Crucifié avec Christ

Au fil des siècles issu de la Réforme et connue comme l'Adventiste, le Pentecôtisme, le Baptisme, ou différentes communautés.
Répondre
francis

[ Aucun rang ]
[ Aucun rang ]
Messages : 6029
Enregistré le : 22 nov.03, 04:30
Réponses : 0

Crucifié avec Christ

Ecrit le 20 déc.03, 19:48

Message par francis »

Crucifié avec Christ





Table des matières :
0 Avant-propos
1 Chapitre 1 — Introduction et vue d’ensemble du sujet
1.1 La croix
1.2 Porter sa croix
1.3 Crucifiés avec Christ et ressuscités avec lui
1.3.1 Deux faits
1.3.2 L’appropriation de ces faits, par la foi
1.4 Différents aspects de notre mort avec Christ
1.4.1 Ce qui nous sépare du monde
1.4.2 Ce qui nous délivre du péché
1.4.3 Ce qui nous délivre de la loi
1.5 Je suis crucifié avec Christ
1.6 Liberté chrétienne et déviations
2 Chapitre 2 — Le croyant et le monde
2.1 Le monde
2.2 Le jugement de ce monde et de son chef
2.3 Le monde m’est crucifié, et moi au monde
2.4 Dans le monde, mais pas du monde
2.5 Quelques remarques pratiques
2.5.1 Un monde tolérant et séduisant
2.5.2 Un témoignage mal supporté par le monde
2.5.3 Contamination
2.5.4 L’extérieur et l’intérieur
2.5.5 Distinctions nécessaires
2.5.6 La frontière
2.6 Des témoins de Christ dans le monde
2.7 L’exemple du Seigneur Jésus, le témoin fidèle
3 Chapitre 3 — Le croyant et le péché — Romains 6
3.1 Le péché et les péchés
3.2 Notre vieil homme crucifié
3.3 Nous tenir pour morts au péché
3.4 Nous livrer à Dieu
4 Chapitre 4 — La chair et l’Esprit — Galates 5
4.1 Liberté et servitude
4.2 Le combat entre la chair et l’Esprit
4.3 Les oeuvres de la chair et le fruit de l’Esprit
4.4 La chair crucifiée
5 Chapitre 5 — La chair et le vieil homme
5.1 Le vieil homme et le nouvel homme
5.2 Trompeur par-dessus tout et incurable
5.3 Connaître ce qu’il y a dans notre coeur
5.4 Confiance en soi-même et confiance en Dieu
6 Chapitre 6 — Le croyant et la loi — Romains 7
6.1 Mort à la loi (Rom. 7:1-6)
6.2 La loi entraîne condamnation et mort (Rom. 7:7-13 et Gal. 2:19, 20)
6.3 Combat et défaite (Rom. 7:14-25)
6.4 Deux natures
6.5 Une seule personne, avec sa responsabilité devant Dieu
6.6 Le dernier verset de Romains 7
7 Chapitre 7 — Le croyant affranchi, conduit par l’Esprit — Romains 8
7.1 Affranchi de la loi du péché (v. 1-11)
7.2 La juste exigence de la loi est accomplie
7.3 Dans la chair ou dans l’Esprit
7.4 La marche par l’Esprit
8 Chapitre 8 — Le croyant mort et ressuscité avec Christ — Colossiens 2:8 à 3:11
8.1 Identifiés avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection
8.2 Morts avec Christ
8.3 Ressuscités avec Christ
8.4 Des membres à mortifier
8.5 Le nouvel homme renouvelé en connaissance
8.6 Quelques mots concernant l’épître aux Éphésiens
9 Chapitre 9 — La vie de Christ dans le croyant
9.1 La vie éternelle
9.2 La position et la marche
9.3 La vie de Jésus manifestée en nous
9.3.1 La sentence de mort
9.3.2 Un trésor dans des vases de terre
9.3.3 Porter dans le corps la mort de Jésus…
9.3.4 …afin que la vie de Jésus soit manifestée



1. 0 Avant-propos
Quatre passages, dans le Nouveau Testament, nous présentent le croyant comme crucifié avec Christ :

«Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché» (Rom. 6:6).
«Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu. Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:19, 20).
«Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises» (Gal. 5:24).
«Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde» (Gal. 6:14).

En plus, la mort du croyant avec Christ — sans mention explicite de la crucifixion — est présentée dans plusieurs autres passages. Cet aspect essentiel de la vérité chrétienne est développé dans les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Colossiens. On le trouve occasionnellement ailleurs. Les épîtres aux Galates et aux Colossiens ont été écrites pour corriger des enseignements erronés qui s’introduisaient parmi les chrétiens. L’épître aux Romains, quant à elle, a été écrite dans le but d’instruire ses destinataires et de les affermir dans la vérité.
Tout naturellement, la plus grande partie de notre texte va donc être un exposé des chapitres qui traitent ce sujet, dans les trois épîtres. Nous porterons aussi notre attention sur le sujet qui lui est intimement lié : notre résurrection avec Christ.
L’importance de l’enseignement des épîtres concernant notre mort et notre résurrection avec Christ doit être soulignée. Cet enseignement est un des fondements de la vie chrétienne pratique, dans la liberté et dans la sainteté, sur les traces du Seigneur Jésus. Il conduit à l’affranchissement du croyant — aussi bien à l’affranchissement du joug du péché que de celui du légalisme.


2. 1 Chapitre 1 — Introduction et vue d’ensemble du sujet
1. 1.1 La croix
La croix de Christ est au centre de l’histoire du temps et de l’éternité. Elle a toujours été dans les pensées de Dieu : Christ était «l’agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde» (1 Pierre 1:19). C’est vers la croix que Dieu avait regardé, dès les premiers holocaustes ; c’est grâce à elle qu’il avait pu pardonner à ceux qui se repentaient, déjà bien avant la venue de Christ sur la terre. Et c’est vers elle que les regards des rachetés seront tournés durant l’éternité (Apoc. 5:6).
Aussi la crucifixion de Jésus est-elle le thème central de la prédication de l’évangile : «Je n’ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié», dit l’apôtre Paul (1 Cor. 2:2). Et si «la parole de la croix est folie pour ceux qui périssent», pour nous qui obtenons le salut, elle est «la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu» (1 Cor. 1:18, 24).
La croix — l’oeuvre accomplie par Christ à la croix — est le fondement de notre salut ; aucun vrai chrétien ne peut en douter. Mais avons-nous réalisé qu’elle est aussi le fondement de notre vie chrétienne pratique ?


Seigneur, tu courbas la tête :
Tu pris mon faix sur toi ;
Et, pour acquitter ma dette,
Tu te livras pour moi.
Plus de crime
Qui m’opprime ;
Plus de fardeau pour moi !

De courroux la coupe emplie
A débordé pour toi.
Tu la bus jusqu’à la lie ;
Elle est vide pour moi.
Ton calice,
Ton supplice
Sont le salut pour moi !

