XYZ a écrit : ↑30 sept.24, 10:19
Même dans le Nouveau Testament, Dieu ne se présente jamais comme étant composé de 3 entités.
C'est pour ça que je parle d'interprétations erronées
Dans la Traduction du monde nouveau, ce texte se lit ainsi : “
Au commencement la Parole était, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était un dieu. ” Certes, il n’y a pas d’article indéfini (correspondant à “ un ”) dans le texte grec original. Mais cela ne signifie pas qu’on doive s’en abstenir à la traduction, car la koinè, ou grec commun,
ne possédait pas d’article indéfini. Tout au long des Écritures grecques chrétiennes, les traducteurs sont donc obligés d’utiliser ou de ne pas utiliser l’article indéfini, selon la compréhension qu’ils ont du texte. On trouve l’article indéfini des centaines de fois dans toutes les traductions françaises des Écritures grecques ; mais la plupart ne l’utilisent pas en
Jean 1:1. Pourtant, il existe de bonnes raisons de l’utiliser dans la traduction de ce texte.
Il faut tout d’abord remarquer que le texte lui-même montre que la Parole était “
avec Dieu ”, donc qu’elle ne pouvait pas
être Dieu, c’est-à-dire le Dieu Tout-Puissant. (Voir également le v.
1:2, qui serait inutile si le v.
1:1 montrait effectivement que la Parole était Dieu.) De plus, il est significatif que le mot utilisé pour “ dieu ” (gr. :
théos) la deuxième fois qu’il apparaît dans le verset soit dépourvu de l’article défini “ le ” (gr. :
ho). À ce sujet, dans un commentaire sur
l’Évangile de Jean (chapitres 1-6), Ernst Haenchen a écrit : “ À l’époque, θεός [
théos] et ὁ θεός [
ho théos] (‘ dieu, divin ’ et ‘ le Dieu ’) ne désignaient pas la même chose. [...] En fait, pour [...] l’évangéliste, seul le Père était ὁ θεός [‘ le Dieu ’] (cf.
17:3) ; ‘ le Fils ’ lui est subordonné (cf.
14:28). Mais cela n’est que suggéré ici, parce que précisément l’accent doit être mis sur leurs relations étroites. [...] Dans le monothéisme juif et chrétien, il était tout à fait possible de parler d’êtres divins existant aux côtés et sous l’autorité de Dieu, tout en étant distincts de lui.
Phil 2:6-10 le prouve. Dans ce texte, Paul présente justement comme un être divin celui qui devint l’homme Jésus Christ [...]. Par conséquent, ici comme en
Jean 1:1, il n’est pas question d’une relation dialectique deux-en-un, mais de l’union de deux personnes distinctes. ” —
Das Johannesevangelium, Tübingen, 1980, p. 116.
Après avoir donné une traduction de
Jean 1:1c, “ et Dieu (par nature) était le Logos ”, E. Haenchen explique : “ Ici, ἦν (
[ên, était]) est simplement attributif. Le nom attribut doit donc être étudié plus attentivement : θεός [
théos] n’est pas la même chose que ὁ θεός [
ho théos] (‘ divin ’ n’est pas la même chose que ‘ Dieu ’). ” (P. 118). Donnant des précisions sur cette question, Philip Harner a fait ressortir que la construction grammaticale de Jean 1:1 implique un attribut sans article, c’est-à-dire un nom attribut sans l’article défini “ le ”, précédant le verbe, construction qui est essentiellement adjective et qui indique que “ le
logos a la nature de
théos ”. Il a ajouté : “ En
Jean 1:1 je crois que la valeur adjective de l’attribut est si évidente qu’on ne peut considérer le nom [
théos] comme défini. ” (
Journal of Biblical Literature, 1973, p. 85, 87). D’autres traducteurs, reconnaissant également que le terme grec a une valeur adjective et désigne la nature de la Parole, traduisent la phrase ainsi : “ Le Verbe était un être divin. ”
Dans diverses traductions paraissent des termes comme “ un dieu ”, “ un être divin ”, ou “ de condition divine ”. La raison en est que le mot grec θεός (
théos) est un nom attribut au singulier placé devant le verbe et non précédé de l’article défini. C’est un
théos employé sans article. Mais le Dieu avec qui la Parole (ou le Logos) était à l’origine est désigné, lui, par l’expression grecque ὁ θεός, c’est-à-dire
théos précédé de l’article défini
ho. C’est un
théos accompagné d’un article. En adjoignant un article au nom, on désigne une individualité, une personnalité, alors qu’en utilisant un nom attribut au singulier, sans article et qui précède le verbe, on indique une qualité chez la personne. Ainsi donc, en déclarant que la Parole ou Logos était “ un dieu ” ou qu’elle était “ de condition divine ”, Jean ne voulait pas dire que la Parole était le Dieu avec qui elle était. L’apôtre énonçait tout simplement telle qualité chez la Parole (ou Logos) sans l’identifier à Dieu lui-même, comme s’ils n’étaient qu’un seul et même Dieu.
