Rabat s’inquiète de l’infiltration islamiste
Six semaines de fébrilité sécuritaire, des milliers d’interpellations, cent cinquante militants salafistes déférés, dont un seul étranger, et, à la clef, une inquiétante radioscopie de l’islamisme marocain. A peine remis du traumatisme national causé par les attentats du 16 mai à Casablanca (quarante-quatre morts, dont douze kamikazes), le Maroc commence à prendre la mesure du tentaculaire réseau terroriste démantelé dans le cadre de la plus vaste enquête antiterroriste engagée dans le royaume.
Projets d’attentats-suicides à Marrakech, à Essaouira et à Agadir, attaques de banques et de convois militaires, création de maquis islamistes dans le Rif et de camps d’entraînement paramilitaires supervisés par l’islamiste français Pierre Robert : la liste des objectifs marocains de l’« internationale islamiste » est préoccupante.
Plus que jamais, et comme l’avait affirmé le ministre de l’Intérieur, Mustapha Sahel, dans les heures qui avaient suivi le drame de Casablanca, les enquêteurs marocains affirment que ces attentats « portent la signature » d’al-Qaida.
Le signal de départ de ces attentats, quatre jours après les attentats de Riyad (trente-cinq morts), « a été donné par le Jordanien Abou Moussaab Zerkaoui, un des responsables opérationnels d’al-Qaida », ont déclaré au Figaro des sources sécuritaires marocaines.
Mobilisés contre une menace terroriste dès juin 2002, avec le démantèlement d’un premier réseau d’al-Qaida composé de trois Saoudiens, les services de sécurité marocains étaient en « alerte rouge depuis le mois de mars », et bénéficient désormais d’un puissant arsenal législatif antiterroriste.
Ecoutes téléphoniques, interceptions de messages Internet, infiltration des réseaux islamistes, échanges de données avec les services de renseignements occidentaux, notamment américains et français, n’ont pas suffi à empêcher les kamikazes du 16 mai de passer à l’action.
En revanche, la collecte de ces éléments a permis aux enquêteurs marocains d’empêcher une seconde vague d’attentats, prévue pour le 23 mai. Une semaine après leurs « frères martyrs » de Casablanca, une quarantaine de kamikazes devaient se faire exploser dans les destinations phares du tourisme marocain : Marrakech, Agadir et Essaouira.
Cloisonnées, poursuivant des objectifs différents, recrutant des jeunes toujours désoeuvrés, souvent illettrés, dans les bidonvilles qui ceinturent tous les grands centres urbains, les différentes cellules terroristes avaient pour idéologues des virulents prédicateurs salafistes : Abdelwaheb Rafiki, Hassan Kettani, Mohamed Fizazi...
« Cerveaux » du « salafisme combattant » (salafiya jihadia), ceux-là étaient en contact avec les plus éminents des quelque trois cents « Marocains afghans » qui, après avoir effectué des séjours dans les camps d’al-Qaida en Afghanistan et au Pakistan, se sont redéployés dans leur pays d’origine sur ordre d’Oussama Ben Laden, juste après les attentats du 11 septembre 2001 et leurs prévisibles représailles américaines.
Deux types d’opérations étaient prévus pour exporter le djihad (guerre sainte) dans le royaume chérifien, déstabiliser un régime jugé « apostat » et y imposer un « Etat islamique authentique » : la terreur urbaine, dont les attentats de Casablanca devaient marquer le point de départ, et, dans un second temps, la création de maquis islamistes dans le nord du pays, à l’image des groupes armés algériens.
La région montagneuse du Rif, repaire déjà inexpugnable des puissants trafiquants de haschisch, devait ainsi servir de base arrière pour des opérations d’attaque à main armée (banques, casinos, débits de boissons, convois militaires et patrouilles de gendarmerie) pour financer et armer le Djihad.
C’est dans ce second volet de l’enquête qu’est actuellement impliqué le Français converti à l’islam Pierre Robert, trente et un ans, surnommé le « mollah de Saint-Etienne » par la presse marocaine en raison de ses origines stéphanoises. Animateur de la cellule de Tanger, et considéré par les autorités marocaines comme un « expert en maniement des explosifs » après un stage en Afghanistan, Pierre Robert est accusé d’avoir entraîné plusieurs dizaines de Marocains en liaison avec la cellule de Fès.
La première lecture de cette enquête témoigne donc de l’enracinement idéologique et opérationnel d’un islamisme radical duquel le royaume se pensait immunisé. Même s’il assure que « le projet démocratique et moderniste du Maroc n’est pas remis en question », le roi Mohammed VI, « commandeur des croyants », en a tiré les conclusions en annonçant la « fin de l’ère du laxisme ».
« C’est aussi la fin de l’illusion de l’exception marocaine, commente un diplomate occidental. Le Maroc, engagé depuis dix ans dans une politique de libéralisation en matière de circulation des personnes et des capitaux, paie ainsi, dans une certaine mesure, le prix de cette ouverture inédite dans le Maghreb. » http://www.lefigaro.fr/international/20 ... caine.html http://lesamisdemigdalforum.forumpro.fr/portal.forum
Terrorisme : la fin de l’exception marocaine
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Ecrit le 31 août06, 20:41-
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