Au moins 80 morts dans des émeutes religieuses dans le sud du Nigeria
Publié le jeudi 23 février 2006, à 22h13
LAGOS, 23 février
Au moins 80 personnes, des musulmans pour la plupart, ont trouvé la mort à Onitsha, ville commerciale du sud du Nigeria, dans des incidents décrits comme des attaques de représailles de groupes tribaux chrétiens, a rapporté à Xinhua (Chine nouvelle) un groupe de la société civile."60 personnes ont été tuées mardi ; mercredi, 20 autres ont trouvé la mort. Certains d’entre eux sont des chrétiens, la majorité sont des musulmans", a déclaré par téléphone Emeka Umeh, directeur de l’Organisation ds libertés civiles (CLO, basée à Lagos), depuis l’état d’Anambra.
Les émeutiers utilisaient "des machettes, des massues, des couteaux et d’autres objets de métal", a-t-il dit, ajoutant que certains d’entre eux utilisaient également des armes à feu.
M. Umeh a déclaré que deux policiers musulmans avaient été au nombre des victimes, alors qu’ils tentaient d’aider les gens de leur tribu. Selon certaines rumeurs, des hommes de ce village s’étaient mobilisés pour attaquer et tuer des enfants, ce qui a déclenché cette attaque.
Le bilan pourrait être en réalité bien plus lourd, certains corps ayant été incinérés, indique M. Umeh, précisant que la situation s’est calmée jeudi après l’arrivée des forces de l’ordre. Samedi, des manifestations massives contre les caricatures danoises représentant Mahomet avaient causé la mort de 16 chrétiens dans le nord du pays. L’Association des chrétiens du Nigeria fait état pour sa part de plus de 50 morts. Le gouverneur d’Anambra a décrété un couvre-feu et incité les gens à ne pas répandre des rumeurs, qui peuvent causer une escalade de la violence.
Les affrontements religieux sont fréquents dans ce pays d’Afrique de l’ouest, où vivent 130 millions de personnes. Les populations musulmanes, dominantes dans le nord, et chrétiennes, dominantes dans le sud, sont réparties de manière à peu près équitables.
Une vague de protestations a secoué le monde musulman récemment, en réaction à des caricatures publiées en septembre dans un journal danois et reprises depuis en Norvège et dans d’autres pays européens.