Mythologie chrétienne

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L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
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Yeva Agetuya

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Re: re

Ecrit le 25 mars07, 04:55

Message par Yeva Agetuya »

lionel a écrit :De quelles vérités parles-tu, sauf ton respect ?

Je ne parle que de vérité historique, les mythologies et autres croyances populaires ne sont pas crédible, meme si je pense qu'il n'y a pas de fumé sans feu, mais que l'homme a une imaginationtellement débordante qu'il peut faire et défaire, tout cela pour une simple question de pouvoir, ce qu'il dit.
Parce qu'il faut que Mithra ait existé pour qu'on rende un culte à Mithra ?
Faut-il qu'Attis ait existé pour qu'on ait célèbré annuellement sa résurrection ?
Si tu pense que le concile de nicée n'a été constitué que de représentant Chrétiens, alors il me semble que tu te trompes. Il a été constitué a cause de la multitude de croyance dans rome et son empire qui mettait en conflit les hommes de religions différentes, et chaque représentant de chaque culte était invité a un brainstorming pour rassembler sous une meme bannière les hommes. Et si il n'y avait pas de pape a cette époque, et je te l'accorde car il n'était qu'évèque de Rome, il ne s'est pas déplacé, mais a envoyé dans ce concile des représentants.

Il est facile de critiquer sans savoir, et tu pourras me retourner la meme phrase, mais je cherche la vérité, et c'est par le discour ouvert, et le partage de connaissance dont je suis accro que cela peut se faire.
C'est incroyable de lire des trucs comme ça!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ier_concile_de_Nic%C3%A9e

lionel

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Ecrit le 25 mars07, 05:01

Message par lionel »

Arff, Wikipedia est un site simpas, mais est-il vraiment représentatif de l'histoire???

C'est ce qu'il prone, mais qui le dirrige???

Quand je consulte d'autres site(pour ne pas les siter) ils ne disent pas la meme chose. Et je préfère deux avis qui se rassemble plutot qu'un avis qui impose sa soit disant science de la vérité.

Je vais étudier encore la question posé et te dirai si j'ai tord. Je ne suis pas obtu, et aime la vérité, donc si j'ai tord je ferai mon mea culpa, mais avant je vais rechercher.

Merci de tes conseilles. Je ne prétends pas tout connaitre mais il me semblais que ce que j'ai écris plus haut était autantique.

Merci a toi de me poser des interrogations.

Yeva Agetuya

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Ecrit le 25 mars07, 05:08

Message par Yeva Agetuya »

Tu peux lire toutes les pages du Web sur le Concile de Nicée mais je serais bien étonné d'en trouver une où un érudit sérieux affirme que les prêtres d'Osiris, de Mithra, et des autres cultes y furent invités...

lionel

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Ecrit le 25 mars07, 05:12

Message par lionel »

ok, je fais mon Mea culpa, comment ais-je put écrire cela???

Je ne sais pas, un momnet d'égarement. Car Constantin ayant brandit la bannière de la croix du crist pour conquérir rome, je suis attristé de ma pauvre erreur.

Je te l'accorde, je me suis trompé.

Le concile de Nicé était bien un rassemblement de croyances chrétienne(sous l'influence de Constantin bien sur), et par contre il voulait rassembler les chrétiens sous la meme bannière.

Par contre sur le site suivant, il parle d'un pape. D'accord Wikipedia prétend avoir la sainte vérité. Que peux tu me dire sur la véracité de ce site alors? :

http://home.nordnet.fr/~caparisot/html/nicee.html

Merci de ta réponse, et merci de ne pas me prendre que pour un ignorant, et me respecter un petit peu, meme si parfois j'ai tord. Je suis a la recherche de la vérité, et c'est très difficile de trouver le chemin dans toutes les fictions qu'y ont été écritent et manipulées.

Yeva Agetuya

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Ecrit le 25 mars07, 05:26

Message par Yeva Agetuya »

Ce premier concile, donc, est réuni sur l'initiative de l'empereur Constantin, alors qu'en bonne logique, cela aurait dû être du ressort du pape. Mais, ici, il ne faut pas raisonner avec notre mentalité de catholique romain du XXIème siècle. Il faut bien l'admettre le pape, dans ces premiers conciles, était bien loin d'avoir le rôle prépondérant qu'il eût par la suite.
Voici un aveu honnête que l'évêque de Rome n'était qu'un évêque parmi d'autres à l'époque.

Tu n'es pas plus ignorant que le fus avant de m'instruire sur les Evangiles et que la majorité de la population à qui on enfonce dans le crâne que Jésus est un homme divinisé.

Les hommes divinisés n'existent pas. Jésus est un mythe. Et étant un mythe, il est réellement un dieu.

Libremax

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Ecrit le 25 mars07, 08:22

Message par Libremax »

Yeva Agetuya a écrit :Le docétisme n'est qu'un courant chrétien. Les modalités de la visite sur terre de Jésus ne remettent pas en cause le fond de la théologie.
S'il ne s'agit que de la résurrection d'un homme et non de celle d'un dieu, en quoi est-elle différente de celles de Lazare et des ressuscités de l'AT ?
Et comment, dans ces conditions, pourrait-elle appeler celle de chacun plus que ces autres résurrections ?
La résurrection de Jésus en tant qu'homme change radicalement le rapport à Dieu et à la résurrection. Elle ouvre la divinité à l'humain : ce qui dans les croyances antérieures, était réservé aux dieux, est maintenant ouvert à tout être humain, à savoir l'accession à une pleine vie éternelle de la personne tout entière. Si Jésus n'était que Dieu, on retombait à peu près dans le même schéma qu'avant : la résurrection est une affaire divine; elle ne concerne pas les Hommes.
Les resurrections de Lazarre et de ceux de l'Ancien Testament ne sont pas du même ordre que celle de Jésus. Ce que voient Jésus après la résurrection, c'est Jésus dans sa vie éternelle. La résurrection de Lazarre, c'est le miracle d'un cadavre ramené à la vie. Il revient à la vie terrestre. Il se "réveille", et va mourrir à nouveau un jour. Ce n'est pas la même chose.
Dans le christianisme, le fidèle ressuscite avec son dieu grâce à une théophagie. C'est un perfectionnement de cette ancienne théologie. Et ce fut très vendeur.
Soyons clairs sur cette question. Le geste fondateur de Jésus, repris par les chrétiens, était un rituel traditionnel juif, dont la source se perd dans les origines païennes du peuple hébreu. Rituel qui se retrouve au moins sur tout le moyen orient jusqu'à la Grèce en passant par l'Asie, sans oublier , je crois, certains rites sud-américains, et j'en ignore d'autres encore, sans doute.
Alors, d'un strict point de vue sociologique, je ne peux pas vraiment vous donner tort:La théologie chrétienne reprend ici un aspect religieux commun à d'autres cultes.

Mais d'une part, Jésus et ses disciples instaurant une nouvelle relation à Dieu, on peut s'attendre à ce que soit utilisé comme signifiant de celle-ci un geste profondément inscrit dans la culture de cette partie du monde d'une part, et une habitude religieuse universelle d'autre part.
Par ailleurs, on ne peut réduire l' "accès" à la résurrection chez les chrétiens au simple fait de participer à l'eucharistie : Le Salut, pour eux, est un appel à la conversion entière et à l'adhésion de toute la personne dans tous ses actes, bien au delà de la simple théophagie.
Il est notoire que les Evangiles les plus anciens ignorent une naissance charnelle de Jésus.
Tout à fait notoire, parce que ce que vous appelez "évangiles les plus anciens" est à l'évidence une réaction devant le contenu choquant de l'évangile. Ce rejet de la naissance charnelle est l'un des versants de l'opposition à la "double nature" du Christ des Chrétiens. Selon ces évangiles, si les apôtres avaient vu Jésus ressuscité, alors c'est que celui-ci n'était pas un être humain. Je pense que l'absence de naissance charnelle exprimait cet aspect.
Les Epîtres sont antérieurs aux Evangiles dans lesquels plus les couches sont récentes, plus Jésus est homme. Plus le texte est ancien, plus Jésus est dieu.
Ce genre de considération est envisageable quand on traîte de documents dont les possibles retouches s'étalent sur des siècles, tels que le livre des rois ou le pentateuque.
Mais nous parlons là de textes qui ont été rédigés entre 50 et 100 (épîtres et évangiles confondus). Parler de "couches de rédaction" mettrait en opposition ces différents rédacteurs sur un thème beaucoup trop essentiel pour que ce soit imaginable: la vie de Jésus au milieu de ses disciples en tant qu'Homme. Et cet aspect est fondamental de l'Evangile, comme je le disais plus haut.

Votre théorie, si je vous comprend bien, est que le christianisme résulte d'un gnosticisme s'appuyant sur les "prophéties" de l'Ancien Testament et sur la destruction du Temple. Mais voilà: au coeur de la doctrine orthodoxe que vous contestez, il y a la résurrection d'un homme né et mort comme vous et moi, un homme qui est Dieu aussi. C'est un aspect qui est en total désaccord avec le gnosticisme mais aussi le judaïsme, et toutes les philosophies de ce temps là.
Lc 13.34 Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes... et vous n'avez pas voulu !
Vous interprêtez la critique de Jésus dans les évangiles à l'égard du Temple comme le trait d'une religion proposant une nouvelle voie après la ruine de 70. Il est certain que le christianisme, comme beaucoup de courants de l'époque, s'inscrivait dans un désir d'émancipation religieuse et politique envers le clergé judéen et la centralisation du culte. Il est vrai que Jésus fait écho aux martyres de plusieurs prophètes. Et à ce titre, vous avez tout à fait raison de citer le passage d'Isaïe, qui s'exprime un peu de la même manière que lui :
...
59.2 Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation Entre vous et votre Dieu; Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face Et l'empêchent de vous écouter.
59.3 Car vos mains sont souillées de sang, Et vos doigts de crimes; Vos lèvres profèrent le mensonge, Votre langue fait entendre l'iniquité.
59.4 Nul ne se plaint avec justice, Nul ne plaide avec droiture; Ils s'appuient sur des choses vaines et disent des faussetés, Ils conçoivent le mal et enfantent le crime.
...
Mais ici Isaïe ne s'exprime pas contre l'institution du Temple ni contre les prêtres, et ne s'exprime pas en tant que messie. Le messie attendu devait être le libérateur d'Israël, le successeur de David, de Salomon, de Josias! Il devait s'imposer au peuple comme roi. Et les derniers rois juifs formaient comme un aigle à deux têtes avec le Grand Prêtre de Jérusalem. Ce messie Jésus était donc pour le moins provocateur envers les représentants de Dieu en Palestine. Sa mort brisait l'espoir des courants qui désiraient voir les "choses changer" et sa résurrection était conceptuellement irrecevable pour la culture juive dans son ensemble.
Cette religion se targue d’être faite pour les humbles. Il est donc normal que son dieu soit né roturier.
En un sens, oui, je suis d'accord avec vous. Mais voilà précisément un point de plus qui fait de Jésus un Messie en contradiction avec les attentes du pays. Roturier il est né, roturier il est resté, trahi et crucifié par les Romains qui plus est (alors que le mois qu'on pouvait attendre de lui était qu'il en libérât la Palestine!). non seulement il insulte le clergé et les coutumes, meurt, laisse Jérusalem occupée, mais en plus on le dit ressuscité avec un corps. Toutes ces idées font de lui un candidat à la messianité complètement "nul", si vous me permettez, pour les Israélites.
En outre, le christianisme a vite fait de toucher aussi les notables et les puissants. Et on connaît l'opprobre que la crucifixion jetait sur ses adeptes. cette religion n'avait pas vocation à toucher seulement les humbles, mais tout homme. comme toute religion. Et pourtant elle diffusait des principes qui la vouaient un peu à l'échec.
Colossiens 2.13 Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses;
2.14 il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a détruit en le clouant à la croix;
2.15 il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix.
Vous avez bien raison de citer ce passage de Paul (ou "attribué" à Paul)pour montrer que le christianisme se définissait ausi comme une redirection du culte de Jérusalem, voire une émancipation, comme je l'évoquais plus haut.Et je pense que la destruction du Temple a sans doute joué un rôle essentiel dans la diffusion du message chrétien.
Ce que je voulais dire, c'est qu'on peut difficilement imaginer à mon avis la religion chrétienne, découlant uniquement de la destruction du Temple. Et cette lettre aux éphésiens est considérée comme ayant été écrite vers 80 alors que Paul a commencé à écrire ses premiers textes vers 51.
Non. La secte des saducéens pour qui le Temple était la demeure de Dieu a disparu à la suite de cette catastrophe. La secte des pharisiens pour qui la Loi comptait davantage a survécu.
Et une religion pour qui cela signifiait la fin de l’élection des Juifs et des prescriptions le séparant des autres peuples en est née et a prospéré..
Je ne vous suis pas à ce sujet. Non pas sur la disparition des sadducéens et le "sauvetage" du judaïsme par les pharisiens : ce que je voulais dire, c'est que l'établissement de la Torah en tant que détachement du territoire Judéen, en tant que "patrie portative", comme on dit, date du retour de l'Exil. De fait, les juifs étaient déjà dispersés et avaient déjà "en main" le moyen de s'affranchir du Temple. La destruction de 70 était une redite : ils étaient tout à fait à même d'en être privés.

