Playboy lapidé !!!!!

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Simplement moi

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Playboy lapidé !!!!!

Ecrit le 12 avr.06, 07:04

Message par Simplement moi »

et pourtant il n'est pas danois :roll:
mercredi 12 avril 2006, 19h26
Les locaux de Playboy en Indonésie attaqués par des extrémistes musulmans

JAKARTA (AFP) - Des centaines de radicaux musulmans ont lapidé mercredi à Jakarta le bureau du magazine de charme Playboy, dont la première édition locale est sortie vendredi, selon des témoins.

Environ trois cents membres du Front des défenseurs de l'islam (FPI) se sont rassemblés devant les locaux du mensuel pour exiger la fin de sa parution.

Ils ont réussi à pénétrer dans les bureaux de Playboy, déchiré des copies du magazine et jeté des pierres qui ont brisé les fenêtres. Un des quelque 90 policiers gardant les lieux a été blessé alors que la plupart des protestataires avaient déjà quitté le site.

"Nous poursuivrons nos attaques si Playboy refuse d'arrêter sa publication", a déclaré à la radio Elshinta Salim Ali Hamid, un des leaders du groupe.

Le FPI est un groupuscule radical connu pour mener des raids contre certains bars de Jakarta jugés licencieux et servant de l'alcool.

Le premier numéro de la version indonésienne de Playboy sorti vendredi est pourtant paru sous une forme très édulcorée, sans photos libertines et avec des femmes peu dévêtues, au maximum en bikini et dans des poses peu lascives.

Ces derniers mois le FPI et d'autres organisations musulmanes ont mené campagne contre l'arrivée de Playboy, au nom de la moralité selon eux en danger.
http://fr.news.yahoo.com/12042006/202/l ... istes.html

et pourtant... je vous invite a lire ceci: (YEUX PUDIBONDS S'ABSTENIR DE LIRE plus bas....)

http://www.telquel-online.com/219/couve ... 19_1.shtml

Au cas ou cela disparaîtrait du journal marocain en question, je fais un immense copié-collé:

Par Driss Ksikes

Erotisme. Quand les musulmans osaient
Enquête (et morceaux choisis) sur l'âge d'or de l'éros islamique

ATTENTION !
Les plus jeunes lectrices et lecteurs pourraient trouver,
dans les pages qui suivent, matière à un certain émoi.
Parents, vous voilà prévenus.


Vous ne le croirez pas, quand vous aurez fini de lire ce dossier : nous nous sommes, cette semaine à TelQuel, férocement autocensurés.

Y a-t-il donc “pire” que les extraits d'érotologie arabo-musulmane présentés dans les pages qui suivent ? Oh que oui !

C'est en plongeant dans ces véritables sommes sur la sexualité et l'érotisme qu'on se rend compte à quel point nos ancêtres étaient plus libérés que nous. Et pas seulement parce qu'ils parlaient sexe sans honte, obéissant à l'adage bien connu “la haya'a fid-din” (point de pudeur en religion)… De grands auteurs comme Tifashi, Tijani, ou encore (et surtout) Nefzaoui étaient aussi de fervents admirateurs de la femme, pour laquelle ils avaient le plus grand respect et les plus délicates attentions.

Pour s'en convaincre, il suffit de lire à quel point ils blâment l'homme pressé, peu attentif au plaisir de sa partenaire. En revanche, peu se soucient du cadre légal de la chose. Ce qui importe, c'est de bien connaître le corps et la nature de la femme, afin de la satisfaire pleinement. Qu'elle soit épouse légitime, concubine occasionnelle ou amante cocufiant son mari (voire éphèbe rencontré dans un hammam)… aucune importance. La morale religieuse orthodoxe ? Hors sujet, franchement.Nos érotologues étaient-ils donc si peu soucieux de l'islam ? Bien au contraire ! Pour eux, l'amour charnel est sans conteste la plus belle création divine. De l'amour des femmes à l'amour de Dieu qui a créé les femmes, il n'y a qu'un petit pas, qu'ils franchissent allègrement. D'où vient donc cette réputation (pas vraiment infondée, d'ailleurs) des “musulmans brutes au lit et irrespectueux des femmes” ? Probablement du fait que nous ignorons notre propre culture, et que par rigorisme et arriération, nous avons choisi de l'ensevelir sous le poids (énorme) de nos complexes. Mais il n'est jamais trop tard pour nous (re)découvrir...

