maurice le laïc a écrit :Je sais, ça fait un choc, mais pourtant c'est vrai !
Dans ce cas, il faudrait que tu sois plus précis, car aucune des mythologies paiennes que je suis ne considère sérieusement un "enfer" comparable à celui des monothéistes.
A quelle religion paienne fais-tu donc allusion ?
Pour revenir dans le sujet:
L'après vie paiens des premières mythologie était tout ce qu'il y a de plus banal: c'était une sorte d'univers souterrain ou les défunts continuaient à mener une vie plus ou moins normale, mais sans le moindre plaisir. Il n'y avait ni vision béatifique des dieux, ni tortures infernales, rien de commun ni avec le paradis, ni avec l'enfer... c'est ce qu'il y a de plus comparable aux "limbes".
Dans ce contexte, la seule récompense des mortels favorisés par les dieux était une vie éternelle bien terrestre... le noé sumérien est censé avoir vécu des siècles après le déluge, Gilgamesh en quête de vie éternelle lui a rendu visite pour obtenir lui meme la vie éternelle sur terre, et s'il a échoué dans sa quête, c'est surtout parce qu'il a tenté de rapporter la plante d'éternité à Ouruk pour la cultiver dans son petit jardinet, ce qui aurait permis de rendre immortels un tas de gens et aurait finalement rendu le monde invivable.
La notion de "paradis" est apparue quand on s'est rendu compte que des mortels exceptionnels étaient bêtement gachés par la mort... les égyptiens ont assurés à leurs pharaons une place sur la barque d'Osiris en leur bâtissant des pyramides, les grecs ont ouvert les "Champs Elysées" à leurs héros en leur faisant des offrandes régulières. Et peu à peu, le paradis s'est progressivement ouverts aux nobles les plus importants, puis à tous les nobles... et enfin à tout le monde.
Mais toujours point d'enfer et de tortures éternelles...
Les limbes chrétiennes, ce lieu qui n'est ni paradis ni enfer, était au départ réservé aux paiens qui refusaient le baptême, "les paiens seront jugé selon leurs propres lois", disait le petit Jésus dans un lieu et une époque ou les mystères paiens d'Eleusis assurant le salut éternel à quiquonque parlait grec et pouvait participer aux cérémonies une fois dans sa vie n'étaient pas encore très connus et ou l'idée des îles bienheureuses des celtes était tout bonnement impensable.
Au 14e siècle, les limbes ont connu leur heure de gloire avec le pape Jean XXII. Ce pontife avait réfléchi sur le jugement dernier et considérait que Dieu, incapable de commettre la moindre erreur de jugement, ne pouvait juger les hommes qu'une seule fois, que le jugement dernier qui doit avoir lieu à la fin des temps sera donc un jugement "unique" et que, par conséquent, personne ne pouvait espérer aller au paradis, ou en enfer, avant la fin des temps... tout le monde se retrouve donc dans les limbes jusqu'à la fin des temps. Cette croyance a provoqué de tels remous parmis les prélats qu'il a du y renoncer sur son lit de mort, sans doute pour éviter le sort de cet autre Pape déterré par son successeur, décapité et jeté dans le Tibre.
Pour ma part, mes croyances sur l'après vie se retrouvent en partie dans "La caverne du souvenir" d'Andreas (excellente bande dessinée que je vous recommande si vous ne l'avez pas lu): certains hommes préparent leur passage dans l'autre monde et y évoluent avec une certaine sérénité, d'autres entrent dans la mort sans s'en rendre compte et se perdent en cours de route (je résume).