Les tièdes sont surtout ceux qui ne font aucun combat contre la religion de la chute. Ceux-là acceptent pour argent comptant la dialectique du bien et du mal, sans avoir à la confronter à leur propre nature et à leur propre raison, qui ne peut être révélée que lorsque cette dialectique est mise en échec. Personne n'a dit qu'il ne fallait pas choisir entre le bien et le mal. Mais ce que j'ai dit c'est que le bien et le mal des religions de la chute ne correspond pas à ceux de la religion du repentir qui se résume au seul bien. Les premiers sont à prendre avec relativité, le second est celui de la libération de l'être. S'en tenir aux limites et aux préjugés reçus de l'extérieur, c'est aussi faire taire les possibilités intérieures de transcender ces limites. Or l'homme est conçu comme une image d'Elohim et non pas comme une image d'une sous-partie. C'est là une caractéristique de la vie céleste, que les êtres individuels sont à la fois individuels et universels, comme si cette sexualisation spéciale entre l'universel et l'individuel garantissait des possibilités éternelles et aussi temporelles, sans qu'il n'y ait plus aucun risque de chute. Cela ne peut s'envisager dès maintenant que sous la forme d'un combat qui rend inconscient des choses du monde tout en y étant encore. Ainsi, c'est loin d'être tiède que de s'orienter vers une nouvelle dialectique qui est celle du seul bien.
La voie du milieu est la voie des tièdes .
C'est pourtant la voie du Tao, celle du Bouddhisme, celle du karma-yoga et du jnanâ-yoga, celle du soufisme et enfin celle du Christ. Comment aimer de façon équilibrée l'un et l'autre sans être pile au milieu entre les deux ?
La Principe contient à la fois la mère et le père .
La créature aussi. Elle est à l'image du principe, comme une conscience universelle. Cependant, le chapitre 1 de la Genèse décrit le principe comme logiquement antérieur à la séparation du masculin et du féminin. Le féminin y existe comme informe et vide, donc sans réalité objective. Enfin, la métaphysique démarre là où aucune distinction n'existe, c'est-à-dire avant la séparation de la négation logique, mais il est vrai que la Genèse n'en parle pas.
La psychanalyse nous apprend que l’homosexualité est une perversion au même titre que la pédophilie et la gérontophilie .
La même psychanalyse, s'il elle n'était pas mise en oeuvre de façon moraliste par des personnes hétérosexuelles, démontrerait aussi que l'hétérosexualité est une perversion. Pourquoi voulez-vous qu'un choix logique soit une opération différente selon chacune des possibilités qu'il offre ? L'interaction du milieu est aussi présente chez les hétérosexuels et cela peut très bien s'objectiver dans des séances régressives. Aujourd'hui, la psychanalyse a fait l'objet de suffisamment de critique, notamment par Jung, pour que l'on s'attache à reconnaître l'androgyne individuel de l'être. Enfin, les statistiques montrent que des comportements pathologiques existent chez les homosexuels et chez les hétérosexuels. Ce n'est donc pas là des résultats en faveur d'une doctrine de l'équilibre qui permettent de classer l'un ou l'autre comme la norme. Ce sont plutôt deux versants d'une même montagne.