Pourkoi La Torah et les Evangiles sont Falsifiés
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Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
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- MOITOUSIMPLEMENT
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Pourkoi La Torah et les Evangiles sont Falsifiés
Ecrit le 14 févr.06, 01:55Comment pouvons-nous, nous musulmans, ou humains avec un minimum d'esprit critique affirmer qu'il se trouve dans le texte actuel de la Tanak et des Evangiles des éléments qui ne se trouvaient pas dans le texte révélé par Dieu à ceux de Ses prophètes aux noms de qui ces livres se rattachent ?
Voici une preuve très simple : le 34ème chapitre du Deutéronome ne peut pas relever de ce que Dieu a révélé à Moïse, puisque y sont relatés… la mort de Moïse et l'endroit où il fut inhumé. C'est forcément un homme postérieur qui a relaté cet événement, et son témoignage a été intégré au texte dit "Torah".
Une autre preuve : selon le texte de la Genèse, Noé eut son fils Sem (ainsi que ses autres fils Cham et Japhet) à l'âge de 500 ans (3/32) ; Sem eut son fils Arpakshad à l'âge de 100 ans (11/10) ; Arpakshad eut son fils Shélah à l'âge de 35 ans (11/12) ; Shélah eut son fils Eber à l'âge de 30 ans (11/14) ; Eber eut son fils Pèleg à l'âge de 34 ans (11/16) ; Pèleg eut son fils Réou à l'âge de 30 ans (11/18) ; Réou eut son fils Seroug à l'âge de 32 ans (11/20) ; Seroug eut son fils Nahor à l'âge de 30 ans (11/24) ; Nahor eut son fils Tèrah à l'âge de 29 ans (11/24) ; Tèrah eut son fils Abram (Abraham) à l'âge de 70 ans (11/26).
Noé avait donc 500 ans quand Sem lui naquit. Or Noé vécut en tout 950 ans (Genèse 9/29). Et Noé vécut encore 350 ans après le Déluge (9/28). Celui-ci se produisit donc quand il était âgé de 600 ans, et Sem avait alors 100 ans. Or ce fut à cet âge-là que Sem eut son fils Arpakshad, et Noé avait donc 600 ans (ce qui est d'ailleurs spécifié en Genèse 7/11). Si on additionne les chiffres qui suivent jusqu'à la naissance de Abraham, on trouve 290. Ceci revient à dire que quand Abraham naquit, Noé était encore vivant et âgé de 890 ans, et que lorsque Noé mourut à l'âge de 950 ans, Abraham était âgé de 60 ans !
Un exemple de contradictions : "A l'époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes détournèrent son cœur vers d'autres dieux ; et son cœur ne fut plus intègre à l'égard du Seigneur, son Dieu, contrairement à ce qu'avait été le cœur de David son père. Salomon suivit Astarté, déesse des Sidoniens, et Milkôm, l'abomination des Ammonites. Salomon fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur et il ne suivit pas pleinement le Seigneur comme David, son père. C'est alors que Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosh, l'abomination de Moab, et aussi pour Molek, l'abomination des fils d'Ammon. Il en fit autant pour les dieux de toutes ses femmes étrangères : elles offraient de l'encens et des sacrifices à leurs dieux" (1 Rois 11/4-8). Or ce passage s'accorde très mal avec cet autre : "Cette demande de Salomon plut au Seigneur. Dieu lui dit : "Puisque tu as demandé cela (…), voici, j'agis selon tes paroles : je te donne un cœur sage et perspicace, de telle sorte qu'il n'y a eu personne comme toi avant toi, et qu'après toi il n'y aura personne comme toi parmi les rois" (1 Rois 3/10-13). Ce dernier passage relate de Dieu de grandes éloges de Salomon ; Dieu n'aurait-Il donc pas su ce qui allait se passer lors de la vieillesse de Salomon ?
Comment s'explique la présence de tels éléments dans la Tanak ?
Certains musulmans ont cru que les erreurs et contradictions existant dans le texte actuel de ces Ecritures sont dues à des actes délibérés de falsification de la parole divine.
Je trouve que c'est plutôt la façon de voir de Ibn Khaldûn qui est pertinente. Je l'exposerai ici (on peut la consulter en Târîkh Ibn Khaldûn, tome 2 pp. 7-8) au travers des propos d'un homme contemporain, Didier Hamoneau. Celui-ci écrit : "La Torah actuelle est le témoin d'un long martyr et d'une immense catastrophe spirituelle, ainsi que la preuve de l'héroïsme de croyants face au désastre. Ceux-ci sauvèrent grâce à Dieu l'essentiel de la Torah, mais elle avait définitivement perdu de sa pureté originelle." "Cette version actuelle de la Torah doit donc être regardée comme un écho d'une parole divine au milieu d'une œuvre certes humaine mais pathétique et héroïque, en raison du sang pur versé et surtout parce que nous savons qu'au milieu des paroles humaines siègent les Paroles de Dieu ; il est vrai qu'il n'est pas toujours aisé de les distinguer" (d'après La Torah, l'Evangile, le Coran, pp. 55-56).
A cela, les musulmans tenants de l'autre avis opposent un : "Que faites-vous alors du verset coranique 2/79, qui montre qu'il y a bien eu altération volontaire ?"
La réponse est que ce verset n'indique pas explicitement (qat'iyy ud-dalâla) qu'il s'agit de l'ensemble des Ecritures antérieures : en effet, as-Suddî pense qu'il s'agissait d'un cas localisé géographiquement en Arabie (cf. Tafsîr Ibn Kathîr). Et c'est bien parce que ce verset n'est pas explicite sur le sujet que al-Bukhârî et Shâh Waliyyullâh ont pu avoir l'avis qu'ils ont à propos de l'authenticité des Ecritures antérieures (voir respectivement Sahîh al-Bukhârî, kitâb ut-tawhîd, tarjama n° 55, et Al-fawz ul-kabîr, p. 29).
Comme l'a écrit Ibn Taymiyya (et tant d'autres personnes), le grand tournant dans l'histoire de la conservation de ces Ecritures se situe lors de la destruction de Jérusalem par les Babyloniens puis de l'entreprise menée par Ezra (Al-Jawâb us-sahîh 1/310). C'est en – 587 précisément que les Fils d'Israël connaissent la grande catastrophe : l'armée de Nabuchodonosor vainc l'Etat de Juda, le Sanctuaire de Jérusalem est détruit, les fils d'Israël habitant Juda sont pour la plupart déportés. Ce n'est que cinquante ans plus tard, en – 538, avec la victoire des Perses sur les Babyloniens que les choses changent (c'est notamment ici que se fera remarquer la justice de Cyrus II, "Dhul Qarnayn"). Didier Hamoneau écrit qu'après cette catastrophe, le texte des Ecritures originelles ne subsiste plus que sous forme de différents documents dispersés auprès des uns et des autres (La Torah, l'Evangile, le Coran). C'est ensuite, dans un laps de temps qui va de la seconde moitié du cinquième siècle aux premières années du quatrième siècle avant J.-C., que le grand scribe Ezra (ou Esdras) fait une synthèse de différents documents historiographiques et juridiques que des israélites possèdent. Cela donne la Torah (Pentateuque) que nous connaissons (c'est ce qui vaudra d'ailleurs à Ezra le surnom de "second Moïse").
Contrairement à ce que vous affirmez, les musulmans ne sont pas les seuls à dire que le texte biblique actuel est une harmonisation de sources plurielles : des savants chrétiens et des auteurs juifs eux-mêmes l'affirment :
Voici ce qu'on peut lire dans les premières pages de la Bible de Jérusalem (édition de 2000) (il s'agit de la traduction de la Bible réalisée sous la direction de la très catholique Ecole biblique de Jérusalem) : "L'analyse de la forme définitive des textes – la seule à laquelle nous ayons accès – montre que l'unification rédactionnelle a beaucoup apporté à la formulation définitive" (p. 16). "… on préfère aujourd'hui parler de deux traditions dont l'ensemble a été élaboré d'une manière progressive, si bien que l'on peut trouver des passages très tardifs au milieu de passages beaucoup plus anciens" (p. 17). Les commentateurs chrétiens de la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) écrivent à propos des livres de l'Ancien Testament que "avant de recevoir leur forme définitive", ils "ont circulé assez longtemps dans le public et portent les traces des réactions suscitées par les lecteurs, sous forme de retouches, d'annotations, voire de refontes plus ou moins importantes" (Traduction Œcuménique de la Bible, édition de 1975, pp. 10-11, cité dans Moïse et Pharaon, les Hébreux en Egypte, pp. 34-35).
Les commentateurs de la Bible de Jérusalem écrivent, à propos du passage parlant des Nephilim (Genèse 6/1-4) : "L'auteur semble utiliser une tradition populaire à caractère mythologique" (p. 26). A propos du récit de la tour de Babel : "Récit fait de l'amalgame de plusieurs traditions" (p. 32). A propos de la mention de la mort de Moïse à la fin du Deutéronome : "Ces chapitres forment une sorte de conclusion générale à l'ensemble du Pentateuque ; ils regroupent des éléments d'origine et d'âge divers, qui ont été rattachés au corps du Dt lors de la dernière rédaction" (p. 310). A propos de la mention des Philistins en Genèse 21/32-34, 26/1-8 et en Exode 13/7, les auteurs écrivent qu'il s'agit d'"une anticipation" (p. 344) : le fait est qu'en ce qui concerne la période que ces passages intéressent, les Philistins ne sont pas encore installés dans la région qui est rattachée à leur nom : l'auteur du texte a donc désigné un événement qui s'est déroulé sur le littoral de Palestine des siècles avant lui en utilisant la périphrase en usage en son temps à lui ("pays des Philistins") : c'est ce qu'on appelle un anachronisme. La même chose peut être dite – mais cela, les commentateurs de la Bible de Jérusalem ne l'ont pas écrit – à propos du passage où on lit que Joseph installa son père et ses frères "dans la meilleure région, la terre de Ramsès" (Genèse 47/11) : l'écrivain a relaté cet événement de l'époque de Joseph (XVIIème siècle avant J.-C.) mais a, pour désigner la région d'Egypte où il s'est déroulé, employé le nom de Ramsès, pharaon de l'époque de Moïse (XIIIème siècle avant J.-C.).
Pour en revenir aux notes des commentateurs de la Bible de Jérusalem : à propos des chapitres 10 et 11 du Livre de Josué : "Ces chapitres diffèrent des précédents et ne s'accordent pas avec d'autres passages du livre ni avec Jg 1, où il apparaît que la conquête fut lente et que chaque tribu eut une action indépendante" (p. 338). A propos de certains événements présentés par le Livre des juges : "Vue théologique qui ne correspond qu'imparfaitement à l'histoire. A la base du livre, il y a des récits indépendants dont la relation chronologique est établie arbitrairement" (p. 366). Voici encore ce qu'on peut lire en introduction au livre de Jérémie dans la Traduction Œcuménique de la Bible : "En plus, l'exégète sera attentif au fait que les ch. 1-25 contiennent, à côté des oracles poétiques, d'une authenticité à toute épreuve, un très grand nombre de passages rédigés dans une prose qui rappelle celle des éditeurs deutéronomistes des livres historiques. Ces passages représentent probablement des oracles de Jérémie retravaillés par des éditeurs postérieurs. Au début de l'exil existaient donc de nombreux livrets, feuillets et recueils épars, et en plus, probablement, quelques traditions orales relatives à Jérémie. Ce sera un rédacteur anonyme, très certainement "deutéronomiste", qui réunira tous ces matériaux en un seul volume" (TOB, édition de 1997, p. 554). Sur Esdras et Néhémie : "La rédaction actuelle de ces livres laisse plusieurs problèmes historiques encore ouverts. Le premier problèmeconcerne l'interruption de la reconstruction du temple (Esd 4). D'après le texte, cette interruption fut ordonnée par Artaxerxès (465-424) à la suite des plaintes des gens du pays opposés aux Juifs (Esd 4.6-24). Or, la chronologie rend impossible un tel événement. En effet, la construction du temple fut achevée la 6è année de Darius, vers l'an 515 (Esd 6.15). Le passage Esd 4.6-24 concerne des événements de l'époque d'Artaxerxès, c'est-à-dire au moins 50 à 60 ans plus tard. Le rédacteur final du livre semble avoir confondu ces données. Plus complexe encore est le second problème : celui de la chronologie de l'activité d'Esdras et de Néhémie à Jérusalem. L'ordre chronologique actuel du récit parle de l'arrivée d'Esdras la 7è années d'Artaxerxès (Esd 7.7), puis de l'arrivée de Néhémie la 20è année d'un roi du même nom (Ne 2.1). Ensuite, Esdras réapparaît, puis Néhémie, dans un étonnant chassé-croisé. Ne faut-il pas plutôt situer l'activité d'Esdras lors de la seconde venue de Néhémie à Jérusalem ? Au lieu de la 7è année d'Artaxerxès, il faudrait lire alors la 27è ou la 37è année (soit vers 438 ou 428). Ou mieux encore, ne faut-il pas considérer toute l'activité de Néhémie comme antérieure à celle d'Esdras : ce dernier ne serait alors arrivé à Jérusalem que la 7è année du roi Artaxerxès II (et non Artaxerxès I), vers 398-397. Le problème n'a pas encore trouvé de solution satisfaisante" (TOB, édition de 1997, p. 1095).
Max Dimont, l'auteur juif bien connu, écrit de même : "There are two versions of many, many other events, as the perceptive reader of Old Testament may have noticed. Are we dealing with two versions of the same story, or with two different stories merged into one ?" (Jews, God and History, New American Library, 2nd edition, p. 28). "The final fusion of the Five Books of Moses, called the Pentateuch, occurred around 450 B.C. – in other words, not until eight to sixteen hundred years after some of the events narrated in them took place. Is it not reasonable to suppose that in that period of time [i. e. before 450 B.C.], before there were any written records, many changes and alterations must have occurred as the stories and legends were handed down orally from generation to generation ?" (Ibid., p. 31). Décrivant cette entreprise de fusion s'étant déroulée vers la moitié du 5ème siècle avant J.C., Dimont écrit : "As a second move toward forging a national religious and spiritual Jewish character, Ezra and Nehemia decided not only to revise the Book of Deuteronomy but to add to it four other Books of Moses. Under their direction, priest and scholar labored diligently to fuse the most important of the divergent Mosaic documents, including the Deuteronomy of Josiah, into the five books of the Pentateuch, namely, Genesis, Exodus, Leviticus, Numbers, and Deuteronomy. All Five Books of Moses were now made divine. From here on, no deletions, changes or additions to the Pentateuch could be made, nor have any been made" (Ibid., p. 63).
Encore faut-il noter que, de ce corpus établi par Ezra, différentes versions vont circuler au cours des siècles qui vont suivre. Il y aura bientôt ainsi :
– la version hébraïque ;
– la version de la Septante, en langue grecque ;
– la version samaritaine ;
– les Targums (= traductions) araméens (comme le Targum d'Onkelos) ;
– les versions syriaques.
Ces versions ne divergent certes pas sur l'essentiel, mais présentent quand même des différences quant à certains chiffres (les âges des patriarches) et certains noms de lieux. A lui seul, le texte hébraïque connaît, au Ier siècle de l'ère chrétienne, différentes versions légèrement différentes : c'est en l'an 90 après J.-C. que des savants juifs fixent la norme. L'introduction de la Traduction Oecuménique de la Bible relate que ces savants "avaient constaté que les manuscrits dont ils disposaient n'étaient pas strictement identiques. Pour remédier à cet inconvénient, ils établirent un texte officiel, en procédant par comparaison de quelques manuscrits existants. Après quoi ils firent détruire les manuscrits non conformes au texte qu'ils avaient retenu. En 1947 cependant on a retrouvé près de la mer Morte quelques manuscrits antérieurs au travail des Docteurs de la Loi (les textes de Qumrân). D'autre part le Pentateuque samaritain, de même que certaines versions anciennes, version grecque dite des Septante, certaines versions araméennes ou Targoums, attestent un état du texte plus ancien. On a pu constater que les différences avec le texte traditionnel étaient pour la plupart de faible portée. Mais dans certains cas ces formes plus anciennes du texte proposent un sens plus clair" (Traduction œcuménique de la Bible, édition de 1997, p. 13).
En tout état de cause, le texte hébraïque officiel, fixé en 90 de l'ère chrétienne, sera transmis de génération en génération ; c'est lui qui sera utilisé par Jérôme pour la traduction latine, qu'adoptera l'Eglise catholique, pendant que les Eglises orthodoxes, elles, continueront à utiliser le texte grec de la Septante malgré ses légères différences avec le texte hébraïque fixé en 90. Ce dernier sera donc retransmis tel qu'il aura été fixé entre les différentes générations de juifs ; suivant cette retransmission, une édition en 1524 sera faite par Jacob Ben Hayyim à Venise qui deviendra l'édition de référence ; c'est elle que, aujourd'hui encore, toutes les bibles hébraïques suivent. Par la suite, au XIXeme siècle, on a retrouvé dans une synagogue du Caire, un ancien exemplaire de la Torah (Pentateuque et non Tanak) hébraïque massorétique, qui a été daté du IXème siècle après J.-C..
(A ce texte de la Torah (ici dans le sens de Pentateuque) s'ajouteront d'autres textes :
– les Nebiim, qui contiennent le récit et la relation des propos de prophètes envoyés aux fils d'Israël ;
– les Ketoubim, qui sont constitués de recueils de prières psalmiques et de chroniques.)
La question qui se pose ici concerne les documents que Ezra harmonisa : quels sont ces documents ? D'où les tenait-il ?
Il semble qu'il se soit agi de différentes traditions que possédaient différents groupes chez les fils d'Israël revenus de l'exil. C'est bien pourquoi les commentateurs de la Bible de Jérusalem, de même que Max Dimont, parlent d'une fusion entre deux documents à l'origine distincts.
Ce qu'il faut également relever c'est que le texte que, au XIIIème siècle avant J.-C., le prophète Moïse reçut comme Paroles de Dieu sur le Mont Sinaï semble avoir été beaucoup plus court que l'ensemble du texte nommé aujourd'hui "Torah" : ce texte avait pu être gravé sur quelques tablettes de pierre (cf. Livre de Josué 8/32) ; il semble donc qu'au fil du temps, à ce texte gravé sur pierre, furent ajoutés les propos de Moïse ainsi que les jugements qu'il rendit entre les Fils d'Israël au cours de son parcours à leurs côtés ; la Torah a ensuite reçu aussi le récit du déroulement de la mission de Moïse aussi – c'est ce qui explique qu'on y trouve aussi mention de sa mort –, et même plus : les origines du monde, les généalogies de Abraham, etc.
1.2.2) A propos des textes des quatre Evangiles canoniques :
Pour ce qui est du texte des quatre Evangiles canoniques, on note aussi certaines contradictions. En voici quelques-unes…
"Ayant appris que Jean [= Jean-Baptiste] avait été livré, Jésus se retira en Galilée (Matthieu 4/12, voir aussi Marc 1/14 et Luc 4/14). Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre et André, son frère, en train de jeter le filet dans la mer : c'étaient des pécheurs. Il leur dit : "Venez à ma suite et je vous ferai pécheurs d'hommes." Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent." (Matthieu 4/18-20). Or voici ce que Jean l'Evangéliste relate : "Le lendemain, Jean [= Jean-Baptiste] se trouvait de nouveau au même endroit avec deux de ses disciples. Fixant son regard sur Jésus qui marchait, il dit : "Voici l'agneau de Dieu." Les deux disciples, l'entendant parler ainsi, suivirent Jésus (Jean 1/35-37). "André, le frère de Simon-Pierre, était l'un de ces deux qui avait écouté Jean et suivi Jésus. Il alla trouver avant tout son propre frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie" – ce qui signifie le Christ. Il l'amena à Jésus" (Jean 1/40-42, plus une partie de 43). D'après la narration de Jean, c'est alors que Jean-Baptiste n'avait pas encore été arrêté que André et Simon suivirent Jésus, alors que d'après les écrits attribués à Matthieu, Marc et Luc, c'est alors que Jean-Baptiste avait déjà été arrêté qu'ils le suivirent.
"Et les disciples l'interrogèrent [= Jésus] : "Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Elie doit venir d'abord ?" Il répondit : "Certes Elie va venir et il rétablira tout ; mais, je vous le déclare, Elie est déjà venu, et, au lieu de le reconnaître, ils ont fait de lui tout ce qu'ils ont voulu. Le Fils de l'homme lui aussi va souffrir par eux." Alors les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste" (Matthieu 17/10-13). Or voici ce que Jean relate : "Et voici quel fut le témoignage de Jean lorsque, de Jérusalem, les Juifs envoyèrent vers lui des prêtres et des lévites pour lui poser la question : "Qui es-tu ?" Il fit une déclaration sans restriction, il déclara : "Je ne suis pas le Messie." Et ils lui demandèrent : "Qui es-tu ? Es-tu Elie ?" il répondit : "Je ne le suis pas." – Es-tu le Prophète ?" Il répondit : "Non"" (Jean 1/19-21). La narration de Jean fait dire à Jean Baptiste qu'il nie être Elie, alors que la narration de Matthieu fait dire à Jésus que Jean Baptiste est bien Elie. Aucun de ces deux personnages ne peut avoir dit faux : le problème doit venir de la question de l'authenticité de l'attribution de chacun de ces deux propos.
"Alors, prenant la parole, Pierre lui dit : "Eh bien, nous, nous avons tout laissé et nous t'avons suivi. Qu'en sera-t-il donc pour nous ?" Jésus leur dit : "En vérité, je vous le déclare : Lors du renouvellement de toutes choses, quand le Fils de l'homme siègera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël" (Matthieu 19/27-28). Il est peu probable que les douze disciples auxquels il s'adresse alors siègent un jour sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël : en effet, parmi eux se trouve Judas l'Iscariote, celui-là même qui trahira Jésus : comment pourrait-il juger les autres ? Jésus n'est pas un menteur : le problème, ici encore, vient de l'authenticité de l'attribution de ce propos.
Les Evangiles canoniques relatent que Jésus fut crucifié, et qu'il le fut avec deux bandits, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche (Matthieu 27/38, Marc 15/27, Luc 23/33, Jean 19/18). Matthieu relate que "les bandits crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière" que des passants (Matthieu 27/44), et Marc relate chose semblable (15/32). Or Luc, lui, relate que l'un de ces deux bandits l'insulta tandis que l'autre prit sa défense (Luc 23/39-42).
Pourquoi y a-t-il de tels éléments dans les textes évangéliques ?
En fait il y a deux facteurs qui sont présents :
A) La question se pose tout d'abord de l'authenticité de la transmission de chaque parole et de chaque acte de Jésus entre les disciples de Jésus – témoins directs de ces paroles et actes – et ceux qui ont rédigé les textes évangéliques.
Car s'il est vrai que la tradition chrétienne présentait hier les rédacteurs de l'Evangile selon Matthieu et l'Evangile selon Jean comme étant des disciples de Jésus, un certain nombre d'érudits chrétiens d'aujourd'hui ne le pensent plus. Ainsi, à propos des trois Evangiles synoptiques, les commentateurs de la Bible de Jérusalem évoquent "la théorie des Deux Sources", dont ils disent qu'elle est "aujourd'hui globalement acceptée par catholiques et protestants" (p. 1696). Il y aurait d'abord eu une rédaction en araméen (étape a), à partir de laquelle il y aurait eu la rédaction d'œuvres intermédiaires en grec (étape b), celles-ci ayant ensuite servi à la rédaction des Evangiles que nous connaissons (étape c) (voir pp. 1696-1697). Reste à savoir combien de niveaux d'œuvres intermédiaires il y a eu (un ou deux ?) ; de plus, on peut se demander si pendant un certain temps la narration de l'Evangile de Jésus ne s'est tout simplement pas faite par voie orale avant d'être transcrite en araméen puis en grec (ce qui conduirait à quatre étapes au lieu de trois).
Les commentateurs de la Bible de Jérusalem écrivent donc : "Assurément, ni les apôtres ni les autres prédicateurs et narrateurs évangéliques n'ont cherché à faire de l'"histoire" au sens technique et moderne de ce mot. (…) Les rédacteurs évangéliques qui ont ensuite consigné et rassemblé leurs témoignages ont respecté leurs sources, comme le prouvent la simplicité et l'archaïsme de leurs compositions. (…) Si les Synoptiques ne sont pas des biographies, au sens moderne du terme, ils nous offrent cependant beaucoup d'informations historiques sur Jésus et ceux qui l'ont suivi. On peut les comparer à des vies hellénistiques populaires, comme celles de Plutarque (mais il y a aussi des modèles de telles vies dans l'AT, comme les histoires de Moïse, de Jérémie ou d'Elie). Cependant, chacun des faits ou des dits ne peut être pris pour une reproduction littéralement exacte de ce qui s'est passé. (…) les faits contribuent à une telle mise en garde puisque nous voyons le même événement ou la même parole du Christ transmis de façon différente par les différents évangiles. Ceci vaut pour le contenu et aussi pour l'ordre selon lequel les épisodes ou les paroles sont rapportés (…)" (p. 1697). A propos de l'Evangile selon Jean, les commentateurs de la Bible de Jérusalem écrivent : "Cet évangile est le résultat d'une lente élaboration, comportant des éléments d'époques différentes, des retouches, des additions, des rédactions diverses d'un même enseignement. On peut tenir qu'il ait existé plusieurs sources : une source des signes, un recueil de paroles, un récit de la passion et de la résurrection, en tout cas un "écrit fondamental", connu aussi de Luc, ce qui expliquerait la parenté entre traditions johanniques et lucaniennes. Le nom de l'ultime rédacteur nous est inconnu, mais on peut toutefois préciser sa personnalité : c'est un judéo-chrétien qui s'efforce de rejudaïser l'évangile par des retouches portant sur l'eschatologie influencée par les modes de penser grecs. Peut-on maintenir un lien étroit entre le quatrième évangile et l'apôtre Jean ? Beaucoup d'auteurs reconnaissent en lui "le disciple que Jésus aimait", témoin oculaire des faits rapportés. Toutefois cette identification fait problème" (pp. 1857-1858).
