La crucifixion est naturellement dans le chemin du chrétien, puisque chacun doit "porter sa croix". Un des meilleurs auteurs pour comprendre cette expérience est Jean de la Croix, dans la "nuit obscure de l'âme".Iman a écrit :vous navez pas fait le chemin de la croix comment seriez vous unis dans la Verite meme pas revelee entierement?
L'expérience de la crucifixion est comparable à l'extinction de la conscience de Bouddha, état de conscience que les orientaux appellent samadhi, et qui correspond dans son état profond, à la mort de l'homme, donc à la mort de la conscience, puisque l'homme est conscience et qu'il n'est que cela. Le corps, (physique ou spirituel) est Dieu et l'esprit qui rend tout cela intelligible est Dieu.
Les hommes pensent qu'ils sont leur corps. Là, ils se trompent. Car l'homme n'est que cette conscience qui dit "Je suis ce corps". Par l'extinction de cette conscience (cela demande beaucoup de patience et d'exercice assidu), l'homme apprend à maîtriser ses sensations, puis les fait disparaître. Ensuite, sa pensée se calme, puis il y a un moment, où cette pensée s'arrête. Alors commencent les combats. Il ne faut pas bouger, à peine respirer, ne plus penser, ne plus agir, ne plus vouloir. Alors se produit cette nuit obscure : la conscience meurt. Le corps physique continue de vivre, mais l'être est anéanti. Cela dure un certain temps, puis le Souffle est réintroduit par Dieu et l'être est alors ramené à la conscience. C'est la résurrection. Cette expérience mystique est proposée dès notre vie actuelle. Alors la voie comporte certaines étapes reconnaissables :
1- Baptême = résurrection de Jésus dans l'homme. Par la naissance matérielle, ce Jésus intérieur était enseveli dans la matière, le séjour des morts. Le baptême réactive cette composante d'Elohim dans l'être humain.
2- Apprentissage des préceptes et perfectionnement de sa propre vie ==> accumulation d'énergie et guérisons, avec affermissement de l'adhérence à Jésus.
3- Vision du Christ : Pierre reconnaît le fils de l'Elohim vivant. Début de la consolidation du corps mystique (ékklésia = assemblage, concentration), à partir de l'énergie accumulée par la pratique de la voie.
4- Epreuves : reniement du Christ, doutes, faux christ, etc ... début des combats
5- passion : étapes aboutissant à la crucifixion dont la transfiguration, puis, après la crucifixion la résurrection.
6- Résurrection : la conscience du mystique est employée à l'édification et au salut des autres. Jésus, point d'attache du corps mystique, est repositionné dans les cieux, à la droite du Père. C'est l'ascension de Jésus. Alors, l'Esprit-Saint apporte force et maîtrise = Pentecôte. En même temps, il consolide le corps mystique qui commence à devenir très grand. Quand ce corps naît, alors le corps physique ne sert plus à rien et sa mort intervient. L'être intègre le royaume céleste, car il dispose du corps spirituel. Je précise que ce corps mystique est invisible dans notre espace-temps, car il est fait d'une matière de très haute énergie. Cette énergie de haute densité provient des comportements vertueux et de la pratique de la prière (voie de la dévotion et de l'amour de Dieu) et méditation-concentration (voie intellectuelle et mystique). Elle est contrôlée par le Christ durant tout le processus, car c'est lui le Maître. Au Baptême, le Jésus intérieur est relié au Christ et c'est cette relation notée Jésus-Christ qui caractérise la voie religieuse et fait descendre l'Esprit-Saint comme énergie céleste (les hindous parlent de Soma, breuvage d'immortalité).
Dans cette voie, le partage du pain est le discernement que le disciple fait dans sa conscience entre les deux corps. Le partage du vin est également la distinction des énergies qui se distribuent au corps physique ou au corps mystique. En fait il ne considère que le corps du Christ universel, qui fournit cette énergie et ce pain. Dans la prière au Père, on lui demande de nous donner notre part de pain chaque jour. Il s'agit du pain céleste.
J'ai volontairement insisté sur les aspects corporels de la voie chrétienne, car ils sont généralement méconnus. Mais je ne dénigre nullement les aspects de dévotion et d'intellection métaphysique qui l'accompagnent inéluctablement.