de signaler la mission des Hellénistes, dispersés par la persécution qui avait suivi la lapidation d’Etienne (spécialement la mission de Philippe : Ac 8, 4ss) et de mettre en lumière l’intervention de Pierre chez Corneille (Ac 10, 1 – 11, 18), marquant par là, l’ouverture de la foi chrétienne au monde païen.
Comme le dit la note de BJ sur Ac 11, 17 : « D’après Luc, c’est Pierre qui, au moins idéalement, a le premier agrégé des païens à l’Eglise, cela quelle que soit la portée du baptême de l’eunuque éthiopien, 8, 26-39, et quelle que soit la chronologie de l’évangélisation d’Antioche, dont le récit est réservé pour la suite, v19ss. »
Nous pouvons maintenant passer à la deuxième partie des Actes des Apôtres. Comme je l’ai dit, Luc consacre pratiquement les chapitres 13-28 des Actes à Paul et à sa mission, une mission qui le conduira par étapes jusqu’à Rome, au cœur du monde tel que Luc le connaît.
Luc avait déjà évoqué en Ac 11, 19-26 l’ouverture aux non juifs de la communauté d’Antioche, mais à partir d’Ac 13, il nous présente cette Eglise comme le centre missionnaire, le point de départ des missions de Paul vers l’ouest.
Cela commence par l’envoi en mission de deux des responsables de cette Eglise : Barnabé et de Saul (Ac 13, 1-3). Emmenant avec eux Jean-Marc, ils gagnent Chypre, la patrie de Barnabé. Ils s’adressent d’abord aux Juifs, dans les synagogues, à Salamine, puis à Paphos. C’est à cette occasion que Luc donne pour la première fois à Saul son nom romain – Paul – (Ac 13, 9) et qu’il le fait passer au premier plan : désormais c’est Paul qui est le chef de la mission (v. 13 et la note TOB).
De Chypre, Paul et Barnabé (sans Jean-Marc) s’embarquent pour Pergé, en Asie Mineure, d’où ils gagnent Antioche de Pisidie et, suite à des persécutions de la part des Juifs, ils pénètrent davantage dans le pays jusqu’à Iconium, Lystres et Derbé.
Sur le chemin du retour, Paul et Barnabé visitent et affermissent, dans les différentes villes, ceux qui sont devenus disciples (Ac 14, 21-22), puis ils regagnent Antioche où ils rapportent à la communauté « tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi. » (Ac 14, 27)
Mais cette ouverture aux païens, provoque, nous dit Luc, des réactions de la part de « certaines gens descendus de Judée » (Ac 15, 1) qui estiment que la circoncision est indispensable pour être sauvé. Pour trancher l’affaire, Paul et Barnabé se rendent à Jérusalem où a lieu « ce qui peut être considéré comme la rencontre la plus importante tenue dans l’histoire du christianisme, car implicitement l’assemblée de Jérusalem (15, 14-29) décida que le mouvement de Jésus irait bientôt au-delà du judaïsme, pour devenir une religion séparée, s’étendant jusqu’aux extrémités de la terre. » (R.E. BROWN, op. cit. p. 347)
Après quelque temps passé à Antioche, commence alors vraiment la mission de Paul jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 15, 36 – 28, 31).
Paul veut retourner visiter les communautés qui sont nées à l’occasion du premier voyage missionnaire. Mais il refuse d’emmener à nouveau Jean-Marc (qui les avait quitté lors du premier voyage) et il se sépare de Barnabé.
Avec Silas qu’il a choisi comme compagnon, Paul traverse la Syrie et la Cilicie (15, 41), puis se rend à Troas, d’où à la suite d’une vision, il s’embarque pour la Macédoine (Ac 16, 9-10). Après des séjours à Philippes, Thessalonique, Bérée, Athènes, il arrive à Corinthe où il restera presque deux ans. C’est là qu’il doit comparaître devant Gallion (ce qui permet de dater le séjour de Paul à Corinthe entre 50/51-52). De Corinthe, en passant par Ephèse (Ac 18, 19-21), Paul retourne à Césarée puis à Antioche (Ac 18, 22-23).
Dans le récit de ce deuxième voyage, Luc s’intéresse surtout à l’activité de Paul à Philippe, à Thessalonique et à Corinthe. Il nous le montre aussi s’adressant aux intellectuels d’Athènes.
Si nous suivons toujours les Actes, en Ac 18, 23), Paul quitte de nouveau Antioche et, via la Galatie et la Phrygie, il arrive à Ephèse (Ac 19, 1) où il va rester environ trois ans.
En Ac 19, 21, Luc nous signale pour la première fois la volonté de Paul d’aller à Rome, préparant ainsi la finale de son récit.
Effectivement Paul quitte Ephèse après l’émeute des orfèvres (Ac 20, 1) et part en Macédoine, puis en Grèce, d’où il avait le projet de s’embarquer pour la Syrie. Mais à cause d’un complot des Juifs, il doit modifier son itinéraire. Il aborde à Tyr (Ac 21, 3), puis à Ptolémaïs (Ac 21, 7) et de là, il continue son voyage vers Jérusalem. C’est dans cette ville qu’il sera arrêté (Ac 21, 27ss). Transféré à Césarée à cause d’un complot des Juifs, il y restera deux ans avant d’être embarqué pour Rome, suite à sa demande pour que son cas soit jugé par le tribunal impérial (Ac 25, 11-12). Ac 27 nous raconte le voyage jusqu’à Malte où le navire s’échoue à cause d’une tempête. Après un séjour de trois mois à Malte, le voyage se poursuit jusqu’à Pouzzoles, et delà, par terre, Paul arrive jusqu’à Rome (Ac 28, 11-14)
Comme il l’a fait souvent, Paul à Rome rencontre d’abord les Juifs (Ac 28, 17ss) avant de citer les paroles d’Isaïe 6, 9-10 et de conclure : « Sachez donc, c’est aux païens qu’a été envoyé le salut de Dieu. Eux du moins, ils écouteront. »
Et dans un court épilogue, Luc nous dit que Paul demeure deux ans à Rome, « proclamant le Royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec pleine assurance et sans obstacle. » (Ac 28, 31)
Ainsi après les cinq premiers chapitres des Actes qui illustraient l’annonce de l’Evangile à Jérusalem, après les chapitres 6-12 qui montraient comment, à la suite de la persécution des Hellénistes, l’Evangile atteignait la Samarie et débordait même jusqu’à Antioche, à partir du chapitre 13 des Actes, grâce à la mission de Paul, la Bonne Nouvelle sort du monde juif et elle sera proclamée jusqu’au au cœur du monde. L’ordre donné par le Ressuscité en Ac 1, 8 : « vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre », cet ordre est maintenant accompli en Ac 28.
Pour l’auteur des Actes, Paul est la grande figure de son récit, qu’il présente en parallèle avec celle de Pierre : les deux guérissent un paralytique (Ac 3, 1-8 et 14, 8-10) ; les deux ressuscitent un mort (Ac 10, 39-42 et 20, 7-12); les deux sont délivrés miraculeusement de leur prison (Ac 12, 1-11 et 16, 25-28).
Mais surtout Paul réalise en grand ce que Pierre avait commencé en accueillant Corneille dans l’Eglise. Il est vraiment celui qui donne à l’Eglise sa véritable dimension universelle. C’est lui aussi qui souligne que le salut ne peut pas être obtenu par la loi de Moïse (Ac 13, 38-39 et la note TOB).
Les Actes nous présentent Paul comme un Juif fidèle et fier de sa tradition. Son message, Paul l’adresse d’abord aux Juifs, mais devant la réponse très partagée des Juifs, il se tourne résolument vers les païens et l’auteur des Actes place dans la bouche de Paul deux discours où la foi est proposée directement à des non-juifs : Ac 14, 15-17 et surtout 17, 22-31 (voir les notes BJ et TOB sur ces passages).
La mission de Paul, comme celle des Hellénistes qui avaient fait sortir la foi chrétienne de Jérusalem, est marquée par des épreuves, des tribulations (cf. Ac 14, 22), mais elle porte aussi la marque de la puissance du Ressuscité.
D’autre part, le récit des Actes nous dépeint un apôtre parfaitement à l’aise dans le monde gréco-romain, parlant grec, faisant pleine confiance à l’administration romaine et à sa justice (qui reconnaît, par trois fois, son innocence face aux accusations des Juifs).
En bref, si dans la première partie des Actes, Luc donnait à Pierre le rôle principal, la seconde partie est entièrement dominée par la figure de Paul. Pour l’auteur des Actes, Paul est l’apôtre qui proclame Jésus Christ, avec pleine assurance, jusqu’au cœur même de l’empire romain.