A.R.B


Un imam d'Al Azhar vient d'émettre, il y a à peine deux mois, une curieuse fatwa. Elle n'autorise dorénavant les époux égyptiens à jouir que “dans le noir et habillés”.

Les talibans n'auraient pas fait mieux. Mais où sont passés nos sages foqaha, qui parlaient aux premiers siècles de l'Hégire, en pleine mosquée, du “droit du mari de contempler l'intimité de sa femme avant le coït” ? Comment est-on passé d'une culture hédoniste, célébrant l'amour au lit, à un fondamentalisme qui voile la beauté de l'acte sexuel ? La régression est d'autant plus troublante, estime l'anthropologue Malek Chebel, que “l'islam, contrairement au christianisme et au judaïsme, a reconnu, encouragé et déculpabilisé la vie sexuelle”. Entre-temps, ironise la psychanalyste Ghita El Khayat, “chrétiens et juifs se sont libérés du joug religieux et les musulmans s'en sont créé un”.

Mais à quoi donc ressemblait vraiment cet islam “religion du plaisir”, aujourd'hui jeté aux oubliettes ?

Ni déesses ni nonnes
À l'avènement de l'islam, en Arabie, la femme est d'abord idôlatrée. Elle est un inaccessible objet d'amour pour les poètes passionnés, comme Majnoun Laïla (Le fou de Laïla), et elle est déesse, puisque la plupart des objets de culte qui façonnent l'imaginaire bédouin sont de sexe féminin (Al-lat, Manat, Al-Uzza). Et l'islam, dont le Dieu (Allah) est masculin, cherche d'abord à désacraliser la femme, à en faire un bel objet de plaisir. “Va donc sucer le clitoris d'Al-Lat !”, hurle le compagnon du prophète, Aboubakr, à la face d'un Arabe qui ne démord pas de ses croyances païennes.

Le langage érotique du disciple de Mohammed trahit l'autre face de l'Arabie, en ces premiers temps d'islam. La sexualité y est pratiquée sous toutes ses formes : pédérastie, échangisme, sodomie, zoophilie et bien d'autres joyeusetés. Face à ce chaos, l'islam cherche à codifier les pratiques. Il met le couple marié sur un piédestal et fait de sa vie sexuelle sa (vraie) raison d'être. La preuve, le mot “nikah” a un double sens : il veut dire aussi bien “mariage légal” que “coït”. Pas question pour les musulmans de faire vœu de chasteté. Quant à la pudeur de la femme, elle tombe dès qu'elle accède au temple de l'amour. Son sexe est assimilé par le Coran et le prophète à “un champ de labour”. Et le laboureur, dans l'histoire, n'est autre que le pénis. “Il est vénéré, explique Malek Chebel, comme un instrument dont les partenaires femmes attendent un transport céleste”.

Le prophète, sacré guide
Face à ce pouvoir phallique célébré aux premières heures de l'islam, le prophète Mohammed, séducteur et homme à femmes (11 épouses) joue un double rôle. Il est, en même temps, le modèle de l'homme viril et le sage, tenant compte du droit des femmes à la jouissance. “Qu'aucun de vous ne se jette sur sa femme comme une bête”, ordonne-t-il aux musulmans, dans un effort pédagogique expliquant les bienfaits des préliminaires et des caresses. Ses actes et dires ayant donné lieu à plusieurs interprétations, Anas Ibn Malik (père du malékisme) considère que le prophète a même autorisé le cunnilingus.

En tout cas, Mohammed a réponse à tout. Lorsque des musulmans lui posent les questions les plus désobligeantes, sur “le droit de pénétrer leur femme de derrière”, il est on ne peut plus libéral, autorisant toutes les positions d'amour. Pour donner l'exemple, son épouse préférée, Aïcha, raconte qu'il “s'appuyait sur [son] giron bien [qu'elle eût ses menstrues] et ensuite récitait le Coran”. Dans une société patriarcale qui rejetait “la souillure féminine”, le geste a un sens. La tolérance du prophète va encore plus loin. Lorsque la même Aïcha est soupçonnée d'adultère, il se contente de lui dire : “si tu te repentis auprès de Dieu, cela me suffit”. Au final, le prophète, qui dit aimer par-dessus tout “les parfums et les femmes”, a été le premier guide sexuel de ses coreligionnaires.