Au contraire : il est ou l’un ou l’autre.
Apollon est un dieu et Evhémère est un homme.
Et Apollon n’est pas plus un homme divinisé que n’importe quel dieu.
Il n’y a donc aucune raison que Jésus soit un rabbin monothéiste divinisé par un autre rabbin monothéiste nommé Paul.

Et en quoi est-il antichrétien de dire que Jésus est un dieu ? Est-il antimithraciste de dire que Mithra est dieu et non un homme divinisé ? C’est au contraire la thèse des évhéméristes qui est antichrétienne : « Regardez comme vous êtes ridicules de prendre un prophète pour un dieu » disent les Juifs, les musulmans, les évhéméristes Renan, Loisy,
et Guignebert, et les imbéciles du genre Mordillat et Prieur.

Je me suis sans doute mal exprimé dans mon dernier message. Le problème dans le christianisme n'est pas de faire un dieu d'un quelconque prophète . Le problème est qu'il est considéré " ET homme, ET dieu ". Dieu et homme en même temps. ce n'st pas la même chose qu'une éventuelle divinisation d'un homme peut-être particulièrement séduisant qui serait devenu Apollon. Ni à fortiori avec la divinisation d'un dénommé Jésus, par Paul. Parce que ça n'a rien à voir, absolument rien: Paul n'a pas divinisé Jésus, ce ne serait pas comprendre ce qu'il raconte dans ses épîtres : Il parle bel et bien de Jésus, vrai homme et vrai dieu.
Et cette conception des choses a continuellement été rejetée : Dieu pour les uns, ça va, homme pour les autres, ça va, mais dieu et homme, personne ne le comprend. La thèse mythiste fait mieux : elle nie les deux!


Chèr Yeva Agetuya,
je dois vous dire que discuter de tout ça avec vous m'apporte énormément. Vous m'ouvrez les yeux sur la vigilance qu'il faut garder vis à vis des textes et des traditions transmises depuis des siècles sans qu'on ait forcément l'idée de les "sonder" un jour.

si vous me le permettez, j'aurais une question à vous poser:
Quand et pourquoi imaginez-vous qu'un jour quelqu'un eut la sombre idée de donner à un Jésus spirituel, divin, une existence charnelle?
Et de manière plus globale, pourriez-vous exposer comment, pour vous, est né le christianisme?

Yeva Agetuya

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Ecrit le 25 mars07, 13:43

Message par Yeva Agetuya »

Libremax a écrit : La résurrection de Jésus en tant qu'homme change radicalement le rapport à Dieu et à la résurrection. Elle ouvre la divinité à l'humain : ce qui dans les croyances antérieures, était réservé aux dieux, est maintenant ouvert à tout être humain, à savoir l'accession à une pleine vie éternelle de la personne tout entière. Si Jésus n'était que Dieu, on retombait à peu près dans le même schéma qu'avant : la résurrection est une affaire divine; elle ne concerne pas les Hommes.
Au second siècle, il y a belle lurette que les Egyptiens accédaient à la vie éternelle. Et une bonne partie des Gréco-Romains allaient gambader aux Champs Elysées, les Germains au Walhalla, et les Celtes dans les Iles des Bienheureux.
Pour en revenir à Jésus lui-même, il ne peut être ressuscité charnellement. Cela conduit à une impasse théologique puisque le fait de manger du poisson le rend aux contraintes des mortels, à savoir gagner sa nourriture à la sueur de son front et être soumis à toutes sortes de souffrances.
Les résurrections de Lazare et de ceux de l'Ancien Testament ne sont pas du même ordre que celle de Jésus. Ce que voient Jésus après la résurrection, c'est Jésus dans sa vie éternelle. La résurrection de Lazarre, c'est le miracle d'un cadavre ramené à la vie. Il revient à la vie terrestre. Il se "réveille", et va mourir à nouveau un jour. Ce n'est pas la même chose.
Ceci est une contorsion théologique due aux remaniements des Evangiles. L’Evangile précise que Lazare est ressuscité le quatrième jour. Ceci est directement lié au fait que Jésus est ressuscité le troisième jour. Donc c’est un Jésus ressuscité qui à son tour ressuscitait Lazare dans les premières moutures des Evangiles.
Soyons clairs sur cette question. Le geste fondateur de Jésus, repris par les chrétiens, était un rituel traditionnel juif, dont la source se perd dans les origines païennes du peuple hébreu
Et on peut même ajouter que parmi les anciens dieux des Hébreux, il y avait un dieu solaire qui portait le même nom que le vôtre : Josué.

Mais s’il y a coïncidence entre les produits utilisés, le sens n’est pas du tout le même.
Rituel qui se retrouve au moins sur tout le moyen orient jusqu'à la Grèce en passant par l'Asie, sans oublier , je crois, certains rites sud-américains, et j'en ignore d'autres encore, sans doute.
Alors, d'un strict point de vue sociologique, je ne peux pas vraiment vous donner tort:La théologie chrétienne reprend ici un aspect religieux commun à d'autres cultes.
A la différence de Frazer, je n’irai pas quérir trop de ressemblance entre les cultes de peuples qui ne se sont jamais connus.
Mais d'une part, Jésus et ses disciples instaurant une nouvelle relation à Dieu, on peut s'attendre à ce que soit utilisé comme signifiant de celle-ci un geste profondément inscrit dans la culture de cette partie du monde d'une part, et une habitude religieuse universelle d'autre part.
Et au nom de quoi Jésus instaurerait-il une Nouvelle Alliance ? Si ce n’était qu’un Luther juif, cela n’aurait pas de sens. Pour pouvoir affirmer que l’Ancienne Alliance est morte, il faut au moins une preuve aussi manifeste que la destruction du Temple. C’est pour cela que cette théologie est forcément postérieure à cet événement.
Par ailleurs, on ne peut réduire l' "accès" à la résurrection chez les chrétiens au simple fait de participer à l'eucharistie : Le Salut, pour eux, est un appel à la conversion entière et à l'adhésion de toute la personne dans tous ses actes, bien au delà de la simple théophagie.
On trouve la même chose dans le culte d’Osiris et dans les mystères d’Eleusis.
Le christianisme n’invente donc rien là non plus. Son innovation est de placer au premier siècle un événement que les autres religions plaçaient au commencement du monde.
Tout à fait notoire, parce que ce que vous appelez "évangiles les plus anciens" est à l'évidence une réaction devant le contenu choquant de l'évangile. Ce rejet de la naissance charnelle est l'un des versants de l'opposition à la "double nature" du Christ des Chrétiens. Selon ces évangiles, si les apôtres avaient vu Jésus ressuscité, alors c'est que celui-ci n'était pas un être humain. Je pense que l'absence de naissance charnelle exprimait cet aspect.
Négatif. Dans les couches les plus anciennes des Evangiles, Jésus descend du ciel à l’état adulte (« Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel » Jn 3.13)
Mais comme le christianisme est passé progressivement du stade de construction théologique de cercles gnostiques à celui de croyance plus populaire, il a fallu de plus en plus humaniser ce dieu.
Ce genre de considération est envisageable quand on traîte de documents dont les possibles retouches s'étalent sur des siècles, tels que le livre des rois ou le pentateuque.
Mais nous parlons là de textes qui ont été rédigés entre 50 et 100 (épîtres et évangiles confondus).
Il est impossible que les Epîtres soient antérieurs à 70 car ils supposent que la fin du monde est imminente. Or Ezéchiel écrit que le Temple est bâti pour l’éternité. Si Paul et les Evangélistes avaient écrit leurs textes avant 70, on y trouverait une réfutation de cette objection. Or on n’en trouve aucune trace. Donc personne ne leur a fait cette objection. Donc Titus et Hadrien étaient déjà passés par là.
Parler de "couches de rédaction" mettrait en opposition ces différents rédacteurs sur un thème beaucoup trop essentiel pour que ce soit imaginable: la vie de Jésus au milieu de ses disciples en tant qu'Homme. Et cet aspect est fondamental de l'Evangile, comme je le disais plus haut.
Mais lisez donc Marc et voyez comme les douze apôtres y sont inertes. Il a donc existé une version où un Jésus sans apôtres s’adressait directement aux foules.
Et puis il a existé une version avec 5 apôtres, puis 12 voire 72 dont il reste des traces.
En plus on nous montre un Paul répandant sa doctrine en se passant bien d’avoir rencontré un Jésus terrestre. Aucun Evangéliste ne dit tenir son Evangile directement du Christ et avoir été témoin des événements qu’il relate. Mais pour asseoir leur autorité, il fallait bien que les différentes églises inventent une chaîne de transmission de Jésus jusqu’à elles à une époque où les simples visions à la Paul ne suffisaient plus.

Notez aussi que les noms des apôtres sont théologiques : chacun se rattache à un des douze fils de Jacob avec naturellement Judas dans le rôle du traître, Juda ayant fait le coup quelques siècles plus tôt avec un Joseph qui valut son nom au père de Jésus pour être rattaché à celui-ci.
Votre théorie, si je vous comprends bien, est que le christianisme résulte d'un gnosticisme s'appuyant sur les "prophéties" de l'Ancien Testament et sur la destruction du Temple. Mais voilà: au coeur de la doctrine orthodoxe que vous contestez, il y a la résurrection d'un homme né et mort comme vous et moi, un homme qui est Dieu aussi. C'est un aspect qui est en total désaccord avec le gnosticisme mais aussi le judaïsme, et toutes les philosophies de ce temps là.
Mais le christianisme est un syncrétisme. La remontée du pays des morts, vous l’avez dans les mystères orphiques. Le Christ de Paul est entièrement céleste : il a été crucifié par les chefs des Eons qui sont des personnages gnostiques. Ensuite, il est ressuscité et est apparu à un autre personnage gnostique appelé l’Ectrôme, et puis il lui est apparu. Vous n’avez pas besoin de nos Evangiles pour étayer cette théologie.
Vous pouvez même trouver des traces d’un scénario différent de la version actuelle : Jésus descend du ciel, est crucifié, descend aux Enfers, ressuscite, et se met ENSUITE à prêcher la « bonne nouvelle » qu’est sa résurrection. Car l’Evangile de Marc commençait ainsi :
« Jésus disait: Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. »
Pour que le temps soit accompli, il faut que le Temple ne soit plus et la Bonne Nouvelle est sa résurrection d’entre les morts.
Vous interprêtez la critique de Jésus dans les évangiles à l'égard du Temple comme le trait d'une religion proposant une nouvelle voie après la ruine de 70. Il est certain que le christianisme, comme beaucoup de courants de l'époque, s'inscrivait dans un désir d'émancipation religieuse et politique envers le clergé judéen et la centralisation du culte. Il est vrai que Jésus fait écho aux martyres de plusieurs prophètes. Et à ce titre, vous avez tout à fait raison de citer le passage d'Isaïe, qui s'exprime un peu de la même manière que lui :
…………
Mais ici Isaïe ne s'exprime pas contre l'institution du Temple ni contre les prêtres, et ne s'exprime pas en tant que messie.
Vous n’avez sans doute pas bien lu :

1.10 Écoutez la parole de l'Éternel, chefs de Sodome! Prête l'oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe!
1.11 Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices? dit l'Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs.
1.12 Quand vous venez vous présenter devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis?
1.13 Cessez d'apporter de vaines offrandes: J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.
1.14 Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes; Elles me sont à charge; Je suis las de les supporter.
1.15 Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas: Vos mains sont pleines de sang.
1.16 Lavez-vous, purifiez-vous, Otez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions; Cessez de faire le mal.
1.17 Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve.
1.18 Venez et plaidons! dit l'Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; S'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine.
Le messie attendu devait être le libérateur d'Israël, le successeur de David, de Salomon, de Josias! Il devait s'imposer au peuple comme roi. Et les derniers rois juifs formaient comme un aigle à deux têtes avec le Grand Prêtre de Jérusalem.