B) A cela s'ajoute le fait que Jésus employait souvent un langage énigmatique que même ses disciples directs, sémites comme lui, ne comprenaient pas toujours ; ainsi, Jésus leur ayant dit un jour : "Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens !", ses disciples se firent cette réflexion : "C'est que nous n'avons pas pris de pains." Jésus leur dit alors : "(…) Comment ne saisissez-vous pas que je ne vous parlais pas de pain quand je vous disais : Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens." Alors ils comprirent qu'il n'avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de l'enseignement des Pharisiens et des Sadducéens (Matthieu 16/5-12).
Or on ne dispose plus des originaux araméens relatant ces paroles du Christ mais uniquement de leurs traductions en langue grecque. En effet, les plus anciens manuscrits dont on dispose actuellement sont : le Sinaïticus (conservé au British Museum) et le Vaticanus (conservé à la Bibliothèque vaticane), datant tous deux du milieu du IVème siècle. Il existe aussi un autre codex, "très proche du Vaticanus, contenant les quatre cinquièmes de Lc (et d'importants fragments de Jn)", qui est daté du IIIème siècle. Il y a aussi "plus de 2000 manuscrits grecs, s'échelonnant entre le IVe et le XIVe siècle" (La Bible de Jérusalem, p. 1696). Les commentateurs ajoutent qu'il est possible que les textes des Evangiles aient été constitués sous leur forme actuelle dès le milieu du IIème siècle ou même plus tôt (Ibid.). Mais on sait que ces évangiles ont été rédigés en grec.
Jésus s'exprimait en araméen ; traduire des propos araméens pour en faire profiter des humains qui ne parlent pas cette langue n'est pas en soi un problème ; par contre, la traduction peut devenir une réduction si on ne dispose plus de l'original, a fortiori si les propos originels sont énigmatiques, dus à des tournures propre à la langue originelle. Ainsi, les textes évangéliques indiquent que Jésus aurait eu des frères et sœurs (Matthieu 13/46-50, Marc 6/1-6 et Jean 7/3 et 2-12) : les termes employés (grecs adelphoi et adelphai) désignent bien des frères et sœurs biologiques ; mais il pourrait s'agir d'une traduction défectueuse de mots qui, en langue sémitique, voulaient certes dire "frères" et "sœurs", mais dans le sens de "proches parents".
Ici encore, les musulmans ne sont pas les seuls à dire que la totalité du texte des quatre Evangiles canoniques n'est pas authentique :
Après avoir été arrêté, Jésus est conduit devant le Sanhédrin, le tribunal religieux suprême, que présidait cette année-là Caïphe. Les hommes de ce Conseil le condamnent alors à mort pour blasphème(Luc 22/66-71). Le Point écrit : "... les synoptiques font comparaître Jésus chez Caïphe, où se réunit le sanhédrin au complet, c'est-à-dire le tribunal religieux suprême d'Israël. Composé de soixante-dix membres présidés par le grand prêtre, ce tribula pléthorique aurait donc siégé en pleine nuit de Pâque, à l'encontre de toutes les traditions ! (...) Tout autre est le récit de Jean, qui raconte seulement une entrevue, également nocturne, avec le beau-père et prédécesseur de Caïphe, l'ex-grand prêtre Anne. L'avis général des critiques bibliques actuels va franchement vers cette version-là, qui évoque une grande brièveté et, surtout, ne met à aucun moment le sanhédrin en scène. Le motif de la condamnation n'est plus le blasphème mais la phrase bien plus réaliste et parfaitement cynique de Caïphe : "Il est avantageux qu'un seul homme meure pour tout le peuple" (Jean XVIII, 14). Marie-Emile Boismard, autorité incontestée de l'Ecole biblique de Jérusalem, spécialiste de l'Evangile de Jean, considère que la vérité historique est là. "Je suis persuadé, estime-t-il, en tenant compte de l'Evangile de Jean, qu'il n'y a jamais eu de procès devant le sanhédrin. (...) Les synoptiques et Jean se rejoignent ensuite pour la comparution devant Ponce Pilate, au matin" (Le Point n° 1279, p. 83).
Max Dimont écrit quant à lui : "Any person familiar with Jewish judicial procedure in biblical times will find it difficult to take the Gospel accounts literaly. According to Jewish law at that time, no one could be arrested at night. It was illegal to hold court proceedings after sundown on the eve or the day of the Sabbath or a festival. (...) A historian familiar with the cruelty and rapacity of Pontius Pilate will find it equally difficult to accept the portrayal of Pilate as a tender and merciful judge, zealous for the welfare of one Jew. In fact, Pilate's cruelty and rapacity became so notorious that the Emperor Tiberius had to remove him because he brought dishonor to Rome" (Op. cit., pp. 136-137).
Voici une preuve très simple : le 34ème chapitre du Deutéronome ne peut pas relever de ce que Dieu a révélé à Moïse, puisque y sont relatés… la mort de Moïse et l'endroit où il fut inhumé. C'est forcément un homme postérieur qui a relaté cet événement, et son témoignage a été intégré au texte dit "Torah".
Une autre preuve : selon le texte de la Genèse, Noé eut son fils Sem (ainsi que ses autres fils Cham et Japhet) à l'âge de 500 ans (3/32) ; Sem eut son fils Arpakshad à l'âge de 100 ans (11/10) ; Arpakshad eut son fils Shélah à l'âge de 35 ans (11/12) ; Shélah eut son fils Eber à l'âge de 30 ans (11/14) ; Eber eut son fils Pèleg à l'âge de 34 ans (11/16) ; Pèleg eut son fils Réou à l'âge de 30 ans (11/18) ; Réou eut son fils Seroug à l'âge de 32 ans (11/20) ; Seroug eut son fils Nahor à l'âge de 30 ans (11/24) ; Nahor eut son fils Tèrah à l'âge de 29 ans (11/24) ; Tèrah eut son fils Abram (Abraham) à l'âge de 70 ans (11/26).
Noé avait donc 500 ans quand Sem lui naquit. Or Noé vécut en tout 950 ans (Genèse 9/29). Et Noé vécut encore 350 ans après le Déluge (9/28). Celui-ci se produisit donc quand il était âgé de 600 ans, et Sem avait alors 100 ans. Or ce fut à cet âge-là que Sem eut son fils Arpakshad, et Noé avait donc 600 ans (ce qui est d'ailleurs spécifié en Genèse 7/11). Si on additionne les chiffres qui suivent jusqu'à la naissance de Abraham, on trouve 290. Ceci revient à dire que quand Abraham naquit, Noé était encore vivant et âgé de 890 ans, et que lorsque Noé mourut à l'âge de 950 ans, Abraham était âgé de 60 ans !
Un exemple de contradictions : "A l'époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes détournèrent son cœur vers d'autres dieux ; et son cœur ne fut plus intègre à l'égard du Seigneur, son Dieu, contrairement à ce qu'avait été le cœur de David son père. Salomon suivit Astarté, déesse des Sidoniens, et Milkôm, l'abomination des Ammonites. Salomon fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur et il ne suivit pas pleinement le Seigneur comme David, son père. C'est alors que Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosh, l'abomination de Moab, et aussi pour Molek, l'abomination des fils d'Ammon. Il en fit autant pour les dieux de toutes ses femmes étrangères : elles offraient de l'encens et des sacrifices à leurs dieux" (1 Rois 11/4-8). Or ce passage s'accorde très mal avec cet autre : "Cette demande de Salomon plut au Seigneur. Dieu lui dit : "Puisque tu as demandé cela (…), voici, j'agis selon tes paroles : je te donne un cœur sage et perspicace, de telle sorte qu'il n'y a eu personne comme toi avant toi, et qu'après toi il n'y aura personne comme toi parmi les rois" (1 Rois 3/10-13). Ce dernier passage relate de Dieu de grandes éloges de Salomon ; Dieu n'aurait-Il donc pas su ce qui allait se passer lors de la vieillesse de Salomon ?
Comment s'explique la présence de tels éléments dans la Tanak ?
Certains musulmans ont cru que les erreurs et contradictions existant dans le texte actuel de ces Ecritures sont dues à des actes délibérés de falsification de la parole divine.
Je trouve que c'est plutôt la façon de voir de Ibn Khaldûn qui est pertinente. Je l'exposerai ici (on peut la consulter en Târîkh Ibn Khaldûn, tome 2 pp. 7-8) au travers des propos d'un homme contemporain, Didier Hamoneau. Celui-ci écrit : "La Torah actuelle est le témoin d'un long martyr et d'une immense catastrophe spirituelle, ainsi que la preuve de l'héroïsme de croyants face au désastre. Ceux-ci sauvèrent grâce à Dieu l'essentiel de la Torah, mais elle avait définitivement perdu de sa pureté originelle." "Cette version actuelle de la Torah doit donc être regardée comme un écho d'une parole divine au milieu d'une œuvre certes humaine mais pathétique et héroïque, en raison du sang pur versé et surtout parce que nous savons qu'au milieu des paroles humaines siègent les Paroles de Dieu ; il est vrai qu'il n'est pas toujours aisé de les distinguer" (d'après La Torah, l'Evangile, le Coran, pp. 55-56).
A cela, les musulmans tenants de l'autre avis opposent un : "Que faites-vous alors du verset coranique 2/79, qui montre qu'il y a bien eu altération volontaire ?"
La réponse est que ce verset n'indique pas explicitement (qat'iyy ud-dalâla) qu'il s'agit de l'ensemble des Ecritures antérieures : en effet, as-Suddî pense qu'il s'agissait d'un cas localisé géographiquement en Arabie (cf. Tafsîr Ibn Kathîr). Et c'est bien parce que ce verset n'est pas explicite sur le sujet que al-Bukhârî et Shâh Waliyyullâh ont pu avoir l'avis qu'ils ont à propos de l'authenticité des Ecritures antérieures (voir respectivement Sahîh al-Bukhârî, kitâb ut-tawhîd, tarjama n° 55, et Al-fawz ul-kabîr, p. 29).
Comme l'a écrit Ibn Taymiyya (et tant d'autres personnes), le grand tournant dans l'histoire de la conservation de ces Ecritures se situe lors de la destruction de Jérusalem par les Babyloniens puis de l'entreprise menée par Ezra (Al-Jawâb us-sahîh 1/310). C'est en – 587 précisément que les Fils d'Israël connaissent la grande catastrophe : l'armée de Nabuchodonosor vainc l'Etat de Juda, le Sanctuaire de Jérusalem est détruit, les fils d'Israël habitant Juda sont pour la plupart déportés. Ce n'est que cinquante ans plus tard, en – 538, avec la victoire des Perses sur les Babyloniens que les choses changent (c'est notamment ici que se fera remarquer la justice de Cyrus II, "Dhul Qarnayn"). Didier Hamoneau écrit qu'après cette catastrophe, le texte des Ecritures originelles ne subsiste plus que sous forme de différents documents dispersés auprès des uns et des autres (La Torah, l'Evangile, le Coran). C'est ensuite, dans un laps de temps qui va de la seconde moitié du cinquième siècle aux premières années du quatrième siècle avant J.-C., que le grand scribe Ezra (ou Esdras) fait une synthèse de différents documents historiographiques et juridiques que des israélites possèdent. Cela donne la Torah (Pentateuque) que nous connaissons (c'est ce qui vaudra d'ailleurs à Ezra le surnom de "second Moïse").
Contrairement à ce que vous affirmez, les musulmans ne sont pas les seuls à dire que le texte biblique actuel est une harmonisation de sources plurielles : des savants chrétiens et des auteurs juifs eux-mêmes l'affirment :
Voici ce qu'on peut lire dans les premières pages de la Bible de Jérusalem (édition de 2000) (il s'agit de la traduction de la Bible réalisée sous la direction de la très catholique Ecole biblique de Jérusalem) : "L'analyse de la forme définitive des textes – la seule à laquelle nous ayons accès – montre que l'unification rédactionnelle a beaucoup apporté à la formulation définitive" (p. 16). "… on préfère aujourd'hui parler de deux traditions dont l'ensemble a été élaboré d'une manière progressive, si bien que l'on peut trouver des passages très tardifs au milieu de passages beaucoup plus anciens" (p. 17). Les commentateurs chrétiens de la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) écrivent à propos des livres de l'Ancien Testament que "avant de recevoir leur forme définitive", ils "ont circulé assez longtemps dans le public et portent les traces des réactions suscitées par les lecteurs, sous forme de retouches, d'annotations, voire de refontes plus ou moins importantes" (Traduction Œcuménique de la Bible, édition de 1975, pp. 10-11, cité dans Moïse et Pharaon, les Hébreux en Egypte, pp. 34-35).
Les commentateurs de la Bible de Jérusalem écrivent, à propos du passage parlant des Nephilim (Genèse 6/1-4) : "L'auteur semble utiliser une tradition populaire à caractère mythologique" (p. 26). A propos du récit de la tour de Babel : "Récit fait de l'amalgame de plusieurs traditions" (p. 32). A propos de la mention de la mort de Moïse à la fin du Deutéronome : "Ces chapitres forment une sorte de conclusion générale à l'ensemble du Pentateuque ; ils regroupent des éléments d'origine et d'âge divers, qui ont été rattachés au corps du Dt lors de la dernière rédaction" (p. 310). A propos de la mention des Philistins en Genèse 21/32-34, 26/1-8 et en Exode 13/7, les auteurs écrivent qu'il s'agit d'"une anticipation" (p. 344) : le fait est qu'en ce qui concerne la période que ces passages intéressent, les Philistins ne sont pas encore installés dans la région qui est rattachée à leur nom : l'auteur du texte a donc désigné un événement qui s'est déroulé sur le littoral de Palestine des siècles avant lui en utilisant la périphrase en usage en son temps à lui ("pays des Philistins") : c'est ce qu'on appelle un anachronisme. La même chose peut être dite – mais cela, les commentateurs de la Bible de Jérusalem ne l'ont pas écrit – à propos du passage où on lit que Joseph installa son père et ses frères "dans la meilleure région, la terre de Ramsès" (Genèse 47/11) : l'écrivain a relaté cet événement de l'époque de Joseph (XVIIème siècle avant J.-C.) mais a, pour désigner la région d'Egypte où il s'est déroulé, employé le nom de Ramsès, pharaon de l'époque de Moïse (XIIIème siècle avant J.-C.).
Pour en revenir aux notes des commentateurs de la Bible de Jérusalem : à propos des chapitres 10 et 11 du Livre de Josué : "Ces chapitres diffèrent des précédents et ne s'accordent pas avec d'autres passages du livre ni avec Jg 1, où il apparaît que la conquête fut lente et que chaque tribu eut une action indépendante" (p. 338). A propos de certains événements présentés par le Livre des juges : "Vue théologique qui ne correspond qu'imparfaitement à l'histoire. A la base du livre, il y a des récits indépendants dont la relation chronologique est établie arbitrairement" (p. 366). Voici encore ce qu'on peut lire en introduction au livre de Jérémie dans la Traduction Œcuménique de la Bible : "En plus, l'exégète sera attentif au fait que les ch. 1-25 contiennent, à côté des oracles poétiques, d'une authenticité à toute épreuve, un très grand nombre de passages rédigés dans une prose qui rappelle celle des éditeurs deutéronomistes des livres historiques. Ces passages représentent probablement des oracles de Jérémie retravaillés par des éditeurs postérieurs. Au début de l'exil existaient donc de nombreux livrets, feuillets et recueils épars, et en plus, probablement, quelques traditions orales relatives à Jérémie. Ce sera un rédacteur anonyme, très certainement "deutéronomiste", qui réunira tous ces matériaux en un seul volume" (TOB, édition de 1997, p. 554). Sur Esdras et Néhémie : "La rédaction actuelle de ces livres laisse plusieurs problèmes historiques encore ouverts. Le premier problèmeconcerne l'interruption de la reconstruction du temple (Esd 4). D'après le texte, cette interruption fut ordonnée par Artaxerxès (465-424) à la suite des plaintes des gens du pays opposés aux Juifs (Esd 4.6-24). Or, la chronologie rend impossible un tel événement. En effet, la construction du temple fut achevée la 6è année de Darius, vers l'an 515 (Esd 6.15). Le passage Esd 4.6-24 concerne des événements de l'époque d'Artaxerxès, c'est-à-dire au moins 50 à 60 ans plus tard. Le rédacteur final du livre semble avoir confondu ces données. Plus complexe encore est le second problème : celui de la chronologie de l'activité d'Esdras et de Néhémie à Jérusalem. L'ordre chronologique actuel du récit parle de l'arrivée d'Esdras la 7è années d'Artaxerxès (Esd 7.7), puis de l'arrivée de Néhémie la 20è année d'un roi du même nom (Ne 2.1). Ensuite, Esdras réapparaît, puis Néhémie, dans un étonnant chassé-croisé. Ne faut-il pas plutôt situer l'activité d'Esdras lors de la seconde venue de Néhémie à Jérusalem ? Au lieu de la 7è année d'Artaxerxès, il faudrait lire alors la 27è ou la 37è année (soit vers 438 ou 428). Ou mieux encore, ne faut-il pas considérer toute l'activité de Néhémie comme antérieure à celle d'Esdras : ce dernier ne serait alors arrivé à Jérusalem que la 7è année du roi Artaxerxès II (et non Artaxerxès I), vers 398-397. Le problème n'a pas encore trouvé de solution satisfaisante" (TOB, édition de 1997, p. 1095).
Max Dimont, l'auteur juif bien connu, écrit de même : "There are two versions of many, many other events, as the perceptive reader of Old Testament may have noticed. Are we dealing with two versions of the same story, or with two different stories merged into one ?" (Jews, God and History, New American Library, 2nd edition, p. 28). "The final fusion of the Five Books of Moses, called the Pentateuch, occurred around 450 B.C. – in other words, not until eight to sixteen hundred years after some of the events narrated in them took place. Is it not reasonable to suppose that in that period of time [i. e. before 450 B.C.], before there were any written records, many changes and alterations must have occurred as the stories and legends were handed down orally from generation to generation ?" (Ibid., p. 31). Décrivant cette entreprise de fusion s'étant déroulée vers la moitié du 5ème siècle avant J.C., Dimont écrit : "As a second move toward forging a national religious and spiritual Jewish character, Ezra and Nehemia decided not only to revise the Book of Deuteronomy but to add to it four other Books of Moses. Under their direction, priest and scholar labored diligently to fuse the most important of the divergent Mosaic documents, including the Deuteronomy of Josiah, into the five books of the Pentateuch, namely, Genesis, Exodus, Leviticus, Numbers, and Deuteronomy. All Five Books of Moses were now made divine. From here on, no deletions, changes or additions to the Pentateuch could be made, nor have any been made" (Ibid., p. 63).
Encore faut-il noter que, de ce corpus établi par Ezra, différentes versions vont circuler au cours des siècles qui vont suivre. Il y aura bientôt ainsi :
– la version hébraïque ;
– la version de la Septante, en langue grecque ;
– la version samaritaine ;
– les Targums (= traductions) araméens (comme le Targum d'Onkelos) ;
– les versions syriaques.
Ces versions ne divergent certes pas sur l'essentiel, mais présentent quand même des différences quant à certains chiffres (les âges des patriarches) et certains noms de lieux. A lui seul, le texte hébraïque connaît, au Ier siècle de l'ère chrétienne, différentes versions légèrement différentes : c'est en l'an 90 après J.-C. que des savants juifs fixent la norme. L'introduction de la Traduction Oecuménique de la Bible relate que ces savants "avaient constaté que les manuscrits dont ils disposaient n'étaient pas strictement identiques. Pour remédier à cet inconvénient, ils établirent un texte officiel, en procédant par comparaison de quelques manuscrits existants. Après quoi ils firent détruire les manuscrits non conformes au texte qu'ils avaient retenu. En 1947 cependant on a retrouvé près de la mer Morte quelques manuscrits antérieurs au travail des Docteurs de la Loi (les textes de Qumrân). D'autre part le Pentateuque samaritain, de même que certaines versions anciennes, version grecque dite des Septante, certaines versions araméennes ou Targoums, attestent un état du texte plus ancien. On a pu constater que les différences avec le texte traditionnel étaient pour la plupart de faible portée. Mais dans certains cas ces formes plus anciennes du texte proposent un sens plus clair" (Traduction œcuménique de la Bible, édition de 1997, p. 13).
En tout état de cause, le texte hébraïque officiel, fixé en 90 de l'ère chrétienne, sera transmis de génération en génération ; c'est lui qui sera utilisé par Jérôme pour la traduction latine, qu'adoptera l'Eglise catholique, pendant que les Eglises orthodoxes, elles, continueront à utiliser le texte grec de la Septante malgré ses légères différences avec le texte hébraïque fixé en 90. Ce dernier sera donc retransmis tel qu'il aura été fixé entre les différentes générations de juifs ; suivant cette retransmission, une édition en 1524 sera faite par Jacob Ben Hayyim à Venise qui deviendra l'édition de référence ; c'est elle que, aujourd'hui encore, toutes les bibles hébraïques suivent. Par la suite, au XIXeme siècle, on a retrouvé dans une synagogue du Caire, un ancien exemplaire de la Torah (Pentateuque et non Tanak) hébraïque massorétique, qui a été daté du IXème siècle après J.-C..
(A ce texte de la Torah (ici dans le sens de Pentateuque) s'ajouteront d'autres textes :
– les Nebiim, qui contiennent le récit et la relation des propos de prophètes envoyés aux fils d'Israël ;
– les Ketoubim, qui sont constitués de recueils de prières psalmiques et de chroniques.)
La question qui se pose ici concerne les documents que Ezra harmonisa : quels sont ces documents ? D'où les tenait-il ?
Il semble qu'il se soit agi de différentes traditions que possédaient différents groupes chez les fils d'Israël revenus de l'exil. C'est bien pourquoi les commentateurs de la Bible de Jérusalem, de même que Max Dimont, parlent d'une fusion entre deux documents à l'origine distincts.
Ce qu'il faut également relever c'est que le texte que, au XIIIème siècle avant J.-C., le prophète Moïse reçut comme Paroles de Dieu sur le Mont Sinaï semble avoir été beaucoup plus court que l'ensemble du texte nommé aujourd'hui "Torah" : ce texte avait pu être gravé sur quelques tablettes de pierre (cf. Livre de Josué 8/32) ; il semble donc qu'au fil du temps, à ce texte gravé sur pierre, furent ajoutés les propos de Moïse ainsi que les jugements qu'il rendit entre les Fils d'Israël au cours de son parcours à leurs côtés ; la Torah a ensuite reçu aussi le récit du déroulement de la mission de Moïse aussi – c'est ce qui explique qu'on y trouve aussi mention de sa mort –, et même plus : les origines du monde, les généalogies de Abraham, etc.
1.2.2) A propos des textes des quatre Evangiles canoniques :
Pour ce qui est du texte des quatre Evangiles canoniques, on note aussi certaines contradictions. En voici quelques-unes…
"Ayant appris que Jean [= Jean-Baptiste] avait été livré, Jésus se retira en Galilée (Matthieu 4/12, voir aussi Marc 1/14 et Luc 4/14). Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre et André, son frère, en train de jeter le filet dans la mer : c'étaient des pécheurs. Il leur dit : "Venez à ma suite et je vous ferai pécheurs d'hommes." Laissant aussitôt leurs filets, ils le suivirent." (Matthieu 4/18-20). Or voici ce que Jean l'Evangéliste relate : "Le lendemain, Jean [= Jean-Baptiste] se trouvait de nouveau au même endroit avec deux de ses disciples. Fixant son regard sur Jésus qui marchait, il dit : "Voici l'agneau de Dieu." Les deux disciples, l'entendant parler ainsi, suivirent Jésus (Jean 1/35-37). "André, le frère de Simon-Pierre, était l'un de ces deux qui avait écouté Jean et suivi Jésus. Il alla trouver avant tout son propre frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie" – ce qui signifie le Christ. Il l'amena à Jésus" (Jean 1/40-42, plus une partie de 43). D'après la narration de Jean, c'est alors que Jean-Baptiste n'avait pas encore été arrêté que André et Simon suivirent Jésus, alors que d'après les écrits attribués à Matthieu, Marc et Luc, c'est alors que Jean-Baptiste avait déjà été arrêté qu'ils le suivirent.
"Et les disciples l'interrogèrent [= Jésus] : "Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'Elie doit venir d'abord ?" Il répondit : "Certes Elie va venir et il rétablira tout ; mais, je vous le déclare, Elie est déjà venu, et, au lieu de le reconnaître, ils ont fait de lui tout ce qu'ils ont voulu. Le Fils de l'homme lui aussi va souffrir par eux." Alors les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste" (Matthieu 17/10-13). Or voici ce que Jean relate : "Et voici quel fut le témoignage de Jean lorsque, de Jérusalem, les Juifs envoyèrent vers lui des prêtres et des lévites pour lui poser la question : "Qui es-tu ?" Il fit une déclaration sans restriction, il déclara : "Je ne suis pas le Messie." Et ils lui demandèrent : "Qui es-tu ? Es-tu Elie ?" il répondit : "Je ne le suis pas." – Es-tu le Prophète ?" Il répondit : "Non"" (Jean 1/19-21). La narration de Jean fait dire à Jean Baptiste qu'il nie être Elie, alors que la narration de Matthieu fait dire à Jésus que Jean Baptiste est bien Elie. Aucun de ces deux personnages ne peut avoir dit faux : le problème doit venir de la question de l'authenticité de l'attribution de chacun de ces deux propos.
