Quelle différence entre "kâfir", "munâfiq&quo

Apprendre sur l'Islam religion de Mohammed
Règles du forum
La religion musulmane l'Islam, se veut une révélation en langue arabe de la religion originelle d'Adam, de Noé, et de tous les prophètes parmi lesquels elle place aussi Jésus. Ainsi, elle se présente comme un retour à la religion d'Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim par les musulmans) du point de vue de la croyance, le Coran le définissant comme étant la voie d'Ibrahim (millata Ibrahim) c'est-à-dire une soumission exclusive à Allah.
Répondre
Mustapha

[ Musulman ]
[ Musulman ]
Messages : 1573
Enregistré le : 13 sept.05, 06:37
Réponses : 0

Quelle différence entre "kâfir", "munâfiq&quo

Ecrit le 10 oct.06, 12:12

Message par Mustapha »

Quelle différence entre "kâfir", "munâfiq", "murtadd" et "zindîq" ?

Question :

Qu'est-ce que le Munâfiq (Hypocrite dans la foi), et quelle différence par rapport au Kâfir ? Le Munâfiq est-il un Murtadd ou non ? Et qu'est-ce que le Zindîq ?


Réponse :

Tout d'abord, un point : qu'est-ce que cela change au niveau temporel ("fî ahkâm id-dunyâ") que les musulmans considèrent quelqu'un comme étant musulman ou comme étant non-musulman ?
Il est des règles qu'il s'agit d'appliquer vis-à-vis de l'être humain en tant que tel, qu'il soit musulman ou non : on doit ainsi être juste et bien se comporter à l'égard des musulmans comme des non-musulmans. Cependant, il est d'autres règles qu'un musulman ne peut appliquer que vis-à-vis d'un autre musulman : imaginez ainsi que quelqu'un vienne voir le imam d'une mosquée et demande qu'on accomplisse la prière funéraire musulmane sur son frère défunt ; la question que ce imam se posera est : ce défunt est-il musulman, en sorte que les musulmans puissent accomplir sur lui la prière funéraire ? Le fait est qu'il est certaines règles de l'islam qui sont liées au fait qu'une personne soit reconnue musulmane : "Celui qui montre qu'il est en islam ("man kâna muz'hiran li-l-islâm"), les règles apparentes de l'islam – telles que le mariage, l'héritage, le fait de lui donner le bain funéraire, d'accomplir la prière funéraire sur lui et de l'enterrer dans le cimetière des musulmans, ainsi qu'autres choses semblables – ont cours par rapport à lui" (Majmû' ul-fatâwâ 24/285). En effet, avec une musulmane, le mariage d'un musulman seulement est autorisé par l'islam (ceci est comparable au fait que les juifs orthodoxes considèrent interdit le mariage d'une juive avec un non-juif ; chez eux, une telle union aura des répercussions même sur les enfants qui en résulteront, car ceux-ci ne seront pas juifs) ; de même, le bain et la prière funéraires islamiques, ainsi que l'invocation en faveur du mort, ne peuvent être faits que vis-à-vis d'un défunt musulman ; il y a encore le fait d'adresser, de façon première, la formule de salutation "As-salâmu 'alaykum" à quelqu'un...

Il est par ailleurs d'autres règles qui sont liées au fait qu'une personne est musulmane ou "gens du Livre" : ainsi en est-il d'une autre règle du mariage (avec un musulman, le mariage d'une musulmane, d'une juive ou d'une chrétienne seulement est autorisé par l'islam) et de la licité de l'animal abattu…