Justement. Cela prouve bien que le christianisme n’est pas une simple branche du judaïsme.
Ce messie Jésus était donc pour le moins provocateur envers les représentants de Dieu en Palestine.
Ce messie Jésus ne pouvait donc qu’être Dieu lui-même en visite sur terre et non un petit agitateur juif.
Sa mort brisait l'espoir des courants qui désiraient voir les "choses changer" et sa résurrection était conceptuellement irrecevable pour la culture juive dans son ensemble.
Mais vous passez allègrement du Jésus, petit rabbin qui a raté son coup d’état, au Fils de Dieu vainqueur de la Mort
Vous n’avez pas l’impression qu’il existe un abîme infranchissable entre ces deux personnages ? Comment voulez que des Juifs monothéistes aient divinisé un autre Juif monothéiste ? C’est absurde !
En un sens, oui, je suis d'accord avec vous. Mais voilà précisément un point de plus qui fait de Jésus un Messie en contradiction avec les attentes du pays. Roturier il est né, roturier il est resté, trahi et crucifié par les Romains qui plus est (alors que le mois qu'on pouvait attendre de lui était qu'il en libérât la Palestine!). non seulement il insulte le clergé et les coutumes, meurt, laisse Jérusalem occupée, mais en plus on le dit ressuscité avec un corps. Toutes ces idées font de lui un candidat à la messianité complètement "nul", si vous me permettez, pour les Israélites.
Cela prouve bien que le christianisme n’est pas né au sein du judaïsme judéen du Ier siècle.
En outre, le christianisme a vite fait de toucher aussi les notables et les puissants. Et on connaît l'opprobre que la crucifixion jetait sur ses adeptes. cette religion n'avait pas vocation à toucher seulement les humbles, mais tout homme. comme toute religion. Et pourtant elle diffusait des principes qui la vouaient un peu à l'échec.
Il y avait sans doute des riches qui avaient peur de la mort et Clément d’Alexandrie a écrit pour eux « Quel riche sera sauvé ? » afin que les imprécations des Evangiles leur fassent moins peur. « Business is business » a dit Jésus dans un apocryphe restant encore à découvrir…
Vous avez bien raison de citer ce passage de Paul (ou "attribué" à Paul) pour montrer que le christianisme se définissait aussi comme une redirection du culte de Jérusalem, voire une émancipation, comme je l'évoquais plus haut.Et je pense que la destruction du Temple a sans doute joué un rôle essentiel dans la diffusion du message chrétien.
Ce que je voulais dire, c'est qu'on peut difficilement imaginer à mon avis la religion chrétienne, découlant uniquement de la destruction du Temple. Et cette lettre aux éphésiens est considérée comme ayant été écrite vers 80 alors que Paul a commencé à écrire ses premiers textes vers 51
Je vous ai répondu plus haut sur cette datation catéchétique des Epître de Paul (le cachet de la poste faisant foi, ce qui est la moindre des choses pour des écrits canoniques)

Et j’imagine difficilement le rabbin Paul abolissant la loi de Moïse et le culte du Temple sur la foi d’une simple vision et surtout ayant le toupet d’aller prêcher cela aux Juifs jusque dans leurs synagogues !

Tandis que s’il prêche au second siècle une explication de la ruine du judaïsme du Ier siècle et une option pour partir sur de nouvelles bases, il est beaucoup plus crédible.
Je ne vous suis pas à ce sujet. Non pas sur la disparition des sadducéens et le "sauvetage" du judaïsme par les pharisiens : ce que je voulais dire, c'est que l'établissement de la Torah en tant que détachement du territoire Judéen, en tant que "patrie portative", comme on dit, date du retour de l'Exil. De fait, les juifs étaient déjà dispersés et avaient déjà "en main" le moyen de s'affranchir du Temple. La destruction de 70 était une redite : ils étaient tout à fait à même d'en être privés.
Pas du tout. Les Juifs étaient peut-être partout mais ils envoyaient leur didrachme au Temple. Et ils devaient bien avoir des moyens de paiement pour les sacrifices minimaux qu’ils devaient accomplir en plusieurs occasions de la vie et nulle part ailleurs qu’au Temple.
Le Temple détruit, il faut revoir toute la Loi.
Je me suis sans doute mal exprimé dans mon dernier message. Le problème dans le christianisme n'est pas de faire un dieu d'un quelconque prophète . Le problème est qu'il est considéré " ET homme, ET dieu ". Dieu et homme en même temps. ce n'est pas la même chose qu'une éventuelle divinisation d'un homme peut-être particulièrement séduisant qui serait devenu Apollon. Ni à fortiori avec la divinisation d'un dénommé Jésus, par Paul. Parce que ça n'a rien à voir, absolument rien: Paul n'a pas divinisé Jésus, ce ne serait pas comprendre ce qu'il raconte dans ses épîtres : Il parle bel et bien de Jésus, vrai homme et vrai dieu.
Et cette conception des choses a continuellement été rejetée : Dieu pour les uns, ça va, homme pour les autres, ça va, mais dieu et homme, personne ne le comprend. La thèse mythiste fait mieux : elle nie les deux!
La thèse mythiste nie l’homme mais constate le dieu.
On peut être athée et définir avec objectivité ce qu’est un dieu comme j’ai tenté de le faire dans un autre fil. On peut même être déiste et considérer Jésus comme un mythe. Il y a même des Juifs croyants qui adoptent cette option.

Vos propos sur la nature réelle du Christ relèvent d’une querelle interne aux chrétiens qu’on trouve même dans les Evangiles ou un Jésus immatériel coexiste avec un Jésus matériel.
Mais que Bacchus ait aimé festoyer ou Apollon culbuter les bergères n’en fait pas moins des dieux qui jadis se sont mêlés aux mortels.
Cela ne suffit pas non plus à en faire des hommes divinisés.

Or si Jésus est le rabbin que décrivent plusieurs ouvrages en vogue, il n’a pas pu devenir dieu.
Mais si Jésus était un dieu qui gambadait sur les routes de Galilée au premier siècle, alors Apollon et Bacchus n’ont aucune raison d’être moins historiques que lui.
Et comme personne, même les chrétiens, ne croit à un Apollon et à un Bacchus historiques, il y aurait plus de mythistes si les données du problème étaient mieux connues du public.
Chèr Yeva Agetuya,
je dois vous dire que discuter de tout ça avec vous m'apporte énormément. Vous m'ouvrez les yeux sur la vigilance qu'il faut garder vis à vis des textes et des traditions transmises depuis des siècles sans qu'on ait forcément l'idée de les "sonder" un jour.
Je vous remercie. Echanger des arguments avec quelqu’un de cultivé m’est profitable aussi.
si vous me le permettez, j'aurais une question à vous poser:
Quand et pourquoi imaginez-vous qu'un jour quelqu'un eut la sombre idée de donner à un Jésus spirituel, divin, une existence charnelle?
Et de manière plus globale, pourriez-vous exposer comment, pour vous, est né le christianisme?
J’ai un petit exposé en réserve pour avoir déjà dû répondre à cela ailleurs.

En 37 avant JC, la dynastie juive des Maccabées est renversée par Hérode avec l’aide des Romains. Pour les détails :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Macchab%C3%A9es
Or il était écrit : Le sceptre ne s'éloignera point de Juda, ni le bâton souverain d'entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne le Schilo, et que les peuples lui obéissent. (Gn 49.10)

Comme Hérode n’était pas Juif, son accession au trône fut interprétée comme le signe de l’arrivée prochaine du Messie et un tas de fanatiques religieux fomentèrent des révoltes contre Hérode et ses successeurs. Hérode eut des partisans qui voyaient en lui le Messie puisque la prophétie ne précisait pas que ce Messie devait appartenir à la tribu de Juda.

En 66, ces rebelles écrabouillent l’armée d’Agrippa et massacrent les Romains résidant en Judée. Cette victoire finit par persuader de nombreux Juifs que Dieu est à leurs côtés et que les temps messianiques sont bien arrivés.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A ... 9o-romaine

En 70, les romains écrasent la révolte, incendient le Temple, et rasent Jérusalem.

D’un point de vue religieux, la destruction du Temple est une catastrophe cosmique à laquelle il fallu trouver une explication.

Une de ces explications fut que le Messie était venu mais que les Juifs ne l’avaient pas reconnu. Pour reconstituer sa vie, on se servit des prophéties qui avaient annoncé sa venue et on les agença en divers proto-Evangiles qui aboutirent à ceux qui finirent par triompher.

Naturellement, il fallut un certain délai car la première réaction était de croire à la fin du monde et à l’arrivée d’un messie céleste sur des nuées.

Et il faut compter avec le syncrétisme car la théophagie était-elle nécessaire à une telle théologie ?

Libremax

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Ecrit le 03 avr.07, 09:55

Message par Libremax »

Chèr Yeva Agetuya,
Vous m'excuserez le laps de temps qui s'est passé avant de vous répondre; j'ose espérer que vous accepterez de me lire et de m'en écrire encore quelque peu.

Votre raisonnement, quoique très honnêtement documenté, me semble encore tellement orienté par le souci de prouver le "gros mensonge de la Bible" qu'il pourrait manquer d'objectivité dans ses affirmations. Je ne peux pas vous en tenir rigueur : C'est exactement la même chose pour moi; il s'agit de ma foi, après tout, et je sens bien que je suis tenté de la défendre coûte que coûte.

Reprenons, si vous le voulez bien, quelques points de votre théorie (elle n'est pas seulement la vôtre, je l'entends bien):

Vous nous parlez de "premières moutures des évangiles".
"Ceci est une contorsion théologique due aux remaniements des Evangiles."

"Dans les couches les plus anciennes des Evangiles, Jésus descend du ciel à l’état adulte (« Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel » Jn 3.13)"

"Mais lisez donc Marc et voyez comme les douze apôtres y sont inertes. Il a donc existé une version où un Jésus sans apôtres s’adressait directement aux foules.
Et puis il a existé une version avec 5 apôtres, puis 12 voire 72 dont il reste des traces."

"Vous pouvez même trouver des traces d’un scénario différent de la version actuelle : Jésus descend du ciel, est crucifié, descend aux Enfers, ressuscite, et se met ENSUITE à prêcher la « bonne nouvelle » qu’est sa résurrection. Car l’Evangile de Marc commençait ainsi :
« Jésus disait: Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. »"

Je suis désolé, mais ces affirmations , telles que je les lis, peuvent tout à fait m'apparaître comme des détournements bien choisis dans l'optique de coller à votre démonstration. Vous vous doutez certainement que, de mon point de vue, je peux vous rétorquer des justifications. Vous partez du principe que les aspects "déistes" sont originels, donc, tous les passages des évangiles qui ressemblent à leur évocation en sont des "traces"...Ce n'est pas ça?

J'ai tout à fait conscience que si Jésus n'a pas existé, alors il y a un tel changement de paradygme à effectuer dans notre civilisation, qu'il n'est pas inimaginable que certains historiens et scientifiques se soient laissés inflencés par leur propre héritage culturel au détriment de leur objectivité.
Mais à l'inverse, ces affirmations sur les passages évangéliques "originels" sont si lourdes en conséquences qu'on ne saurait les avancer sans un travail colossal de comparaison entre toutes les sources, les manuscrits, les textes internes et externes qui sont à notre disposition. (à ce propos, je suis tombé sur un site d'étude de textes évangéliques : http://www.ebior.org/ , peut-être le connaissez-vous)
Etes vous au courant de tels travaux?


Ensuite, vous nous faites remarquer à plusieurs reprises combien le christianisme "n'a rien inventé". Je ne peux pas vous laisser dire ça.
Au second siècle, il y a belle lurette que les Egyptiens accédaient à la vie éternelle. Et une bonne partie des Gréco-Romains allaient gambader aux Champs Elysées, les Germains au Walhalla, et les Celtes dans les Iles des Bienheureux.
Oui, ok. Tout cela peut se résumer ainsi : depuis la nuit des temps, l'Homme espère une vie au-delà de la mort. Et toutes les religions tendent à la garantir. Mais en dehors du fait que la conception du séjour des "bienheureux" chez les grecs ou les germains, par exemple, était quelque peu élitiste, il y a un aspect dans le christianisme qui est, à mon sens, radicalement nouveau. C'est un aspect que vous avez soulevé et puis éludé:
Son innovation est de placer au premier siècle un événement que les autres religions plaçaient au commencement du monde.