"Alors, prenant la parole, Pierre lui dit : "Eh bien, nous, nous avons tout laissé et nous t'avons suivi. Qu'en sera-t-il donc pour nous ?" Jésus leur dit : "En vérité, je vous le déclare : Lors du renouvellement de toutes choses, quand le Fils de l'homme siègera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël" (Matthieu 19/27-28). Il est peu probable que les douze disciples auxquels il s'adresse alors siègent un jour sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël : en effet, parmi eux se trouve Judas l'Iscariote, celui-là même qui trahira Jésus : comment pourrait-il juger les autres ? Jésus n'est pas un menteur : le problème, ici encore, vient de l'authenticité de l'attribution de ce propos.
Les Evangiles canoniques relatent que Jésus fut crucifié, et qu'il le fut avec deux bandits, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche (Matthieu 27/38, Marc 15/27, Luc 23/33, Jean 19/18). Matthieu relate que "les bandits crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière" que des passants (Matthieu 27/44), et Marc relate chose semblable (15/32). Or Luc, lui, relate que l'un de ces deux bandits l'insulta tandis que l'autre prit sa défense (Luc 23/39-42).
Pourquoi y a-t-il de tels éléments dans les textes évangéliques ?
En fait il y a deux facteurs qui sont présents :
A) La question se pose tout d'abord de l'authenticité de la transmission de chaque parole et de chaque acte de Jésus entre les disciples de Jésus – témoins directs de ces paroles et actes – et ceux qui ont rédigé les textes évangéliques.
Car s'il est vrai que la tradition chrétienne présentait hier les rédacteurs de l'Evangile selon Matthieu et l'Evangile selon Jean comme étant des disciples de Jésus, un certain nombre d'érudits chrétiens d'aujourd'hui ne le pensent plus. Ainsi, à propos des trois Evangiles synoptiques, les commentateurs de la Bible de Jérusalem évoquent "la théorie des Deux Sources", dont ils disent qu'elle est "aujourd'hui globalement acceptée par catholiques et protestants" (p. 1696). Il y aurait d'abord eu une rédaction en araméen (étape a), à partir de laquelle il y aurait eu la rédaction d'œuvres intermédiaires en grec (étape b), celles-ci ayant ensuite servi à la rédaction des Evangiles que nous connaissons (étape c) (voir pp. 1696-1697). Reste à savoir combien de niveaux d'œuvres intermédiaires il y a eu (un ou deux ?) ; de plus, on peut se demander si pendant un certain temps la narration de l'Evangile de Jésus ne s'est tout simplement pas faite par voie orale avant d'être transcrite en araméen puis en grec (ce qui conduirait à quatre étapes au lieu de trois).
Les commentateurs de la Bible de Jérusalem écrivent donc : "Assurément, ni les apôtres ni les autres prédicateurs et narrateurs évangéliques n'ont cherché à faire de l'"histoire" au sens technique et moderne de ce mot. (…) Les rédacteurs évangéliques qui ont ensuite consigné et rassemblé leurs témoignages ont respecté leurs sources, comme le prouvent la simplicité et l'archaïsme de leurs compositions. (…) Si les Synoptiques ne sont pas des biographies, au sens moderne du terme, ils nous offrent cependant beaucoup d'informations historiques sur Jésus et ceux qui l'ont suivi. On peut les comparer à des vies hellénistiques populaires, comme celles de Plutarque (mais il y a aussi des modèles de telles vies dans l'AT, comme les histoires de Moïse, de Jérémie ou d'Elie). Cependant, chacun des faits ou des dits ne peut être pris pour une reproduction littéralement exacte de ce qui s'est passé. (…) les faits contribuent à une telle mise en garde puisque nous voyons le même événement ou la même parole du Christ transmis de façon différente par les différents évangiles. Ceci vaut pour le contenu et aussi pour l'ordre selon lequel les épisodes ou les paroles sont rapportés (…)" (p. 1697). A propos de l'Evangile selon Jean, les commentateurs de la Bible de Jérusalem écrivent : "Cet évangile est le résultat d'une lente élaboration, comportant des éléments d'époques différentes, des retouches, des additions, des rédactions diverses d'un même enseignement. On peut tenir qu'il ait existé plusieurs sources : une source des signes, un recueil de paroles, un récit de la passion et de la résurrection, en tout cas un "écrit fondamental", connu aussi de Luc, ce qui expliquerait la parenté entre traditions johanniques et lucaniennes. Le nom de l'ultime rédacteur nous est inconnu, mais on peut toutefois préciser sa personnalité : c'est un judéo-chrétien qui s'efforce de rejudaïser l'évangile par des retouches portant sur l'eschatologie influencée par les modes de penser grecs. Peut-on maintenir un lien étroit entre le quatrième évangile et l'apôtre Jean ? Beaucoup d'auteurs reconnaissent en lui "le disciple que Jésus aimait", témoin oculaire des faits rapportés. Toutefois cette identification fait problème" (pp. 1857-1858).
B) A cela s'ajoute le fait que Jésus employait souvent un langage énigmatique que même ses disciples directs, sémites comme lui, ne comprenaient pas toujours ; ainsi, Jésus leur ayant dit un jour : "Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens !", ses disciples se firent cette réflexion : "C'est que nous n'avons pas pris de pains." Jésus leur dit alors : "(…) Comment ne saisissez-vous pas que je ne vous parlais pas de pain quand je vous disais : Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens." Alors ils comprirent qu'il n'avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de l'enseignement des Pharisiens et des Sadducéens (Matthieu 16/5-12).
Or on ne dispose plus des originaux araméens relatant ces paroles du Christ mais uniquement de leurs traductions en langue grecque. En effet, les plus anciens manuscrits dont on dispose actuellement sont : le Sinaïticus (conservé au British Museum) et le Vaticanus (conservé à la Bibliothèque vaticane), datant tous deux du milieu du IVème siècle. Il existe aussi un autre codex, "très proche du Vaticanus, contenant les quatre cinquièmes de Lc (et d'importants fragments de Jn)", qui est daté du IIIème siècle. Il y a aussi "plus de 2000 manuscrits grecs, s'échelonnant entre le IVe et le XIVe siècle" (La Bible de Jérusalem, p. 1696). Les commentateurs ajoutent qu'il est possible que les textes des Evangiles aient été constitués sous leur forme actuelle dès le milieu du IIème siècle ou même plus tôt (Ibid.). Mais on sait que ces évangiles ont été rédigés en grec.
Jésus s'exprimait en araméen ; traduire des propos araméens pour en faire profiter des humains qui ne parlent pas cette langue n'est pas en soi un problème ; par contre, la traduction peut devenir une réduction si on ne dispose plus de l'original, a fortiori si les propos originels sont énigmatiques, dus à des tournures propre à la langue originelle. Ainsi, les textes évangéliques indiquent que Jésus aurait eu des frères et sœurs (Matthieu 13/46-50, Marc 6/1-6 et Jean 7/3 et 2-12) : les termes employés (grecs adelphoi et adelphai) désignent bien des frères et sœurs biologiques ; mais il pourrait s'agir d'une traduction défectueuse de mots qui, en langue sémitique, voulaient certes dire "frères" et "sœurs", mais dans le sens de "proches parents".
Ici encore, les musulmans ne sont pas les seuls à dire que la totalité du texte des quatre Evangiles canoniques n'est pas authentique :
Après avoir été arrêté, Jésus est conduit devant le Sanhédrin, le tribunal religieux suprême, que présidait cette année-là Caïphe. Les hommes de ce Conseil le condamnent alors à mort pour blasphème(Luc 22/66-71). Le Point écrit : "... les synoptiques font comparaître Jésus chez Caïphe, où se réunit le sanhédrin au complet, c'est-à-dire le tribunal religieux suprême d'Israël. Composé de soixante-dix membres présidés par le grand prêtre, ce tribula pléthorique aurait donc siégé en pleine nuit de Pâque, à l'encontre de toutes les traditions ! (...) Tout autre est le récit de Jean, qui raconte seulement une entrevue, également nocturne, avec le beau-père et prédécesseur de Caïphe, l'ex-grand prêtre Anne. L'avis général des critiques bibliques actuels va franchement vers cette version-là, qui évoque une grande brièveté et, surtout, ne met à aucun moment le sanhédrin en scène. Le motif de la condamnation n'est plus le blasphème mais la phrase bien plus réaliste et parfaitement cynique de Caïphe : "Il est avantageux qu'un seul homme meure pour tout le peuple" (Jean XVIII, 14). Marie-Emile Boismard, autorité incontestée de l'Ecole biblique de Jérusalem, spécialiste de l'Evangile de Jean, considère que la vérité historique est là. "Je suis persuadé, estime-t-il, en tenant compte de l'Evangile de Jean, qu'il n'y a jamais eu de procès devant le sanhédrin. (...) Les synoptiques et Jean se rejoignent ensuite pour la comparution devant Ponce Pilate, au matin" (Le Point n° 1279, p. 83).
Max Dimont écrit quant à lui : "Any person familiar with Jewish judicial procedure in biblical times will find it difficult to take the Gospel accounts literaly. According to Jewish law at that time, no one could be arrested at night. It was illegal to hold court proceedings after sundown on the eve or the day of the Sabbath or a festival. (...) A historian familiar with the cruelty and rapacity of Pontius Pilate will find it equally difficult to accept the portrayal of Pilate as a tender and merciful judge, zealous for the welfare of one Jew. In fact, Pilate's cruelty and rapacity became so notorious that the Emperor Tiberius had to remove him because he brought dishonor to Rome" (Op. cit., pp. 136-137).
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Ecrit le 14 févr.06, 03:02
trop long et du déja vue et relue
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
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Ecrit le 14 févr.06, 03:23
radotage : discours sans suite ni raison.propos répétitifs.nuage a écrit :Cela s'appelle du radotage...
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Ecrit le 14 févr.06, 03:55
C' est encore du copier coller:
Le texte intégrale est ici:
http://www.maison-islam.com/print.php?sid=397
un clone de "humble avis"?
Le texte intégrale est ici:
http://www.maison-islam.com/print.php?sid=397
un clone de "humble avis"?
- MOITOUSIMPLEMENT
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Ecrit le 14 févr.06, 04:56
Tout à fait c'est un texte reporté du site http://www.maison-islam.com/article.php?sid=397 pour voir le lien précisement, et je ne vois pas de mal à le faire si cela peut ouvrir un débat sur le sujet pour plus de compréhension...je pense qu'au lieu de se cacher derriére des excuses du genre report copiage etc...il serait plus judicieux de trouver des arguments pour contredire ou apuiyer les propos avancés... ou s'abstenir du moins faute d'absence d'arguments...
Ecrit le 14 févr.06, 05:10
Ce que je pourai faire comme toi aller chercher d`un site et après te faire un copie coller . !MOITOUSIMPLEMENT a écrit :Tout à fait c'est un texte reporté du site http://www.maison-islam.com/article.php?sid=397 pour voir le lien précisement, et je ne vois pas de mal à le faire si cela peut ouvrir un débat sur le sujet pour plus de compréhension...je pense qu'au lieu de se cacher derriére des excuses du genre report copiage etc...il serait plus judicieux de trouver des arguments pour contredire ou apuiyer les propos avancés... ou s'abstenir du moins faute d'absence d'arguments...
L’intégrité de la Bible
Beaucoup de Musulmans supposent que la Bible que les Chrétiens possèdent aujourd’hui est une version altérée d’un texte orignal qu’on a perdu. Ils accusent les Chrétiens de déformer la Bible. Cependant, leur livre "sacré", le Coran, confirme cette même Bible, et l’appelle Parole de Dieu.
Dieu les a fait descendre
(Il les a révélés)
Dans le Coran, les termes suivants sont employés pour désigner les différentes parties de la Bible:
Tawrat - la Tora, les cinq premiers livres de la Bible
Zabur - les Psaumes
Injil - l’Evangile
Sahaif - les livres des Prophètes
La Tora, les Psaumes et le Sahaïf sont appelés les Ecritures Saintes des Juifs, que les Chrétiens appellent l’Ancien Testament. L’Evangile est appelé l’Ecriture Sainte des Chrétiens que les Chrétiens appellent le Nouveau Testament. Le Coran affirme que toutes ces Ecritures furent révélées par Dieu: ‘Il a fait descendre sur toi le Livre, en toute vérité; celui-ci déclare véridique ce qui était avant lui. Il avait fait descendre la Tora et l’Evangile - direction, auparavant, pour les hommes - et il avait fait descendre la Loi’ (Coran 3:3, 4).
Une direction pour les hommes
Le Coran souligne que la Tora, le Zabour, l’Evangile et le Sahaïf sont les livres de Dieu, Sa Parole, une lumière, et un "Furqan", c’est-à-dire, un critère de jugement.
La Tora
est le livre de Dieu (Coran 2: 101, 3:23, 5:44)
est une direction et un rappel adressés aux hommes doués d’intelligence
est une direction et une lumière (Coran 5:44)
est un critère (Coran 2:53, 21:48).
L’Evangile [ou Injil]
contient ‘des preuves incontestables’ (Coran 2:87)
a été ‘donné à Jésus’
contient ‘une Direction et une Lumière’, et
‘confirme ce qui était avant lui de la Tora’ (Coran 5:46).
L’universalité de la Tora et de l’Injil
Le Coran insiste que l’Injil et la Tora sont une direction pour tous les hommes, ‘un appel à la clairvoyance adressé aux hommes; une Direction et une miséricorde’ (Coran 28:43, cf. 3:3-4, 6:92).
Le Saint Injil comme critère
Dieu dit aux Chrétiens de juger d’après l’Evangile: ‘Que les gens de l’Evangile jugent les hommes d’après ce que Dieu y a révélé. Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d’après ce que Dieu a révélé’ (Coran 5:47).
Le Coran ne commanderait guère aux Chrétiens de juger d’après leur livre si Mahomet avait eu des raisons de croire que ce livre avait été altéré, même un tout petit peu. Cependant, beaucoup de Musulmans aujourd’hui prétendent que le Saint Evangile aurait été profondément déformé. Ou les Musulmans qui mettent en doute la véracité de la Bible ont tort, ou Mahomet a eu tort!
La Parole de Dieu ne change jamais
Le Coran dit que personne ne peut changer la Parole de Dieu. Il dit: ‘Telle était déjà, auparavant, la coûtume de Dieu. Tu ne trouveras aucun changement dans la coutume de Dieu’ (Coran 48:23). Autre part le Coran dit: ‘Il n’y a pas de changement dans les Paroles de Dieu: c’est là le bonheur sans limites’ (Coran 10:64, 6:34).
Le Coran comme préservateur
Le Coran prétend non seulement confirmer les Ecritures ultérieures, mais il réclame aussi la responsabilité de les ‘préserver de toute altération’ (Coran 5: 48). Al-Baidhawi explique que le ‘préserver de toute altération’ veut dire que: ‘Le Coran est le protecteur de tous les livres sacrés, pour les préserver de toute sorte d’altération’ [Qazi Nasiruddin Abusaeed Abdullah bin Umar al-Baidhawi (1300 ap. J.-C.) écrivit un commentaire bien connu sur le Coran qu'on appelait originellement ‘Anwar-al-tunzeel’ mais qu'on appelle maintenant ‘Tafsir-e-Baidhawi’].
Le Coran ne suggère aucune ‘altération’
Dans le Coran il n’y aucune suggestion ni d’altération ni de déformation du texte biblique quand le Coran emploie le terme ‘tahrif’. Le Coran, en employant le mot tahrif, accuse parfois les Juifs (mais non les Chrétiens) de cacher la vérité, mais il n’implique point que le texte ait été déformé.
De différentes sortes de 'Tahrif'
Dans le Coran, le mot tahrif est employé dans les sens suivants:
Altérer le sens des paroles en tordant la langue. Par exemple, le Coran accuse certains Juifs de mal prononcer exprès les paroles de Mahomet: ‘Certains Juifs altèrent le sens des paroles révélées...Ils tordent leurs langues et ils attaquent la Religion’ (Coran 4:46, cf. 3:78). L’imam Fakr al Din Al Razi (mort en 1228) croyait que le ‘tahrif’ mentionné dans le Coran était dans le sens, non dans le texte. Il écrivit le commentaire volumineux sur le Coran que beaucoup de Musulmans connaissent correctement comme ‘Le grand Tafsir’.
Mal interpréter des versets. Par exemple, ‘...certains d’entre eux ont altéré sciemment la Parole de Dieu, après l’avoir entendue’ (Coran 2:75). Dans son livre, Alfouz al kabeer fi Osulal tafsir, Shalh Waliullah affirme que dans le Coran ‘tahrif’ réfère aux Juifs qui citent fautivement ou traduisent mal la Tora et il affirme que l’original n’a pas été et ne peut pas être altéré, étant la Parole de Dieu.
Les faits
Les accusations de la part des apologistes musulmans qui disaient que le texte de l’Evangile et la Tora avait été altéré ne sont survenues que longtemps après le prophète de l’Islam. Si c’était le cas, pourquoi le Coran affirme-t-il que le message révélé à Mahomet n’était qu’une simple confirmation des Ecritures antérieures?
Selon le Coran, qui fut écrit à peu près sept cent ans après l’écriture de l’Injil, la Tora et l’Injil existaient en forme pure à l’époque de Mahomet. Si l’Injil n’avait pas été authentique et tout à fait fidèle à l’époque de Mahomet, alors le Coran n’aurait pas instruit aux Chrétiens de juger d’après ce que Dieu avait révélé dans l’Injil.
Après Mahomet
D’autres disent que la Tora et l’Evangile furent altérés après le commencement de la prédication de Mahomet. Pourtant, cette accusation contredit le Coran, car le Coran prétend être le protecteur des livres inspirés précédents. Ainsi, celui qui prétend qu’il y a eu altération du texte de la Tora ou de l’Evangile, prétend aussi, inévitablement, que le Coran a échoué dans son rôle de protecteur!
Si les Ecritures pré-islamiques avaient été altérées, pourquoi le Coran commande-t-il aux Musulmans d’y croire? Car il est écrit dans le Coran:
‘Dites [O Musulmans]: "Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus; à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus; à ce qui a été donné aux prophètes, de la part de leur Seigneur. Nous n’avons de préférence pour aucun d’entre eux; nous sommes soumis à Dieu".’ (Coran 2:136)
Evidence documentaire
De nombreux exemplaires manuscrits de toutes parties de la Bible, écrits des siècles avant l’époque de Mahomet, sont disponibles aujourd’hui. Par exemple, les manuscrits de la mer Morte, qui furent écrits avant 68 ap J.-C., contiennent la plus grande partie de tous les livres de l’Ancien Testament sauf Esther. (F.F. Bruce, "Second Thoughts on the Dead Sea Scrolls", Londres, Paternoster Press, 1956, p. 31).
En plus, l’un des manuscrits grecs les plus anciens du Nouveau Testament entier qui est disponible aux chercheurs est le Codex Alexandrius. Ce manuscrit date du 5e siècle ap J.-C. et peut être vu et étudié tous les jours dans le Musée britannique de Londres. Des manuscrits de passages du Nouveau Testament qui datent du 2e siècle peuvent être étudiés aussi.
La fiabilité de la Bible d’aujourd’hui peut être vérifiée en la comparant à ces documents et à d’autres documents semblables. Les traductions modernes sérieuses ont au fond le même contenu que les manuscrits courants à l’époque de Mahomet. Ils n’y diffèrent en aucune matière doctrinale que les Musulmans mettent en question. Nous autres Chrétiens, nous croyons que Dieu qui a préservé Sa Parole dans le passé est capable de la préserver toujours à l’avenir.
La Bible est altérée - vraiment?
Si la Bible et le Coran ne sont pas d’accord, il est impossible que tous les deux aient raison. Le Coran, alors, a-t-il tort de justifier la Bible Pas du tout! Car nous avons fait référence aux documents historiques qui confirment la fiabilité la Bible.
Nous conseillons vivement aux Musulmans de suivre les conseils clairs du Coran à Mahomet et ses disciples: ‘Si tu es dans le doute au sujet de notre Révélation, interroge ceux qui ont lu le Livre avant toi’ (Coran 10:94).
Une question pour toi dans le temps de mahomed les textes étaient t-il falsifier ?
Ecrit le 14 févr.06, 05:19
MOITOUSIMPLEMENT
Arrête de te cacher et réponds moi voilà ta réponse !
Témoignage rendu à la Bible par le Coran
Chaque fois qu'un chrétien s'appuie sur un passage biblique pour justifier devant un musulman ce qu'il croit, il obtient de son interlocuteur invariablement la même réponse: "VOUS AVEZ MODIFIE VOTRE BIBLE". Pour fonder une accusation aussi grave, les musulmans se servent du mot harrafa ( ) et invoquent les versets du Coran où ce mot est employé. Le présent chapitre sera donc consacré à l'étude du témoignage rendu par le Coran à la Torah de Moïse, aux Psaumes de David (Zabur) et à l'Evangile (Injil) de Jésus.
1. Préambule
Mais une première question surgit: "Comment un non-musulman peut-il entreprendre une étude valable du Coran?" Je suis le premier à reconnaître le bien-fondé d'une telle question. En effet, pour comprendre un livre, il faut adopter, préalablement à son étude, une attitude qui soit en harmonie avec la vision du monde présentée par le livre en question. Mais puisque le Coran prétend lui-même être " un livre clair " , écrit en " claire langue arabe " ( ) qu'un Quraychite incroyant pouvait comprendre, nous allons aborder notre étude des textes du Coran comme nous le ferions pour un passage de la Bible.
Il nous faudra évoquer tous les versets qui ont un rapport avec le sujet traité, et les évoquer dans leurs contextes. Il arrivera que ce contexte se limite à un seul verset ou moins. Mais il se pourra aussi que nous ayons à examiner une page entière pour déterminer clairement le sens d'un mot ou d'une phrase.
Des auteurs musulmans ont découvert récemment le besoin de ce genre d'étude. Dans la préface de son livre God of justice(1) le Dr. Daud Rahbar écrit:
"Si nous voulons retracer correctement l'histoire de la théologie musulmane et bâtir un solide système d'exégèse coranique, il nous faut absolument savoir au préalable ce que représentait le Coran pour le Prophète et pour ceux qui l'entouraient, en tenant compte de leur cadre historique."
Il poursuit en affirmant que les commentateurs du Coran n'avaient pas rapproché et comparé les versets qui traitent d'un sujet donné, avant d'en fournir l'interprétation. Il prend l'exemple suivant, sans grande importance, de Al-Baidawi. Celui-ci, commentant l'expression "la terre et les cieux" explique que "terre est mentionnée en premier parce que tout mouvement pour s'élever, pour escalader, part d'en bas, c'est-à-dire de la terre". Le Dr. Rahbar ajoute: "Sur ce, je recherchai d'autres passages du Coran commentés par Baidawi et m'aperçus que souvent le mot cieux précédait celui de terre et qu'alors Baidawi ne tenait manifestement plus compte de ce qu'il avait écrit sur l'importance de l'ordre terre-cieux."(2)
Le Dr. Rahbar termine sa préface en déclarant être le premier musulman à avoir entrepris cette étude aussi systématiquement:
"Après tout, la liste exhaustive constitue bien la totalité des informations que nous possédions sur un sujet donné. De quel droit limiterions-nous les citations à quelques textes alors que trois cents autres traitent du même sujet? Je suis absolument certain de faire oeuvre pionnière dans ce domaine. La science musulmane est appelée à faire des progrès dans l'analyse ou dans la classification des textes avec leurs contextes présentés dans mon ouvrage, mais personne ne niera que ces collections exhaustives sont rassemblées ici pour la première fois."(3)
Pour la traduction française des passages du Coran, je me suis servi essentiellement de l'ouvrage Le Coran, traduit par Muhammad Hamidullah, et publié par le Club Français du Livre, 1959. J'ai opté pour cette traduction parce que le Dr. Bucaille et le Dr. Torki s'y réfèrent souvent. Par ailleurs une nouvelle édition bilingue (arabe-français) de cette version vient d'être publiée. Mais il existe encore une raison plus déterminante à mon choix; elle tient à la traduction elle-même. Car, comme l'exprime si bien Louis Massignon dans sa préface, "Hamidullah a essayé de préserver en français les tournures verbales abruptes et déconcertantes de la syntaxe arabe coranique."(4)
Malheureusement, ce grand souci de fidélité au texte arabe aboutit, dans quelques cas, à des tournures françaises difficilement compréhensibles. Je me suis alors référé à la traduction de D. Masson, éditée par Gallimard, 1967. Dans la préface de cet ouvrage, Jean Grosjean, un arabisant qui a, lui aussi, traduit le Coran, déclare:
"Et, bien qu'il (le Coran) défie parfois des auditeurs de rien produire de comparable, il répète souvent qu'il parle en claire langue arabe, qu'il est une explication flagrante. Il faut louer D. Masson d'avoir eu d'abord cette fidélité-là et de parler en claire langue française." (5)
Il est important de noter que cette traduction a été homologuée par l'Assemblée de la Recherche Islamique de l'Université al-Azhar, au Caire. Voir la photo de cette attestation dans une version bilingue publiée récemment par Dar Al-Kitab Al-Masri, B.P 156, Le Caire, Egypte.
Là où il m'a semblé que les traductions anglaises de Abdullah Yusuf Ali(6) ou de Muhammad Pickthall(7) étaient plus proche de l'original arabe, je m'y suis référé. J'ajoute, cependant que certains mots arabes inclus dans les versets cités sont si importants pour la discussion que j'ai préféré les traduire personnellement de façon plus littérale. Dans ce cas, je ne me suis pas soucié de l'élégance du style; ma préoccupation majeure était de permettre au lecteur non familiarisé avec l'arabe de pouvoir cependant suivre pleinement l'argumentation.
2. Liste des témoignages
Ces remarques préliminaires étant faites, je me propose de citer tous les textes qui rapportent le témoignage explicite du Coran rendu à la Bible.