Récemment, un de mes amis musulmans écrivit un article à l'occasion de la mort d'une personne engagée sur le plan humanitaire ; et à la fin de l'article il fit une invocation d'admission au paradis pour cette personne. Comme il m'avait de lui-même envoyé par message électronique un lien vers son article, je lui répondis en lui demandant si cette personne s'était convertie à l'islam. Il me dit : "Pas à ma connaissance". Je lui rappelai alors que si on n'a pas connaissance de la conversion à l'islam d'une personne jusqu'alors connue pour être non-musulmane, on ne peut demander à Dieu de la faire entrer au Paradis, puisque, apparemment, cette personne est morte sans la foi musulmane ; je rappelai que rendre hommage à l'engagement humanitaire qu'une personne a fait de son vivant n'implique pas qu'on demande à Dieu de la faire entrer au Paradis ; j'ajoutai qu'il ne s'agissait nullement de faire une invocation inverse, que cette personne aille dans la géhenne, mais de ne pas faire d'invocation de ce genre du tout, puisque nous ne sommes responsables que de ce qui est visible et audible. C'est alors qu'une tierce personne intervint et m'apostropha en ces termes : "Comment peux-tu savoir si intérieurement cette personne n'était pas musulmane ? Quand un Compagnon mit en doute la présence de la foi dans le coeur d'un homme, le Prophète lui dit : "As-tu fendu son coeur pour voir s'il s'y trouve la foi ?" Quand ce Compagnon mourut, plus tard, la terre refusa son corps (fin de citation). Ce discours est erroné : déjà le Compagnon auquel le Prophète tint ce propos était Ussâma ibn Zayd, et aucune terre n'a refusé son corps (le refus du corps concerne un homme ayant apostasié puis ayant calomnié le Prophète) ; d'autre part il y a ici une analogie erronée (qiyâs ma'a-l-fâriq) entre le cas de ce Compagnon et celui de l'homme engagé : la remarque du Prophète concernait un homme qui avait justement prononcé le témoignage de la foi musulmane ; Ussâma ayant mis en doute sa sincérité sur la base de son seul sentiment, le Prophète l'a interpellé en lui demandant s'il avait fendu le coeur de l'homme pour voir s'il avait dit la formule de foi sincèrement ou non. Très différent est le cas de la personne dont on n'a pas connaissance qu'elle ait jamais prononcé le témoignage de la foi musulmane : nous ne pouvons appliquer à l'égard d'une telle personne les règles qui sont propres au défunt musulman. Sinon pourquoi aussi ne pas accomplir la prière funéraire à distance sur elle ?
# Comme nous l'avons vu plus haut, "Celui qui montre qu'il est en islam ("man kâna muz'hiran li-l-islâm"), les règles apparentes de l'islam ont cours par rapport à lui". Ceci concerne donc la personne qui a exprimé qu'elle est en islam.
# Quant à celle qui est morte en exprimant qu'elle est dans le kufr, il est devenu clair qu'elle ne sera pas dans le Paradis : le Prophète ayant quand même demandé à Dieu s'il pouvait Lui adresser des demandes de pardon en faveur d'une telle personne, Dieu lui révéla ceci : "Le Prophète et les croyants n'ont pas à demander pardon pour les polythéistes, même s'ils sont des proches, après qu'il leur soit devenu clair qu'ils sont des gens du feu" (Coran 9/113).
# Reste la personne qui n'a jamais exprimé sa conversion à l'islam par le témoignage de foi mais qui n'est pas morte non plus en prononçant une parole de kufr : il se peut qu'en son coeur elle avait adopté les croyances musulmanes (tasdîq et iltizâm) mais qu'elle n'a jamais prononcé le témoignage, et il se peut alors en effet qu'elle soit morte avec ces croyances en son coeur : mais est-ce là une foi valable auprès de Dieu ? d'après un des deux avis de l'école hanafite, la foi n'est valable, même auprès de Dieu, que si, en sus du coeur, il y a eu témoignage verbal ; d'après l'autre avis, sa foi est valable auprès de Dieu, mais les musulmans la considèreront comme non-musulmane (cliquez ici). Une telle personne défunte, on ne peut pas dire d'elle : "Il est clair qu'elle fait partie des gens du feu", puisqu'on n'a rien vu, rien entendu ; on gardera donc le silence sur ce point ; cependant, on la considérera bien comme non-musulmane dans la mesure où on n'appliquera pas à son égard les règles applicables au défunt musulman (parmi lesquelles l'invocation d'admission au paradis). On n'est responsable que des apparences.


I) Qu'est-ce que l'Hypocrisie (nifâq i'tiqâdî) ?

