Quand les quatre apôtres assis avec Jésus sur le mont des Oliviers ont entendu sa prophétie sur “la conclusion du système de choses”, comment ont-ils compris l’expression “
cette génération”? Dans les Évangiles, le mot “génération” traduit le grec généa que les dictionnaires définissent ainsi: “Lit[téralement] ceux qui descendent d’un même ancêtre.” (Greek-English Lexicon of the New Testament de Walter Bauer). “Ce qui a été engendré, une famille; (...) les membres successifs d’une lignée généalogique (...), d’une race d’individus (...) ou de l’ensemble des hommes vivant à la même époque, Mat. 24:34; Marc 13:30; Luc 1:48; 21:32; Phil. 2:15, et plus spécialement de ceux de race juive vivant à la même époque.” (Expository Dictionary of New Testament Words de W. Vine). “Ce qui a été engendré, les hommes d’une même origine, une famille; (...) l’ensemble des hommes vivant à la même époque: Mt. xxiv. 34; Mc xiii. 30; Lc i. 48 (...) utilisé spécialement à propos de la race juive vivant à la même époque.” — Greek-English Lexicon of the New Testament de J. Thayer.
Ainsi, Vine comme Thayer citent Matthieu 24:34 quand ils définissent “cette génération” (hê généa hautê) comme “l’ensemble des hommes vivant à la même époque”. Un autre dictionnaire (Theological Dictionary of the New Testament [1964]) confirme cette définition, disant: “L’emploi que Jésus fait du mot ‘génération’ révèle qui il visait en général: il visait l’ensemble des hommes, étant conscient de leur solidarité dans le péché.” Lorsque Jésus était sur la terre, une “solidarité dans le péché” était effectivement manifeste au sein de la nation juive, tout comme elle caractérise le système mondial aujourd’hui.
Évidemment, quand ils étudient cette question, les chrétiens fondent leur raisonnement essentiellement sur la façon dont les rédacteurs des Évangiles, divinement inspirés, ont utilisé l’expression grecque hê généa hautê, “cette génération”, lorsqu’ils ont rapporté les paroles de Jésus. L’expression est employée chaque fois dans un sens péjoratif. Ainsi, Jésus a qualifié les chefs religieux juifs de “serpents, progéniture de vipères”, et a ajouté que le jugement de la géhenne serait exécuté sur “cette génération”. (Matthieu 23:33, 36.) Mais ce jugement ne concernait-il que le clergé hypocrite? Non, absolument pas. En un certain nombre d’occasions, les disciples ont entendu Jésus parler de “cette génération” et appliquer chaque fois cette expression dans un sens beaucoup plus large. Lequel?
“Cette génération méchante”
En 31, au cours du grand ministère de Jésus en Galilée, peu après la Pâque, ses disciples l’ont entendu dire “aux foules”: “À qui comparerai-je cette génération? Elle est semblable à de petits enfants qui, assis sur les places de marché, crient à leurs camarades de jeux en disant: ‘Nous vous avons joué de la flûte, mais vous n’avez pas dansé; nous nous sommes lamentés, mais vous ne vous êtes pas frappé la poitrine de chagrin.’ Pareillement, Jean [le baptiseur] est venu ne mangeant ni ne buvant, toutefois l’on dit: ‘Il a un démon’; le Fils de l’homme [Jésus] est venu mangeant et buvant, et l’on dit cependant: ‘Voici, un homme qui est un glouton et un buveur de vin, un ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs.’” Impossible de plaire à ces “foules” dépourvues de principes! — Matthieu 11:7, 16-19.
Plus tard dans la même année, alors que Jésus et ses disciples entamaient leur deuxième tournée de prédication en Galilée, “quelques-uns des scribes et des Pharisiens” ont demandé un signe à Jésus. Il leur a dit, à eux et “aux foules” présentes: “Une génération méchante et adultère continue à rechercher un signe, mais il ne lui sera donné de signe que le signe de Jonas le prophète. De même, en effet, que Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre de l’énorme poisson, de même le Fils de l’homme sera dans le cœur de la terre trois jours et trois nuits. (...) Ainsi en sera-t-il également de cette génération méchante.” (Matthieu 12:38-46). Il est donc évident que l’expression “cette génération méchante” incluait les chefs religieux et les “foules” qui n’ont jamais compris le signe accompli par la mort et la résurrection de Jésus.
Après la Pentecôte de l’an 32, alors que Jésus et ses disciples avaient pénétré dans la contrée de Magadan, en Galilée, les Sadducéens et les Pharisiens ont de nouveau demandé un signe à Jésus. Il leur a alors répété: “‘Une génération méchante et adultère continue à rechercher un signe, mais il ne lui sera donné de signe que le signe de Jonas.’ Et, les laissant là, il s’en alla.” (Matthieu 16:1-4). Ces dévots hypocrites étaient vraiment les plus répréhensibles, eux qui étaient les chefs parmi les “foules” sans foi que Jésus a condamnées en les qualifiant de “génération méchante”.