A. Versets qui attestent que la Torah était authentique au temps de Jésus
Al. Marie (Maryam) 19.12, de la période mecquoise intermédiaire, an 7 avant l'Hégire.
Dieu dit: "O Jean (Yahya) prends le livre avec force! Et Nous lui apportâmes la sagesse, tout jeune qu'il était."
A2. La famille d'Amram (Al 'Imran) 3.48, an 2-3 de l'Hégire.
L'ange Gabriel annonce à Marie la naissance de Jésus et dit: "Et Lui (Dieu) enseigne le Livre de la sagesse et la Torah et l'Evangile."
A3. L'interdiction (Al-Tahrim) 66.12, an 7 de l'Hégire.
"De même Marie (la mère de Jésus)... avait traité de vraies les paroles de son Seigneur ainsi que Ses Livres."
A4. La famille d'Amram (Al 'Imran) 3.49-50, an 2-3 de l'Hégire.
Jésus dit : "Et me voici en tant que confirmateur de ce qui EST entre mes mains de la Torah, et pour vous rendre licite partie de ce qui vous était interdit."
A5. Le rang (Al-Saff) 61.6, an 3 de l'Hégire.
Et quand Jésus fils de Marie dit: "O enfants d'Israël! Je suis vraiment un messager de Dieu à vous, confirmateur de ce qui EST entre mes mains de la Torah."
A6. Le plateau servi (Al-Ma'ida) 5.46, an 10 de l'Hégire.
"Et Nous avons lancé sur leurs (celles de Moïse et des Juifs) traces Jésus fils de Marie en tant que confirmateur de ce qui est entre ses mains de la Torah. Et Nous lui avons donné l'Evangile - où il y a direction et lumière - en tant que confirmation de ce qui est entre ses mains de la Torah et en tant que guidée et exhortation pour les pieux."
A7. 5.113.
Et quand Dieu dira: "O Jésus fils de Marie! Rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiai de l'esprit de sainteté! Au berceau tu parlais aux gens, puis comme homme ayant atteint l'âge mûr. Et quand Je t'enseignai le Livre de la sagesse et la Torah et l'Evangile!"
Nous pouvons résumer ainsi le contenu de ces versets dont le premier cité provient des révélations finales de l'an 10 de l'Hégire:
Jean-Baptiste (Yahya) reçut l'ordre de se saisir du "Livre" (A1); Marie, la mère de Jésus croyait dans les "Livres" de Dieu (A3) ; Dieu avait promis, dès avant la naissance de Jésus de lui enseigner la Torah (A2) ; Jésus affirma que son Evangile "confirmait la vérité de la Torah qui est entre ses mains" (A4, A5) ; Dieu confirme, du temps de Muhammad, qu'Il avait bien enseigné à Jésus la Torah (A6, A7). Nous en concluons qu'au siècle où vécut Jésus, la Torah était authentique et n'avait subi aucune altération.
Ajoutons que la Sourate l'Interdiction, évoquée en A3, et qui date de l'an 7 de l'Hégire, précise que " Marie estimait vrais Ses "Livres" ( ~ ) (ceux de Dieu); il ne peut s'agir que des livres donnés au peuple d'Israël par les Prophètes, au même titre que la Torah avait été donnée au peuple par Moïse.
B. Versets qui attestent qu'il y a eu de vrais chrétiens dans l'intervalle de temps qui sépare Jésus de Muhammad
B1. Le plateau servi (Al-Ma'ida) 5.110-111, de l'an 10 de l'Hégire.
Et quand Dieu dira: " O Jésus fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi... Et quand Je t'enseignerai le Livre et la sagesse et la Torah et l'Evangile... Et quand J'ai révélé aux apôtres ceci: Croyez en Moi et en Mon messager (Jésus ), ils lui (à Jésus) dirent: Nous croyons, et sois témoin qu'en vérité nous sommes des musulmans (des Soumis)."
B2. La famille d'Amram (Al 'Imran) 3.52-53, de l'an 2-3 de l'Hégire.
Puis, quand Jésus sentit de la mécréance de leur part, il dit: "Qui sont mes secoureurs en Dieu? Les apôtres dirent : Nous sommes les secoureurs de Dieu! Nous croyons en Dieu et sois témoin que certes nous sommes des musulmans (des Soumis).
Seigneur, nous avons cru en ce que Tu as fait descendre, et suivi le messager (Jésus)."
B3. Le rang (Al-S aff) 61.14, an 3 de l'Hégire.
O vous les croyants! Soyez les auxiliaires de Dieu, comme au temps où Jésus fils de Marie, dit aux apôtres : "Qui seront mes auxiliaires dans la Voie de Dieu? Les apôtres dirent: Nous sommes les auxiliaires de Dieu! Un groupe des fils d'Israël crut, un groupe fut incrédule. Nous avons soutenu contre leurs ennemis ceux qui croyaient et ils ont remporté la victoire." (Trad. D. Masson).
B4. Le fer (Al-Hadid) 57.26-27, an 8 de l'Hégire.
"Et très certainement, Nous avions envoyé Noé et Abraham, et assigné à leur descendance la fonction de prophète et le livre. Puis, tel en fut qui se guida, tandis que beaucoup d'autres furent pervers.
Sur leurs traces Nous avions fait suivre Nos messagers tout comme Nous avions fait suivre Jésus fils de Marie, tandis que Nous lui avions apporté l'Evangile, et mis au coeur de ceux qui le suivirent, douceur et mansuétude, ainsi que le monachisme qu'ils inventèrent - Nous ne leur avions rien prescrit... - Nous avions apporté leur salaire à ceux d'entre eux qui crurent. Beaucoup d'entre eux cependant furent pervers." Cf. 5.85.
Ce verset nous apprend une chose intéressante : bien que le monachisme ne venait pas de Dieu, il y eut d'authentiques croyants parmi ces disciples de Jésus, et ils reçurent " la récompense méritée" (dans le ciel).
Historiquement parlant, le monachisme débute au 4e siècle. Mais des hommes, tels que Paul de Thèbes, menaient déjà une vie d'ermite dès le 3e siècle. St-Antoine d'Egypte fut le premier à organiser de petits groupes d'anachorètes en 305. Le monachisme s'implanta aussi dans le Sinaï à la même époque.
B5. La grotte (Al-Kahf) 18.10-25, Sourate mecquoise:
Quand les jeunes gens se furent réfugiés vers la grotte, ils dirent: "O notre Seigneur apporte-nous de Ta part une miséricorde ; et arrange-nous une bonne conduite de notre affaire."
Or ils demeurèrent dans leur grotte trois cents ans, et en ajoutèrent neuf.
Yusuf Ali indique dans plusieurs notes de sa traduction du Coran que cet épisode pourrait désigner 7 jeunes chrétiens d'Ephèse qui trouvèrent refuge dans une caverne lors des persécutions et furent plongés dans un sommeil de trois siècles. Il propose des dates s'échelonnant entre 440 et 450 de 1'ère chrétienne comme époque marquant la fin de leur sommeil. Yusuf Ali ajoute que le calife Wathiq (842-846 ap.J-C.) avait envoyé une expédition pour examiner et identifier la localité.(8) Dans son commentaire du verset, Hamidullah ne fait qu'évoquer cette hypothèse mais pense qu' "il s'agit plutôt d'une époque bien antérieure au Christianisme".
B6. Les constellations (Al-Buruj) 85.4-9, de la période mecquoise primitive
"A mort les gens de l'Ukhdûd, du feu plein de combustible! Tandis qu'ils s'y trouvaient assis, témoins de ce qu'ils faisaient aux croyants a qui ils ne reprochaient que d'avoir cru en Dieu..."
Dans la note qui accompagne sa traduction, Hamidullah applique cet épisode à un roi juif du Yémen, du nom de Dhou Nuwas, qui persécuta des chrétiens au 6e siècle, livrant aux flammes ceux d'entre eux qui refusèrent de se convertir au judaïsme. Le calife Omar construisit au Yémen une grande mosquée pour honorer les martyrs chrétiens."(9) Yusuf Ali fait également état de cette explication possible.(10)
Des trois premières citations coraniques, retenons ceci : les disciples de Jésus furent "inspirés" par Dieu pour suivre le Messie (B1) ; ils acceptèrent d'être les "auxiliaires de Dieu" (B2, B3) ; ils furent les vainqueurs (B3). De plus, même lorsque le monachisme se développa (B4), c'est-à-dire au 4e siècle, il existait encore d'authentiques croyants.
Si Muhammad et ses contemporains de La Mecque appliquaient les événements évoqués en B5 et en B6 à un contexte chrétien, alors nous aurions un témoignage coranique en faveur de chrétiens véridiques, agréés par Dieu, à Ephèse (Turquie actuelle) en l'an 450 ap. J.-C., et au Yémen au 6e siècle, comme l'atteste le martyre rappelé ci-dessus.
Certes, on doit reconnaître que ces versets ne disent rien des doctrines professées par ces chrétiens. Mais on peut penser que des groupes de chrétiens disséminés dans une région comprise entre la Turquie et le Yémen ont dû laisser des copies des Ecritures et de leurs propres écrits - et certaines auraient pu nous parvenir. Si leurs Ecritures avaient été différentes de la Torah et de l'Evangile, tels que nous les possédons aujourd'hui, et dont des copies datant de l'an 350 ap. J.-C. sont conservées au British Museum et au Vatican, nous en aurions très certainement trouvé des traces.
C. Versets qui attestent que la Torah et l'Evangile n'avaient pas été altérés à l'époque de Muhammad
Cl. Saba (Saba) 34.31, Sourate mecquoise ancienne.
Et ceux qui mécroient disent: "Jamais nous ne croirons à ce Coran ni à ce qui EST entre ses mains (la Torah et l'Evangile)..."
Remarque: Les verbes qui sont employés au temps présent pour Muhammad et pour son peuple sont imprimés en lettres capitales. Les caractères italiques sont réservés pour les allusions faites à des groupes de juifs ou de chrétiens envisagés tantôt comme croyants, tantôt comme incrédules au temps de Muhammad. De leur existence ainsi bien attestée par le Coran on peut déduire qu'il y avait donc de vrais croyants qui n'ont certainement pas altéré leurs Ecritures.
C2. Le créateur ou les anges (Fatir) 35.31, Sourate mecquoise ancienne.
"Et ce que Nous te révélons du Livre, c'est cela la vérité, confirmation de ce qui EST entre ses mains (la Torah et l'Evangile)..."
C3. Jonas (Yunus) 10.37, Sourate mecquoise tardive.
"Ce Coran n'a pas été inventé par un autre Dieu. C'est la confirmation de ce qui EST (Torah et Evangile) entre ses mains; l'explication du Livre envoyé par le Seigneur des mondes et qui ne RENFERME ancun doute." (trad. D. Masson).
C4. Joseph (Yusuf) 12.111, Sourate mecquoise tardive.
"Ce (le Coran) n'est point là récit à être blasphémé, c'est au contraire la confirmation de ce (Torah et Evangile) qui EST entre ses mains l'exposé détaillé de toute chose une direction et une miséricorde pour un peuple qui croit."
C5. Les bestiaux (Al-An'am) 6.154-157, Sourate mecquoise tardive.
"Ensuite Nous avons donné à Moïse le Livre, - complément du bien qu'il avait fait et exposé détaillé de toute chose, et guidée et miséricorde; peut-être auraient-ils cru en la rencontre de leur Seigneur? Et voici (le Coran) un Livre béni que Nous avons fait descendre suivez-le donc et comportez-vous en piété. Peut-être vous sera-t-il fait miséricorde? - Afin que vous ne disiez pas : Oui, on n'a fait descendre le Livre que sur deux peuples d'avant nous, et nous étions bien dans l'ignorance de leur étude. Ou que vous disiez: Si c'était à nous qu'on eût fait descendre le Livre (Torah et Evangile) nous aurions certainement été mieux guidés qu'eux."
C6. Le croyant (Al-Mu'min) 40.69-70, Sourate mecquoise tardive.
"N'as-tu (Muhammad) pas vu ceux qui disputent sur les signes de Dieu? Comme ils se sont écartés! Ceux qui TRAITENT DE MENSONGE le livre et ce (Livre) avec quoi Nous avons envoyé Nos messagers? Et bien, ils vont savoir quand, des carcans à leurs cous et avec des chaînes ils seront entraînés."
C7. Al-Ahqaf 46.12, Sourate mecquoise tardive.
Et avant ceci, il y avait le Livre de Moïse, comme dirigeant et miséricorde. Ce Livre-ci cependant est un confirmateur en langue arabe, pour avertir ceux qui prévariquent, pour être aussi, bonne annonce aux bienfaisants."
C8. 46.29-30.
"Et quand Nous déployâmes vers toi une troupe de djinns qui prêtèrent l'oreille à la Lecture (le Coran)... Puis, quand elle fut finie, ils retournèrent à leur peuple en avertisseurs. Ils dirent: "Peuple ! Nous venons d'entendre en vérité un Livre qui a été descendu (révélé) après Moïse, confirmateur de ce qui EST entre ses mains (Torah). Il guide vers la vérité et vers un chemin droit."
C9. La vache (Al-Baqara) 2.91, an 2 de l'Hégire.
Et quand on leur dit : "Croyez à ce que Dieu fait descendre, il disent : Nous croyons à ce qu'on nous a fait descendre à nous (la Torah). Et ils mécroient le reste, cela même qui est vérité confirme ce (la vérité) qui EST AVEC EUX (la Torah)..."
Cl0. La famille d'Amram (Al'Imran) 3.3, an 2-3 de l'Hégire.
"Il (Dieu) a peu à peu fait descendre sur toi le Livre, avec vérité en tant que confirmateur de ce (la vérité) qui EST entre ses mains (la Bible). Et il a fait descendre en bloc la Torah et l'Evangile."
C11. Les femmes (AI-Nisa') 4.162-163, an 5-6 de l'Hégire.
"Mais ceux d'entre eux (les juifs) qui sont bien enracinés dans la science ainsi que les croyants CROIENT en ce qu'on a fait descendre sur toi (Muhammad) et en ce qu'on a fait descendre avant toi... Oui, Nous t'avons fait révélation comme Nous avons fait révélation à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait révélation à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus, à Jésus, à Job, à Jonas, à Aaron, à Salomon, et Nous avons donné le Psautier à David."
C12. Le repentir (Al-Tauba) 9.111, an 9 de l'Hégire.
"Oui, aux croyants le Paradis! Ainsi Dieu a-t-Il acheté leurs personnes et leurs biens: ils combattent dans le sentier de Dieu, puis ils tuent aussi bien qu'ils sont eux-mêmes tués. Promesse vraie qui, dans la Torah et l'Evangile et le Coran Lui incombe. Et qui, plus que Dieu, est à remplir son contrat?"
C13. Le plateau servi (Al-Ma'ida) 5.48, an 10 de l'Hégire.
"Et vers toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec vérité, en tant que confirmateur du Livre ( la Torah ) qui EST entre ses mains et en tant que son protecteur (~~).."
Dans ces versets nous sommes donc en présence d'un puissant témoignage rendu à la Torah et à l'Evangile qui apparaissent comme des Ecrits authentiques et concrètement présents à l'époque de Muhammad.
Le Coran affirme être un "confirmateur", en langue arabe, du Livre de Moïse (C7) devenu nécessaire du fait que les habitants de La Mecque ne pouvaient comprendre ce que "les deux peuples avant eux" avaient appris par "une étude assidue" ; ou qu'ils l'auraient mieux suivi (C5). En outre, il affirme être une explication de la Torah et de l'Evangile, ce "Livre qui ne RENFERME aucun doute" (C3), en même temps que son protecteur (C13).
Les mecquois déclarent: "Nous ne voulons pas croire au Coran ni en ce qui EST entre ses mains de la Torah et de l'Evangile (C1). Certains des juifs affirment ne vouloir croire qu'en ce qui leur a été révélé à eux, même si le Coran confirme la vérité de ce qui "EST AVEC EUX" (C9). Ceux qui REJETTENT (maintenant) le Coran et ce Livre que Nous avons envoyé avec nos messagers seront jugés (C6). Mais ceux d'entre les juifs qui sont enracinés dans la connaissance CROIENT en ce qui a été révélé à Muhammad et dans ce (la Torah) qui a été révélé avant lui (Cl1). Les djinns aussi croient à la fois dans le Coran et dans la Torah (C8).
Dans l'une des dernières Sourates révélées à Muhammad, celle du Repentir, il est explicitement déclaré : "La Promesse de Dieu EST vraie dans la Torah, dans l'Evangile et dans le Coran." (C12).
Revenons un instant sur l'expression entre ses mains (baina yadaihi ) qui est revenue maintes fois dans les textes coraniques mentionnés (C2, C3, C4, C8, ClO, C13, ainsi que précédemment en A5 et en A6). J'ai choisi de traduire cette expression arabe mot à mot, seul moyen de rendre le temps présent qui accompagne ces mots. L'expression revêt souvent un sens littéral "entre", ou "dans ses mains", mais c'est le plus souvent une tournure idiomatique pour signifier "en présence de", "en face de", "devant quelqu'un", "en sa possession" ou "à sa disposition". Ainsi la phrase arabe traduite littéralement "les mots sont entre vos mains" signifie en fait : "Vous avez la parole". De même : "aucune arme n'est entre ses mains" veut dire "il est désarmé". La Sourate 34.12 parle des "djinns qui travaillent entre les mains de Salomon". Yusuf Ali a traduit : "... travaillent en face de lui", mais, dans un note il explique: "les djinns travaillent sous ses yeux".
Ces versets donnent donc le sens général suivant: le Coran serait venu pour confirmer, attester et vérifier la Torah et l'Evangile qui sont maintenant "en sa présence" ou "devant ses yeux". Ils appuient le témoignage rendu par les versets des autres paragraphes de cette section : Muhammad admettait l'existence d'une Torah et d'un Evangile authentiques "sous ses yeux".
D. Versets qui attestent que Muhammad cite ou évoque effectivement la Torah et/ou l'Evangile
Dl. L'Etoile (Najm) 53.33-38, de la période mecquoise primitive
"Eh bien, le vois-tu (Muhammad) celui qui tourne le dos et donne peu et interrompt même? A-t-il près de lui science de l'invisible, pour qu'il voie? Ne lui a-t-on pas donné nouvelle de ce qui EST dans les feuilles de Moïse et d'Abraham, l'homme de devoir? Que nul porteur, en vérité, ne porte le port d'autrui..."
D2. Les Poètes (Al-Shu'ara') 26.192-197, de la période mecquoise intermédiaire.
" Oui, c'est là ce que le Seigneur des mondes a fait descendre; et avec cela est descendu l'Esprit fidèle, sur ton coeur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs en claire langue arabe. Oui, et ceci EST déjà dans les Ecrits (Zubur) aux anciens. N'EST-ce pas pour eux un signe, que les savants des Enfants d'Israèl le RECONNAISSENT?"
D3. Ta-Ha 20.133, de l'an 7 pré-hégirien.
"Et ils (les mecquois) disent: "Pourquoi celui-ci ne nous apporte-t-il pas de son Seigneur un signe? La Preuve de ce qui EST dans les anciens Livres (~~ ) ne leur est-elle pas venue?"
D'après le commentaire de Baidawi sur ce verset, les mot "anciens livres" s'appliquent à "la Torah et à l'Evangile et à tous les livres divins".
D4. Les Prophètes (Al-Anbiya') 21.7, de la période mecquoise intermédiaire.
"Or Nous n'avons envoyé avant toi (Muhammad) que des hommes à qui Nous faisions révélation. DEMANDEZ donc aux gens du Rappel (les juifs et les chrétiens) si vous ne savez pas !"
D5. Les Prophètes (Al-Anbiya') 21.105, période mecquoise intermédiaire.
Et très certainement Nous avons écrit dans le Psautier, après le Rappel (donné à Moïse): "Oui, ils hériterons la terre, Mes esclaves, gens de bien" .
Il s'agit là d'une citation du Psaume 37.29: "Les Justes posséderont la terre et ils y demeureront à jamais". En rapprochant cette citation du verset 7 de la même Sourate, il apparaît clairement que, d'après le Coran, Dieu considère les Psaumes comme faisant encore autorité et comme vrais à l'époque de Muhammad.
D6. L'Ornement (Al-Zukhruf) 43.44-45, de la période mecquoise tardive.
"Oui ceci (le Coran) est un Rappel, certes, pour toi (Muhammad) ainsi que pour ton peuple. Et vous serez bientôt interrogés. Et DEMANDE à ceux de Nos messagers que Nous avons envoyés avant toi, si Nous avons désigné, en dehors du Trés Miséricordieux, des dieux à adorer?"
D'après Baidawi, Jelaleddin et Yusuf Ali, l'expression "demande à ceux de Nos messagers que Nous avons envoyés avant toi" signifie: "Interroge ceux qui ont été instruits par leurs écrits et enseignés de leurs doctrines ". Par conséquent, ces écrits et ces doctrines étaient accessibles à l'époque de Muhammad.
D7. Jonas (Yunus) 10.94, de la période mecquoise tardive.
"Et si tu (Muhammad) es en doute sur ce que Nous avons fait descendre vers toi, alors DEMANDE ceux qui dès avant toi LISENT le Livre..."
D8. Les Abeilles (Al-Nahl) 16.43, periode mecquoise tardive
"Nous n'avons envoyé avant toi (Muhammad) que des hommes à qui Nous avions fait révélation. DEMANDEZ donc aux gens du Rappel (les juifs et les chrétiens), - Si vous ne savez pas..."
D9. Le Voyage nocturne (Al-Isra') 17.101, an 1 pré-hégérique:
"Nous avons apporté à Moïse neuf signes manifestes, DEMANDE (O Muhammad) donc aux Enfants d'Israël ..."
D10. 17.107-108:
Dis: "Croyez (au Coran) ou ne croyez pas (O Mecquois). Ceux à qui science a été donnée avant cela, lorsqu'on le leur a récité, oui, tombent sur le menton, prosternés... Et cela les fait croître en humilité."
D11. Le Tonnerre (Al-Ra'd) 13.43, période mecquoise tardive:
Les incrédules disent: "Tu (Muhammad) n'es pas un envoyé ! Dis: Dieu suffit comme témoin entre moi et vous; et lui qui POSSEDE la science du Livre."
D12. Al-A'raf 7.156-157, période mecquoise tardive:
"Je prescrirai donc Ma miséricorde pour ceux qui pratiquent la piété et acquittent l'impôt, pour ceux aussi qui sont croyants en Nos signes, ceux-là qui suivent le messager, le prophète gentil qu'ils trouvent en toutes lettres CHEZ EUX dans la Torah et dans l'Evangile..."
D13. 7.159:
"Et dans le peuple de Moïse, Il est une communauté (UMMA), qui GUIDE avec le droit et qui, par là EXERCE la justice."
D14. 7.168-170:
"Nous les avons divisé, sur la terre, en communauté : Il y a parmi eux des justes et d'autres qui ne le sont pas. Nous les avons éprouvés par des biens et par des maux. Ils reviendront peut-être vers Nous .... L'alliance du Livre n'a-t-elle pas été contractée ? Elle les OBLIGE A NE DIRE sur Dieu que la vérité, puisqu'ils ont étudié le contenu de Livre... Pour ceux (juifs) qui S'ATTACHENT fermement au Livre; pour ceux qui s'acquittent de la prière. Nous ne laisserons certainement pas perdre la récompense de ceux qui s'amendent." (Trad. D.Masson).
D15. La vache (Al-Baqara) 2.113, an 2 de l'Hégire:
Et les juifs disent : "Les chrétiens ne sont pas dans le vrai !" . Et les chrétiens disent : "Les juifs ne sont pas dans le vrai ! Et pourtant ils LISENT le Livre. (Trad. D. Masson).
D16. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.23, an 2-3 de l'Hégire:
"Ne les as-tu pas vus ceux à qui on avait donné une part du Livre, et qui ont été invités au Livre de Dieu (Torah) pour qu'il soit leur juge? Puis un groupe des leurs tourne le dos : des indifférents."
Les commentateurs appliquent ces versets à différents incidents, mais ils sont unanimes à penser que des juifs s'étaient adressés à Muhammad et avaient demandé son arbitrage. Muhammad leur ayant suggéré d'en référer à leurs Ecritures, ils refusèrent et s'en allèrent.
D17. 3.79:
Il ne conviendrait pas à un homme, à qui Dieu donne le Livre et la sagesse et la dignité de prophète, de dire ensuite aux gens : "Soyez des adorateurs en marge de Dieu !", mais "Soyez des vrais dévôts"* (rabbaniyin) du Seigneur, puisque vous ENSEIGNEZ le Livre et puisque vous ETUDIEZ.
* Au lieu de "dévôts"', D. Masson traduit : "maîtres"
D18. 3.93-94:
"Toute nourriture était licite aux enfants d'Israël, sauf celle qu'Israël lui-même s'interdit avant qu'on eut fait descendre la Torah. Dis: Venez donc avec la Torah, et RECITEZ-LA, Si vous êtes véridiques! Donc, quiconque, après cela, blasphème le mensonge contre Dieu... ce sont eux les prévaricateurs."
D19. Les Femmes (Al-Nisa') 4.60, an 5-6 de l'Hégire
"N'as-tu (Muhammad) pas vu ceux-là : qui en vérité prétendent croire à ce que Nous t'avons révélé, et qui a été révélé avant toi? Ils veulent s'en rapporter aux Taghout (idoles), bien qu'ils aient reçu l'ordre (dans la Torah) de ne pas croire en eux. Le démon veut les jeter dans un profond égarement." (Trad.D. Masson).