L'Hypocrisie (nous parlons dans tout cet article de an-nifâq al-i'tiqâdî et non de an-nifâq al-'amalî) est d'être extérieurement musulman alors qu'au fond de soi on ne l'est pas. L'Hypocrite, al-Munâfiq, n'est pas musulman intérieurement : il ne se dit musulman que du bout des lèvres et se montre musulman en apparence, par intérêt personnel (par exemple avec l'unique intention de pouvoir se marier avec une musulmane qu'il aime), ou par convenance sociale (ce peut être le cas dans un pays musulman), mais en son for intérieur il n'adhère pas aux croyances de l'islam.

Ici une question surgit qui est fréquemment posée : si le Munâfiq dissimulait qu'au fond de lui il est Kâfir, comment se fait-il que des Compagnons du Prophète se doutaient de la présence de Munâfiqs à Médine ? et s'il exprimait ouvertement qu'il est Kâfir, comme se fait-il que le Prophète et ses Compagnons ne l'aient pas déclaré ouvertement Kâfir (et donc Murtadd, puisque, se disant musulman, il ensuite exprimé ouvertement qu'il a abandonné l'islam) et qu'au contraire le Prophète ait accompli la prière funéraire sur leur chef, Abdullâh ibn Ubayy ibn Salûl ?

En fait il faut savoir que d'une part, il était certains Hypocrites dont nul humain – pas même le Prophète – ne savait qu'il était Hypocrite. Ibn Taymiyya écrit : "Il en étaient qui n'étaient pas connus (bien qu'Hypocrites), comme Dieu l'a dit : "Et parmi les bédouins qui vous entourent et parmi les gens de Médine il y a des Hypocrites ; ils se sont obstinés dans l'Hypocrisie. Tu ne les connais pas, Nous les connaissons" [Coran 9/101]."
D'autre part, il était d'autres Hypocrites qui étaient quant à eux connus comme tels par le Prophète et les Compagnons, mais ceux-ci n'avaient à leur égard que de forts soupçons, et non des preuves conséquentes de leur kufr : "La plupart d'entre eux ne prononçaient pas une parole de kufr d'une façon qui puisse servir de preuve [en sorte qu'on puisse dire d'eux qu'ils sont kâfir] ; ils exprimaient au contraire leur appartenance à l'islam ; (cependant) leur hypocrisie se remarquait parfois par une parole (qu'ils prononçaient), et un croyant l'ayant entendue et relatée au Prophète, ils faisaient serment de ne pas l'avoir dit, ou parfois ne faisaient pas ce serment ; d'autres fois (leur hypocrisie) se remarquait par ce qui apparaissait d'eux : ils étaient [toujours] en retard dans leur participation aux prières et à la résistance, ils rechignaient à s'acquitter de l'aumône, et exprimaient de ne pas aimer de nombreuses règles énoncées par Dieu. La plupart d'entre eux se faisaient remarquer par le style qu'ils utilisaient dans leur propos ; Dieu l'a dit : "Tu les reconnaîtras certainement au ton de leur parler" [Coran 47/30]. (…) Il y en avait qui disait une parole ou faisait une action, et un verset coranique était révélé qui informait que l'auteur de telle parole ou de telle action fait partie d'eux ; cela a été le cas dans la sourate Barâ'ah [cf. par exemple les versets 58, 61, 75, 45]. Il y en avait d'autres que (non seulement le Prophète) mais les autres musulmans aussi connaissaient comme tels, par les indices et les signes (qu'ils laissaient). Enfin il en étaient qui n'étaient pas connus (bien qu'Hypocrites), comme Dieu l'a dit : "Et parmi les bédouins qui vous entourent et parmi les gens de Médine il y a des Hypocrites ; ils se sont obstinés dans l'Hypocrisie. Tu ne les connais pas, Nous les connaissons" [Coran 9/101]. Tous ces Hypocrites exprimaient leur appartenance à l'islam et faisaient serment qu'ils étaient musulmans ; ils avaient pris leurs serments comme boucliers [cf. Coran 63/2, 58/16]." Et Ibn Taymiyya d'écrire ensuite à propos de certaines règles de l'islam, que le Prophète ne les appliquait pas à des personnes "par ce qu'il savait au sujet d'elles, ni par l'information qu'un seul homme lui aurait donnée au sujet d'elles, ni par la révélation seulement, ni par les indices" : il fallait une preuve juridiquement valable ("bayyina") ou un aveu ("iqrâr") (As-Sârim, pp. 355-356).