Ta mort effaça ma peine ;
Je suis mort avec toi.
Vainqueur, tu rompis ma chaîne,
Et je vis avec toi.
Ta venue
Sur la nue,
C’est la gloire avec toi.
(Hymnes et Cantiques, N° 173)
2. 1.2 Porter sa croix
Dans chacun des trois premiers évangiles, nous assistons au développement progressif de l’hostilité des Juifs contre le Seigneur Jésus. Le moment arrive où Jésus se met à parler ouvertement à ses disciples de son rejet par les chefs de la nation, de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection. Et immédiatement après, dans les trois évangiles, le Seigneur Jésus parle d’une croix. Il ne dit pas explicitement qu’il sera cloué sur une croix, mais il déclare : «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive : car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la trouvera» (Matt. 16:24, 25 ; voir aussi Marc 8:34, 35 et Luc 9:23). Dans le troisième évangile, le Seigneur dit même : «qu’il prenne sa croix chaque jour».
Le Seigneur adresse des paroles semblables au jeune homme riche : «Viens, suis-moi, ayant chargé la croix» (Marc 10:21). Plus tard, alors que «de grandes foules allaient avec lui» il se tourne vers elles et leur dit : «Quiconque ne porte pas sa croix, et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple» (Luc 14:27). Et à une autre occasion encore, nous l’entendons dire : «Celui qui ne prend pas sa croix et ne vient pas après moi, n’est pas digne de moi» (Matt. 10:38).
Ce sont des paroles extrêmement fortes. Le Seigneur utilise ici un langage figuré, comme souvent ailleurs. Que veut-il donc nous dire, lorsqu’il nous demande de façon si pressante de porter notre croix et de le suivre ? Le monde chrétien a gravement dévalorisé ces paroles. On entend dire : chacun a sa part de souffrances, chacun doit porter sa croix ! Mais ce n’est pas du tout ce que le Seigneur veut dire. Il fait sans aucun doute allusion à la croix qu’il devra porter et sur laquelle il sera cloué. Nous savons en effet qu’à l’issue du procès où il a été condamné à mort, «il sortit portant sa croix, et s’en alla au lieu appelé lieu du crâne, … où ils le crucifièrent» (Jean 19:17).
Quel spectacle que celui d’un homme portant sa croix ! Celui qui marchait ainsi était publiquement couvert de honte. Voilà un crucifié ! pouvait-on dire. C’était un homme voué à la mort, à la mort honteuse de la croix.
Et le Seigneur nous appelle tous à le suivre dans un tel chemin !
La foi des disciples avait discerné en Jésus l’envoyé de Dieu, le Messie promis. Leurs pensées étaient fixées sur le royaume qu’il allait établir, et sur leur part glorieuse dans ce royaume. Mais le rejet de Jésus par la nation impliquait qu’avant l’établissement de son royaume, il y avait maintenant devant lui une croix. Or il en était de même pour eux. Suivre Jésus — ce à quoi il ne se lasse de les appeler et de les encourager — c’était aussi porter sa croix, la prendre, la charger. C’était accepter de perdre sa vie pour l’amour de lui, c’était haïr sa propre vie (Luc 14:26), c’était encore renoncer à tout ce que l’on avait (Luc 14:33) et se renoncer soi-même (Matt. 16:24).
Nous qui avons trouvé en Jésus notre Sauveur, nous désirons sans doute le servir. C’est bien ! Mais il nous dit : «Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ! et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur» (Jean 12:26). Acceptons-nous, au fond de nous-mêmes, la place de rejet et d’opprobre qui a été la sienne dans ce monde ? Acceptons-nous d’être, nous aussi, des crucifiés ?
Ce que le Seigneur nous demande dans tous ces passages nous interpelle fortement, même si nous n’en comprenons pas entièrement la portée. Le lecteur attend sans doute une explication plus claire de l’expression «porter sa croix». Et les pages qui suivent devraient contribuer à éclairer le sujet. Mais comment remplacer les paroles du Seigneur — des paroles d’un tel poids — par d’autres mots, ou par des mots plus simples, sans les affaiblir ? Pour ceux qui les entendaient de la bouche même de Jésus, elles pouvaient aussi paraître énigmatiques. Et pourtant ils devaient sentir tout ce qu’elles avaient d’impérieux.
3. 1.3 Crucifiés avec Christ et ressuscités avec lui
Bien des enseignements que le Seigneur Jésus a donnés à ses disciples ne pouvaient leur être complètement expliqués avant sa mort, sa résurrection, et son ascension dans le ciel. Alors il leur enverrait le Saint Esprit pour les conduire dans toute la vérité (Jean 16:12, 13). Ce qu’il a exprimé de façon un peu mystérieuse quand il a parlé de «porter sa croix» va être abondamment développé dans les épîtres, particulièrement celles de l’apôtre Paul. C’est le grand sujet de notre mort avec Christ. Nous en ferons un survol dans ce chapitre, puis reprendrons les choses plus en détail dans les chapitres qui suivent.
1. 1.3.1 Deux faits
Il y a d’abord un grand fait, vrai de tous ceux qui ont réellement cru au Seigneur Jésus. Ils sont «morts avec Christ». Ils ont été «crucifiés avec Christ». Ils ont été «identifiés avec Christ» dans sa mort sur la croix. Cela implique qu’ils ne sont plus dans la condition dans laquelle ils étaient par naissance, comme enfants d’Adam. Ils ne font plus partie de cette race caractérisée de façon irrémédiable par le péché. Détachés de la race d’Adam, ils sont liés à un autre chef de race, Christ. (Cf. Rom. 6:5-8 ; Gal. 2:20 ; Col. 2:20.)
Un autre grand fait, intimement lié au premier, c’est qu’ils ont été «ressuscités avec Christ». Ils vivent de la vie de Christ ressuscité. (Cf. Éph. 2:5 ; Col. 3:1.)
Les privilèges dont nous venons de parler appartiennent au chrétien, qu’il les connaisse ou non — qu’il en éprouve les effets ou non. Ils concernent ce qu’on appelle la position chrétienne.
2. 1.3.2 L’appropriation de ces faits, par la foi
Notre mort et notre résurrection avec Christ ne sont pas des vérités théoriques, abstraites. Bien au contraire, saisir cela est à la base d’une vie chrétienne pratique à la suite du Seigneur Jésus.
En Romains 6, après avoir exprimé le fait de base sous différentes formes — «nous avons été identifiés avec [Christ] dans la ressemblance de sa mort» (v. 5), «notre vieil homme a été crucifié avec lui» (v. 6), «nous sommes morts avec Christ» (v. 8) —, l’apôtre ajoute : «De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (v. 11). «Tenez-vous…», c’est-à-dire considérez-vous de cette manière. Dieu vous considère comme morts avec Christ. Voyez donc les choses comme Dieu les voit. Tenez pour vrai ce que Dieu vous dit, sans vous occuper de vos propres sentiments, sans faire de raisonnements. Vous ne voyez pas que votre vieil homme a été crucifié avec Christ ? Vous ne voyez pas davantage que le sang de Christ a effacé vos péchés ! Alors, que votre foi se repose simplement sur la parole de Dieu, qui déclare qu’il en est ainsi !
Il s’agit donc de s’approprier les déclarations de Dieu concernant les grands faits du christianisme, de les saisir par la foi. Si nous le faisons, la vérité aura toute sa puissance dans nos âmes, et produira des résultats pratiques dans notre vie de tous les jours.
Prendre notre croix, la charger, la porter en suivant le Seigneur Jésus, c’est accepter au plus profond de nous-mêmes les conséquences pratiques du fait que nous sommes crucifiés avec Christ. C’est le suivre, comme étant nous-mêmes des crucifiés.
4. 1.4 Différents aspects de notre mort avec Christ
En ce qui concerne les humains, la mort n’exprime pas l’idée d’une cessation d’existence, mais la pensée d’une séparation ou de la rupture d’une relation. La mort dans son sens le plus immédiat, la «mort physique», est la séparation de l’âme et du corps. Mais l’Écriture utilise aussi le terme de «mort» dans d’autres sens. Par exemple, l’homme naturel, totalement éloigné de Dieu, est considéré comme «mort dans ses péchés» (Éph. 2:1).
La parole de Dieu nous présente la mort — ou la crucifixion — du croyant avec Christ sous différents aspects : en rapport avec le monde, avec le péché et avec la loi.
1. 1.4.1 Ce qui nous sépare du monde
La croix de Christ constitue une barrière morale absolue entre le monde et les chrétiens. Ainsi que le Seigneur l’a dit : «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:16). Selon les paroles de Paul aux Galates, il y a deux crucifiés, le monde et moi : «Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde» (Gal. 6:14).
2. 1.4.2 Ce qui nous délivre du péché
L’homme naturel est esclave, même s’il prône sa liberté et son indépendance de Dieu. Il est esclave du péché et de Satan (Jean 8:34 ; Rom. 6:6, 12, 17 ; Héb. 2:15). Il est asservi à ses propres convoitises, et à travers elles, au diable lui-même. Le salut que Dieu nous offre n’est pas seulement le pardon des péchés que nous avons commis et l’assurance d’une félicité éternelle dans sa présence, c’est la délivrance de l’esclavage actuel du péché.
Cette délivrance est fondée sur notre mort avec Christ. Ce que nous étions par nature, comme hommes pécheurs, a été cloué à la croix. Le vieil homme ne méritait pas autre chose que le jugement de Dieu. Ce jugement ayant été exécuté, nous sommes devant Dieu dans une toute nouvelle condition : nous sommes en Christ, et ainsi agréables à Dieu. De plus, la crucifixion du vieil homme nous libère de la domination du péché. «Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché» (Rom. 6:6). «Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises» (Gal. 5:24).
3. 1.4.3 Ce qui nous délivre de la loi
Le peuple d’Israël avait reçu la loi de Dieu donnée par Moïse. Celle-ci était un test de l’homme dans la chair — de l’homme tel qu’il est par nature. L’homme pourrait-il accomplir les commandements de Dieu, et marcher d’une manière qui lui plaise ? L’histoire d’Israël, tout au long de l’Ancien Testament, donne la réponse. La loi n’a fait que stimuler le péché ; l’interdiction et l’obligation ont stimulé la désobéissance. De sorte que «nulle chair ne sera justifiée devant [Dieu] par des oeuvres de loi» (Rom. 3:20). La justification — dont l’homme a un besoin absolu pour se présenter devant Dieu — c’est la grâce qui l’apporte.
Il faut donc que l’homme soit totalement délivré du joug de la loi et placé dans la liberté. Cela était vrai en particulier pour les Juifs qui étaient sous la loi, et c’est vrai pour l’homme en général — qui est facilement enclin à se placer lui-même sous un joug de commandements. Cette libération, c’est la croix de Christ qui l’a opérée. «Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu» (Gal. 2:19). «Vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ» (Rom. 7:4). «Nous avons été déliés de la loi, étant morts dans ce en quoi nous étions tenus» (v. 6). Ainsi, le chrétien n’est pas sous la loi, mais sous la grâce (Rom. 6:15). La loi n’est ni son moyen de salut, ni sa règle de vie.
5. 1.5 Je suis crucifié avec Christ
«Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20).
La manière dont l’apôtre Paul s’exprime ici est bien remarquable. Ce qu’il dit est vrai en principe de tous les chrétiens, mais il parle comme s’il était concerné lui seul. Nous n’avons pas ici un docteur qui expose des vérités générales, mais un chrétien qui réalise pour lui-même, dans son coeur, la puissance de la vérité qu’il présente.
«Je suis crucifié avec Christ». Voilà un homme qui avait chargé sa croix, et qui suivait Christ ! Son secret, c’est qu’il avait lui-même «été saisi par le Christ» (Phil. 3:12). L’amour du Seigneur Jésus remplissait son coeur et le faisait déborder. Il ne parle pas de son amour pour le Seigneur, qui certainement était très profond et très vivant ; il ne parle que de l’amour du Seigneur pour lui. Ce que le Seigneur a fait pour lui occupe ses pensées, engage ses affections, et fait passer son moi à l’arrière-plan. «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi».
Quelle place le moi tient-il dans nos vies ? Nous avons tellement tendance à lui donner de l’importance, et à en faire le centre de nos pensées, de nos préoccupations, de nos efforts. Paul s’oubliait lui-même. Christ était l’objet de son coeur. Comme tout croyant, il possédait la vie de Christ, mais cette vie le remplissait à tel point qu’il pouvait dire : «Christ vit en moi». C’était vrai aussi dans un sens pratique. Si notre moi est mis en avant, la vie de Jésus ne peut être vue en nous. Si nos pensées sont orientées vers nous-mêmes, comment oserions-nous dire : Christ vit en moi ?
«Et ce que je vis maintenant dans la chair (*), je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu…» La vie de Paul était une vie de foi, l’objet de sa foi étant le Fils de Dieu qui l’avait aimé et s’était livré lui-même pour lui. Quel tableau d’un coeur entièrement attaché à son Sauveur, un coeur non partagé ! Quelle chaleur communicative dans les paroles de l’apôtre ! Le souvenir de ce qu’il avait été avant sa conversion était constamment en lui (**). Ce souvenir humiliant entretenait un sentiment profond de l’immense grâce de Christ envers lui et une absence totale de confiance en lui-même. Il disait : «Pour moi, vivre, c’est Christ» (Phil. 1:21). Christ était sa seule raison de vivre.