D20. La Victoire (Al-Fath) 48.29, an 6 de l'Hégire:
"Leur marque est sur leurs visages (ceux des croyants musulmans) la trace de prosternations. Voilà l'image qu'on DONNE d'eux dans la Torah. Et l'image que l'on DONNE d'eux dans l'Evangile, c'est celle de la semence qui sort sa pousse, puis Dieu l'affermit, puis elle s'épaissit, puis elle se dresse sur sa tige, à l'émerveillement des semeurs."
Ce texte semble être une allusion non voilée au paroles de Jésus rapportées dans Marc 4.26-28 : "Il dit encore: Il en est du royaume de Dieu comme d'un homme qui jette sa semence en terre qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même premièrement de l'herbe, puis l'épi, enfin le blé bien formé dans l'épi et dès que le fruit est mûr, on y met la faucille car la moisson est là."
D21. Le Plateau servi (Al-Ma'ida) 5.43, an 10 de l'Hégire
"Mais comment peuvent-ils (les juifs) te prendre pour juge: ils ont près d'eux la Torah où EST le jugement de Dieu."
D22. 5.45:
Et Nous y avons prescrit pour eux: "Vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Le talion aussi pour les blessures." Après, quiconque en FAIT charité, cela lui VAUT expiation. Et quiconque ne JUGE pas d'après ce que Dieu a fait descendre eh bien, les voilà les prévaricateurs.
Dans ce passage coranique, Dieu répète les paroles qu'il a données lui-même à Moïse dans la Torah. "Mais s'il y a un accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure." Exode 21.23-25.
Les juifs de Médine sont donc avertis : "Et quiconque ne JUGE pas d'après ce que Dieu a fait descendre (la Torah), eh bien voilà les prévaricateurs."
D23. 5.47, an 10 de l'Hégire
"Que les gens de l'Evangile JUGENT les hommes d'après ce que Dieu y a révélé. Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d'après ce que Dieu a révélé."
D24. 5.65-68 :
"Oui, Si les gens du Livre croyaient et craignaient Dieu, Nous aurions effacé leurs mauvaises actions; Nous les aurions introduits dans les Jardins du Délice. S'ils avaient observé la Torah et I'Evangile et ce qui leur a été révélé par leur Seigneur, ils auraient certainement joui des biens du ciel et de ceux de la terre.
Il existe, parmi eux, des gens (Umma) modérés mais beaucoup d'entre eux font le mal".
Dis: "O gens du Livre Vous ne vous appuyez sur rien, tant que vous n OBSERVEZ pas la Torah, l'Evangile et ce qui vous a été révélé par votre Seigneur."
Les versets précédents témoignent d'une présence continue d'une authentique Torah et d'un authentique Evangile à l'époque de Muhammad et ces écrits étaient reconnus aussi bien par les musulmans que par les non-musulmans.
A La Mecque, un incrédule qui se détourne connaît ce qui EST dans les feuilles de Moïse et d'Abraham (Dl). Une preuve évidente leur a été fournie dans ce qui EST dans les Ecrits aux anciens (D3). Muhammad fait appel à "celui qui POSSEDE la science du Livre" (D11).
Certains textes affirment que l'annonce du Coran "EST (incluse) dans les Ecrits des anciens" et que "les savants des Enfants d'Israël le RECONNAISSENT (D2). Ceux à qui la connaissance avait été révélée avant CROIENT en lui (le Coran) (D10). Certains juifs sont des justes et "S'ATTACHENT fermement au Livre" (la Torah), mais d'autres refusent de reconnaître Muhammad bien qu'ils aient ETUDIE avec soin leur Livre (D14).
Juifs et chrétiens "LISENT le Livre" (D15) et "ENSEIGNENT le Livre" (D17).
Certains juifs sont des justes (D14) qui GUIDENT avec le droit et qui EXERCENT la justice (D13) ; parmi les juifs et les chrétiens, il existe des gens modérés (D24).
Les Mecquois sont exhortés à "DEMANDER aux gens du Rappel, s'ils ne le savent pas" (D4, D8) et à "DEMANDER à ceux des messagers que Dieu a envoyés" c'est-à-dire à interroger les gens instruits dans leurs écrits et dans leurs doctrines (D6).
Muhammad est invité à "DEMANDER à ceux qui LISENT le livre avant lui, s'il doutait" (D7), et à "DEMANDER aux enfants d'Israël" à propos des neuf signes évidents donnés à Moïse (D9).
Nous constatons encore par d'autres passages que Dieu répète certains commandements de la Torah, mettant en demeure les juifs de JUGER d'après ces commandements (D22) et qu'il fait une citation des Psaumes de David (D5). Il compare les croyants musulmans à ceux qui se prosternaient comme l'indique la Torah, et fait allusion à la parabole du semeur dans l'Evangile de Jésus pour illustrer la foi des croyants (D20).
Muhammad invite les juifs à apporter la Torah afin qu'elle soit leur JUGE (D16). Ailleurs, Muhammad les presse d'APPORTER la Torah et de la RECITER s'ils sont véridiques (D18).
Dieu demande à Muhammad pourquoi les juifs viennent le trouver lui, alors qu'ils ONT la Torah où EST le jugement de Dieu (D21); les chrétiens sont exhortés à JUGER d'après ce que Dieu a révélé dans l'Evangile (D23).
Dieu déclare que la Torah et l'Evangîle SONT CHEZ EUX (D12). Dans la dernière Sourate reçue par Muhammad, la Sourate du Plateau servi (Al Ma'ida ), de l'an 10 de l'Hégire, les juifs ainsi que les chrétiens sont mis en face du même reproche: Vous ne vous appuyez sur rien tant que vous n'OBSERVEZ pas la Torah et l'Evangile et tout ce qui vous a été révélé par votre Seigneur (D24).
Voici le hadith que rapporte à propos de ce passage (D24) Ibn Ishaq, l'un des commentateurs:
"Rafi, le fils de Haritha, et Salam Ibn Mashkum, ainsi que deux autres vinrent trouver Muhammad et lui dirent: "O Muhammad! N'as-tu pas affirmé être un disciple de la religion d'Abraham et de sa foi? Ne crois-tu pas en ce que nous avons la Torah et n'attestes-tu pas qu'elle tire vraiment son origine de Dieu?"
Il répondit : " Si ! Mais, en vérité, vous avez inventé de nouvelles doctrines et vous niez son contenu relatif à l'alliance que Dieu a conclue avec vous et vous cachez ce qu'il vous a été demandé de révéler à l'humanité. C'est pourquoi je me sépare de vos idées nouvelles."
Ils reprirent : " Quant à nous, nous nous en tenons à ce qui est entre nos mains, et nous suivons la vérité et la direction; nous ne croyons pas en toi et ne voulons pas te suivre".
Alors le Dieu grand et glorieux révéla : Dis : " O Gens du Livre ! Vous ne vous appuyez sur rien tant que vous n'observez pas la Torah, l'Evangile et tout ce qui vous a été révélé par votre Seigneur."(11)
Si ce hadith est vrai, alors il prouve que Muhammad croyait dans la Torah dont disposaient les juifs de Médine en l'an 10 de l'Hégire. Même s'il ne s'agit pas d'un hadith fort (voir chapitre 11, deuxième section), il n'en constitue pas moins un témoignage important en faveur de la connaissance qu'avaient les musulmans des deux premiers siècles de l'Hégire, de la Torah et de l'Evangile en Arabie.
Outre le hadith ci-dessus, nous disposons de 24 passages examinés dans ce paragraphe et de 13 autres examinés dans le précédent, soit 37 citations au total, qui attestent qu'il existait, du vivant de Muhammad, une Torah et un Evangile authentiques, accessibles aux habitants de La Mecque et de Médine.
Des musulmans peuvent bien prétendre que la Torah et l'Evangile authentiques répandus en Arabie étaient différents des Ecrits correspondants contemporains. Mais où sont passés cette Torah et cet Evangile authentiques? On peut supposer que des musulmans auraient conservé des livres d'une telle importance dans l'une des nombreuses bibliothèques islamiques répandues de par le monde, ne serait-ce que pour aider les juifs et les chrétiens à "observer la Torah et l'Evangile". Cela nous aurait permis, en outre, de comparer ces exemplaires avec ceux conservés par les juifs et par les chrétiens.
Mais il faut nous rendre à l'évidence il n'existe pas de tels écrits. Aucun exemplaire de cette Torah prétendument différente n'a été conservée par les musulmans. Il n'existe qu'une seule Torah au monde et elle EST entre les mains des juifs et des chrétiens, de même qu'il n'existe qu'un seul Evangile au monde, et il EST entre les mains des chrétiens.
E. Les versets qui attestent que la Torah et/ou l'Evangile sont bons, mais ces versets ne précisent pas clairement leur époque
En introduction à ce chapitre j'avais déclaré qu'une étude sérieuse d'un sujet imposait que tous les versets et toutes les données concernant ce sujet soient cités. Quelque 55 autres passages coraniques mentionnent la Torah et l'Evangile, mais comme aucun d'eux ne confirme ou n'infirme l'existence de ces livres à l'époque de Muhammad, je me contente de ne donner que la liste complète de ces références.
Voici la liste des références
74.31; 87.18; 25.35; 35.25; 34.23-24; 54.43; 37.114-117; 19.28-29; 21.48; 29.27; 29.46-47; 32.23; 40.53-55; 41.45; 42.15; 45.16-17; 45.28-29; 46.10; 11.16-17; 28.43; 28.48-49; 28.52-53; 23.49; 13.36; 17.2; 17.4-7; 17.55; 6.20; 6.114; 6.124; 98.1; 2.1-5; 2.53; 2.87; 2.121; 2.136; 2.144-145; 2.176; 2.213; 2.285; 3.65; 3.81; 3.84; 3.99; 3.119; 3.183-184; 3.187; 62.5; 4.51; 4.54; 4.131; 4.136; 4.150-153; 4.171; 57.25; 5.62; 5.85-86.
Le lecteur peut, s'il le désire, examiner ces passages et les discuter s'il estime que l'un ou la totalité de ces textes modifient mes conclusions.
F. Versets qui attestent les divergences et les luttes entre chrétiens
Fl. La Consultation (Al-Shura) 42.13-14, période mecquoise tardive:
"Il vous a tracé, en matière de religion, le chemin qu'il avait enjoint à Noé, et ce que Nous te révélons ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham et à Moïse et à Jésus, C'est ceci .. "Etablissez la religion ; et n'y divergez pas ( ~ ~ )." ... Ils ont divergé, par rebellion entre eux, qu'après que science leur fut venue. Et si une parole de la part de ton Seigneur n'eût pas pris les devants jusqu'à un terme dénommé, tout aurait été décidé entre eux ! Oui, et ceux à que le Livre a été donné en héritage après ces gens-là sont à son sujet dans un doute qui mène à l'incertitude !"
F2. La Preuve (Al-Baiyina) 98.14, période primitive à Médine:
"Et ceux à qui le Livre a été donné ne se sont divisés ( ~ ) qu'après que la preuve leur fut venue."
F3. La Vache (Al-Baqara) 2.253, an 2 de l'Hégire:
"A Jésus fils de Marie, Nous avons apporté les preuves et l'avons fortifié par l'esprit de sainteté. Et si Dieu avait voulu, les gens qui vinrent après eux ne se seraient pas entre-tués, après que les preuves leur furent venues mais ils se mirent à disputer ( ~ ): certains parmi eux ont cru et d'autres furent incrédules."
F4. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.19, an 2-3 de l'Hégire:
"Ceux à qui le Livre a été apporté ne se sont disputés (~ ), rebellés les uns contre les autres, qu'après que science leur fut venue."
F5. Le Plateau servi (Al Ma'ida) 5.14-15, an iOde l'Hégire
Parmi ceux qui disent: " Nous sommes chrétiens, nous avons accepté l'alliance", certains ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. Nous avons suscité entre eux l'hostilité et la haine, jusqu'au Jour de la résurrection... Dieu leur montrera bientôt ce qu'ils ont fait.
O gens du Livre! Notre prophète est venu à nous. Il vous explique une grande partie du Livre que vous cachiez. Il en abroge une grande partie. " (Trad. D. Masson)
Ces passages nous apprennent que les chrétiens se divisèrent (Fl, F2) à cause de la jalousie et de la haine (F2, F4), qu'ils eurent des différends (F3, F4); aussi Dieu suscita-t-il l'hostilité et la haine entre eux (FS); jusqu'à s'entre-tuer (F3).
Il nous est encore dit qu'ils oublièrent une partie de leur Livre et de leur alliance (F5), qu'ils en cachèrent une grande partie (F5) et qu'ils sont dans un doute qui mène à l'incertitude (F1).
Pourtant, comme nous l'avons déjà constaté dans le paragraphe B, il nous est dit ici que "certains crurent " (F3).
L'histoire chrétienne et profane confirme l'existence des divergences et des combats sanglants entre chrétiens. L'Eglise Copte d'Egypte fut déclarée hérétique par les Eglises Romaine et Byzantine. Pourtant elles s'appuyaient toutes deux sur la même Bible ; il en est d'ailleurs de même entre les chiites et les sunnites, qui, bien qu'étant tous deux des mouvements musulmans et possédant le même Coran, ne s'en sont pas moins violemment combattus.
Aucun des passages relevés n'accuse des chrétiens incrédules d'avoir altéré leur Bible ; beaucoup moins encore peut-on penser que les chrétiens fidèles aient osé le faire!
G. Versets qui attestent que les juifs refusèrent le Coran, tentèrent de le changer ou cachèrent des versets de leur propre Torah et rejetèrent sa signification
Gl. Les Bestiaux (Al-An'am) 6.89-92, période mecquoise tardive:
"C'est à eux (les prophètes de Noé à Jésus énumérés dans les versets 84 à 86) que Nous avons apporté le Livre et la sagesse et la fonction de prophète. Si ces autres-là n'y croient pas, c'est certainement que Nous confions ces choses à des gens qui n'en sont pas mécréants. Ils ne mesurent pas Dieu à sa vraie mesure quand ils disent: Dieu n'a rien fait descendre sur un humain ! Dis: "Qui a fait descendre le Livre que Moïse a apporté à titre de lumière et de guide pour les gens, que vous mettez en pages pour les montrer, mais dont vous cachez beaucoup et par lequel vous avez été instruits de ce que vous ne saviez pas non plus que vos ancêtres? "... Voici un Livre que Nous avons fait descendre, béni, confirmant ce qui EST entre ses mains (la Torah) - afin que tu avertisses la Mère des Cités et les gens tout autour."
G2. Houd (Hud) 11.110, période mecquoise tardive:
"Et très certainement Nous avions donné à Moïse le Livre. Puis on y divergea. Et, n'était qu'une parole de la part de ton Dieu eût pris les devants, tout aurait été décidé entre eux Oui, ils sont à son sujet, en un doute qui mène à l'incertitude." (Même idée en 10.93)
G3. La vache (Al-Baqara) 2.85, an 2 de l'Hégire:
"Croyez-vous donc à une certaine partie du Livre et restez-vous incrédules à l'égard d'une autre ! Quelle sera la rétribution de celui d'entre vous qui agit ainsi, sinon d'être humilié durant la vie de ce monde et d'être refoulé vers le châtiment le plus dur, le Jour de la Résurrection?" (Trad. D. Masson)
G4. 2.89-90
"Lorsqu'un Livre venant de Dieu, et confirmant ce qu'ils ONT AVEC EUX (la Torah) leur est parvenu... ils n'y crurent pas... Combien est exécrable ce contre quoi ils ont troqué leurs âmes! " (Trad. D. Masson)
G5. 2.97,101:
"C'est lui (Gabriel) qui a fait descendre sur ton coeur avec la permission de Dieu le Livre qui confirme ce qui EST entre ses mains (la Torah)... Lorsqu'un prophète envoyé par Dieu est venu à eux, confirmant ce qu'ils ONT AVEC EUX (la Torah), plusieurs (fariq ) de ceux auxquels le Livre avait été donné rejetèrent derrière leur dos le Livre de Dieu comme s'ils ne savaient rien (de ce qu'il contenait)."
G6. 2.140:
"Diront-ils : 'Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les tribus, étaient-ils vraiment juifs ou chrétiens?' Dis : 'Est-ce vous, ou bien Dieu, qui êtes les plus savants?' Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage qu'il A de Dieu? "(Trad. D. Masson)
G7. 2.146:
" Ceux à qui Nous avons donné le Livre le reconnaissent comme ils reconnaissent leurs enfants. Oui, or partie d'entre eux cachent la vérité alors qu'ils SAVENT!"
G8. 2.159:
"Ceux (d'entre les juifs) qui cachent les Signes manifestes et la direction que Nous avons révélés depuis que Nous les avons fait connaître aux hommes au moyen du Livre: voilà ceux que Dieu maudit." (Trad. D. Masson)
G9. 2.174:
"Ceux qui cachent ce que Dieu a fait descendre du fait du Livre et le vendent à vil prix, ceux-là ne s'emplissent le ventre que de Feu."
G10. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.69-71, an 2-3 de l'Hégire:
"Une partie (Ta'ifa, ~ ) des gens du Livre aurait voulu vous égarer: ils n'égarent qu'eux-mêmes et ils n'en n'ont pas conscience.
O gens du Livre ! Pourquoi êtes-vous incrédules envers les signes de Dieu, alors que vous en êtes témoins?
O gens du Livre ! Pourquoi dissimulez-vous la Vérité sous le mensonge? Pourquoi cachez-vous la vérité, alors que vous SAVEZ?" (Trad. D. Masson)
G11. 3.75:
"Certains parmi les gens du Livre te rendront le quintar que tu leur as confié. D'autres ne te rendent le dinar que tu leur as confié que si tu les harcèles." (Trad. D. Masson)
G12. 3.199:
"Oui, il y en a parmi les gens du Livre qui certes croient en Dieu et en ce qu'on a fait descendre vers vous et en ce qu'on a fait descendre vers eux, humbles qu'ils sont devant Dieu et ne vendant point les signes de Dieu à vil prix. Voilà ceux dont le salaire est auprès de leur Seigneur. En vérité, Dieu est prompt de compter."
Ces versets font état de plusieurs accusations portées contre les juifs. Ils se sont écartés de la Torah et éprouvent un grand doute (G2). Ils écrivent leurs livres sur des feuilles séparées dont ils montrent certaines et cachent beaucoup, selon ce qu'ils veulent que les musulmans voient (G1).
Mais les plus graves accusations contre les juifs ont trait à leur attitude face au Coran. Ils refusent de croire au Coran (G3) et rejettent les signes de Dieu (G10). Ils vendent les signes de Dieu et leurs propres âmes pour un vil prix (G9, G12). Ils cachent la vérité - c'est-à-dire le témoignage rendu au Coran - dans leurs Ecritures (G6, G7, G9, GlO) et dissimulent la vérité concernant le Coran sous le mensonge (G10). Ils n'acceptent que la partie du Coran qui leur convient et rejettent le reste (G3) ; ils rejettent le Livre derrière leur dos (G5).
Cependant le Coran déclare qu'ils ont la Torah AVEC EUX (G4, G5) et rend témoignage à la vérité de la Torah qui est "entre leurs mains" (G1, G5). Les juifs ONT un témoignage de Dieu (G6) ; ils sont des "témoins" (G10); ils ONT la connaissance (G7, G10); ils LISENT le Livre.
Un autre verset qui résume le mieux ce jugement du Coran est tiré de la Sourate de la Vache (Al-Baqara) 2.40-44, datée de l'an 2 de l'Hégire. On lit
"O fils d'Israël... croyez à ce que J'ai révélé, confirmant ce qui EST AVEC VOUS (la Torah). Ne soyez pas les premiers à ne pas croire ; ne troquez pas mes signes à vil prix... Ne dissimulez pas la vérité en la revêtant du mensonge... Commanderez-vous aux hommes la bonté, alors que vous-mêmes, vous l'oubliez? Vous LISEZ le Livre."
Le Coran vient donc à l'appui de la vérité de la Torah qui est AVEC les juifs et qu'ils ETUDIENT. Les juifs incrédules attendent la bonté de la part des autres, mais ils oublient de la pratiquer eux-mêmes parce qu'ils mentent en rejetant le Coran et cachent, dans leurs Ecritures, la vérité le concernant.
Le Coran reconnaît aussi qu'une partie du peuple du Livre est parfaitement honnête (G 12), qu'elle croit en Dieu et que certains d'entre les juifs acceptent le Coran au même titre que la Torah.
Mais remarquons qu'aucun des versets évoqués ne contient le moindre reproche adressé par Dieu, accusant les juifs incrédules d'avoir modifié les mots de la Torah; et des juifs tels que Abdullah Ibn Salam et Mukhairiq qui ont accepté le message du Prophète et sont devenus musulmans n'auraient certainement pas apporté de changements à la Torah.
H. Versets qui parlent spécifiquement de Tahrif
Quatre versets du Coran reprochent aux juifs d'avoir modifié ou altéré (harrafa, ~ ) des mots et un autre les accuse de déformer la lecture par une gymnastique de leurs langues. Examinons ces versets dans leur contexte global. Souvenons-nous cependant que les quelques 50 ou 60 citations coraniques représentent déjà un contexte élargi de ces versets - dans le cadre plus général du Coran tout entier.
H1. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.78, an 2-3 de l'Hégire:
"Oui, et il y en a parmi eux (le peuple du Livre) qui roulent leurs langues avec une Prescription ( ~ ~ ) pour vous faire croire qu'elle est du Livre, alors qu'elle n'est point du livre; et ils disent : 'Elle vient de Dieu', alors qu'elle ne vient point de Dieu. Et ils disent le mensonge contre Dieu. Alors qu'ils savent!"
Ce verset accuse ouvertement les juifs de déformer les mots au cours de leur lecture. Ils le font pour faire croire à leur auditeurs qu'il s'agit d'autres mots de la Torah et, par conséquent, de Dieu. Le verset coranique déjoue la ruse en affirmant : "il ne vient pas du Livre, et il n'est pas de Dieu".
H2. Le Plateau servi (Al-Ma'ida) 5.13-14, an 10 de l'Hégire
"Et Dieu, très certainement, prit l'engagement des enfants d'Israël. Et Nous suscitâmes d'entre eux douze chefs...
Et puis à cause de leur violation de l'engagement, Nous les avons maudits et endurci leurs coeurs: ils détournent le mot de ses sens (~ ~ ~ ) et oublient une partie de ce par quoi on les a rappelés. Tu ne cesseras pas d'entrevoir de la trahison de leur part sauf d'un petit nombre d'entre eux, Pardonne-leur donc et passe. Oui Dieu aime les bienfaisants."
Les juifs incrédules, dont le coeur a été endurci parce qu'ils ont violé l'alliance, "ont détourné le mot de ses sens" , et oublient (à dessein) une partie de leur loi."
Pris isolément, ce verset pourrait signifier que les juifs découpaient au couteau des parties de leur Torah pour en changer des mots ou supprimer des passages entiers. Mais les sections D et E, ainsi que la référence H6, ont montré que le Coran considére la Torah comme "étant AVEC les juifs", comme "ETANT lue" par eux et comme "AYANT le commandement de Dieu" en elle.
C'est pourquoi il doit vouloir reprocher aux juifs de dissimuler certains versets et d'en lire d'autres hors de leur contexte, comme le confirme l'exemple bien connu du verset sur la lapidation. C'est ce qu'on appelle en arabe tahrif al-ma'nawi ( ~ ~ ) ou "modifier le sens".(12)
Mais il faut fortement souligner cette petite expression "sauf un petit nombre d'entre eux",. Ce témoignage atteste qu'il existait quelques juifs intègres qui croyaient, comme le confirme cette autre citation du Coran. Ces juifs n'auraient jamais consenti à modifier quoi que ce soit ni dans les mots ni dans la signification de leur Torah.
H3. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.113-114, an 2-3 de l'Hégire
"Ils ne sont pas tous égaux. Il est, parmi les gens du Livre, une communauté droite ( ~ ~ ) qui, aux heures de la nuit, récite en se prosternant les versets de Dieu. Ils croient en Dieu et au Jour dernier, et ordonnent le convenable, et interdisent le blâmable, et concourent aux oeuvres bonnes. Ce sont des gens de bien..."
Dans les trois extraits coranique suivants, je crois que le Coran accuse certains juifs non de changer leur Torah, mais de modifier et de tordre le sens des paroles de Muhammad lorsqu'il récitait ou expliquait le Coran.
H4. La vache (Al-Baqara) 2.75-79, an 2 de l'Hégire
"Eh bien, espérez-vous que ceux-là (les juifs) deviennent croyants en votre faveur? Alors qu'un groupe (fariq, ~ ) des leurs s'est trouvé entendre la parole de Dieu, puis ils la corrompaient ( ~ ) après l'avoir comprise, - alors qu'ils savaient!
Et quand ils rencontrent des croyants, ils disent "Nous croyons" ,et une fois seuls entre eux ils disent "Allez-vous leur raconter ce que Dieu vous a découvert (dans la Torah)?" Pour qu'ils s'en fassent un argument contre vous devant votre Seigneur ! Ne comprenez-vous donc pas?
Ne savent-ils pas qu'en vérité Dieu sait ce qu'ils cachent et ce qu'ils divulgent? Et il y a parmi eux des illettrés qui ne savent du Livre que leurs désirs et ne font que conjectures.
Malheur, donc, à ceux qui de leurs mains écrivent le Livre puis disent: "C'est de la part de Dieu", pour le vendre à vil prix. Malheur à eux donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu'ils acquièrent !"
"Un groupe de juifs" (et non la totalité) écoutent le lecture du Coran et disent aux musulmans: "Nous croyons". Puis ils "corrompent" sciemment les explications données par Muhammad et répondent comme le décrit d'une manière détaillée le passage suivant tiré de la Sourate des femmes. Mais en privé, ils s'adressent des reproches mutuels en disant: "Pourquoi leur dévoilez-vous ce qu'affirme la Torah? La prochaine fois, ils s'en serviront contre vous."
H5. Les Femmes (Al-Nisa') 4.44-47, an 5-6 de l'Hègire
"N'as-tu pas vu ceux-là à qui on a fait part du Livre acheter l'egarement et chercher à ce que vous vous égariez du chemin?
... Il en est parmi les judaïsés qui détournent les mots de ses sens (~) et disent: "Nous avions entendu, mais nous avons désobéi", ou : "Ecoute sans personne qui te fasse entendre", ou : "Favorise-nous", (Ra'ina), tordant la langue et attaquant la religion.
Si au contraire ils disaient : "Nous avons entendu et nous avons obéi", et "Ecoute" et "Regarde-nous" ce serait meilleur pour eux et plus droit. Mais Dieu les a maudits à cause de leur incrédulité donc, sauf un petit nombre, il ne croiront pas. O vous à qui on a donné le Livre, croyez en ce que Nous avons fait descendre (le Coran) en confirmation de ce qui EST AVEC NOUS (la Torah), avant que Nous effacions les visages..."
Comme dans le texte précédent, l'accusation est portée contre "ceux (certains) des juifs" qui "détournent le mot de ses sens"; mais les exemples donnés montrent bien qu'il s'agit des paroles de Muhammad. Yusuf Ali explique admirablement cette attitude dans sa note qui accompagne ce texte:
"Un artifice qu'utilisaient les juifs consistait à tordre le sens des mots et des expressions pour tourner en ridicule l'enseignement le plus solennel sur la religion. Alors qu'ils auraient dû dire : "Nous entendons et nous obéissons", ils affirmaient à voix haute: "Nous obéissons" et ajoutaient en murmurant: "Nous désobéissons" ; au lieu de déclarer avec le plus grand respect: "Nous entendons", ils ajoutaient à voix basse "ce qui ne s'entend pas" pour ironiser. Quand ils voulaient attirer l'attention du Maître, ils se servaient d'une formule ambiguë, apparemment innocente, mais en réalité intentionnellement irrespectueuse. Quand les arabes veulent dire "S'il te plaît, prête attention !", ils emploient avec un profond respect l'expression 'Ra'ina' qui signifie aussi "Regarde-nous". Avec une contorsion de leurs langues, ces juifs prononçaient quelque chose comme 'O toi qui nous mènes au pâturage !'"(13)
H6. Le Plateau servi (Al-Ma'ida) 5.41-48, an 10 de l'Hégire:
"O messager ! Que ne t'affligent pas ceux qui concourent en mécréance, de ceux dont la bouche dit: 'Nous croyons' alors que leurs coeurs ne croient point! Ni non plus ceux qui se sont judaïsés. Ce sont des espions qui n'écoutent que pour le mensonge, espions qui écoutent pour les autres qui ne viennent pas près de toi détournant ensuite le mot de ses sens ( ~ ~ ) ils disent: 'Si c'est ça qu'on vous a donné, alors recevez-le et si ce n'est pas ça qu'on vous a donné, alors prenez garde!'... S'ils viennent chez toi, donc, juge entre eux : ou laisse-les. Et si tu les laisses, jamais ils ne sauront en quoi que ce soit te nuire. Et si tu juges, alors juge entre eux à la balance. Oui Dieu aime ceux qui jugent à la balance. Mais comment peuvent-ils te prendre pour juge (Muhammad), - et ils ONT près d'eux la Torah où EST le jugement de Dieu -,et ensuite, après cela, tourner le dos? Ces gens-là ne sont pas croyants ! Oui, Nous avons fait descendre la Torah, où IL Y A guidée et lumière. Par elle jugent, parmi ceux qui sont judaïsés, les prophètes - ceux là sont les soumis - ainsi que les rabbins et les docteurs: par le Livre de Dieu dont on leur a confié la garde, et dont ils étaient les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez-Moi. Et ne vendez pas Mes signes à vil prix. Et quiconque ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, eh bien, voilà les mécréants !
Et Nous y avons prescrit pour eux: vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Le talion aussi pour les blessures. Après, quiconque en FAIT charité, cela lui VAUT expiation. Et quiconque ne JUGE pas d'après ce que Dieu a fait descendre, eh bien, voilà les prévaricateurs.
Et nous avons lancé sur leurs traces Jésus fils de Marie, en tant que confirmateur de ce qui (la vérité) est entre les mains de la Torah. Et Nous lui avons donné l'Evangile, - où IL Y A guidée (direction) et lumière - en tant que confirmateur de ce (la vérité) qui était entre les mains de la Torah, et en tant que guidée et exhortation pour le pieux.
Que les gens de l'Evangile JUGENT d'après ce que Dieu y a fait descendre. Et quiconque ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, eh bien, voilà les pervers.
Et vers toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec vérité, en tant que confirmateur (de la vérité) du Livre qui est entre ses mains (en sa présence), et en tant que son protecteur. Juge donc parmi eux d'après ce que Dieu a fait descendre ; et ne suis pas leurs passions loin de la vérité qui t'est venue. A chacun de vous Nous avons assigné une voie et un chemin.
Si Dieu avait voulu, certes Il aurait fait de vous une seule communauté. Mais non. Afin de vous éprouver en ce qu'Il vous donne. Concurrencez-vous donc dans les bonnes oeuvres : vers Dieu est votre retour a tous..."
Ce passage décrit donc une situation identique. Certains "parmi les juifs (ou judaïsés)" qui prêtent l'oreille à tout mensonge - même aux citations de paroles de Muhammad par des gens qui ne l'ont jamais entendu - "changent le mot de ses sens" (litt. qui changent le mot de ses places, selon la note portée par Hamidullah dans la Sourate 4.46). Ils disent: "Si Muhammad vous affirme telle ou telle chose, acceptez-la. Sinon, prenez garde." Ce sont les explications de Muhammad qu'ils faussent ou qu'ils rejettent, et non leur Torah.
Cependant, même Si je commets une erreur d'interprétation, car ces trois derniers passages font aussi allusion aux juifs qui altèrent le sens de leurs propres Ecritures (al-tahrif al-ma'nawi), le contexte général des versets mentionnés permet de déduire les faits suivants:
1. Des juifs furent incrédules. Combien? Certains? Beaucoup? La plupart? Mais certains CROYAIENT en Dieu et désiraient accomplir sa volonté.
2. Le Coran atteste la vérité de la Torah qui EST AVEC EUX.
3. Le Coran prête à Dieu les paroles selon lesquelles les juifs "ONT la Torah qui contient le commandement de Dieu."
4. Le principe "vie pour vie, oeil pour oeil" est tiré de la Torah (Exode) comme un principe toujours valable d'après lequel les juifs doivent JUGER à moins qu'ils ne préfèrent FAIRE charité (ou pardonner la faute).
5. Le peuple de l'Evangile est invité à "JUGER d'après ce que Dieu y a révélé",
De ces textes - les seuls qui parlent de tahrif - nous concluons qu'à l'époque de Muhammad il y avait des juifs et des chrétiens intègres qui possédaient, lisaient et suivaient la Torah authentique et l'Evangile authentique.
3. Conclusion
Résumons ce que nous avons tiré de l'enseignement que donne le Coran sur la Torah, sur l'Evangile et sur le peuple du Livre, dans les divers groupes de versets coraniques.
Groupe A. La vraie Torah était connue de Jean-Baptiste (Yahya, de Marie, de Jésus et de ses disciples au 1ère siècle.
Groupe B. Le Coran atteste l'existence de vrais croyants chrétiens au moins jusqu'au début du monachisme, vers 300-350 ap. J.-C. On peut raisonnablement admettre que ces fidèles croyants n'ont pas altéré leur propre Evangile, autrement le Coran les désignerait de faux croyants.
Groupe C. Le Coran confirme la vérité des livres antérieurs qui sont "entre ses mains" c'est-à-dire "en sa présence" ou "sous ses yeux". Ces livres sont AVEC les mecquois, mais puisque ces derniers ne pouvaient pas comprendre les livres antérieurs, il fallut leur donner le Coran arabe.
Groupe D. D'après le Coran, Dieu lui-même, ou Muhammad à qui il l'ordonnait, en appelle à la Torah et à l'Evangile plus de vingt fois. Les Psaumes de David et la Torah sont mentionnés. Muhammad demande aux juifs d'apporter la Torah pour résoudre un différend. Les gens LISENT la Torah et l'Evangile qui sont AVEC EUX.
Groupe F. Les chrétiens se sont divisés et combattus mutuellement, et ils ont oublié une partie du Livre, mais aucun verset n'affirme qu'ils ont modifié ou corrompu le texte.
Groupes G et H. Certains des juifs sont coupables de al-tahrif al-ma'nawi parce qu'ils dissimulent des choses qui sont écrites dans leurs Livres et rejettent des passages qui ne leur conviennent pas. Ils rejettent le Coran, le revêtent de mensonge, vendent les signes de Dieu à vil prix, et sont doublement coupables de tahrif parce qu'ils transforment aussi les explications données par Muhammad. Mais rien, dans tout cela, n'indique que même ces juifs incrédules ont modifié le texte écrit de leur Torah ; de toute façon, les juifs croyants ne l'ont pas altérée et n'auraient pas toléré que d'autres le fassent.
Le Coran déclare lui-même dans la Sourate des Bestiaux (Al-An'am) 6.34 : "Et nul ne peut changer les paroles de Dieu", affirmation répétée dans la Sourate de Jonas (Yunus) 10.64: "Pas de modifications aux paroles de Dieu".
Notre étude du Coran aboutit donc à la seule conclusion possible: des exemplaires de la VRAIE TORAH et DU VERITABLE EVANGILE circulaient à La Mecque et à Médine à l'époque de Muhammad. De plus, puisque aucun musulman n'a jamais trouvé dans les bibliothèques islamiques une Torah différente ou un Evangile différent, et puisque aucune découverte archéologique n'a mis au jour une inscription gravée qui soit différente de celles de la Torah et de l'Evangile "qui SONT AVEC NOUS", je suis absolument convaincu que les livres qui circulaient à La Mecque du vivant de Muhammad étaient identiques A LA TORAH ET A L'EVANGILE QUE NOUS LISONS AUJOURD'HUI.
Arrête de te cacher et réponds moi voilà ta réponse !
Témoignage rendu à la Bible par le Coran
Chaque fois qu'un chrétien s'appuie sur un passage biblique pour justifier devant un musulman ce qu'il croit, il obtient de son interlocuteur invariablement la même réponse: "VOUS AVEZ MODIFIE VOTRE BIBLE". Pour fonder une accusation aussi grave, les musulmans se servent du mot harrafa ( ) et invoquent les versets du Coran où ce mot est employé. Le présent chapitre sera donc consacré à l'étude du témoignage rendu par le Coran à la Torah de Moïse, aux Psaumes de David (Zabur) et à l'Evangile (Injil) de Jésus.
1. Préambule
Mais une première question surgit: "Comment un non-musulman peut-il entreprendre une étude valable du Coran?" Je suis le premier à reconnaître le bien-fondé d'une telle question. En effet, pour comprendre un livre, il faut adopter, préalablement à son étude, une attitude qui soit en harmonie avec la vision du monde présentée par le livre en question. Mais puisque le Coran prétend lui-même être " un livre clair " , écrit en " claire langue arabe " ( ) qu'un Quraychite incroyant pouvait comprendre, nous allons aborder notre étude des textes du Coran comme nous le ferions pour un passage de la Bible.
Il nous faudra évoquer tous les versets qui ont un rapport avec le sujet traité, et les évoquer dans leurs contextes. Il arrivera que ce contexte se limite à un seul verset ou moins. Mais il se pourra aussi que nous ayons à examiner une page entière pour déterminer clairement le sens d'un mot ou d'une phrase.
Des auteurs musulmans ont découvert récemment le besoin de ce genre d'étude. Dans la préface de son livre God of justice(1) le Dr. Daud Rahbar écrit:
"Si nous voulons retracer correctement l'histoire de la théologie musulmane et bâtir un solide système d'exégèse coranique, il nous faut absolument savoir au préalable ce que représentait le Coran pour le Prophète et pour ceux qui l'entouraient, en tenant compte de leur cadre historique."
Il poursuit en affirmant que les commentateurs du Coran n'avaient pas rapproché et comparé les versets qui traitent d'un sujet donné, avant d'en fournir l'interprétation. Il prend l'exemple suivant, sans grande importance, de Al-Baidawi. Celui-ci, commentant l'expression "la terre et les cieux" explique que "terre est mentionnée en premier parce que tout mouvement pour s'élever, pour escalader, part d'en bas, c'est-à-dire de la terre". Le Dr. Rahbar ajoute: "Sur ce, je recherchai d'autres passages du Coran commentés par Baidawi et m'aperçus que souvent le mot cieux précédait celui de terre et qu'alors Baidawi ne tenait manifestement plus compte de ce qu'il avait écrit sur l'importance de l'ordre terre-cieux."(2)
Le Dr. Rahbar termine sa préface en déclarant être le premier musulman à avoir entrepris cette étude aussi systématiquement:
"Après tout, la liste exhaustive constitue bien la totalité des informations que nous possédions sur un sujet donné. De quel droit limiterions-nous les citations à quelques textes alors que trois cents autres traitent du même sujet? Je suis absolument certain de faire oeuvre pionnière dans ce domaine. La science musulmane est appelée à faire des progrès dans l'analyse ou dans la classification des textes avec leurs contextes présentés dans mon ouvrage, mais personne ne niera que ces collections exhaustives sont rassemblées ici pour la première fois."(3)
Pour la traduction française des passages du Coran, je me suis servi essentiellement de l'ouvrage Le Coran, traduit par Muhammad Hamidullah, et publié par le Club Français du Livre, 1959. J'ai opté pour cette traduction parce que le Dr. Bucaille et le Dr. Torki s'y réfèrent souvent. Par ailleurs une nouvelle édition bilingue (arabe-français) de cette version vient d'être publiée. Mais il existe encore une raison plus déterminante à mon choix; elle tient à la traduction elle-même. Car, comme l'exprime si bien Louis Massignon dans sa préface, "Hamidullah a essayé de préserver en français les tournures verbales abruptes et déconcertantes de la syntaxe arabe coranique."(4)
Malheureusement, ce grand souci de fidélité au texte arabe aboutit, dans quelques cas, à des tournures françaises difficilement compréhensibles. Je me suis alors référé à la traduction de D. Masson, éditée par Gallimard, 1967. Dans la préface de cet ouvrage, Jean Grosjean, un arabisant qui a, lui aussi, traduit le Coran, déclare:
"Et, bien qu'il (le Coran) défie parfois des auditeurs de rien produire de comparable, il répète souvent qu'il parle en claire langue arabe, qu'il est une explication flagrante. Il faut louer D. Masson d'avoir eu d'abord cette fidélité-là et de parler en claire langue française." (5)
Il est important de noter que cette traduction a été homologuée par l'Assemblée de la Recherche Islamique de l'Université al-Azhar, au Caire. Voir la photo de cette attestation dans une version bilingue publiée récemment par Dar Al-Kitab Al-Masri, B.P 156, Le Caire, Egypte.
Là où il m'a semblé que les traductions anglaises de Abdullah Yusuf Ali(6) ou de Muhammad Pickthall(7) étaient plus proche de l'original arabe, je m'y suis référé. J'ajoute, cependant que certains mots arabes inclus dans les versets cités sont si importants pour la discussion que j'ai préféré les traduire personnellement de façon plus littérale. Dans ce cas, je ne me suis pas soucié de l'élégance du style; ma préoccupation majeure était de permettre au lecteur non familiarisé avec l'arabe de pouvoir cependant suivre pleinement l'argumentation.
2. Liste des témoignages
Ces remarques préliminaires étant faites, je me propose de citer tous les textes qui rapportent le témoignage explicite du Coran rendu à la Bible.
A. Versets qui attestent que la Torah était authentique au temps de Jésus
Al. Marie (Maryam) 19.12, de la période mecquoise intermédiaire, an 7 avant l'Hégire.
Dieu dit: "O Jean (Yahya) prends le livre avec force! Et Nous lui apportâmes la sagesse, tout jeune qu'il était."
A2. La famille d'Amram (Al 'Imran) 3.48, an 2-3 de l'Hégire.
L'ange Gabriel annonce à Marie la naissance de Jésus et dit: "Et Lui (Dieu) enseigne le Livre de la sagesse et la Torah et l'Evangile."
A3. L'interdiction (Al-Tahrim) 66.12, an 7 de l'Hégire.
"De même Marie (la mère de Jésus)... avait traité de vraies les paroles de son Seigneur ainsi que Ses Livres."
A4. La famille d'Amram (Al 'Imran) 3.49-50, an 2-3 de l'Hégire.
Jésus dit : "Et me voici en tant que confirmateur de ce qui EST entre mes mains de la Torah, et pour vous rendre licite partie de ce qui vous était interdit."
A5. Le rang (Al-Saff) 61.6, an 3 de l'Hégire.
Et quand Jésus fils de Marie dit: "O enfants d'Israël! Je suis vraiment un messager de Dieu à vous, confirmateur de ce qui EST entre mes mains de la Torah."
A6. Le plateau servi (Al-Ma'ida) 5.46, an 10 de l'Hégire.
"Et Nous avons lancé sur leurs (celles de Moïse et des Juifs) traces Jésus fils de Marie en tant que confirmateur de ce qui est entre ses mains de la Torah. Et Nous lui avons donné l'Evangile - où il y a direction et lumière - en tant que confirmation de ce qui est entre ses mains de la Torah et en tant que guidée et exhortation pour les pieux."
A7. 5.113.
Et quand Dieu dira: "O Jésus fils de Marie! Rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiai de l'esprit de sainteté! Au berceau tu parlais aux gens, puis comme homme ayant atteint l'âge mûr. Et quand Je t'enseignai le Livre de la sagesse et la Torah et l'Evangile!"
Nous pouvons résumer ainsi le contenu de ces versets dont le premier cité provient des révélations finales de l'an 10 de l'Hégire:
Jean-Baptiste (Yahya) reçut l'ordre de se saisir du "Livre" (A1); Marie, la mère de Jésus croyait dans les "Livres" de Dieu (A3) ; Dieu avait promis, dès avant la naissance de Jésus de lui enseigner la Torah (A2) ; Jésus affirma que son Evangile "confirmait la vérité de la Torah qui est entre ses mains" (A4, A5) ; Dieu confirme, du temps de Muhammad, qu'Il avait bien enseigné à Jésus la Torah (A6, A7). Nous en concluons qu'au siècle où vécut Jésus, la Torah était authentique et n'avait subi aucune altération.
Ajoutons que la Sourate l'Interdiction, évoquée en A3, et qui date de l'an 7 de l'Hégire, précise que " Marie estimait vrais Ses "Livres" ( ~ ) (ceux de Dieu); il ne peut s'agir que des livres donnés au peuple d'Israël par les Prophètes, au même titre que la Torah avait été donnée au peuple par Moïse.
B. Versets qui attestent qu'il y a eu de vrais chrétiens dans l'intervalle de temps qui sépare Jésus de Muhammad
B1. Le plateau servi (Al-Ma'ida) 5.110-111, de l'an 10 de l'Hégire.
Et quand Dieu dira: " O Jésus fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi... Et quand Je t'enseignerai le Livre et la sagesse et la Torah et l'Evangile... Et quand J'ai révélé aux apôtres ceci: Croyez en Moi et en Mon messager (Jésus ), ils lui (à Jésus) dirent: Nous croyons, et sois témoin qu'en vérité nous sommes des musulmans (des Soumis)."
B2. La famille d'Amram (Al 'Imran) 3.52-53, de l'an 2-3 de l'Hégire.
Puis, quand Jésus sentit de la mécréance de leur part, il dit: "Qui sont mes secoureurs en Dieu? Les apôtres dirent : Nous sommes les secoureurs de Dieu! Nous croyons en Dieu et sois témoin que certes nous sommes des musulmans (des Soumis).
Seigneur, nous avons cru en ce que Tu as fait descendre, et suivi le messager (Jésus)."
B3. Le rang (Al-S aff) 61.14, an 3 de l'Hégire.
O vous les croyants! Soyez les auxiliaires de Dieu, comme au temps où Jésus fils de Marie, dit aux apôtres : "Qui seront mes auxiliaires dans la Voie de Dieu? Les apôtres dirent: Nous sommes les auxiliaires de Dieu! Un groupe des fils d'Israël crut, un groupe fut incrédule. Nous avons soutenu contre leurs ennemis ceux qui croyaient et ils ont remporté la victoire." (Trad. D. Masson).
B4. Le fer (Al-Hadid) 57.26-27, an 8 de l'Hégire.
"Et très certainement, Nous avions envoyé Noé et Abraham, et assigné à leur descendance la fonction de prophète et le livre. Puis, tel en fut qui se guida, tandis que beaucoup d'autres furent pervers.
Sur leurs traces Nous avions fait suivre Nos messagers tout comme Nous avions fait suivre Jésus fils de Marie, tandis que Nous lui avions apporté l'Evangile, et mis au coeur de ceux qui le suivirent, douceur et mansuétude, ainsi que le monachisme qu'ils inventèrent - Nous ne leur avions rien prescrit... - Nous avions apporté leur salaire à ceux d'entre eux qui crurent. Beaucoup d'entre eux cependant furent pervers." Cf. 5.85.
Ce verset nous apprend une chose intéressante : bien que le monachisme ne venait pas de Dieu, il y eut d'authentiques croyants parmi ces disciples de Jésus, et ils reçurent " la récompense méritée" (dans le ciel).
Historiquement parlant, le monachisme débute au 4e siècle. Mais des hommes, tels que Paul de Thèbes, menaient déjà une vie d'ermite dès le 3e siècle. St-Antoine d'Egypte fut le premier à organiser de petits groupes d'anachorètes en 305. Le monachisme s'implanta aussi dans le Sinaï à la même époque.
B5. La grotte (Al-Kahf) 18.10-25, Sourate mecquoise:
Quand les jeunes gens se furent réfugiés vers la grotte, ils dirent: "O notre Seigneur apporte-nous de Ta part une miséricorde ; et arrange-nous une bonne conduite de notre affaire."
Or ils demeurèrent dans leur grotte trois cents ans, et en ajoutèrent neuf.
Yusuf Ali indique dans plusieurs notes de sa traduction du Coran que cet épisode pourrait désigner 7 jeunes chrétiens d'Ephèse qui trouvèrent refuge dans une caverne lors des persécutions et furent plongés dans un sommeil de trois siècles. Il propose des dates s'échelonnant entre 440 et 450 de 1'ère chrétienne comme époque marquant la fin de leur sommeil. Yusuf Ali ajoute que le calife Wathiq (842-846 ap.J-C.) avait envoyé une expédition pour examiner et identifier la localité.(8) Dans son commentaire du verset, Hamidullah ne fait qu'évoquer cette hypothèse mais pense qu' "il s'agit plutôt d'une époque bien antérieure au Christianisme".
B6. Les constellations (Al-Buruj) 85.4-9, de la période mecquoise primitive
"A mort les gens de l'Ukhdûd, du feu plein de combustible! Tandis qu'ils s'y trouvaient assis, témoins de ce qu'ils faisaient aux croyants a qui ils ne reprochaient que d'avoir cru en Dieu..."
Dans la note qui accompagne sa traduction, Hamidullah applique cet épisode à un roi juif du Yémen, du nom de Dhou Nuwas, qui persécuta des chrétiens au 6e siècle, livrant aux flammes ceux d'entre eux qui refusèrent de se convertir au judaïsme. Le calife Omar construisit au Yémen une grande mosquée pour honorer les martyrs chrétiens."(9) Yusuf Ali fait également état de cette explication possible.(10)
Des trois premières citations coraniques, retenons ceci : les disciples de Jésus furent "inspirés" par Dieu pour suivre le Messie (B1) ; ils acceptèrent d'être les "auxiliaires de Dieu" (B2, B3) ; ils furent les vainqueurs (B3). De plus, même lorsque le monachisme se développa (B4), c'est-à-dire au 4e siècle, il existait encore d'authentiques croyants.
Si Muhammad et ses contemporains de La Mecque appliquaient les événements évoqués en B5 et en B6 à un contexte chrétien, alors nous aurions un témoignage coranique en faveur de chrétiens véridiques, agréés par Dieu, à Ephèse (Turquie actuelle) en l'an 450 ap. J.-C., et au Yémen au 6e siècle, comme l'atteste le martyre rappelé ci-dessus.
Certes, on doit reconnaître que ces versets ne disent rien des doctrines professées par ces chrétiens. Mais on peut penser que des groupes de chrétiens disséminés dans une région comprise entre la Turquie et le Yémen ont dû laisser des copies des Ecritures et de leurs propres écrits - et certaines auraient pu nous parvenir. Si leurs Ecritures avaient été différentes de la Torah et de l'Evangile, tels que nous les possédons aujourd'hui, et dont des copies datant de l'an 350 ap. J.-C. sont conservées au British Museum et au Vatican, nous en aurions très certainement trouvé des traces.
C. Versets qui attestent que la Torah et l'Evangile n'avaient pas été altérés à l'époque de Muhammad
Cl. Saba (Saba) 34.31, Sourate mecquoise ancienne.
Et ceux qui mécroient disent: "Jamais nous ne croirons à ce Coran ni à ce qui EST entre ses mains (la Torah et l'Evangile)..."
Remarque: Les verbes qui sont employés au temps présent pour Muhammad et pour son peuple sont imprimés en lettres capitales. Les caractères italiques sont réservés pour les allusions faites à des groupes de juifs ou de chrétiens envisagés tantôt comme croyants, tantôt comme incrédules au temps de Muhammad. De leur existence ainsi bien attestée par le Coran on peut déduire qu'il y avait donc de vrais croyants qui n'ont certainement pas altéré leurs Ecritures.
C2. Le créateur ou les anges (Fatir) 35.31, Sourate mecquoise ancienne.
"Et ce que Nous te révélons du Livre, c'est cela la vérité, confirmation de ce qui EST entre ses mains (la Torah et l'Evangile)..."
C3. Jonas (Yunus) 10.37, Sourate mecquoise tardive.
"Ce Coran n'a pas été inventé par un autre Dieu. C'est la confirmation de ce qui EST (Torah et Evangile) entre ses mains; l'explication du Livre envoyé par le Seigneur des mondes et qui ne RENFERME ancun doute." (trad. D. Masson).
C4. Joseph (Yusuf) 12.111, Sourate mecquoise tardive.
"Ce (le Coran) n'est point là récit à être blasphémé, c'est au contraire la confirmation de ce (Torah et Evangile) qui EST entre ses mains l'exposé détaillé de toute chose une direction et une miséricorde pour un peuple qui croit."
C5. Les bestiaux (Al-An'am) 6.154-157, Sourate mecquoise tardive.
"Ensuite Nous avons donné à Moïse le Livre, - complément du bien qu'il avait fait et exposé détaillé de toute chose, et guidée et miséricorde; peut-être auraient-ils cru en la rencontre de leur Seigneur? Et voici (le Coran) un Livre béni que Nous avons fait descendre suivez-le donc et comportez-vous en piété. Peut-être vous sera-t-il fait miséricorde? - Afin que vous ne disiez pas : Oui, on n'a fait descendre le Livre que sur deux peuples d'avant nous, et nous étions bien dans l'ignorance de leur étude. Ou que vous disiez: Si c'était à nous qu'on eût fait descendre le Livre (Torah et Evangile) nous aurions certainement été mieux guidés qu'eux."
C6. Le croyant (Al-Mu'min) 40.69-70, Sourate mecquoise tardive.
"N'as-tu (Muhammad) pas vu ceux qui disputent sur les signes de Dieu? Comme ils se sont écartés! Ceux qui TRAITENT DE MENSONGE le livre et ce (Livre) avec quoi Nous avons envoyé Nos messagers? Et bien, ils vont savoir quand, des carcans à leurs cous et avec des chaînes ils seront entraînés."
C7. Al-Ahqaf 46.12, Sourate mecquoise tardive.
Et avant ceci, il y avait le Livre de Moïse, comme dirigeant et miséricorde. Ce Livre-ci cependant est un confirmateur en langue arabe, pour avertir ceux qui prévariquent, pour être aussi, bonne annonce aux bienfaisants."
C8. 46.29-30.
"Et quand Nous déployâmes vers toi une troupe de djinns qui prêtèrent l'oreille à la Lecture (le Coran)... Puis, quand elle fut finie, ils retournèrent à leur peuple en avertisseurs. Ils dirent: "Peuple ! Nous venons d'entendre en vérité un Livre qui a été descendu (révélé) après Moïse, confirmateur de ce qui EST entre ses mains (Torah). Il guide vers la vérité et vers un chemin droit."
C9. La vache (Al-Baqara) 2.91, an 2 de l'Hégire.
Et quand on leur dit : "Croyez à ce que Dieu fait descendre, il disent : Nous croyons à ce qu'on nous a fait descendre à nous (la Torah). Et ils mécroient le reste, cela même qui est vérité confirme ce (la vérité) qui EST AVEC EUX (la Torah)..."
Cl0. La famille d'Amram (Al'Imran) 3.3, an 2-3 de l'Hégire.
"Il (Dieu) a peu à peu fait descendre sur toi le Livre, avec vérité en tant que confirmateur de ce (la vérité) qui EST entre ses mains (la Bible). Et il a fait descendre en bloc la Torah et l'Evangile."
C11. Les femmes (AI-Nisa') 4.162-163, an 5-6 de l'Hégire.
"Mais ceux d'entre eux (les juifs) qui sont bien enracinés dans la science ainsi que les croyants CROIENT en ce qu'on a fait descendre sur toi (Muhammad) et en ce qu'on a fait descendre avant toi... Oui, Nous t'avons fait révélation comme Nous avons fait révélation à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait révélation à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus, à Jésus, à Job, à Jonas, à Aaron, à Salomon, et Nous avons donné le Psautier à David."
C12. Le repentir (Al-Tauba) 9.111, an 9 de l'Hégire.
"Oui, aux croyants le Paradis! Ainsi Dieu a-t-Il acheté leurs personnes et leurs biens: ils combattent dans le sentier de Dieu, puis ils tuent aussi bien qu'ils sont eux-mêmes tués. Promesse vraie qui, dans la Torah et l'Evangile et le Coran Lui incombe. Et qui, plus que Dieu, est à remplir son contrat?"
C13. Le plateau servi (Al-Ma'ida) 5.48, an 10 de l'Hégire.
"Et vers toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec vérité, en tant que confirmateur du Livre ( la Torah ) qui EST entre ses mains et en tant que son protecteur (~~).."
Dans ces versets nous sommes donc en présence d'un puissant témoignage rendu à la Torah et à l'Evangile qui apparaissent comme des Ecrits authentiques et concrètement présents à l'époque de Muhammad.
Le Coran affirme être un "confirmateur", en langue arabe, du Livre de Moïse (C7) devenu nécessaire du fait que les habitants de La Mecque ne pouvaient comprendre ce que "les deux peuples avant eux" avaient appris par "une étude assidue" ; ou qu'ils l'auraient mieux suivi (C5). En outre, il affirme être une explication de la Torah et de l'Evangile, ce "Livre qui ne RENFERME aucun doute" (C3), en même temps que son protecteur (C13).
Les mecquois déclarent: "Nous ne voulons pas croire au Coran ni en ce qui EST entre ses mains de la Torah et de l'Evangile (C1). Certains des juifs affirment ne vouloir croire qu'en ce qui leur a été révélé à eux, même si le Coran confirme la vérité de ce qui "EST AVEC EUX" (C9). Ceux qui REJETTENT (maintenant) le Coran et ce Livre que Nous avons envoyé avec nos messagers seront jugés (C6). Mais ceux d'entre les juifs qui sont enracinés dans la connaissance CROIENT en ce qui a été révélé à Muhammad et dans ce (la Torah) qui a été révélé avant lui (Cl1). Les djinns aussi croient à la fois dans le Coran et dans la Torah (C8).
Dans l'une des dernières Sourates révélées à Muhammad, celle du Repentir, il est explicitement déclaré : "La Promesse de Dieu EST vraie dans la Torah, dans l'Evangile et dans le Coran." (C12).
Revenons un instant sur l'expression entre ses mains (baina yadaihi ) qui est revenue maintes fois dans les textes coraniques mentionnés (C2, C3, C4, C8, ClO, C13, ainsi que précédemment en A5 et en A6). J'ai choisi de traduire cette expression arabe mot à mot, seul moyen de rendre le temps présent qui accompagne ces mots. L'expression revêt souvent un sens littéral "entre", ou "dans ses mains", mais c'est le plus souvent une tournure idiomatique pour signifier "en présence de", "en face de", "devant quelqu'un", "en sa possession" ou "à sa disposition". Ainsi la phrase arabe traduite littéralement "les mots sont entre vos mains" signifie en fait : "Vous avez la parole". De même : "aucune arme n'est entre ses mains" veut dire "il est désarmé". La Sourate 34.12 parle des "djinns qui travaillent entre les mains de Salomon". Yusuf Ali a traduit : "... travaillent en face de lui", mais, dans un note il explique: "les djinns travaillent sous ses yeux".
Ces versets donnent donc le sens général suivant: le Coran serait venu pour confirmer, attester et vérifier la Torah et l'Evangile qui sont maintenant "en sa présence" ou "devant ses yeux". Ils appuient le témoignage rendu par les versets des autres paragraphes de cette section : Muhammad admettait l'existence d'une Torah et d'un Evangile authentiques "sous ses yeux".
D. Versets qui attestent que Muhammad cite ou évoque effectivement la Torah et/ou l'Evangile
Dl. L'Etoile (Najm) 53.33-38, de la période mecquoise primitive
"Eh bien, le vois-tu (Muhammad) celui qui tourne le dos et donne peu et interrompt même? A-t-il près de lui science de l'invisible, pour qu'il voie? Ne lui a-t-on pas donné nouvelle de ce qui EST dans les feuilles de Moïse et d'Abraham, l'homme de devoir? Que nul porteur, en vérité, ne porte le port d'autrui..."
D2. Les Poètes (Al-Shu'ara') 26.192-197, de la période mecquoise intermédiaire.
" Oui, c'est là ce que le Seigneur des mondes a fait descendre; et avec cela est descendu l'Esprit fidèle, sur ton coeur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs en claire langue arabe. Oui, et ceci EST déjà dans les Ecrits (Zubur) aux anciens. N'EST-ce pas pour eux un signe, que les savants des Enfants d'Israèl le RECONNAISSENT?"
D3. Ta-Ha 20.133, de l'an 7 pré-hégirien.
"Et ils (les mecquois) disent: "Pourquoi celui-ci ne nous apporte-t-il pas de son Seigneur un signe? La Preuve de ce qui EST dans les anciens Livres (~~ ) ne leur est-elle pas venue?"
D'après le commentaire de Baidawi sur ce verset, les mot "anciens livres" s'appliquent à "la Torah et à l'Evangile et à tous les livres divins".
D4. Les Prophètes (Al-Anbiya') 21.7, de la période mecquoise intermédiaire.
"Or Nous n'avons envoyé avant toi (Muhammad) que des hommes à qui Nous faisions révélation. DEMANDEZ donc aux gens du Rappel (les juifs et les chrétiens) si vous ne savez pas !"
D5. Les Prophètes (Al-Anbiya') 21.105, période mecquoise intermédiaire.
Et très certainement Nous avons écrit dans le Psautier, après le Rappel (donné à Moïse): "Oui, ils hériterons la terre, Mes esclaves, gens de bien" .
Il s'agit là d'une citation du Psaume 37.29: "Les Justes posséderont la terre et ils y demeureront à jamais". En rapprochant cette citation du verset 7 de la même Sourate, il apparaît clairement que, d'après le Coran, Dieu considère les Psaumes comme faisant encore autorité et comme vrais à l'époque de Muhammad.
D6. L'Ornement (Al-Zukhruf) 43.44-45, de la période mecquoise tardive.
"Oui ceci (le Coran) est un Rappel, certes, pour toi (Muhammad) ainsi que pour ton peuple. Et vous serez bientôt interrogés. Et DEMANDE à ceux de Nos messagers que Nous avons envoyés avant toi, si Nous avons désigné, en dehors du Trés Miséricordieux, des dieux à adorer?"
D'après Baidawi, Jelaleddin et Yusuf Ali, l'expression "demande à ceux de Nos messagers que Nous avons envoyés avant toi" signifie: "Interroge ceux qui ont été instruits par leurs écrits et enseignés de leurs doctrines ". Par conséquent, ces écrits et ces doctrines étaient accessibles à l'époque de Muhammad.
D7. Jonas (Yunus) 10.94, de la période mecquoise tardive.
"Et si tu (Muhammad) es en doute sur ce que Nous avons fait descendre vers toi, alors DEMANDE ceux qui dès avant toi LISENT le Livre..."
D8. Les Abeilles (Al-Nahl) 16.43, periode mecquoise tardive
"Nous n'avons envoyé avant toi (Muhammad) que des hommes à qui Nous avions fait révélation. DEMANDEZ donc aux gens du Rappel (les juifs et les chrétiens), - Si vous ne savez pas..."
D9. Le Voyage nocturne (Al-Isra') 17.101, an 1 pré-hégérique:
"Nous avons apporté à Moïse neuf signes manifestes, DEMANDE (O Muhammad) donc aux Enfants d'Israël ..."
D10. 17.107-108:
Dis: "Croyez (au Coran) ou ne croyez pas (O Mecquois). Ceux à qui science a été donnée avant cela, lorsqu'on le leur a récité, oui, tombent sur le menton, prosternés... Et cela les fait croître en humilité."
D11. Le Tonnerre (Al-Ra'd) 13.43, période mecquoise tardive:
Les incrédules disent: "Tu (Muhammad) n'es pas un envoyé ! Dis: Dieu suffit comme témoin entre moi et vous; et lui qui POSSEDE la science du Livre."
D12. Al-A'raf 7.156-157, période mecquoise tardive:
"Je prescrirai donc Ma miséricorde pour ceux qui pratiquent la piété et acquittent l'impôt, pour ceux aussi qui sont croyants en Nos signes, ceux-là qui suivent le messager, le prophète gentil qu'ils trouvent en toutes lettres CHEZ EUX dans la Torah et dans l'Evangile..."
D13. 7.159:
"Et dans le peuple de Moïse, Il est une communauté (UMMA), qui GUIDE avec le droit et qui, par là EXERCE la justice."
D14. 7.168-170:
"Nous les avons divisé, sur la terre, en communauté : Il y a parmi eux des justes et d'autres qui ne le sont pas. Nous les avons éprouvés par des biens et par des maux. Ils reviendront peut-être vers Nous .... L'alliance du Livre n'a-t-elle pas été contractée ? Elle les OBLIGE A NE DIRE sur Dieu que la vérité, puisqu'ils ont étudié le contenu de Livre... Pour ceux (juifs) qui S'ATTACHENT fermement au Livre; pour ceux qui s'acquittent de la prière. Nous ne laisserons certainement pas perdre la récompense de ceux qui s'amendent." (Trad. D.Masson).
D15. La vache (Al-Baqara) 2.113, an 2 de l'Hégire:
Et les juifs disent : "Les chrétiens ne sont pas dans le vrai !" . Et les chrétiens disent : "Les juifs ne sont pas dans le vrai ! Et pourtant ils LISENT le Livre. (Trad. D. Masson).
D16. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.23, an 2-3 de l'Hégire:
"Ne les as-tu pas vus ceux à qui on avait donné une part du Livre, et qui ont été invités au Livre de Dieu (Torah) pour qu'il soit leur juge? Puis un groupe des leurs tourne le dos : des indifférents."
Les commentateurs appliquent ces versets à différents incidents, mais ils sont unanimes à penser que des juifs s'étaient adressés à Muhammad et avaient demandé son arbitrage. Muhammad leur ayant suggéré d'en référer à leurs Ecritures, ils refusèrent et s'en allèrent.
D17. 3.79:
Il ne conviendrait pas à un homme, à qui Dieu donne le Livre et la sagesse et la dignité de prophète, de dire ensuite aux gens : "Soyez des adorateurs en marge de Dieu !", mais "Soyez des vrais dévôts"* (rabbaniyin) du Seigneur, puisque vous ENSEIGNEZ le Livre et puisque vous ETUDIEZ.
* Au lieu de "dévôts"', D. Masson traduit : "maîtres"
D18. 3.93-94:
"Toute nourriture était licite aux enfants d'Israël, sauf celle qu'Israël lui-même s'interdit avant qu'on eut fait descendre la Torah. Dis: Venez donc avec la Torah, et RECITEZ-LA, Si vous êtes véridiques! Donc, quiconque, après cela, blasphème le mensonge contre Dieu... ce sont eux les prévaricateurs."
D19. Les Femmes (Al-Nisa') 4.60, an 5-6 de l'Hégire
"N'as-tu (Muhammad) pas vu ceux-là : qui en vérité prétendent croire à ce que Nous t'avons révélé, et qui a été révélé avant toi? Ils veulent s'en rapporter aux Taghout (idoles), bien qu'ils aient reçu l'ordre (dans la Torah) de ne pas croire en eux. Le démon veut les jeter dans un profond égarement." (Trad.D. Masson).
D20. La Victoire (Al-Fath) 48.29, an 6 de l'Hégire:
"Leur marque est sur leurs visages (ceux des croyants musulmans) la trace de prosternations. Voilà l'image qu'on DONNE d'eux dans la Torah. Et l'image que l'on DONNE d'eux dans l'Evangile, c'est celle de la semence qui sort sa pousse, puis Dieu l'affermit, puis elle s'épaissit, puis elle se dresse sur sa tige, à l'émerveillement des semeurs."
Ce texte semble être une allusion non voilée au paroles de Jésus rapportées dans Marc 4.26-28 : "Il dit encore: Il en est du royaume de Dieu comme d'un homme qui jette sa semence en terre qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même premièrement de l'herbe, puis l'épi, enfin le blé bien formé dans l'épi et dès que le fruit est mûr, on y met la faucille car la moisson est là."
D21. Le Plateau servi (Al-Ma'ida) 5.43, an 10 de l'Hégire
"Mais comment peuvent-ils (les juifs) te prendre pour juge: ils ont près d'eux la Torah où EST le jugement de Dieu."
D22. 5.45:
Et Nous y avons prescrit pour eux: "Vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Le talion aussi pour les blessures." Après, quiconque en FAIT charité, cela lui VAUT expiation. Et quiconque ne JUGE pas d'après ce que Dieu a fait descendre eh bien, les voilà les prévaricateurs.
Dans ce passage coranique, Dieu répète les paroles qu'il a données lui-même à Moïse dans la Torah. "Mais s'il y a un accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure." Exode 21.23-25.
Les juifs de Médine sont donc avertis : "Et quiconque ne JUGE pas d'après ce que Dieu a fait descendre (la Torah), eh bien voilà les prévaricateurs."
D23. 5.47, an 10 de l'Hégire
"Que les gens de l'Evangile JUGENT les hommes d'après ce que Dieu y a révélé. Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d'après ce que Dieu a révélé."
D24. 5.65-68 :
"Oui, Si les gens du Livre croyaient et craignaient Dieu, Nous aurions effacé leurs mauvaises actions; Nous les aurions introduits dans les Jardins du Délice. S'ils avaient observé la Torah et I'Evangile et ce qui leur a été révélé par leur Seigneur, ils auraient certainement joui des biens du ciel et de ceux de la terre.
Il existe, parmi eux, des gens (Umma) modérés mais beaucoup d'entre eux font le mal".
Dis: "O gens du Livre Vous ne vous appuyez sur rien, tant que vous n OBSERVEZ pas la Torah, l'Evangile et ce qui vous a été révélé par votre Seigneur."
Les versets précédents témoignent d'une présence continue d'une authentique Torah et d'un authentique Evangile à l'époque de Muhammad et ces écrits étaient reconnus aussi bien par les musulmans que par les non-musulmans.
A La Mecque, un incrédule qui se détourne connaît ce qui EST dans les feuilles de Moïse et d'Abraham (Dl). Une preuve évidente leur a été fournie dans ce qui EST dans les Ecrits aux anciens (D3). Muhammad fait appel à "celui qui POSSEDE la science du Livre" (D11).
Certains textes affirment que l'annonce du Coran "EST (incluse) dans les Ecrits des anciens" et que "les savants des Enfants d'Israël le RECONNAISSENT (D2). Ceux à qui la connaissance avait été révélée avant CROIENT en lui (le Coran) (D10). Certains juifs sont des justes et "S'ATTACHENT fermement au Livre" (la Torah), mais d'autres refusent de reconnaître Muhammad bien qu'ils aient ETUDIE avec soin leur Livre (D14).
Juifs et chrétiens "LISENT le Livre" (D15) et "ENSEIGNENT le Livre" (D17).
Certains juifs sont des justes (D14) qui GUIDENT avec le droit et qui EXERCENT la justice (D13) ; parmi les juifs et les chrétiens, il existe des gens modérés (D24).
Les Mecquois sont exhortés à "DEMANDER aux gens du Rappel, s'ils ne le savent pas" (D4, D8) et à "DEMANDER à ceux des messagers que Dieu a envoyés" c'est-à-dire à interroger les gens instruits dans leurs écrits et dans leurs doctrines (D6).
Muhammad est invité à "DEMANDER à ceux qui LISENT le livre avant lui, s'il doutait" (D7), et à "DEMANDER aux enfants d'Israël" à propos des neuf signes évidents donnés à Moïse (D9).
Nous constatons encore par d'autres passages que Dieu répète certains commandements de la Torah, mettant en demeure les juifs de JUGER d'après ces commandements (D22) et qu'il fait une citation des Psaumes de David (D5). Il compare les croyants musulmans à ceux qui se prosternaient comme l'indique la Torah, et fait allusion à la parabole du semeur dans l'Evangile de Jésus pour illustrer la foi des croyants (D20).
Muhammad invite les juifs à apporter la Torah afin qu'elle soit leur JUGE (D16). Ailleurs, Muhammad les presse d'APPORTER la Torah et de la RECITER s'ils sont véridiques (D18).
Dieu demande à Muhammad pourquoi les juifs viennent le trouver lui, alors qu'ils ONT la Torah où EST le jugement de Dieu (D21); les chrétiens sont exhortés à JUGER d'après ce que Dieu a révélé dans l'Evangile (D23).
Dieu déclare que la Torah et l'Evangîle SONT CHEZ EUX (D12). Dans la dernière Sourate reçue par Muhammad, la Sourate du Plateau servi (Al Ma'ida ), de l'an 10 de l'Hégire, les juifs ainsi que les chrétiens sont mis en face du même reproche: Vous ne vous appuyez sur rien tant que vous n'OBSERVEZ pas la Torah et l'Evangile et tout ce qui vous a été révélé par votre Seigneur (D24).
Voici le hadith que rapporte à propos de ce passage (D24) Ibn Ishaq, l'un des commentateurs:
"Rafi, le fils de Haritha, et Salam Ibn Mashkum, ainsi que deux autres vinrent trouver Muhammad et lui dirent: "O Muhammad! N'as-tu pas affirmé être un disciple de la religion d'Abraham et de sa foi? Ne crois-tu pas en ce que nous avons la Torah et n'attestes-tu pas qu'elle tire vraiment son origine de Dieu?"
Il répondit : " Si ! Mais, en vérité, vous avez inventé de nouvelles doctrines et vous niez son contenu relatif à l'alliance que Dieu a conclue avec vous et vous cachez ce qu'il vous a été demandé de révéler à l'humanité. C'est pourquoi je me sépare de vos idées nouvelles."
Ils reprirent : " Quant à nous, nous nous en tenons à ce qui est entre nos mains, et nous suivons la vérité et la direction; nous ne croyons pas en toi et ne voulons pas te suivre".
Alors le Dieu grand et glorieux révéla : Dis : " O Gens du Livre ! Vous ne vous appuyez sur rien tant que vous n'observez pas la Torah, l'Evangile et tout ce qui vous a été révélé par votre Seigneur."(11)
Si ce hadith est vrai, alors il prouve que Muhammad croyait dans la Torah dont disposaient les juifs de Médine en l'an 10 de l'Hégire. Même s'il ne s'agit pas d'un hadith fort (voir chapitre 11, deuxième section), il n'en constitue pas moins un témoignage important en faveur de la connaissance qu'avaient les musulmans des deux premiers siècles de l'Hégire, de la Torah et de l'Evangile en Arabie.
Outre le hadith ci-dessus, nous disposons de 24 passages examinés dans ce paragraphe et de 13 autres examinés dans le précédent, soit 37 citations au total, qui attestent qu'il existait, du vivant de Muhammad, une Torah et un Evangile authentiques, accessibles aux habitants de La Mecque et de Médine.
Des musulmans peuvent bien prétendre que la Torah et l'Evangile authentiques répandus en Arabie étaient différents des Ecrits correspondants contemporains. Mais où sont passés cette Torah et cet Evangile authentiques? On peut supposer que des musulmans auraient conservé des livres d'une telle importance dans l'une des nombreuses bibliothèques islamiques répandues de par le monde, ne serait-ce que pour aider les juifs et les chrétiens à "observer la Torah et l'Evangile". Cela nous aurait permis, en outre, de comparer ces exemplaires avec ceux conservés par les juifs et par les chrétiens.
Mais il faut nous rendre à l'évidence il n'existe pas de tels écrits. Aucun exemplaire de cette Torah prétendument différente n'a été conservée par les musulmans. Il n'existe qu'une seule Torah au monde et elle EST entre les mains des juifs et des chrétiens, de même qu'il n'existe qu'un seul Evangile au monde, et il EST entre les mains des chrétiens.
E. Les versets qui attestent que la Torah et/ou l'Evangile sont bons, mais ces versets ne précisent pas clairement leur époque
En introduction à ce chapitre j'avais déclaré qu'une étude sérieuse d'un sujet imposait que tous les versets et toutes les données concernant ce sujet soient cités. Quelque 55 autres passages coraniques mentionnent la Torah et l'Evangile, mais comme aucun d'eux ne confirme ou n'infirme l'existence de ces livres à l'époque de Muhammad, je me contente de ne donner que la liste complète de ces références.
Voici la liste des références
74.31; 87.18; 25.35; 35.25; 34.23-24; 54.43; 37.114-117; 19.28-29; 21.48; 29.27; 29.46-47; 32.23; 40.53-55; 41.45; 42.15; 45.16-17; 45.28-29; 46.10; 11.16-17; 28.43; 28.48-49; 28.52-53; 23.49; 13.36; 17.2; 17.4-7; 17.55; 6.20; 6.114; 6.124; 98.1; 2.1-5; 2.53; 2.87; 2.121; 2.136; 2.144-145; 2.176; 2.213; 2.285; 3.65; 3.81; 3.84; 3.99; 3.119; 3.183-184; 3.187; 62.5; 4.51; 4.54; 4.131; 4.136; 4.150-153; 4.171; 57.25; 5.62; 5.85-86.
Le lecteur peut, s'il le désire, examiner ces passages et les discuter s'il estime que l'un ou la totalité de ces textes modifient mes conclusions.
F. Versets qui attestent les divergences et les luttes entre chrétiens
Fl. La Consultation (Al-Shura) 42.13-14, période mecquoise tardive:
"Il vous a tracé, en matière de religion, le chemin qu'il avait enjoint à Noé, et ce que Nous te révélons ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham et à Moïse et à Jésus, C'est ceci .. "Etablissez la religion ; et n'y divergez pas ( ~ ~ )." ... Ils ont divergé, par rebellion entre eux, qu'après que science leur fut venue. Et si une parole de la part de ton Seigneur n'eût pas pris les devants jusqu'à un terme dénommé, tout aurait été décidé entre eux ! Oui, et ceux à que le Livre a été donné en héritage après ces gens-là sont à son sujet dans un doute qui mène à l'incertitude !"