Leur modèle aussi ? Pas forcément. Parce que, sexuellement aussi, il a un statut à part. Un épisode le montre en particulier. Il se retrouve un jour en privé et en tête à tête avec Zaïnab, l'épouse de son fils adoptif, Zaïd. Il se détourne d'elle de crainte d'être tenté. Il est alors “autorisé”, par voie coranique, à la faire répudier et à la prendre en secondes noces. Le prophète n'est pas un modèle non plus parce que souvent des versets coraniques prônent l'inverse de ce qu'il pratique. “Admonestez celles dont vous craignez l'infidélité ; Reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les” (Sourate Al Imran, verset 34), lit-on. Cela réduit à néant la tolérance du prophète à l'égard de sa femme prétendument adultère. “Les croyants t'interrogent sur la menstruation. Réponds : c'est un mal. Tenez-vous à l'écart des femmes durant la menstruation” (sourate Al Baqara, verset 222), lit-on encore. Mais l'injonction vient consacrer la souillure de la femme que Mohammed a tenté de chasser des esprits par l'exemple. Double discours ? Codification rigide d'une nation naissante ? Sans doute.

Les théologiens de l'amour sont nés
Trois siècles après la mort du prophète, ses actes et paroles deviennent une source principale de législation. Juristes, fouqaha et philosophes s'y réfèrent pour prodiguer des conseils en matière de sexualité. Ces “théologiens de l'amour” ne cessent d'affirmer que “le plaisir sexuel dans le cadre d'une union légitime ne représente qu'un pâle avant-goût de la volupté à venir au paradis”. Aussi cherchent-ils à attiser la flamme qui rapproche du plaisir suprême.

À Cordoue, le prolixe Ibn Hazm (10ème siècle) donne le ton. Auteur d'un des premiers traités d'amour, Tawq al hamama (Le collier de la colombe), il estime que “les hommes et les femmes, pour ce qui est de l'appétit sexuel, sont sur le même pied d'égalité. Il n'y a point d'homme auquel une jolie femme ait proposé l'amour qui ne soit tombé dans le désir, emporté par la concupiscence, et vice versa”. Pour lui, la séduction fait partie de la beauté féminine et l'attrait de la chair (mariage ou pas, est irrésistible.

À l'autre bout du monde musulman et à la même époque, le philosophe et médecin persan Ibn Sina (Avicenne) défend à sa manière la liberté sexuelle. Dans son Traité de l'amour, il préconise les joies du corps comme remède aux maux psychiques et physiques. “Lâche la bride aux jeunes pour les rapports sexuels, par eux ils éviteront des maux pernicieux”, suggère-t-il. Ses enseignements sont publics, dans les mosquées d'Ispahan. Le philosophe Abou Hamid Al Ghazali s'insurge, pour sa part, contre le machisme des hommes en matière de sexualité. Il critique la tentation de ses contemporains à “coucher à côté de leur épouse ou concubine, de sorte à satisfaire son besoin grâce à elle, avant qu'elle n'ait pu satisfaire le sien grâce à lui”.

Face à cette catégorie de penseurs, qui parlent de sexualité en théoriciens, émergent alors des érotologues (spécialistes d'érotisme), qui s'occupent de cas pratiques. Mahmoud Mahdi al-Istanbouli (11° siècle), auteur du très classique Touhfat Al Arous Aou Azzaouaj al Islami Assaïd (Le couronnement de la mariée ou le mariage musulman heureux), illustre merveilleusement bien le souci égalitariste de Ghazali. “La plupart des femmes accueillent avec plaisir les caresses du clitoris avant la pénétration et il est recommandé de les reprendre après la copulation afin de parfaire le plaisir chez la femme, si toutefois celle-ci n'a pas joui. Car il arrive que l'homme éjacule précocement alors que la femme est encore en excitation”. A l'époque, l'expression “la haya’a fid-din” (din voulant à la fois dire “religion” et “sexualité”) n'a rien d'un trompe-l'œil. Les savants évoquent la vie sexuelle dans ses moindres recoins. Mais leur liberté de ton, ils la doivent moins à la religion qu'à leur tempérament et à l'intérêt qu'ils portent à l'érotisme.

