Cet article (
http://perso.wanadoo.fr/nw/trinite) est risible et si je peux trouver des contradictions dedans, imaginez ce qu'un théologien qualifié pourrait faire.
Voici ce qu'il prétend utiliser contre la Sainte Doctrine:
"
Son Fils, le seul qui soit appelé proprement Fils, le Verbe existant avec lui et engendré avant la création, lorsque au commencement, il créa et ordonna par lui toutes choses, est appelé Christ, parce qu'il est oint et que Dieu a tout ordonné par lui. " Justin, Deuxième Apologie
Or c'est là un des points du Nicée-Constantinople!
"...engendré, non pas créé, (...) et par Lui, tout a été fait. "
La partie entre parenthèses n'est que la conclusion logique du Nicée:
"...de même nature que le Père."
Si le Fils est engendré et antérieur à toute création, il ne peut être que Dieu; par ailleurs, l'engendré ne peut être que de même nature que l'engendrant, voilà pourquoi le Fils est de même nature que le Père, "
Consubtantialem Patris".
Mais quels objections oppose-t-on exactement?
Que le Verbe soit soumis au Père? Que le Père, appelé Dieu, soit considéré comme distinct du Fils?
N'est-ce pas là un des points essentiels de la Trinité et des autres Mystères chrétiens, à savoir la distinctions des Personnes et que le Fils fait la Volonté de son Père, car il est son Verbe?
Il n'y a pas là opposition à la doctrine chrétienne authentique mais bien conformité pure et simple.
La majorité des textes des Pères cités par cet article n'ébranlent en rien la foi d'un Catholique: au contraire, ils la confirment merveilleusement.
Autre exemple:
"
89, 2. Le Fils de Dieu est né avant la création tout entière, si bien qu'il a été le conseiller de son Père pour la création (Pr 8, 27-30) "- Hermas le Pasteur
Comment le Fils peut-il être créature et antérieur à la création toute entière? Jean 1 est explicite sur ce point; la doctrine de l'arianisme nous place ici dans une insoluble contradiction.
Dans la lettre de Clément citée, on trouve les mots suivants:
neither is knowledge without faith, nor faith without knowledge. Nor is the Father without the Son; for the Son is with the Father
(pas de savoir sans la foi, ni de foi sans savoir; pas plus que le Père n'est sans le Fils, car le Fils est avec le Père)
Comment peut-on affirmer plus fort l'unité de nature? Par ailleurs, sur la page on trouve la citation suivante:
Mais la nature du Fils, qui est le plus proche de Celui [Dieu] qui est seul le Tout-Puissant, est la plus parfaite, la plus sainte, la plus puissante
La nature du Fils est la plus parfaite, la plus sainte, la plus puissante? Alors comment ne serait-elle pas celle de Dieu? Ce serait une contradiction.
On voit donc très clairement Clément affirmer la distinction des personnes et en même temps leur profonde unité, ainsi que la nature divine du Fils. C'est là explicitement la doctrine de la Trinité.
Mais il faudrait plus amplement réfuter la suivante argumentation:
Dans son Exhortation aux païens, chap. X, Clément écrit: " Ce n'est pas sans attention divine qu'une si grande œuvre fût accomplie en si peu de temps par le Seigneur [Jésus], qui bien que méprisé quant à l'apparence, fût en réalité adoré, l' expiateur du péché, le Sauveur, le clément, la Parole Divine, Lui qui est vraiment la Déité la plus manifeste, Lui qui est rendu égal au Seigneur de l'univers, parcequ'il était Son Fils, et que la Parole était en Dieu ". Clément considérait-il Jésus comme l'égal de son Père, au sens absolu du terme? Non, car, plus loin, dans cette même lettre, parlant de Jésus venant parmi les hommes, il écrit qu'il " a commencé à paraître sur le conseil de son Père plus vite que le soleil" . Il écrit encore:
Si cela est ton souhait, sois aussi initié, et tu rejoindras le chœur parmi les anges autour de l'inengendré, l'indestructible et le seul vrai Dieu, la Parole de Dieu faisant monter l'hymne avec nous. Ce Jésus, qui est éternel, l'unique grand Prêtre Élevé de l'unique Dieu, et de Son Père, prie pour les hommes et les exhorte: " Écoutez, vous, myriades de tribus, (...), à la fois Barbares et Grecs, j'appelle la race humaine tout entière, dont je suis le Créateur, par la volonté du Père. "
Si donc Clément présente Jésus comme étant distinct de " l'inengendré, l'indestructible et le seul vrai Dieu ", comme " l'unique grand Prêtre Élevé de l'unique Dieu " , celui qui " prie [Dieu] pour les hommes " , l'égalité dont il parle plus haut ne peut être que relative, sous certains rapports seulement. Comme en témoignent les citations précédentes, Jésus est présenté comme étant subordonné à la " volonté ", ou au " conseil " de son Père.
Ceci est réfuté par Saint Thomas d'Aquin:
Objections : 1. Le Fils n'a pas la même grandeur que le Père. Il dit lui-même en Jn 14, 28 : « Le Père est plus grand que moi. » Et l'Apôtre (1 Co 15, 28) : « Le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a tout soumis. »
Réponse : Il faut reconnaître que le Fils est aussi grand que le Père. En effet, la grandeur de Dieu n'est pas autre chose que la perfection de sa nature. D'autre part, pour qu'il y ait paternité et filiation, il faut que, par sa génération, le fils parvienne à posséder en perfection la nature du père, comme le père la possède. Chez les hommes, il est vrai, la génération est un changement qui fait passer le sujet de la puissance à l'acte ; aussi le fils n'est-il pas dès le début égal au père qui l'engendre ; c'est par une croissance convenable qu'il parvient à cette égalité, sauf accident imputable à un défaut du principe générateur. Mais il est clair, par ce qu'on a dit plus haut, qu'en Dieu s'établissent des rapports de vraie et propre paternité et filiation ; et il n'est pas possible d'admettre une défaillance de la vertu de Dieu le Père, en son acte générateur, ni que Dieu le Fils soit parvenu à sa perfection par un développement successif. Il faut donc conclure que, de toute éternité, le Fils est aussi grand que le Père. C'est pourquoi S. Hilaire écrit ; « Écartez de cette naissance les misères de la condition corporelle ; écartez le processus initial de la conception, les douleurs de l'enfantement et toutes les nécessités humaines ; tout fils, par sa naissance naturelle, jouit de l'égalité avec son père, puisqu'il est la similitude vivante de sa nature. »
Solutions : 1. Ces paroles concernent le Christ considéré selon sa nature humaine, en laquelle, de fait, il est inférieur à son Père et lui est soumis ; mais considéré en sa Nature divine, il est égal à son Père. C'est bien ce que dit S. Athanase : « Égal à son Père selon sa divinité, inférieur au Père selon son humanité. » Ou comme dit S. Hilaire : « Par sa situation de Donateur, le Père serait plus grand ; mais en raison de ce qui est donné, l’Être divin, indivisible, le bénéficiaire n'est pas moins grand », et, dans son Livre sur les Conciles, il explique que « la soumission du Fils, c'est sa piété naturelle », qui consiste à reconnaître qu'il tient du Père sa nature. « Mais la soumission de tous les autres, c'est leur condition infirme de créature. »
Objections : 1. Nous lisons dans S. Jean (5, 19) : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père. » Mais le Père peut agir de lui-même. Il est donc plus puissant que le Fils.
2. Celui qui commande et enseigne a un pouvoir supérieur à celui qui obéit et écoute. Or le Père commande au Fils, ainsi qu'il est dit dans S. Jean (14,31) : « Ce que mon Père m'a ordonné, je le fais. » Le Père enseigne aussi le Fils, selon qu'il est dit (Jn 5, 20) : « Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait. » Pareillement le Fils écoute, selon cette autre parole (Jn 5, 30) : « Je juge selon ce que j'entends. » Donc le pouvoir du Père est supérieur à celui du Fils.
Réponse : Il faut dire que le Fils est égal au Père en puissance. Car la puissance d'agir suit la perfection de la nature. On le voit bien dans les créatures : plus la nature qu'on possède est parfaite, plus la vertu active est grande. Or, on a montré plus haut que la notion même de paternité et de filiation divine exige que le Fils soit égal au Père en grandeur, c'est-à-dire en perfection de nature. Il en résulte que le Fils est égal au Père en puissance. La même raison vaut pour le Saint-Esprit comparé au Père et au Fils.
Solutions : 1. En disant que le Fils « ne peut rien faire de lui-même », on ne refuse au Fils rien de la puissance du Père ; car on ajoute aussitôt que « tout ce que fait le Père, le Fils le fait également ». On montre seulement par là que le Fils tient sa puissance du Père comme il tient de lui sa nature. Comme dit S. Hilaire : « Si grande est l'unité de la Nature divine, que le Fils, quand il agit par soi, n'agit pas de lui-même. »
Il n'y a donc pas besoin de chercher très loin ni de s'interroger longuement pour remettre cette théologie de cuisine à sa place.