Ceci explique pourquoi l'Hypocrite, bien qu'étant au fond de son cœur un kâfir et étant considéré ainsi par Dieu, est considéré musulman par la communauté musulmane. Et c'est là la différence entre un Munâfiq et un Kâfir bi zâhirih. C'est pourquoi les règles apparentes de l'islam citées plus haut avaient cours par rapport au Croyant sincère ("Mu'min") autant qu'à l'Hypocrite ("Munâfiq"), dans la mesure où, extérieurement, ces deux personnes se disaient musulmanes ("Muslim"). Ibn Taymiyya écrit : "En résumé, le principe de ces points juridiques est que tu saches que le kufr est de deux types : le kufr zâhir, et le kufr-u nifâq ; lorsque ce qui concerne l'au-delà est évoqué, le cas du Munâfiq est le même que celui des kuffâr ; quant à ce qui concerne ce monde, les règles (ahkâm) liées aux musulmans ont cours par rapport au Munâfiq" (Majmû' ul-fatâwâ 7/620). "Les ulémas sont d'accord à dire que le nom "muslim" apparent est attribué aux Hypocrites, car ils se sont soumis extérieurement et ont effectué ce qu'ils ont effectué d'actions extérieures : prière, aumône, pèlerinage, effort ; cela comme le Prophète leur appliquait les règles de l'islam apparent. (Les ulémas) sont d'accord à dire que celui (d'entre les Hypocrites) qui n'a rien de la "îmân" avec lui, il est comme l'a dit Dieu le Très Haut : "Les Hypocrites seront dans le degré le plus bas du Feu"" (Majmû' ul-fatâwâ 7/350). Cependant, d'après un des deux avis existant, le croyant qui sait d'un musulman précis qu'il est en réalité un Hypocrite ne doit pas accomplir la prière funéraire sur lui lorsqu'il meurt, ni demander le pardon divin en sa faveur ; d'après un autre avis, cela est autorisé par rapport au Munâfiq (mais jamais par rapport au Kâfir) (cliquez ici). "(...) Même les Hypocrites qui cachent leur nifâq, les musulmans accompliront sur eux la prière funéraire et ils recevront le bain funéraire (musulman) ; les règles apparentes de l'islam auront cours sur eux, comme c'était le cas des Hypocrites à l'époque du Messager de Dieu, sur lui soit la prière et la paix. Même s'(il est vrai que) celui qui connaît d'une personne qu'elle est Hypocrite, il ne lui est permis d'accomplir la prière funéraire sur elle, comme il a été interdit au Prophète d'accomplir la prière funéraire sur celui dont il connaissait l'hypocrisie. Quant à celui dont on a des doutes quant à son état [réel], il est permis d'accomplir la prière funéraire sur lui du moment qu'il est apparemment en islam, comme le Prophète l'a accomplie sur celui à propos de qui cela ne lui avait pas été interdit et dont il ne connaissait pas l'hypocrisie (...). Mais la prière funéraire accomplie par le Prophète et les mu'min sur un Hypocrite ne sera en rien utile à celui-ci (...)" (Majmû' ul-fatâwâ 24/287-288).

Différent est le cas du Murtadd : ce dernier est celui qui était musulman (du fond du coeur, ou bien seulement en apparence, comme le Munâfiq) puis a montré clairement qu'il a quitté l'islam…


II) Qu'est-ce que l'apostasie (ridda) ?

Il arrive qu'un musulman apostasie – et ce, qu'il ait depuis le début été un Hypocrite mais qu'il l'ait maintenant exprimé de façon claire (certains juristes nomment ce type de personnes : "Zindîq", nous allons y revenir), ou qu'il était jusqu'à présent un sincère croyant mais il a ensuite eu des doutes qui se sont amplifiés au point de lui faire perdre la foi. En devenant kâfir, il est dit "Murtadd", ce qui signifie qu'il a quitté l'islam et n'est plus musulman (celui qui se dit ouvertement non-musulman sans avoir jamais été musulman est dit quant à lui : "Kâfir aslî" et son incroyance est dite "kufr aslî" ; par contre, celle de l'apostat est un "kufr târî'").