(*) L’apôtre parle ici simplement de son corps.
(**) Cf. 1 Tim. 1:12-16 ; 1 Cor. 15:9 ; Gal. 1:13 ; Phil. 3:6
Où en sommes-nous nous-mêmes ? La recherche de nos intérêts terrestres, de notre bien-être, de notre propre gloire, de notre propre satisfaction — et de tant d’autres choses qui ne sont pas Christ — nous animent souvent. Même dans le service pour le Seigneur, notre moi tend à occuper une place de premier plan. Oh ! que, dans sa grâce, le Seigneur nous accorde d’être les imitateurs de ce serviteur qui avait «reçu miséricorde… pour être fidèle» (1 Cor. 7:25) !
6. 1.6 Liberté chrétienne et déviations
Les deux versets qui suivent attirent notre attention sur deux dangers opposés : «Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant ; tenez-vous donc fermes, et ne soyez pas de nouveau retenus sous un joug de servitude» (Gal. 5:1). «Car vous, frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, n’usez pas de la liberté comme d’une occasion pour la chair» (v. 13).
Satan s’est toujours efforcé de détourner les croyants d’une juste compréhension de la grâce où l’oeuvre de Christ les a placés. Tantôt il les a conduits à mêler la loi avec la grâce, et à se priver ainsi de la vraie liberté chrétienne — c’est le légalisme. Tantôt, à l’inverse, il les a incités à abuser de la grâce et à s’abriter derrière elle pour se permettre une marche selon la chair — c’est le laxisme. Diverses déviations sont déjà apparues du temps des apôtres, et leur ont fourni l’occasion de nous donner, de la part de Dieu, les enseignements correctifs nécessaires. L’épître aux Galates en est un exemple particulier.
L’épître aux Colossiens a été écrite à des chrétiens qui étaient en danger de se laisser entraîner par des docteurs qui mêlaient au christianisme les enseignements juifs et la philosophie. L’apôtre met ces croyants très sérieusement en garde contre ce mouvement. «Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions, selon l’enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ» (2:8).
Les dangers de la philosophie ne sont pas moindres qu’autrefois, au contraire ! La psychologie, très en vogue aujourd’hui, a beaucoup pénétré dans les milieux chrétiens. Si, par l’une ou par l’autre, nous pensons pouvoir enfermer la pensée de Dieu dans les cadres de la logique humaine, nous nous égarerons à coup sûr.
Une caractéristique de certains amalgames de psychologie et de christianisme, c’est la valorisation du moi. Tout votre comportement, dit-on, est conditionné par la valeur que vous accordez à votre personne. Et on prêche l’acceptation de soi-même, l’amour de soi-même, l’estime de soi-même… Mais ces notions sont anti-bibliques ! S’il est bien vrai que nous devons accepter les infirmités ou les handicaps physiques qu’il a plu à Dieu de nous dispenser, il est extrêmement dangereux d’accepter tous nos traits de caractères — y compris ceux qui déshonorent le Seigneur — comme des choses inéluctables avec lesquelles il nous faut vivre. Les accepter revient à renoncer à marcher comme Christ a marché, à renoncer à le suivre. D’un autre côté, l’estime de soi-même est expressément condamnée dans des passages tels que Ésaïe 5:21, Romains 12:3 ou Philippiens 2:3-5. Cette estime est très proche parente de la confiance en soi-même ; or celle-ci, dans toutes les Écritures, est mise en opposition avec la confiance en Dieu. Nous y reviendrons à la fin du chapitre 5.
En fait, chaque fois que nous donnons de l’importance à notre moi, c’est au détriment de la vie de Christ en nous. «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi», pouvait dire l’apôtre Paul (Gal. 2:20).
Un certain courant de pensées a contesté le bien-fondé d’expressions telles que les deux natures du croyant, la vieille et la nouvelle… Ces expressions appartiennent pourtant au sain enseignement ! Nous en dirons quelques mots au chapitre 5. On a affirmé que «le vieil homme», puisqu’il est crucifié, n’existe plus. Et on a voulu introduire une immense différence entre le vieil homme (qui n’existerait plus) et la chair (qui existe encore) — une différence telle que le principe de mal dans le croyant en est très fortement atténué. La chair, a-t-on dit, n’est autre que de vieilles habitudes, de mauvais plis qui datent d’avant notre conversion.
Les conséquences d’un tel enseignement sont graves. Lorsque nous avons péché, nous avons à confesser nos manquements devant Dieu, à nous juger nous-mêmes devant lui. Or pour que ce jugement soit vraiment réel et profond, il doit porter non seulement sur les actes commis, mais sur la source dont ils proviennent. Minimiser le caractère de celle-ci conduit à ne pas se juger soi-même avec le sérieux nécessaire. Il faut se souvenir que ce n’est jamais un avantage de sous-estimer la force d’un ennemi. Selon les Écritures, notre ennemi intérieur, la chair, est beaucoup plus que de vieilles habitudes. «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas» (Rom. 8:7). Aussi longtemps que nous serons dans nos corps mortels, nous aurons à faire à un tel ennemi. Bien connaître son caractère pervers et ses ruses nous est indispensable. Et le salut actuel que Dieu a préparé pour nous contient toutes les ressources dont nous avons besoin pour être des vainqueurs. Apprenons donc à les connaître et à les utiliser, dans la défiance de nous-mêmes et dans une entière confiance en Dieu.