Dans le texte grec il y a de nombreux exemples de ce genre, c’est-à-dire des noms attributs au singulier, employés sans article et qui précèdent le verbe ; voir
Mc 6:49 ;
11:32 ;
Jn 4:19 ;
6:70 ;
8:44 ;
9:17 ;
10:1,
13, 33 ;
12:6. À ces endroits les traducteurs mettent généralement l’article indéfini “ un ” devant le nom attribut afin de faire ressortir la qualité ou manière d’être du sujet. Puisque dans ces passages on a employé l’article indéfini devant le nom attribut, on peut tout aussi valablement employer l’article indéfini “ un ” devant le θεός sans article de
Jean 1:1, ce qui donne : “ un dieu ”. Les Saintes Écritures confirment l’exactitude de cette traduction.
Dans son article “ Qualitative Anarthrous Predicate Nouns : Mark 15:39 and John 1:1 [Valeur adjective des noms attributs employés sans article :
Marc 15:39 et
Jean 1:1] ”, publié dans
Journal of Biblical Literature (vol. 92, Philadelphia 1973, p. 85), P. Harner dit que dans des propositions comme celle de
Jn 1:1, “ le nom attribut employé sans article et qui précède le verbe a essentiellement une valeur adjective. Il indique ici que le
logos a la nature de
théos. Rien ne permet de considérer l’attribut
théos comme défini ”. À la p. 87 de son article, P. Harner tire cette conclusion : “ En
Jean 1:1 je crois que la valeur adjective de l’attribut est si évidente qu’on ne peut considérer le nom comme défini. ” Et voici ce qu’on peut lire à ce propos dans
Commentaire sur l’Évangile de Saint Jean, par F. Godet (Neuchâtel 1970, t. 2, p. 36) : “ Le mot θεός, Dieu, est employé sans article, parce qu’il a le sens d’adjectif et désigne, non la personne, mais la qualité. ”
La Bible de Jérusalem rend
Jean 1:1 ainsi : “ Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu [en grec,
ton théon] et le Verbe était Dieu [
théos]. ” Comme signalé entre crochets, le texte original contient deux formes du substantif grec
théos (dieu). La première est précédée d’une forme de l’article défini,
ton (le) ; dans ce cas,
théon désigne le Dieu Tout-Puissant. Dans le second cas, par contre,
théos est sans article. Faut-il y voir une erreur ?
Le grec koinè (ou commun), dans lequel l’Évangile de Jean a été écrit, possède ses règles propres en matière d’emploi de l’article défini. L’helléniste Archibald Robertson a expliqué que, si un sujet et son attribut sont tous deux précédés d’un article, “ ils sont définis, et à considérer comme identiques, équivalents, interchangeables ”. Et de prendre pour exemple
Matthieu 13:38 : “ Le champ [
ho agros], c’est le monde [
ho kosmos]. ” Grammaticalement, si le champ c’est le monde, le monde est aussi le champ.
Qu’en est-il lorsque seul le sujet est précédé de l’article défini, comme en
Jean 1:1 ? Prenant ce passage pour exemple, James Hewett, spécialiste de grammaire néotestamentaire, souligne que “ dans ce type de construction, sujet et attribut ne sont ni équivalents, ni égaux, ni identiques, ni rien de semblable ”.
À l’appui, l’auteur cite
1 Jean 1:5, où on lit : “ Dieu est lumière ”. “ Dieu ” traduit le grec
ho theos,
ho étant l’article défini. En revanche,
phos (“ lumière ”) n’est pas précédé de l’article. Conclusion : “ Si on peut [...] dire de Dieu qu’Il présente les qualités de la lumière, on ne peut pas toujours dire de la lumière qu’elle est Dieu. ” Dans le même registre, citons
Jean 4:24 : “ Dieu est un Esprit ” et
1 Jean 4:16 : “ Dieu est amour ”. En grec, dans ces deux occurrences, le sujet est précédé de l’article défini, ce qui n’est pas le cas des attributs “ Esprit ” et “ amour ”. Si bien que sujets et attributs ne sont pas interchangeables. En clair, ces versets ne peuvent signifier “ un Esprit est Dieu ” ou “ l’amour est Dieu ”.