En fait, ces cadis et savants, connus comme des “théologiens de l'amour”, n'ont absolument rien d'austère. Au contraire, ils rejettent toute pudeur et toute retenue. Tout en légiférant sur le fiqh, certains se retrouvent le soir, dans le Majmaa al oudaba (salon littéraire) à Bagdad, où “on distribuait des coupes d'or remplies de vin. Chacun imbibait sa barbe blanche dans le breuvage interdit. Lorsque tout le liquide était absorbé, il fallait s'asperger mutuellement. On dansait alors non sans avoir ôté vêtements et pantalons, en gardant autour du cou un gros collier de fleurs”, écrit l'islamologue Abdelouaheb Bouhdiba.

Le sexe sublimé par Shéhérazade
Le fait que de nouvelles sociétés, non arabes, entrent dans le giron de l'islam, révolutionne le rapport à la sexualité. Ainsi, l'accès au Kama Sutra et à toute une littérature exaltante de l'Extrême Orient aide à valoriser davantage le rôle du deuxième sexe. “Les savants perses et les sages de l'Inde considèrent à l'unanimité que le fait d'éveiller le désir sexuel et de compléter le plaisir orgasmique nécessite l'assentiment total de la femme. Ce sont les artifices qu'elle met en jeu qui permettent aux hommes de jouir et les approches dont elle a seule l'art qui excitent les hommes les plus brisés”, rapporte Al Ghazali.

Ce sont d'ailleurs, les contes des Mille et une nuits qui introduisent dans la société patriarcale de l'époque abbasside (11ème siècle), la notion du roi cocu (Shahrayar). Pour prendre sa revanche, celui-ci invite à son lit chaque nuit une jeune vierge qu'il déflore et achève le matin. Quand Shéhérazade arrive, elle suspendra ses envies meurtrières par ses interminables contes. Dans l'un d'entre eux, elle évoque le fameux calife abbasside Haroun Ar-Rachid invitant à son lit deux concubines à la fois, brisant ainsi l'image du polygame bienséant. Dans d'autres, elle consacre des pages entières aux fruits, amandes, laitages et parfums, aphrodisiaques auxquels elle accole le qualificatif de “facilitateurs de jouissance”. Erotisme, techniques de séduction, ruses de partenaires, perversions, tout y passe dans cette œuvre monumentale. Grâce à elle, estime le spécialiste iranien Envers Dehoï, “l'érotisme, loin de tomber dans la vulgarité, exalte l'individu”.

Les Mille et une nuits passe aussi en revue toutes les formes de sexualité que l'islam prétend avoir aboli à son avènement : zoophilie, onanisme, pédérastie, bisexualité, sodomie, lesbianisme, etc. Mais ces évocations sont tout juste perceptibles, en filigrane. Le sujet en soi est détaillé ultérieurement par le juriste tunisien, voyageur impénitent, Chihab Eddine Tifashi (lire extraits). Dans son incontournable ouvrage, Nouzhat al albab fima la youjadou fi kitab (Le délice des cœurs fondée sur une matière qui n'existe dans aucun ouvrage), toute la palette de pratiques sexuelles, en vogue dans les contrées musulmanes, est exposée, avec force détails.

Sex in the médina
Au sujet de l'adultère, il rapporte comment des Egyptiennes, héritières d'une tradition pharaonique, se permettent de tromper leurs maris avec leur assentiment. Lorsque le représentant du calife tente de les réprimander, l'une d'entre elles lui répond sèchement : “Si mon mari n'y trouve rien à redire, le juge n'a rien à dire”. Il évoque aussi les berbères de Kabylie et de l'Atlas qui font montre d'une hospitalité sexuelle sans égale. Hors ces catégories marginales, là-bas en Orient, le secret drape les relations hors mariage, mais les subterfuges sont légion. Le secret ? “A chaque situation, sied un intermédiaire”, explique Tifashi. En gros, il énumère huit catégories d'entremetteurs pour les femmes et dix pour les hommes. Parmi les innombrables histoires d'adultères qu'il rapporte, celle de cet homme de Damas qui multiplie les maîtresses avant de tomber sur… sa propre femme. Ou encore celle d'une entremetteuse à Bagdad, plusieurs fois emprisonnée puis relâchée à la demande de personnes influentes.

Au-delà des relations hommes-femmes, courantes, Tifashi révèle l'étendue de la pratique homosexuelle. Les cercles d'hommes, leur manière de se parler, de marcher, de prendre rendez-vous dans des demeures bien agencées, rien n’est oublié. Quant aux anecdotes, elles sont aussi scabreuses les unes que les autres. “Un jour, un vieil homme frappe son jeune partenaire devant les badauds, à Tunis. Quelqu'un lui demande la raison de sa colère. Le vieux explique au passant que le jeune a passé la nuit à lui faire l'amour, sans que son érection ne faiblisse, ce qui l’a exténué”. Exemple parmi tant d'autres de sodomie caractérisée, qui ne choque alors personne.

