a écrit :Un exemple:
Rév 20:1-3 décrit ce qui se passe pendant les 1000 ans pour Satan et se focalise sur lui, alors qu'à partir du verset 4 Jean revient au début des 1000 ans, ou juste avant, pour se focaliser cette fois ci sur la résurrection des saints.
Nous avons bien 2 visions qui se déroulent en même temps avec un départ au même moment.
Une imagination débordante et une lecture tendancieuse du texte trahissent la pensée des auteurs bibliques.
Lorsque nous lisons les chapitres 20 et 21 de l'Apocalypse, il faut noter :
1) Il y a des incohérences dans le texte: Apocalypse 20 est d'abord une vision décrite et racontée principalement
au passé, malgré
quelques échappées au présent et au futur -- vision au passé dans la suite formelle du chapitre 19, malgré une rupture logico-narrative majeure (d'un massacre universel à un monde qui continue, comme si de rien n'était ou presque); mais à partir du
v. 6b c'est soudain le futur qui domine, de sorte qu'on n'a plus l'impression d'être dans une "vision" mais dans une "prophétie", sans trop savoir qui parle: Jean, Jésus, un ange interprète, en fait le locuteur disparaît, le discours prédictif se supporte tout seul. Et
au v. 9 on revient tout à coup au passé conventionnel de la "vision", qui va se poursuivre dans la section suivante (la résurrection des morts et le jugement dernier, c'est encore une "vision"). Il ne s'agit évidemment pas de surinterpréter ce genre de détail, qui ne détonne pas avec la langue, la syntaxe et le style exceptionnellement "
barbares" de l'Apocalypse, mais il faut quand même tenir compte de ces accrocs pour ne pas transformer trop vite le texte en "scénario" eschatologique cohérent; bien que ce soit précisément un des chapitres qui se prêtent le mieux à la "
scénarisation", avec une séquence d'"événements" apparemment limpide.
2) Malgré une une rupture majeure entre les chapitres 20 et 21, la rédaction s'efforce de ménager la transition comme elle peut, notamment par le motif de la disparition des cieux et de la terre en 20,11, qui prépare l'apparition du nouveau ciel et de la nouvelle terre en 21,1: la résurrection et le jugement des morts se situent donc hors-lieu et hors-monde, à la lettre entre deux mondes, mais cela marque aussi une rupture nette entre les deux mondes, une "solution de continuité" comme on dit, qui
interdit tout passage direct d'un monde à l'autre.
En tant que monde, "ciel et terre", le
monde nouveau du chapitre 21 ressemble forcément au
monde ancien (il s'y trouve ainsi des "humains", des "peuples", des "nations" et même des "rois", 21,3.24.26; 22,2 -- mais non les "nations" du chap. 20 ni les "rois" déjà disparus au chap. 19); cependant le texte insiste principalement sur les
différences, selon apocalypse 21,23-24, dans le monde nouveau,
il n'y a plus de nuit, plus de mer, plus de temple, plus de soleil et de lune, plus de mort, plus de malédiction ...
L'auteur donc s'efforce d'établir un ordre CHRONOLOGIQUE entre les chapitres 20 et 21 ; la disparition des cieux et de la terre en 20,11 ;
interdit tout passage direct d'un monde à l'autre.
Rappelons que les mille ans se terminent par la destruction de TOUTES les NATIONS (20,9) et non en happy-end à la sauce Watch.
Ajouté 2 heures 59 minutes 49 secondes après :
a écrit :C'est au XIIIe siècle qu'apparaissent chapitres et versets.
Il faut donc, pour comprendre les visions, oublier les coupures opérées par ces ajouts non originaux.
Il n'y a pas
PIRE METHODE pour lire le livre de l'Apocalypse, c'est le meilleur moyen de
TRAVESTIR le sens du texte, aucun théologien ne lit l'apocalypse de la sorte.