Vers la fin de son ministère en Galilée, Jésus a appelé à lui la foule et ses disciples, et leur a dit: “Celui qui prend honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui.” (Marc 8:34, 38). La foule des Juifs non repentants de cette époque-là constituait donc à l’évidence “cette génération adultère et pécheresse”. Quelques jours plus tard, après la transfiguration de Jésus, ses disciples et lui “vinrent vers la foule”. Un homme lui ayant demandé de guérir son fils, Jésus déclara: “Ô génération sans foi et tortueuse, jusqu’à quand devrai-je être avec vous et vous supporter?” — Matthieu 17:14-17; Luc 9:37-41.
C’est probablement en Judée, après la fête des Huttes de l’an 32, “comme les foules se massaient” autour de lui, que Jésus a répété sa condamnation: “Cette génération est une génération méchante; elle est en quête d’un signe. Mais il ne lui sera donné de signe que le signe de Jonas.” (Luc 11:29). Par la suite, quand les chefs religieux traînèrent Jésus devant le tribunal, Pilate proposa de le relâcher. Le récit dit: “Les prêtres en chef et les anciens persuadèrent les foules de demander Barabbas et de faire détruire Jésus. (...) Pilate leur dit: ‘Que ferai-je donc de Jésus, celui qu’on appelle Christ?’ Ils dirent tous: ‘Qu’il soit attaché sur un poteau!’ Il dit: ‘Quel mal a-t-il donc fait?’ Mais ils n’en criaient que plus fort: ‘Qu’il soit attaché sur un poteau!’” Cette “génération méchante” réclamait le sang de Jésus. — Matthieu 27:20-25.
Une “génération sans foi et tortueuse” poussée par ses chefs religieux a donc joué un rôle essentiel dans la condamnation à mort du Seigneur Jésus Christ. Cinquante jours plus tard, à la Pentecôte de l’an 33, les disciples ont reçu l’esprit saint et se sont mis à parler en langues. Ayant entendu le bruit, “la multitude s’assembla”. L’apôtre Pierre s’adressa à ces gens en disant: “Hommes de Judée et vous tous, habitants de Jérusalem.” Et il ajouta: “Cet homme [Jésus] (...), vous l’avez fixé sur un poteau par la main d’hommes qui méprisent la loi et vous l’avez supprimé.” Comment certains de ses auditeurs ont-ils réagi? “Ils eurent le cœur transpercé.” Pierre les invita ensuite à se repentir. Il leur ‘rendit témoignage à fond et les exhorta, en disant: “Sauvez-vous de cette génération tortueuse.”’ En réponse, environ 3 000 personnes ‘acceptèrent de tout cœur sa parole et furent baptisées’. — Actes 2:6, 14, 23, 37, 40, 41.
L’identification de “cette génération”
Qu’était donc cette “génération” dont Jésus a si souvent parlé en présence de ses disciples? Et qu’ont compris ceux-ci quand Jésus a dit: “Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.” Jésus n’allait certainement pas utiliser différemment l’expression “cette génération”, expression qu’il avait toujours appliquée à la foule de ses contemporains qui, avec leurs “guides aveugles”, constituait la nation juive (Matthieu 15:14). “Cette génération” a connu tous les malheurs annoncés par Jésus et a disparu dans la “grande tribulation” sans précédent qui s’est abattue sur Jérusalem. — Matthieu 24:21, 34.
Au Ier siècle, Jéhovah jugeait le peuple juif. Les Juifs repentants, qui ont exercé la foi dans les dispositions miséricordieuses que Jéhovah a prises par le moyen de Christ, ont survécu à cette “grande tribulation”. Comme Jésus l’avait annoncé, tout ce qu’il avait prophétisé s’est réalisé, après quoi “le ciel et la terre” du système de choses juif (la nation tout entière incluant les chefs religieux et la société humaine méchante) ont passé. Jéhovah avait exécuté son jugement. — Matthieu 24:35; voir 2 Pierre 3:7.
Ceux d’entre les Juifs qui avaient prêté attention aux paroles prophétiques de Jésus ont compris que pour être sauvés ils devaient non pas chercher à calculer la durée d’une “génération” ou à fixer la date de certains ‘temps ou époques’, mais plutôt se tenir séparés de la génération contemporaine méchante et accomplir avec zèle la volonté de Dieu. Bien que les dernières paroles de la prophétie de Jésus concernent son accomplissement principal à notre époque, les chrétiens d’origine juive du Ier siècle ont dû eux aussi suivre cette exhortation: “Tenez-vous donc éveillés et suppliez en tout temps, pour que vous parveniez à échapper à toutes ces choses qui sont destinées à arriver, et à vous tenir debout devant le Fils de l’homme.” — Luc 21:32-36; Actes 1:6-8.
Aujourd’hui, “le grand jour de Jéhovah (...) est proche et se hâte beaucoup”. (Sophonie 1:14-18; Ésaïe 13:9, 13.) De façon soudaine, au ‘jour et à l’heure’ fixés par Jéhovah, sa fureur sera libérée sur les éléments religieux, politiques et commerciaux du monde, ainsi que sur les humains dévoyés qui constituent la “génération méchante et adultère” contemporaine (Matthieu 12:39; 24:36; Révélation 7:1-3, 9, 14). Comment est-il possible de survivre à la “grande tribulation” et de connaître le Royaume de Dieu ?
http://www.watchtower.org/languages/fra ... cle_02.htm
http://www.watchtower.org/languages/fra ... cle_02.htm
source : WT 1/11/1995