Comment un musulman quitte-t-il l'islam ?
1) soit il se convertit à une autre religion ;
2) soit il exprime qu'il a adopté une croyance qui contredit clairement ce qui constitue les fondements de l'islam.

# Dans le premier cas (1), cet homme auparavant musulman devient kâfir dès qu'il se convertit à l'autre religion.

# Dans le second cas (2), alors il y a deux possibilités…

S'il s'agit (2.A) d'une croyance qui contredit directement et clairement l'un des deux témoignages de foi (comme par exemple de dire que Muhammad n'est pas un Messager de Dieu), alors cet homme auparavant musulman devient kâfir dès qu'il exprime cette croyance, car nul musulman ne peut ignorer ce minimum (l'ignorance n'est donc ici pas une excuse pour un musulman). Seul un cas de contrainte reconnue (ik'râh) constitue une excuse valable, dans la mesure où le cœur reste alors serein dans la foi et que seule la langue exprime ce à quoi l'homme est contraint, pour éviter la mise à exécution de la menace.

Et s'il s'agit d'une croyance (2.B) qui contredit d'autres dharûriyyât ud-dîn que les deux témoignages de foi, alors cet homme a prononcé une parole de kufr, mais étant donné que la pensée qu'il a ainsi exprimée peut avoir pour origine l'ignorance (al-jahl) (Majmû' ul-fatâwâ 3/354, 7/618), les personnes compétentes ont le devoir de lui expliquer au préalable son erreur (yubayyanu lahû) ; c'est seulement s'il persiste malgré toutes les explications voulues que le juge musulman (qâdhî) le déclarera "kâfir".

Dans les cas 1 et 2.A, si la personne affirme ouvertement et devant tous que, auparavant musulmane, elle s'est désormais convertie à telle autre religion, elle sera bien évidemment considérée comme étant devenue kâfir : dans un pays non-musulman, la communauté musulmane ayant connaissance de cela n'accomplira donc pas la prière funéraire sur elle ni n'invoquera Dieu en faveur de Son Pardon. Cependant, si, à propos d'une personne qui s'était dite musulmane, le doute s'est installé : "Est-elle toujours musulmane ou est-il vrai qu'elle aurait désormais adopté une autre religion ?", alors : déclarer ou non "kâfir" cet homme est l'affaire d'un qâdhî (ou, en l'absence de pareille institution, d'un mufti de haut niveau), et non du commun des musulmans : le fait est qu'il est nécessaire qu'il y ait une preuve juridiquement valable (cf. al-Mughnî 12/136) (c'est justement l'absence de preuve juridique qui fait que, malgré non pas de simples rumeurs mais des soupçons fondés, les Munâfiq n'ont pas pu être déclarés kâfir). Ceci concerne les cas 1 et 2.A.

Quant au cas 2.B, il faut faire la distinction entre "dire que telle parole est une parole de kufr" – ce qui ne relève pas des prérogatives des qâdhis et muftis seulement mais de tout musulman doté des connaissances voulues en la matière –, et "affirmer que telle personne précise, auparavant musulmane, est devenue Kâfir et est donc Murtadd" : ceci relève également d'un qâdhî (ou, en l'absence de pareille institution, d'un mufti de haut niveau), et non du commun des musulmans (cf. Jarîmat ur-ridda, pp. 48-52) ; l'action de ces derniers doit rester la da'wa.

Cliquez ici pour en savoir plus au sujet de ces différents cas de figure.

Et cliquez ici à propos de la question de savoir s'il y a une sanction terrestre pour l'apostat.


III) La Zandaqa :

Quant à la Zandaqa, qu'est-ce que c'est ? Le terme "zindîq" a été employé pour désigner certaines personnes de l'époque de 'Alî notamment (cf. Sahîh ul-Bukhârî), mais fait l'objet d'interprétations différentes.