Le livre de l'Apocalypse est une compilation de textes qui pour (certains) étaient des textes autonomes, ce qui donne un texte qui est constitué de STRATES rédactionnelles et qui se caractérise par des ruptures logico-narrative majeures entre chapitres et par des incohérences dans un seul et même chapitre. C'est le constat qu'ont posé les plus grands spécialistes de l'Apocalypse.
Par exemple, il faut tenir compte d'un phénomène maintes fois avéré dans l'étude des textes anciens, à savoir que les parties les plus tardives d'un "livre" se trouvent de préférence au début et à la fin, dans ce qui forme la "couverture" ou "l'enveloppe" du "volume" (même quand il s'agit d'un volumen, c'est-à-dire un rouleau): prologues, préambules, introductions, épilogues, conclusions, sont les lieux privilégiés des
additions successives qui "
recadrent" la lecture en développant l'ouvrage (on n'en finirait pas d'énumérer les exemples "bibliques", de la Genèse à l'Apocalypse incluses). Il est toujours plus facile d'ajouter là, aux extrémités, qu'au milieu d'un texte structuré (quoique cela arrive aussi). Cela pour dire qu'expliquer le corps de l'Apocalypse par les "lettres aux Eglises" qui sont de toute évidence un ajout secondaire n'est pas forcément de très bonne méthode.
La "couverture" du livre, introduction(s) et conclusion(s) tardives correspond aux chap. 1 -3,12 / chap. 21--22.
Par exemple il y a une rupture logico-narrative majeure entre le chapitre 19 et le chapitre 20 : On passe d'un massacre universel à un monde qui continue, comme si de rien n'était ou presque, puisqu'on retrouve au chap. 20, les NATIONS totalement détruites au chap. 19.
Il y a une rupture majeure entre les chapitres 20 et 21
: les chapitres 21 et 22 forment une conclusion, ou une série de conclusions, qui a de nombreux échos dans l'introduction du livre, y compris les "lettres aux (sept) Eglises", chapitres 1--3; c'est l'effet d'"inclusion" de la "couverture" du livre dont je parlais plus haut, le début et la fin qui se répondent étant certainement postérieurs au corps du livre (4--20) qui ne s'y réfère pas.
Un autre exemple, en 22,5 le "millenium" du chapitre 20 est oublié, puisqu'il s'agit de "régner" éternellement, "pour les siècles des siècles" ; d'autre part il n'est plus question d'une catégorie particulière (comme on peut l'entendre de la "première résurrection" des "fidèles et/ou martyrs" qui "règnent", distinguée de la résurrection générale après les mille ans au chap. 20), puisqu'il s'agit de tous les "esclaves" de Dieu (22,3).
Le chapitre 20 est (presque) une anomalie, puisqu'il décrit le règne intermédiaire (de mille ans) du Messie sur la terre mais qui n'est pas encore le règne éternel de Dieu sur un monde nouveau (22,5).
Il convient d’observer que dans le chapitre20, les mille ans sont d’une nature très comparable à celle de la "
période finale" : on y voit déjà s’exercer le jugement dont le cours reprendra après l’élimination définitive de Satan et, dans les deux cas, le verdict semble avoir la même portée eschatologique puisqu’il concerne la vie éternelle ou la perdition.
Conclusion : L'Apocalypse est la combinaison de
sources hétérogènes.
Ajouté 17 heures 48 minutes 31 secondes après :
a écrit :C'est l'erreur commise par ceux qui pensent que tous les humains sont morts à la fin du chapitre 19 alors même qu'au verset suivant, en Rév 20:1, nous apprenons que Dieu organise la protection des humains (nations) survivants.
Encore un exemple concret et caractéristique d'une lecture qui fait dire au texte ce qu'il ne dit pas.
Il est préférable de lire attentivement les textes, de se focaliser sur les termes que l'auteur emploie pour comprend le sens des visions de l'Apocalypse.