Et ça change beaucoup de choses. Le christianisme se positionne, devant les autres religions d'alors, comme une "validation" des attentes de l'Humanité depuis le début. En affirmant que le Christ est né, mort et ressuscité d'entre les morts à telle période, sous tel empereur, tel procureur, etc., il annonce que cette fois ci, le Salut a été donné "réellement", à une date bien précise de notre Histoire, et non plus dans un passé qu'on a oublié et dont on n'a plus les traces : un passé mythiste.La précision des repères historiques, ici, a peu d'importance : Ceci n'est pas pour vous convaincre de l'historicité de l'Evangile (vous en conviendrez). Mais pour vous faire remarquer que, "remanié" ou non, le christianisme inaugure un repère nouveau dans la religion (hérité du judaïsme, c'est vrai) : la datation de l'oeuvre de Dieu, l'intervention de Dieu dans l'Histoire.
Vous me répondrez : "c'est précisément dans ce sens qu'ont été remanié les évangiles, en donnant notemment une naissance charnelle à Jésus; c'est pour le rendre plus présent!"

Mais ce n'est pas la seule nouveauté du christianisme.

Pour en revenir à Jésus lui-même, il ne peut être ressuscité charnellement. Cela conduit à une impasse théologique puisque le fait de manger du poisson le rend aux contraintes des mortels, à savoir gagner sa nourriture à la sueur de son front et être soumis à toutes sortes de souffrances.

Et pourtant c'est bien cela qui fait du christianisme quelquechose d'unique. Aux dépens de ses détracteurs, dont vous faites partie, c'est vrai, mais force est de le constater : la théologie chrétienne bouscule les autres, c'est à dire les théologies juive et paiennes, sur ce point. On peut tout à fait estimer que c'est absurde, incohérent, inimaginable, scandaleux. Mais il y a là quelquechose de nouveau.
Cette nouveauté, c'est l'affirmation de personnes qui disent avoir vu un homme revenu de la mort, qu'ils reconnaissent comme étant leur compagnon, pourvu d'un corps qui manifeste une liberté absolue sur le temps et sur l'espace.
Cet homme ayant parlé avec autorité du Dieu d'Israël et du Salut, donné une loi renouvelée, parlé de Dieu comme d'un "père", les chrétiens en concluent qu'il est, d'une manière ou d'une autre, Dieu en même temps qu'il était homme.
La résurrection devient du coup non plus une promesse, mais un appel à rejoindre cet homme dans sa divinité, avec toute la personne, y compris ce qui fait de nous des êtres d'échange, de rencontre et d'amour : un corps, ou une sorte de corps. Dieu se fait homme pour que l'Homme devienne Dieu.

Pardonnez moi ce tournant très catéchétique. Il ne visait pas à affirmer ma Foi, mais à dégager que le christianisme, qu'il fût construit de toute pièce ou non, propose des aspects complètement uniques de l'au-delà et de la religion.


Si j'ai bien compris la thèse mythiste, le christianisme serait né des pensées gnostiques qui ont réagi à l'effondrement du Temple. Un mouvement hérétique au sein du judaïsme, la gnose, elle-même circulant depuis quelque temps, aurait, en somme, accouché du premier modèle d'un "Christ" de la fin des temps. Notamment par l'entremise de Paul, qui proffesse un Christ intemporel, "éthéré", qui correspond aux attentes messianiques et apocalyptiques du moment. Il l'a vu en "vision". Après que la pensée gnostique se soit un peu développée, il se fait donc le prophète d'une nouvelle religion plutot vers le second siècle, qui va jusqu'à abolir la Loi Juive.
Elle se développe d'ailleurs dans plusieurs endroits, et peu à peu des écrits apparaissent, dont certains, comme celui de Marcion, commencent à évoquer la descente effective du Christ sur Terre, mais sans réel corps. Le temps passe, les visions spirituelles ne suffisent plus à attester du fondement de cette religion. On y ajoute alors des traditions inspirées du culte de Mithra, entre autre, pour attribuer au christ "Jésus" un jour de naissance à une date bien déterminée...Enfin, pour fixer et verrouiller l'ensemble, des autorités religieuses progressivement constituées vont avoir recours à une vaste opération de falsification, d'élimination et de création de documents pour asseoir leur doctrine sur des preuves prétendûment historiques.

C'est une théorie qui semble tenir plutôt debout, si tant est que les épîtres de Paul soient postérieures à 70, et que la naissance de ce "christ gnostique" soit antérieure à la croyance en l'Incarnation.

J'aimerais toutefois attirer votre attention sur le fait que Paul, de par ses origines et son milieu culturel, baignait dans la nébuleuse gnostique, quoi qu'il en soit. Trouver des assonnnances de ce type dans ses écrits (comme dans le quatrième évangile) ne constitue donc pas en soi un signe d'adhésion aux idées qui tournent autour du Démiurge, et des Eons. La gnose était un courant ample mais particulièrement polymorphe. Paul pouvait tout à fait être lui-même imprégné de ce mouvement de pensée en partageant certaines de ses structures sans pour autant contredire la pensée chrétienne dite "canonique". Dans cette même optique, on pourrait toujours prétendre que Paul, justement influencé par cette spiritualité dominante, en reprenait les schémas pour mieux faire passer l'Evangile dans ce qu'il avait, lui, d'unique.

La prétendue absence de prise en compte du Jésus terrestre dans les lettres de Paul peuvent, à mon sens, s'expliquer par la fonction pastorale de ces lettres, plutôt que catéchétique: Paul, à priori, s'adresse à des communautés qui ont déjà été converties et dont on peut imaginer qu'elles connaissent la vie de Jésus ou en tout cas le minimum nécessaire pour croire en lui.

Il faudrait aussi rappeler que selon la chronologie "canonique" de toute cette affaire, Paul n'a pas forcément d'évangile écrit en sa possession. On peut alors considérer, en plus des suggestions écrites plus haut, que Paul préfère s'appuyer sur sa réflexion mystique davantage que sur des actes ou paroles du Maître, qu'il ne connaît pas dans le détail, tout en restituant un évangile fidèle à ceux qui se transmettent encore oralement durant ces années.

Enfin, on dit que Paul ne parle jamais du Christ...Il fait quand même de sa mort, de son sang, de sa résurrection d'entre les morts, des sujets récurrents de ses lettres! Et il s'agit là tout de même des évènements centraux de sa vie. Et il n'en parle pas comme des faits purement spirituels, mais aussi bien réels. On sait aussi la place essentielle qu'il donne aux corps, dans la vie terrestre et dans la résurrection, idées qui s'opposent à ce qu'il y a de plus commun dans la pensée gnostique.

Il y aurait un autre point à éclaircir : Pourquoi l'Eglise aurait-elle conservé des écrits d'un auteur qui, selon les tenants de la thèse mythiste, était considéré comme hérétique (puisque les rares évocations de la crucifixion que fait tout de même Paul sont d'après eux rajoutées par souci d'harmonisation)? L'Eglise a depuis le début lutté de toutes se forces contre les hérésies de type gnostiques. Pourquoi aurait-elle conservé celle de Paul en la modifiant, plutôt que de l'écarter purement et simplement comme apocryphe, ce qu'elle n'a pas manqué de faire au cours de son histoire? Pourquoi, si non parce qu'elle n'était pas hérétique, justement?


Enfin, une question à mon avis énorme, mais toujours laissée de côté dans ce schéma : Pourquoi, d'un côté comme de l'autre, l'idée d'un Jésus corporel se serait-elle imposée? Et là il ne s'agit pas de la conception hébraïque de l'intervention de Dieu dans l'Histoire, mais bien de la croyance en Dieu fait homme, en Jésus, Dieu né charnellement, mort charnellement, et ressuscité avec un corps. Quand cette idée complètement saugrenue serait-elle apparue, et surtout pourquoi?
N'apparaît-il pas inévitable que ce concept soit rejeté, dévié, au profit de versions plus acceptables pour la raison humaine qui butte contre cette seule idée?


Je termine juste sur ce que vous me dites à propos de Jésus:

Mais vous passez allègrement du Jésus, petit rabbin qui a raté son coup d’état, au Fils de Dieu vainqueur de la Mort
Vous n’avez pas l’impression qu’il existe un abîme infranchissable entre ces deux personnages ? Comment voulez que des Juifs monothéistes aient divinisé un autre Juif monothéiste ? C’est absurde !

Eh bien justement, oui: c'est absurde et il y a un abîme infranchissable ! Sauf si c'est vrai. C'est l'hypothèse que je défends encore...


Et c'est une hypothèse que vous semblez vouloir combattre avec tellement d'opiniatreté (oui, vous allez me dire "mais non:je constate, c'est tout") que je me demande si nous sommes capables vous et moi d'être bien objectifs!
Pardonnez moi cette plaisanterie.

A vous lire bientôt.

Yeva Agetuya

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Ecrit le 07 avr.07, 04:39

Message par Yeva Agetuya »

Libremax a écrit :Chèr Yeva Agetuya,
Vous m'excuserez le laps de temps qui s'est passé avant de vous répondre; j'ose espérer que vous accepterez de me lire et de m'en écrire encore quelque peu.

Votre raisonnement, quoique très honnêtement documenté, me semble encore tellement orienté par le souci de prouver le "gros mensonge de la Bible" qu'il pourrait manquer d'objectivité dans ses affirmations. Je ne peux pas vous en tenir rigueur.
Primo, on peut dire que qu’un récit est mensonger en étant parfaitement objectif. Il suffit d’y analyser ce qui ne fonctionne pas. Voir tous les arguments contre Churchward et son continent de Mu, Raël et sa rencontre avec des Martiens, etc etc

Secundo, un récit peut être mensonger sans intention maligne. Je pense ne pas diffamer Jean de La Fontaine en refusant de croire qu’il a entendu un renard discuter avec un corbeau, ni diffamer Saint Exupéry en doutant qu’il ait rencontré un prince extraterrestre, ni diffamer Voltaire en clamant que les aventures de Micromégas sont une invention, etc

Si par contre un zigoto proclame que tous ces récits sont vrais et qu’en plus Dieu a créé le monde en sept jours, que la terre est plate, et qu’un déluge a autrefois englouti la terre, et qu’il faut croire tout cela au nom de l’autorité de la Bible, je lui dirai qu’il est un menteur ou un imbécile.
C'est exactement la même chose pour moi; il s'agit de ma foi, après tout, et je sens bien que je suis tenté de la défendre coûte que coûte.
Donc vous allez défendre des récits non parce qu’ils sont vrais mais parce que vous avez décidé qu’ils sont vrais. Et vous allez sans doute ajouter que toutes les aventures de dieux sont fausses sauf la vôtre en vous servant contre les autres mythes d’arguments dont vous niez la valeur quand ils sont opposés à la saga du petit Jésus.
Reprenons, si vous le voulez bien, quelques points de votre théorie (elle n'est pas seulement la vôtre, je l'entends bien):

Vous nous parlez de "premières moutures des évangiles".

Je suis désolé, mais ces affirmations , telles que je les lis, peuvent tout à fait m'apparaître comme des détournements bien choisis dans l'optique de coller à votre démonstration.
C’est du procès d’intention et de la mauvaise foi. Je vous décerne donc un brevet de bon chrétien puisque vous commencez ce débat par des insultes comme beaucoup d’autres que j’ai rencontré.

Il est évident que pour prouver un point précis, je vais prendre des passages précis. Et je constate que vous n’avez que l’insulte comme contre-argument. Cela ne risque pas de faire avancer le débat. Mais si vous fuyez ainsi, c’est qu’au fond de vous vous craignez que j’aie raison, quoi que vous en disiez.
Vous vous doutez certainement que, de mon point de vue, je peux vous rétorquer des justifications. Vous partez du principe que les aspects "déistes" sont originels, donc, tous les passages des évangiles qui ressemblent à leur évocation en sont des "traces"...Ce n'est pas ça?
Non ce n’est pas ça. Exemple : il y a plusieurs versions du recrutement des disciples par Jésus, mais on n’y voit jamais de disciples refuser ce choix parce qu’ils ont une famille à nourrir. Ceci parce que Jésus est dieu et qu’il est écrit « si vous entendez sa voix n’endurcissez pas vos cœurs ». Et il y a des miracles partout.