Ajouté 2 minutes 48 secondes après :
Paul dans ses Lettres
Les Actes des Apôtres ont été écrits vers la fin du 1er siècle (vers 80-90). Nous y trouvons le point de vue de Luc : sa présentation de l’apôtre, de l’importance de son activité missionnaire, telle qu’on pouvait la voir dans l’Eglise de son époque.
Lorsque nous lisons les Lettres de Paul, nous avons en main des textes plus anciens et qui proviennent de l’intéressé lui-même.
Ces Lettres de Paul, qui nous sont parvenues, – habituellement on lui en attribue 13 (14 avec He) – peuvent se répartir en trois catégories :
– 7 lettres authentiques datées des années 50-58 et sur lesquelles tous les critiques sont pratiquement d’accord : 1 Th ; 1-2 Co ; Ph ; Ga ; Ro ; Phm
– Un second groupe, dont l’authenticité est discutée ou, au moins, limitée (rédaction importante d’un secrétaire, éventuellement réutilisation de textes authentiques) : Col ; 2 Th ; Ep.
– Enfin un troisième groupe, comprenant les « Pastorales » : 1-2 Tm ; Tit ; des lettres que l’on situe généralement après la mort de Paul.
Dans les Lettres, nous ne trouvons pas une présentation systématique de Paul et de son activité apostolique. Les Lettres sont des écrits occasionnels où Paul répond à des questions qui lui ont été posées, réagit à des nouvelles qu’il a reçues, ou encore exprime ce qu’il est en train de découvrir du mystère chrétien.
Dans l’ensemble, on peut dire que les Lettres confirment ce que l’auteur des Actes nous disait à sa manière : Paul est un Juif fidèle, très attaché aux traditions de son peuple, à tel point que, dans sa jeunesse, il a cru de son devoir de s’opposer très fortement aux disciples de Jésus, jusqu’au jour où Dieu « daigna révéler en (lui) son Fils pour qu’il l’annonce parmi les païens » (Ga 1, 15).
Juif de la Diaspora, Paul lit la Bible en grec (LXX). Sa connaissance parfaite du grec, ses qualités littéraires témoignent d’une très bonne formation, reçue probablement dans sa ville natale. Paul se révèle comme un écrivain de talent.
A-t-il étudié à Jérusalem ? Lui-même n’en parle pas, et certains en doutent. Ce qui est sûr, c’est que Paul sait argumenter à partir des Ecritures, à la manière des rabbins.
Dans ses Lettres, Paul insiste sur sa vocation particulière ; une vocation qu’il a reçue directement de Dieu et qu’il compare à celle de Jérémie ou du Serviteur d’Isaïe : « quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce, daigna révéler en moi son Fils, pour que je l’annonce parmi les nations, aussitôt sans monter à Jérusalem, trouver les apôtres, mes prédécesseurs, je m’en allais en Arabie… » (cf. Ga 1, 15-17).
C’est aussi ce qu’il exprime aussi dans l’adresse de ses Lettres :
– Rm 1, 1…5 : « Paul serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation pour annoncer l’Evangile de Dieu […] concernant son Fils […] Jésus Christ notre Seigneur, par qui nous avons grâce et apostolat, pour prêcher à l’honneur de son nom,, l’obéissance de la foi parmi tous les païens. »
– Ga 1, 1 : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par l’intermédiaire des hommes, mais par Jésus Christ et Dieu, le Père, qui l’a ressuscité des morts… »
Mais Paul sait aussi souligner ce qui le relie aux autres apôtres : dans 1 Co, il fait appel, par deux fois, à des traditions qu’il a reçues dans l’Eglise :
– 1 Co 11, 23 : « J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai moi-même transmis : le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré… »
– 1 Co 15, 3 : « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’ai moi-même reçu : Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures … »
et il termine ce passage de la lettre en soulignant son accord avec la foi prêchée par les Douze : « Bref, eux et moi, voilà ce que nous prêchons. Et voilà ce que vous avez cru. » (1 Co 15, 11)
Même dans la lettre aux Galates, où il insiste sur sa vocation et sa mission particulières, Paul dit clairement qu’il a voulu exposer aux notables de Jérusalem (Jacques, Céphas, Jean) l’Evangile qu’il prêchait parmi les païens « de peur de courir ou d’avoir couru pour rien. » (Ga 2, 2)
D’autre part, le soin de Paul pour la collecte (Ga 2, 10 ; 1 Co 16, 1 ; 2 Co 8 – 9) montre son souci de marquer l’unité des croyants venus du monde juif et des nations. En Rm 15, 31, il demande à ses correspondants de prier pour que ce partage – la collecte – soit agréé par les frères de Judée et marque ainsi les liens qui unissent tous ceux qui croient au Christ.
Cependant il est sûr que les Lettres de Paul nous permettent de connaître le ministère de l’apôtre d’une manière beaucoup plus réaliste que le récit des Actes. Nous y voyons l’engagement de Paul et les difficultés qu’il a rencontrées dans son ministère (2 Co 4, 8-10 ; 11, 23-29). Les Lettres témoignent de sa joie quand il apprend que des jeunes communautés persévèrent (1 Th 2, 13-14), de sa colère face à ceux qui viennent semer la zizanie chez les Galates (cf. Ga).
En suivant les Actes, on avait pensé reconnaître trois voyages missionnaires de Paul, partant d’Antioche et y retournant. A partir des Lettres, les choses ne semblent pas si simples. Comme l’exprime bien J. Guillet, Paul a perçu dès le début de sa vocation la dimension universelle du salut dans le dessein de Dieu : « La parole des témoins du Ressuscité doit être annoncée au monde entier, et le dernier repas du Seigneur doit rassembler tous ceux pour qui Jésus a livré son corps et donné son sang. » (J. GUILLET, Paul, l’apôtre des nations, Bayard 2002, p. 103)
Nous sommes certes peu renseignés sur la dizaine d’années qui s’écoulent entre la vocation de Paul et les Lettres, mais une chose apparaît cependant clairement à partir d’Ac 15 et de Ga 2 : l’entrée des païens dans l’Eglise et surtout leur intégration (la communauté de table) a fait problème. Certains cherchent un compromis, mais Paul « n’accepte pas ce compromis qui lui semble ne pas donner toute sa place au salut dans le Christ. Il se sépare de Barnabé, quitte Antioche, ses appuis et ses missions. Il n’est plus l’envoyé de personne : il est seulement l’apôtre du Christ Jésus. » (J. GUILLET, op. cit. p. 105)
Paul prend résolument le chemin vers les païens : « Il sait exactement où il ne doit pas aller : sur les territoires défrichés par d’autres avant lui. Et s’il ne le dit pas ouvertement, il laisse bien entendre le principe de ses choix et de son action : c’est à la fois le mouvement de l’Esprit saint et les perspectives raisonnables ouvertes à l’Evangile. Paul garde les yeux fixés sur les grands centres urbains Ephèse, Troas, Corinthe, Thessalonique. » (J. GUILLET, op. cit. p. 106)
Paul ne s’attarde pas en chemin ; il plante, d’autres peuvent arroser, mais il sait que c’est Dieu qui donne la croissance (cf.1 Co 3, 6). Pour lui, il veut porter l’Evangile toujours plus loin (cf. Rm 15, 23-24 et note BJ). Annoncer l’Evangile est pour lui une nécessité : « Oui, malheur à moi, si je n’annonçais pas l’Evangile ! »(1 Co 9, 16).
Mais les Lettres nous permettent surtout de mieux connaître ce qui le fait vivre. Comme il le dit : « il a été saisi par le Christ » (Ph 3, 12) ; il a découvert l’amour dont il est l’objet : « Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. » (Ga 2, 20 ; cf. 2 Co 5, 14) Au centre de sa vie, il y a désormais le Christ et le Christ crucifié (cf. 1 Co 2, 2 ; Ga 3, 1). Il n’a pas connu le Christ selon la chair (cf. 2 Co 5, 16) et pourtant « le Christ de Paul est aussi vivant pour lui que le Jésus qui retenait Pierre en train de couler dans le lac et confiait son secret au disciple qu’il aimait. […] Jésus n’était pas plus proche des Douze en Galilée que de Paul sur les routes de l’empire romain. » (J. GUILLET, op. cit. p, 168-169)
Dans ses Lettres, nous découvrons aussi avec émerveillement la théologie de Paul. Il est le premier, à notre connaissance, à exprimer dans la culture et la langue grecques le mystère chrétien du salut. Il le fait, non pas d’une manière systématique, mais pour répondre aux questions qui lui ont été posées ou pour partager avec ses correspondants la foi qui l’habite. Ecrites sur une dizaine d’années, ses Lettres nous permettent souvent de suivre l’évolution de sa pensée.
Je ne retiendrai ici que deux points : sa présentation du salut chrétien et sa vision de l’Eglise.
Le salut, comme Paul le souligne, est un don totalement gratuit de la part de Dieu ; il est offert à tous les hommes, indépendamment de la Loi de Moïse (cf. Ga 3) ; tous, Juifs ou païens, ne peuvent que l’accueillir dans la foi (cf. Rm 1, 16 – 4, 25). Ce salut est la révélation d’un amour inouï de Dieu pour l’homme, l’amour du Père et du Fils :
« C’est en effet, alors que nous étions sans force, au temps fixé que le Christ est mort pour les impies ; à peine en effet, voudrait-on mourir pour un homme juste […] mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous. » (Rm 5, 6-8) et « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? » (Rm 8, 32). Ce salut marque la réconciliation du monde avec Dieu (2 Co 5, 17-21), et grâce à l’Esprit qui nous est donné, il nous permet de nous tourner vers Dieu en l’appelant « Abba, Père » (Rm 8, 15-16).
L’Eglise : c’est à Paul que nous devons l’image de l’Eglise, Corps du Christ. Mais c’est aussi chez lui, dans ses Lettres, que le mot Eglise désigne pour la première fois les communautés, issues du monde païen, qui croient au Christ : « à l’Eglise de Dieu, établie à Corinthe … » (1 Co 1, 2 et note BJ) ; « à l’Eglise qui se réunit dans ta maison / chez eux. » (Phm 2 ; cf. Rm 16, 5 ; 1 Co 16, 19 ; Col 4, 15).
Or ce mot Eglise est la traduction (dans la LXX) du mot qahal qui désignait dans l’AT le peuple élu de Dieu rassemblé au Sinaï (cf. Dt 9, 10 et note BJ). Paul ne craint pas de donner ce titre aux communautés qui désormais rassemblent « Juif et Grec, esclave et homme libre, homme et femme » (cf. Ga 3, 28).
Cependant si elle abolit les divisions habituelles que nous mettons entre les hommes, cette réunion en Eglise ne se fait pas dans le désordre, comme le rappelle Paul en 1 Co 12. Pour s’expliquer, il a recours à l’apologue classique de la société comparée à un corps humain. Mais Paul dépasse l’apologue : il ne dit pas aux Corinthiens si turbulents : or vous êtes un corps mais il écrit : « or vous êtes, vous, le corps du Christ et membre chacun pour sa part. » (1 Co 12, 27)
La Lettre aux Colossiens va lui permettre de compléter sa pensée : c’est le Christ qui est « la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise […] car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude, et par lui à réconcilier tous les êtres avec lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » (Col 1, 17-20 ; cf. aussi Col 2, 19)
L’auteur de la Lettre aux Ephésiens mettra la dernière touche à cette image : l’Eglise devient la manifestation du « mystère » caché en Dieu depuis les siècles (Ep 3, 9-10) et elle est appelée à réunir en une seule famille tous les hommes (Ep 3, 5-6).
En citant les Lettres aux Colossiens et aux Ephésiens, je voulais introduire une dernière touche à ce visage de Paul que nous trouvons dans ses Lettres : ses héritiers.
Si, comme on le pense aujourd’hui, certaines Lettres ne sont pas directement de Paul, elles appartiennent cependant à un cercle qui a été marqué par la personnalité de l’apôtre et qui a su adapter et prolonger la pensée de Paul. Comme l’écrit R. E. Brown : « Imiter le maître est une forme de reconnaissance ; être inspiré par lui pour aller encore plus loin est une contribution plus grande encore à son héritage. » (R.E. BROWN, Que sait-on du Nouveau