Lisons
Apocalypse 19,17-18 :
"
Je vis un ange debout dans le soleil. Il cria à tous les oiseaux qui volaient au milieu du ciel : Venez, rassemblez-vous pour le grand dîner de Dieu, afin de manger les chairs des rois, les chairs des chefs militaires, les chairs des puissants, les chairs des chevaux et de ceux qui les montent, les chairs de tous, hommes libres et esclaves, petits et grands" (19,17-18).
Une lecture respectueuse du texte et sans à priori doctrinal, nous amène à comprendre que l'auteur décrit une destruction UNIVERSELLE, puisqu'il indique que "
la chair de TOUS" fera l'objet de cette destruction (on ne peut pas être plus clair et explicite) et pour mieux souligner cet aspect "généralisé" de la destruction, l'auteur soin de citer TOUTES les catégories de la société humaine, personne n'échappe à cette destruction :
les rois, les chefs militaires, les puissants, les hommes libres et esclaves, petits et grands. PERSONNE n'échappe à cette destruction et d'ailleurs l'auteur ne mentionne pas de survivants ou des rescapés.
Le texte est clair et limpide, il ne présente aucune difficulté de compréhension, SAUF pour une personne qui croit absolument que suite à cette destruction, une nouvelle société humaine vivra sur une terre transformée en paradis, or le texte ne fournit AUCUNE indication allant dans ce sens, c'est une PURE INVENTION.
a écrit : C'est la même erreur commise par ceux qui pensent à nouveau, décidemment, que toutes les nations disparaissent encore aux versets 8 et 9 de Rév 20 puisque nous trouvons toujours des nations, bien vivantes et bénies en Rév 22:1-2.
Lorsque nous lisons un texte, il ne faut pas prendre ses désirs pour la réalité scripturaire mais lire le texte pour lui-même, pour ce qu'il dit, AVANT, même, de le comparer à d'autres textes. Il faut se poser une simple question :
QUE DIT LE TEXTE !
Lisons
Apocalypse 20,7-9 :
"
Quand les mille ans seront achevés, le Satan sera relâché de sa prison, et il sortira pour égarer les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre. Leur nombre est comme le sable de la mer. Ils montèrent sur toute la surface de la terre et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora" (20,7-9).
Ce texte indique que
LES NATIONS (article défini qui souligne qu'il est question de toutes les nations) en précisant "
qui sont aux quatre coins de la terre" (ce qui montre que toutes les nations sont concernées) seront dévorées par le feu. Le texte ne dit pas qu'il y aurait des survivants ou des rescapées de cette destruction (aucune mention de ce type), PIRE, (20,11) décrit la DISPARITION de la terre et du ciel, ce qui prépare l'apparition du nouveau ciel et de la nouvelle terre en (21,1).
Donc,
la résurrection et le jugement des morts se situent donc hors-lieu et hors-monde, à la lettre
entre deux mondes.
En tant que monde, "ciel et terre", le monde nouveau du chapitre 21 ressemble forcément au monde ancien (il s'y trouve ainsi des "humains", des "peuples", des "nations" et même des "rois", 21,3.24.26; 22,2 -- mais non les "nations" du chap. 20 - déjà détruits - ni les "rois" déjà disparus au chap. 19), on pourrait déduire, sans beaucoup d'imagination, que les "habitants" du "monde nouveau" sont tout simplement ceux dont les noms étaient écrits dans le livre de vie du chapitre 20, mais le texte même ne présente pas les choses ainsi. Le "monde nouveau" paraît absolument dépourvu de traits "personnels", les humains, les peuples, les nations et les rois sont sans visage, les fils d'Israël ou les apôtres y deviennent des noms gravés sur les portes ou les fondations de la nouvelle Jérusalem, comme dans l'introduction le "vainqueur" devenait colonne dans le temple (3,12).