Ceux qui veulent prouver que Jésus était un rabbin et non un dieu sont obligés de bazarder ces miracles et toutes les prophéties. Or comment un obscure prophète sans miracles et sans biographie divine aurait-il pu devenir l’égal du Père ?
J'ai tout à fait conscience que si Jésus n'a pas existé, alors il y a un tel changement de paradigme à effectuer dans notre civilisation, qu'il n'est pas inimaginable que certains historiens et scientifiques se soient laissés inflencés par leur propre héritage culturel au détriment de leur objectivité.
Je tiens à vous faire remarquer que le personnage de Jésus n’intéresse pas les historiens mais les croyants, les fous de new-age, et quelques anti-cléricaux. Tous ces gens ont besoin d’un Jésus historique s’ils veulent y voir le fils de Dieu, un rabbin, un fou, un Atlante, ou un Martien.
Mais à l'inverse, ces affirmations sur les passages évangéliques "originels" sont si lourdes en conséquences qu'on ne saurait les avancer sans un travail colossal de comparaison entre toutes les sources, les manuscrits, les textes internes et externes qui sont à notre disposition. (à ce propos, je suis tombé sur un site d'étude de textes évangéliques : http://www.ebior.org/ , peut-être le connaissez-vous)
Etes vous au courant de tels travaux?
Ce site prouve Jésus par Flavius Josèphe et les reliques.
Cela permet de juger tout de suite de sa valeur…
Ensuite, vous nous faites remarquer à plusieurs reprises combien le christianisme "n'a rien inventé". Je ne peux pas vous laisser dire ça. Oui, ok. Tout cela peut se résumer ainsi : depuis la nuit des temps, l'Homme espère une vie au-delà de la mort. Et toutes les religions tendent à la garantir. Mais en dehors du fait que la conception du séjour des "bienheureux" chez les grecs ou les germains, par exemple, était quelque peu élitiste, il y a un aspect dans le christianisme qui est, à mon sens, radicalement nouveau. C'est un aspect que vous avez soulevé et puis éludé:
Absolument pas.
D’abord, trouvez moi où chez les Grecs et les Romains les esclaves étaient privés d’au-delà.
Et ensuite, le christianisme a commencé par être un mouvement encore plus élitiste réservant son paradis à 144.000 bienheureux.
Et ça change beaucoup de choses. Le christianisme se positionne, devant les autres religions d'alors, comme une "validation" des attentes de l'Humanité depuis le début. En affirmant que le Christ est né, mort et ressuscité d'entre les morts à telle période, sous tel empereur, tel procureur, etc., il annonce que cette fois ci, le Salut a été donné "réellement", à une date bien précise de notre Histoire, et non plus dans un passé qu'on a oublié et dont on n'a plus les traces : un passé mythiste. La précision des repères historiques, ici, a peu d'importance : Ceci n'est pas pour vous convaincre de l'historicité de l'Evangile (vous en conviendrez). Mais pour vous faire remarquer que, "remanié" ou non, le christianisme inaugure un repère nouveau dans la religion (hérité du judaïsme, c'est vrai) : la datation de l'oeuvre de Dieu, l'intervention de Dieu dans l'Histoire.
Sauf que vous oubliez plusieurs choses :
D’abord, votre dieu est censé être déjà intervenu dans l’Histoire en parlant à Abraham et en organisant l’Exode en des temps historiques (puisque vos curés n’en finissent pas de prouver que Moïse a vécu sous tel ou tel pharaon).
Et ensuite, que Dieu intervient sous forme de Jésus à la fin des temps. Ceci n’est pas précisément intervenir dans l’Histoire. Ou alors le crépuscule des dieux germanique relève aussi de l’Histoire.
Et le fait que la théologie évangélique se soit trompée là-dessus ne prouve pas que l’intention première des auteurs était juste de faire intervenir Dieu dans l’histoire.
Vous me répondrez : "c'est précisément dans ce sens qu'ont été remanié les évangiles, en donnant notemment une naissance charnelle à Jésus; c'est pour le rendre plus présent!"
Mais ce n'est pas la seule nouveauté du christianisme.
D’abord, l’incarnation d’un dieu n’était pas une nouveauté puisque que bien des héros sont issus d’amours charnelles de dieux et de mortelles.
Ensuite, le caractère charnel de Jésus est un point de vue des catholiques contre les gnostiques. C’est un argument théologique à usage interne.
Et le Jésus de Paul est tout à fait présent sans être charnel. De même que le Jésus que ses croyants dévorent depuis des siècles tous les dimanches.
Et pourtant c'est bien cela qui fait du christianisme quelquechose d'unique. Aux dépens de ses détracteurs, dont vous faites partie, c'est vrai, mais force est de le constater : la théologie chrétienne bouscule les autres, c'est à dire les théologies juive et paiennes, sur ce point. On peut tout à fait estimer que c'est absurde, incohérent, inimaginable, scandaleux.
Pure langue de bois.
Car avant que des maladroits introduisent ces contradictions dans les Evangiles, il y a eu des chrétiens pour avoir une croyance cohérente en disant ressusciter glorieusement sans être soumis à la faim, à commencer par Paul lui-même.

Et je ne connais pas de théologie païenne refusant l’incarnation d’un dieu et encore moins son indestructibilité.

Et le christianisme ne bouscule pas plus la théologie juive que l’islam ne bouscule les théologies juive et chrétienne. Chaque religion a sa cohérence interne et se moque des théologies des autres religions.
Mais il y a là quelquechose de nouveau.
Cette nouveauté, c'est l'affirmation de personnes qui disent avoir vu un homme revenu de la mort, qu'ils reconnaissent comme étant leur compagnon, pourvu d'un corps qui manifeste une liberté absolue sur le temps et sur l'espace.
Cela n’a rien de nouveau : Attis, Thamous, et Osiris sont ressuscités et Orphée a visité les Enfers bien avant le Christ.
Cet homme ayant parlé avec autorité du Dieu d'Israël et du Salut, donné une loi renouvelée, parlé de Dieu comme d'un "père", les chrétiens en concluent qu'il est, d'une manière ou d'une autre, Dieu en même temps qu'il était homme.
Vous récitez du catéchisme, mon pauvre ami.
« Dieu notre père » est dans Isaïe ch 64
Et « Zeus père des dieux et des hommes » est dans Hésiode.
La résurrection devient du coup non plus une promesse, mais un appel à rejoindre cet homme dans sa divinité, avec toute la personne, y compris ce qui fait de nous des êtres d'échange, de rencontre et d'amour : un corps, ou une sorte de corps. Dieu se fait homme pour que l'Homme devienne Dieu.
Ici, ce n’est même plus du catéchisme mais une hérésie d’apologistes catholiquesde la fin du XXème siècle. Aucun courant chrétien n’a jamais prétendu que l’homme était un dieu.
Pardonnez moi ce tournant très catéchétique. Il ne visait pas à affirmer ma Foi, mais à dégager que le christianisme, qu'il fût construit de toute pièce ou non, propose des aspects complètement uniques de l'au-delà et de la religion.
Allons donc ! S’il ne s’agissait pas d’affirmer votre foi, vous n’auriez pas employé ces formules. Et puisque que vous savez ce que je pense, vous n’affirmez votre foi qu’à vous-même, prenant un verre pour la route en craignant de vous apercevoir que votre foi n’est que de la foi.
Si j'ai bien compris la thèse mythiste, le christianisme serait né des pensées gnostiques qui ont réagi à l'effondrement du Temple. Un mouvement hérétique au sein du judaïsme, la gnose, elle-même circulant depuis quelque temps, aurait, en somme, accouché du premier modèle d'un "Christ" de la fin des temps. Notamment par l'entremise de Paul, qui professe un Christ intemporel, "éthéré", qui correspond aux attentes messianiques et apocalyptiques du moment.
Négatif. Il est un substitut à l’échec du messianisme juif.
Et ce n’est pas au sein du judaïsme mais dans la nébuleuse syncrétique pagano-juive qu’est née la gnose.
Il l'a vu en "vision". Après que la pensée gnostique se soit un peu développée, il se fait donc le prophète d'une nouvelle religion plutot vers le second siècle, qui va jusqu'à abolir la Loi Juive.
Il n’abolit pas la loi juive mais la constate morte du fait de l’impossibilité de pratiquer le culte à cause de la ruine du Temple. Naturellement, il ne peut attribuer à l’autorité de Titus la fin de la Loi. C’est donc un règlement de comptes entre puissances célestes.
Elle se développe d'ailleurs dans plusieurs endroits, et peu à peu des écrits apparaissent, dont certains, comme celui de Marcion, commencent à évoquer la descente effective du Christ sur Terre, mais sans réel corps. Le temps passe, les visions spirituelles ne suffisent plus à attester du fondement de cette religion. On y ajoute alors des traditions inspirées du culte de Mithra, entre autre, pour attribuer au christ "Jésus" un jour de naissance à une date bien déterminée..
La date de Noël est très tardive. Au début le cycle durait une année de Pâques à Pâques.
Puis le Christ s’est mis à vivre 77 ou 84 ans sur terre, puis 49 ou 33 ans. Mais les Pères disaient qu’un être parfait ne pouvaient avoir vécu qu’un nombre entier d’années pour justifier le maintient de Pâques face à ceux qui se mettaient à copier Mithra.
Enfin, pour fixer et verrouiller l'ensemble, des autorités religieuses progressivement constituées vont avoir recours à une vaste opération de falsification, d'élimination et de création de documents pour asseoir leur doctrine sur des preuves prétendûment historiques.
Cela n’a rien d’une vaste opération puisque l’affirmation de l’existence de tel ou tel document dépend de tel ou tel auteur. Ainsi l’existence des Actes de Pilate et la lettre de Pline sont affirmées par Tertuliien sans qu’aucun écrivain ecclésiastique – à ma connaissance – n’y fasse à nouveau allusion avant Eusèbe, ledit Eusèbe étant l’inventeur du Testimonium Flavianum.
C'est une théorie qui semble tenir plutôt debout, si tant est que les épîtres de Paul soient postérieures à 70, et que la naissance de ce "christ gnostique" soit antérieure à la croyance en l'Incarnation.

J'aimerais toutefois attirer votre attention sur le fait que Paul, de par ses origines et son milieu culturel, baignait dans la nébuleuse gnostique, quoi qu'il en soit. Trouver des assonances de ce type dans ses écrits (comme dans le quatrième évangile) ne constitue donc pas en soi un signe d'adhésion aux idées qui tournent autour du Démiurge, et des Eons. La gnose était un courant ample mais particulièrement polymorphe. Paul pouvait tout à fait être lui-même imprégné de ce mouvement de pensée en partageant certaines de ses structures sans pour autant contredire la pensée chrétienne dite "canonique".
Il n’y a ni canon ni orthodoxie sous Paul.
Dans cette même optique, on pourrait toujours prétendre que Paul, justement influencé par cette spiritualité dominante, en reprenait les schémas pour mieux faire passer l'Evangile dans ce qu'il avait, lui, d'unique.
Et qu’est-ce que la pensée de Paul a d’unique ? A ce compte tout choix entre plusieurs options est unique, par définition. Paul prêche un christ crucifié et d’autres un christ empalé, comme l’atteste un médaillon gnostique. Hermas prêche un christ incarné en Arcadie et non en Judée. Etc. Chaque courant sectaire est unique et c’est donc cela qui donne leur valeur à chaque pensée, les rendant toutes également prestigieuses aux yeux des hommes ?
La prétendue absence de prise en compte du Jésus terrestre dans les lettres de Paul peuvent, à mon sens, s'expliquer par la fonction pastorale de ces lettres, plutôt que catéchétique: Paul, à priori, s'adresse à des communautés qui ont déjà été converties et dont on peut imaginer qu'elles connaissent la vie de Jésus ou en tout cas le minimum nécessaire pour croire en lui.
Et quel est ce minimum nécessaire qui serait nécessaire à tous mais pas à Paul ni à Céphas ? Paul prêche qu’un dieu a vaincu la mort et qu’on peut participer à cette résurrection en se dépouillant des passions terrestres et en pratiquant une théophagie. Aurait-il besoin de préciser où le Ciel s’est ouvert pour que son dieu en descende ? Et si son dieu était descendu des cieux sur le Sinaï plutôt que sur Jérusalem ? Après tout n’est-il pas théologiquement recevable que la Loi soit abolie là où elle a été donnée ? N’est-ce pas la raison du séjour en Arabie – c'est-à-dire au Sinaï – que Paul dit avoir fait après sa conversion avant même d’aller à Jérusalem ? (Gal 1.17)
Et donc je peux parfaitement vous retourner votre argument du silence en faveur d’une vie de Jésus selon Paul différente des Evangiles actuels.
Il faudrait aussi rappeler que selon la chronologie "canonique" de toute cette affaire, Paul n'a pas forcément d'évangile écrit en sa possession. On peut alors considérer, en plus des suggestions écrites plus haut, que Paul préfère s'appuyer sur sa réflexion mystique davantage que sur des actes ou paroles du Maître, qu'il ne connaît pas dans le détail, tout en restituant un évangile fidèle à ceux qui se transmettent encore oralement durant ces années.
C’est justement parce que Paul n’a pas besoin d’un Jésus historique pour développer sa théologie que vous ne pouvez pas déduire de son apostolat l’existence d’un « Maître » qui l’aurait précédé.
Enfin, on dit que Paul ne parle jamais du Christ...Il fait quand même de sa mort, de son sang, de sa résurrection d'entre les morts, des sujets récurrents de ses lettres! Et il s'agit là tout de même des évènements centraux de sa vie. Et il n'en parle pas comme des faits purement spirituels, mais aussi bien réels.
Mais le voyage d’Orphée aux Enfers est un événement bien réel pour les initiés aux mystères orphiques, non ?
On sait aussi la place essentielle qu'il donne aux corps, dans la vie terrestre et dans la résurrection, idées qui s'opposent à ce qu'il y a de plus commun dans la pensée gnostique.
Qu’est-ce à dire ? Il le méprise, ce corps charnel. Il est contre la baise, même entre époux légitimes, et est persuadé qu’il ressuscitera dans un corps non charnel mais glorieux.
Il y aurait un autre point à éclaircir : Pourquoi l'Eglise aurait-elle conservé des écrits d'un auteur qui, selon les tenants de la thèse mythiste, était considéré comme hérétique (puisque les rares évocations de la crucifixion que fait tout de même Paul sont d'après eux rajoutées par souci d'harmonisation)?
Il n’a rien d’hérétique. Où avez-vous trouvé cela ?
L'Eglise a depuis le début lutté de toutes se forces contre les hérésies de type gnostiques. Pourquoi aurait-elle conservé celle de Paul en la modifiant, plutôt que de l'écarter purement et simplement comme apocryphe, ce qu'elle n'a pas manqué de faire au cours de son histoire? Pourquoi, si non parce qu'elle n'était pas hérétique, justement?
Les Epîtres contiennent une partie de la théologie de l’Eglise. Il suffit de rédiger des Actes pour intégrer Paul à l’histoire évangélique et de placer ses Epîtres après les Evangiles pour que l’ordre des textes soit conforme à la théologie.
C’est comme dans l’AT : en vérité les Prophètes sont antérieurs au Pentateuque.
Enfin, une question à mon avis énorme, mais toujours laissée de côté dans ce schéma : Pourquoi, d'un côté comme de l'autre, l'idée d'un Jésus corporel se serait-elle imposée? Et là il ne s'agit pas de la conception hébraïque de l'intervention de Dieu dans l'Histoire, mais bien de la croyance en Dieu fait homme, en Jésus, Dieu né charnellement, mort charnellement, et ressuscité avec un corps. Quand cette idée complètement saugrenue serait-elle apparue, et surtout pourquoi?
Il faut que Dieu ait possédé un corps réel pour ressusciter ensuite pour prouver aux fidèles que leur condition humaine n’est pas un obstacle au passage à une condition plus divine.
N'apparaît-il pas inévitable que ce concept soit rejeté, dévié, au profit de versions plus acceptables pour la raison humaine qui butte contre cette seule idée?
Mais que dit la raison du chrétien moyen ? Qu’après sa mort, il monte au Paradis.
La résurrection charnelle ne l’intéresse pas, quoiqu’en disent les Evangiles.
Ils anônent un Credo où Jésus est descendu aux Enfers en lisant un Evangile où Jésus embarque le bon larron au Paradis dès le vendredi soir.
Et quelque soit sa chapelle, il apprend l’Evangile par petits morceaux le dimanche ou une version édulcorée au catéchisme.
Et quand il apostasie, c’est lentement et sans le crier sur les toits.
Je termine juste sur ce que vous me dites à propos de Jésus: Eh bien justement, oui: c'est absurde et il y a un abîme infranchissable ! Sauf si c'est vrai. C'est l'hypothèse que je défends encore..
Ou dit autrement : « C’est vrai parce que je le crois »
Et c'est une hypothèse que vous semblez vouloir combattre avec tellement d'opiniatreté (oui, vous allez me dire "mais non:je constate, c'est tout") que je me demande si nous sommes capables vous et moi d'être bien objectifs!
Moi, je me sers de ma raison. Je ne me contente pas de dire « c’est vrai parce que le crois et si vous ne comprenez pas c’est parce que vous n’avez pas un sens spirituel aussi développé que moi, pauvre petit charnel que vous êtes ».
Car les croyants se croient supérieurs aux incroyants du seul fait de leur adhésion à une croyance.
En plus, ils voudraient que leur croyance soit unique, condition pour qu’elle soit fondée.
« Les païens croient que les dieux peuvent se promener sur la terre ! Ah ah ah ! Je ris parce que je suis chrétien et je sais que seul mon dieu s’est promené sur la terre. »
« Les païens vénèrent des idoles, exhibent des porte-bonheur, et prétendent inviter leurs dieux à leurs repas ! Ah ah ah ! Ne voient-ils pas que nos calvaires représentent le Vrai Dieu et donc ne sauraient être assimilés aux idoles ? Que leurs porte-bonheur ne sont même pas des médailles bénites ? Et que seul le repas eucharistique est vrai ? Ah ah ah ! »

Libremax

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Ecrit le 07 avr.07, 08:31

Message par Libremax »

Bon, je sens que je vous agace et je suppose que c'était inévitable, à vouloir opposer des arguments à bâtons rompus. Je vous prie de m'excuser.
Je n'ai pas voulu vous faire de procès d'intention. Juste vous dire qu'utiliser des passages bibliques comme base de discussion était problématique. C'était mal m'exprimer.
Donc vous allez défendre des récits non parce qu’ils sont vrais mais parce que vous avez décidé qu’ils sont vrais.
Pas tout à fait : c'est parce que je "crois" qu'ils sont vrais, avec la marge inévitable qu'il y a entre "croire" et "être sûr".
Je pense seulement que, de votre côté, vous "croyez" qu'ils sont faux.
Allons donc ! S’il ne s’agissait pas d’affirmer votre foi, vous n’auriez pas employé ces formules. Et puisque que vous savez ce que je pense, vous n’affirmez votre foi qu’à vous-même, prenant un verre pour la route en craignant de vous apercevoir que votre foi n’est que de la foi.
Mais oui, c'est vrai; cette idée me fait peur. J'essaie de faire face à cette éventualité, c'est pour ça que j'ai voulu discuter avec vous, me renseigner sur vos dires. Je n'ai pas de preuve à vous donner mais vous aussi, vous vous exprimez comme si le moindre réalité au personnage de Jésus vous faisait frémir de mépris.
Car les croyants se croient supérieurs aux incroyants du seul fait de leur adhésion à une croyance.
En plus, ils voudraient que leur croyance soit unique, condition pour qu’elle soit fondée.
« Les païens croient que les dieux peuvent se promener sur la terre ! Ah ah ah ! Je ris parce que je suis chrétien et je sais que seul mon dieu s’est promené sur la terre. »
« Les païens vénèrent des idoles, exhibent des porte-bonheur, et prétendent inviter leurs dieux à leurs repas ! Ah ah ah ! Ne voient-ils pas que nos calvaires représentent le Vrai Dieu et donc ne sauraient être assimilés aux idoles ? Que leurs porte-bonheur ne sont même pas des médailles bénites ? Et que seul le repas eucharistique est vrai ? Ah ah ah ! »
C'est votre vision des choses.
On peut, peut-être aussi, chercher juste un sens profond à ce que l'on vit, et tenter de le trouver à travers ce que nous transmet notre culture sans être persuadé que le reste de l'Humanité est forcément dans l'erreur.
Oui, j'ai défendu l'existence historique du dénommé Jésus et le développement du christianisme généralement admis par ce que je pense être l'originalité de celui-ci, et par des arguments d'ordre théologique, mais vous ne me laissiez pas le choix! votre contestation de base portait précisément sur cette prétendue unicité et sur un développement complètement différent.

Doit-on clore ici la discussion, croyez-vous que je refuse par avance tous vos arguments? Je ne veux pas jouer la victime! Mais je n'ai pas l'intention de vous ennuyer.

Yeva Agetuya

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Ecrit le 10 avr.07, 05:42

Message par Yeva Agetuya »

Libremax a écrit :Bon, je sens que je vous agace et je suppose que c'était inévitable, à vouloir opposer des arguments à bâtons rompus. Je vous prie de m'excuser.
Je n'ai pas voulu vous faire de procès d'intention. Juste vous dire qu'utiliser des passages bibliques comme base de discussion était problématique. C'était mal m'exprimer. Pas tout à fait : c'est parce que je "crois" qu'ils sont vrais, avec la marge inévitable qu'il y a entre "croire" et "être sûr".
Je pense seulement que, de votre côté, vous "croyez" qu'ils sont faux.
Le positivisme ne relève pas de la croyance mais de l’expérience. Nous SAVONS que les maladies ne sont pas causées par la présence de démons dans le corps, quoi qu’en dise votre foi.
Mais oui, c'est vrai; cette idée me fait peur. J'essaie de faire face à cette éventualité, c'est pour ça que j'ai voulu discuter avec vous, me renseigner sur vos dires. Je n'ai pas de preuve à vous donner mais vous aussi, vous vous exprimez comme si la moindre réalité au personnage de Jésus vous faisait frémir de mépris.
Le mépris n’a rien à voir là-dedans. En quoi est-il méprisable d’imaginer les aventures d’un dieu pour lui prêter des sentences sur la condition humaine ? Ni Apollon, ni Micromégas, ni le Petit Prince ne sont méprisables.
N’est pas méprisable non plus l’attitude du type qui croit que Jésus a existé parce qu’il ne connaît pas les éléments de la question et que l’opinion majoritaire lui suffit comme argument.
Mais celui qui dispose des éléments du dossier et qui refuse d’écouter sa raison au nom de sa foi est-il honorable ? J’ai adoré la littérature de Robert Charroux et j’ai fini par m’apercevoir que certaines hypothèses ne tenaient pas la route.
C'est votre vision des choses.
On peut, peut-être aussi, chercher juste un sens profond à ce que l'on vit, et tenter de le trouver à travers ce que nous transmet notre culture sans être persuadé que le reste de l'Humanité est forcément dans l'erreur.
Donc si le reste de l’humanité n’est pas dans l’erreur, les adorateurs d’Apollon et de Vishnou ont cherché un sens profond à ce qu’ils vivaient et votre foi n’a rien d’original.
Oui, j'ai défendu l'existence historique du dénommé Jésus et le développement du christianisme généralement admis par ce que je pense être l'originalité de celui-ci, et par des arguments d'ordre théologique, mais vous ne me laissiez pas le choix!
C’est vous qui avez choisi de réagir comme croyant. Vous auriez été un athée évhémériste que vous auriez utilisé des arguments différents auxquels j’aurais tout aussi facilement répondu.
votre contestation de base portait précisément sur cette prétendue unicité et sur un développement complètement différent.
Doit-on clore ici la discussion, croyez-vous que je refuse par avance tous vos arguments? Je ne veux pas jouer la victime! Mais je n'ai pas l'intention de vous ennuyer.
Mais je ne m’ennuie jamais sur ce sujet et je découvre de temps en temps des objections nouvelles.
Mais vous prétendez encore que Jésus a existé en admettant la valeur de toutes mes objections.
C’est cela qui ne tourne pas rond.

Libremax

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Ecrit le 10 avr.07, 09:29

Message par Libremax »

Donc si le reste de l’humanité n’est pas dans l’erreur, les adorateurs d’Apollon et de Vishnou ont cherché un sens profond à ce qu’ils vivaient et votre foi n’a rien d’original.
Oui, vous avez raison. Ma foi, c'est à dire ma recherche religieuse, n'a rien de nouveau; je ne voulais pas dire le contraire.
Mais vous prétendez encore que Jésus a existé en admettant la valeur de toutes mes objections.
C’est cela qui ne tourne pas rond.
Ce n'est pas exact. J'admets le sérieux de vos exposés par rapport à l'ineptie des arguments de beaucoup d'athées sur ce forum. J'avoue que beaucoup de vos objections me donnent du fil à retordre parce qu'ils me forcent à me renseigner et à découvrir des détails que j'ignorais.