Ajouté 1 minute 12 secondes après :
Pour conclure : un portait et un autoportrait
Dans les Actes, l’auteur nous peint son portrait de Paul. « On l’a souvent critiqué pour n’avoir pas pleinement compris la théologie de Paul, […] pour avoir simplifié le parcours de Paul, et laissé de côté nombre de controverses dans sa vie. On ne peut cependant faire le difficile devant son extraordinaire contribution : il consacre à Paul la moitié de sa longue description de la naissance et de l’expansion du christianisme. Que Paul ait été ou non à ce point important pour les chrétiens non pauliniens, le livre des Actes a placé pour toujours Paul à côté de Pierre au ‘panthéon’ chrétien comme les deux personnages les plus importants à la suite de Jésus. » (R.E. BROWN, op. cit. p.495)
Ce que nous trouvons dans les Lettres est sans doute trop fragmentaire pour constituer un véritable autoportrait de Paul. Il reste que ces Lettres nous livrent ce qu’il y a de plus autobiographique dans le Nouveau Testament, et même dans toute la Bible. C’est dans ces Lettres que s’affirme la personnalité de Paul, son attachement au Christ, le sens de sa mission et de la vie chrétienne dans des formules souvent inoubliables. C’est là aussi que nous pouvons découvrir les richesses de sa pensée théologique.
Alors les Actes ou les Lettres ? Heureusement nous n’avons pas à choisir : les deux ont été reçus par la communauté croyante ; les deux appartiennent au canon ; les deux nous aident encore aujourd’hui à rejoindre l’apôtre.

Saint Glinglin

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 07 janv.24, 06:48

Message par Saint Glinglin »

Dans l'Evangile de Luc, Jésus monte au ciel le jour de sa résurrection.

Dans les Actes, Jésus monte au ciel quarante jours après sa résurrection.

Cela prouve bien que ces deux ouvrages sont du même auteur, mon bon monsieur !

Et, qui plus est, d'un auteur témoin de ce qu'il raconte....

JLG

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 07 janv.24, 07:34

Message par JLG »

- L'affirmation concernait la biographie de Paul, j'ai donc répondu à cette affirmation!
-Maintenant, c'est une autre affirmation!
- Je dois donc vérifier ce qui est écrit!

Ajouté 11 minutes 1 seconde après :
Luc 1:1 French: Darby
Puisque plusieurs ont entrepris de rédiger un récit des choses qui sont reçues parmi nous avec une pleine certitude,

Luc 1:1 French: Louis Segond (1910)
Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,

Luc 1:1 French: Martin (1744)
Parce que plusieurs se sont appliqués à mettre par ordre un récit des choses qui ont été pleinement certifiées entre nous;

Luc 1:2 French: Darby
comme nous les ont transmises ceux qui, dès le commencement, ont été les témoins oculaires et les ministres de la parole,

Luc 1:2 French: Louis Segond (1910)
suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole,

Luc 1:2 French: Martin (1744)
Comme nous les ont donné à connaître ceux qui les ont vues eux-mêmes dès le commencement, et qui ont été les Ministres de la parole.

il m'a semble bon à moi aussi, qui ai suivi exactement toutes choses depuis le commencement, très-excellent Théophile, de te les écrire par ordre,

Luc 1:3 French: Louis Segond (1910)
il m'a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d'une manière suivie, excellent Théophile,

Luc 1:3 French: Martin (1744)
Il m'a aussi semblé bon, après avoir examiné exactement toutes choses depuis le commencement jusques à la fin, très-excellent Théophile, de t'en écrire par ordre;

Luc 1:4 French: Darby
afin que tu connaisses la certitude des choses dont tu as été instruit.

Luc 1:4 French: Louis Segond (1910)
afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.

Luc 1:4 French: Martin (1744)
Afin que tu connaisses la certitude des choses dont tu as été informé.

Ajouté 9 minutes 3 secondes après :
Luc 24:6 French: Darby
n'est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous comment il vous parla quand il était encore en Galilée, disant:

Luc 24:6 French: Louis Segond (1910)
Il n'est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu'il était encore en Galilée,

Luc 24:6 French: Martin (1744)
Il n'est point ici, mais il est ressuscité; qu'il vous souvienne comment il vous parla quand il était encore en Galilée,

Luc 24:7 French: Darby
Il faut que le fils de l'homme soit livré entre les mains des pêcheurs, et qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour.

Luc 24:7 French: Louis Segond (1910)
et qu'il disait: Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour.

Luc 24:7 French: Martin (1744)
Disant : qu'il fallait que le Fils de l'homme fût livré entre les mains des pécheurs, et qu'il fût crucifié; et qu'il ressuscitât le troisième jour.

Ajouté 22 minutes 30 secondes après :
Luc 24:13 French: Darby
Et voici, deux d'entre eux étaient ce même jour en chemin, pour aller à un village dont le nom était Emmaues, éloigné de Jérusalem de soixante stades.

Luc 24:13 French: Louis Segond (1910)
Et voici, ce même jour, deux disciples allaient à un village nommé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades;

Luc 24:13 French: Martin (1744)
Or voici, deux d'entre eux étaient ce jour-là en chemin, pour aller à une bourgade nommée Emmaüs, qui était loin de Jérusalem, environ soixante stades.

Luc 24:14 French: Darby
Et ils s'entretenaient ensemble de toutes ces choses qui étaient arrivées.

Luc 24:14 French: Louis Segond (1910)
et ils s'entretenaient de tout ce qui s'était passé.

Luc 24:14 French: Martin (1744)
Et ils s'entretenaient ensemble de toutes ces choses qui étaient arrivées.

Luc 24:15 French: Darby
Et il arriva, comme ils s'entretenaient et raisonnaient ensemble, que Jésus lui-même, s'étant approché, se mit à marcher avec eux.

Luc 24:15 French: Louis Segond (1910)
Pendant qu'ils parlaient et discutaient, Jésus s'approcha, et fit route avec eux.

Luc 24:15 French: Martin (1744)
Et il arriva que comme ils parlaient et conféraient entre eux, Jésus lui-même s'étant approché, se mit à marcher avec eux.

Luc 24:16 French: Darby
Mais leurs yeux étaient retenus, de manière qu'ils ne le reconnurent pas.

Luc 24:16 French: Louis Segond (1910)
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

Luc 24:16 French: Martin (1744)
Mais leurs yeux étaient retenus de sorte qu'ils ne le reconnaissaient pas.

Luc 24:17 French: Darby
Et il leur dit: Quels sont ces discours que vous tenez entre vous en marchant, et vous êtes tristes?

Luc 24:17 French: Louis Segond (1910)
Il leur dit: De quoi vous entretenez-vous en marchant, pour que vous soyez tout tristes?

Luc 24:17 French: Martin (1744)
Et il leur dit : quels sont ces discours que vous tenez entre vous en marchant? et pourquoi êtes-vous tout tristes?

Luc 24:18 French: Darby
Et l'un d'eux, dont le nom était Cléopas, répondant, lui dit: Est-ce que tu séjournes tout seul dans Jérusalem, que tu ne saches pas les choses qui y sont arrivées ces jours-ci?

Luc 24:18 French: Louis Segond (1910)
L'un d'eux, nommé Cléopas, lui répondit: Es-tu le seul qui, séjournant à Jérusalem ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci? -

Luc 24:18 French: Martin (1744)
Et l'un d'eux, qui avait nom Cléopas, répondit, et lui dit : es-tu seul étranger dans Jérusalem, qui ne saches point les choses qui y sont arrivées ces jours-ci?

Luc 24:19 French: Darby
Et il leur dit: Lesquelles? Et ils lui dirent: Celles touchant Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en oeuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple;

Luc 24:19 French: Louis Segond (1910)
Quoi? leur dit-il. Et ils lui répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple,

Luc 24:19 French: Martin (1744)
Et il leur dit : quelles? ils répondirent : c'est touchant Jésus le Nazarien, qui était un Prophète, puissant en œuvres et en paroles devant Dieu, et devant tout le peuple.

Luc 24:20 French: Darby
et comment les principaux sacrificateurs et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort, et l'ont crucifié.

Luc 24:20 French: Louis Segond (1910)
et comment les principaux sacrificateurs et nos magistrats l'ont livré pour le faire condamner à mort et l'ont crucifié.

Luc 24:20 French: Martin (1744)
Et comment les principaux Sacrificateurs et nos Gouverneurs l'ont livré pour être condamné à mort, et l'ont crucifié.

Luc 24:21 French: Darby
Or nous, nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer Israel; mais encore, avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées.

Luc 24:21 French: Louis Segond (1910)
Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées.

Luc 24:21 French: Martin (1744)
Or nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour que ces choses sont arrivées.

Luc 24:22 French: Darby
Mais aussi quelques femmes d'entre nous nous ont fort étonnés; ayant été de grand matin au sépulcre,

Luc 24:22 French: Louis Segond (1910)
Il est vrai que quelques femmes d'entre nous nous ont fort étonnés; s'étant rendues de grand matin au sépulcre

Luc 24:22 French: Martin (1744)
Toutefois quelques femmes d'entre nous nous ont fort étonnés,[car] elles ont été de grand matin au sépulcre;

Luc 24:23 French: Darby
et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues, disant qu'elles avaient vu aussi une vision d'anges qui disent qu'il est vivant.