Conclusion : Il y a une une rupture majeure entre les chapitres 20 et 21: les chapitres 21 et 22. Remarquons également que la venue de la nouvelle création est donc subordonnée à une disparition totale de l’ancienne.
a écrit :Or il n'y a absolument aucune rupture et aucune incohérence quand on met tout dans le bon ordre que voici :
le mariage de l'Agneau a d'abord lieu et pour se faire, sa future femme descend du ciel habillée en mariée. C'est la nouvelle Jérusalem.
Les RUPTURES LOGICO-NARRATIVES sautent aux yeux de n'importe lecteur qui lit le texte pour ce qu'il dit, sans scénario préétabli et sans doctrine tendancieuse qui constitue un PRISME déformant.
QUE DIT LE TEXTE ???, voilà question qui nous préoccupe, sans chercher à harmoniser les différents chapitres.
Lisons
Apocalypse 21,2 :
"
Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, prête comme une mariée qui s'est parée pour son mari" (21,2).
Lisons
Apocalypse 19,7 :
"
Réjouissons-nous, soyons transportés d'allégresse et donnons-lui gloire, car les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée" (19,7).
Observons le décalage entre ces deux textes, le chapitre 19 décrit indique que "
les noces de l'agneau sont venues" AVANT la destruction de l'ancien monde et le chapitre 21, décrit
la Jérusalem nouvelle comme une mariée qui s'est parée pour son mari , s'i elle parée comme une mariée, c'est qu'elle va se marier.
a écrit :Comme vous le constatez, je n'ai pas à invoquer la moindre incohérence et la moindre rupture, tout est chronologique et vérifiable.
Vous procédez à une HARMONISATION des chapitres avec un scénario made in Watch qui TRAHIT les descriptions de chaque chapitre et qui ne reflète aucun des scénarios de l'Apocalypse : UNE PURE INVENTION.
Le texte ne précise JAMAIS qu'il est question de la terre "
symbolique" en (20,11), c'est encore faire dire au texte ce qu'il ne dit pas.
Ajouté 5 heures 10 minutes 45 secondes après :
a écrit :Mettez vous à sa place : on vous propose un film qui raconte la fin du monde. Evidemment c'est pour plus tard, c'est comme une vision. Vous allez raconter à vos amis l'histoire. Si dans votre narration vous dites : " le méchant à appuyé sur le bouton nucléaire ", cela va t'il étonner vos amis alors que le film parle de l'avenir ?
Une analyse qui s'appuie sur des exemples "bidons" et non sur le texte, n'a aucune valeur.
Le commentaire ci-dessus me permet de faire remarquer une chose importante concernant un terme de l'Apocalypse "bientôt" :
"
Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves ce qui doit arriver bientôt ; il l'a signifiée en envoyant son ange à son esclave Jean, qui a témoigné de tout ce qu'il a vu : la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ. Heureux celui qui lit à haute voix les paroles de la prophétie, comme ceux qui les entendent et qui gardent ce qui y est écrit ! Car le temps est proche" (
Ap 1,1-3).
Le "bientôt" qui ponctue l'Apocalypse de Jean soit à entendre dans un sens strict, c'est tout à fait évident si on la compare aux textes dont elle s'inspire, en particulier Daniel. La mise en scène de Daniel implique un prophète de l'époque néo-babylonienne recevant un message pour un futur lointain (l'époque hellénistique, en gros quatre siècles plus tard, un peu plus dans l'imagination de l'auteur, voir les 70 semaines). Du coup il ne peut pas comprendre ce qu'il écrit, et ordre lui est donné de SCELLER le livre jusqu'au "temps de la fin" (Daniel 12,9) où seulement il deviendra compréhensible. Ce modèle est expressément INVERSÉ par l'Apocalypse de Jean, où ordre est donné au visionnaire de
NE PAS SCELLER le livre, "
car le temps est proche" (
22,10). Il ne s'agit évidemment pas d'un texte pour 2000 ans plus tard. (Tout aussi évidemment, il s'ensuit que la "prophétie" sur une destruction soudaine de Rome laissant place au
millenium ne s'est pas accomplie, en tout cas pas selon son sens obvie.)