Pratique moins évoquée, le lesbianisme n'échappe pas aux catégories relatées dans ce livre exhaustif et longtemps interdit. Le coït entre femmes, tel que pratiqué alors, ressemble donc à ceci : “celle qui aime se place au-dessus et celle qui est aimée au-dessous. L'aimante applique à l'autre ce qu'elles appellent un massage au safran, sur une des lèvres de son sexe, puis sur l'autre. Jusqu'à ce que naisse le plaisir”. En déambulant d'une contrée à l'autre et d'une forme de sexualité à l'autre, Tifashi nous apprend une chose fondamentale : “Si les villes musulmanes sentaient alors la vie, c'est parce qu'elles étaient ouvertes, au cœur d'un échange humain incessant. Aussi, elles étaient structurées pour accueillir des gens en quête de plaisir éphémère et passager”.

Au service du prince
A mesure que le monde musulman approche de sa déchéance, des craintes s'expriment. “La jubilation du trop de sexe engendre son contraire : l'angoisse de la dissolution des mœurs, la peur de la négation des vertus élémentaires qui fondent la civilisation arabo-islamique”, explique le spécialiste Abderrahim Lamchichi. Le califat à Bagdad tente d'élaborer une morale permettant d'éviter que les princes ne se laissent égarer par la passion amoureuse. Ces derniers deviennent alors les commanditaires des traités érotiques, même les plus audacieux.

L'exemple type, érigé aujourd'hui au rang de “Kama Sutra musulman”, est Arraoud al a'tir fi nouzhat al khatir (Le jardin parfumé pour le délassement de l’esprit) d'un autre savant tunisien, Cheikh Mohamed Nefzaoui (16ème siècle). C'est en effet le vizir du sultan hafside, Abdelaziz Abou Faris, qui lui en passe commande. Ecrit entièrement à l'adresse du vizir, le livre décrit les catégories de plaisir érotique, avec plus de détails intimes que jamais auparavant (lire extraits). L'auteur a une règle d'or, “seule l'ignorance fait honte”. Prodiguant des conseils précieux sur les bienfaits et méfaits de l'acte sexuel, il n'hésite pas à donner la parole aux femmes pour éviter la tentation machiste de la plupart de ses pairs. La philosophe Moârbeda répond ainsi aux questions-clés : “Où se trouve chez les femmes le siège de l'esprit ? Elle répondit : entre les cuisses. - Et celui de la jouissance ? - Au même endroit. - Et celui de l'amour des hommes et de leur haine ? - Dans la vulve, dit-elle”.
Destiné à la potence, Nefzaoui meurt et son livre est presque enterré. Il faudra attendre qu'un capitain français le dépoussière et le traduise en 1850 pour qu'il retrouve une nouvelle vie. Entre-temps, le monde musulman a sombré dans la censure, la répression et surtout un mutisme assourdissant sur la sexualité. Abderrahim Lamchichi tente cette explication : “Ni les théologiens ni les jurisconsultes ni les responsables politiques n'ont majoritairement su inscrire cette liberté dans le droit, encore moins dans les faits. Au contraire, ils ont mis l'accent sur la ‘prééminence de l'homme’ et ont imposé une vision étriquée de la pudeur, de sorte que tout un imaginaire machiste et paternaliste s'est accentué”. Aujourd'hui, estime Ghita el Khayat, “l'intérêt des musulmans pour le sexe n'a pas faibli mais c'est un intérêt aveugle, qu'ils expriment dans le noir de la passion”, non à la lumière du savoir. Mille et une fois hélas !

Lire aussi :
• Abdelouaheb Bouhdiba, La sexualité en islam ; PUF, Paris (1975)
• Malek Chebel, L'encyclopédie de l'amour en Islam ; Payot, Paris (1995)



Les ouvrages et les auteurs

Non seulement les plus grands érotologues arabes étaient des savants en droit islamique, mais il est intéressant de noter qu'ils étaient tous… maghrébins.