Mais en général vos conclusions sur vos arguments me semblent hatives, voire hasardeuses. Mais il s'agit d'un jugement personnel, que j'ai du mal à démontrer. Est-ce parce que l'un de nous détient toute la vérité? Honnêtement je ne le pense pas. Et c'est ce qui m'intéresse.

Non ce n’est pas ça. Exemple : il y a plusieurs versions du recrutement des disciples par Jésus, mais on n’y voit jamais de disciples refuser ce choix parce qu’ils ont une famille à nourrir. Ceci parce que Jésus est dieu et qu’il est écrit « si vous entendez sa voix n’endurcissez pas vos cœurs ». Et il y a des miracles partout.
Ici votre argument est que l'absence de réaction chez les apôtres face à Jésus qui les appelle marque un signe évident d'une nature divine chez Jésus, qui, dans les diverses traditions chrétiennes, aurait préexisté à sa nature humaine.
Voilà un exemple de conclusion qui me semble hâtive. On pourra, c'est vrai, dire que les évangélistes ne rapportent pas d'épisode de refus de la part des apôtres. Mais :
-d'une part, il ne faut pas confondre la nomination des apôtres, c'est à dire, les envoyés, c'est à dire des disciples distingués parmi d'autres disciples qui déjà suivaient Jésus, avec l'appel de personnes qui, l'instant d'avant, ne connaissaient pas Jésus, et l'instant d'après, quittent tout pour le suivre.
-d'autre part, ce genre d'anecdote est tout de même relatée dans les synoptiques avec Simon et André : L'appel est mêlé au récit de la pêche miraculeuse. On y voit un Simon qui met en doute clairement l'ordre de Jésus avant de constater qu'il allait faire de lui un "pêcheur d'hommes". On pourra arguer que l'épisode reste peut-être dans le symbole, mais il n'en demeure pas moins qu'ici, Simon n'est pas instantanément acquis à Jésus. Il en va de même pour Nathanaël, qui raille Jésus au sujet de son village d'origine. Bien sûr, ces récits ne sont pas une preuve, mais il me semble qu'ils sont des contre-exemples d'une vision "sans appel" de l'appel de Jésus.
-Ensuite, on notera que l'évangile de Marc, notemment, décrit dans son ensemble les disciples comme absolument incapables de comprendre la mission de Jésus. Sur la croix, il meurt seul. Comment inclure cet aspect des choses dans votre argument sur l'appel des disciples exprimant la nature divine de Jésus?
-Enfin, doit-on conclure que, si les disciples avaient eu des hésitations à s'engager auprès de Jésus au moment de leur appel (ce qui aurait sans doute eu lieu, c'est vrai) les évangélistes auraient inévitablement choisi de les rapporter dans leurs écrits? Ici nous sommes obligés de considérer l'hypothèse classique pour bien mener la réflexion. Je pense qu'il est possible que de telles anecdotes auraient pu être suffisamment insignifiantes dans la construction du récit des évangiles pour ne pas avoir à y figurer. Pourquoi les évanglistes auraient-ils les relater? Si l'on considère l'ensemble de ce qu'a pu être le ministère de Jésus, il y a inévitablement des quantités de détails qui auraient pu être retranscrits dans les évangiles, mais qui ne l'ont pas été, parce que leurs auteurs ont fait des choix. Qui ne sont pas, à mon sens, nécessairement dûs à l'unique contenu des traditions qui se seraient substituées l'une à l'autre, mais aussi par des impératifs et des contraintes d'ordre littéraire, biographique, et pédagogique.

Yeva Agetuya

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Ecrit le 10 avr.07, 10:22

Message par Yeva Agetuya »

Libremax a écrit :Ce n'est pas exact. J'admets le sérieux de vos exposés par rapport à l'ineptie des arguments de beaucoup d'athées sur ce forum. J'avoue que beaucoup de vos objections me donnent du fil à retordre parce qu'ils me forcent à me renseigner et à découvrir des détails que j'ignorais.
« Fréquentez des gens instruits et vous vous instruirez. »
Mais en général vos conclusions sur vos arguments me semblent hatives, voire hasardeuses. Mais il s'agit d'un jugement personnel, que j'ai du mal à démontrer. Est-ce parce que l'un de nous détient toute la vérité? Honnêtement je ne le pense pas. Et c'est ce qui m'intéresse.
« Hâtives » ? Je voudrais bien voir ça ! Car le connais, ce dossier !
Ici votre argument est que l'absence de réaction chez les apôtres face à Jésus qui les appelle marque un signe évident d'une nature divine chez Jésus, qui, dans les diverses traditions chrétiennes, aurait préexisté à sa nature humaine.
Voilà un exemple de conclusion qui me semble hâtive. On pourra, c'est vrai, dire que les évangélistes ne rapportent pas d'épisode de refus de la part des apôtres. Mais :
-d'une part, il ne faut pas confondre la nomination des apôtres, c'est à dire, les envoyés, c'est à dire des disciples distingués parmi d'autres disciples qui déjà suivaient Jésus, avec l'appel de personnes qui, l'instant d'avant, ne connaissaient pas Jésus, et l'instant d'après, quittent tout pour le suivre.
Il y a une épisode de nomination des Apôtres au pied d’une montagne qui traîne au milieu du récit et qui ne s’accorde pas du tout avec le fait que Jésus était censé déjà connaître ces gens.
Ce bug vient du fait que les Evangélistes n’étaient pas d’accord sur la manière dont Jésus avait choisi ses disciples. Ce qui prouve encore que ce récit est loin d’être de l’Histoire.
-d'autre part, ce genre d'anecdote est tout de même relatée dans les synoptiques avec Simon et André : L'appel est mêlé au récit de la pêche miraculeuse. On y voit un Simon qui met en doute clairement l'ordre de Jésus avant de constater qu'il allait faire de lui un "pêcheur d'hommes". On pourra arguer que l'épisode reste peut-être dans le symbole, mais il n'en demeure pas moins qu'ici, Simon n'est pas instantanément acquis à Jésus. Il en va de même pour Nathanaël, qui raille Jésus au sujet de son village d'origine. Bien sûr, ces récits ne sont pas une preuve, mais il me semble qu'ils sont des contre-exemples d'une vision "sans appel" de l'appel de Jésus.
Vous mélangez les Evangiles. Marc est le plus ancien et Luc vient après pour en atténuer ces aspects invraisemblables. Luc a moins de foi que Marc et il projette son manque de foi sur les apôtres qui exigent plus de miracles que Marc pour suivre Jésus.
-Ensuite, on notera que l'évangile de Marc, notemment, décrit dans son ensemble les disciples comme absolument incapables de comprendre la mission de Jésus. Sur la croix, il meurt seul. Comment inclure cet aspect des choses dans votre argument sur l'appel des disciples exprimant la nature divine de Jésus?
C’est simplement une couche rédactionnelle ultérieure. Les apôtres sont tellement inertes qu’il est logique d’envisager une rédaction première d’un récit sans disciples où Jésus s’adresse directement aux foules et à ses ennemis.
Pourquoi avoir eu besoin de disciples ? Sans doute pour expliquer la transmission du récit de Jésus aux chefs des églises chrétiennes qui tous prétendaient tenir leur autorité d’une hiérarchie d’apôtres remontant à Jésus (après l’époque de Paul et ses contemporains Apollos, Cééphas, et sans doute d’autres dont nous n’avons pas trace).
A noter que des Apôtres dont le nom colle si bien à leur rôle (Juda avait vendu Joseph donc Judas a trahi Jésus), c’est éminemment suspect d’un point de vue historique mais tout à fait compréhensible d’un point de vue théologique. Après tout, le héros ne s’appelle-t-il pas « Sauveur » ? Et sa mère « mer d’amertume » parce qu’elle va perdre son fils ?
-Enfin, doit-on conclure que, si les disciples avaient eu des hésitations à s'engager auprès de Jésus au moment de leur appel (ce qui aurait sans doute eu lieu, c'est vrai) les évangélistes auraient inévitablement choisi de les rapporter dans leurs écrits?
Mais c’est une objection qu’on a dû faire aux premiers missionnaires d’où les corrections des versions ultérieures.
Ici nous sommes obligés de considérer l'hypothèse classique pour bien mener la réflexion. Je pense qu'il est possible que de telles anecdotes auraient pu être suffisamment insignifiantes dans la construction du récit des évangiles pour ne pas avoir à y figurer. Pourquoi les évanglistes auraient-ils les relater?
Au début, le récit n’avait pas besoin d’apôtres.
Et un inspiré les a introduit et a dû justifier cette innovation par la théologie. L’un a donc copié Moïse et l’autre a été scruter les Psaumes. Notons que ces pêcheurs qui se mettent au service de Dieu le fils sont déjà dans Ezéchiel.
Si l'on considère l'ensemble de ce qu'a pu être le ministère de Jésus, il y a inévitablement des quantités de détails qui auraient pu être retranscrits dans les évangiles, mais qui ne l'ont pas été, parce que leurs auteurs ont fait des choix. Qui ne sont pas, à mon sens, nécessairement dus à l'unique contenu des traditions qui se seraient substituées l'une à l'autre, mais aussi par des impératifs et des contraintes d'ordre littéraire, biographique, et pédagogique.
Je suis d’accord. Il y a des épisodes de la même matrice qui ne subsistent plus que dans des apocryphes ou des quotations des Pères.

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Ecrit le 11 avr.07, 04:27

Message par Libremax »

Entendons nous bien : je ne considère pas du tout les Evangiles comme un traîté historique, ni pour notre époque, ni pour l'époque où ils ont été écrits. Pour moi il s'agit de recueils écrits de traditions récentes, destinés à un auditoire de croyants. Pour cela,je pense qu'on peut considérer que l'usage de symboles, de prophéties, de constructions littéraires à dessein pédagogique n'est pas forcément le fait du mythe, mais de l'enseignement. L'Evangile peut, à ce compte, reposer aussi sur des faits.

Cependant, on peut relever nombre d'incohérences réciproques et on est en droit de se demander jusqu'à quel point la pédagogie théologique l'emportait sur une éventuelle Histoire. Le premier constat qu'il faut faire est que l'Histoire dans ses détails, au moins, nous est inaccessible.
Vous mélangez les Evangiles. Marc est le plus ancien et Luc vient après pour en atténuer ces aspects invraisemblables. Luc a moins de foi que Marc et il projette son manque de foi sur les apôtres qui exigent plus de miracles que Marc pour suivre Jésus.
Si l'on reste centré sur Marc pour parler, donc, de cet appel des disciples, alors là, oui, je comprends mieux votre point de vue: On pourrait imaginer qu'un proto-Marc eût présenté un Christ sans aucun disciple, et qu'une réécriture eût corrigé la chose.
C’est simplement une couche rédactionnelle ultérieure. Les apôtres sont tellement inertes qu’il est logique d’envisager une rédaction première d’un récit sans disciples où Jésus s’adresse directement aux foules et à ses ennemis.
Le problème, (à mon avis) est qu'on peut imaginer l'évangile de Marc rompre avec plusieurs traditions antérieures possibles : il y en avait beaucoup, et nous ne possédons pas à ce jour de version d'un proto-Marc ou d'un pré-Marc sûr (Qu'est-ce qu'une telle découverte archéologique serait passionnante!). Mais la question reste en suspend.
Parmi ces nombreuses versions antérieures possibles, on pourrait en imaginer une qui se serait contentée de récolter les paroles du Christ, de raconter ses différents avec ses opposants, ses miracles et sa Passion, en négligeant le rôle des disciples pour des raisons catéchétiques. Dans cette optique, on peut comprendre l'utilité d'une réécriture pour réintégrer l'apostolicité dans l'annonce de l'Evangile. Là encore, ce n'est qu'une spéculation.

Par ailleurs, il faut quand même considérer le fait que, non pas au moment où Jésus les appelle, mais durant tout le reste de l'évangile de Marc, les disciples peinent à comprendre sa mission. L'évangile de Marc entier est construit comme un exposé où l'on constate les résistances à la Foi de la part de l'entourage de Jésus. Cette résistance culmine à la Croix, où Jésus meurt seul. Vu la construction interne et globale de l'ensemble de l'évangile, les apôtres jouent un rôle capital : celui de témoins, mais aussi celui d'élèves, qui ne comprennent rien, jusqu'à l'élément central de la théologie chrétienne exposée par Marc.
Il me semble qu'imaginer une version de Marc sans apôtre supposerait une telle reformulation dans le Marc canonique que ça reviendrait à dire qu'il s'agissait d'un autre Evangile, un recueil de paroles, par exemple, comme le fut l'évangile selon Thomas.