Luc 24:23 French: Louis Segond (1910)
et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur sont apparus et ont annoncé qu'il est vivant.

Luc 24:23 French: Martin (1744)
Et n'ayant point trouvé son corps, elles sont revenues, en disant que même elles avaient vu une apparition d'Anges, qui disaient qu'il est vivant.

Luc 24:24 French: Darby
Et quelques-uns de ceux qui sont avec nous, sont allés au sépulcre, et ont trouvé les choses ainsi que les femmes aussi avaient dit; mais pour lui, ils ne l'ont point vu.

Luc 24:24 French: Louis Segond (1910)
Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont allés au sépulcre, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit; mais lui, ils ne l'ont point vu.

Luc 24:24 French: Martin (1744)
Et quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé ainsi que les femmes avaient dit ; mais pour lui, ils ne l'ont point vu.

Luc 24:25 French: Darby
Et lui leur dit: O gens sans intelligence et lents de coeur à croire toutes les choses que les prophètes ont dites!

Luc 24:25 French: Louis Segond (1910)
Alors Jésus leur dit: O hommes sans intelligence, et dont le coeur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes!

Luc 24:25 French: Martin (1744)
Alors il leur dit : ô gens dépourvus de sens, et tardifs de cœur à croire toutes les choses que les Prophètes ont prononcées!

Luc 24:26 French: Darby
Ne fallait-il pas que le Christ souffrit ces choses, et qu'il entrat dans sa gloire?

Luc 24:26 French: Louis Segond (1910)
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire?

Luc 24:26 French: Martin (1744)
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât en sa gloire?

Luc 24:27 French: Darby
Et commençant par Moise et par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes les écritures, les choses qui le regardent.

Luc 24:27 French: Louis Segond (1910)
Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

Luc 24:27 French: Martin (1744)
Puis commençant par Moïse, et [continuant] par tous les Prophètes, il leur expliquait dans toutes les Ecritures les choses qui le regardaient.

Luc 24:28 French: Darby
Et ils approchèrent du village ou ils allaient; et lui, il fit comme s'il allait plus loin.

Luc 24:28 French: Louis Segond (1910)
Lorsqu'ils furent près du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin.

Luc 24:28 French: Martin (1744)
Et comme ils furent près de la bourgade où ils allaient, il faisait semblant d'aller plus loin.

Luc 24:29 French: Darby
Et ils le forcèrent, disant: Demeure avec nous, car le soir approche et le jour a baissé. Et il entra pour rester avec eux.

Luc 24:29 French: Louis Segond (1910)
Mais ils le pressèrent, en disant: Reste avec nous, car le soir approche, le jour est sur son déclin. Et il entra, pour rester avec eux.

Luc 24:29 French: Martin (1744)
Mais ils le forcèrent, en lui disant : demeure avec nous, car le soir approche, et le jour commence à baisser. Il entra donc pour demeurer avec eux.

Luc 24:30 French: Darby
Et il arriva que, comme il était à table avec eux, il prit le pain et il bénit; et l'ayant rompu, il le leur distribua.

Luc 24:30 French: Louis Segond (1910)
Pendant qu'il était à table avec eux, il prit le pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna.

Luc 24:30 French: Martin (1744)
Et il arriva que comme il était à table avec eux, il prit le pain, et il [le] bénit; et l'ayant rompu, il le leur distribua.

Luc 24:31 French: Darby
Et leurs yeux furent ouverts, et ils le reconnurent; mais lui devint invisible et disparut de devant eux.

Luc 24:31 French: Louis Segond (1910)
Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux.

Luc 24:31 French: Martin (1744)
Alors leurs yeux furent ouverts, en sorte qu'ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux.

Luc 24:32 French: Darby
Et ils dirent entre eux: Notre coeur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait par le chemin, et lorsqu'il nous ouvrait les écritures?

Luc 24:32 French: Louis Segond (1910)
Et ils se dirent l'un à l'autre: Notre coeur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures?

Luc 24:32 French: Martin (1744)
Et ils dirent entre eux : notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait par le chemin, et qu'il nous expliquait les Ecritures?

Luc 24:33 French: Darby
Et se levant à l'heure même, ils s'en retournèrent à Jérusalem, et trouvèrent assemblés les onze et ceux qui étaient avec eux,

Luc 24:33 French: Louis Segond (1910)
Se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et ils trouvèrent les onze, et ceux qui étaient avec eux, assemblés

Luc 24:33 French: Martin (1744)
Et se levant dans ce moment, ils s'en retournèrent à Jérusalem, où ils trouvèrent les onze assemblés, et ceux qui étaient avec eux;

Luc 24:34 French: Darby
disant: Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon.

Luc 24:34 French: Louis Segond (1910)
et disant: Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon.

Luc 24:34 French: Martin (1744)
Qui disaient : le Seigneur est véritablement ressuscité, et il est apparu à Simon.

Luc 24:35 French: Darby
Et ils racontèrent les choses qui étaient arrivées en chemin, et comment il s'était fait connaître à eux dans la fraction du pain.

Luc 24:35 French: Louis Segond (1910)
Et ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l'avaient reconnu au moment où il rompit le pain.

Luc 24:35 French: Martin (1744)
Et ceux-ci aussi racontèrent les choses qui leur étaient arrivées en chemin, et comment il avait été reconnu d'eux en rompant le pain.

Luc 24:36 French: Darby
Et comme ils disaient ces choses, il se trouva lui-même là au milieu d'eux, et leur dit: Paix vous soit!

Luc 24:36 French: Louis Segond (1910)
Tandis qu'ils parlaient de la sorte, lui-même se présenta au milieu d'eux, et leur dit: La paix soit avec vous!

Luc 24:36 French: Martin (1744)
Et comme ils tenaient ces discours, Jésus se présenta lui-même au milieu d'eux, et leur dit : que la paix soit avec vous!

Ajouté 56 minutes 47 secondes après :
Luc 24:37 French: Darby
Et eux, tout effrayés et remplis de crainte, croyaient voir un esprit.

Luc 24:37 French: Louis Segond (1910)
Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit.

Luc 24:37 French: Martin (1744)
Mais eux tout troublés et épouvantés croyaient voir un esprit.

Luc 24:38 French: Darby
Et il leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi monte-t-il des pensées dans vos coeurs?

Luc 24:38 French: Louis Segond (1910)
Mais il leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s'élèvent-elles dans vos coeurs?

Luc 24:38 French: Martin (1744)
Et il leur dit : pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi monte-t-il des pensées dans vos cœurs?

Luc 24:39 French: Darby
Voyez mes mains et mes pieds; -que c'est moi-même: touchez-moi, et voyez; car un esprit n'a pas de la chair et des os, comme vous voyez que j'ai.

Luc 24:39 French: Louis Segond (1910)
Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi; touchez-moi et voyez: un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai.

Luc 24:39 French: Martin (1744)
Voyez mes mains et mes pieds; car c'est moi-même : touchez-moi, et me considérez bien; car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai.

Luc 24:40 French: Darby
Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Luc 24:40 French: Louis Segond (1910)
Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Luc 24:40 French: Martin (1744)
Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Luc 24:41 French: Darby
Et comme, de joie, ils ne croyaient pas encore et s'étonnaient, il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger?

Luc 24:41 French: Louis Segond (1910)
Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu'ils étaient dans l'étonnement, il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger?

Luc 24:41 French: Martin (1744)
Mais comme encore de joie ils ne croyaient point, et qu'ils s'étonnaient, il leur dit : avez-vous ici quelque chose à manger?

Luc 24:42 French: Darby
Et ils lui donnèrent un morceau de poisson cuit et quelque peu d'un rayon de miel;

Luc 24:42 French: Louis Segond (1910)
Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel.

Luc 24:42 French: Martin (1744)
Et ils lui présentèrent une pièce de poisson rôti, et d'un rayon de miel;

Luc 24:43 French: Darby
et l'ayant pris, il en mangea devant eux.

Luc 24:43 French: Louis Segond (1910)
Il en prit, et il mangea devant eux.

Luc 24:43 French: Martin (1744)
Et l'ayant pris, il mangea devant eux.

Luc 24:44 French: Darby
Et il leur dit: Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j'étais encore avec vous, qu'il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moise, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies.

Luc 24:44 French: Louis Segond (1910)
Puis il leur dit: C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes.

Luc 24:44 French: Martin (1744)
Puis il leur dit : ce sont ici les discours que je vous tenais quand j'étais encore avec vous : qu'il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la Loi de Moïse, et dans les Prophètes, et dans les Psaumes, fussent accomplies.

Luc 24:45 French: Darby
Alors il leur ouvrit l'intelligence pour entendre les écritures.

Luc 24:45 French: Louis Segond (1910)
Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Ecritures.

Luc 24:45 French: Martin (1744)
Alors il leur ouvrit l'esprit pour entendre les Ecritures.

Luc 24:46 French: Darby
Et il leur dit: Il est ainsi écrit; et ainsi il fallait que le Christ souffrit, et qu'il ressuscitat d'entre les morts le troisième jour,

Luc 24:46 French: Louis Segond (1910)
Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour,

Luc 24:46 French: Martin (1744)
Et il leur dit : il est ainsi écrit, et ainsi il fallait que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât des morts le troisième jour;

Luc 24:47 French: Darby
et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

Luc 24:47 French: Louis Segond (1910)

Luc 24:48 French: Darby
Et vous, vous êtes témoins de ces choses;

Luc 24:48 French: Louis Segond (1910)
Vous êtes témoins de ces choses.

Luc 24:48 French: Martin (1744)
Et vous êtes témoins de ces choses; et voici, je m'en vais envoyer sur vous la promesse de mon Père.

Luc 24:49 French: Darby
et voici, moi j'envoie sur vous la promesse de mon Père. Mais vous, demeurez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de puissance d'en haut.

Luc 24:49 French: Louis Segond (1910)
Et voici, j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis; mais vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut.

Luc 24:49 French: Martin (1744)
Vous donc demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la vertu d'en haut.