3. 2 Chapitre 2 — Le croyant et le monde
1. 2.1 Le monde
Dans la parole de Dieu, le terme monde a manifestement plusieurs sens :
• Il y a d’abord la création, la terre : «Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui» (Jean 1:10).
• Il y a ensuite l’humanité, tous les hommes : «Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique…» (Jean 3:16). «Le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde» (1 Jean 4:14).
• Il y a enfin le système constitué par l’humanité sous la domination de Satan, le «chef de ce monde». C’est de ce monde-là qu’il est dit, par exemple : «N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde» (1 Jean 2:15). Ce système, structuré et organisé comme nous pouvons le voir autour de nous, a sa propre «sagesse», son «esprit», ses «éléments», ses «principes» (1 Cor. 1:20 ; 2:12 ; Col. 2:8 ; 1 Jean 4:5). Satan lui imprime son caractère. «Le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19). Il y a ainsi le plus grand contraste entre ce qui est «du Père» et ce qui est «du monde» (1 Jean 2:16).

Les caractères fondamentaux du monde sont, au fond, ceux de l’homme naturel lui-même — modelés et accentués par l’effet de masse. Ainsi, «tout ce qui est dans le monde» se résume dans ces trois traits de l’homme naturel : «la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie» (1 Jean 2:16).
2. 2.2 Le jugement de ce monde et de son chef
Le Fils de Dieu est venu dans ce monde comme l’envoyé de son Père. Il a fait briller la lumière divine dans les ténèbres morales du monde, et a révélé l’amour de Dieu pour les hommes. Il n’était pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver (Jean 3:17 ; 12:47). De façon générale, «le monde ne l’a pas connu» (1:10). «Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom» (1:12).
Le jugement de Dieu — la perdition éternelle — est la part que tous les hommes ont devant eux en raison de leur culpabilité. Ceux qui croient en Jésus échappent à ce jugement ; ils reçoivent la vie éternelle et sont amenés dans la faveur de Dieu. «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24). Quant aux autres : «celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu» (Jean 3:18). «Il est déjà jugé» — son jugement est prononcé. Sa condamnation est fondée sur le fait qu’il a rejeté la grâce de Dieu offerte en Jésus Christ. Cependant, aussi longtemps que dure le jour de la grâce et que lui-même est en vie, il peut encore se repentir, accepter le Sauveur, et échapper ainsi au jugement.
Très près de la fin de sa vie sur la terre, le Seigneur dit : «Maintenant est le jugement de ce monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela pour indiquer de quelle mort il allait mourir» (Jean 12:31-33). Il parle donc de la croix sur laquelle il va être «élevé» (*). Dans cette position, rejeté de la terre, il va attirer tous les hommes à lui-même. Ceux qui croient en lui sont détachés de la terre et attirés vers lui, vers le ciel où il sera dorénavant. Ainsi, le rejet ou l’acceptation de Jésus partage l’humanité en deux classes absolument distinctes : ceux qui sont «du monde» et ceux qui n’en sont plus.

(*) L’évangile de Jean rapporte encore deux autres occasions où le Seigneur Jésus emploie le mot «élevé» pour désigner sa crucifixion. «Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé» (3:14). Et « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme» (8:28)
Remarquons les deux mots «maintenant» de ce passage :
• Maintenant est le jugement de ce monde». C’est à la croix que le monde a été jugé. Le monde continue son existence, hostile à Christ et aux chrétiens — comme l’Écriture nous le montre et comme nous le voyons de nos yeux. Mais son jugement est prononcé, un jugement sans appel. S’il y a de l’espoir pour les individus, il n’y en a plus aucun pour le monde comme système. Par la crucifixion de Jésus, il a montré son véritable caractère. Il a fourni à Dieu la preuve évidente de sa méchanceté et de son assujettissement à Satan. Pour Dieu, il est déjà jugé. L’exécution de ce jugement est réservée pour un jour futur, et elle s’accomplira de la manière décrite dans les livres prophétiques, l’Apocalypse en particulier. Voir également 2 Pierre 3.
• Maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors». À la croix, Satan, le chef de ce monde, a subi une défaite complète. Selon la prophétie la plus ancienne de l’Écriture, c’est à la croix que «le serpent» devait avoir la tête «brisée» par Christ, «la semence de la femme» (Gen. 3:15). Dans l’épître aux Hébreux, nous voyons que Jésus est devenu homme «afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable» (Héb. 2:14). En apparence, la croix était la victoire de Satan sur Christ ; en réalité, elle est la victoire de Christ sur Satan.

Malgré cela, Satan continue à séduire les hommes et à exercer tant qu’il peut son activité malfaisante. Son jugement effectif et complet aura lieu plus tard, en plusieurs étapes : il sera chassé du ciel (Apoc. 12:7-12), puis lié durant le Millénium (20:1-3) et finalement jeté dans l’étang de feu (20:10). Mais la foi peut véritablement le considérer comme un ennemi vaincu.
La victoire de Christ sur Satan est le fondement sur lequel nous nous tenons pour être nous-mêmes des vainqueurs. «Résistez au diable, et il s’enfuira de vous» (Jacq. 4:7). «Résistez-lui, étant fermes dans la foi» (1 Pierre 5:9). Il en est de même quant à ce monde : «C’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (1 Jean 5:4).
Bien souvent, dans les Écritures, Dieu nous présente les choses telles qu’elles seront dans leur état final, lorsqu’elles auront trouvé leur juste place selon ses décrets éternels, et selon les pleins résultats de l’oeuvre de Christ. Que Dieu nous accorde d’élever davantage les regards de notre foi, pour voir les choses dans cette perspective, et pour actualiser ce qu’il va bientôt réaliser !
3. 2.3 Le monde m’est crucifié, et moi au monde
«Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde» (Gal. 6:14). Ici, l’apôtre Paul prend acte de ce qui s’est passé à la croix de Christ. Il en voit le vrai caractère, et en tire les conséquences.
Ce qu’il dit est vrai en principe pour tous les chrétiens. Mais cette façon personnelle de s’exprimer nous montre comment sa foi s’appropriait la vérité, et lui en faisait réaliser la puissance. La croix de Christ constituait une barrière absolue entre lui et le monde.
Tout d’abord, dit-il, «le monde m’est crucifié». Les pensées de Paul sont à l’unisson du jugement que Dieu a prononcé. C’est à la croix que le monde a été jugé, que sa condamnation définitive et sans appel a été prononcée par Dieu. Le monde, pour lui, est donc «crucifié».
Il ajoute : «et moi au monde», c’est-à-dire : pour le monde, je suis un crucifié. Ce monde a rejeté et crucifié Christ, voilà aussi ma place !
C’est de cette manière que l’apôtre réalisait ce que signifie porter sa croix et suivre Jésus. La croix mettait une distance morale infinie entre lui et le monde.
4. 2.4 Dans le monde, mais pas du monde
Dans sa prière du chapitre 17 de l’évangile de Jean, le Seigneur dit à deux reprises, en parlant des siens : «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (v. 14 et 16).
Au cours de ses derniers entretiens avec ses disciples, dans les chapitres précédents, le Seigneur leur montre que leur position par rapport au monde découle de sa position à lui. «Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait» (15:18, 19). À la suite de leur Maître, les disciples de Jésus vont être comme des corps étrangers dans ce monde, et ils auront à y souffrir. Mais le Seigneur les encourage en leur disant : «Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde» (16:33).
Au début de l’épître aux Galates, l’apôtre Paul parle de «notre Seigneur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais» (1:4). Cela complète l’enseignement du Seigneur résumé par les mots : dans le monde, mais pas du monde. Nous sommes bien «dans le monde» physiquement, quant à nos corps. Mais moralement, nous en avons été «retirés» par l’oeuvre de Christ à la croix. Le Seigneur s’est donné lui-même pour cela. Comme croyants, nous appartenons maintenant à une autre sphère. Et pour cette raison, nous sommes des étrangers dans le monde : «Bien-aimés, je vous exhorte, comme forains et étrangers, à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme» (1 Pierre 2:11).
En résumé, on peut dire qu’il y a deux raisons fondamentales à la séparation du chrétien d’avec le monde :
1° Les caractères moraux de ce monde — les convoitises et l’orgueil — sont, dans leur essence même, opposés à Dieu. Ceci était vrai déjà avant la venue de Christ sur la terre, et cette venue l’a mis en évidence.
2° Le rejet du Fils de Dieu venu en grâce, et sa crucifixion, ont comblé la mesure et ont entraîné définitivement le jugement de ce monde.
5. 2.5 Quelques remarques pratiques
1. 2.5.1 Un monde tolérant et séduisant
Dans les temps de persécution qui ont précédé notre époque, les conditions de vie rappelaient sans cesse aux chrétiens qu’ils étaient des «étrangers», des «crucifiés» dans ce monde. «Nous sommes devenus comme les balayures du monde et le rebut de tous», dit l’apôtre Paul (1 Cor. 4:13). À l’époque à laquelle nous vivons aujourd’hui, dans nos pays, la situation est souvent bien différente. La tolérance est à l’ordre du jour. Le monde n’est, en général, plus agressif à l’égard des chrétiens. Il est plutôt souriant et aimable. Il séduit par ses attraits.
En fait, c’est une autre forme d’agression ! Le monde, avec ses principes et ses convoitises, cherche à s’infiltrer dans nos maisons, dans nos esprits et dans nos coeurs. Les médias, présents presque partout, y contribuent puissamment. En face de ces séductions, nous avons un grand besoin de l’exhortation de Jacques : «Ne savez-vous pas que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ? Quiconque donc voudra être ami du monde se constitue ennemi de Dieu» (Jacq. 4:4).
2. 2.5.2 Un témoignage mal supporté par le monde
Aujourd’hui, l’hostilité du monde se manifeste plutôt sous forme de mépris et de moquerie, dans la mesure où nous sommes fidèles dans notre témoignage. Celui-ci comporte deux parties d’égale importance : notre conduite et nos paroles. Notre conduite différente de celle des gens du monde les étonne (cf. 1 Pierre 4:4). Nos paroles aussi étonnent facilement. Le chrétien fidèle ne peut pas être tolérant, comme le sont en général les gens du monde, à l’égard de toutes les idées, de toutes les conceptions religieuses et de tous les comportements immoraux que condamne l’Écriture. Celui qui annonce l’évangile, même dans le cadre restreint d’un contact personnel, ne peut pas confondre le bien et le mal, comme le fait le monde. Si on invite des pécheurs à la repentance, on ne peut évidemment pas rayer le mot péché de son vocabulaire. Le croyant, s’il est fidèle, doit donc s’attendre à être considéré comme un intolérant.
3. 2.5.3 Contamination
Notre vie de chrétiens dans ce monde — même si nous en avons été moralement «retirés» — nous expose à un très haut risque de «contamination». Le mot peut paraître fort, mais l’idée qu’il exprime est bien biblique. Le livre des Proverbes nous avertit : «Qui marche avec les sages devient sage, mais le compagnon des sots s’en trouvera mal» (13:20). «Ne sois pas l’ami de l’homme colère, et n’entre pas chez l’homme violent ; de peur que tu n’apprennes ses sentiers, et que tu n’emportes un piège dans ton âme» (22:24, 25) (*). Et le Nouveau Testament confirme : «Ne soyez pas séduits : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs» (1 Cor. 15:33).

(*) Israël, avant son entrée dans le pays promis, était solennellement mis en garde contre le danger d’adopter les principes et les mœurs des peuples du pays de Canaan. Les mariages entre Israélites et Cananéens, en particulier, devaient avoir les conséquences les plus désastreuses (Deut. 7:3, 4 ; Juges 3:5-7).
À cause de notre travail, nous avons des contacts obligés et abondants avec le monde. À l’école déjà, les enfants sont placés dans l’atmosphère du monde et instruits selon ses principes. Ce sont des choses inévitables, mais qui constituent un grand danger pour nous. Le Seigneur le sait, et il peut nous garder, nous et nos enfants, de subir la mauvaise influence du monde. Que la parole de Dieu — lue, méditée, étudiée, gardée soigneusement dans nos coeurs — exerce sur nous son influence préventive et corrective, pour nous préserver d’être contaminés par les manières et les principes de ce monde ! Le Seigneur Jésus allait s’asseoir à table avec «des publicains et des pécheurs», mais il y allait comme un «médecin» qui se rend auprès des malades (Matt. 9:10-13).
4. 2.5.4 L’extérieur et l’intérieur
À quoi servirait-il de nous fixer des règles pour notre comportement extérieur — par exemple une liste de lieux et d’activités à éviter — si les mêmes éléments mondains que nous paraissons fuir sont entretenus dans notre vie privée ou dans le secret de nos coeurs, peut-être sous des formes légèrement différentes ?
«La convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie» (1 Jean 2:16), «l’amour de l’argent» (1 Tim. 6:9, 10), le désir d’avoir «une belle apparence dans la chair» (Gal. 6:12), la tendance à vouloir «être grand» ou à «être le premier» (Matt. 20:27 ; 3 Jean 9), la volonté de «dominer» (1 Pierre 5:3) — toutes ces choses caractérisent le coeur de l’homme, et non seulement le monde. Ne les laissons pas prospérer en secret au-dedans de nous, alors que nous donnons l’impression de nous en garder dans notre vie pratique.
5. 2.5.5 Distinctions nécessaires
Il importe de ne pas confondre les choses de la terre avec les choses du monde. S’il est bien vrai que nos sujets de joie les plus réels et les plus profonds sont «dans le Seigneur» (Phil. 4:4), il est vrai aussi qu’il y a des joies terrestres que le chrétien peut goûter en communion avec Dieu. Par exemple, celle qu’une femme trouve dans son enfant nouveau-né (Jean 16:21). Ou bien «la joie que le fiancé a de sa fiancée» ; joie qui est même l’image de celle que l’Éternel trouvera dans son peuple Israël restauré (És. 62:5). (*)

(*) De même, il convient de ne pas confondre le corps et la chair. Nous devons prendre soin de nos corps et ne pas prendre soin de la chair (Éph. 5:28, 29 ; Rom. 13:14).
Une difficulté résulte du fait que dans le langage humain, et même dans le langage biblique, les mots peuvent avoir des sens variables. On peut trouver le mot monde pour désigner la terre, ou inversement. Nous avons besoin de discernement spirituel pour bien voir le caractère moral des choses. Celles qui nous permettent de demeurer en communion avec Dieu, et pour lesquelles nous pouvons lui rendre grâces, sont bonnes. C’est d’elles qu’il est écrit que «Dieu… nous donne toutes choses richement pour en jouir» (1 Tim. 6:17). Reçues avec reconnaissance, de telles choses ne stimulent ni nos convoitises ni notre orgueil. Elles ne nous font pas respirer l’atmosphère du monde.
6. 2.5.6 La frontière
La vraie frontière entre le monde et le chrétien se trace dans le coeur. Nos coeurs sont-ils attachés à Christ ou aux choses du monde ? Sommes-nous disposés à porter notre croix et à suivre le Seigneur ? Si les paroles de l’apôtre : «le monde m’est crucifié, et moi au monde» — étaient mieux gravées dans nos coeurs, bien des problèmes pratiques seraient d’emblée résolus.
6. 2.6 Des témoins de Christ dans le monde
Nous nous sommes arrêtés surtout sur l’aspect négatif de notre relation avec le monde : la séparation. N’oublions pas qu’il y a un aspect positif.
Dans sa prière au Père, le Seigneur Jésus dit : «Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde» (Jean 17:18). Et il dit à ses disciples réunis le soir même du jour de sa résurrection : «Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jean 20:21). Pesons ces paroles. Être envoyés par le Seigneur dans le monde comme lui-même y a été envoyé par son Père ! Quelle dignité dans cette mission ! Le témoignage qu’il a rendu est le modèle de notre témoignage.
«La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (Jean 1:17). Nous avons à manifester dans ce monde les caractères de notre Sauveur. Il a été ici-bas la révélation de Dieu : «Celui qui m’a vu a vu le Père», pouvait-il dire (Jean 14:9). Ce monde peut-il discerner en nous quelque chose de Christ ? Peut-il nous reconnaître «pour avoir été avec Jésus» ? (Act. 4:13). Répandons-nous autour de nous «la bonne odeur de Christ» ? (2 Cor. 2:15). Bien sûr, il y aura toujours une immense distance entre lui et nous. En lui, tout était parfait, tout était à la mesure divine ; alors qu’il y a en nous beaucoup de faiblesse et d’infirmités. Mais malgré cela, cette glorieuse mission nous a été confiée.
S’il n’y a plus aucun espoir pour le monde, il y en a encore un pour les hommes de ce monde. Notre témoignage, s’il est fidèle, peut être utilisé par Dieu pour arracher des âmes à la perdition.
Dans l’accomplissement de notre mission, nous ne devons pas nous attendre à être mieux traités que notre Maître. Ceux qui ont reçu ses paroles ont été en petit nombre, et il n’en sera pas autrement pour ses disciples. Il était «la vraie lumière… celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme» (Jean 1:9). «La lumière est venue dans le monde, et… les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises ; car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient reprises» (Jean 3:19, 20). Le même principe est vrai pour ceux qui sont appelés à être comme de petites lumières dans ce monde. «Faites toutes choses sans murmures et sans raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie» (Phil. 2:14-16).
7. 2.7 L’exemple du Seigneur Jésus, le témoin fidèle
Pour conclure ce chapitre, arrêtons-nous sur l’exemple que nous donne le Seigneur Jésus dans le chapitre 7 de Jean. «La fête des Juifs, celle des tabernacles, était proche» (v. 2). «Ses frères» — de ses proches qui n’avaient pas cru en lui — lui suggèrent de monter à Jérusalem pour y déployer la puissance miraculeuse qu’il avait montrée en Galilée : «Si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même» (v. 4). Le Seigneur refuse. Il ne cherche pas la gloire et les honneurs de ce monde. «Vous, montez à cette fête ; moi, je ne monte pas à cette fête» (v. 8). Et il demeure en Galilée.
«Mais lorsque ses frères furent montés, alors lui aussi monta à la fête, non pas publiquement, mais comme en secret» (v. 10). Il n’avait aucune communion avec cette fête, mais il avait un témoignage à rendre en ce lieu, aux hommes qui s’y trouvaient à ce moment.
«Comme on était déjà au milieu de la fête», Jésus se montre publiquement. Il monte au temple et il y enseigne (v. 14). Et même, «Jésus… criait dans le temple» (v. 28). Mais ses paroles irritent ses adversaires. «Ils cherchaient donc à le prendre ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue» (v. 30).
«Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre» (v. 37, 38).
Si nous sommes de ces bienheureux qui sont venus à lui, qui ont cru en lui et qui ont été désaltérés par l’eau qu’il donne, suivons son exemple dans nos rapports avec le monde. C’est ainsi seulement que des fleuves d’eau vive pourront jaillir vers des âmes assoiffées.


4. 3 Chapitre 3 — Le croyant et le péché — Romains 6
1. 3.1 Le péché et les péchés
Lors de notre nouvelle naissance, nous saisissons par la foi que Jésus Christ est mort pour nos péchés. «Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures» (1 Cor. 15:3). «Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2:24). «Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu» (3:18). Par son sacrifice, nous sommes délivrés de notre culpabilité devant Dieu, nous sommes «justifiés», nous avons «la paix avec Dieu» et nous sommes amenés dans sa «faveur» (Rom. 5:1, 2). C’est un premier aspect, essentiel, de l’oeuvre de Christ. La connaissance de cela, par la foi, fait le bonheur de ceux qui ont reçu Jésus comme leur Sauveur.
Toutefois, l’Écriture nous apprend que l’oeuvre de Christ à la croix n’a pas seulement réglé la question des péchés ; elle a réglé aussi celle du péché. Dans plusieurs passages, le mot «péché», au singulier, désigne le principe de mal qui se trouve dans l’homme depuis la chute. C’est la source qui produit «les péchés». Le figuier produit des figues, l’olivier des olives, et «le péché» «des péchés». L’épître aux Romains, jusqu’au milieu du chapitre 5, traite des péchés. Depuis là jusqu’à la fin du chapitre 8, elle s’occupe du péché (voir note Rom. 5:12).
Comment Dieu a-t-il réglé la question du péché ? «Celui qui n’a pas connu le péché» — c’est de Christ qu’il s’agit, bien sûr ! — «il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui» (2 Cor. 5:21). Mystère profond ! Cette chose abjecte qu’est le péché… Christ l’a aussi prise sur lui à la croix. Il a été «fait péché», traité par Dieu comme le péché. Et qu’est-ce que le Dieu saint devait faire de ce péché ? Le juger sans miséricorde ! Il a «condamné le péché dans la chair» (Rom. 8:3). D’un côté, la crucifixion de Christ était l’acte par lequel l’homme manifestait son état irrémédiable de révolte contre Dieu. Et d’un autre côté, c’est à la croix que Dieu a jugé le péché comme il devait l’être, dans la personne de notre Substitut, c’est-à-dire de Celui qui avait pris notre place. Dieu a dû abandonner, durant les trois heures de ténèbres, Celui qui portait nos péchés, et qui était fait péché pour nous. À cause de la position qu’il prenait alors, toute la colère de Dieu a été sur lui, bien qu’il ait été le Saint et le Juste.

Oui, ton divin amour, dans ses plans adorables,
Pour nous soustraire à notre sort
Abandonna ton Fils aux coups inexorables
Du jugement et de la mort.

Jamais oeil ne verra chose plus merveilleuse
Que la croix, où fut attaché
Le Prince de la vie, à l’heure ténébreuse
Où Dieu condamna le péché.
(Hymnes et Cantiques, N° 172)
2. 3.2 Notre vieil homme crucifié
Nous allons maintenant parcourir le chapitre 6 de l’épître aux Romains.
Le point de départ de l’enseignement de l’apôtre dans ce chapitre, c’est un mauvais usage que l’on pouvait faire de la grâce qu’il annonçait. En écrivant, comme il venait de le faire : «là où le péché abondait, la grâce a surabondé» (5:20), encourageait-il le péché ? Il pose donc la question : «Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ?» (v. 1), et il la répète sous une autre forme un peu plus loin : «Quoi donc ! pécherions-nous, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce ?» (v. 15). Voici sa réponse : «Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ?» (v. 2). Ici apparaît une expression d’une importance capitale : nous sommes morts au péché. La croix de Christ a opéré une rupture totale entre nous et le péché. Quelle contradiction ce serait, si nous marchions encore dans le péché !
«Morts au péché…» — Nous voici devant une expression difficile à comprendre. Et nous avons grand besoin de l’opération de Dieu dans nos coeurs et dans nos esprits pour y entrer quelque peu, et toujours davantage. Mais la suite du chapitre va nous aider.
«Nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort» (v. 5). Cette identification constitue la base de l’enseignement que nous avons ici. Christ est mort ; il est mort «au péché» (v. 10). Parce que nous sommes liés à lui, nous sommes morts au péché. Le baptême est le signe de cette mort : «Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ?» (v. 3).
Le fait que Christ soit mort, non seulement «pour nos péchés», mais aussi en étant «fait péché» pour nous, a une portée immense. Si d’une part nos péchés ont été effacés, d’autre part, ce que nous étions par naissance, notre vieil homme, a été crucifié avec Christ. Dieu le considère comme mort, cloué à la croix, jugé entièrement et définitivement :
«Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché» (v. 6).
La grande vérité présentée ici, c’est que le croyant n’est plus devant Dieu dans la condition où il était avant sa conversion. L’homme pécheur qu’il était alors a été condamné à la croix, crucifié avec Christ.
L’Ancien Testament nous montre l’homme mis à l’épreuve de différentes façons, sans loi, sous la loi, objet des soins et de la bonté de Dieu, ou sous sa discipline. Le résultat invariable de cette épreuve, confirmé de façon définitive par le rejet de Christ, c’est que l’homme est irrémédiablement mauvais. En conséquence, Dieu l’a condamné et mis de côté. Ceci a eu lieu à la croix, mais le prophète Ésaïe l’avait déjà annoncé : «Finissez-en avec l’homme, dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui ?» (És. 2:22).
Lorsque nous avons passé par la nouvelle naissance, nous n’avons peut-être pas saisi tous les aspects du changement qui a eu lieu. Devant Dieu, notre vie d’enfants d’Adam a pris fin. Nous avons reçu une nouvelle vie, ayant été engendrés par Dieu lui-même. Un nouvel homme a été créé. C’est dans cette nouvelle condition que nous nous trouvons devant lui.
Le «corps du péché» (v. 6) n’est pas notre corps physique. C’est un corps moral dont les membres sont moraux. Nous trouvons ceux-ci en Colossiens 3:5, dans une liste non exhaustive : «la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité». Ce passage, en effet, nous présente ces choses comme étant nos «membres qui sont sur la terre». «Notre vieil homme», donc, «a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé».
Notre identification à Christ dans sa mort a un but pratique : c’est «pour que nous ne servions plus le péché».
«Le péché» — la source qui produit les péchés — est présenté dans ce chapitre 6 comme un tyran auquel nous étions asservis : «Vous étiez esclaves du péché» (v. 17 et 20). Le Seigneur avait déjà dit : «Quiconque pratique le péché est esclave du péché» (Jean 8:34). Mais par la mort de Christ, cet esclavage, cette obligation de servir le péché, a pris fin. «Le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce» (v. 14).
La mort de Christ, qui entraîne avec elle la crucifixion du vieil homme, nous introduit donc dans la liberté. Nous avons «été affranchis du péché» (v. 18 et 22). L’affranchissement, c’est le terme même qui décrit la libération de la condition d’esclave. «Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant» (Gal. 5:1).
Concrètement, cela signifie que le chrétien n’est jamais obligé de pécher. Si le vieil homme prétend réclamer des droits, souvenons-nous qu’il n’en a aucun. Il pourrait nous arriver de considérer avec indulgence, comme quelque chose d’inévitable, certaines manifestations du péché qui habite en nous : ce serait nier dans la pratique l’enseignement qui nous est donné ici. L’Écriture reconnaît bien que nous pouvons nous «laisser surprendre par quelque faute», que «nous faillissons tous à plusieurs égards», et elle nous indique le chemin à suivre lorsqu’il en a été ainsi : confesser à Dieu nos manquements (Gal. 6:1 ; Jacq. 3:2 ; 1 Jean 1:9). Mais jamais nous ne sommes dans l’obligation de pécher.
Dans les onze premiers versets du chapitre 6, on trouve six ou sept fois, sous différentes formes, la mention de notre mort avec Christ. Au verset 6, il y a la déclaration : «notre vieil homme a été crucifié avec lui». Mais celle-ci n’implique en aucune façon que le vieil homme n’existe plus. S’il en était ainsi, il faudrait aussi conclure, puisque «nous sommes morts avec Christ», que nous n’existons plus !
3. 3.3 Nous tenir pour morts au péché
Notre mort avec Christ est un fait accompli. Cela a eu lieu entièrement en dehors de nous, à la croix de Christ, et nous avons à le recevoir par la foi, de la même manière que nous avons cru le témoignage de Dieu concernant le pardon de nos péchés. Dieu nous dit ce qu’il a fait de nous et nous avons à l’accepter. C’est pourquoi l’apôtre dit ici :
«Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (v. 11).
J’ai donc à me tenir pour mort, sans me demander si je le sens ou si je le vois.
Ce verset 11 introduit aussi une autre pensée, une pensée qui tient une place importante dans ce chapitre : celle de la vie. Christ est mort, mais il a été «ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père» (v. 4). Et s’il y a une identification «avec lui dans la ressemblance de sa mort», il y en a aussi une «dans la ressemblance de sa résurrection» (v. 5). Et cela, afin que «nous marchions en nouveauté de vie». Nous participons à la vie de Christ ressuscité. Délivrés de l’esclavage du péché, nous pouvons vivre pour Dieu, nos vies entières étant pour ainsi dire orientées vers lui. Nous pouvons suivre en cela les traces de notre Sauveur : «Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu (v. 10).
On remarque ici l’expression «mort au péché», utilisée déjà au verset 2, et qui peut être rapprochée des expressions «mort à la loi» ou «mort au monde». Elle est à peu près équivalente à : mort relativement au péché. Christ est venu «pour le péché» (8:3). Il avait une oeuvre à accomplir à l’égard du péché, une oeuvre qui nécessitait sa mort, et il l’a accomplie une fois pour toutes. Ainsi il est mort au péché. Maintenant qu’il est ressuscité, il n’a plus rien à faire avec le péché, et «il vit à Dieu» c’est-à-dire pour Dieu. Qu’il en soit ainsi de nous aussi !
L’exhortation «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché» n’aurait pas sa raison d’être si ce que nous avons à tenir pour mort ne tendait pas à montrer des signes d’activité. Cette exhortation met donc en évidence le double aspect du vieil homme : d’une part crucifié et d’autre part toujours prêt à se manifester.
Il est essentiel de bien voir que ce qui tend à produire le mal chez le croyant n’est rien d’autre que ce que Dieu a condamné et crucifié. Notre foi en cette «crucifixion» est ce qui nous permet de porter un jugement juste sur le mal qui peut germer en nous-mêmes — un jugement impitoyable, à l’unisson de celui que Dieu a prononcé. De plus, cela ouvre la voie à une vie pratique dans laquelle le vieil homme est tenu dans la mort.
4. 3.4 Nous livrer à Dieu
«Ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice» (v. 13).
Après l’exhortation «Tenez-vous vous-mêmes…», voici l’exhortation «Livrez-vous vous-mêmes…». La possibilité de nous livrer nous-mêmes suppose que nous sommes dans une position de liberté, et il en est bien ainsi puisque nous avons été «affranchis». C’est la liberté de la grâce dans laquelle nous sommes, car «nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce» (v. 15 ; cf. v. 14). «Cette grâce dans laquelle vous êtes est la vraie grâce de Dieu» (1 Pierre 5:12).
L’homme sous la loi était contraint d’accomplir la volonté de Dieu, de se plier à une volonté contre laquelle les tendances de sa nature s’élevaient toujours. Le chrétien, étant placé sous la grâce, dans la liberté, est encouragé à se livrer à Dieu, à se mettre à la disposition de Dieu, pour le servir. C’est l’exhortation de base que nous retrouvons au début de la partie pratique de l’épître, au chapitre 12: «Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent» (v. 1). Ne songeons pas à servir Dieu en travaillant beaucoup pour lui selon nos propres idées et selon notre propre volonté. Mais mettons à sa disposition nos membres, nos facultés, nos corps, nous-mêmes, dans un esprit d’obéissance (v. 16). Dans la mesure où nous nous tiendrons pour morts au péché et vivants à Dieu, il pourra employer utilement ce que nous lui avons livré.
Ce chapitre 6 de l’épître aux Romains nous présente donc les grands faits sur la base desquels le croyant peut marcher en nouveauté de vie. Mais il ne mentionne pas la puissance qui nous est absolument indispensable pour réaliser une telle marche : celle du Saint Esprit. Ce sujet sera présenté au chapitre 8 de l’épître, dont nous nous occuperons plus loin.

5. 4 Chapitre 4 — La chair et l’Esprit — Galates 5
1. 4.1 Liberté et servitude
Les Galates avaient reçu l’évangile par le ministère de l’apôtre Paul lui-même (4:13-15). Puis, des docteurs étaient venus les troubler — des gens qui voulaient «pervertir l’évangile du Christ» (1:7). Ces gens s’efforçaient d’amener, ou de ramener, les chrétiens «aux faibles et misérables éléments» du judaïsme (*) (4:9-11). En grande perplexité à leur sujet, l’apôtre leur écrit la lettre solennelle que nous possédons. Il leur montre qu’en se plaçant sous la loi, ils se séparaient «de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ», ils étaient «déchus de la grâce» (5:4). Aujourd’hui encore, bien des chrétiens, hélas ! se placent sous ce même joug, celui du légalisme.

(*) Le judaïsme, c’est le système juif (cf. Gal. 1:13, 14).
«Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant ; tenez-vous donc fermes, et ne soyez pas de nouveau retenus sous un joug de servitude» (5:1). L’homme qui n’a pas passé par la nouvelle naissance est esclave du péché. Les Juifs, en outre, étaient dans la servitude de la loi donnée autrefois par Moïse. De l’un et de l’autre de ces esclavages, la mort de Christ affranchit tous ceux qui ont cru en lui.
Christ, donc, «nous a placés dans la liberté en nous affranchissant», en nous libérant de toute servitude (5:1). Mais il y a un autre danger que celui du légalisme. Notre chair serait bien disposée à prendre occasion de la liberté pour faire ce qui lui plaît. «Vous avez été appelés à la liberté ; seulement n’usez pas de la liberté comme d’une occasion pour la chair» (v. 13). Prenons garde ! Si nous la laissons agir, elle suivra ses désirs et se manifestera, à notre honte.
2. 4.2 Le combat entre la chair et l’Esprit
Dans quelques passages, le mot chair désigne simplement le corps humain, sans aucun sens péjoratif. Par exemple : «Dieu a été manifesté en chair» (1 Tim. 3:16) ou «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi» (Gal. 2:20).
Mais, dans la plupart des passages du Nouveau Testament où ce mot est employé, la chair est le terme spécifique qui évoque l’homme dans son caractère naturel de faiblesse et de péché.
L’Écriture nous présente la chair comme quelque chose d’actif, même dans le croyant. Elle convoite (Gal. 5:17), elle a des pensées (Rom. 8:6, 7 ; Col. 2:18), elle a une volonté (Éph. 2:3). Mais va-t-elle dominer la vie de celui que Christ a racheté ?
Il y a dans le croyant une autre source de désirs et d’activité, une source de bien ; c’est le Saint Esprit dont il a été scellé (Éph. 1:13) et qui habite en lui (Rom. 8, 11). L’apôtre Paul nous exhorte : «Soyez remplis de l’Esprit» (Éph. 5:18). Posséder le Saint Esprit comme un hôte qui habite en nous est une chose, en être remplis en est une autre. La première est la part de tous les vrais chrétiens ; la seconde est l’heureux état de ceux qui le laissent agir et manifester sa puissance. L’action du Saint Esprit dans un croyant n’est pas indépendante de son état spirituel. Par l’état de notre coeur, nous pouvons attrister cet hôte divin et l’empêcher d’agir. D’où l’exhortation : «N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption» (Éph. 4:30). Etienne est un bel exemple d’un homme plein de l’Esprit Saint (Act. 6:5, 10 ; 7:55).
«Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair» (Gal. 5:16). «Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit» (v. 25). Sans aucun doute, le Saint Esprit a toute la puissance divine, et il peut agir souverainement quand il le veut et comme il le veut. Mais son action est liée à notre responsabilité de croyants, puisqu’il est dit ici : «Marchez…», «marchons…». Lorsque nous laissons le Saint Esprit agir, les convoitises de la chair sont tenues en échec.
«Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi» (v. 18). C’est un très grand privilège de pouvoir être conduit par l’Esprit. Les désirs du coeur sont en accord avec la volonté de Dieu et c’est une joie d’accomplir le bien. «C’est une joie pour le juste de pratiquer ce qui est droit» (Prov. 21:15). La motivation est tout autre que d’accomplir la loi.
«La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez» (v. 17). Ce passage, avec les versets qui suivent, nous présente très distinctement deux sources de pensées, d’actions ou de sentiments dans le croyant : la chair et l’Esprit. Ces deux sources «convoitent» l’une contre l’autre, ce qui amène nécessairement un combat intérieur. L’issue de ce combat, qui se livrera aussi longtemps que le croyant est sur la terre, n’a pourtant rien d’incertain. Si nous nous tenons dans la présence de Dieu, dans le jugement de nous-mêmes et dans la défiance de ce que peut produire notre coeur, nous profitons des ressources pleinement suffisantes que Dieu nous a données, et nous sommes vainqueurs. Si nous ne vivons pas près de Dieu, si nous faisons taire notre conscience, si nous comptons sur nos propres forces, nous allons à grands pas vers la chute. Remarquons bien que, selon ce verset 17, le but de l’action de l’Esprit en nous est que nous ne pratiquions pas les choses que nous voudrions, c’est-à-dire que notre chair voudrait. La puissance du Saint Esprit en nous est plus que suffisante pour tenir la chair en bride. Laissons-le donc agir !
3. 4.3 Les oeuvres de la chair et le fruit de l’Esprit
Les versets suivants décrivent ce que produisent ces deux sources qui sont en nous.
«Or les oeuvres de la chair sont manifestes, lesquelles sont la fornication, l’impureté, l’impudicité, l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les intrigues, les divisions, les sectes, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les orgies, et les choses semblables à celles-là» (v. 19-21).
Voilà ce dont la chair est capable, même chez le croyant ! Elle est une source active tendant à produire les choses les plus abominables. Savoir cela devrait nous tenir dans la crainte et dans l’humilité.
La chair n’est pa

Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message

Retourner vers « Évangélique »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 6 invités