Terme d'origine persane, il désignait à l'origine une certaine catégorie de non-musulmans (l'athée, ou le manichéen) ; mais dans l'usage des juristes, il possède un autre sens (Majmû' ul-fatâwâ 7/470-471, Fat'h ul-bârî 12/338/339) :
– certains juristes l'emploient comme quasi-synonyme de Munâfiq ;
– d'autres juristes l'emploient pour désigner un type particulier de Munâfiq : celui qui, après avoir dissimulé qu'il n'était pas musulman – comme le fait tout Munâfiq –, a fini par l'exprimer clairement ; selon cette autre acception, tout zindîq est munâfiq, mais tout munâfiq n'est pas zindîq (voir Fat'h ul-bârî 12/339) ;
– d'autres juristes emploient le terme "zandaqa" pour désigner "le fait de présenter du kufr comme étant de l'islam" (Radd ul-muhtâr 6/384).

Il y a quelque temps de cela j'avais trouvé dans une bibliothèque un livret intitulé "az-Zandaqa" et qui a été écrit par un 'âlim hanafite de la péninsule indienne. Je l'avais lu, et bien que je n'arrive plus à le retrouver, je me souviens qu'il adoptait la dernière des définitions suscitées du terme, puis donnait une image un peu simple mais très parlante de ce qu'est la zandaqa ; ce qui suit s'en inspire largement… Imaginez quelqu'un qui présente aux gens une bouteille où se trouve de l'alcool, qui porte une étiquette exprimant la nature réelle du contenu (alcool) et qui leur dit : "C'est de l'alcool, il procure du bien à l'homme". Au fond de lui, aucun musulman ne peut être d'accord avec cette dernière phrase (tant il connaît les méfaits de cette boisson), de même qu'au fond de lui il ne peut approuver qu'on invite ainsi les gens à consommer cette boisson. Le vendeur a cependant l'honnêteté de dire que le produit qu'il présente est de l'alcool. Imaginez maintenant une autre personne, qui présente aux gens une bouteille contenant de l'alcool mais en y ayant apposé une étiquette mentionnant "Eau de Zamzam" et qui dit : "C'est de l'eau de Zamzam, elle procure du bien à l'homme". Ici nous avons affaire à beaucoup plus grave : non seulement cette personne propose aux gens une boisson connue pour ses méfaits, mais en plus elle ment, en la faisant passer pour l'eau du puits de Zamzam, près de la Kaaba. C'est là, disait en substance l'auteur du livret, l'image du kufr qui dit son nom et celle du kufr qui est de la zandaqa, qui propose du kufr sous le nom de l'islam.

Et l'auteur citait comme exemples le bahaïsme et le qadianisme. Le premier repose sur les affirmations de deux personnes, Mirzâ 'Alî Muhammad de Shiraz (dit "le Bab") et Mirzâ Hussein 'Alî Nûrî (dit "Baha'ullah"), s'étant présentées comme deux prophètes appartenant à la même lignée que Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad (sur eux soit la paix) et leur succédant, et ayant affirmé avoir reçu de Dieu une autre révélation divine : c'est du kufr, car tout musulman sait que Muhammad est le dernier prophète (et donc a fortiori le dernier messager) ; cependant, les baha'ïs ne se disent pas musulmans et se présentent comme une communauté religieuse distincte de celle des musulmans, distincte de la Umma muhammadiyya (exactement comme les musulmans croient en les messages reçus par Moïse et Jésus mais ne s'y réfèrent pas – lâ ya'tassimûna bih – et ne se disent donc pas disciples de Moïse et de Jésus). Par contre, non seulement Mirzâ Ghulâm Ahmad de Qadian s'est présenté comme étant un prophète appartenant à la même lignée que Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad, et a affirmé avoir reçu de Dieu, par le biais d'une "réflexion" (in'ikâs) du prophète Muhammad, une révélation divine qu'il faut désormais suivre pour être sur le droit chemin (sinon on devient kâfir), mais en plus il a présenté ses croyances comme étant "l'islam" et le prolongement même du message de Muhammad. Voilà, poursuivait l'auteur, un cas de Zandaqa.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
http://www.maison-islam.com/article.php ... ad&order=0

EC06

[Religion] baha'i
[Religion] baha'i
Messages : 244
Enregistré le : 19 sept.06, 20:46
Réponses : 0
Localisation : France