Luc 24:50 French: Darby
Et il les mena dehors jusqu'à Béthanie, et, levant ses mains en haut, il les bénit.

Luc 24:50 French: Louis Segond (1910)
Il les conduisit jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains, il les bénit.

Luc 24:50 French: Martin (1744)
Après quoi il les mena dehors jusqu'en Béthanie, et levant ses mains en haut, il les bénit.

Ajouté 2 minutes 48 secondes après :
Luc 24:51 French: Darby
Et il arriva qu'en les bénissant, il fut sépare d'eux, et fut élevé dans le ciel.

Luc 24:51 French: Louis Segond (1910)
Pendant qu'il les bénissait, il se sépara d'eux, et fut enlevé au ciel.

Luc 24:51 French: Martin (1744)
Et il arriva qu'en les bénissant, il se sépara d'eux, et fut élevé au ciel.

Luc 24:52 French: Darby
Et eux, lui ayant rendu hommage, s'en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie.

Luc 24:52 French: Louis Segond (1910)
Pour eux, après l'avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie;

Luc 24:52 French: Martin (1744)
Et eux l'ayant adoré, s'en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie.

Luc 24:53 French: Darby
Et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu.

Luc 24:53 French: Louis Segond (1910)
et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu.

Luc 24:53 French: Martin (1744)
Et ils étaient toujours dans le Temple, louant et bénissant Dieu. Amen!

Ajouté 1 minute 57 secondes après :
CONCLUSION:

- Désolé, l'Évangile de Luc ne dit pas cela!

medico

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 07 janv.24, 23:20

Message par medico »

Les premiers mots des Actes qualifient l’Évangile de Luc de “ premier récit ”. Les deux récits étant adressés à la même personne, Théophile, on sait que Luc est le rédacteur des Actes, même s’il ne signa pas (Lc 1:3 ; Ac 1:1). Les deux récits présentent un style et un vocabulaire semblables. Le Canon de Muratori, de la fin du IIe siècle de n. è., attribue également la rédaction des Actes à Luc. Quand les écrits ecclésiastiques du IIe siècle, ceux d’Irénée de Lyon, de Clément d’Alexandrie et de Tertullien de Carthage, citent les Actes, ils disent que Luc en fut le rédacteur.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 08 janv.24, 20:55

Message par JLG »

- Merci pour l'information!

JLG

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 03 févr.24, 13:58

Message par JLG »

https://www.cairn.info/revue-recherches ... ge-353.htm

La figure de Paul joue un rôle essentiel dans le développement du christianisme primitif. Elle marque le passage de Jésus de Nazareth, reconnu par ses disciples après sa mort comme le Messie ressuscité, à l’Église universelle qui prêche l’Évangile du salut à toutes les nations. Le Nouveau Testament conserve au moins sept lettres de Paul. De plus, le livre des Actes raconte le passage de Jésus à Paul par les Apôtres, et le passage de Jérusalem à Rome par Antioche. Mais où situer Paul dans la chaîne de ce développement : Jésus - les Apôtres - l’Église universelle ? Quel rôle a-t-il joué ? Si l’Église ancienne, les Pères, Luther et la Réforme ont brossé de l’apôtre un portrait qui est connu de beaucoup, l’exégèse historico-critique des deux derniers siècles en a elle aussi fourni de nombreuses images : certains ont vu en Paul le véritable fondateur du christianisme, un initiateur de la théologie chrétienne, un pionnier de la mission chrétienne, un penseur apocalyptique fervent, un rabbin pharisien devenu chrétien, un helléniste cultivé, un gnostique syncrétiste, un converti presque incohérent, ou encore un prophète de la réconciliation. De ces lectures, c’est un Paul tout en contraste qui émerge : pour les uns, parfait Juif (pharisien et rabbin, formé à Jérusalem), pour les autres parfait grec (helléniste de la Diaspora), ou encore parfait romain ; au plan religieux : il est apologue de la foi, modèle du théologien, critique de la religion et prédicateur de la liberté. Mais on reconnaît aujourd’hui que ces lectures nous en disent plus sur les lecteurs et leurs représentations que sur Paul lui-même. Peut-on arriver à un portrait de Paul qui ne soit pas gauchi ? Et quels moyens prendre pour qu’il en soit ainsi ? Poser ces questions revient à s’interroger sur le rapport entre l’approche, ses modalités et ses résultats : nous verrons comment le paradigme méthodologique a changé, et notre connaissance de Paul avec lui.

Ajouté 7 minutes 17 secondes après :
L’importance de la méthode
Aujourd’hui, notre connaissance de la société, de la culture et de la religion à l’époque de Paul a beaucoup avancé grâce à l’archéologie, aux découvertes et à l’étude des textes anciens, à l’exégèse critique des textes bibliques, à l’application des sciences humaines à la reconstitution historique de cette période, et enfin grâce à une relecture du judaïsme du premier siècle. Car il importe de situer Paul et ses écrits dans un contexte qui doit être compris avec les outils historiques et critiques dont nous disposons aujourd’hui.
C’est avec F. C. Baur et l’école de Tübingen qu’un écart s’est creusé par rapport aux lectures traditionnelles. Baur a critiqué la lecture luthérienne qui insiste sur la rupture entre Paul et le milieu juif, rupture effectuée par son expérience de conversion. Il a ensuite montré que l’Église primitive est moins unifiée que la lecture catholique ne le disait, car il existait des dissensions entre hellénistes et judaïsants (Ac 6,1) mais plus spécialement entre Paul et Pierre. Il relevait les contradictions entre Ac 15 et Ga 1-2 pour mettre en évidence l’existence d’un parti pétrinien et d’un parti paulinien, qui se seraient approchés pour créer une seule Église. A. Ritschl a montré que le système bipolaire de Baur est trop simpliste, car le christianisme primitif semble se présenter comme éclaté en une multitude de courants : Gentils, hellénisants, Juifs de culture grecque, Apôtres et judaïsants. Mais si elles ont été fortement critiquées, les thèses de Baur ont néanmoins influencé de façon décisive la lecture critique de Paul.
Un des premiers à tenter une biographie de Paul sans présupposés théologiques fut W. Wrede. Il place Paul dans le monde juif de son époque. Les courants apocalyptiques et la littérature intertestamentaire lui servent de matrice pour comprendre Paul. Au centre de la pensée de Paul, il place la christologie, et plus précisément, l’incarnation, la mort et la résurrection du Messie.
Les lectures traditionnelles de Paul insistent sur la rupture entre le judaïsme et le christianisme, et font souvent de Paul le héraut de la rupture entre deux religions. Mais Baur, Schweitzer et, après eux, beaucoup d’exégètes rejettent le fait que Paul soit « chrétien ». Comme le dit Schweitzer : « Pour Paul il y avait une seule religion, le judaïsme (…). Le christianisme n’est pas une nouvelle religion (…), mais simplement ce même judaïsme dont le centre de gravité a bougé à cause de la nouvelle ère ». La même thèse a été récemment reprise par J. Dunn : « Paul a peut-être rejeté le judaïsme dans lequel il avait été formé (Ga. 1,13-14) mais il l’a fait en tant qu’israélite — c’est-à-dire comme quelqu’un qui cherche à maintenir et à promouvoir le vrai caractère de l’élection d’Israël ». Cet exégète ajoute que l’attitude du monde juif d’alors, à propos du Temple et de la mission auprès des païens, était loin d’être uniforme.
Trois thèses marquent une lecture contextuelle de Paul aujourd’hui : 1) pour comprendre sa pensée, il faut préférer ses lettres aux Actes des Apôtres ; 2) le Paul des lettres est bien juif ; 3) la rupture entre le judaïsme et le christianisme est postérieure à Paul. Si, d’autre part, on reconnaît la nécessité de comprendre Paul dans son contexte, le problème de l’interprétation des autres sources de son époque demeure. Comment utiliser le Nouveau Testament, les autres sources juives du premier siècle et les sources du judaïsme rabbinique pour mieux lire et comprendre Paul ?

Ajouté 4 minutes 52 secondes après :
1 – Le Nouveau Testament
Le Nouveau Testament est la source majeure pour l’étude de ses propres textes. Longtemps les exégètes ont cherché des points d’appui en d’autres documents. Mais il faut reconnaître la pauvreté des sources écrites du premier siècle de notre ère. Alors même que Paul représente la personnalité centrale des Actes et de ses propres écrits, on ne trouve aucune trace de lui dans les écrits de Josèphe ou de Philon, dans les textes intertestamentaires ou ceux de Qumran.
Les exégètes admettent que c’est en partant de Paul qu’on peut comprendre son identité, sa vocation et sa mission. Mais Paul écrit-il un récit de sa vie ? Il ne parle de lui que lorsqu’il le juge utile, pour étayer ses arguments théologiques. Et il ne parle pratiquement pas de son passé de juif zélé (Ga 1), le jugeant même sans valeur en Ph 3, et s’il parle de cet avant, c’est toujours à la lumière de l’après.
Au demeurant, quelles lettres utiliser ? Les critiques s’accordent en général pour dire qu’il ne faut s’appuyer que sur celles reconnues comme authentiques par la critique, au nombre de sept — Rm, 1 et 2Co, Ga, Ph, 1Th et Phm. Leur chronologie reste débattue, mais l’ordre chronologique accepté par le plus grand nombre est le suivant : 1Th, 1 et 2Co, Phm, Rm et Ph — la place de Ga est plus difficile à déterminer, mais elle semble avoir été écrite avant Rm. De la première à la dernière lettre, beaucoup d’exégètes perçoivent aussi une évolution théologique : la théologie de 1 Th n’est pas celle de Rm. Mais il faut également prendre en compte le caractère polémique et contextuel des lettres, qui ne sont pas des traités systématiques, sauf peut-être Rm selon certains. Cela dit, l’image de Paul qui émerge de tous ces passages est-elle vraiment unifiée ? La difficulté n’a pas échappé à Schweitzer : « On a l’impression que l’argument des étapes différentes de sa pensée a été utilisé pour échapper au problème de l’unité intérieure de son système de pensée ».
Ces dernières décennies, l’exégèse ne soumet plus les lettres pauliniennes au récit des Actes, car il est désormais admis que Luc est aussi bien théologien qu’historien, ce que M. Hengel a résumé en une formule : « historien théologique ». Cela n’implique pas que Luc soit moins fiable que les historiens contemporains, avec lesquels on peut le comparer, Tite-Live, Plutarque ou Josèphe : « son récit est toujours vraisemblable en fonction des critères de l’antiquité ». Avec Hengel, Becker souligne la nécessité d’une évaluation nuancée des Actes, car ils témoignent d’« une certaine vraisemblance historique même si (…) leur valeur historique peut être discutée ».
Trois thématiques montrent bien comment le récit lucanien et les lettres pauliniennes traitent différemment l’identité de Paul : a) sa conversion, b) son insistance à rappeler qu’il est un apôtre, c) la division de la mission chrétienne à deux types de destinataires, les circoncis et les non circoncis.

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La ‘conversion’ de Paul
Selon plusieurs exégètes, la conversion de Saul sur la route de Damas est l’expérience fondatrice de la pensée et de l’activité de Paul. Ils trouvent des correspondances entre le récit lucanien et les récits de sa vision. G. Lohfink souligne que par sa présentation de Paul, un Juif orthodoxe avec un zèle à persécuter les chrétiens, Luc montre que la mission de Paul auprès des Gentils trouve sa source en Christ lui-même.
Par trois fois, Luc raconte le récit de cette rencontre (chaque fois avec des différences), mais sans utiliser le vocabulaire de la conversion, et Paul pas davantage. Becker note que l’apôtre utilise des verbes de vision pour parler de sa rencontre avec le Christ : il l’a vu (1Co 9,1), Christ lui est apparu (1Co 15,8) et le Fils lui a été révélé (2Co 4,5-6 ; 12,1-7 ; Ga 1,16). La vision et l’apparition appartiennent au langage pascal, et la révélation, au langage prophétique — Paul s’inscrit dans une tradition déjà présente ; il parle de l’événement avec le langage typique des vocations prophétiques de l’AT : on a comparé Ga 1,15-16 avec les appels de Jérémie (1,4-10) et d’Isaïe (6,1-13). Son langage n’est ni psychologique, ni existentiel, mais porteur d’une visée théologique soulignant la ressemblance entre sa rencontre avec Jésus et celles des prophètes d’Israël avec le Dieu vivant. Dans les Actes en revanche, la révélation est de l’ordre de l’écoute : Paul entend la voix de Jésus.

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Paul ‘apôtre’
À la différence des Actes, où le mot « apôtres » est toujours utilisé au pluriel et renvoie à la collégialité des apôtres choisis par Jésus, les lettres pauliniennes soulignent l’identité apostolique de Paul, au point que « ceux qui osaient l’attaquer sur ce point touchaient à la compréhension la plus intime qu’il avait de lui-même ». La mission reçue directement du Christ rend Paul digne de ce titre apostolique et forme un lien essentiel entre Jésus et la mission auprès des païens.
Quand Paul résume son Évangile, il souligne souvent quelques traits de sa vocation d’apôtre. Et Sanders de noter à ce propos : « Nous apprenons… ce que Paul a pensé de lui-même. C’est absolument crucial pour comprendre les controverses de ses lettres, et c’est également l’entrée la plus facile pour comprendre sa théologie. Celle-ci s’est formée à partir de la conception qu’il avait de lui-même et de son rôle dans l’économie de Dieu. Elle n’est pas déterminée totalement par cette conception mais elle n’en est pas non plus détachée ». Becker abonde dans le même sens : « La connexion : appelé à l’apostolat, Évangile pour les nations, Église de Jésus Christ, est tout à la fois un principe structurel de sa théologie et c’est cela même qui la fonde ».
Paul est apôtre à cause de sa rencontre avec le Christ ressuscité, et les Douze à cause de leur lien historique avec Jésus de Nazareth. Paul ne s’intéresse pas à celui qu’il n’a pas connu, Jésus selon la chair. Du terme ‘apôtre’ il souligne la connaissance du Ressuscité (2Co 5,16-17) auquel il porte témoignage. « L’expérience que Paul a de Jésus Christ commence lors de sa vocation. Il se sent requis (sic) à son service par Dieu qui lui révèle le Ressuscité comme l’œuvre de sa bienveillance. Dès lors, Paul se réfère à ce Seigneur exalté. À partir de cette réalité de la seigneurie du Christ, Paul porte son regard sur l’histoire du Jésus terrestre, et avant tout sur sa mort salvifique dans laquelle il reconnaît également l’œuvre de Dieu manifestant Jésus comme le sauveur de l’humanité ». Le lien entre Jésus de Nazareth et Paul ne relève pas d’une historicité contingente : ils ne se sont jamais rencontrés, mais comme ressuscité, le Christ est partout présent dans la pensée de Paul. Le Jésus terrestre avec le récit de sa vie, comme celui des évangiles, est absent des lettres de Paul.

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Paul envoyé aux incirconcis
Une dernière différence entre les lettres pauliniennes et le récit de Luc vient de ce que Paul parle de deux missions, la sienne, auprès des Gentils, et celle de Pierre, auprès des Juifs (Ga, 2,7). En revanche, dans les Actes, Paul, bien que déçu par les Juifs, continue pourtant de leur annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’à la fin, et l’on ne trouvera pas en ce livre une division de la mission chrétienne en deux, comme en Ga 2,7-8. G. Bornkamm essaie de comprendre cette répartition en termes géographiques et ethniques, pour conclure : « Plutôt que de prendre cette expression à la lettre, il faut la rapporter à la particularité des deux types de prédications missionnaires. Cela signifie sans doute que la mission pagano-chrétienne devait poursuivre son chemin sans entraves et qu’on renonçait de part et d’autre à toute rivalité ».
L’appel à croire en Jésus Christ ressuscité et l’annonce de l’Évangile aux païens sont fortement liés chez Paul : prêcher l’Évangile, et non transmettre une tradition, telle est la fonction propre de l’apôtre. Eu égard à l’universalité des destinataires, l’attitude de Paul ressemble à celle du Jésus des évangiles. Il essaient l’un et l’autre de répondre à la question de l’universalité du dessein de Dieu et du salut offert à tous les hommes. Cette question n’était pas nouvelle dans le judaïsme de l’époque. Mais elle était loin d’être résolue et se posait en tant que crise parmi les différents mouvements qui constituaient la diversité du monde juif d’avant 70. Pour Jésus, la solution est explicitement d’ordre eschatologique : le Royaume de Dieu est arrivé ! Pour Paul, la mission aux païens est l’expression formelle de son Évangile.
Sanders remarque que le point d’entrée dans l’Évangile paulinien réside dans le fait que Jésus Christ est le médiateur du salut et que la mission de Paul consiste à annoncer cet événement aux Gentils : les païens sont appelés à la filiation adoptive exactement comme Paul est appelé à être apôtre. Dans la même perspective, Lyons affirme que Paul parle de lui-même pour donner un exemple aux païens. À la différence de bien des exégètes (entre autres Schweitzer, Käsemann, Bornkamm, Betz, Becker), pour qui Paul ne parle de lui-même que dans des contextes polémiques et apologétiques, il assure qu’on peut identifier un véritable récit autobiographique paulinien lié à son activité d’apôtre et à sa « philosophie », à savoir l’Évangile. Dans une comparaison avec la littérature grecque de son époque, le même auteur remarque : « La présentation que fait Paul de lui-même en tant que représentant idéal de l’Évangile est comparable à la revendication du philosophe d’incarner sa philosophie (…). Paul présente sa propre vie comme paradigme de l’Évangile de liberté chrétienne qu’il voudrait voir affirmée par ses lecteurs ». Cela permettrait de comprendre comment les nombreux traits autobiographiques des lettres de Paul sont fortement liés à sa vocation et à l’Évangile qu’il proclame et sous l’autorité duquel il vit.
Malgré son identité d’apôtre des Gentils, Paul est toujours concerné par la totalité de l’humanité, Juifs et Gentils : « Ce n’est pas sans raison que le mot ‘tout’, avec sa prétention à la totalité, est si caractéristique chez Paul ». Car il veut que tous soient sauvés en Jésus Christ.
Concluons. Tous admettent aujourd’hui que pour comprendre Paul, les lettres pauliniennes sont premières, comme J. Knox l’a le premier souligné : « Un événement auquel il n’est fait qu’allusion dans ses lettres, a un statut qui ne peut être conféré à la déclaration la plus univoque dans les Actes, si celle-ci ne peut être vérifiée par ailleurs ». Et depuis Baur, la plupart des exégètes sont d’accord sur ce point. Mais en même temps, ils n’arrivent pas à dissocier Paul de son portrait lucanien. Tel Lohfink, qui affirme : « Il va sans dire que pour ce qui est de la vie de l’Apôtre le témoignage des épîtres pauliniennes est plus sûr que celui du Livre des Actes », et qui reste pourtant dépendant du récit lucanien. Ce besoin d’utiliser les Actes se comprend, car il vient de ce que Paul n’a jamais raconté sa vie de façon systématique. C’est seulement grâce à Luc que nous pouvons dire qu’il est né à Tarse, se nommait Saul, fut formé à Jérusalem, chez Gamaliel, dans la pratique stricte du judaïsme, se convertit sur la route de Damas, etc. Par ailleurs, le problème de sa ‘conversion’ et de sa vie avant ce tournant restent énigmatiques. « Paul ne dépeint jamais son expérience de Damas pour relater un événement qu’il a vécu, mais il en parle en fonction de ce qui en a résulté et continue de valoir pour lui ».

Stop !

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 14 févr.24, 02:15

Message par Stop ! »

JLG a écrit : 07 janv.24, 05:09 ....
... C’est dans ces Lettres que s’affirme la personnalité de Paul, son attachement au Christ, le sens de sa mission et de la vie chrétienne dans des formules souvent inoubliables...
Une formule que j'aime tout particulièrement (1CO 11;16) TOB :

« Et si quelqu'un se paît à contester, nous n'avons pas cette habitude et les Églises de Dieu non plus. »

« Et ne discutez pas, ça ne servirait à rien ! »

JLG

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 16 févr.24, 07:39

Message par JLG »

- Je ne savais pas que le français était si difficile à comprendre!
- Voilà quelqu'un qui fait une affirmation sans savoir de quoi il parle!
- Cette page a été créée spécialement pour répondre à quelqu'un qui a fait une affirmation!
- En plus, j'ai choisi des réponses de spécialistes de la question!
- La même personne a fait une autre affirmation à laquelle j'ai répondu en citant Luc!
- Difficile de faire plus clair!
- C'est trop fort!
- Probablement la roulette russe!
- La pire page pour une telle affirmation!
- Personnellement, je n'ai jamais joué à la roulette russe!
- Aucun intérêt!

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Re: LES ACTES DES APOTRES ET LES LETTRES DE PAUL

Ecrit le 22 févr.24, 11:02

Message par JLG »

2 – Les autres sources juives contemporaines
Pour comprendre Paul, il faut connaître le monde juif de son époque, qui, comme nous l’avons déjà dit, n’a pas été pris en compte ni compris, jusque tout récemment. À chaque génération, le judaïsme a plutôt été, pour les lecteurs de Paul, un point de projection et l’objet de nombreux préjugés. Dans son Paul and Palestinian Judaism, Sanders montre combien ces lectures sont marquées par leurs soucis théologiques, spécialement, les lectures luthérienne et existentielle (celle de Barth et Bultmann). De la même manière, comme le signalent Dunn et Becker, la lecture de certains exégètes contemporains est profondément marquée par l’Holocauste.
Un des problèmes les plus ardus qu’affronte l’exégèse néotestamentaire et paulinienne en particulier, on l’a dit plus haut, est de faire un portrait précis de la religion juive, qui était celle de Saul avant sa rencontre avec le Christ. Dans ses lettres, on sent bien que l’appel de Dieu a changé la compréhension qu’il avait du salut, mais il reste dans une forte continuité avec son identité juive. Bien entendu, une conversion comme celle que décrit Luc, suppose l’existence d’une religion chrétienne à laquelle Paul pouvait se convertir. Mais les exégètes ont abandonné l’idée d’après laquelle judaïsme et christianisme se seraient séparés avant l’année 70. En revanche à l’époque de Paul, « le judaïsme et le christianisme n’étaient pas deux religions séparées. En réalité, Paul a changé de courant mais en restant dans le judaïsme, remplaçant un judaïsme pharisien par un judaïsme chrétien ».
Pour qui veut connaître le monde de Paul, le problème majeur est la rareté des sources écrites venant du premier siècle. Si l’on fait exception de Philon, Flavius Josèphe, Qumran et quelques écrits paratestamentaires, les sources existantes sont difficiles à dater et encore plus difficiles à utiliser. Longtemps, le monde de Paul fut compris dans la perspective des sources postérieures, rabbiniques et ecclésiales, à la lecture desquelles on a l’impression que les groupes existants étaient des entités déjà formées (le judaïsme et le christianisme) et les formations respectives, presque dichotomiques (l’hellénisme et le judaïsme palestinien). On admet aujourd’hui que le monde juif contemporain de Paul était bien plus complexe.
Nous avons dit que, pour comprendre ce monde, le Nouveau Testament doit être notre première source. Mais y en a-t-il d’autres ? Pour essayer de comprendre le contexte dans lequel Saul est devenu Paul, Sanders a fait un résumé assez complet des sources juives du judaïsme de l’époque de Paul. Il constate que « probablement, nous n’avons aucune littérature sadducéenne et presque pas de littérature pharisienne sauf quelques fragments dans le matériau rabbinique ». Dans ses recherches, il examine trois types de sources : a) les sources tannaïtiques (Michna et Tosefta) ; b) la littérature de la Mer Morte ; c) la littérature inter-testamentaire. Après son analyse, il constate qu’un regard objectif sur le judaïsme est possible à condition de prendre en compte les trois types de source. Selon lui, le judaïsme de cette époque est un covenantal nomism, et c’est « en maintenant le cadre fondamental du ‘covenental nomism’, [que] le don et l’exigence de Dieu ont été équilibrés. La Loi a été observée jusque dans ses détails sur la base des grands principes de la religion et en raison d’un engagement envers Dieu. Cela a suscité une attitude d’humilité devant Celui qui a choisi Israël et qui le sauvera ».
Dunn montre également que l’analyse critique des sources juives contribue à la compréhension du monde de Paul et le situe dans son propre background. « Il est maintenant clair que le judaïsme du second Temple était constitué de plusieurs groupes divers et fragmentés. Ils partageaient tous un héritage commun (…), mais ils ont exprimé cet héritage de façon variée ». La découverte des manuscrits de la Mer Morte confirme cette diversité. La prise de conscience de l’importance de la littérature paratestamentaire et l’histoire du canon des Écritures comblent beaucoup de lacunes dans notre compréhension de cette époque, et l’étude critique des sources tannaïtiques aide à une certaine reconstruction du monde de Paul.
Une des sources les plus utilisées pour comprendre le monde juif du premier siècle est constituée par les écrits de Flavius Josèphe. La taxinomie du judaïsme du premier siècle établie par Josèphe pour différencier les sadducéens, les pharisiens, les esséniens et les zélotes, est reprise par tous. Elle est aujourd’hui contestée par une connaissance plus approfondie de la littérature de cette époque. Cette taxinomie donne l’impression qu’il existait quatre courants bien distincts dans un monde juif-palestinien peu hellénisé, ce qui fut mis en doute par M. Hengel : « Une présupposition fondamentale dans la recherche historique sur le Nouveau Testament fut la différenciation entre le ‘judaïsme’ d’un côté et l’ ‘hellénisme’ de l’autre. On fait des distinctions entre l’‘apocalypse juive’ et le ‘mysticisme hellénistique’, entre la ‘tradition juive rabbinique’ et le ‘gnosticisme hellénistique oriental’, entre le judaïsme ‘palestinien’ et le judaïsme ‘hellénistique’(…). Ces distinctions, parfois nécessaires, ignorent un peu trop le fait qu’à l’époque de Jésus, la Palestine était déjà sous domination hellénistique depuis presque 360 ans ». Hengel montre combien le judaïsme qui a précédé Jésus et Paul était un judaïsme déjà hellénisé.