Pour résumer, je vous suis tout à fait lorsque vous dites que l'évangile de Marc porte des signes de réaction par rapport à une première version ou bien à d'autres évangiles et que ce fait même tend à affirmer avec encore plus de certitude que tout ce qui y est relaté n'est pas "historique".
Là où je ne vous suis plus, (dans la limite de ce qui concerne les apôtres) c'est lorque vous dites que ces réécritures attestent d'une conception exclusivement divine de Jésus, antérieure à une conception humano-divine. Même si l'on peut imaginer une version "déiste" délestée de la présence des apôtres, il n'y a rien, jusqu'ici, de probant dans cette affirmation.

A noter que des Apôtres dont le nom colle si bien à leur rôle (Juda avait vendu Joseph donc Judas a trahi Jésus), c’est éminemment suspect d’un point de vue historique mais tout à fait compréhensible d’un point de vue théologique. Après tout, le héros ne s’appelle-t-il pas « Sauveur » ? Et sa mère « mer d’amertume » parce qu’elle va perdre son fils ?
Je vous avais déjà exprimé ce que je pense de ce point de vue sur les prénoms. Le prénom de Ségolène Royal (du germain "sig" (victoire) et "lind" (doux)) ou de Nicolas Sarkosy (du grec "nikê" (victoire) et "laus" (louange)) les rend-ils mythiques? Je ne pense pas. Je ne suis pas sûr que les Douze Apôtres se soient réellement appelés tel que c'est rapporté, mais cette théorie des prénoms me semble poussée à l'extrême. ce que je veux dire par là, c'est que je soupçonne que quels que fussent les prénoms du Christ, de sa mère ou de ses apôtres, il aurait été possible de les mettre en relation avec le contenu des Evangiles.

Ceux qui veulent prouver que Jésus était un rabbin et non un dieu sont obligés de bazarder ces miracles et toutes les prophéties. Or comment un obscure prophète sans miracles et sans biographie divine aurait-il pu devenir l’égal du Père ?
Je reprends cette question pour tenter de mieux situer notre débat.
J'ai comme hypothèse que personne n'a voulu faire de Jésus un simple rabbin. Je tente de me rendre compte si ce qui s'est passé autour du personnage historique de Jésus n'était pas de l'ordre du surnaturel. A savoir : ses miracles et sa résurrection.
Mais tout ce qui touche au surnaturel, à mon avis, est quasiment impossible et inutile à démontrer. Par contre, il n'en va pas de même pour l'historicité du personnage. C'est pour cela que je me focalise dessus.
Je sais que j'ai tendance à m'appuyer sur mon "catéchisme". Désolé, ça n'a pas lieu d'être dans le cadre de notre discussion.

Yeva Agetuya

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Ecrit le 11 avr.07, 13:50

Message par Yeva Agetuya »

Libremax a écrit :Entendons nous bien : je ne considère pas du tout les Evangiles comme un traité historique, ni pour notre époque, ni pour l'époque où ils ont été écrits. Pour moi il s'agit de recueils écrits de traditions récentes, destinés à un auditoire de croyants. Pour cela, je pense qu'on peut considérer que l'usage de symboles, de prophéties, de constructions littéraires à dessein pédagogique n'est pas forcément le fait du mythe, mais de l'enseignement. L'Evangile peut, à ce compte, reposer aussi sur des faits.
Si vous retirez les prophéties, les symboles, et les miracles, vous n’avez plus de faits.
Cependant, on peut relever nombre d'incohérences réciproques et on est en droit de se demander jusqu'à quel point la pédagogie théologique l'emportait sur une éventuelle Histoire. Le premier constat qu'il faut faire est que l'Histoire dans ses détails, au moins, nous est inaccessible.
Donc vous reconnaissez que la théologie n’a pas besoin d’une histoire réelle de Jésus, histoire qui vous serait inaccessible, mais vous voulez quant même conserver un Jésus dont on ne saurait rien ? C’est absurde.
Si l'on reste centré sur Marc pour parler, donc, de cet appel des disciples, alors là, oui, je comprends mieux votre point de vue: On pourrait imaginer qu'un proto-Marc eût présenté un Christ sans aucun disciple, et qu'une réécriture eût corrigé la chose.
Et nous avons même un proto-Evangile sans biographie du temps où Jésus n’était qu’un esprit : l’Evangile de Thomas
Le problème, (à mon avis) est qu'on peut imaginer l'évangile de Marc rompre avec plusieurs traditions antérieures possibles : il y en avait beaucoup, et nous ne possédons pas à ce jour de version d'un proto-Marc ou d'un pré-Marc sûr (Qu'est-ce qu'une telle découverte archéologique serait passionnante!). Mais la question reste en suspens
Nous n’avons pas besoin de vieux parchemins. La critique textuelle permet déjà de faire pas mal d’archéologie. Mais il est vrai que la littérature de Nag Hamadi a permis d’éclairer des passages obscurs des Evangiles.
Parmi ces nombreuses versions antérieures possibles, on pourrait en imaginer une qui se serait contentée de récolter les paroles du Christ, de raconter ses différents avec ses opposants, ses miracles et sa Passion, en négligeant le rôle des disciples pour des raisons catéchétiques. Dans cette optique, on peut comprendre l'utilité d'une réécriture pour réintégrer l'apostolicité dans l'annonce de l'Evangile. Là encore, ce n'est qu'une spéculation.
Ce n’est pas seulement spéculatif puisque nous avons des Epîtres avec un Jésus céleste qui se contente de prononcer des sentences et un type un recueil de ces sentences en l’Evangile de Thomas.
Par ailleurs, il faut quand même considérer le fait que, non pas au moment où Jésus les appelle, mais durant tout le reste de l'évangile de Marc, les disciples peinent à comprendre sa mission. L'évangile de Marc entier est construit comme un exposé où l'on constate les résistances à la Foi de la part de l'entourage de Jésus. Cette résistance culmine à la Croix, où Jésus meurt seul. Vu la construction interne et globale de l'ensemble de l'évangile, les apôtres jouent un rôle capital : celui de témoins, mais aussi celui d'élèves, qui ne comprennent rien, jusqu'à l'élément central de la théologie chrétienne exposée par Marc.
Il me semble qu'imaginer une version de Marc sans apôtre supposerait une telle reformulation dans le Marc canonique que ça reviendrait à dire qu'il s'agissait d'un autre Evangile, un recueil de paroles, par exemple, comme le fut l'évangile selon Thomas.
Pas du tout. Si Jésus se retrouve seul lors de la Pâque, c’est pour une raison sacrificielle : l’agneau de Dieu est seul face à son sacrificateur. La foule a un rôle assez passif de communiante : « Voici le sang de l’Alliance » dit l’officiant. « Que son sang soit sur nous » répond la foule.
Si vous ajoutez à ce rite le récit des pérégrinations de l’Agneau avant son sacrifice, vous avez la prophétie « je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées » qui permet aussi bien d’éliminer des foules qui suivaient un Jésus sans Apôtres que d’éliminer les Apôtres dans les versions ultérieures.
Et en réalité, les Apôtres ne sont pas témoins des événements : aucun Evangile n’est raconté du point de vue d’un Apôtre. Le seul point de vue qui se dégage est celui du spectateur d’un drame sacré qui voit Jésus au centre de chaque scène. Les scènes sans Jésus sont rarissimes, comme le reniement de Pierre.
Par ailleurs, la résistance à la foi de l’entourage immédiat de Jésus vient des psaumes :
Je suis devenu un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. (Ps 69.9)
Pour résumer, je vous suis tout à fait lorsque vous dites que l'évangile de Marc porte des signes de réaction par rapport à une première version ou bien à d'autres évangiles et que ce fait même tend à affirmer avec encore plus de certitude que tout ce qui y est relaté n'est pas "historique".
Là où je ne vous suis plus, (dans la limite de ce qui concerne les apôtres) c'est lorsque vous dites que ces réécritures attestent d'une conception exclusivement divine de Jésus, antérieure à une conception humano-divine. Même si l'on peut imaginer une version "déiste" délestée de la présence des apôtres, il n'y a rien, jusqu'ici, de probant dans cette affirmation.
Et pourquoi les foules suivraient-elles Jésus s’il n’était dieu ? « D’où lui vient cette autorité ? » demandent les sceptiques dans le récit. On ne voit nulle part une sorte de Spartacus ralliant des mécontents ou un simple guérisseur itinérant comme il y en avait des milliers et à qui les autorités ne cherchaient pas de noises.
Je vous avais déjà exprimé ce que je pense de ce point de vue sur les prénoms. Le prénom de Ségolène Royal (du germain "sig" (victoire) et "lind" (doux)) ou de Nicolas Sarkosy (du grec "nikê" (victoire) et "laus" (louange)) les rend-ils mythiques? Je ne pense pas. Je ne suis pas sûr que les Douze Apôtres se soient réellement appelés tel que c'est rapporté, mais cette théorie des prénoms me semble poussée à l'extrême. ce que je veux dire par là, c'est que je soupçonne que quels que fussent les prénoms du Christ, de sa mère ou de ses apôtres, il aurait été possible de les mettre en relation avec le contenu des Evangiles.
D’abord il existe une autre version évangélique du nom du fils de Dieu : « Emmanuel »
Mais « Jésus » assone mieux avec le grec « Iasou » ; « sois guérit » (cf « Au nom de Jésus, marche ! ») Donc la secte Jésus l’a emporté sur la secte Emmanuel.

Ensuite, essayez donc de faire ce genre d’exégèse sur une liste plus longue comme celle des maréchaux de Napoléon (http://fr.wikipedia.org/wiki/Mar%C3%A9c ... ier_Empire)

Est-ce une pure coïncidence que Jonas soit de la tribu de Zabulon et que Jean soit fils de Zébédée, ces deux noms venant de « zeved », cadeau (Gn 30.20) ?

Est-ce une pure coïncidence que Siméon signifie « il a entendu » et que le premier disciple à suivre Jésus se soit appelé Simon ?

Et quel récit est le plus historique ? Celui de Jean où nous avons un apôtre Philippe, fils (bar) de Tholmaï, ou celui des Synoptiques où cet apôtre devient "Philippe et Barthélémy" ?

Et en plus, il est absolument invraisemblable que le Juif Tholmaï ait donné à son fils un nom grec et même qu’un Juif se soit appelé « Andros ». Il doit y avoir là-dessous des noms perdus et aussi symboliques que les autres.

C’est comme Simon de Cyrène qui a un fils nommé Rufus et un autre Alexandre. On ne jurerait pas que ce Simon soit au courant que le judaïsme est en conflit avec l’hellénisme et les nationalistes locaux en conflit avec les Romains.

Mais si on sait que ce Simon de Cyrène a été dit sacrifié à la place de Jésus selon les docètes, et que QRN signifie « corne » en hébreu, on voit poindre le parallèle avec Isaac dont un fils s’appelait « protecteur » (Jacob / Alexandre) et l’autre « roux » (Esaü / Rufus).

Je suis désolé pour vous mais ceci dépasse le cadre du hasard et de ses probabilités.

Nous avons donc le choix entre dire que c’est une pure invention apologétique dans le cadre d’un mythe ou que c’est un miracle de plus.

Et donc il n’y a pas de place là dedans pour le Jésus des évhéméristes.
Je reprends cette question pour tenter de mieux situer notre débat.
J'ai comme hypothèse que personne n'a voulu faire de Jésus un simple rabbin.
Renan, Loisy, Guignebert, et leurs successeurs grands ou petits, y compris le très sérieux Hyam Maccoby http://www.denistouret.net/textes/Maccoby.html
Je tente de me rendre compte si ce qui s'est passé autour du personnage historique de Jésus n'était pas de l'ordre du surnaturel. A savoir : ses miracles et sa résurrection.
Mais tout ce qui touche au surnaturel, à mon avis, est quasiment impossible et inutile à démontrer. Par contre, il n'en va pas de même pour l'historicité du personnage. C'est pour cela que je me focalise dessus.
Je sais que j'ai tendance à m'appuyer sur mon "catéchisme". Désolé, ça n'a pas lieu d'être dans le cadre de notre discussion.
En fait, c’est le problème des évhéméristes : si Jésus n’a pas fait de miracles, il n’a aucune raison d’avoir eu du succès.
Et si on prend le point de vue d’un croyant comme vous, pourquoi accepter le merveilleux dans les Evangiles et pas celui de l’Histoire Véritable de Lucien et de mille et un autres contes ?

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