Le premier, Shihab Eddine Ahmed Tifashi, est né en 1182 à Tifash, en Algérie, près de Constantine. Parti parfaire son savoir religieux au Caire, puis à Damas, il est revenu s'installer en Tunisie au début du treizième siècle, où il a été nommé Cadi. Il a occupé, plus tard, le même poste en Egypte. Auteur de publications scientifiques et théologiques, son plus fameux ouvrage restera le traité d'érotologie intitulé Nouzhat al albab fima la youjadou fi kitab (Le délice des cœurs, fondé sur une matière qui n'existe dans aucun ouvrage)(1). En douze chapitres, ce document passe en revue les différentes formes de sexualité, secrètes et marginales (sodomie, pédérastie, lesbianisme…), organisées en marge de l'institution du mariage dans les centres urbains pendant l'âge d'or musulman. Egalement un grand voyageur, Tifashi est mort en 1253.

Mohamed Ibn Ahmed Tijani, lui, a vécu au treizième siècle pour mourir à l'orée du quatorzième (en 1309). Ecrivain et alem malékite tunisien, connaisseur du Coran et de la tradition, il a longtemps travaillé dans le cabinet d'un émir hafside à Bejaya. Mais c'est à Tlemcen, tout près de l'actuelle frontière marocaine, qu'il a écrit son célèbre Touhfat al ârouss wa moutâat annoufous (Le couronnement de la mariée et la jouissance des êtres)(2), véritable encyclopédie sur la femme arabe et musulmane. Plus “orthodoxe” que l'ouvrage de Tifashi, celui de Tijani ne s'aventure guère hors du cadre conjugal. Mais dans ce cadre, il n'oublie rien non plus… En 25 chapitres, il fait le tour de tout le savoir accumulé au sein de la civilisation musulmane sur la séduction et l'acte sexuel. Son objectif : conforter la “thèse suprême” selon laquelle “la femme est l'ultime plaisir offert à l'homme par Dieu”.

Le cheikh Mohamed Nefzaoui, enfin, a vécu au seizième siècle. On ne connaît pas grand-chose (du moins, de vérifié) sur sa vie, hormis qu'il a vécu à Tunis (au seizième siècle), où il aurait exercé, lui aussi, la fonction de Cadi. C'est à la demande du régent de Tunis, Abdel Aziz, qu'il aurait rédigé, en l'an 925 de l'Hégire, Arraoud al âtir fi nouzhat al khatir (Le jardin parfumé pour le délassement de l'esprit)(3). Sans doute l'ouvrage d'érotologie le plus célèbre du monde musulman, Arraoud al âtir est un véritable manuel, un guide, notre équivalent du Kama Sutra. Et Nefzaoui avait prévenu : “Je le jure devant Dieu, la connaissance de ce livre est certainement nécessaire à l'homme. Seuls les ignorants et les ennemis de la science ne le liront pas ou le réduiront au ridicule”.

(1) Riad El-Rayyes Books, Londres (1992)
(2) Riad El Rayyes Books, Londres (1992)
(3) Riad El-Rayyes Books, Londres (1989)



L'érotisme est un don de Dieu

Louange à Dieu !
“Louange à Dieu, qui a mis le plus grand plaisir des hommes dans les parties naturelles des femmes et qui a fait consister celui des femmes dans les parties naturelles des hommes ! (…) Dieu a fait le baiser sur la bouche, sur les deux joues et sur le cou, ainsi que le sucement des lèvres fraîches, afin de provoquer l'érection à l'instant favorable. C'est lui aussi qui, dans sa sagesse, a embelli la poitrine de la femme par les seins, son cou par un double menton, et ses joues par des joyaux et des brillants. Il lui a aussi donné des yeux qui inspirent l'amour, avec des cils tranchants comme des glaives polis. Il l'a douée d'un ventre rebondi, d'un nombril admirable ; il l'a dotée aussi d'une croupe majestueuse, et toutes ces merveilles sont supportées par les cuisses. C'est entre celles-ci que Dieu a placé l'arène du combat. Lorsqu'elle est abondante en chair, elle ressemble, dans son amplitude, à la tête du lion : on la nomme vulve. Oh ! Quelle quantité innombrable d'hommes sont morts à cause d'elle ! Et, ô douleur, combien de héros parmi eux ! (…) Qu'il soit donc exalté et élevé, celui qui a créé les femmes et leur beauté, avec des chairs appétissantes ; qui les a dotées de cheveux, de taille, de gorge, de seins qui gonflent et de gestes amoureux appelant le désir”

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle

Dieu est amour
“Le plaisir sexuel, qu'aucun autre plaisir n'égale en splendeur, est un avant-goût des délices promis au Paradis. L'intérêt que nous trouvons ici bas à atteindre ce plaisir révèle notre désir ardent de l'éterniser à l'au-delà. Ainsi, l'accès à la femme stimule notre adoration de Dieu. Contemplez, donc, la sagesse divine qui a bien voulu accorder à un même plaisir deux vies, l'une apparente et l'autre spirituelle”.
Tijani, Touhfat al ârouss…, 13ème siècle

Excitation mystique
“Un soufi raconte : Je me suis réuni un jour avec une femme connue pour sa dévotion. Tête à tête dans un salon, je lui évoquai la voie mystique et la quête de la vérité. Elle était tellement enchantée qu'elle s'est levée et m'a embrassé sur les lèvres. Surpris, au fur et à mesure que j'en rajoutais, elle m'embrassait plus longuement. Nous nous sommes mis sur le côté et sommes restés enlacés une heure durant. Lorsque j'ai voulu ouvrir son pantalon, elle m'a prévenu : Ne brise pas le flux. J'ai continué alors à l'exciter. Une heure plus tard, sa libido était bonne à cueillir. J'ai alors enfoncé le clou”.

Tifashi, Nouzhat al albab… 13ème siècle



Des défauts et des qualités des amants

Les hommes dignes d'éloges
“J'ai vu les femmes rechercher dans l'adolescent les qualités durables qui distinguent l'homme fait : la beauté, la fortune, l'abnégation, la force, un membre de grande dimension fournissant un coït prolongé ; puis une croupe pesante, une éjaculation non précipitée, une poitrine légère paraissant nager sur elles, une émission de sperme lente à se produire, de façon que chaque fois, la jouissance soit indéfiniment prolongée ; qu'ensuite, son membre revienne promptement à l'érection, et qu'il plane ainsi à plusieurs reprises sur la vulve. Tel est l'homme dont le coït fait le bonheur des femmes, et qui jouit auprès d'elles de la plus grande estime”.

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle

Les femmes dignes d'éloges
“Pour qu'une femme soit goûtée par les hommes, il faut qu'elle ait la taille parfaite, qu'elle soit riche en embonpoint. Ses cheveux seront noirs, son front large ; ses sourcils auront la noirceur des Ethiopiens, ses yeux seront grands et d'un noir pur, le blanc en sera limpide. Ses joues seront d'un ovale parfait ; elle aura un nez élégant et la bouche gracieuse ; ses lèvres seront vermeilles, ainsi que sa langue ; une odeur agréable s'exhalera de son nez et de sa bouche ; son cou sera long et sa nuque robuste ; son buste large, ainsi que son ventre ; ses seins devront être fermes et remplir sa poitrine ; son ventre sera dans de justes proportions, son nombril développé et enfoncé ; la partie inférieure du ventre sera large, la vulve saillante et riche en chair, depuis l'endroit où croissent les poils jusqu'aux deux fesses ; le conduit en sera étroit, sans aucune humidité, doux au toucher et émettant une forte chaleur ; (…) ses cuisses seront dures, ainsi que ses fesses ; elle possédera une chute de reins large et replète ; sa taille sera bien prise ; ses mains et ses pieds se feront remarquer par leur élégance ; les bras seront potelés, ainsi que les avant-bras, et encadreront des épaules robustes.
Si une femme qui a ces qualités est vue par devant, on est fasciné ; si elle est vue par derrière, on en meurt. Vue assise, c'est un dôme arrondi ; couchée, c'est un lit moelleux ; debout, c'est la hampe d'un drapeau (…) une pareille femme sera chérie de tous les hommes”.

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle

Les hommes dignes de mépris
“L'homme méprisable aux yeux des femmes est celui qui est malpropre, d'un extérieur grossier et dont le membre est court, mince et mou. Lorsqu'un homme pareil se rencontre avec une femme, il ne la besogne pas avec vigueur et de façon à lui procurer de la jouissance. Il se couche sur sa poitrine sans caresses préliminaires ; il ne l'excite pas, il ne la baise pas, il ne l'étreint pas, il ne la mord pas, il ne suce pas ses lèvres et ne la chatouille pas. Il monte sur elle avant qu'elle n'ait commencé à ressentir du plaisir, puis il lui introduit un membre mou, et encore avec des peines infinies ! A peine a-t-il commencé qu'il est déjà exténué ; il remue une ou deux fois, puis il s'affaisse sur la poitrine de la femme pour éjaculer, et c'est là le comble de ses efforts ! Cela fait, il retire son membre et s'empresse de descendre de dessus la femme. (…) Celui-là ne peut être estimé des femmes, puisqu'il ne peut leur apporter aucun agrément”.

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle

Les femmes dignes de mépris
“La femme qui mérite le mépris des hommes est laide et bavarde ; elle a les cheveux crépus, le front saillant, les yeux petits, les lèvres blafardes, la bouche grande, les joues ridées et les dents séparées par des brèches ; ses pommettes sont violacées et il lui pousse du poil au menton ; sa tête est supportée par un cou mince, présentant des tendons saillants ; ses épaules sont resserrées et sa poitrine étroite, ses seins tombent comme de longues lanières de peau, et son ventre est comme une outre vidée ; le nombril en ressort comme un tas de pierres ; ses côtes sont saillantes et paraissent comme des arcades ; on peut compter les os de sa colonne vertébrale ; sa croupe est entièrement dépourvue de chair ; sa vulve est large et froide (…) Que Dieu très élevé nous préserve d'une femme d'une si détestable nature !”

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle



Conseils sur le coït

Nuit de noces
Le philosophe Hamed Al Ghazali dit : “Il est préférable que la femme ne rejette pas trop les demandes insistantes de son mari, la nuit de noces. Elle peut jouer légèrement à la chaste, pour augmenter son excitation et maintenir son intérêt. Mais si elle force la dose du refus, cela risque de briser son désir et le rendre incapable de la déflorer. Elle dormirait alors libre mais frustrée”.

Tijani, Touhfat al ârouss…, 13ème siècle

Une femme prête
“Lorsque tu verras la femme poussant de profonds soupirs, que ses lèvres deviendront rouges et ses yeux languissants, que sa bouche s'ouvrira mollement et que tous ses mouvements seront empreints de nonchalance ; lorsque tu la verras comme disposée au sommeil, vacillante dans sa marche et se laissant aller à des bâillements, sache que c'est l'instant du coït ; et si, à ce moment, tu pénètres en elle, tu lui procureras une jouissance incontestable”.

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle

Finir en beauté“Lorsque la cessation de la jouissance aura mis un terme à vos débats amoureux, gardez vous de vous lever brusquement mais retirez votre membre avec précaution ; restez près de la femme, couchez vous sur le côté droit dans le lit témoin de vos plaisirs ; car c'est de la sorte que vous trouverez le bien, et vous ne serez pas comme celui qui monte sur la femme à la façon d'un mulet, sans avoir égard aux vrais principes de l'art, et qui, dès qu'il a éjaculé, s'empresse de se relever en retirant son membre. Une telle manière d'agir doit être écartée, car elle prive les femmes de tout plaisir”.

Nefzaoui, Arraoud al âtir… 16ème siècle



Ces hommes qui aiment les hommes

Comment repérer un éphèbe
“Pour identifier un éphèbe désireux de copuler avec quelqu'un du même sexe, il suffit de contempler sa démarche. S'il passe son temps à observer ses jambes, bien rasées, sachez qu'il est bon à cueillir. Car un homosexuel considère ses jambes comme son deuxième visage”.

Tifashi, Nouzhat al albab… 13ème siècle

Justice pour un homo

“Un homosexuel se plaint d'un prostitué au juge à Bassora : « Monseigneur, au hammam, je lui ai versé un dirham. Je me suis penché sur lui et dès que la porte s'est entrouverte, nous nous sommes séparés sans que je puisse jouir ». Le jeune homme explique qu'il s'est laissé faire et qu'il mérite son dû. Le juge lui rétorque, « Si tu t'es relevé le premier, tu le rembourses, si c'est lui qui a abandonné la partie, tu ne lui dois rien. Et si vous vous êtes levés simultanément, vous partagez le dirham”.

Tifashi, Nouzhat al albab… 13ème siècle

Pasteur Patrick

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Ecrit le 13 avr.06, 01:12

Message par Pasteur Patrick »

L'Histoire, c'est passionnant !
Merci.

Morpho

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Ecrit le 13 avr.06, 01:32

Message par Morpho »

Faites ce que je dis, pas ce que je fais...

Aaaaah ! L'hypocrisie, c'est tout un art...

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