pauline.px a écrit : ↑06 mai24, 05:31
mais la punition en tant qu’étape ultime ne sert aucun projet.
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Nulle créature ne peut infliger un mal éternel. Se peut-il que D.ieu, béni soit-Il, nourrisse une telle ambition ?
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Un châtiment éternel ne sert absolument à rien puisqu’il n’y a rien après.
Agiter sa menace pourrait être utile, et encore… Elle ne suscite que la crainte. Surtout pas le respect et encore moins l’amour.
Il n’est pas donné aux hommes de sonder pleinement les desseins de Dieu, a fortiori lorsque ceux-ci relèvent d’al-ghayb (ce qui est caché et n’est pas encore réalisé). Il importe donc de s’en tenir aux textes: le Coran pour le musulman et la Bible pour le chrétien, où cette éternité est évoquée en des termes clairs, c'est plus prudent.
Si l’on y réfléchit objectivement –et non naïvement et émotionnellement– on se rendra compte qu’il est des âmes dont la seule fin possible est l’éloignement de Dieu. Ceci pour la raison que, si elles étaient soumises de nouveau, après leur mort, aux mêmes conditions décrétées par Dieu –c.-à-d. leur donner de choisir, au cours d’autres vies terrestres, la la foi et la soumission à Lui, de leur plein gré, sans qu’il interfère directement– elles choisiront inéluctablement la désobéissance et le rejet. Si elles étaient ramenées à un état où les promesses divines, particulièrement la menace de l’enfer, n’ont pas encore été réalisées, elles railleront assurément la foi et s’enfleront d’orgueil. Leur libre volonté les conduira toujours au rejet de Dieu, lorsqu’exercée dans un monde où ce Ghayb (en l’occurrence le paradis et l’enfer) n’est pas encore manifesté. D’où le fait qu’il n’y a pas de retour possible en arrière une fois morte. Il est ce genre d’âmes infiniment obstinées si vous ne le saviez pas. Le Coran mentionne quelques exemples, dont 6:28:
"Or, même s’ils étaient ramenés, ils referaient encore tout ce qu’on leur avait interdit, car ils ne sont, en réalité, que de fieffés menteurs. Ne disaient-ils pas: « Il n’est pour nous d’autre vie que celle d’ici-bas, et nous ne serons jamais ressuscités...» "
La réalité confirme cela: même dans la famille la plus croyante qui soit, il peut naitre l’âme la plus rebelle du monde, qui pense qu’un Créateur absolu ce n’est rien d’autre que foutaise et sornettes. La croyance chrétienne enseigne déjà cela, avec l’exemple du Diable. Celui-ci vivait parmi les anges avant de devenir la pire abomination qui soi. Les âmes damnées lui sont semblables à certains égards: elles sont portées aux apparences, à l’orgueil, à l'instant présent, la domination, et ne veulent point, au fond d’elle, d’un Seigneur.
Pour le reste, votre conception des choses me paraît éloignée de celle du christianisme orthodoxe. Car de l'avis de la majorité des théologiens appartenant à cette branche, l’enfer est éternel pour ceux qui choisissent de rejeter Dieu. Il ne consiste peut-être pas toujours en un supplice physique, mais il y aura bel et bien une séparation éternelle avec Dieu et une souffrance. Vous pouvez parcourir ce que disent des sommités comme Jean Chrysostome (œuvres disponibles sur Wikisource), Grégoire Palamas, Nicodème l'Hagiorite et d’autres, sur la question.
a écrit :Certes D.ieu, béni-soit-Il, n’arrête pas le bras du méchant mais on ne s’attend pas à ce qu’Il prenne sa place.
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Il n’y aucun lieu dont Il serait absent, pourquoi abandonnerait-Il la brebis perdue dans la Géhenne de feu ?
La justice rendue selon la volonté divine n’est pas un mal. C’est Lui, Dieu, qui donne son sens à ce qui est objectivement bon ou mauvais, pas nos états d’âme. En outre, vous mettez toujours la responsabilité sur Lui et faites peu de cas de la nôtre. Comme si l’affliction qui touche le méchant n’est pas la conséquence de ses choix, mais la faute de Dieu, exalté soit-Il. Si pour vous, c’est Lui qui doit tout faire pour nous (c’est le cas dans le christianisme puisqu’il doit s’incarner et porter le châtiment à votre place), ce n’est pas le cas en islam. Il a été donné à l’homme, dans ce dernier, les charges les plus importantes à remplir, que même les cieux et les montagnes ont refusé d’assumer: la foi, la responsabilité, la connaissance de Dieu, l’adoration. Il est le représentant de Dieu sur terre il aura des comptes à rendre quant à sa liberté et ses actes.
"Nous avons offert la responsabilité (liberté de choix) aux cieux et à la terre, et aux montagnes, mais ils ont refusé de la porter, et en furent effrayés. Mais l’être humain l’accepta ; il était transgresseur, ignorant." (Sourate 33)
a écrit :Je suis réservée vis à vis de cette forme de théologie apophatique qui énumère des caractéristiques humaines car paradoxalement elle en vient à mesurer le Divin à l’aune de l’Humain au seul motif qu’il faut proscrire toute "humanisation".
Il est des choses qui ne siéent pas à Notre Seigneur, car inhérentes au monde créé, charnel et animal, comme la souffrance et la mort. C’est à juste titre si le croyant dont la
fitra n’a pas été pervertie les rejette pour son Seigneur. L’être humain peut ressentir des sensations charnelles, des angoisses, de la fatigue, de la maladie, etc., et être quand même parfait. Ceci parce que sa perfection est relative, évolutive (elle peut soit s’améliorer soit se gâter), dépendante. Cependant, ces caractéristiques ne conviennent pas au Souverain Maître de toute chose, qui transcende les formes créées et les émotions humaines. Les lui attribuer, c’est le ramener à la plus plate des platitudes, au monde végétal et animal, PURETÉ À LUI.
Sa perfection est exempte de maux humains, car absolue, constante (elle ne s’améliore pas davantage étant déjà complète), intrinsèque et non acquise, ne change pas. C'est exister imparfaitement à l'origine que d’avoir le besoin d'être, après coup, dans un état autre que celui, supposé parfait, où l'on se trouvait déjà. Quand bien même on L’exaltera et Le glorifiera, ce n’est jamais assez, car Sa gloire, Sa grandeur, Sa majesté, Sa pureté sont au-delà de nos petites qualités humaines, a fortiori de nos faiblesses. Il faut donc savoir raison garder.
Paix.