gzabirji a écrit : ↑17 juil.24, 02:38
Réfléchir à un sujet n'a rien à voir avec "choisir" une pensée ou "prévoir" une pensée.
Expérience directe : pense à une... banane.
C'est bon ?
Analysons ce qu'il vient de se produire :
1) Tu n'as pas choisi ce "sujet banane" puisque c'est moi qui te l'ai proposé.
2) Tu n'as pas choisi non plus l'aspect de la banane qui est apparue dans ton esprit, ni sa position, ni son angle de vue, ni le décor dans lequel elle s'est inscrite. Ça s'est fait "tout seul".
3) Ton cerveau a simplement reconstruit une image quelconque de banane en fonction des souvenirs qu'il en a, des souvenirs sur lesquels tu n'as absolument aucun contrôle, et il n'aurait pas pu le faire si tu n'avais jamais vu une banane de toute ta vie.
4) Si nous avions fait cette petite expérience hier, ou bien demain, ce n'est pas la même image de banane qui serait apparue spontanément dans ton esprit.
Encore une fois, tous ces phénomènes sont très largement documentés par les neuroscientifiques et ne souffrent aucune contestation, hormis bien entendu par ceux qui sont tellement empêtrés dans leurs croyances qu'ils vont jusqu'à nier des évidences absolument incontestables.
1) eh bien non mon cher ami parce que, justement, je n'ai pas suivi ta prescription ce qui fait justement partie de ma liberté de choix.
Je suis totalement rétif aux injonctions du type "imaginez ceci" "pensez à cela".
2) Tout le monde ne fonctionne pas de la même façon et, pour ma part, il est assez rare que je visualise les choses, si je lis "banane" je sais ce que c'est, je ne m'imagine pas l'image d'une banane.
3) Justement, le cerveau cherche dans les acquis de la personne, comme tu le dis toi-même, si la personne n'a jamais vu de banane ou si elle se trompe sur ce qu'est une banane, elle ne se représentera pas exactement ce qu'il y a derrière ce mot banane.
Colette en donne un exemple amusant avec le mot "presbytère" dont Claudine s'imagine qu'il désigne un escargot jusqu'au jour où elle dit "oh le joli presbytère" à sa mère en désignant un joli escargot
Le fait que notre cerveau utilise sa base de données, qu'il y ait des automatismes n'a rien à voir avec le fait qu'on garde son libre arbitre, sa capacité de choisir.
Prenons un exemple, je décide de regarder ce qui se passe à ma gauche, l'image va se former au fond de ma rétine, cette image va être transmise, inversée avant que j'ai conscience de quoi que ce soit.
Donc, oui, le cerveau a travaillé tout seul à la construction de cette vue mais cela n'enlève rien au fait que c'est moi qui ai voulu regarder là. Je peux d'ailleurs fixer mon attention sur un point en particulier et regarder plus intensément là.
Mieux, devant quelque chose de difficile à percevoir, mon cerveau va me souffler une réponse en allant chercher ce qui est le plus approchant dans sa mémoire mais, là encore, je pourrais choisir de m'en tenir à cette conclusion ou réfléchir et contredire cette première "impression".
Ce que nous montre les neurosciences et en particulier l'imagerie cérébrale, c'est simplement que notre cerveau fonctionne alors même que nous n'en n'avons pas conscience ce qui ne veut dire en aucun cas qu'il ne s'agit pas de nous, individu car c'est notre cerveau personnel, qui se nourrit en permanence de notre vécu, nos expériences, nos choix, nos valeurs.
Pour en revenir à mon exemple, l'élève qui passe son épreuve de philo a le choix du sujet, une fois celui-ci choisi, il va chercher dans sa mémoire la matière pour construire son devoir, il va suivre des chemins qu'il a déjà emprunté lors de ses révisions, des associations d'idées, des citations etc.
Evidemment, il ne va pas avoir conscience de tout ce que fait son cerveau, des connections qui s'opèrent ce n'est pas pour autant que ce n'est pas lui qui réfléchit et travaille sur ce sujet.
Evidemment, il y a de nombreux moments où les circonstances ne nous laissent que peu ou pas de choix, par exemple celui qui est témoin d'un accident aura sa pensée logiquement mobilisée par cet évènement et ne pensera plus à se souvenir de la recette du soufflé au fromage pour le diner. Cela n'en fait pas pour autant un être dénué de libre arbitre.