Une altercation, sur une plage de la côte égéenne, entre une jeune femme en maillot de bain et une famille traditionaliste ravive l'opposition entre laïcs et islamistes.
À L'OMBRE des parasols de la côte égéenne, c'est un nouvel épisode de la bataille entre les partisans de la modernité et ceux de la tradition qui s'est joué. La semaine dernière, à Karaburun, une plage de la côte ouest, près d'Izmir, une jeune fille en bikini a posé sa serviette à proximité d'un groupe de familles plus conservatrices. La cohabitation a tourné court. L'adolescente a reproché aux femmes voilées de faire déféquer une fillette sur le sable.
En retour, les hommes l'ont insultée, car elle portait un maillot de bain, signe pour eux de moeurs légères. L'un de ces hommes lui a touché un sein, et la mère de la jeune fille, venue à la rescousse, a été molestée. L'altercation s'est déroulée à l'écart des stations balnéaires les plus fréquentées par les touristes occidentaux.
Autant de preuves de l'islamisation rampante
Loin des regards des vacanciers, quelques plages isolées de la mer Égée sont en effet prisées par des islamistes qui veulent éviter de se mêler aux touristes étrangers ou turcs, trop dévêtus à leurs yeux. «Il y a quelques plages comme celle-là qui sont occupées par des intégristes, elles ont toujours existé. Ils préfèrent rester entre eux et, généralement, les «laïcs» ne se rendent pas dans ces endroits, raconte Alpaslan Isik, directeur d'un établissement touristique à Bodrum. Quelques hôtels s'adressent également à cette clientèle. On n'y sert pas d'alcool et les espaces de baignade pour les hommes et pour les femmes sont séparés.»
La bagarre de la semaine dernière, qui a donné lieu a une plainte, a été longuement rapportée dans les colonnes du quotidien à grand tirage Hürriyet, dont la mère de la jeune fille est l'une des journalistes. Le journal Cumhuriyet, gardien des principes kémalistes, a lui relaté la mésaventure d'un danseur du ballet d'Ankara. Il a été agressé alors qu'il se baignait à proximité de femmes habillées à la mode islamique.
Pour la ligne dure du camp laïc, ces faits divers estivaux sont des cas d'école et constituent autant de nouvelles preuves de l'islamisation rampante de la société depuis l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement islamo-conservateur en 2002. «Les islamistes ont pris d'assaut certaines plages. Ils ne respectent pas du tout l'espace public et on ne peut plus se mettre à l'aise sur les plages les plus sauvages», s'enflamme Mine Kirikkanat.
Sur le sable, la fracture sociale saute aux yeux
L'été dernier, cette journaliste au quotidien Vatan avait lancé un pavé dans la mare en dénonçant les hordes de Turcs d'Anatolie qui installent leurs barbecues dans les espaces verts d'Istanbul. Un symbole de la culture populaire qui exaspère de plus en plus la bourgeoisie stambouliote. L'arrivée massive de migrants des campagnes anatoliennes dans les grandes villes, au cours de ces vingt dernières années, a provoqué un choc des cultures dans la société turque.
Les coutumes de ces populations déshéritées se heurtent aux moeurs d'une élite pétrie de bonnes manières occidentales, préférant le poisson grillé au kebab. Et l'été, sur le sable, cette fracture sociale saute aux yeux. L'an dernier, c'est le port du slip par des hommes sur les plages urbaines d'Istanbul qui avait défrayé la chronique.
http://www.lefigaro.fr/international/20 ... izmir.html
Le bikini sème la discorde à Izmir
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Ecrit le 30 août06, 04:02-
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