Contact :

Re: Quelle différence entre "kâfir", "munâfiq

Ecrit le 10 oct.06, 19:28

Message par EC06 »

Bonjour Mustafa
Mustapha a écrit :Et l'auteur citait comme exemples le bahaïsme et le qadianisme. Le premier repose sur les affirmations de deux personnes, Mirzâ 'Alî Muhammad de Shiraz (dit "le Bab") et Mirzâ Hussein 'Alî Nûrî (dit "Baha'ullah"), s'étant présentées comme deux prophètes appartenant à la même lignée que Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad (sur eux soit la paix) et leur succédant, et ayant affirmé avoir reçu de Dieu une autre révélation divine : c'est du kufr, car tout musulman sait que Muhammad est le dernier prophète (et donc a fortiori le dernier messager) ; cependant, les baha'ïs ne se disent pas musulmans et se présentent comme une communauté religieuse distincte de celle des musulmans, distincte de la Umma muhammadiyya (exactement comme les musulmans croient en les messages reçus par Moïse et Jésus mais ne s'y réfèrent pas – lâ ya'tassimûna bih – et ne se disent donc pas disciples de Moïse et de Jésus).
Ni le Bâb, ni Bahâ'u'llâh n'ont utilisé pour eux même les titres de NABI (prophète) et RASSOUL (messager), mais celui de "manifestation"
manifestation de Dieu = zuhur'ullah
lieu de manifestation du divin = mazhar-i-illahi

les titres de NABI et de RASSOUL appartiennent au cycle prophétique de l'humanité, commencé avec Adam et s'achevant avec Mohammed... on peut faire un parallèle avec les titres nobiliaires :

le Roi (Dieu) choisit parmi ses sujets des gens à qui il confère la qualité particulière de la "noblesse", et il en élève certains au desus des autres par différents titres : chevalier, baron, comte, duc, prince... chacun avec ses prérogatives et son rôle. Il se peut que par faveur royale une même personne se voit décerner plusieurs de ces titres... Si, par le bon plaisir du Roi, l'un de ces titres venait à disparaître, cela ne remettrait pas en cause la validité des autres titres ni celle de la noblesse ! De même, par Son bon plaisir, le Roi peut instituer un nouveau titre.

avec le Bâb et Bahâ'u'llâh commence un nouveau cycle de l'humanité, celui décrit dans les précédentes révélations comme le "royaume de Dieu sur terre"

le Bâb déclara être le Mehdi/Qa'im
Bahâ'u'llah déclara être le "retour de Jésus"

donc d'un point de vue baha'i, un musulman ne serait pas un "mécréant", mais un "infidèle", car tout en croyant à la révélation divine transmise par de Mohammed, il ne reconnaissent pas ceux qui furent annoncés par Mohammed et que ce dernier a prêté serment de soutenir

Qur'ân 3.81 : Et lorsqu'Allah prit cet engagement des prophètes: "Chaque fois que Je vous accorderai un Livre et de la Sagesse, et qu'ensuite un messager vous viendra confirmer ce qui est avec vous, vous devez croire en lui, et vous devrez lui porter secours.)" Il leur dit: "Consentez-vous et acceptez-vous Mon pacte à cette condition?" - "Nous consentons", dirent-ils. "Soyez-en donc témoins, dit Allah. Et Me voici, avec vous, parmi les témoins.

Qur'ân 7.34-36 : Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d'une heure et ils ne peuvent le hâter non plus. ô enfants d'Adam! Si des messagers [choisis] parmi vous viennent pour vous exposer Mes signes, alors ceux qui acquièrent la piété et se réforment, n'auront aucune crainte et ne seront point affligés. Et ceux qui traitent de mensonges Nos signes et s'en écartent avec orgueil sont les gens du Feu et ils y demeureront éternellement.

Cordialement
EC06 baha'i


P.S. : tu constateras que ceux dont le Coran cite le nom en l'associant au titre de NABI font partie de la famille ou de la descendance d'Abraham... alors que ceux qui n'en font pas partie ne reçoivent que le titre de RASSOUL... et que c'est après l'Hègire que le Coran donne le titre de NABI à Mohammed, alors qu'avant il est appelé RASSOUL.
Modifié en dernier par EC06 le 10 oct.06, 23:03, modifié 1 fois.