Ajouté 50 secondes après :
Paul pense, parle et écrit en grec. « La langue grecque de Paul est exempte de lourdeurs sémitiques et n’a donc sans doute pas été apprise tardivement comme une langue étrangère ». Fitzmyer va dans le même sens : « son utilisation de la langue grecque montre non seulement une bonne formation hellénistique et une certaine dépendance par rapport aux philosophes et rhétoriciens populaires de son époque, mais également sa formation juive (…) Son écriture n’est pas saturée de sémitismes (araméens ou hébraïques) ». Au demeurant, il n’y a pas de preuve dans les lettres, qu’il ait parlé l’hébreu ou même l’araméen. Paul, Josèphe, Philon et leurs contemporains sont aussi Juifs qu’hellénistes, et le judaïsme de leur milieu est un judaïsme hellénisé. L’enjeu ne porte pas simplement sur la question de l’identité juive ou grecque de Paul. Si le judaïsme de Paul fut déjà hellénisé, ne faut-il pas aujourd’hui repenser les thèses sur ‘l’hellénisation’ du christianisme ? Nous sommes tentés d’insister sur une rupture entre une racine juive du christianisme et un développement helléniste postérieur. Déjà O. Cullman, dans une critique de la thèse de J. Daniélou sur cette ‘hellénisation’, montre bien qu’avec la reconnaissance des judaïsmes variés, l’hellénisme comme le judaïsme sont déjà présents chez les premiers disciples de Jésus bien avant Paul : « Le judaïsme palestinien renferme en même temps des éléments marqués par un certain syncrétisme hellénistique, et il ne faut pas croire que les membres de la première communauté chrétienne se soient recrutés uniquement parmi les tenants d’un seul courant de ce judaïsme si varié ».
Le judaïsme du premier siècle fut également très soucieux de l’universalité de son message. Le monde juif du temps de Paul s’avère fort complexe, non seulement à cause de la multiplicité des sectes et des confessions juives, mais aussi parce que beaucoup de païens étaient attirés par le judaïsme et encouragés par des missionnaires juifs. Ceux-ci ont contribué à étendre l’appartenance au judaïsme, depuis les convertis complets (circoncis), qui pratiquaient toute la Loi, jusqu’aux sympathisants qui fréquentaient parfois le Temple ou les synagogues. J. Neusner parle d’une activité « missionnaire » du judaïsme bien avant l’ère chrétienne, et il montre son utilisation politique par les Hasmonéens en Galilée même. Ainsi, la circoncision était déjà, à l’époque de Paul, un problème discuté dans le judaïsme. Flavius Josèphe cite le problème de la conversion de la famille royale des Adabènes. Également, l’insistance chez Philon sur les lois rituelles, spécialement sur celles relatives à la circoncision, montre que cette question a été posée au temps de Paul par d’autres Juifs. Bref, l’action missionnaire et universaliste du judaïsme est souvent oubliée. On a trop longtemps opposé le faux portrait d’un judaïsme enfermé et particulariste à l’universalité chrétienne. En fait, il y avait une mission juive active et résolue à convaincre les païens sinon de la religion juive du moins de la vérité monothéiste. J. Fitzmyer mentionne une expulsion des Juifs de Rome en 139 avant notre ère à cause de leurs activités missionnaires : une accusation est mentionnée dans les écrits de Cicéron. De son côté, H. Räisänen soutient que 1Th 2,14-16, où Paul critique fortement les Juifs, s’explique par une compétition entre missionnaires juifs et chrétiens auprès des païens. Selon A. Segal, une théologie chrétienne de la mission pourrait trouver ses racines dans une théologie missionnaire juive.
La littérature juive en langue grecque — la Septante, les apocryphes et la littérature exégétique et philosophique du judaïsme hellénistique — est indiscutablement la source la plus importante pour comprendre Paul et les lettres pauliniennes. Autrefois, on a essayé de montrer que Paul était enraciné dans un judaïsme « rabbinique » de langue araméenne et/ou hébraïque. On s’appuyait sur Luc qui présente Paul comme l’élève de Gamaliel. Selon certains exégètes protestants du XVIIIe siècle, Paul a utilisé l’Ancien Testament en hébreu. W. Whiston, par exemple, a soutenu que les citations de Paul sont tirées du texte hébraïque original et que les différences, parfois frappantes, entre les citations de Paul et le texte massorétique sont le résultat de la corruption de ce texte original par les rabbins postérieurs. Après les découvertes de Qumran et d’autres manuscrits de l’époque, cette thèse a été finalement abandonnée. Aujourd’hui, on peut affirmer que Paul a utilisé seulement des versions grecques de l’Ancien Testament. C. Stanley montre que parmi les 83 citations explicites qu’on rencontre dans les lettres pauliniennes authentiques (45 dans Rm, 13 dans 1Co, 7 dans 2Co, et 9 dans Ga), cinq seulement divergent de la Septante : « L’utilisation par Paul de la Septante (…) n’est d’aucune manière une concession à l’ignorance de son auditoire de langue grecque. Elle montre plutôt sa manière d’étudier la version grecque courante de son époque ». Il y avait probablement déjà à l’époque de Paul des versions grecques corrigées, plus proches de la version hébraïque (préfigurant les versions plus tardives du IIe siècle, d’Aquila par exemple), ce qui explique les divergences des citations de Paul par rapport à la Septante.
Cette utilisation exclusive des versions grecques se retrouve chez d’autres contemporains juifs de Paul, comme le montre une comparaison avec les écrits de Josèphe et de Philon. L’Ancien Testament dans sa version grecque joue un rôle essentiel dans le passage du judaïsme biblique au christianisme. « La théologie et la foi de ce judaïsme à la fois hellénisé et authentiquement juif, aurait été une préparation à l’Évangile. La Septante aurait été l’étape déterminante qui aurait rendu possible ou, tout au moins, facilité l’expression et la diffusion du christianisme ». La Septante révèle déjà des influences de la pensée grecque dans la traduction des termes hébraïques. Une langue est en effet inséparable d’une pensée : le judaïsme exprimé en langue grecque témoigne d’une pensée déjà hellénisée.
Pour J. Murphy-O’Connor, Paul n’était pas seulement à l’aise avec la langue grecque. Il avait également lu les écrits de Philon, un personnage bien connu dans les synagogues de la Diaspora ; il aurait ainsi assez bien connu « la tradition du judaïsme hellénistique dont Philon, contemporain de Paul, a été la figure majeure. L’influence de cette tradition sur sa pensée apparaît dans les parallèles entres ses lettres et l’œuvre du philosophe juif malgré leurs personnalités diverses et la différence dans leurs soucis ». La littérature philosophique du judaïsme hellénistique a-t-elle eu une influence sur Paul ? Ce point est très discuté. Une des seules citations philosophiques du Nouveau Testament est attribuée à Paul, dans son discours aux philosophes d’Athènes (Ac 17,28). Mais ce discours est une création littéraire de Luc, qui montre ainsi la connaissance qu’il a de ces philosophes. Les exégètes reconnaissent que Paul ne porte aucune appréciation et ne fait preuve d’aucune connaissance explicite de la philosophie. En cela, il se distingue fortement de son contemporain Philon qui est aussi Juif que platonicien. Naturellement, la pensée de Paul est imprégnée par certains concepts issus de la philosophie de son temps. Bornkamm relève des influences stoïciennes dans la pensée paulinienne sous une forme bien vulgarisée. Selon lui, Paul maîtrise « les artifices de la rhétorique antique et des formes didactiques ». A. Malherbe pense que les Cyniques ont eu leur influence sur la manière dont Paul voit sa mission. Lyons montre que l’autobiographie chez Paul adopte les normes de la littérature gréco-romaine, même si ses idéaux « donnent une expression distincte de ses engagements théologiques chrétiens ». En règle générale, les lettres pauliniennes sont toutes construites selon les normes en vigueur dans l’Antiquité. Comme ses contemporains, l’apôtre a eu évidemment une connaissance du stoïcisme et du platonisme populaires.
La compréhension que les exégètes ont de ce background culturel est souvent marquée par le souci de montrer la nouveauté de la pensée Paul après sa conversion, par rapport à sa religion juive et à sa propre culture grecque. Selon Sanders, l’idée d’un judaïsme stérile et sec à l’époque de Paul, formulée par certains exégètes chrétiens, vient de la Réforme. Elle serait une pure projection : « ce que nous avons est la projection du débat protestant-catholique sur l’histoire ancienne, où le judaïsme prend le rôle du catholicisme et le christianisme prend le rôle du luthéranisme ». Pour ces exégètes, la rupture avec le judaïsme que Paul annonce, accentue la nature légaliste du judaïsme : ils opposent le judaïsme au christianisme, mais une telle antithèse est leur création, comme l’a montré Sanders. Pour la Réforme, Paul articule sa prédication à partir d’une théologie de l’accomplissement. Dans cette perspective, « le judaïsme ne possédait aucun moyen d’accès au Dieu lointain en dehors de l’obéissance à la Torah, moyen manifestement insuffisant et inadéquat. Cette situation mène, d’un côté, à une religion d’angoisse (est-il possible de faire suffisamment pour gagner la faveur de ce Dieu ?), ou de l’autre, à l’arrogante confiance-en-soi (pour ceux qui sont capables !) ». La religion juive est ainsi perçue comme une dégénérescence de la religion biblique exprimée chez les prophètes : « L’idée ancienne et noble d’une alliance offerte par la grâce de Dieu et d’une obéissance comme conséquence de ce don gracieux, a dégénéré en l’idée d’un légalisme de petits détails suivant lequel on devrait gagner la miséricorde de Dieu par l’observance d’ordonnances inessentielles ». Cette lecture trahit le besoin théologique qu’ont eu les exégètes chrétiens de définir le judaïsme comme une religion du passé, incomplète, trouvant dans l’annonce chrétienne son accomplissement dans la nouveauté.

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Ce même besoin théologique se manifeste dans l’appréciation de la culture grecque de Paul : « Paul garde sa liberté de pensée. Il ne se laisse pas dominer par une philosophie et utilise les méthodes d’enseignement propres à l’hellénisme ou à la synagogue (…) La lecture de ses écrits est rendue difficile par la multiplicité des procédures auxquelles il fait appel et peut nous induire en erreur si nous lisons ces textes en y trouvant, en arrière plan, des idées philosophiques que les termes pourraient suggérer, alors qu’ils en sont entièrement détachés ». Cela même expliquerait pourquoi Paul forge « des termes jamais ou rarement utilisés jusque-là » et invente « des expressions pour dire l’Évangile ». D’autres ont été même jusqu’à dire que « paulinisme et pensée grecque n’ont rien en commun, absolument rien. Leur rapport n’est même pas un rapport d’indifférence. Ils sont opposés l’un à l’autre » . On définit ainsi le Juif par opposition au grec. Pour montrer que Paul était totalement Juif, on met ainsi en avant que les écrits rabbiniques et apocalyptiques sont « les seuls antécédents de la doctrine paulinienne ». De plus, ils notent de prétendus hébraïsmes et aramaïsmes dans la langue de Paul. Une telle opinion a longtemps été un dogme en certaines écoles exégétiques, comme le note Hugedé : « L’opinion que l’apôtre était un rabbin tout à fait étranger à la culture grecque et converti au christianisme, était établie comme une tradition et rien n’est plus difficile à renverser qu’une tradition, même sans fondement ». Le même auteur ajoute : « il faut se méfier des intentions louables mais partisanes de toute une partie de l’opinion théologique qui réduit au minimum la part de la culture profane de Paul, dans le souci de préserver la pureté originelle du christianisme et de garder aux Écritures leur caractère d’inspiration divine. Il n’y a pas péril, semble-t-il, à reconnaître que l’apôtre des Gentils fut sa vie entière en contact avec la culture grecque, et qu’il en tira le meilleur parti pour rendre son message plus accessible au monde hellénisé ».
Il faut reconnaître que le souci de montrer que la figure et la pensée de Paul sont totalement nouveaux, vient plus d’un souci théologique que de l’analyse. Que Paul soit bien hellénisé ne va pas contre son identité juive. Le fait qu’il utilise la Septante, que son grec soit celui de la koinè d’alors, le situe seulement dans la catégorie des Juifs cultivés de la Diaspora. Mais c’est sans doute par un recours aux études socio-historiques qu’on peut approfondir notre connaissance du monde de Paul. Certes, les théologiens restent souvent soupçonneux devant l’application des études socio-historiques à l’Église primitive et à Paul en particulier, car elles peuvent être réductionnistes. Leur utilisation critique se révèle pourtant très utile, pour ne pas dire nécessaire, si l’on veut lire Paul dans son contexte religieux, social et humain. Et les paramètres proposés, tels ceux de W. Meeks, ont leur importance, car ils aident à saisir le passage d’un Jésus « provincial », originaire d’un village de Galilée comme ses apôtres, à un Paul originaire de la ville . La rupture ne se situe pas ici entre judaïsme et hellénisme (ou judaïsme et christianisme), mais entre le judaïsme de Galilée et le judaïsme des villes gréco-romaines de l’Empire, comme Tarse, Jérusalem, Antioche ou Alexandrie.
En bref, Paul est le représentant d’un monde où le judaïsme est totalement imprégné par l’hellénisme. Ses contemporains sont Josèphe et Philon, et non les rabbins, qui ont vécu bien après et ont rejeté la culture grecque. En sa personne, le christianisme se montre l’héritier d’un monde judéo-hellénistique, avec sa Bible, la Septante, avec sa langue, le grec, et avec son souci pour la diffusion universelle du message divin. À cet égard, l’élan de Paul vers les Nations, dont il sera l’apôtre, confirme largement ces données.

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