a écrit :Gabriel dit à Daniel : “
Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte, afin de mettre un terme à la transgression, et de supprimer le péché, et de faire propitiation pour la faute, et d’amener la justice pour des temps indéfinis, et d’apposer un sceau sur vision et prophète, et d’oindre le Saint des Saints. Il faut que tu saches et que tu sois perspicace : depuis la sortie de la parole pour rétablir et pour rebâtir Jérusalem jusqu’à Messie le Guide, il y aura sept semaines, également soixante-deux semaines. Elle reviendra et sera bel et bien rebâtie, avec place publique et fossé, mais dans la détresse des temps. ” —
Daniel 9:24, 25.
N’était-ce pas une excellente nouvelle ? Non seulement Jérusalem serait rebâtie et le culte serait restauré dans un nouveau temple, mais encore “
Messie le Guide ” apparaîtrait à un moment précis. Ces événements se produiraient en l’espace de “
soixante-dix semaines ”. Étant donné que Gabriel ne parle pas de jours, il n’est pas question de semaines de sept jours chacune, dont le total correspondrait à 490 jours, soit simplement à un an et un tiers. La reconstruction prédite de Jérusalem “
avec place publique et fossé ” prit bien plus de temps que cela. Les semaines sont des semaines d’années. Un certain nombre de versions modernes émettent l’idée que chaque semaine dure sept ans. Par exemple, le sens de “
semaines d’années ” est indiqué dans une note sur
Daniel 9:24 dans
la Bible du Rabbinat français. On lit dans
La Bible, par Pierre de Beaumont : “
Soixante-dix semaines d’années sont fixées à ton peuple et à ta ville sainte. ” D’autres versions, comme la
Bible de Jérusalem et la
Bible de la Pléiade, confirment cette leçon en note.
D’après les paroles de l’ange, les “
soixante-dix semaines ” seraient divisées en trois périodes : 1) “
sept semaines ”, 2) “
soixante-deux semaines ” et 3) une semaine, autrement dit 49 ans, 434 ans et 7 ans, soit au total 490 ans. Notons avec intérêt que
la Bible en français courant met : “
Une période de soixante-dix fois sept ans a été fixée pour ton peuple et pour la ville sainte où tu habites. ” Après avoir été exilés et avoir souffert à Babylone pendant 70 ans, les Juifs bénéficieraient d’une faveur spéciale de la part de Dieu pendant 490 ans, ou 70 ans multipliés par 7. Le point de départ de cette période serait “
la sortie de la parole pour rétablir et pour rebâtir Jérusalem ”. Quand la sortie de la parole en question aurait-elle lieu ?
Trois événements notables méritent considération en rapport avec le commencement des “
soixante-dix semaines ”. Le premier survint en 537 avant notre ère, quand Cyrus émit son décret qui rendait les Juifs à leur pays. On y lit : “
Voici ce qu’a dit Cyrus le roi de Perse : ‘ Tous les royaumes de la terre, Jéhovah le Dieu des cieux me les a donnés, et lui-même m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Juda. Quiconque parmi vous est de tout son peuple — que son Dieu soit avec lui. Qu’il monte donc à Jérusalem, qui est en Juda, et qu’il rebâtisse la maison de Jéhovah le Dieu d’Israël — c’est le vrai Dieu —, laquelle était à Jérusalem. Quant à quiconque est resté de ce peuple — de tous les lieux où il réside comme étranger —, que les hommes de son lieu lui viennent en aide par de l’argent, de l’or, des biens et des animaux domestiques, avec l’offrande volontaire, pour la maison du vrai Dieu qui était à Jérusalem. ’ ” (
Ezra 1:2-4). Il est clair que ce décret visait expressément la reconstruction du temple, “
la maison de Jéhovah ”, sur son ancien emplacement.
Le deuxième événement survint dans la septième année du règne d’Artaxerxès (Artaxerxès Longue-Main, fils de Xerxès Ier), roi de Perse. À cette époque, Ezra le copiste se rendit de Babylone à Jérusalem, ce qui demandait un voyage de quatre mois. Il était porteur d’une lettre du roi, une lettre qui était spéciale, mais qui n’autorisait pas la reconstruction de Jérusalem. La mission d’Ezra consistait seulement à “
embellir la maison de Jéhovah ”. C’est pourquoi la lettre parlait d’or et d’argent, de récipients sacrés et de contributions sous forme de blé, de vin, d’huile et de sel destinés au culte rendu au temple, ainsi que de l’exemption d’impôts pour ceux qui y servaient. —
Ezra 7:6-27.
Le troisième événement eut lieu 13 ans plus tard, dans la 20e année d’Artaxerxès, roi de Perse. Nehémia était alors son échanson à “
Suse le château ”. Jérusalem avait été rebâtie dans une certaine mesure par le reste qui était revenu de Babylone. Mais tout n’allait pas pour le mieux. Nehémia apprit que ‘
la muraille de Jérusalem était démolie et que ses portes avaient été brûlées par le feu ’. Cela le contraria beaucoup et le rendit mélancolique. Interrogé sur les raisons de sa tristesse, Nehémia répondit : “
Que le roi vive pour des temps indéfinis ! Pourquoi mon visage ne deviendrait-il pas triste quand la ville, la maison des tombes de mes ancêtres, est dévastée et que ses portes ont été dévorées par le feu ? ” —
Nehémia 1:1-3 ;
2:1-3.
Le récit concernant Nehémia se poursuit ainsi : “
Alors le roi me dit : ‘ Que cherches-tu donc à obtenir ? ’ Aussitôt je priai le Dieu des cieux. Puis je dis au roi : ‘ Si vraiment cela paraît bon au roi, et si ton serviteur paraît bon devant toi, je demande que tu m’envoies vers Juda, vers la ville des tombes de mes ancêtres, pour que je la rebâtisse. ’ ” Cette proposition plut à Artaxerxès, qui accéda aussi à la requête suivante de Nehémia : “
Si vraiment cela paraît bon au roi, qu’on me donne des lettres pour les gouverneurs d’au-delà du Fleuve [l’Euphrate], afin qu’ils me laissent passer jusqu’à ce que j’arrive en Juda, et aussi une lettre pour Asaph le gardien du parc qui appartient au roi, afin qu’il me donne des arbres pour construire avec du bois les portes du Château qui appartient à la maison, et pour la muraille de la ville, ainsi que pour la maison où j’entrerai. ” Nehémia reconnut par les paroles suivantes le rôle que Jéhovah joua dans cette affaire : “
Alors le roi me donna ces lettres, selon la bonne main de mon Dieu qui était sur moi. ” —
Nehémia 2:4-8.
Bien que l’autorisation ait été accordée au mois de Nisan, durant la première partie de la 20e année du règne d’Artaxerxès, “
la sortie de la parole pour rétablir et pour rebâtir Jérusalem ” ne prit effet que des mois plus tard, lorsque Nehémia arriva à Jérusalem et entama son travail de restauration. Le voyage d’Ezra avait nécessité quatre mois, mais Suse se trouvait à plus de 320 kilomètres à l’est de Babylone, donc encore plus loin de Jérusalem. Par conséquent, Nehémia arriva à Jérusalem très probablement vers la fin de la 20e année d’Artaxerxès, soit en 455 avant notre ère. C’est alors que les “
soixante-dix semaines ” prédites, autrement dit les 490 ans, commencèrent. Elles prendraient fin dans la deuxième moitié de l’an 36 de notre ère.
Combien d’années s’écoulèrent avant que Jérusalem ne soit vraiment rebâtie ? La restauration de la ville devait s’effectuer “
dans la détresse des temps ” en raison des difficultés que connaîtraient les Juifs entre eux et de l’opposition que leur feraient subir les Samaritains et d’autres. Le travail fut sans doute terminé dans une mesure suffisante vers 406 avant notre ère, soit en l’espace des “
sept semaines ” ou 49 ans (
Daniel 9:25). Suivrait une période de 62 semaines, ou 434 ans. Après cette période, le Messie promis de longue date apparaîtrait. En comptant 483 ans (49 plus 434) à partir de 455 avant notre ère, on arrive à 29 de notre ère. Que se passa-t-il à ce moment-là ? Luc, rédacteur d’un Évangile, répond : “
Dans la quinzième année du règne de Tibère César, alors que Ponce Pilate était gouverneur de Judée, et qu’Hérode était chef de district de Galilée, [...] la déclaration de Dieu vint à Jean le fils de Zekaria dans le désert. Il vint alors dans tout le pays des environs du Jourdain, prêchant un baptême symbole de repentance pour le pardon des péchés. ” À cette époque, “
le peuple était dans l’attente ” du Messie. —
Luc 3:1-3,
15.
Jean n’était pas le Messie promis. Mais il déclara au sujet de ce qu’il vit lors du baptême de Jésus de Nazareth, à l’automne de l’an 29 de notre ère : “
J’ai vu l’esprit descendre du ciel comme une colombe, et il est demeuré sur lui. Moi non plus je ne le connaissais pas, mais Celui-là même qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘ Quel que soit celui sur qui tu verras l’esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans de l’esprit saint. ’ Et j’ai vu cela, et j’ai témoigné que celui-ci est le Fils de Dieu. ” (
Jean 1:32-34). À son baptême, Jésus devint l’Oint, le Messie ou Christ. Peu après, André, un disciple de Jean, rencontra Jésus, qui était oint, puis dit à Simon Pierre : “
Nous avons trouvé le Messie. ” (
Jean 1:41). “
Messie le Guide ” apparut donc exactement au moment prévu, à la fin des 69 semaines.
Que devait-il se passer au cours de la 70e semaine ? Gabriel dit que la période de “
soixante-dix semaines ” avait été déterminée “
afin de mettre un terme à la transgression, et de supprimer le péché, et de faire propitiation pour la faute, et d’amener la justice pour des temps indéfinis, et d’apposer un sceau sur vision et prophète, et d’oindre le Saint des Saints ”. Pour atteindre cet objectif, il fallait que “
Messie le Guide ” meure. À quel moment ? Gabriel déclara : “
Après les soixante-deux semaines, Messie sera retranché, avec rien pour lui-même. [...] Et il devra garder l’alliance en vigueur pour la multitude pendant une semaine ; et à la moitié de la semaine il fera cesser sacrifice et offrande. ” (
Daniel 9:26a, 27a). Le moment critique aurait lieu “
à la moitié de la semaine ”, c’est-à-dire au milieu de la dernière semaine d’années.
Le ministère public de Jésus Christ commença dans la deuxième moitié de l’an 29 de notre ère et dura trois ans et demi. Conformément à la prophétie, Christ fut “
retranché ” au début de l’an 33 : il mourut sur un poteau de supplice, donnant sa vie humaine en rançon pour l’humanité (
Isaïe 53:8 ;
Matthieu 20:28). Une fois que Jésus, ressuscité, eut présenté à Dieu, au ciel, la valeur de sa vie humaine offerte en sacrifice, les sacrifices d’animaux et les offrandes prescrits par la Loi ne furent plus nécessaires. Bien que les prêtres juifs aient continué à offrir des sacrifices au temple de Jérusalem jusqu’à sa destruction en 70 de notre ère, Dieu ne considéra plus ces sacrifices comme recevables. Ils avaient été remplacés par un sacrifice meilleur, un sacrifice qui n’aurait jamais besoin d’être renouvelé. L’apôtre Paul écrivit : “
[Christ] a offert un seul sacrifice pour les péchés à perpétuité [...]. Car c’est par une seule offrande sacrificielle qu’il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont en train d’être sanctifiés. ” —
Hébreux 10:12,
14.
Même si le péché et la mort continuèrent d’affliger l’humanité, le retranchement de Jésus et sa résurrection pour la vie céleste réalisèrent les prophéties. Cela ‘
mit un terme à la transgression, supprima le péché, fit propitiation pour la faute, et amena la justice ’. Dieu avait ôté l’alliance de la Loi, qui avait rendu manifeste que les Juifs étaient des pécheurs et qui les avait condamnés comme tels (
Romains 5:12,
19, 20 ;
Galates 3:13,
19 ;
Éphésiens 2:15 ;
Colossiens 2:13, 14). Désormais, les péchés des transgresseurs repentants pouvaient être effacés et les peines encourues à cause de ces péchés pouvaient être remises. Grâce au sacrifice propitiatoire du Messie, la réconciliation avec Dieu était possible pour ceux qui exerceraient la foi. Ils pouvaient espérer recevoir de Dieu le don qu’est “
la vie éternelle par Christ Jésus ”. —
Romains 3:21-26 ;
6:22, 23 ;
1 Jean 2:1, 2.
C’est ainsi que Jéhovah ôta l’alliance de la Loi par le moyen de la mort de Christ en 33 de notre ère. Dès lors, en quel sens pouvait-on dire que le Messie ‘
devrait garder l’alliance en vigueur pour la multitude pendant une semaine ’ ? En ce sens qu’il garda l’alliance abrahamique en vigueur. Jusqu’à la fin de la 70e semaine, Dieu accorda les bénédictions qui découlaient de cette alliance aux descendants hébreux d’Abraham. Mais à la fin des “
soixante-dix semaines ” d’années, en 36, l’apôtre Pierre prêcha à Corneille, un Italien fervent, à sa maisonnée et à d’autres Gentils. Et à partir de ce jour-là, la bonne nouvelle fut annoncée parmi les gens des nations. —
Actes 3:25, 26 ;
10:1-48 ;
Galates 3:8, 9,
14.
La prophétie prédisait également l’onction du “
Saint des Saints ”. Il n’est pas question d’onction du Très-Saint, le compartiment le plus retiré du temple de Jérusalem. L’expression “
Saint des Saints ” se rapporte ici au sanctuaire céleste de Dieu. C’est là que Jésus présenta la valeur de son sacrifice humain à son Père. Le baptême de Jésus, en 29 de notre ère, avait oint, ou mis à part, la réalité céleste, spirituelle, représentée sur la terre par le Très-Saint du tabernacle et plus tard du temple. —
Hébreux 9:11, 12.
La prophétie messianique énoncée par l’ange Gabriel parlait encore “
d’apposer un sceau sur vision et prophète ”. Cela signifiait que tout ce qui était prédit au sujet du Messie (tout ce qu’il accomplit au moyen de son sacrifice, de sa résurrection et de sa parution au ciel, ainsi que les autres choses qui se produisirent au cours de la 70e semaine) serait frappé du sceau de l’approbation divine, se révélerait véridique et serait digne de foi. La vision serait scellée, s’appliquerait exclusivement au Messie. Elle trouverait sa réalisation en sa personne et dans l’œuvre que Dieu effectuerait par son intermédiaire. On ne pourrait trouver la bonne interprétation de la vision qu’en rapport avec le Messie prédit. Rien d’autre ne viendrait en desceller la signification.
Gabriel avait annoncé précédemment que Jérusalem serait rebâtie. Il prédit maintenant la destruction de la ville rebâtie et de son temple, en ces termes : “
La ville et le lieu saint, le peuple d’un guide qui vient les ravagera. Et la fin de cela sera par l’inondation. Et jusqu’à la fin il y aura guerre ; ce qui est décidé, ce sont des désolations. [...] Et sur l’aile des choses immondes il y aura celui qui cause la désolation ; et jusqu’à une extermination, la chose décidée se déversera aussi sur celui qui est en désolation. ” (
Daniel 9:26b, 27b). Certes, cette désolation surviendrait après les “
soixante-dix semaines ” ; néanmoins, elle serait une conséquence directe des événements survenus pendant la dernière “
semaine ”, durant laquelle les Juifs rejetèrent le Christ et le firent mettre à mort. —
Matthieu 23:37, 38.
L’Histoire montre qu’en 66 de notre ère les légions romaines commandées par Cestius Gallus, gouverneur de Syrie, entourèrent Jérusalem. Malgré la résistance juive, les armées de Rome qui portaient leurs enseignes, leurs étendards idolâtriques, pénétrèrent dans la ville et commencèrent à saper le mur nord du temple. Leur présence en ce lieu faisait d’elles une “
chose immonde ” capable de causer une désolation complète (
Matthieu 24:15, 16). En 70, les Romains menés par le général Titus vinrent comme une “
inondation ” et dévastèrent la ville et son temple. Rien ne les arrêta, car cela avait été décrété (“
décidé ”) par Dieu. Le Maître du temps, Jéhovah, avait une nouvelle fois accompli sa parole !