F2. La Preuve (Al-Baiyina) 98.14, période primitive à Médine:
"Et ceux à qui le Livre a été donné ne se sont divisés ( ~ ) qu'après que la preuve leur fut venue."
F3. La Vache (Al-Baqara) 2.253, an 2 de l'Hégire:
"A Jésus fils de Marie, Nous avons apporté les preuves et l'avons fortifié par l'esprit de sainteté. Et si Dieu avait voulu, les gens qui vinrent après eux ne se seraient pas entre-tués, après que les preuves leur furent venues mais ils se mirent à disputer ( ~ ): certains parmi eux ont cru et d'autres furent incrédules."
F4. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.19, an 2-3 de l'Hégire:
"Ceux à qui le Livre a été apporté ne se sont disputés (~ ), rebellés les uns contre les autres, qu'après que science leur fut venue."
F5. Le Plateau servi (Al Ma'ida) 5.14-15, an iOde l'Hégire
Parmi ceux qui disent: " Nous sommes chrétiens, nous avons accepté l'alliance", certains ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. Nous avons suscité entre eux l'hostilité et la haine, jusqu'au Jour de la résurrection... Dieu leur montrera bientôt ce qu'ils ont fait.
O gens du Livre! Notre prophète est venu à nous. Il vous explique une grande partie du Livre que vous cachiez. Il en abroge une grande partie. " (Trad. D. Masson)
Ces passages nous apprennent que les chrétiens se divisèrent (Fl, F2) à cause de la jalousie et de la haine (F2, F4), qu'ils eurent des différends (F3, F4); aussi Dieu suscita-t-il l'hostilité et la haine entre eux (FS); jusqu'à s'entre-tuer (F3).
Il nous est encore dit qu'ils oublièrent une partie de leur Livre et de leur alliance (F5), qu'ils en cachèrent une grande partie (F5) et qu'ils sont dans un doute qui mène à l'incertitude (F1).
Pourtant, comme nous l'avons déjà constaté dans le paragraphe B, il nous est dit ici que "certains crurent " (F3).
L'histoire chrétienne et profane confirme l'existence des divergences et des combats sanglants entre chrétiens. L'Eglise Copte d'Egypte fut déclarée hérétique par les Eglises Romaine et Byzantine. Pourtant elles s'appuyaient toutes deux sur la même Bible ; il en est d'ailleurs de même entre les chiites et les sunnites, qui, bien qu'étant tous deux des mouvements musulmans et possédant le même Coran, ne s'en sont pas moins violemment combattus.
Aucun des passages relevés n'accuse des chrétiens incrédules d'avoir altéré leur Bible ; beaucoup moins encore peut-on penser que les chrétiens fidèles aient osé le faire!
G. Versets qui attestent que les juifs refusèrent le Coran, tentèrent de le changer ou cachèrent des versets de leur propre Torah et rejetèrent sa signification
Gl. Les Bestiaux (Al-An'am) 6.89-92, période mecquoise tardive:
"C'est à eux (les prophètes de Noé à Jésus énumérés dans les versets 84 à 86) que Nous avons apporté le Livre et la sagesse et la fonction de prophète. Si ces autres-là n'y croient pas, c'est certainement que Nous confions ces choses à des gens qui n'en sont pas mécréants. Ils ne mesurent pas Dieu à sa vraie mesure quand ils disent: Dieu n'a rien fait descendre sur un humain ! Dis: "Qui a fait descendre le Livre que Moïse a apporté à titre de lumière et de guide pour les gens, que vous mettez en pages pour les montrer, mais dont vous cachez beaucoup et par lequel vous avez été instruits de ce que vous ne saviez pas non plus que vos ancêtres? "... Voici un Livre que Nous avons fait descendre, béni, confirmant ce qui EST entre ses mains (la Torah) - afin que tu avertisses la Mère des Cités et les gens tout autour."
G2. Houd (Hud) 11.110, période mecquoise tardive:
"Et très certainement Nous avions donné à Moïse le Livre. Puis on y divergea. Et, n'était qu'une parole de la part de ton Dieu eût pris les devants, tout aurait été décidé entre eux Oui, ils sont à son sujet, en un doute qui mène à l'incertitude." (Même idée en 10.93)
G3. La vache (Al-Baqara) 2.85, an 2 de l'Hégire:
"Croyez-vous donc à une certaine partie du Livre et restez-vous incrédules à l'égard d'une autre ! Quelle sera la rétribution de celui d'entre vous qui agit ainsi, sinon d'être humilié durant la vie de ce monde et d'être refoulé vers le châtiment le plus dur, le Jour de la Résurrection?" (Trad. D. Masson)
G4. 2.89-90
"Lorsqu'un Livre venant de Dieu, et confirmant ce qu'ils ONT AVEC EUX (la Torah) leur est parvenu... ils n'y crurent pas... Combien est exécrable ce contre quoi ils ont troqué leurs âmes! " (Trad. D. Masson)
G5. 2.97,101:
"C'est lui (Gabriel) qui a fait descendre sur ton coeur avec la permission de Dieu le Livre qui confirme ce qui EST entre ses mains (la Torah)... Lorsqu'un prophète envoyé par Dieu est venu à eux, confirmant ce qu'ils ONT AVEC EUX (la Torah), plusieurs (fariq ) de ceux auxquels le Livre avait été donné rejetèrent derrière leur dos le Livre de Dieu comme s'ils ne savaient rien (de ce qu'il contenait)."
G6. 2.140:
"Diront-ils : 'Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les tribus, étaient-ils vraiment juifs ou chrétiens?' Dis : 'Est-ce vous, ou bien Dieu, qui êtes les plus savants?' Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage qu'il A de Dieu? "(Trad. D. Masson)
G7. 2.146:
" Ceux à qui Nous avons donné le Livre le reconnaissent comme ils reconnaissent leurs enfants. Oui, or partie d'entre eux cachent la vérité alors qu'ils SAVENT!"
G8. 2.159:
"Ceux (d'entre les juifs) qui cachent les Signes manifestes et la direction que Nous avons révélés depuis que Nous les avons fait connaître aux hommes au moyen du Livre: voilà ceux que Dieu maudit." (Trad. D. Masson)
G9. 2.174:
"Ceux qui cachent ce que Dieu a fait descendre du fait du Livre et le vendent à vil prix, ceux-là ne s'emplissent le ventre que de Feu."
G10. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.69-71, an 2-3 de l'Hégire:
"Une partie (Ta'ifa, ~ ) des gens du Livre aurait voulu vous égarer: ils n'égarent qu'eux-mêmes et ils n'en n'ont pas conscience.
O gens du Livre ! Pourquoi êtes-vous incrédules envers les signes de Dieu, alors que vous en êtes témoins?
O gens du Livre ! Pourquoi dissimulez-vous la Vérité sous le mensonge? Pourquoi cachez-vous la vérité, alors que vous SAVEZ?" (Trad. D. Masson)
G11. 3.75:
"Certains parmi les gens du Livre te rendront le quintar que tu leur as confié. D'autres ne te rendent le dinar que tu leur as confié que si tu les harcèles." (Trad. D. Masson)
G12. 3.199:
"Oui, il y en a parmi les gens du Livre qui certes croient en Dieu et en ce qu'on a fait descendre vers vous et en ce qu'on a fait descendre vers eux, humbles qu'ils sont devant Dieu et ne vendant point les signes de Dieu à vil prix. Voilà ceux dont le salaire est auprès de leur Seigneur. En vérité, Dieu est prompt de compter."
Ces versets font état de plusieurs accusations portées contre les juifs. Ils se sont écartés de la Torah et éprouvent un grand doute (G2). Ils écrivent leurs livres sur des feuilles séparées dont ils montrent certaines et cachent beaucoup, selon ce qu'ils veulent que les musulmans voient (G1).
Mais les plus graves accusations contre les juifs ont trait à leur attitude face au Coran. Ils refusent de croire au Coran (G3) et rejettent les signes de Dieu (G10). Ils vendent les signes de Dieu et leurs propres âmes pour un vil prix (G9, G12). Ils cachent la vérité - c'est-à-dire le témoignage rendu au Coran - dans leurs Ecritures (G6, G7, G9, GlO) et dissimulent la vérité concernant le Coran sous le mensonge (G10). Ils n'acceptent que la partie du Coran qui leur convient et rejettent le reste (G3) ; ils rejettent le Livre derrière leur dos (G5).
Cependant le Coran déclare qu'ils ont la Torah AVEC EUX (G4, G5) et rend témoignage à la vérité de la Torah qui est "entre leurs mains" (G1, G5). Les juifs ONT un témoignage de Dieu (G6) ; ils sont des "témoins" (G10); ils ONT la connaissance (G7, G10); ils LISENT le Livre.
Un autre verset qui résume le mieux ce jugement du Coran est tiré de la Sourate de la Vache (Al-Baqara) 2.40-44, datée de l'an 2 de l'Hégire. On lit
"O fils d'Israël... croyez à ce que J'ai révélé, confirmant ce qui EST AVEC VOUS (la Torah). Ne soyez pas les premiers à ne pas croire ; ne troquez pas mes signes à vil prix... Ne dissimulez pas la vérité en la revêtant du mensonge... Commanderez-vous aux hommes la bonté, alors que vous-mêmes, vous l'oubliez? Vous LISEZ le Livre."
Le Coran vient donc à l'appui de la vérité de la Torah qui est AVEC les juifs et qu'ils ETUDIENT. Les juifs incrédules attendent la bonté de la part des autres, mais ils oublient de la pratiquer eux-mêmes parce qu'ils mentent en rejetant le Coran et cachent, dans leurs Ecritures, la vérité le concernant.
Le Coran reconnaît aussi qu'une partie du peuple du Livre est parfaitement honnête (G 12), qu'elle croit en Dieu et que certains d'entre les juifs acceptent le Coran au même titre que la Torah.
Mais remarquons qu'aucun des versets évoqués ne contient le moindre reproche adressé par Dieu, accusant les juifs incrédules d'avoir modifié les mots de la Torah; et des juifs tels que Abdullah Ibn Salam et Mukhairiq qui ont accepté le message du Prophète et sont devenus musulmans n'auraient certainement pas apporté de changements à la Torah.
H. Versets qui parlent spécifiquement de Tahrif
Quatre versets du Coran reprochent aux juifs d'avoir modifié ou altéré (harrafa, ~ ) des mots et un autre les accuse de déformer la lecture par une gymnastique de leurs langues. Examinons ces versets dans leur contexte global. Souvenons-nous cependant que les quelques 50 ou 60 citations coraniques représentent déjà un contexte élargi de ces versets - dans le cadre plus général du Coran tout entier.
H1. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.78, an 2-3 de l'Hégire:
"Oui, et il y en a parmi eux (le peuple du Livre) qui roulent leurs langues avec une Prescription ( ~ ~ ) pour vous faire croire qu'elle est du Livre, alors qu'elle n'est point du livre; et ils disent : 'Elle vient de Dieu', alors qu'elle ne vient point de Dieu. Et ils disent le mensonge contre Dieu. Alors qu'ils savent!"
Ce verset accuse ouvertement les juifs de déformer les mots au cours de leur lecture. Ils le font pour faire croire à leur auditeurs qu'il s'agit d'autres mots de la Torah et, par conséquent, de Dieu. Le verset coranique déjoue la ruse en affirmant : "il ne vient pas du Livre, et il n'est pas de Dieu".
H2. Le Plateau servi (Al-Ma'ida) 5.13-14, an 10 de l'Hégire
"Et Dieu, très certainement, prit l'engagement des enfants d'Israël. Et Nous suscitâmes d'entre eux douze chefs...
Et puis à cause de leur violation de l'engagement, Nous les avons maudits et endurci leurs coeurs: ils détournent le mot de ses sens (~ ~ ~ ) et oublient une partie de ce par quoi on les a rappelés. Tu ne cesseras pas d'entrevoir de la trahison de leur part sauf d'un petit nombre d'entre eux, Pardonne-leur donc et passe. Oui Dieu aime les bienfaisants."
Les juifs incrédules, dont le coeur a été endurci parce qu'ils ont violé l'alliance, "ont détourné le mot de ses sens" , et oublient (à dessein) une partie de leur loi."
Pris isolément, ce verset pourrait signifier que les juifs découpaient au couteau des parties de leur Torah pour en changer des mots ou supprimer des passages entiers. Mais les sections D et E, ainsi que la référence H6, ont montré que le Coran considére la Torah comme "étant AVEC les juifs", comme "ETANT lue" par eux et comme "AYANT le commandement de Dieu" en elle.
C'est pourquoi il doit vouloir reprocher aux juifs de dissimuler certains versets et d'en lire d'autres hors de leur contexte, comme le confirme l'exemple bien connu du verset sur la lapidation. C'est ce qu'on appelle en arabe tahrif al-ma'nawi ( ~ ~ ) ou "modifier le sens".(12)
Mais il faut fortement souligner cette petite expression "sauf un petit nombre d'entre eux",. Ce témoignage atteste qu'il existait quelques juifs intègres qui croyaient, comme le confirme cette autre citation du Coran. Ces juifs n'auraient jamais consenti à modifier quoi que ce soit ni dans les mots ni dans la signification de leur Torah.
H3. La Famille d'Amram (Al 'Imran) 3.113-114, an 2-3 de l'Hégire
"Ils ne sont pas tous égaux. Il est, parmi les gens du Livre, une communauté droite ( ~ ~ ) qui, aux heures de la nuit, récite en se prosternant les versets de Dieu. Ils croient en Dieu et au Jour dernier, et ordonnent le convenable, et interdisent le blâmable, et concourent aux oeuvres bonnes. Ce sont des gens de bien..."
Dans les trois extraits coranique suivants, je crois que le Coran accuse certains juifs non de changer leur Torah, mais de modifier et de tordre le sens des paroles de Muhammad lorsqu'il récitait ou expliquait le Coran.
H4. La vache (Al-Baqara) 2.75-79, an 2 de l'Hégire
"Eh bien, espérez-vous que ceux-là (les juifs) deviennent croyants en votre faveur? Alors qu'un groupe (fariq, ~ ) des leurs s'est trouvé entendre la parole de Dieu, puis ils la corrompaient ( ~ ) après l'avoir comprise, - alors qu'ils savaient!
Et quand ils rencontrent des croyants, ils disent "Nous croyons" ,et une fois seuls entre eux ils disent "Allez-vous leur raconter ce que Dieu vous a découvert (dans la Torah)?" Pour qu'ils s'en fassent un argument contre vous devant votre Seigneur ! Ne comprenez-vous donc pas?
Ne savent-ils pas qu'en vérité Dieu sait ce qu'ils cachent et ce qu'ils divulgent? Et il y a parmi eux des illettrés qui ne savent du Livre que leurs désirs et ne font que conjectures.
Malheur, donc, à ceux qui de leurs mains écrivent le Livre puis disent: "C'est de la part de Dieu", pour le vendre à vil prix. Malheur à eux donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu'ils acquièrent !"
"Un groupe de juifs" (et non la totalité) écoutent le lecture du Coran et disent aux musulmans: "Nous croyons". Puis ils "corrompent" sciemment les explications données par Muhammad et répondent comme le décrit d'une manière détaillée le passage suivant tiré de la Sourate des femmes. Mais en privé, ils s'adressent des reproches mutuels en disant: "Pourquoi leur dévoilez-vous ce qu'affirme la Torah? La prochaine fois, ils s'en serviront contre vous."
H5. Les Femmes (Al-Nisa') 4.44-47, an 5-6 de l'Hègire
"N'as-tu pas vu ceux-là à qui on a fait part du Livre acheter l'egarement et chercher à ce que vous vous égariez du chemin?
... Il en est parmi les judaïsés qui détournent les mots de ses sens (~) et disent: "Nous avions entendu, mais nous avons désobéi", ou : "Ecoute sans personne qui te fasse entendre", ou : "Favorise-nous", (Ra'ina), tordant la langue et attaquant la religion.
Si au contraire ils disaient : "Nous avons entendu et nous avons obéi", et "Ecoute" et "Regarde-nous" ce serait meilleur pour eux et plus droit. Mais Dieu les a maudits à cause de leur incrédulité donc, sauf un petit nombre, il ne croiront pas. O vous à qui on a donné le Livre, croyez en ce que Nous avons fait descendre (le Coran) en confirmation de ce qui EST AVEC NOUS (la Torah), avant que Nous effacions les visages..."
Comme dans le texte précédent, l'accusation est portée contre "ceux (certains) des juifs" qui "détournent le mot de ses sens"; mais les exemples donnés montrent bien qu'il s'agit des paroles de Muhammad. Yusuf Ali explique admirablement cette attitude dans sa note qui accompagne ce texte:
"Un artifice qu'utilisaient les juifs consistait à tordre le sens des mots et des expressions pour tourner en ridicule l'enseignement le plus solennel sur la religion. Alors qu'ils auraient dû dire : "Nous entendons et nous obéissons", ils affirmaient à voix haute: "Nous obéissons" et ajoutaient en murmurant: "Nous désobéissons" ; au lieu de déclarer avec le plus grand respect: "Nous entendons", ils ajoutaient à voix basse "ce qui ne s'entend pas" pour ironiser. Quand ils voulaient attirer l'attention du Maître, ils se servaient d'une formule ambiguë, apparemment innocente, mais en réalité intentionnellement irrespectueuse. Quand les arabes veulent dire "S'il te plaît, prête attention !", ils emploient avec un profond respect l'expression 'Ra'ina' qui signifie aussi "Regarde-nous". Avec une contorsion de leurs langues, ces juifs prononçaient quelque chose comme 'O toi qui nous mènes au pâturage !'"(13)
H6. Le Plateau servi (Al-Ma'ida) 5.41-48, an 10 de l'Hégire:
"O messager ! Que ne t'affligent pas ceux qui concourent en mécréance, de ceux dont la bouche dit: 'Nous croyons' alors que leurs coeurs ne croient point! Ni non plus ceux qui se sont judaïsés. Ce sont des espions qui n'écoutent que pour le mensonge, espions qui écoutent pour les autres qui ne viennent pas près de toi détournant ensuite le mot de ses sens ( ~ ~ ) ils disent: 'Si c'est ça qu'on vous a donné, alors recevez-le et si ce n'est pas ça qu'on vous a donné, alors prenez garde!'... S'ils viennent chez toi, donc, juge entre eux : ou laisse-les. Et si tu les laisses, jamais ils ne sauront en quoi que ce soit te nuire. Et si tu juges, alors juge entre eux à la balance. Oui Dieu aime ceux qui jugent à la balance. Mais comment peuvent-ils te prendre pour juge (Muhammad), - et ils ONT près d'eux la Torah où EST le jugement de Dieu -,et ensuite, après cela, tourner le dos? Ces gens-là ne sont pas croyants ! Oui, Nous avons fait descendre la Torah, où IL Y A guidée et lumière. Par elle jugent, parmi ceux qui sont judaïsés, les prophètes - ceux là sont les soumis - ainsi que les rabbins et les docteurs: par le Livre de Dieu dont on leur a confié la garde, et dont ils étaient les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez-Moi. Et ne vendez pas Mes signes à vil prix. Et quiconque ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, eh bien, voilà les mécréants !
Et Nous y avons prescrit pour eux: vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Le talion aussi pour les blessures. Après, quiconque en FAIT charité, cela lui VAUT expiation. Et quiconque ne JUGE pas d'après ce que Dieu a fait descendre, eh bien, voilà les prévaricateurs.
Et nous avons lancé sur leurs traces Jésus fils de Marie, en tant que confirmateur de ce qui (la vérité) est entre les mains de la Torah. Et Nous lui avons donné l'Evangile, - où IL Y A guidée (direction) et lumière - en tant que confirmateur de ce (la vérité) qui était entre les mains de la Torah, et en tant que guidée et exhortation pour le pieux.
Que les gens de l'Evangile JUGENT d'après ce que Dieu y a fait descendre. Et quiconque ne juge pas d'après ce que Dieu a fait descendre, eh bien, voilà les pervers.
Et vers toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec vérité, en tant que confirmateur (de la vérité) du Livre qui est entre ses mains (en sa présence), et en tant que son protecteur. Juge donc parmi eux d'après ce que Dieu a fait descendre ; et ne suis pas leurs passions loin de la vérité qui t'est venue. A chacun de vous Nous avons assigné une voie et un chemin.
Si Dieu avait voulu, certes Il aurait fait de vous une seule communauté. Mais non. Afin de vous éprouver en ce qu'Il vous donne. Concurrencez-vous donc dans les bonnes oeuvres : vers Dieu est votre retour a tous..."
Ce passage décrit donc une situation identique. Certains "parmi les juifs (ou judaïsés)" qui prêtent l'oreille à tout mensonge - même aux citations de paroles de Muhammad par des gens qui ne l'ont jamais entendu - "changent le mot de ses sens" (litt. qui changent le mot de ses places, selon la note portée par Hamidullah dans la Sourate 4.46). Ils disent: "Si Muhammad vous affirme telle ou telle chose, acceptez-la. Sinon, prenez garde." Ce sont les explications de Muhammad qu'ils faussent ou qu'ils rejettent, et non leur Torah.
Cependant, même Si je commets une erreur d'interprétation, car ces trois derniers passages font aussi allusion aux juifs qui altèrent le sens de leurs propres Ecritures (al-tahrif al-ma'nawi), le contexte général des versets mentionnés permet de déduire les faits suivants:
1. Des juifs furent incrédules. Combien? Certains? Beaucoup? La plupart? Mais certains CROYAIENT en Dieu et désiraient accomplir sa volonté.
2. Le Coran atteste la vérité de la Torah qui EST AVEC EUX.
3. Le Coran prête à Dieu les paroles selon lesquelles les juifs "ONT la Torah qui contient le commandement de Dieu."
4. Le principe "vie pour vie, oeil pour oeil" est tiré de la Torah (Exode) comme un principe toujours valable d'après lequel les juifs doivent JUGER à moins qu'ils ne préfèrent FAIRE charité (ou pardonner la faute).
5. Le peuple de l'Evangile est invité à "JUGER d'après ce que Dieu y a révélé",
De ces textes - les seuls qui parlent de tahrif - nous concluons qu'à l'époque de Muhammad il y avait des juifs et des chrétiens intègres qui possédaient, lisaient et suivaient la Torah authentique et l'Evangile authentique.
3. Conclusion
Résumons ce que nous avons tiré de l'enseignement que donne le Coran sur la Torah, sur l'Evangile et sur le peuple du Livre, dans les divers groupes de versets coraniques.
Groupe A. La vraie Torah était connue de Jean-Baptiste (Yahya, de Marie, de Jésus et de ses disciples au 1ère siècle.
Groupe B. Le Coran atteste l'existence de vrais croyants chrétiens au moins jusqu'au début du monachisme, vers 300-350 ap. J.-C. On peut raisonnablement admettre que ces fidèles croyants n'ont pas altéré leur propre Evangile, autrement le Coran les désignerait de faux croyants.
Groupe C. Le Coran confirme la vérité des livres antérieurs qui sont "entre ses mains" c'est-à-dire "en sa présence" ou "sous ses yeux". Ces livres sont AVEC les mecquois, mais puisque ces derniers ne pouvaient pas comprendre les livres antérieurs, il fallut leur donner le Coran arabe.
Groupe D. D'après le Coran, Dieu lui-même, ou Muhammad à qui il l'ordonnait, en appelle à la Torah et à l'Evangile plus de vingt fois. Les Psaumes de David et la Torah sont mentionnés. Muhammad demande aux juifs d'apporter la Torah pour résoudre un différend. Les gens LISENT la Torah et l'Evangile qui sont AVEC EUX.
Groupe F. Les chrétiens se sont divisés et combattus mutuellement, et ils ont oublié une partie du Livre, mais aucun verset n'affirme qu'ils ont modifié ou corrompu le texte.
Groupes G et H. Certains des juifs sont coupables de al-tahrif al-ma'nawi parce qu'ils dissimulent des choses qui sont écrites dans leurs Livres et rejettent des passages qui ne leur conviennent pas. Ils rejettent le Coran, le revêtent de mensonge, vendent les signes de Dieu à vil prix, et sont doublement coupables de tahrif parce qu'ils transforment aussi les explications données par Muhammad. Mais rien, dans tout cela, n'indique que même ces juifs incrédules ont modifié le texte écrit de leur Torah ; de toute façon, les juifs croyants ne l'ont pas altérée et n'auraient pas toléré que d'autres le fassent.
Le Coran déclare lui-même dans la Sourate des Bestiaux (Al-An'am) 6.34 : "Et nul ne peut changer les paroles de Dieu", affirmation répétée dans la Sourate de Jonas (Yunus) 10.64: "Pas de modifications aux paroles de Dieu".
Notre étude du Coran aboutit donc à la seule conclusion possible: des exemplaires de la VRAIE TORAH et DU VERITABLE EVANGILE circulaient à La Mecque et à Médine à l'époque de Muhammad. De plus, puisque aucun musulman n'a jamais trouvé dans les bibliothèques islamiques une Torah différente ou un Evangile différent, et puisque aucune découverte archéologique n'a mis au jour une inscription gravée qui soit différente de celles de la Torah et de l'Evangile "qui SONT AVEC NOUS", je suis absolument convaincu que les livres qui circulaient à La Mecque du vivant de Muhammad étaient identiques A LA TORAH ET A L'EVANGILE QUE NOUS LISONS AUJOURD'HUI.
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TU A RAISON QUI PREND LE TEMPS DE LIRE TOUT çaflorence_yvonne a écrit :n'en jetez plus la cour est pleine
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah
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