patlek a écrit : çà fait pas trés crédible.
59% des Européens placent Israël en tête des pays menaçant la paix dans le monde. Il a suffit d’un sondage pour que la machine à indignation se mette en branle.
Silvio Berlusconi dont le pays préside actuellement l’UE a déclaré sa «
surprise et son indignation ».
Pour Romano Prodi les résultats du sondage «
montrent l’existence continue d’un préjugé qui doit être condamné » et « dans la mesure où cela pourrait indiquer un préjugé plus profond et plus général à l’égard du monde juif, notre dégoût est encore plus radical ».
Les résultats de ce sondage démontrent clairement l’existence d’un grand décalage entre les citoyens et les politiques, et nullement un regain d’antisémitisme comme le prétendent certains analystes.
Lorsque Prodi parle « d’un préjugé plus profond et plus général à l’égard du monde juif », il interprète le sondage en termes de représentation symbolique.
« Préjugés et monde juif », c’est toute l’histoire tragique de l’Europe qu’il convoque pour lire un sondage mettant en cause Israël.
C’est cette union incestueuse entre Israël et la mémoire collective européenne qui fait en sorte qu’un banal sondage devient un acte condamnable.
Dans l’inconscient européen la Shoa est devenue un élément historique de régulation dans son rapport avec l’État d’Israël.
L’État d’Israël fondé par les rescapés de la Shoa, (seule puissance nucléaire dans la région) qui avait entamé son cycle de normalisation, depuis les accords d’Oslo et la reconnaissance de son existence par ses voisins a perdu sa spécificité.
Les rapports d’Israël avec les Européens s’articulent autour de deux axes : la «
proximité culturelle » et la «
culpabilisation. »
La proximité culturelle trouve sa source dans l’héritage commun judéo-chrétien et aussi dans l’identité des fondateurs d’Israël,
des juifs européens.
Le concept de «
proximité culturelle »
sert à la légitimation de l’entreprise d’occupation et réinvente le réflexe d’appartenance à un système de valeurs dont on exclue l’autre «
l’Arabe, le musulman ».
Quant à la «
culpabilisation », c’est un mécanisme beaucoup plus complexe.
Couplé à la «
proximité culturelle », il devient une arme d’une efficacité redoutable. «
Tu m’es proche, tu m’as fait souffrir, tu dois me soutenir. »
Mais parfois, il s’y produit une cassure dans la continuité historique lorsque le processus est altéré par des évènements extérieurs.
La colonisation et la répression « évènements extérieurs » ont modifié le schéma classique du jugement chez les Européens.
Israël a longtemps profité d’un état d’exception et de complaisance. L’image véhiculée jusqu’alors de
la seule démocratie dans la région menacée dans son existence par des peuples barbares ne résiste plus à la réalité du terrain.
C’est l’occupation avec ses conséquences sur la paix dans le monde qu’il faut voir en filigrane à travers ce sondage et non la marque d’un antisémitisme.
C’est la politique destructrice d’Israël que les dirigeants Européens doivent condamner. Lorsque l’éditorialiste du Monde affirme que : « Cette rhétorique sous-entend que pareil Etat, systématiquement criminel, ne peut pas avoir sa place parmi les autres. De la critique d’un gouvernement, on passe, insensiblement, au questionnement sur le droit à l’existence d’un pays. Peu importe au fond que ses promoteurs en soient conscients ou non, le fait est là : cette hargne anti-israélienne nourrit aussi une nouvelle forme d’antisémitisme, qui se manifeste ici et là en Europe » ou « La question posée par les sondeurs est absurde (il aurait fallu énumérer des conflits plutôt que des pays) ; l’étude paraît avoir été menée et commanditée avec autant de désinvolture que d’irresponsabilité. Les résultats révèlent tout de même quelque chose de très dangereux sur le Vieux Continent. »
C’est un mépris total envers les sondeurs et un procès d’intention fait aux citoyens sollicités à exprimer leur opinion.
Pourquoi réagir avec virulence et s’indigner lorsqu’il s’agit d’Israël ? Ce n’est pas le premier sondage. Sur le mode de « l’axe du mal », la Libye, la Syrie et l’Iran ont eu le « privilège » de figurer en tête du palmarès de la dangerosité et de la menace, s’agit-il pour autant d’islamophobie ?
Cela n’a jamais suscité de telles indignations. On nous explique alors que les régimes cités sont des oppresseurs, qu’ils soutiennent le terrorisme : à les entendre le peuple palestinien est en villégiature à Gaza et en Cisjordanie !
Israël est le seul pays au monde qui jouit d’une impunité sans faille. Partout dans le monde les murs de la haine s’écroulent, Israël en construit.... Tout un arsenal de châtiments collectifs est mis en œuvre pour humilier les Palestiniens.
Destruction systématique des maisons, (Jenin pour ne citer que cet exemple), bouclage des territoires, sans omettre les implantations et leurs routes de contournement. Mais aussi les assassinats « ciblés » avec des bombes de plusieurs tonnes sur des habitations afin d’éliminer un seul activiste ! La liste est longue, les citoyens européens la connaissent par cœur...
Autant de violations des droits humains au nom de la sacro-sainte sécurité d’un pays au-dessus des lois internationales.
Et le terrorisme dans tout cela ? Il est condamnable sous toutes ses formes, mais le premier terrorisme qui engendre tous les autres c’est l’occupation. Cette machine à tuer l’espérance.
Dire qu’Israël mène une politique de répression face aux assauts du terrorisme palestinien est un mensonge vieux comme la colonisation. C’est mettre l’oppresseur et l’opprimé à égalité. Le kamikaze palestinien lorsqu’il commet son forfait, si abominable qu’il soit (il tue sans conteste des innocents) et meurt ! Le pilote israélien au service de la colonisation jette sa bombe entraînant la mort également d’innocents, puis part en week-end en attendant de revenir...
Les assauts « terroristes » palestiniens ne constituent pas le passe temps d’un peuple gâté mais la conséquence directe de l’occupation.