Mustapha

[ Musulman ]
[ Musulman ]
Messages : 1573
Enregistré le : 13 sept.05, 06:37
Réponses : 0

Re: Quelle différence entre "kâfir", "munâfiq

Ecrit le 10 oct.06, 21:07

Message par Mustapha »

EC06 a écrit :Bonjour Mustafa
Ni le Bâb, ni Bahâ'u'llâh n'ont utilisé pour eux même les titre de NABI (prophète) et RASSOUL (messager), mais celui de "manifestation"
manifestation de Dieu = zuhur'ullah
lieu de manifestation du divin = mazhar-i-illahi

les titres de NABI et de RASSOUL appartiennent au cycle prophétique de l'humanité, commencé avec Adam et s'achevant avec Mohammed... on peut faire un parallèle avec les titres nobiliaires :

le Roi (Dieu) choisit parmi ses sujets des gens à qui il confère la qualité particulière de la "noblesse", et il en élève certains au desus des autres par différents titres : chevalier, baron, comte, duc, prince... chacun avec ses prérogatives et son rôle. Il se peut que par faveur royale une même personne se voit décerner plusieurs de ces titres... Si, par le bon plaisir du Roi, l'un de ces titres venait à disparaître, cela ne remettrait pas en cause la validité des autres titres ni celle de la noblesse ! De même, par Son bon plaisir, le Roi peut instituer un nouveau titre.

avec le Bâb et Bahâ'u'llâh commence un nouveau cycle de l'humanité, celui décrit dans les précédente révélations comme le "royaume de Dieu sur terre"

le Bâb déclara être le Mehdi/Qa'im
Bahâ'u'llah déclara être le "retour de Jésus"

donc d'un point de vue baha'i, un musulman ne serait pas un "mécréant", mais un "infidèle", car tout en croyant à la révélation divine transmise par de Mohammed, il ne reconnaissent pas ceux qui furent annoncés par Mohammed et que ce dernier a prêté serment de soutenir

Qur'ân 3.81 : Et lorsqu'Allah prit cet engagement des prophètes: "Chaque fois que Je vous accorderai un Livre et de la Sagesse, et qu'ensuite un messager vous viendra confirmer ce qui est avec vous, vous devez croire en lui, et vous devrez lui porter secours.)" Il leur dit: "Consentez-vous et acceptez-vous Mon pacte à cette condition?" - "Nous consentons", dirent-ils. "Soyez-en donc témoins, dit Allah. Et Me voici, avec vous, parmi les témoins.

Qur'ân 7.34-36 : Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d'une heure et ils ne peuvent le hâter non plus. ô enfants d'Adam! Si des messagers [choisis] parmi vous viennent pour vous exposer Mes signes, alors ceux qui acquièrent la piété et se réforment, n'auront aucune crainte et ne seront point affligés. Et ceux qui traitent de mensonges Nos signes et s'en écartent avec orgueil sont les gens du Feu et ils y demeureront éternellement.

Cordialement
EC06 baha'i


P.S. : tu constateras que ceux dont le Coran cite le nom en l'associant au titre de NABI font partie de la famille ou de la descendance d'Abraham... alors que ceux qui n'en font pas partie ne reçoivent que le titre de RASSOUL... et que c'est après l'Hègire que le Coran donne le titre de NABI à Mohammed, alors qu'avant il est appelé RASSOUL.
C'est jouer sur les mots!
Nabi c'est quelqu'un qui a des inspiration divine, comme Dhulqarnayn, qui d'allieurs n'est pas rassoul!
Tandis qu'un rassoul est une personne qui a un message à transmettre au gens!
Donc un rasoul est un Nabi
mais un Nabi n'est pas forcément un rasoul

PS:Rappel toi de la charte, tu est là pour apprendre sur l'Islam, le message que tu viens d'écrire n'a pas ce but! J'étais à deux doigts de l'effacer!
Salam

Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message

Retourner vers « Religion de l'Islam »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité