LA bible est-elle une fable ?

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medico

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LA bible est-elle une fable ?

Ecrit le 13 juin06, 02:22

Message par medico »

La Bible est-elle une fable ?

Après son best-seller mondial, « La Bible dévoilée », Israël Finkelstein, professeur à l'université de Tel-Aviv et responsable des fouilles de Megiddo, est de retour avec « Les rois sacrés de la Bible » (Bayard), où il revisite les destins de deux grands personnages de l'Ancien Testament : David et Salomon. Mais avec les yeux de l'archéologue. Débat et polémique en perspective...

entretien avec Israël Finkelstein

Propos recueillis par Catherine Golliau

La lyre de David et la richesse de Salomon sont-elles encore d'actualité ?

Israël Finkelstein : Dans la tradition occidentale, les récits bibliques concernant ces deux rois, qui mettaient en exergue les valeurs de courage et de sagesse associées à la protection divine, ont servi de support aux cristallisations identitaires et aux luttes contre l'oppression. En Europe médiévale, David et Salomon devinrent des modèles de juste gouvernance légitimée par le droit divin : les rois de France se faisaient oindre comme David. En Islam également, Soliman le Magnifique aimait être comparé au grand roi Salomon. Ils sont devenus des mythes. Pourtant, l'archéologie contredit cette fresque magnifique. Le texte biblique lui-même est porteur de questions. Si un verset du premier livre de Samuel attribue à David la mort de Goliath, un autre passage du même livre en fait porter la responsabilité à un certain Elhanân ! En étudiant les fondements historiques de cette saga, on comprend comment et dans quel but a été rédigé le texte hébraïque, et l'on peut expliquer pourquoi ces deux rois sont devenus fondamentaux pour la tradition judéo-chrétienne.

Ont-ils existé ?

Nous pouvons l'affirmer aujourd'hui : la plupart des célèbres épisodes de leur vie telle qu'elle est décrite dans la Bible sont fictifs ou exagérés. Il n'y a jamais eu au Xe siècle avant Jésus-Christ de monarchie israélite unifiée ; il y a peu de chance que David ait pu conquérir des territoires distants de plus de deux jours de son fief de Juda ; quant à Salomon, son royaume se limitait, semble-t-il, à un piton rocheux fortifié. Mais l'un et l'autre ne sont pas de pures inventions : les gens n'inventent pas l'Histoire. Ils se souviennent, ils collectent des récits, les corrigent, les déforment pour les faire coller avec leurs objectifs politiques et idéologiques.

Vous décrivez David comme un chef de bande qui a réussi...

Le récit du premier livre de Samuel présente effectivement David comme un jeune chef rebelle qui aurait été plébiscité pour prendre le pouvoir à Hébron. C'était un Apirou, un chef de bande comme il y en eut beaucoup depuis le XIVe siècle av. J.-C. Le récit de leurs exploits a été transmis oralement et David devait être le héros le plus important de ces contes. Ce n'est toutefois pas avant le VIIIe siècle et les premiers signes d'alphabétisation à Juda que ces histoires ont pu être retranscrites par écrit.

Mais la cour du roi David, ses amours, ses maîtresses...

La cour du David « historique » était sans aucun doute insignifiante. Le récit biblique est fondé sur le souvenir d'une réalité tout autre : la cour fastueuse de la dynastie omride qui régna au IXe siècle sur le royaume du Nord, à partir de Samarie, une capitale bien plus brillante que Jérusalem. D'après la chronologie biblique, cette dynastie - qui fut un temps alliée à la lignée de David - régna entre 884 et 842 avant notre ère, soit plusieurs générations après les règnes présumés de David et de Salomon. Pour la première fois, nous trouvons là un royaume centralisé, une cour princière et des armées bien équipées.

Et Salomon ? D'après le premier livre des Rois, ses quarante ans de règne ont été un modèle de bonne gestion et de sagesse.

Le fils de David est en effet, d'après la Bible, le roi le plus riche de la terre, le plus sage et le plus brillant. Il épouse la fille de Pharaon et fait édifier le Temple de Jérusalem. Il est aussi, de par l'étendue de son empire, le premier prince de la mondialisation. La légende est belle mais sans validité historique : son royaume est excentré, pauvre et très peu peuplé. La préconception archéologique de la grandeur de Salomon repose sur un phénomène étonnant d'argumentation circulaire, mettant en jeu des découvertes archéologiques datées en fonction de versets bibliques pris eux-mêmes comme des évidences historiques. En réalité, les récits du règne de Salomon décriraient plutôt le royaume de Juda du début du VIIe siècle, quand il s'intègre au commerce impérial de l'Assyrie. La légende de Salomon et de la reine de Saba a été écrite alors pour justifier la participation de Juda au commerce avec l'Arabie.

Mais qui a construit le temple ?

D'un point de vue archéologique, il est impossible de le savoir : l'actuelle esplanade du mont du Temple est occupée par la mosquée d'al-Aqsa et le dôme du Rocher, construits aux premiers siècles de l'islam. Tous deux furent édifiés sur les ruines du Temple d'Hérode (le « deuxième Temple »), dont les vastes travaux avaient déjà éradiqué les vestiges du premier Temple. Il est impossible de retrouver d'éventuels vestiges du Xe siècle. Nous pouvons juste imaginer que, conformément à la coutume des dynasties du Proche-Orient ancien, Salomon avait dû édifier un complexe comprenant un temple et un palais dans sa relativement modeste capitale. Quant au fastueux Temple décrit dans la Bible, il correspond sans doute à des évolutions postérieures, quand Juda devint un Etat prospère.

La Bible loue Salomon puis le voue aux gémonies. Pourquoi ?

Les premiers chapitres du livre des Rois le présentent effectivement comme l'érudit qui parle aux animaux, le prince de la paix et de la prospérité. Puis, plus loin, il devient apostat, presque sénile... Ses fautes sont si graves qu'elles entraînent l'effondrement du royaume de David. Cette évolution témoigne de l'apparition au sein de la société hébraïque d'une idéologie agressive et rigide, la doctrine deutéronomiste. Entre alors en scène Josias, le deuxième David, le prince juste, qui va rétablir l'alliance avec Yahvé en imposant les règles du Deutéronome.

La lignée de David devient pourtant alors l'objet d'un culte quasi mystique ?

Du fait de la promesse inconditionnelle de Dieu concernant la pérennité de la descendance de David, le récit royal va devenir le socle des espérances messianiques judéo-chrétiennes. A la suite de la reprise en main de la région par les Egyptiens, Josias meurt, en 609 à Megiddo - le fameux Armageddon qui devint ainsi le symbole de la lutte entre les forces du Bien et du Mal. S'impose alors l'idée qu'un jour un roi descendant de David apparaîtra à l'endroit où a péri le dernier roi de justice, idée qui va nourrir l'eschatologie chrétienne et le messianisme juif.

L'histoire de David change complètement de sens...

Oui, le mythe devient si puissant qu'il va façonner l'Histoire elle-même. Ce qui n'était au départ qu'un programme politique - la suprématie de la lignée de David - devient graduellement l'incarnation symbolique d'une foi religieuse, et la première élaboration de l'idée de finalité de l'Histoire. Image d'autant plus forte que le peuple hébreu perd son indépendance, et bientôt sa terre. David et Salomon vont devenir de véritables icônes du judaïsme, que le christianisme va récupérer : Matthieu et Luc insistent sur le fait que Jésus descend de David. Au IVe siècle, les Pères de l'Eglise sont persuadés que les psaumes de David font référence à la venue du Christ !

Mais aujourd'hui ?

Nous sommes dans un monde écartelé entre les nationalismes et la mondialisation. Ce sont ces mêmes préoccupations qui ont forgé la légende davidique au VIIIe et au VIIe siècle avant J.-C. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus compter sur les rêves messianiques pour apaiser nos cauchemars collectifs, c'est certain. Mais comprendre le processus d'évolution de ce mythe peut nous permettre de mieux apprécier notre histoire commune

Israël Finkelstein
1949 naissance en Israël.

1993 Shiloh, archéologie d'un site biblique (Tel-Aviv).

1992, 1995, 1999 coresponsable des fouilles de Megiddo.

1995 « Vivre à la marge : archéologie et histoire du Neguev » (Sheffield).

2001 « La Bible dévoilée », avec Neil Asher Silberman, directeur historique du centre Ename de Bruxelles (Bayard).

2006 « Les rois sacrés de la Bible », avec Neil Asher Silberman (Bayard).




« Les rois sacrés de la Bible », d'Israël Finkelstein avec Neil Asher Silberman (Bayard, 320 pages, 24 E).


© le point 08/06/06 - N°1760 - Page 98 - 1193 mots
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Gabriel

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Message par Gabriel »

la plupart du temps on ne sait pas sur quoi il fonde ses thèses ou en infirme d'autre. Qu'elles sont les pruvent achéologique que nous avons ou bien celle que nous devrions avoir ?

medico

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Message par medico »

comme quoi il faut vérifier
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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